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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 05:58

 

La banque néerlandaise Rabobank vient de publier le classement des 20 plus grandes entreprises de collecte et de transformation du lait dans le monde. Selon le tableau reproduit par La France Agricole du 6 novembre dernier, trois de ces firmes dépassent le chiffre d’affaires annuel de 20 milliards de dollars. Cette mondialisation productiviste fait croître le bilan carbone des produits laitiers qui voyagent beaucoup à travers le monde, tout comme les aliments du bétail.

Dans le classement de la Rabobank, la firme suisse Nestlé arrive en tête avec 22,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur un an. On imagine que la collecte laitière dans les vallées de ce petit pays, frontalier avec la France, compte peu dans ce bilan. Le groupe familial français Lactalis arrive en seconde position avec 21 milliards de dollars. Mais on ignore quelle part de ce chiffre est réalisée en France. En revanche, on sait que Lactalis fait souvent l’objet d’accusations pour des pollutions des cours d’eau par des rejets de détergents et autres substances lâchées par ses usines, tuant les poissons et provoquant la colère des pêcheurs, comme celle des militants d’associations environnementales. Dans le classement de la Rabobank, la firme états-unienne Dairy Farmers of America occupe la troisième place du podium avec 20,1 milliards de dollars.

Le second peloton compte 6 groupes industriels dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 10 milliards de dollars. On trouve à sa tête le français Danone avec 18,2 milliards, suivit du groupe chinois Yli avec 13,4 milliards devant la coopérative néozélandaise Fonterra, puis le groupe néerlandais FrieslandCampana, le chinois Mengniu, la firme suédo-danoise Arla Foods. La firme canadienne Saputo ferme la marche avec 11,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. Dix entreprises figurent dans la suite du classement avec un chiffre d’affaires annuel compris entre 6,5 milliards de dollars pour le groupe allemand DMK tandis que Müller, un autre groupe d’outre Rhin, ferme la marche avec 4,9 milliards de dollars. Au milieu de ce tableau on trouve deux groupes coopératifs français qui sont SODIAAL avec 5,7 milliards et Savencia avec 5,6 milliards de dollars. Sur les vingt groupes, dix sont européens dont quatre Français. On en compte trois aux États Unis, deux en Chine, deux au Canada, le Japon, l’Inde et la Nouvelle Zélande venant compléter le tableau avec une firme chacun.

La Chine mondialise sa souveraineté alimentaire

Selon Jean-Marc Chauvet, un expert de l’Institut de l’élevage en France cité par La France Agricole, « la publication de la Rabobank a été abondamment commentée par la presse chinoise, qui y voit le résultat de nombreuses années d’effort du secteur laitier national, qui ferait maintenant partie intégrante de la puissance de la Chine ». Selon cet expert, les firmes chinoises Yili et Menguini « dépendent uniquement du marché chinois et ne sont pas encore devenues des Globals Players ». On sait que la Chine cherche d’abord à assurer sa souveraineté alimentaire, y compris en promouvant des accords de coopération impliquant des capitaux chinois dans des firmes de l’industrie laitière d’autres pays. Ce fut le cas avec le groupe coopératif SODIAAL pour la construction d’une tour de séchage pour produire du lait infantile en poudre à Carhaix dans le Finistère. Mais quand l’usine fut enfin en bon état de fonctionnement après de longs tâtonnements, l’investisseur chinois Synutra se retira de Carhaix. Entre-temps, la Chine avait vu que la poudre produite en Nouvelle Zélande avait un prix de revient plus intéressant que celle produite en Bretagne.

Concurrence mondiale et baisse des marges

L’étude de la Rabobank évoque déjà le palmarès qu’elle produira l’an prochain dans le classement des grandes firmes laitières. De son côté, Jean-Marc Chauvet écrit que « les industriels risquent de voir leurs marges baisser, à moins qu’ils misent sur le marché intérieur en s’adaptant aux nouveaux modes de consommation ». Mais on ne parle jamais de la rémunération des producteurs de matière première que sont les hommes et les femmes qui doivent nourrir les vaches tous les jours de l’année et les traire deux fois par jour. Et pour cause, les éleveurs dont certains, en France, se qualifient eux-mêmes de producteurs de « minerai », ne perçoivent souvent que 320 à 330 € pour 1 000 litres de lait en 2020 contre une moyenne de 370 € en 2013-2014, avant la sortie des quotas laitiers en Europe.

En France toujours, les grandes entreprises de collecte que sont Lactalis et SODIAAL figurent parmi ces mauvais payeurs. Avant comme après la sortie des quotas laitiers, les producteurs les plus correctement rémunérés demeurent ceux de la filière du comté qui livrent de nombreuses petites coopératives, lesquelles rayonnent souvent sur un seul canton. Le prix des 1 000 litres de lait a été supérieur à 550 € en 2019 et il devrait en être de même en 2020 malgré la crise sanitaire. Il faut 10 000 litres de lait pour produire une tonne de comté et la filière en produit 60 000 tonnes par an, dont 90 % sont vendues en France. Les « fruitières » du Jura et du Doubs limitent délibérément les volumes de production à la demande des responsables de la filière. Les durées d’affinage peuvent s’étaler sur 6 à 36 mois. Cela permet d’adapter l’offre à la demande, sans avoir à subir le chantage des grandes surfaces qui font toujours baisser les cours dès que l’offre devient excédentaire. De même, produire un peu de crème et de lait écrémé peut contribuer à cette régulation certains moments de l’année.

Une production fromagère à faible bilan carbone

Dans la filière du comté, les vaches de race Montbéliarde et Pie rouge de l’Est ont été choisies en raison de la qualité de leur lait, riche en protéines. Le maïs ensilé et les autres aliments fermentés sont interdits par le cahier des charges au profit de l’herbe et du foin tandis que les apports de concentrés comme les tourteaux de soja sont limités dans la ration quotidienne des vaches. Tout cela débouche sur un fromage savoureux et de qualité constante, dont chaque consommateur peu choisir la durée d’affinage en fonction de ses goûts au moment de faire ses courses.

