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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 06:31

Courage et détermination des 33 députées qui sont entrées au parlement il y a 70 ans

Hier, mercredi 21 octobre 2015 était le 70e anniversaire de l'élection des premières femmes à l'Assemblée Nationale. Nous voulons saluer le courage et la détermination des 33 députées qui sont entrées au parlement, en dépit des résistances, des attaques, des préjugés sexistes et de classe, certaines d’entre elles étant ouvrières ou employées.

Dans l'histoire tumultueuse du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle, dans les luttes qui ont graduellement installé le droit de vote et d'éligibilité dans notre pays, les femmes en étaient toujours privées; qu'il fût censitaire ou universel, le suffrage restait masculin. La contestation de cet état de fait, cependant, n'a cessé de grandir. Ainsi, en 1925, le PCF présentait des femmes à des positions éligibles, qui ont siégé jusqu'à l'annulation de leurs élections par les préfets. A l'issue de la seconde guerre mondiale, le combat héroïque des femmes dans la Résistance a rendu cette évolution incontournable ; elles avaient combattu en première ligne pour la démocratie, il n'était plus possible de les en exclure. C'est un communiste, Fernand Grenier, qui porte le coup de grâce à l'exclusion des femmes de la vie politique.

C'est cette exigence de progrès et de conquête qu'il s'agit de remettre au goût du jour. En 2015, le Sénat et l'Assemblée Nationale sont très loin d'être paritaires. Il importe de prolonger le combat mené et gagné en 1945 et de l'achever en permettant aux femmes d'accéder pleinement à la vie démocratique du pays. Là aussi, les obstacles sont immenses, mais ensemble nous pouvons les faire tomber dans la continuité du combat de ces 33 premières députées dont nous sommes les héritiers et les héritières.

Laurence Cohen, Responsable nationale du PCF « Droits des femmes et féminisme »,

Courage et détermination des 33 députées qui sont entrées au Parlement il y a 70 ans
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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 06:28

Benyamin Netanyahou s'est livré le hier, devant le 37e Congrès sioniste mondial à Jérusalem à une gravissime déclaration négationniste, visant à exonérer Hitler de ses responsabilités dans le génocide des Juifs. Selon lui, le grand mufti Haj Amin Al-Husseini en aurait été le véritable inspirateur lors d'une rencontre avec Hitler en 1941 alors que le dirigeant nazi, aux dires de Netanyahou « ne voulait pas exterminer les juifs, mais seulement les expulser ».
Cette réécriture ignoble de l'histoire, au mépris de toutes les preuves historiquement établies de l'intention d'extermination des Juifs par le régime nazi, doit être condamnée avec la plus extrême sévérité. Cette déclaration en dit long sur la haine des Palestiniens qui anime à ce point le Premier ministre israélien qu'il en est prêt aux mensonges les plus odieux. Au moment où les thèses racistes de l'extrême-droite progressent à nouveau dans toute l'Europe, cette déclaration est parfaitement irresponsable.

Le gouvernement français et les autorités européennes doivent la condamner sans attendre et cesser leur politique de complaisance à l'égard de ce gouvernement israélien et de sa politique criminelle, qui constitue aujourd'hui le premier des obstacles à tout processus de paix juste et durable en Israël et la Palestine.

Déclaration du PCF, 21 octobre 2015

Netanyahou et Hitler: une réécriture ignoble de l'histoire
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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 06:25

Servier condamné : le PCF demande la création d'un pôle public du médicament

La nouvelle est tombée le 22 octobre. Pour la première fois, les Laboratoires Servier sont condamnés pour avoir produit et maintenu un produit « défectueux ». C'est une première étape et une perspective pour les victimes et leurs familles. C'est d'abord à elles et à eux que nous pensons et leur confirmons notre totale solidarité.

Ce jugement confirme qu'il est urgent de faire la transparence dans le monde de l'industrie pharmaceutique. L'opacité sur les financements et les profits, le silence sur les niveaux de toxicité, les choix stratégiques uniquement guidés par le profit financier maximum et immédiat ne peuvent plus durer.

Il est urgent de mettre en place un pôle public du médicament de la recherche, de la production, de la distribution des médicaments. L'affaire Servier donne le signal de la nécessité de ce vrai changement.

Servier condamné: le PCF demande la création d'un pôle public du médicament
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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 07:43
Des régions et une alimentation justes et durables

►Utiles au quotidien, écologiques, créateurs d'emplois, le transport public ferré devrait être une priorité stratégique du gouvernement et des Régions

► De déréglementations en privatisations, à force de casse du service public, la situation est devenue invivable pour les usagers comme pour les salariés

► Le vote du 6 décembre pour la liste du Front de gauche sera l'occasion de porter des exigences avec les moyens correspondant dans ce domaine aussi

L'alimentation est un enjeu économique, social, un enjeu de santé publique, et un enjeu écologique. L'accès à l'alimentation se caractérise par une inégalité sociale et territoriale très forte. La part du budget consacré à l’alimentation ne cesse de progresser, et plus les ménages sont pauvres, plus cette part est élevée. L'agriculture doit être pensée et appréhendée dans son ensemble : de la juste rémunération des producteurs, en passant par les circuits courts, la relocalisation, le développement de transports durables et l'accès à une alimentation saine pour toutes et tous.

L'accès à une alimentation saine pour toutes et tous

C'est une alimentation respectueuse de l'environnement des producteurs et des consommateurs. Notre modèle agricole, fondé sur la mécanisation, la sélection génétique et les intrants a certes permis une augmentation exceptionnelle des rendements, mais il a surtout permis de dégrader notre terre, de tuer des écosystèmes et d'agresser notre santé.

Une prise de conscience croissante des dangers de l'agriculture industrielle pour les producteurs, les consommateurs et l'environnement d'une manière général, a fait par exemple exploser la demande de produit dits « biologiques ». Mais cette exigence de produits de qualité, répondant à des normes environnementales, au respect des terroirs ou du goût, est aussi l'objet d'une exploitation.

C'est ainsi que le capitalisme vert prospère en faisant des produits biologiques un marqueur social et en entretenant la représentation pour les plus modestes : « le bio, c'est pour les riches ».

Quand nous savons que l’obésité est près de deux fois plus répandue dans les catégories les moins favorisées (16,7 % chez les ouvriers, 16,2 % chez les employés) que dans les catégories plus aisées, il est important d'apporter une réponse publique à toutes et tous sur l'alimentation.

Les circuits-courts

La grande distribution réalise des marges de 30 à 50 % sur les produits frais : ainsi des cerises vendues 5 à 6€ le kg ne rapportent au paysan que 0,90€ qui ne couvrent même pas les charges d'exploitation. Certaines enseignes vont même plus loin en rachetant à vil prix les terres de paysans en faillite pour les exploiter directement avec une main d’œuvre sous-qualifiée et sous-payée.

