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24 janvier 2020 5 24 /01 /janvier /2020 07:49
La gauche réussit à élaborer une plateforme commune (L'Humanité)
Jeudi, 23 Janvier, 2020

En l’absence des insoumis, treize organisations politiques de gauche et écologistes ont présenté, hier, à l’Assemblée nationale des propositions alternatives à la réforme du gouvernement.

 

Un mois de travail et, au final, une « plateforme commune » : six mesures en faveur des retraites, accompagnées de six autres mesures destinées à les financer. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, saluait à l’Assemblée nationale le résultat d’un processus initié au mois de décembre à Saint-Denis, lors d’un meeting rassemblant les forces de gauche contre la réforme des retraites. Depuis, d’autres rencontres avaient eu lieu, non seulement entre les organisations politiques, mais aussi avec les salariés en lutte depuis le 5 décembre.

Une motion de censure est envisagée

Ce processus a abouti à une plateforme de mesures en faveur des retraites sur lesquelles pas moins de treize organisations politiques de gauche ont réussi à se mettre d’accord. En présentant, hier, ce projet, seule la France insoumise était absente… Ce qui n’a pas empêché deux de ses députées, Clémentine Autain et Caroline Fiat, de participer à la conférence de presse aux côtés de Fabien Roussel, Olivier Faure (PS), Sandra Regol (EELV) et d’autres parlementaires de la gauche. « Nous ne sommes pas venues parler au nom de collègues », précisait Clémentine Autain, qui rappelait également que la France insoumise avait présenté son propre contre-projet de réforme des retraites. « Il s’agissait d’abord de voir ce qui nous rassemble », insistait Fabien Roussel. Olivier Faure, à l’intention des insoumis, soulignait que « nous restons ouverts à tous ceux qui le veulent ». Le même jour, le groupe GDR présentait ses vœux. La députée FI Mathilde Panot était dans l’assistance. La semaine dernière, les insoumis et les deux autres groupes de la gauche ne s’étaient pas entendus sur le dépôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Pour autant, cette option est toujours envisagée. « Il y aura indéniablement une motion de censure, rappelait André Chassaigne, le président du groupe GDR. Mais nous le ferons en temps voulu. Pour l’instant, l’heure est à la mobilisation sociale. »

L’absence de FI n’entamait donc pas la satisfaction de pouvoir présenter une plateforme commune. Avec celle-ci, les treize organisations signataires proposent « six piliers pour de nouveaux droits ». D’abord, « améliorer le système par répartition », en opposition à « la substitution, même partielle, de cette solidarité publique par des démarches de capitalisation ». Ensuite, « garantir un droit à la retraite en bonne santé pour toutes et tous », en posant comme « exigence préalable la fin des mesures consistant à allonger la durée de cotisation ». « Notre système de retraite n’est pas en faillite, son déficit est creusé par la politique du gouvernement », assurent les parlementaires. La gauche propose également une « règle d’or », assurant « la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs, dans le public comme dans le privé », ainsi qu’une « meilleure prise en compte de la pénibilité ». Cinquième pilier, les partis politiques entendent garantir « une retraite minimum au niveau du Smic pour une carrière complète ». Et, pour les carrières incomplètes, ils se sont mis d’accord pour une « réforme du minimum vieillesse, pour qu’il ne soit pas en deçà du seuil de pauvreté » (1 040 euros). Dernier axe, enfin, l’égalité femmes-hommes : les élus considèrent qu’elle « implique de réduire la fracture salariale entre les hommes et les femmes ».

L’emploi des seniors « doit devenir une priorité »

Le dispositif prévoit en outre six « pistes de financement » : « mobiliser les fonds de réserve des retraites ou une partie des fonds de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) qui seront disponibles à compter de 2024, au moment de l’extinction de la dette de la Sécurité sociale ». La plateforme réaffirme aussi « le financement par la cotisation sociale » et veut « interroger » l’utilité et l’efficacité des politiques d’allégements de cotisations sociales. Les treize organisations chiffrent à 66 milliards le coût de ces allégements dans les finances publiques. « Réfléchir à des ressources nouvelles » est la troisième piste de financement, visant notamment les revenus financiers : « S’ils cotisaient à l’assurance-vieillesse à un taux égal à celui des employeurs du secteur privé, ce serait 30 milliards de recettes à la clé. » Les élus veulent également maintenir « la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 euros de revenus par mois ». « Le projet du gouvernement table sur la perspective d’un chômage élevé », rappelait le sénateur (PCF) Pierre Laurent. Or, la « création d’emplois, notamment dans les services publics », est la cinquième piste de financement du système de retraite de ce projet commun. L’emploi des seniors, notamment, « doit devenir une priorité ». Enfin, la gauche compte financer ses mesures grâce à l’augmentation des salaires et l’application réelle de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Maintenant que ces propositions sont sur la table, les partis signataires de la plateforme déposeront des amendements pour les mettre en œuvre lors du débat parlementaire. Même si, ainsi que chacun l’a souligné devant la presse, chaque formation reste libre de proposer son propre projet.