Comme les prairies stockent du carbone et que les associations de graminées et de légumineuses permettent de réduire les apports d’engrais azotés, la production de lait à comté est, de loin, la plus écologique de France. À la belle saison, les vaches sont au pré et ne rentrent que pour la traite le matin et le soir. On garde ainsi des fermes familiales à taille humaine, loin des grandes structures de type industriel où les bêtes ne sortent plus de la stabulation. Voilà ce que permet le respect du cahier des charges de la filière du comté.

On ne trouve pas cette préoccupation chez Lactalis. On se souvient que cette firme, en plein accord avec les enseignes de grande distribution, tenta voilà quelques années d’interdire en Normandie les camemberts et autres fromages au lait cru au profit de ceux issus du lait pasteurisé. Les produits traditionnels ne durent leur sauvetage qu’à la résistance des petits fromagers soucieux de préserver le savoir-faire des terroirs.

La coopérative bretonne Triskalia épinglée par France 5

On ne trouve pas non plus cette préoccupation chez Triskalia, un groupe coopératif né en 2010 de la fusion de trois coopératives dont Coopagri Bretagne. Triskalia vend des engrais, du matériel agricole et des aliments du bétail. La coopérative collecte aussi du lait et d’autres produits agricoles. Hier soir, dans un documentaire diffusé par France 5 sur la prolifération des algues vertes sur le littoral breton, un producteur de lait a expliqué comment ses vaches laitières avaient été rendues malades par des aliments composés vendus par Triskalia, lesquels ont aussi provoqué des avortements. Ces aliments, contenaient six antibiotiques destinés aux lapins d’élevage mais inadaptés pour les ruminants. Il a fallu que Christophe Thomas, producteur de lait à Moustéru près de Guingamp, fasse analyser les aliments pour découvrir la cause du mal. Sollicités par les enquêteurs de France 5, les dirigeants de Triskalia n’ont pas donné suite. Mais ils ont indiqué dans un bref communiqué que la maladie des vaches de Christophe Thomas était imputable à « une dysfonctionnement ponctuel lors de la livraison à l’agriculteur ».

En Bretagne, on élève 57 % des porcs français, on produit 40 % des œufs de poule et 30 % des poulets de chair à quoi s’ajoute environ 20 % de la production du lait de vache sans oublier les troupeaux de bovins allaitants sur 7 % du territoire national. Du coup, l’alimentation granivore des porcs et des volailles vient d’ailleurs, de même que les tourteaux de soja pour les vaches laitières. Parallèlement, les gros volumes de lisier et autres effluents d’élevage ne peuvent pas être recyclés sans polluer les cours d’eau chargés de nitrates. D’où la prolifération des algues vertes.

Ainsi, même sans figurer dans le top 20 de la Rabobank, les entreprises laitières bretonnes ne portent pas les mêmes valeurs que les « fruitières » de Franche-Comté.

Gérard Le Puill

 

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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 06:57

 

Les 100 milliards d’euros promis par le gouvernement devraient d’abord profiter aux grandes entreprises, confirme une évaluation réalisée par deux centres de recherche. EXPLICATIONS.

Les critiques fusent contre le plan de relance. Ce lundi, c’était au tour des économistes de l’Institut des poli­tiques publiques (IPP) et du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications) de s’interroger sur la pertinence des 100 milliards d’euros sur trois ans débloqués par le gouvernement pour faire face à la crise. Avec, comme cible, la baisse des impôts de production (dont 10 milliards d’euros dès 2021) à ­laquelle s’ajoute la poursuite de la baisse de l’impôt sur les sociétés.

Car la ristourne fiscale profiterait essentiellement aux grandes entreprises, notamment industrielles, en laissant de côté « ceux qui ont le plus pâti de la crise du Covid-19 » et qui « ne bénéficieront pas particulièrement de ce plan ». À l’inverse des aides d’urgence – comprenant les mesures de chômage partiel, prêts garantis, exonérations et reports de cotisations – qui ont « permis d’amortir le choc », en ciblant les entreprises « dont l’activité avait le plus baissé ainsi que celles en plus grande ­vulnérabilité financière », assurent les économistes. Des mesures qui ont également « aidé des entreprises petites, peu capitalistiques et peu ­productives d’avant-crise », notent-ils.

 

L’investissement public, clé de la relance

Ainsi, l’effet sur la croissance d’une baisse des impôts de production, estimé par Bercy à 0,5 point de PIB, serait « très optimiste ». Les économistes s’interrogent également sur le poids de l’investissement public dans ce budget de relance (un tiers du budget contre les deux tiers pour la baisse de la fiscalité). Dans un tel contexte d’incertitude, l’investissement public est, pour eux, la clé de la relance, surtout à long terme, avec un multiplicateur potentiellement supérieur à 2, explique de son côté l’économiste du Cepremap.

Un plan d’autant plus discutable que le retour du confinement rend les perspectives de reprise très incertaines et que le financement de cette mesure n’est pas abordé dans le budget 2021. Selon leurs estimations, ce deuxième confinement devrait entraîner une perte d’activité comprise entre 10 et 20 % par rapport à la normale en ­novembre. Ce qui représente environ un tiers à deux tiers du choc constaté au printemps dernier. Si ce deuxième coup d’arrêt de l’activité semble moins fort qu’en mars-avril, en ­revanche, l’effet sur le secteur productif pourrait être « sensiblement ­aggravé », ­notamment dans les branches particulièrement touchées. Ainsi, la croissance pour 2020 plongera au mieux à - 8,6 %, au pire à - 11 %. « L’incertitude de ce deuxième confinement est donc de l’ordre de 2,4 % du PIB », soit quelque 50 milliards d’euros.

 

Des inégalités de revenus amplifiées

Côté ménages, les économistes relèvent que malgré les mesures, l’effet de la crise a amplifié les inégalités de revenus. Même si, « d’une façon générale, nos connaissances de l’impact sur les inégalités de la crise restent encore très incomplètes », notamment sur les pertes d’emploi et le non-emploi des nouveaux entrants, les économistes relèvent que « les actifs des ménages les plus modestes exercent en moyenne une activité dans des secteurs plus durement touchés ». Ce sont également ceux dont la possibilité de télétravailler est la moins élevée et dont les contrats (contrat court, intérim) sont les moins protecteurs.