Pour dénoncer ce fonctionnement injuste pour l'agriculteur comme le consommateur, des associations et entreprises inscrites dans l'économie sociale et solidaire ont développé une offre alternative à la grande distribution ce que l'on appelle des circuits-courts, c'est à dire, un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur.

► Nous inciterons tous les restaurants collectifs existants sur le périmètre de la Région (lycées, hôpitaux, administrations ou collectivités locales...) à appliquer un cahier des charges d’approvisionnement imposant comme priorité la qualité et le terroir (AOC, AB, labels, savoir faire régionaux, sans OGM...), le bilan carbone des transports et la transparence du prix payé aux producteurs et transformateurs.

Relocaliser la production et la consommation

Relocaliser la production a d’abord un intérêt pour la préservation de l’environnement, car cela permet de réduire l'empreinte carbone quant à l'acheminement des produits de leur lieu de production à leur lieu de distribution. C’est également un intérêt pour l’emploi, car cette disposition permet de favoriser une agriculture qui ne demande qu’à se développer et se diversifier.

► C'est pour cela que nous proposons la création d'aides régionales à l’agriculture pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs, pêcheurs, forestiers mais aussi pour le secteur coopératif, associatif, artisanal de transformation et de commercialisation.

Les liens entre agriculture, alimentation et lutte contre la précarité doivent devenir un axe de réflexion pour les politiques publiques.

Ces liens sont indissociables d'une véritable révolution des modes de production est nécessaire pour passer d’un modèle agricole productiviste à une agriculture agro-écologique, respectueuse de l’environnement et de la santé, contribuant à la lutte contre la pollution et le changement climatique.

Le 6 décembre : Votez Front de gauche !

Des régions et une alimentation justes et durables
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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 03:11
Pierre Gattaz (photo Humanité.fr)

Pierre Gattaz (photo Humanité.fr)

Mathieu Palain et Léna Mauger, dans l'excellente revue de journalisme d'investigation et de grand reportage XXI (Vingt-et-un) n°32 (automne 2015), nous font découvrir un peu ce qui se cache derrière le masque du patron du Medef, c'est à dire pas grand chose de transcendant sur le plan humain et spirituel, mais un cas sociologique intéressant pour comprendre comment fonctionne la grande bourgeoisie française.

Pierre Gattaz, c'est d'abord une fortune estimée à 250 millions d'euros. Pierre Gattaz est 225e sur la liste des Français les plus riches.

Tel père, tel fils

Pierre Gattaz est d'abord le fils de son père, Yvon, président de l'ancêtre du Medef de 1981 à 1986: le Mouvement des entreprises de France s'appelait alors le CNPF, pour Conseil National du Patronat Français. "Leurs histoires se répondent. Inconnus avant leur élection, les deux Gattaz prennent la tête du patronat au moment où la gauche retrouve le pouvoir. En 2013, Pierre doit composer avec un président qui a promis une tranche d'imposition de 75% et parsemé ses discours de phrases telles que "J'aime pas les riches" ou "Mon ennemi c'est la finance" (et oui, que n'a pas dit François Hollande à l'époque pour séduire un électorat de gauche et populaire qu'il méprise à ce point aujourd'hui...) . Trente ans plus tôt, Yvon menait la guerre à Mitterrand: "Nous entrâmes alors en résistance. Qui? Nous, les patrons. Les socialistes étaient là pour faire rendre gorge aux riches, l'année 1981 fut terrible", écrit-il dans un livre de souvenirs. Dans ce livre, Yvon Gattaz prétend que c'est en partie grâce à ses "leçons d'économie" prodiguées à chacun de leurs entretiens que François Mitterrand a opéré en 1983 le fameux "tournant de la rigueur" .

Pierre Gattaz plastronne à l'identique: "J'ai remué les choses, Valls à Matignon, Macron à l'économie, le Medef peut se féliciter de l'inflexion entreprenariale du gouvernement".

Au lycée, rapportent Mathieu Palain et Léna Mauger, Pierre Gattaz dit avec sa délicatesse habituelle avoir frôlé la schizophrénie. "Je me faisais bourrer le mou sur les patrons exploitateurs par des profs soixante-huitards que j'adorais, avant de me faire bourrer le mou à l'envers, le soir, par mon père". En 1993, Yvon Gattaz écrit tout le bien qu'il pense de Mai 68: "On a joué à la fausse guerre parce qu'on n'avait pas fait la vraie. On a fait semblant de prendre des responsabilités car on n'en avait aucune. On a cassé l'ordre, l'ancienneté, les acquis, la culture, les victoires passées. Mais on n'a présenté aucun plan de reconstruction, aucune valeur de société"

"Le bac en poche, Pierre Gattaz atterrit chez les jésuites à Versailles, dans une prépa Maths sup/Maths spé. "J'étais pas brillant. Pas mauvais non plus, mais j'étais pas le grand polar, juste un type normal". Admis à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications de Bretagne, il rencontre sa femme, une future inspectrice des impôts, aujourd'hui conseillère municipale encartée Les Républicains, l'ex-UMP. Ils se marient et s'envolent pour Washington, aux Etats-Unis".

L'éclate américaine

"Le départ a un parfum de fuite. Nous sommes en 1981, le jeune Gattaz, 22 ans, s'éloigne d'un père en campagne médiatique et de ces "socialo-communistes" qui haïssent tant les riches... Il a commencé à l'ambassade de France. Recruté pour ses connaissances en électronique, il sillonne le pays pour aider les boîtes françaises à percer le marché, notamment celui- florissant- de la Silcon Valley. "C'était passionnant, je me suis éclaté" dit-il au milieu d'un flot de phrases gonflées aux superlatifs. "Génial", "formidable", "incroyable" sont des mots qu'il prononce presque sans y penser et souvent sans les trier. Cela peut accoucher d'étonnantes énumérations: "Là-bas, l'entreprise, c'est le rêve et les salariés disent: "Celui-là il a réussi", formidable! C'était vraiment super, le bonheur total!".

Il rejoint Dassault Electronique en tant qu'ingénieur, avant d'être nommé chef de projet export. Son travail consiste à vendre à des banques, notamment au Mexique et en Angleterre, des terminaux de paiement capables de lire les premières cartes Visa. Il a 25 ans, des équipes à gérer et des responsabilités sur des contrats de dizaines de millions de francs. Il prend "un pied incroyable".

En 1989, il se sent l'étoffe d'un vrai patron. Il pense à monter sa boîte quand il reçoit un appel d'un groupe spécialisé dans le rachat d'entreprises en dépôt de bilan. "Je ne sais plus comment ça s'est passé, mais c'était un truc comme "Pierre, on récupère une société moribonde. Fontaine Electronique, il y a 45 personnes, faut la redresser". C'est dit OK".