Diego Chauvet
La gauche (presque) unie propose les pistes d’une contre-réforme des retraites (Le Monde)

Treize formations, à l’exception de La France insoumise, ont présenté six mesures communes et des idées de financement pour répondre à la réforme du gouvernement.

L’adage est connu des militants : « Marcher séparément, frapper ensemble. » Ce mot d’ordre léniniste est appliqué aujourd’hui concernant la réforme des retraites par presque toute la gauche parlementaire – à l’exception notable du groupe La France insoumise (LFI) qui n’apprécie guère ce genre de réunions.

Mercredi 22 janvier, une grande partie de la gauche a présenté des contre-propositions communes autour d’une plate-forme. Il serait trop long d’égrener exhaustivement les treize organisations signataires du document, mais citons pêle-mêle : le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF), Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Les Radicaux de gauche, Génération.s ; Place publique, Ensemble ! et la Gauche républicaine et socialiste (deux formations satellites de LFI).

« Cette initiative découle du meeting commun de Saint-Denis, en décembre, a expliqué Fabien Roussel, le patron des communistes, lors d’un point-presse, mercredi 22 janvier, à l’Assemblée nationale. Cette plate-forme est issue d’un mois de discussions. Nous demandons le retrait de la réforme d’Emmanuel Macron, de véritables discussions pour étudier les propositions visant à améliorer le système actuel, sans le casser et sans mesures d’âge. » Sandra Regol, numéro 2 d’EELV abonde : « On tient au système par répartition, on veut l’améliorer. »

« Nous avons cherché un consensus à gauche et chez les écologistes. Il n’y a pas un seul chemin possible, il y a une autre voie que celle du gouvernement, nous présentons une alternative », a insisté, pour sa part, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, se référant au Conseil national de la Résistance. « C’est déjà significatif. C’est ce que l’on attend de nous pour qu’émerge une alternative », a complété le communiste Pierre Dharréville.

Ces contre-propositions s’articulent autour de six piliers. L’amélioration du système par répartition ; « la garantie d’un droit à la retraite en bonne santé », en refusant l’allongement de la durée de cotisation et tout âge pivot ; l’établissement d’une « règle d’or qui assure la parité du niveau de vie entre les retraités et les travailleurs, dans le public et dans le privé » ; une meilleure prise en compte de la pénibilité ; une retraite minimum au niveau du smic, et une égalité femmes-hommes effective dans les salaires et les pensions.

Sont adossées à ces mesures des pistes de financement. Les partis de gauche proposent ainsi, entre autres choses, de mobiliser les fonds de réserve des retraites ou une partie des fonds de la Caisse d’amortissement de la dette sociale. Ils veulent également « élargir l’assiette de financement aux revenus du capital, notamment les revenus financiers », ainsi que le maintien de la cotisation à 28,1 % jusqu’à 27 000 euros de revenus mensuels.

Plus petit dénominateur commun

Ce travail est une sorte de plus petit dénominateur commun entre des organisations qui sont loin de partager les mêmes options. Beaucoup de ces formations ont, d’ailleurs, publié leur propre projet de réforme. Les sujets qui fâchent sont absents (comme les régimes spéciaux ou la question de l’âge légal de départ à la retraite). Un seuil, donc, à partir duquel certains, notamment communistes et quelques socialistes, espèrent construire un programme commun. Même si cette envie n’est pas partagée par les Verts et encore moins par les « insoumis ».

Ce document arrive à un moment où la mobilisation s’essouffle et pourrait donc peiner à trouver un écho important. « Il n’est jamais trop tard ! Les Français refusent toujours majoritairement cette réforme. On donne du crédit à la possibilité d’avoir d’autres choix, veut croire, au contraire, Clémentine Autain, qui était présente au nom de son parti Ensemble ! et non de La France insoumise. On est loin d’être au bout du chemin, la bataille continue. » Celle de l’union aussi.

ABEL MESTRE, LE MONDE, 22 janvier 2020

 

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