Les aides exceptionnelles aux bénéficiaires d’aides sociales et l’allocation de rentrée scolaire – qui ont atteint 173 euros pour les 20 % de ménages les plus modestes – ont permis de compenser en partie leurs baisses de revenus, note l’étude. À l’inverse, les plus aisés, « moins touchés par l’activité partielle », ont eu de « moindres pertes de revenus ». 

 

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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 06:55

 

Une haletante course de vitesse est engagée sur l’ensemble de la planète entre un virus tueur et la recherche de traitements et vaccins. 1 250 000 vies ont déjà été volées par le Covid-19 alors qu’une troisième vague est envisagée avec fatalité. Dans un contexte aussi anxiogène, l’annonce de la découverte d’un vaccin a soulevé un vent d’espoir. L’Organisation mondiale de la santé vient, de son côté, de préciser que 48 vaccins sont en phase d’essai clinique. L’espoir se situe à hauteur du drame qui se noue chaque jour, avec ses terribles conséquences sanitaires, sociales, économiques, psychologiques, culturelles et civilisationnelles.

Les étapes sont cependant loin d’être franchies avant que ces traitements ne puissent être mis à disposition de tous. Les protocoles médicaux doivent être scrupuleusement respectés et des doutes persistent sur leur production et distribution. Malheureusement, ce sont une nouvelle fois des groupes privés – bénéficiant pourtant de substantielles aides publiques – qui mènent la danse dans le cadre d’une guerre économique sans merci, espérant en tirer de colossaux profits et accumuler du capital. Ainsi ces jours derniers, la firme nord-américaine Pfizer, associée à un laboratoire allemand, a annoncé un vaccin utilisant des techniques biomédicales nouvelles. Par parenthèse, bravo l’Europe unie de la santé !

Cette simple annonce a suffi pour enflammer les Bourses mondiales. Le capitalisme a ce pouvoir de faire gagner, sur une simple information, beaucoup d’argent à ses maîtres qui espèrent, une fois le vaccin inoculé, pouvoir reprendre les affaires dans les conditions antérieures à la crise sanitaire. Avec les mêmes excès, le même égoïsme, la même violence augmentée de l’effondrement du tissu économique des petites et moyennes entreprises et du pouvoir acquis par les plateformes numériques.

Une nouvelle fois, les progrès médicaux, fruits du travail de scientifiques, financés pour partie avec de l’argent public et rehaussant considérablement les capacités humaines, fructifient le capital alors qu’ils pourraient être le moyen de diminuer les coûts de production au service de l’intérêt général.

Toute personne raisonnable devrait pourtant retenir de l’épreuve que nous vivons que la santé n’a pas vocation à être laissée aux seules multinationales. Une action forte devrait être lancée pour que les vaccins sécurisés deviennent des biens communs et universels.

L’Organisation mondiale de la santé a lancé une initiative baptisée Covax pour centraliser la recherche sur le Covid-19 et assurer la distribution équitable des vaccins sur l’ensemble de la planète. Elle réunit États, acteurs publics et privés. 184 pays, dont la Chine, ont décidé de s’y engager. Les États-Unis devraient désormais les rejoindre. L’Union européenne (UE) a décidé d’y recourir en finançant le dispositif à hauteur de 500 millions. C’est trop peu et les pays européens se grandiraient à hausser leur contribution.

Au-delà, il apparaît aberrant que la recherche vaccinale soit laissée à la discrétion des seuls laboratoires privés cotés en Bourse. La France, qui a bâti son savoir scientifique sur la force du service public, devrait tendre vers un grand service public coopératif de la recherche et de la santé incluant des « nationalisations » d’un type nouveau. Et pourquoi ne pas proposer à d’autres pays européens de le construire ensemble ? Voici un sujet de réflexion pour le commissaire à la Planification ! Par contre l’UE finance actuellement de grandes firmes pharmaceutiques pour une valeur de 2,1 milliards d’euros dans l’opacité la plus totale. On ne connaît pas le prix de la dose de vaccin qui serait mis à disposition, ni qui aura la propriété intellectuelle des brevets, ni qui serait responsable d’effets secondaires, si, par malheur, il y en avait.

Si un mouvement populaire mondial obtenait que ce vaccin soit considéré bien commun de l’humanité, par conséquent gratuit, une nouvelle ère pourrait s’ouvrir sur des bases de partage et de fraternité.

 

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20 novembre 2020 5 20 /11 /novembre /2020 06:31

 

Bernard Cazeneuve, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, se plaignait que les GAFA en savaient plus sur chaque Français que ses services, oubliant ainsi que le problème venait du pouvoir acquis grâce à la collecte de masse et à la centralisation de données et métadonnées personnelles et non à la qualité des propriétaires de ce pouvoir. Aujourd’hui, avec sa proposition de loi sur la « sécurité globale », le groupe LREM de l’Assemblée nationale est en train de réaliser une partie du rêve de Cazeneuve.

 

 

Cette proposition de loi, loin de se réduire à la question de la diffusion des images de visages de policiers, montre une LREM et un gouvernement qui se vivent en guerre contre toute une partie de la société française. À ce propos, la question de l’usage des images des caméras individuelles des forces de l’ordre est particulièrement révélatrice. Jusqu’ici ces images ne pouvaient être utilisées que pour la prévention des incidents au cours des interventions, le constat des infractions, la poursuite de leurs auteurs par la collecte de preuves et à la formation. Les députés LREM proposent d’élargir l’usage de ces images à « l’information du public sur les circonstances de l’intervention » des forces de l’ordre, c’est-à-dire à la propagande gouvernementale. Or un tel usage porterait atteinte au bon fonctionnement de la justice en violant le secret de l’instruction. Or le député LREM, rapporteur de la proposition de loi, justifie de manière sidérante cette remise en cause de l’État de droit en déclarant : « Il faut se déniaiser par rapport à toutes les situations. On est en train de perdre la guerre des images sur les réseaux sociaux (…) Il faut lutter à armes égales, nous sommes dans une société moderne, il n’y pas de raison que ceux qui représentent l’autorité de l’État aient un temps de retard. » CQFD, l’État s’affronte à son propre peuple, il est en guerre contre la société.

La loi proposée va jusqu’à permettre aux porteurs de ces caméras individuelles d’accéder aux enregistrements vidéo, ouvrant ainsi la porte à toutes les manipulations puisque les amendements demandant une sécurisation de ces fichiers en étant « unitairement chiffrés, signés et horodatés sur le serveur de stockage » ont été repoussés.