Aux commandes de l'entreprise familiale

" En 1992, Pierre Gattaz reprend l'entreprise familiale créée par son père et son oncle en Isère, Radiall, spécialisée dans les composants électroniques. Radiall paie la chute du mur de Berlin. Ses carnets de commandes remplis de clients dans l'aéronautique et l'armement se vident d'un coup. "A 33 ans, l'héritier pilote Radiall pour une première restructuration, un mot qui cache une forêt de termes plus angoissants comme "délocalisation", "fermeture d'usine", et "licenciement". L'entreprise compte alors 900 salariés en France et 150 à l'étranger". Radiall licencie d'abord 50 salariés, puis se développe aux Etats-Unis et en 7 ans triple son chiffre d'affaires et embauche 800 personnes. En 2001, Radiall assiste à l'explosion de la bulle Télécom et son chiffre d'affaire plonge de 40%, avec des tas de licenciements à la clef. L'entreprise fournit aujourd'hui les composites des Boeing 787. En 2009, Pierre Gattaz qui préside la Fédération des industries électriques, électroniques, et de communication, écrit un livre fourre-tout, ode au progrès technique et aux innovateurs et créateurs d'entreprise, Le Printemps des magiciens. Pour lui, la France est "un élève surdoué, un peu branleur, qui glande au fond de la classes".

"Il aimerait envoyer nos petits génies en stage non payé à Singapour faire du business pendant six mois ou un an, pourquoi pas, histoire de leur apprendre à créer de l'argent. Leur paie dépendrait de leurs résultats. On pourrait penser que Pierre Gattaz en rajoute, mais il faut lui accorder cette qualité: il n'est pas dans la surenchère, il est sincère: "La Corée du Sud, la Chine, Singapour, ils créent de la richesse. Ils ont le rêve de devenir américains, je trouve ça intéressant".

La prise du Medef ou le Chirac du monde économique

En 2013, Laurence Parisot arrivée au terme de son mandat veut modifier les statuts du Medef pour garder la présidence de ce groupe d'intérêt patronal de 750 000 adhérents, dont 500 grands électeurs qui ont "leur rond de serviette à l'assemblée permanente". Gattaz fait de l'obstruction, entre en campagne en critiquant les "corporatismes", le "fantasme de la lutte des classes", les "clichés à la "Germinal"" ... et les politiques, tous déconnectés selon lui de la réalité de l'entreprise. Il chante les vertus de la mondialisation, parle de réforme du droit du travail (la fameuse "simplication" - démantèlement à dire vrai), défiscalisation et liberté d'entreprendre. Il cite de Gaulle, Churchill, mais aussi Brel et Lao Tseu, pour ce proverbe qui plaît tant au candidat Gattaz: "Donne un poisson à un homme, il mangera une journée, apprends lui à pêcher, il mangera toute sa vie". Pierre Gattaz adore les phrases toutes faites. Dans un de ses livres, il intitule son programme le BSP, pour "Bon sens paysan". Gattaz cite Edmond Rostand: "Et nous les petits, les obscurs, les sans-grades/ Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades/ Nous qui marchions toujours et jamais n'avancions". Il s'adresse ainsi aux petits patrons, en jouant de la fibre provinciale, "genre Chirac du monde économique". C'est ce personnage qui emporte la présidence du Medef en juillet 2013.

Le style bon copain de Pierre Gattaz tranche avec ceux de ses prédécesseurs, l'aristocrate Ernest Antoine Seillière et l'intello Laurence Parisot, à l'ego démesuré, qui contrôlait tout et voyait le Medef comme un marche-pied vers la politique, aux dires de certains observateurs.

Pierre Gattaz, Monsieur Prudhomme du Patronat, est l'homme des formules simples pour sauver la France: les "5 V", dont on retient "vision" et "vérité" ou les "5 C", comme "compétitivité" et "croissance". La "positive attitude" chère à Jean-Pierre Raffarin n'est jamais très loin...

Dans ses premières idées de président du Medef, on trouve une baisse de 100 millions d'euros de charges sur les entreprises, la création d'un "Smic intermédiaire" de longue durée et la suppression de l'impôt sur la fortune. "L'ISF, c'est pas un truc que je sors de mon chapeau, je mène cette réflexion depuis quinze ans à Radiall. Si vous avez une fiscalité trop lourde, vous ne ferez pas venir les abeilles que sont les investisseurs. Les abeilles, elles resteront à butiner le champ d'à côté".

"Notre grande victoire, c'est le virage entrepreneurial de Hollande... Aujourd'hui, on a 85 codes et 400 00 normes, c'est de la folie!".

Haro sur la chasse aux actionnaires

"Tous les samedis matins, Gattaz s'accorde une parenthèse sur le 18 trous de Domont, dans le Val d'Oise. Il y retrouve des amis avocats, médecins, notaires, que des professions libérales. "C'est le bureau des pleurs, ils se plaignent d'être noyés sous les charges, tout ça".

Jamais il ne critique les siens. Pour lui, les patrons sont une espèce en danger qui doit "chasser en meute". Le problème, dit-il, ce ne sont pas les rémunérations astronomiques de quelques-uns. Non, le problème vient de "la chasse aux actionnaires". "Les gens qui ont de l'argent, s'ils ne le mettent pas dans les boîtes, ils vont le mettre où? Dans des bagnoles de collection?"

Lui préfère parler des "clients florissants" plutôt que les voir se replier contre les oeuvres d'art. "Et j'ai rien contre les œuvres d'art, hein, c'est très bien les œuvres d'art, c'est défiscalisé". Il se redresse dans son fauteuil, croise et décroise les jambes: "Laissez les actionnaires récupérer l'argent de leur risque!"

On lui souffle que ce n'est pas si simple, que l'Insee a établi que les riches étaient de plus en plus nombreux à s'enrichir et que les plus pauvres s'appauvrissaient. Il répond du tac au tac: "Au Medef, on récompense le talent. On est contre l'ultralibéralisme, contre la spéculation, mais ceux qui bossent quinze heures par jour doivent être mieux payés. Un gros bonus? Bravo, ça ne me choque pas. En revanche, celui qui glande, et ben il faut qu'il bosse s'il veut être riche".

A la tête de Radiall, Pierre Gattaz a touché 426 000 euros en 2014, en augmentation de 30%.

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 12:12
 Pour une Bretagne sociale et écologique, l'Humain d'abord! Le pré-projet du Front de Gauche pour les Elections régionales, à enrichir avec les citoyens

Pour une Bretagne sociale et écologique

L'Humain d'abord !

La Bretagne est une belle région marquée par son caractère maritime et agricole. C'est une région qui bouge. Entre terre et mer elle attire chaque année de nouveaux habitants. Dans ses territoires s'invente déjà la Bretagne de demain, se construisent des projets innovants et des solidarités nouvelles. Mais les logiques de mise en concurrence des peuples et des territoires, les politiques d'austérité menées en France et en Europe, l'accaparement par quelques uns des richesses de notre pays contredisent l'aspiration de toutes et tous à maîtriser son sort et à penser un avenir durable. Notre région est marquée par de fortes inégalités de développement, par la pollution de son air, de ses sols et de ses rivières liée à l' 'agriculture intensive, par les fermetures d'entreprises, notamment dans le domaine de l'agroalimentaire et dans le domaine des hautes technologies, par la concurrence du service public d'éducation avec les établissement privés, par des fermetures d’hôpitaux de proximité... Le "pacte d'avenir" proposé par le gouvernement et signé par la majorité régionale ne répond en rien aux problèmes de la région et s'inscrit dans un modèle de développement voué à l'échec. De manière plus générale, cette situation est aggravée par les choix politiques du gouvernement et les orientations promues par les forces du capital et les institutions financières internationales (BCE, FMI, Eurogroupe) qui échappent à tout contrôle démocratique. La Bretagne subit le désengagement de l’État qui réduit les moyens d'intervention des collectivités. Dans ces conditions, les politiques publiques peuvent difficilement inverser ou freiner les processus d'aggravation des inégalités, et de toutes les formes de précarité. Cela nourrit le sentiment d'impuissance et le repli sur soi, les pires idées réactionnaires font aussi leur chemin en Bretagne. Pourtant, des citoyens s'engagent pour mettre en œuvre des alternatives concrètes :des AMAP à la reprise en Scop d'entreprises, de la production locale d'énergie renouvelable à l'économie sociale et solidaire, les initiatives citoyennes ne manquent pas. Des forces syndicales et associatives, des collectifs se battent pour défendre la solidarité concrète, la culture pour tous, le droit des femmes, les services publics, et les droits des travailleurs, pour la préservation de nos ressources et la transition énergétique.

Pour donner force politique à ces engagements qui font la richesse humaine de notre région,et forts de notre diversité, nous proposons 5 grandes orientations, que nous pourrons enrichir tout au long de la campagne avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent s'engager dans la co-élaboration de notre projet.

Les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 constituent,en effet, un temps de débat et de choix démocratiques sur les grands enjeux qui traversent la société. Les politiques régionales doivent être marquées du sceau de la résistance dans un contexte de crise économique, sociale, démocratique et environnementale. Nous voulons construire un projet commun avec toutes celles et tous ceux qui ne renoncent pas et veulent promouvoir une autre voie. Nous proposons de porter des politiques publiques régionales au service du bien commun, contre les logiques de compétitivité et productivistes du marché et de la finance, des politiques qui participent à la nécessaire transition écologique et à la lutte contre le dérèglement climatique.

1- Au cœur de notre projet, la démocratie

Notre démocratie est en crise. Longtemps porteurs de la légitimité démocratique, les capitalistes en sont devenus les adversaires. Les Grecs en font la rude expérience. Comme nous en France, le résultat du vote populaire du référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel européen(TCE) a été détourné. Les citoyens se sentent dépossédés des choix politiques. Reprendre nos droits sur notre bien commun, la démocratie, faire reculer cette dépossession suppose de concevoir différemment le rôle des élus,de rompre avec la culture de la délégation de pouvoir et la remise en cause des espaces démocratiques de proximité. Loin de la conception actuelle du fonctionnement de la région où les grandes décisions sont prises dans l'espace feutré des bureaux du conseil régional, nous proposons un tout autre modèle démocratique. Partenaires et pas seulement représentants, les élus s'attacheront à définir les politiques publiques régionales avec toutes celles et ceux qui souhaitent en être acteurs : les citoyens engagés, et/ou organisés dans les syndicats, les associations, les collectifs... C'est aussi refuser les accords tels le TAFTA. La réorganisation des territoires, les compétences attribuées à chaque niveau de décision ne peuvent se faire sans débat démocratique comme ce fut le cas avec la réforme territoriale et la loi NOTRe qui va éloigner les citoyens des centres de décision.

Nous proposons :

• d'organiser une consultation pour la définition des limites de la région (rattachement de la Loire- Atlantique à la Bretagne) et pour l'organisation des institutions

• de co-élaborer les politiques publiques et les orientations budgétaires dans des assemblées participatives, en travaillant avec les citoyens, avec les interlocuteurs réguliers des comités d'usagers (dans le ferroviaire, la santé…) en s'appuyant sur leurs propositions et celles des organisations syndicales

• de rendre publics les débats et décisions de la commission permanente • d'encourager la création d'un statut de l'élu pour rompre avec les logiques de professionnalisation et de carriérisme

• de créer un droit d’initiative citoyenne, et la possibilité d'organiser un référendum sur les grands projets régionaux

• de créer un droit de regard des salariés, des élus, au niveau des territoires à travers les conseils de développement, sur les projets et aides économiques

• de déclarer la région hors TAFTA et sans OGM

2-Solidarité, coopération, égalité des droits pour travailler tou-te-s et mieux

Le “marché” ne permet pas à toutes et tous de travailler et d'avoir les mêmes droits, nous en faisons l'expérience tous les jours. Tant qu'une minorité détiendra les leviers de l'économie, et décidera à notre place, il sera difficile d'empêcher les fermetures d'entreprises, les plans sociaux, les conditions de travail indécentes et les productions écologiquement insoutenables. Il faut donc contester à cette minorité le droit de décider pour tous. Le principe de concurrence libre et non faussée qui guide les choix européens, les directives européennes de libéralisation de pans entiers de secteurs économiques couverts par les services publics, les politiques fiscales qui réduisent sans cesse la contribution des plus riches et celle des entreprises, la baisse des dotations de fonctionnement aux collectivités, la baisse des cotisations sociales, toutes ces politiques mettent en danger nos services publics : il ne se passe pas une journée sans que l'on apprenne la fermeture d'un bureau de poste, d'un service hospitalier, d'une classe, d'une ligne de chemin de fer de proximité...

Combattre ces choix politiques, être aux cotés des salariés et des usagers qui luttent sera une priorité de nos élus régionaux. Relocaliser l'économie, développer les services publics, soutenir l'économie sociale et solidaire et toutes les formes d'appropriation collective des moyens de production et de préservation de nos ressources, intervenir dans les choix de production en conditionnant les aides aux entreprises à des critères sociaux et environnementaux, l'action des élu-e-s s'inscrira dans ces objectifs.

Nous proposons :

• d'agir dans tous les territoires pour développer les services publics

• d'aider les salariés à reprendre leur entreprise et soutenir la mise en réseau des SCOP et des SCIC, de développer l'économie sociale et solidaire

• de devenir partenaire et pas seulement financeur des projets d’entreprises, de réorienter les aides actuellement distribuées en les conditionnant à des critères sociaux et environnementaux (égalité salariale, respect de l'environnement, conditions de travail, formation des salariés...)et en contrôlant leurs usages avec les salariés • de créer un observatoire des marchés publics et de l'utilisation des fonds publics

• de refuser les Partenariats Public-Privé

• d'impulser une politique de relocalisation de l'activité donnant une ambition industrielle à la Bretagne (bois, construction-déconstruction navale)

• de développer une politique maritime ambitieuse en créant par exemple des liens entre les différents modes de transports des marchandises, fret ferroviaire et fret maritime.