Lors du 1er confinement, la préfecture de Paris avait utilisé des drones hors toute légalité, ce qu’avait condamné et interdit le Conseil d’État. C’est pourquoi la loi de la LREM vise à consacrer l’usage de drones de surveillance quasiment en tous lieux et en toutes circonstances. Tous les amendements visant à interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale ou à protéger les domiciles et espaces privatifs de cet espionnage ont été repoussés.

La loi sur la sécurité globale vise en fait à transformer tout l’espace public en espace sécuritaire. Elle prépare le terrain à la mise en réseau des caméras mobiles, des drones, des centaines de milliers de caméras fixes, afin de les coupler avec des systèmes d’intelligence artificielle et de reconnaissances faciales, ouvrant la porte à un fichage généralisé des participants à des manifestations ou à de la répression « préventive » (sic) basée sur l’analyse prédictive des comportements.

C’est pourquoi le PCF soutient la lettre de 66 organisations de défense des droits et libertés, dont ATTAC, la Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’homme, les Moutons numériques, le SNJ-CGT, demandant au Parlement de repousser les articles 21, 22 et 24 de cette loi.

Au-delà de la « grande peur » (1) des mouvements sociaux qu’ont le pouvoir et ses députés, il s’agit d’abandonner les concepts de défense nationale et de sûreté des citoyens au profit de celui de sécurité globale incluant un continuum allant des forces armées jusqu’aux sociétés de sécurité privée. Le « modèle » (sic) mis en avant est celui de l’État d’Israël où la majeure partie de la sécurité intérieure est sous-traitée à des milices privées et à des sociétés de sécurité qui sont par ailleurs intégrées dans un même système avec l’armée et la police. Or le concept de « défense nationale » et de « sûreté des citoyens » participe à ce qui fait nation en France, alors que celui de « sécurité globale » divise en fabriquant des « ennemis de l’intérieur » sans permettre, contrairement aux idées reçues, une meilleure coopération entre les services de l’État contre la menace terroriste entre autres. La notion de « sécurité globale » débouche sur une privatisation de la mise en œuvre du droit à la sûreté au profit de grands groupes transnationaux vendeurs de solutions globales de service sécurité à la seule destination de ceux qui pourront se les payer. Avec la « sécurité globale », il ne s’agit pas de protéger les citoyens mais d’une fuite en avant dans le solutionnisme technologique sécuritaire. Il est illusoire de penser que l’on réglera à coups de drones, de caméras, de robots, d’intelligence artificielle les problèmes de sécurité et de dérives maffieuses de pans entiers de notre société. Pense-t-on sérieusement régler avec la seule technologie le fait gravissime que l’économie de la drogue génère dans le 93 un chiffre d’affaires annuel de plus d’un milliard €.

Cette loi affaiblira la cohésion sociale du pays afin de dégager les moyens nécessaires à la privatisation des fonctions régaliennes de défense et de sécurité. Sous couvert de sécurité globale, on renforce les causes de l’insécurité et on porte atteinte aux capacités de résilience de la société que représente l’intervention citoyenne au travers des luttes et mouvements sociaux. On a besoin de voisins solidaires et non de voisins vigilants. À cette loi qui ne ferait qu’enfermer notre pays dans un cercle vicieux où le terrorisme, la délinquance et l’insécurité se nourriraient d’eux-mêmes, le PCF oppose la déclaration du chef de l’État norvégien au lendemain de la tuerie d’Utoya : « Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance. »

Cette loi n’est que la pointe immergée d’un capitalisme de la surveillance : Multiples capteurs au travail comme à domicile avec l’internet des objets, géolocalisation, caméras de surveillance, reconnaissances faciales, fichage biométrique, traçage de notre activité sur le web, méta données…, toute une économie de la surveillance de notre vie est en train de s’installer et de croître. Elle repose sur la captation et l’exploitation économique de nos données personnelles. Exercée par des États comme par des plateformes numériques marchandes, elle permet de nouvelles formes de contrôle social qui se donnent le pouvoir de repérer, de stigmatiser, de rappeler à l’ordre et de sanctionner ce qui ne serait pas dans la norme. Face à cela, le code informatique ne peut être la loi, il faut construire un nouveau système de droits, donner de nouveaux pouvoirs aux citoyen·ne·s de garantir et développer les libertés. Le règlement général de protection des données (RGPD) a été un premier pas dans ce sens mais, face à la puissance du développement du big data et de l’intelligence artificielle, il faut aller bien plus loin en passant de droits individuels à un droit collectif. µ

Yann Le Pollotec, membre du CN, responsable de la commission Révolution numérique.

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 06:52

 

La proposition de loi de la Macronie arrive ce mardi 17 novembre à l’Assemblée nationale. L’Humanité décortique 4 points clés de ce projet autoritaire, qui porte atteinte aux libertés. DÉCRYPTAGE.

La proposition de loi sur la « sécurité globale » arrive ce mardi dans l’Hémicycle. Soutenu par le ministre Gérald Darmanin, le texte de LaREM décline en 32 articles les orientations très sécuritaires du gouvernement. Du floutage obligatoire des agents à la surveillance généralisée de l’espace public, en passant par le renforcement de la police municipale, la loi inquiète les organisations de défense des libertés publiques. Car son objectif est simple : restreindre les images de policiers en opération, mais faciliter la diffusion d’images produites par les policiers pour contrôler le récit des événements.

 

1. Limiter les images de violences policières

L’article 24 de la proposition de loi concentre les tensions. Et pour cause : diffuser sur les réseaux sociaux des images de policiers en opération, dans l’intention de nuire à leur « intégrité physique ou psychique », sera passible d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. La mesure a immédiatement suscité de vives inquiétudes. Le but du texte, alerte le Syndicat de la magistrature, est « de faire encore reculer le contrôle démocratique sur ce qui se joue, les forces de l’ordre devenant finalement les seules à échapper aux honneurs des caméras ».