• d'agir pour la suppression du CICE, la réorientation du Crédit Impôt Recherche, et pour une réforme nationale des dotations et de la fiscalité régionale qui permettra de redonner de l'autonomie financière à notre région, étranglée par les transferts de compétences non financés par l'État • de mobiliser l'épargne locale et citoyenne pour des projets régionaux

• de favoriser l'usage des banques coopératives

3-Se former, se cultiver et s'émanciper

La culture et l'éducation doivent échapper à la marchandisation et à la mise en concurrence. Pour l'égal accès de toutes et tous aux savoirs, aux pratiques culturelles et aux spectacles, il faut développer le service public d'éducation, ouvrir de nouveaux espaces de gratuité, soutenir les associations d'éducation populaire, promouvoir les langues et les cultures de Bretagne dans un esprit d'ouverture au monde et à toutes les cultures, promouvoir la culture de paix.

Nous proposons :

• de reconquérir de nouveaux secteurs de scolarisation pour le service public

• de favoriser l'accueil des élèves au plus près de leur domicile dans le service public sur tout le territoire régional et de construire des lycées publics pour répondre à la croissance de la démographie lycéenne

• d'entretenir et rénover ces lycées et leurs installations sportives à la hauteur des besoins pédagogiques en intégrant les enjeux énergétiques et environnementaux et d'améliorer les capacités d'internat

• de mettre en œuvre la gratuité des manuels scolaires ainsi que des supports et équipements pédagogiques obligatoires

• de privilégier la formation professionnelle qualifiante en lycée, améliorer la qualité de la formation en apprentissage et lutter contre les ruptures de contrat

• d'élaborer la carte des formations professionnelles avec tous les acteurs (personnels et usagers)

• de répondre aux besoins des salariés et des chômeurs en matière de formation professionnelle continue et faciliter les reconversions

• de favoriser l’action populaire pour imposer dans les faits l’égalité entre les personnes

• d'associer les bretonnes et les bretons à l'élaboration et la mise en œuvre de la politique culturelle et artistique, en particulier toutes les structures associatives comme par exemple les MJC

• de contribuer à ce que toutes et tous puissent pratiquer une activité artistique, créer un événement culturel, ou être porteur d'un projet culturel collectif • de soutenir la création et les intermittents du spectacle

• d'inciter les grandes institutions culturelles à favoriser l'accès du plus grand nombre aux pratiques et aux spectacles

• de promouvoir l'accès aux langues régionales (Breton et Gallo), soutenir les associations et agir pour le développement des filières bilingues dans le service public d'éducation, soutenir les écoles Diwan en agissant pour leur intégration dans le service public, renégocier la « Convention entre l’État et la Région pour la transmission des langues de Bretagne » qui n’est pas acceptable en l’état, soutenir la diffusion en langue régionale (radios locales associatives, médias locaux, filière numérique, doublage).

4- Sortir du productivisme et privilégier l'agriculture paysanne et une pêche artisanale durable

Accéder à une alimentation saine et diverse est un enjeu de santé publique. Nous voulons que chaque région et chaque pays accèdent à la souveraineté alimentaire dans le respect des ressources naturelles, des sols, de la biodiversité et des écosystèmes, mais aussi des femmes et des hommes qui en assurent la production. Du local au global, il faut se réapproprier les décisions, faire de la coopération le principe qui guide nos choix de production en matière d'agriculture, de pêche et d’agroalimentaire. Face à la crise sans précédent qui secoue les filières agricoles, nous refusons la fuite en avant du « toujours plus de dérégulation » (allègements de « charges » sociales et fiscales, abaissement des normes réglementaires et environnementales, relance de la course à la concentration des élevages...). L'urgence d'une autre politique agricole s'impose plus que que jamais ; une politique agricole en rupture avec le modèle productiviste et libéral, soutenant résolument une agriculture paysanne.

Nous proposons :

• d'encourager une production diversifiée, des circuits courts, les filières bio et durables sans OGM, les labels (AOC, AB...), notamment pour l'approvisionnement de la restauration collective dont la restauration scolaire, par contractualisation avec les exploitants agricoles, garantissant des prix rémunérateurs

• de proposer un schéma régional d'intervention publique sur le foncier agricole favorisant la déconcentration de l'agriculture et l'installation de jeunes agriculteurs

• d'assurer collectivement la maîtrise des productions et le partage des droits à produire

• de soutenir une politique de prix permettant aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail

• d'encourager les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et donner la priorité des aides publiques aux agriculteurs qui s'engagent dans la reconversion de leur exploitation • d'agir au plan régional avec les salariés, les agriculteurs et les consommateurs, pour l'élaboration d'un plan de transition des entreprises agroalimentaires vers une alimentation de qualité, sans casse sociale

• de s'engager pour un aménagement équilibré du territoire contre le risque de désertification des territoires ruraux

• Quant à la pêche, elle représente globalement peu, à l'échelle de l'Hexagone,en termes d'activité économique et d'emplois; pour autant, à l'échelle d'une région littorale comme la Bretagne, elle participe d'un développement local qui est et sera durement percuté par les évolutions de la politique des pêches. Cette situation impose une action résolue de la Région pour rendre au métier une attractivité nouvelle.

Nous proposons :

• d'agir pour remettre les hommes au centre de l'activité (formation, statut du marin, sécurité des conditions de travail)

• de soutenir prioritairement la pêche artisanale et la modernisation de sa flottille (conditions de vie à bord, économies d'énergie)

• de préserver la ressource et associer les pêcheurs à sa gestion en favorisant le repos biologique et le recours à des engins de pêches plus sélectifs et moins consommateurs d’énergie

• de développer une politique hardie de reconquête de la qualité des eaux littorales et s'opposer à la pêche minotière et spéculative

• de valoriser les produits de la mer et encourager la consommation du poisson pêché localement dans les collectivités : école, hôpitaux, maison de retraite…

5-Développer de manière équilibrée les territoires, sortir des logiques de métropolisation et de compétition mondialisée

Nous refusons de penser l'aménagement du territoire comme une réponse aux besoins d'une économie où le seul critère est la rentabilité des capitaux et la course aux profits. Ce qui guide nos choix c'est non seulement l'accès de tous aux transports collectifs, à la santé, à un logement de qualité mais aussi l'indispensable transition énergétique pour répondre aux besoins de tou-te-s et au défi climatique. Nous sommes partisans de la co-construction d'un plan régional de transition énergétique, pour développer les énergies renouvelables en privilégiant l'appropriation citoyenne de la production d'énergie. Sur notre territoire, nous avons besoin de privilégier les coopérations à l'échelle mondiale et le développement équilibré de chaque pays, nous considérons ces choix comme participant à la paix au niveau mondial.