Le ministre Gérald Darmanin, lui, ne cesse de répéter qu’ « on pourra toujours filmer des policiers en manifestation. En revanche, il sera impossible de diffuser ces vidéos de manière malveillante, sinon vous serez sanctionné », a-t-il encore affirmé au Parisien dimanche. Il se garde bien de dire que l’obligation de flouter les policiers et la sanction possible en cas de non respect risquent de dissuader les personnes de filmer. D’autant que « l’intention est une notion sujette à interprétation et qu’il est difficile de caractériser, pointe Reporters sans frontières. Toutes les images montrant des policiers identifiables (…) pourraient se voir accusées de chercher à nuire à ces policiers. Pour les journalistes, l’aléa judiciaire est réel, et le risque de condamnation existe ». Sans compter, rappelle le député PCF Stéphane Peu, que « la police républicaine, au service de tous les citoyens, doit être bien identifiée et identifiable ».

Le corapporteur du texte LaREM Jean-Michel Fauvergue ne fait pas mystère de la visée de cette disposition : il s’agit de « reprendre le pouvoir dans la guerre des images ». Pour y parvenir, la proposition de loi entérine l’anonymisation rampante des policiers à l’œuvre depuis des années. Pour faire passer la pilule, l’élu macroniste a introduit en commission un amendement pour que le numéro d’immatriculation individuel (RIO) reste identifiable. Problème : nombreux sont ceux à ne pas respecter l’obligation de le porter. Et reprenant à son compte l’argumentaire des syndicats policiers, Gérald Darmanin défend cette mesure visant à protéger les agents des insultes et autres agressions. Si les menaces à leur encontre ne font aucun doute, aucun chiffre, aucune étude ne permet d’attester que celles-ci ont un lien avec la diffusion d’images sur les réseaux sociaux.

 

2. Les caméras-piétons, un moyen de communication

Si le texte favorise l’anonymisation des policiers, il propose a contrario une surveillance massive des personnes en temps réel, via les drones ou les caméras-piétons. Sur l’utilisation de ces dernières par les policiers municipaux, une circulaire du ministère de l’Intérieur du 14 mars 2019 prévoit que les agents ne « peuvent avoir accès directement aux enregistrements auxquels ils procèdent ». Désormais, ils auront le droit de regarder les images qu’ils tournent. Même au sein de la majorité, des inquiétudes se font jour. Le député LaREM Sacha Houlié a déposé en commission un amendement visant à supprimer cette disposition, car « la captation en question perdra de sa force probante, la bonne foi de l’agent pouvant être remise en question ». Pour les élus du groupe Libertés et territoires Paul Molac et Jean-Félix Acquaviva, cette mesure pourrait permettre « d’adopter la même version des faits en cas de poursuite et (de) chercher à cacher des manquements de la part des forces de l’ordre ».

Autre point inquiétant : ces mêmes enregistrements pourront être transmis en direct au poste de commandement. « Cette transmission en temps réel est très grave (…) Le centre de commandement pourra informer en direct les agents de terrain sur l’identité des militant.e.s sur les lieux de la manifestation », a estimé la France insoumise dans un amendement rejeté. Enfin, ces enregistrements, jusqu’à présent exploités à des fins judiciaires, serviraient à « l’information du public sur les circonstances de l’intervention ». Cet outil de surveillance se transformerait ainsi en moyen de communication à destination du public, conformément à la stratégie déployée depuis les gilets jaunes par la préfecture de police de Paris sur son compte Twitter. Inquiète, la Défenseure des droits, Claire Hédon, estime dans un avis rendu le 5 novembre que « ces dispositions sont susceptibles de porter atteinte au droit au respect de la vie privée ».

 

3. La surveillance généralisée de l’espace public

À y regarder de plus près, l’article 22 sur les drones s’inscrit aussi dans cette volonté de renforcer l’appareil répressif. Au nom de la lutte contre l’insécurité, la loi favorise l’élargissement de leur utilisation. Le texte prévoit ainsi un champ d’intervention allant de la lutte antiterroriste à la simple zone de deal, mais aussi à la surveillance des manifestations. Ce qui constitue une arme de dissuasion massive car lourde de conséquences pour les manifestants. « La surveillance par drones permet aussi, plus simplement, de suivre à la trace n’importe quel individu “dérangeant’’ repéré au cours d’une manifestation, afin de diriger les forces aux sols pour le malmener », s’inquiète l’association de défense des libertés numériques la Quadrature du Net. Mais surtout, le texte donne un cadre juridique à l’usage des drones, jusqu’ici mal encadré, après que ceux de la préfecture de police de Paris ont été cloués au sol pendant le confinement par le Conseil d’État. Par ailleurs, de quelles garanties disposent les personnes concernant le respect de leurs données personnelles ? Aucune, alertent la Quadrature du Net et 64 organisations, dont la LDH et le Syndicat des avocats de France, pour qui le déploiement massif de ces drones et des caméras mobiles entraînerait « une capacité de surveillance généralisée de l’espace public ».

 

4. L’abandon de missions régaliennes

Dernière aggravation inquiétante, le transfert de compétences régaliennes aux policiers municipaux et aux agents de sécurité privée. Les infractions, comme la conduite sans permis, la vente à la sauvette, les squats de hall d’immeuble, les ventes de stupéfiants, l’occupation de bâtiments ou les tags, seront désormais constatées et verbalisées par les agents municipaux, et non par la police nationale. Ce transfert de compétences, outre qu’il fait reposer sur les communes des missions dévolues à l’État, met ces politiques à la merci des arbitrages des maires, ouvrant la porte à une inégalité de traitement. « Chaque maire décide de la doctrine d’emploi du service qu’il a mis en place en fonction des moyens dont dispose sa commune », rappelle Stéphane Peu (PCF), inquiet de voir se renforcer une « sécurité des riches et une sécurité des pauvres »« Les villes populaires risquent encore d’être les grands perdants », se désole-t-il.

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 06:31

 

Depuis plusieurs semaines les lycéennes et lycéens se mobilisent aux côtés de leurs enseignants pour demander au gouvernement l’instauration d’un protocole sanitaire strict dans leurs établissements scolaires.

 

 

 

Malgré la crise sanitaire et le confinement, les élèves sont entassés dans des classes trop petites, la taille des selfs ne permet pas de respecter les mesures de distanciations physiques, les salles de classe ne peuvent pas être aérées convenablement étant donné que les fenêtres ne s’ouvrent pas ou peu... À croire que ceux qui ont réalisé le protocole n’ont pas mis les pieds dans un établissement scolaire depuis de nombreuses années. À quoi il faut ajouter la réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer. En supprimant le groupe classe, le brassage des élèves est inévitable.