Nous proposons :

• de sortir du tout TGV, donner la priorité aux liaisons TER quotidiennes et réorienter les financements prévus pour LNOBPL vers le maintien des gares de proximité, la remise en service des lignes comme celle de Fougères-Rennes, Auray-Saint-Brieuc, la modernisation des lignes ferroviaires existantes délaissées (Quimper-Brest, Morlaix-Roscoff...), la conservation de la ligne QuimperBordeaux

• d'abandonner le projet d’aéroport de NDDL, organiser un schéma aéroportuaire du Grand Ouest et reprendre en gestion publique les aéroports actuellement concédés à Vinci • de développer le fret, le cabotage, le fret maritime, de créer des synergies entre les transports par mer et par rail

• d'affirmer l'opposition de la région au projet de centrale à gaz de Landivisiau et refuser tout financement public régional à ce projet, de revoir le pacte énergétique breton pour favoriser la production d'énergie renouvelable et consommer moins d'énergie en rénovant énergétiquement l'habitat et les bâtiments, et lutter contre la précarité énergétique

• de soutenir la mise en régie publique des services de production, de distribution d'eau et d'assainissement collectif et non collectif , en favorisant toutes les actions de préservation des ressources

• de lutter contre les déserts médicaux, et pour le maintien des hôpitaux de proximité

• d'assurer l'accès au haut débit numérique sur tout le territoire breton

• de favoriser des initiatives de solidarité au niveau mondial

• d'agir pour supprimer les armes nucléaires sur l'Ile longue

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 08:52
Xavier Compain

Xavier Compain

Débat des Régionales entre candidats sur les langues régionales, la Bretagne.

La semaine passée, la commission des lois du Sénat a décidé qu'il n'y avait pas lieu de délibérer sur le projet de loi constitutionnelle autorisant la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. La question sera débattue le 27 octobre, en séance publique, par les sénateurs qui devraient suivre cette demande, qui rend impossible toute révision de la constitution. La Commission des lois a une nouvelle fois estimé « qu'accepter la révision constitutionnelle proposée par le Gouvernement imposerait de déroger aux principes constitutionnels auxquels la France est attachée, l'unité de la République et l'égalité des citoyens ».
(Le Télégramme).

La veille de la manifestation de Carhaix samedi, une soirée d'échanges est organisée au théâtre Max-Jacob, à Quimper, à partir de 18 h 30, en deux temps.

La projection d'une interview vidéo du magistrat Yvon Ollivier par Hubert Coudurier (pas précisément des progressistes, Yvon Ollivier étant un nationaliste pur et dur) permettra de poser les enjeux. Jacques Lescoat, universitaire, et Gilles Denigot évoqueront la question de la réunification de la Bretagne.

Le débat, animé par la journaliste Muriel Le Morvan, réunira ensuite les représentants des principales listes aux régionales : Isabelle Le Bal (Liste Le Fur), Christian Troadec, René Louail (Europe Écologie Les Verts), Paul Molac de la liste Le Drian et Xavier Compain (Front de gauche).

Pour Rappel:

Déclaration du PCF sur la ratification de la charte européenne des langues et cultures régionales ou minoritaires

Le PCF favorable à la ratification de la charte des langues régionales (4 juin 2015 :http://www.pcf.fr/71621)

Le président de la République vient enfin de décider de demander au Parlement de réviser la constitution pour permettre la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Sans en faire l’alpha et l’oméga de notre position sur ce sujet, les communistes qui militent pour la reconnaissance des langues et cultures régionales depuis de très nombreuses années, sont favorables à cette ratification.

Loin de mettre en cause l’unité et l’indivisibilité de la République et l’officialité de la langue française, cette ratification prend une dimension symbolique : contre les tentatives d’imposer l’uniformisation mondialisée de la langue de la finance, elle permet de réaffirmer notre volonté, conformément à la résolution de l’Unesco sur les langues en danger, de préserver et d’enrichir le patrimoine vivant constitué par les quelques 75 langues pratiquées en France. Nous pensons bien sûr aux langues régionales, à celles d’outre-mer mais également aux langues issues des immigrations qui ont contribué au peuplement de la France. Elles font toutes parties de notre histoire comme de notre richesse culturelle. La liberté, l’égalité et la fraternité fondements de notre culture commune prennent tout leur sens quand elles garantissent la reconnaissance et le partage des langues et des cultures diverses qui nous traversent ainsi que leur mise en relation. C’est cela aussi le vivre ensemble.

NOTE DU RÉSEAU LANGUES ET CULTURES DE FRANCE - Militants du Front de Gauche favorables à l'affirmation d'une vision pluraliste de la culture et de la République en France.

Dans le cadre de l’adoption des programmes régionaux, il paraît indispensable que cette question des langues et cultures de France, déclinée dans chaque région (car la variété des situations est très grande), fasse l’objet d’une référence explicite : les régions ont évidemment un rôle éminent à jouer dans ce domaine et elles le font souvent déjà, mais à condition de ne pas se substituer aux responsabilités de l’Etat, en particulier en matière d’enseignement public et de politique culturelle, décisifs pour l’avenir de ce patrimoine vivant.

POURQUOI RATIFIER LA CHARTE, POURQUOI NE PAS S’EN TENIR LÀ

Ce village de Corse, où des parents s’indignent que l’on puisse faire apprendre une chanson en arabe, nous rappelle que la langue, après la couleur de peau, la forme du visage, les usages alimentaires ou vestimentaires, est un marqueur d’identité individuelle et collective. Mais justement dans ce cas, il ne s’agissait pas de se substituer ni au français, langue nationale, ni au corse, langue régionale, ni à l’anglais, langue internationale, mais d’ajouter une langue, présente de plus dans l’environnement humain.

Les langues donc peuvent s’ajouter : la « guerre des langues » est un prétexte facile à d’autres visées de domination.

Plus de 5000 langues, moins de 200 Etats : on ne sera pas surpris de constater qu’aucun pays ne gère cette diversité de la même façon, étant entendu qu’il n’y a pas de langue plus belle qu’une autre, ni plus riche (cela dépend de la volonté, et du nombre, de ses usagers, et de leur capacité à répondre à leurs besoins). Il n’y a évidemment pas plus de langue de la liberté ou de la tyrannie, de la poésie, etc.
La France dispose d’une grande diversité linguistique (un rapport de 1999 fait état de 75 langues en usage sur son territoire – d’ailleurs pour l’essentiel dans les Dom-Tom). Pourtant le sentiment hérité de toute une tradition tant de l’absolutisme royal que de la République « une et indivisible » continue de faire penser à certains que la France et le français c’est la même chose. On en vient ici à nier l’histoire : comme l’a démontré Ernest Renan, au début de la IIIème République, dans une conférence de 1882, Qu’est-ce qu’une nation ?, ce n’est ni la même langue, ni la même « race », ni la même religion qui constituent le ferment d’une nation, mais la volonté politique de vivre ensemble. C’était d’autant plus nécessaire d’affirmer alors cela que la Prusse avait annexé l’Alsace et la Lorraine pour des motifs officiellement linguistiques… et que la majorité des petits Français de l’époque n’avaient nullement le français comme langue maternelle, mais avaient appris à parler dans les langues patrimoniales du peuple. Certes, les instituteurs mirent un point d’honneur à faire acquérir à leurs élèves la « langue de la République », parfois avec des méthodes peu morales. Mais il faut savoir qu’un débat s’engagea alors pour savoir ce que l’on faisait de ses « idiomes locaux ».

Ce débat s’est poursuivi jusqu’à nos jours : le fait d’avoir une langue commune, ce qui offre d’évidents avantages, ne peut se réduire à croire que ce doit être une langue unique. En 1951, au sortir donc de l’Occupation, la loi Deixonne posa le principe que ces langues pouvaient exister dans l’enseignement public, de l’école à l’université, mais sa modestie explique son peu d’impact. Grâce pourtant à la ténacité des militants de ces langues, et le soutien sans faille de progressistes, au premier rang desquels se trouvèrent toujours les communistes, une série de dispositions réglementaires vont pourtant être prises depuis : ce qui permet aujourd’hui à 3 % des élèves d’être en contact avec les langues dites régionales ; elles ont réussi à être pourvues d’un accès au baccalauréat, d’un CAPES spécifique, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir après 1981… Et même d’une reconnaissance constitutionnelle en 2005 (article 75). Dans le même temps, l’opinion publique a vu reculer le mépris attaché au terme de « patois » pour les désigner, puisque près de 3 Français sur 4 en ont une opinion favorable.

Pourtant, tous les tenants de ce riche patrimoine vivant sont d’accord pour considérer qu’il est nécessaire de fournir un nouveau cadre national législatif aux langues de France, qui ne s’en tienne pas à renvoyer vers les collectivités territoriales la responsabilité de cette politique, qui lui donne enfin clairement accès au domaine public, en particulier des médias. Le cadre européen ne peut être négligé, ne serait-ce que parce que bon nombre de nos langues sont transfrontalières (comme l’occitan, le catalan, le basque, le flamand, le mosellan…). L’annonce récente par le Président de la République qu’il entendait faire ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, signée par la France en 1999, mais suspendue par le Conseil constitutionnel au motif que certains articles de la Charte contrevenaient à l’article 2 de la Constitution : «Le Français est la langue de la République » (ajouté en 1992, date bien tardive, qui devrait donner à penser à ceux qui confondent l’histoire de France et la langue française), a provoqué une prise de position vive du co-président du Parti de Gauche, contre cette ratification. Ce n’est pas parce que les institutions européennes font en ce moment la preuve de leur nocivité que le texte de la Charte n’offre pas au moins l’avantage d’une reconnaissance symbolique de l’importance de ce domaine patrimonial vivant. En effet, comme il s’agit d’une adoption « à la carte » (il y a 98 propositions, il suffit d’en adopter 35, et le gouvernement Jospin en prenait 39), les articles retenus ne font en fait qu’encourager à pratiquer ce qui existe déjà…

Bien plus grave est, contre les langues régionales de France, une réforme du collège, adoptée par décret, qui oblige à rompre la continuité de leur enseignement en 6ème, qui n’offre aucune garantie pour la mise en œuvre d’une carte scolaire permettant d’offrir cette option aux parents de la maternelle au baccalauréat, qui finalement renvoie vers le privé ou la bonne volonté des collectivités territoriales, elles-mêmes au régime sec de l’austérité. Et d’autres enseignements de langues anciennes et vivantes, dont celles des immigrations, sont aussi visés.

Il est donc grand temps de s’atteler à un projet de loi pour les langues et cultures de France qui refuse l’austérité de principe, et vise à une promotion du patrimoine national non contre la langue nationale mais avec elle, en vue de résister à l’envahissement de la langue de la finance internationale. Le Réseau Langues et Cultures de France, proche de la Commission Culture du PCF, renouvelle son appel à débattre publiquement de ses questions, en se référant à Marcel Castan, militant culturel occitaniste et communiste : « la France une politiquement, culturellement plurielle ».

Réseau langues et cultures de France : http://www.langues-cultures-france.org
Sur « Facebook », on peut aussi échanger : Réseau Langues et cultures de France

Pierre Boutan, Daniel Muringer, Marie-Jeanne Verny

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22 octobre 2015 4 22 /10 /octobre /2015 06:03
Carte Monde Diplomatique, octobre 2015: où sont accueillis les réfugiés syriens?

Carte Monde Diplomatique, octobre 2015: où sont accueillis les réfugiés syriens?

Une enquête d'Hana Jaber dans le Monde Diplomatique d'octobre 2015 permet de rappeler que ce ne sont pas les pays d'Europe de l'Ouest qui font d'abord face à l'afflux des réfugiés syriens fuyant la guerre civile, les bombardements, la répression et la mort, mais la Turquie et les pays arabes limitrophes.

332 340 réfugiés syriens selon le Haut Commissariat aux Nations unies pour les réfugiés se trouvent dans l'Union Européenne, 96 395 dans le reste de l'Europe.

Mais ils sont près de 2 millions en Turquie, 1 147 910 au Liban, 638 890 en Jordanie, 248 500 en Irak, 132 375 en Egypte. Au total un Syrien sur cinq a quitté son pays et 4 millions de syriens se retrouvent dans les pays voisins.

L'absence de soutien réel il y a 3-4 ans des pays occidentaux à la rébellion démocratique et à la population civile bombardée et réprimée par le régime de Bachar-el-Assad, le boucher de Damas (sous forme de couloir aérien, d'envoi d'armes de protection anti-aérienne, ou de forces d'interposition pour protéger un peuple contre un pouvoir despotique et sans scrupules aucun d'une violence inouïe avec son peuple), la communautarisation et confessionnalisation du conflit (voulue par le régime dès le départ), puis la naissance et la progression des milices islamo-fascistes de Daesh grandissant grâce au recrutement d'officiers sunnites irakiens, font que la Syrie est un enfer pour sa population depuis plus de quatre ans. Ce conflit a déjà causé plus de 250 000 morts, soit déjà plus que la guerre du Liban qui avait duré quinze ans, de 1975 à 1990.