En réponse, les lycéennes et lycéens ont exprimé leurs inquiétudes en se mobilisant par dizaines de milliers dans tout le pays pour interpeller le gouvernement à ce sujet. Ces mobilisations ont été marquées par un usage de la violence à l’encontre des lycéen·ne·s mobilisés.

Depuis les mobilisations contre Parcoursup de 2018, les mobilisations lycéennes sont systématiquement cassées et chargées par les forces de l’ordre. Gaz lacrymogènes, LBD, nasses, intimidation, verbalisation, charge de CRS et même des gardes à vue… sont devenues la triste réalité des manifestations lycéennes. Au lieu de rendre acteurs les lycéennes et lycéens dans la prise de décision, l’exécutif fait le choix de la répression.

Les images parlent plus que les mots. De la vidéo de 150 lycéens à genoux les mains derrière la tête à Mantes-la-Jolie aux images de CRS contrôlant les carnets de liaison des lycéens pour entrer dans leur établissement, en passant par l’image d’un lycéen la tête en sang après avoir reçu un tir de flashball, tout est fait pour casser les mobilisations, dissuader les lycéen·ne·s de se mobiliser. Ces images ne relèvent pas de simples bavures ou d’actes de policiers isolés faisant de l’excès de zèle, mais bien d’une stratégie globale de répression à l’encontre des manifestantes et manifestants.

Nous ne pouvons pas tolérer de telles scènes indignes d’un État de droit, encore plus lorsque cette répression concerne des jeunes, a fortiori lorsqu’ils sont mineurs. Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron fait glisser notre pays vers la pente dangereuse de l’autoritarisme et de la répression.

Il y a quelques semaines, le gouvernement a dit vouloir s’atteler à l’apprentissage de la citoyenneté au sein des établissements scolaires et chérir la liberté d’expression, mais il envoie les CRS lorsque les jeunes expriment des revendications sur leurs conditions d’étude. Les manifestations et toutes formes d’expression collective sont non seulement des libertés individuelles qu’il faut garantir, mais elles font également partie intégrante des droits des citoyens. Lorsque des lycéen·ne·s se mobilisent pour leur avenir, ils font vivre la liberté d’expression et le droit de manifester. Lorsqu’on leur envoie des CRS, la seule chose qu’ils apprennent c’est qu’il est interdit de manifester sous peine d’être blessé ou arrêté.

La réponse à la crise démocratique qui traverse notre pays ne peut être celle du passage en force et de l’autoritarisme. La puissance publique et le gouvernement doivent être soumis au droit et non le contraire. Ainsi, le droit de manifester doit être préservé. Les policiers doivent garantir ce droit et non le détruire.

L’apprentissage de la citoyenneté et de son appartenance à la République se fait par son engagement dans la société. Or, on n’apprend pas à devenir citoyen lorsque des CRS sont envoyés devant nos lycées pour casser les mobilisations qui défendent le droit à la formation et l’égalité. Lorsqu’on réprime les mouvements lycéens qui s’expriment pour l’égalité des territoires, pour la santé publique, c’est la République qui est atteinte. Apprendre à devenir citoyens, c’est également écouter les manifestants lorsqu’ils s’expriment sur l’injustice dont ils sont victimes. 

Léon Deffontaines, secrétaire général du MJCF.

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 06:25

 

On a connu des avocats marrons, voici des avocats Macron et ça vaut pas mieux. Des cabinets d’avocats, en effet, spécialisés dans le conseil aux patrons, proposent aux entreprises de baisser les salaires grâce au Covid. Voici par exemple le message qu’affiche (jusqu’à ce jour en tout cas) sur sa page d’accueil le cabinet parisien Redlink : « Covid 19 : comment réduire très rapidement les salaires, supprimer des variables, un 13e mois, des reliquats de congés ou de RTT ». Plusieurs dizaines de patrons ont d’ores et déjà répondu « Présent ! » Ces avocats pirates répliquent que le monde des entreprises, c’est pas le monde de Bisounours. Et puis, paraît-il, ils ne sont même pas hors-la-loi puisqu’ils fondent leurs propositions sur l’APC (Accord de performance collective), créé en septembre 2017 par les ordonnances… Macron !

Gérard Streiff

 

 

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19 novembre 2020 4 19 /11 /novembre /2020 06:17

 

La séance d’ouverture du forum européen, le 8 novembre dernier, est largement revenue sur l’urgence d’une autre utilisation de l’argent pour lutter contre la domination du capital en Europe et pour ouvrir des brèches dans la construction capitaliste de l’UE.

 

 

La semaine passée fut marquée par deux évènements importants de ce point de vue. L’ « accord », présenté comme « historique », entre le Conseil et le Parlement européen, se solde par l’ajout de 16 milliards au budget pluriannuel de l’UE pour les années 2021-2027. Cela demeure insuffisant par rapport à l’ampleur de la crise européenne, sanitaire, économique et sociale. Les fonds alloués pour la santé avaient été quasiment supprimés du budget de l’UE et transférés dans le programme de « relance » de 750 milliards d’euros, limité dans le temps, par la décision du Conseil européen du 20 juillet dernier. La nouvelle mouture adoptée la semaine dernière alloue seulement, au total, et pour six ans, la somme de 5 milliards d’euros à la santé, contre les 9,4 milliards qui figuraient dans la toute première proposition. L’accord soi-disant « historique » se traduit donc par une division par deux du budget européen sur la santé et reste dans la logique initiale d’un budget de l’UE adossé à un plan de relance gravement sous-dimensionné, et financé en grande partie par un endettement remboursable sur les marchés financiers. Les demandes formulées, par exemple, par le gouvernement espagnol en avril dernier, d’un plan de relance chiffré à 1 500 milliards et financé par de la dette perpétuelle, donc non remboursée, demeurent lettre morte.

Cet « accord » a été précédé par un appel commun, passé inaperçu, de trois gouvernements, les Pays-Bas, la Suède et la Roumanie, à constituer une nouvelle institution de l’UE, une « structure permanente de coordination de crise » dont l’objectif n’est pas de répondre aux besoins des peuples mais d’empêcher « des ruptures du Marché unique », c’est-à-dire de protéger la sacro-sainte règle capitaliste de la concurrence libre au sein de l’UE. Cette proposition provient de gouvernements qui s’opposent à l’émission de dettes communes à l’UE et qui cherchent à en proposer une alternative.

Ces deux évènements illustrent à la fois l’absence de projet commun des bourgeoisies européennes pour sortir de la crise européenne et la volonté de protéger, voire de relancer, l’intégration capitaliste européenne, par des biais contradictoires. Entre E. Macron qui cherche à faire du plan de « relance » une ébauche de la « souveraineté européenne » et qui prépare une conférence européenne fin 2021 dans l’espoir de lancer le processus d’un nouveau traité européen, A. Merkel et la bourgeoisie allemande qui cherchent à éviter l’effondrement de la zone Euro et qui sont contraints à des bouger tactiques et, espèrent-ils, temporaires, un ensemble de bourgeoisies au nord du continent qui veulent à tout prix défendre le libre-échange, des gouvernements d’Europe de l’Est qui piétinent en même temps les droits fondamentaux, et les pays du sud, dont la crise renforce le caractère périphérique, les divergences s’accentuent dans les classes dirigeantes européennes. Mais elles se retrouvent sur la nécessité de maintenir la domination du capital sur l’Europe et la logique néolibérale de la construction européenne, représentée par les traités européens, l’indépendance et les missions de la BCE, les règles de surveillance budgétaires, qui sont atténuées mais maintenues, et le carcan de la dette publique. La question de l’utilisation de l’argent, qu’il procède de l’UE ou de la BCE, celle de la dette publique, et celle de la lutte contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux sont plus centrales que jamais. La fraude et l’évasion fiscale représentent en Europe une somme bien supérieure au plan de « relance » de l’UE. Tout comme est centrale la nécessité du contrôle démocratique, par les peuples et des nations, sur l’argent, pour le réorienter des banques aux citoyens, vers la santé, l’emploi et les services publics. C’est une bataille centrale de rapports de force de classes en Europe. 

Le 4e forum européen des forces de gauche, progressistes et écologistes a vocation à poser ses questions centrales et à travailler à des initiatives communes montrant qu’il est possible de changer de logique, d’ouvrir des brèches dans la construction libérale-capitaliste européenne en associant la question sociale, la question écologique et la question de l’exercice de la souveraineté démocratique des peuples et des nations, et de faire bouger les rapports de force.

Un débat sera donc important dans le calendrier : le 26 novembre, de 18 h à 20 h, sur « Quel nouveau modèle de production et de travail face à l’explosion du chômage ? » avec la participation de Fabien Roussel.

Le programme complet est à retrouver et les inscriptions se font sur le site du forum : https://europeanforum.eu/ 

Vincent Boulet, adjoint au secteur international/Europe

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18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 18:21
Notre camarade Christine Kerdreux (la première en partant de la gauche) - Photo Yvonne et Piero Rainero, fête de l'Humanité Bretagne

Notre camarade Christine Kerdreux (la première en partant de la gauche) - Photo Yvonne et Piero Rainero, fête de l'Humanité Bretagne

Photo Yvonne et Piero Rainero,  fête de l'Humanité Bretagne: Christine avec ses camarades (deuxième en partant de la gauche)

Photo Yvonne et Piero Rainero, fête de l'Humanité Bretagne: Christine avec ses camarades (deuxième en partant de la gauche)

Nous exprimons ici notre peine suite au décès de notre camarade, qui a participé pendant plusieurs années à la vie du Conseil Départemental du PCF Finistère: Christine Kerdreux.

Toute notre sympathie à sa famille, ses camarades et ses proches.

Voici un hommage d'Yvonne Rainero, secrétaire de section du PCF Quimper, sur les engagements et les qualités humaines de Christine Kerdreux.

***

 

Disparition de Christine Kerdreux, ancienne élue municipale de Quimper

Christine Kerdreux est décédée, après un long et courageux combat de plusieurs années contre la maladie.

Toute sa vie, depuis ses engagements de jeunesse à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) jusqu’à son adhésion au parti communiste et son mandat d’élue municipale de 2008 à 2014, en passant par son activité de syndicaliste CGT au centre de tri postal de Quimper ou à l’union locale CGT, sans oublier son investissement auprès de ses enfants et petits-enfants, a suivi un même fil conducteur : la disponibilité aux autres, l’attention aux plus défavorisés, aux plus fragiles, la lutte contre les discriminations et pour une vie meilleure, la solidarité, la fraternité.
Christine Kerdreux a fait vivre avec générosité les valeurs de notre devise républicaine qui n’étaient pas pour elle de vains mots.

Son parcours professionnel à La Poste la conduisit comme beaucoup d’autres dans la région parisienne avant de pouvoir retourner « au pays ».
Ses racines familiales dans la presqu’île de Crozon comptaient beaucoup pour elle, mais elle fut très attachée aussi au quartier populaire de Kermoysan où elle vécut.

Elle fut une élue proche du terrain, en proximité avec la population.
Communiste de cœur, elle ne le devint formellement qu’une fois élue.
Et c’est en toute cohérence avec son parcours de syndicaliste, de citoyenne, qu’elle choisit alors de s’investir dans le domaine du social et de la solidarité, notamment au Centre d’action sociale de la ville et à l’office public HLM.
Malgré la maladie qui se déclara au cours de ce mandat, elle eut à cœur d’assumer autant qu’elle le put ses fonctions.
Elle avait en permanence la préoccupation de celles et ceux qui vivent dans l’insécurité et la précarité, faute de revenus suffisants, et particulièrement des femmes seules avec leurs enfants.
Elle avait aussi à cœur de défendre les services publics, l’école, l’hôpital, et bien sûr le service public postal.
Elle qui s’était investie en tant que syndicaliste au centre de tri postal, fut aussi au premier rang comme élue pour mener ce combat, faisant en 2009 adopter par le conseil municipal de Quimper un vœu contre la privatisation de La Poste et pour appeler à participer au référendum citoyen pour le maintien du statut public de l’entreprise.
La Poste a été privatisée malgré le succès de cette votation ( plus de 2 millions de votes, dont 90 % contre la privatisation), on peut voir ce qu’il en est advenu pour le service aux usagers.

Christine Kerdreux fut membre du bureau de la section du pays de Quimper du PCF,  membre de sa direction départementale.
En 2015 elle fut candidate suppléante à l’élection départementale et s’engagea dans la campagne électorale comme elle l’avait fait pour les municipales de 2008 et 2014, rien ne comptait plus pour elle que ce contact avec les gens, cette écoute, ces échanges.

Elle avait le goût de l’Humain.


Yvonne Rainero

 

CROZON - QUIMPER - PORT-LAUNAY.
C'est avec une grande peine que nous vous faisons part du décès de
Mme Christine KERDREUX
survenu à l'âge de 67 ans.
De la part de
Rémy et Tony,
ses enfants ;
Alain Kerdreux, son frère ;
Marie Kerdreux, sa soeur ;
Roland Cassand
et toute la famille.
Un dernier hommage lui sera rendu vendredi 20 novembre, à 14h30, à la chambre funéraire du cimetière de Crozon, suivi de l'inhumation au cimetière.
La famille remercie très sincèrement les services de soins de l'hôpital du Scorff, à Lorient, et son médecin traitant.
Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements.
PFG, Lorient
 

 

 

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18 novembre 2020 3 18 /11 /novembre /2020 16:45
Ne laissons pas la culture en berne - Lettre ouverte de Pierre Dharréville à Roselyne BACHELOT, Ministre de la Culture

Ne laissons pas la culture en berne

Lettre ouverte à Madame Roselyne BACHELOT, Ministre de la Culture

 

Le 2 novembre 2020

Madame la Ministre,

Comment prendre soin de nous sans se préoccuper de culture ?A chaque étape, à chaque prise de parole, à chaque décision de l’exécutif elle semble être le cadet de tous les soucis alors qu’elle nous est absolument vitale, et en période de crise peut-être plus encore.

Les choix opérés par le gouvernement ont provoqué de vives réactions parmi l’ensemble de ses acteurs. En effet, depuis quelques mois, le monde de la culture, particulièrement négligé par les mesures d’accompagnement, avait recommencé à imaginer des formes de représentation,d’expression et de rencontres. Et c’était la possibilité à nouveau de goûter à cette nourriture essentielle, de se retrouver et de se projeter.L’annonce du reconfinement a provoqué un profond désarroi dans tout le pays. Et l’absence criante de la culture dans le discours du Président de la République a été vécue comme une violence. Une violence symbolique qui s’est traduite dans les mesures annoncées contre elle par le Premier ministre. Cela donne le sentiment qu’au ministère de la culture, on a mis la clef sous le paillasson.

Beaucoup de femmes et d’hommes ont eu l’impression de recevoir un nouveau coup sur la têteau moment où ils commençaient à la sortir de l’eau. La fermeture des théâtres et des cinémas pendant le couvre-feu avait déjà donné le ton : la culture est tenue pour quantité négligeable.

Et dans les dernières annonces, le symbole le plus consternant a été le sort fait aux librairies,contraintes à la fermeture, alors même que le risque sanitaire n’y est pas plus élevé que dans une grande surface. Seuls les commerces décrétés essentiels pouvaient demeurer ouverts et les librairies n’en faisaient pas partie. Les bibliothèques elles-mêmes étaient appelées à se contenter d’un système de guichet.Comment est-il possible que les livres ne soient pas considérés comme relevant de l’essentiel ?Devant la levée de boucliers, la solution a été d’interdire toute vente directe de livres et de produits culturels dans les grandes surfaces...

De mieux en mieux ! Ainsi, on peut se procurer des fournitures de bureau et des ordinateurs(avec les contenus des GAFAM qui vont bien dedans), mais pas des livres, dont on peut souligner, pour s’en tenir là qu’ils sont tout aussi indispensables que la technique pour le travail.Cet acharnement contre le livre est vertigineux. Il laisse par ailleurs un boulevard à Amazon et consorts. Mais cela n’a pas l’air de poser tellement problème puisque vous vous contentez d’un vague appel à ne pas y avoir recours.

 

Dans tous les domaines de l’art, de la création et de la culture, on est meurtri de voir mis sous l’éteignoir tout ce qui nous fait humain, tout ce qui peut nous permettre de résister aux monstruosités des temps présents, tout ce qui peut nous permettre de nous placer en situation de mobilisation plutôt que de passivité.Même l’école, dans ce contexte, est privée de ses liens avec les lieux d’expression, de création et de médiation. Les figures imposées aux professeurs nient la vitalité de la rencontre qui se joue dans l’acte d’enseigner. Au point de transmettre un texte arrangé de Jean Jaurès. Quel exemple !

Reconnaissez que la mise en perspective de ces choix prête à interprétation : le gouvernement donne le sentiment depuis longtemps que la culture est à ses yeux plutôt un obstacle à la construction d’une société obéissante et aseptisée. Elle ne saurait être réduite ni à l’état de divertissement plaisant, ni à un objet de la marchandisation.Le tissu culturel de notre pays est malmené depuis des années, et cela n’est pas sans conséquences sur l’ensemble de la société.Nous appelons à trouver d’urgence les formes adaptées, dans ce moment de rétractation et de repli qui abîme toute la société, d’une activité culturelle continuée.

Les acteurs du monde des arts, de la culture et de l’éducation populaire ont des propositions à faire pour ne pas sacrifier cette dimension essentielle de nos vies.C’est pourquoi vous devez leur donner la parole, agir avec elles et avec eux afin d’éviter l’aplasie qui fragiliserait encore notre société face à l’adversité.

En rester là serait un signal terrible, affaiblirait notre capacité de réaction individuelle et collective, et produirait immanquablement un étouffement de l’imaginaire. Et par conséquent un possible recul de civilisation.

Nous continuons d’en appeler à la culture pour penser nos vies dans l’épreuve et après l’épreuve, pour guérir ensemble, imaginer l’avenir et réinventer la liberté.Madame la Ministre, face à l’ampleur de la question posée, le gouvernement ne peut ni se dérober ni faire semblant : le monde de la culture attend des paroles et des actes en rapport avec ses exigences vitales.

 Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-du-Rhône

Délégué national à la culture du PCF

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