Aujourd'hui, la lutte contre l'islamisme de Daesh permet de justifier un engagement militaire direct de l'armée russe contre l'armée syrienne libre et la rébellion anti-Bachar, tandis que les occidentaux réorientent leurs alliances en composant avec l'Iran et le Hezbollah pour combattre, très inefficacement d'ailleurs, Daesh (les frappes visent surtout à éliminer des jeunes djihadistes européens): or, tant que Bachar-el-Assad restera au pouvoir, même en l'exerçant sur une portion limitée du pays (la Syrie utile), il ne pourra y avoir de retour à la paix et de retour possible pour les réfugiés. Les clefs d'une issue à cette guerre barbare sont sans doute davantage politique que militaire, surtout maintenant que l'armée russe combat directement en Syrie au côté de Bachar el-Assad et d'éléments de l'armée iranienne.

Comment vivent les réfugiés syriens dans les pays limitrophes?

Signataire de la convention de Genève de 1951, mais avec une clause qui limite son engagement aux populations européennes, la Turquie a adopté en avril 2013 une loi sur les étrangers qui prévoit notamment le non-refoulement des ressortissants syriens, ainsi que des assouplissements en matière de délivrance de permis de travail. Les turcs ne ferment pas la porte à des installations définitives de Syriens. "Toutefois, dans le sud de la Turquie, la hausse de la démographie, l'augmentation des loyers et du coût de la vie, mais aussi la baisse du tourisme, alimentent la réticence des populations à l'égard des réfugiés. Certes, aucun affrontement majeur n'a été signalé et, de façon générale, ce pays demeure un havre relativement sûr pour les exilés. Mais la guerre de Syrie sert de prétexte au gouvernement Erdogan, qui mise sur une stratégie de la tension pour conforter son assise électorale. Les partis nationalistes reprochent au gouvernement de mettre en danger l'identité turque tandis que la gauche laïque craint que les camps de réfugiés finissent par servir de base arrière à l'OEI". Le coût financier de l'accueil des réfugiés ne cesse d'augmenter: la Turquie a dépensé 7 milliards de dollars depuis 2011.

"De son côté, le Liban accueille désormais plus de 1,1 million de réfugiés, soit le quart de la population locale. Contrairement à la Turquie, leur présence ne mobilise guère les autorités. Rien d'étonnant quand on connaît la situation politique du pays: une fonction présidentielle vacante depuis plus d'un an, un Parlement "autoprolongé" et un cabinet ministériel chargé de régler les affaires courantes. Les décisions de fermeture ou d'ouverture de la frontière se succèdent sans logique apparente. Bloqué politiquement, le Liban ne prend que des mesures d'appoint: accueil ou non de tel contingent de réfugiés, mise en place d'un visa d'entrée depuis février 2015. Malgré l'urgence, aucune aide financière n'a été mise en place, ni aucun camp construit. Malgré les aides du HCR et des nombreuses ONG locales et internationales, les réfugiés sont livrés à eux-mêmes dans un "pays livré à lui-même" comme s'empressent de préciser nombre de jeunes Libanais qui manifestent actuellement leur colère contre la classe politique. A Beyrouth, à la question de savoir où sont les réfugiés syriens, la réponse de l'homme de la rue est immédiate: "Ils sont partout et n'importe où" . Au hasard des rues, il n'est pas rare de voir, en bas d'un immeuble ou sur un coin de trottoir à l'abri du vent, une famille réfugiée faisant cercle autour d'un repas frugal posé sur des journaux étalés par terre en guise de nappe... Pour Médecins sans frontières (MSF), la majorité des réfugiés syriens souffrent de "détresse psychologique" et vivent dans "une grande précarité". De son côté, le HCR déplore que seulement 100 000 enfants syriens sur un total de 400 000 aillent à l'école. Sous le poids d'une histoire récente impossible à éluder, et du legs de trois décennies de présence militaire syrienne au Liban (1975-2005), les Libanais s'inquiètent avant tout d'un nombre de réfugiés qu'ils estiment largement sous-estimé. Après le déclenchement des affrontements en 2011, deux camps inconciliables se sont dressés l'un contre l'autre. Tandis que les sunnites soutiennent majoritairement l'opposition, le Hezbollah prêtait de plus en plus main forte au régime de M.Assad. Comme de coutume, les chrétiens étaient partagés: "Dans certains milieux, la rancoeur à l'égard des Syriens n'a pas disparu, commente un responsable politique maronite qui souhaite conserver l'anonymat. La guerre civile de l'autre côté de la frontière a été vue autant comme une punition pour ceux qui nous ont occupés pendant trente ans que comme un risque majeur de déstabilisation et un risque avéré pour les minorités non musulmanes de la région en cas de chute du régime d'Assad". Pour l'instant, toutefois, à part dans certains camps palestiniens, les violences politiques et communautaires de Syrie n'ont pas vraiment pris sur le Liban: ainsi au sud du pays, fief du Hezbollah, vivent des familles sunnites venues de Derah et de Raqqa, opposantes au régime et combattues par le Hezbollah en Syrie. "Pour les réfugiés, le silence, autrement dit la non-expression des convictions religieuses et politiques, devient une loi implicite de survie, nullement dictée mais scrupuleusement respectée".

Troisième pays affecté par la guerre, la Jordanie accueille 630 000 réfugiés syriens, selon le HCR. Le pays n'a jamais cessé d'accueillir des réfugiés: palestiniens, irakiens (300 000 après l'agression de l'OTAN sur l'Irak en 2003), puis syriens. Il existe officiellement 6 camps de réfugiés dans les villes du nord, des rassemblements de tentes et de caravanes. "En pratique le gouvernement jordanien n'a opéré des réquisitions que pour construire les camps de Zaalatari (2012) et d'Azarq (2014), destinés à accueillir respectivement 120 000 à 130 000 personnes. Le financement de ces installations et de leur fonctionnement, évalué à 2 milliards de dollars depuis 2012, provient à 90% de contributeurs extérieurs, dont les monarchies du Golfe, qui refusent, elles, d'accueillir des réfugiés syriens: elles n'accueillent pas non plus ceux qui cherchent à fuir la guerre du Yemen. Les camps construits en plein désert ne sont guère accueillants. Les réfugiés n'ont qu'une obsession: rejoindre les villes, notamment Amman, et s'y fondre. "Avec le flux incessant des nouvelles arrivées, les Syriens, dont le savoir-vivre citadin servait de modèle à la petite-bourgeoisie jordanienne, deviennent des invités encombrants et on assiste à un durcissement des autorités. Le contrôle aux frontières a été renforcé et les personnes entrées illégalement peuvent même être remises aux autorités syriennes, quel que soit le risque encouru. Il faut savoir que la Jordanie comme le Liban ne sont pas signataires des conventions de Genève et ne s'estiment donc pas tenus de respecter la clause du devoir de protection".

Hanna Jaber, Le Monde Diplomatique - octobre 2015

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 18:52
Traité Europe-USA: Berrien fait de la résistance! (Ouest-France)
Traité Europe-USA: Berrien fait de la résistance! (Ouest-France)
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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 08:09

 

L'hebdomadaire "Politis" a sorti un dossier le 1er octobre titré "OPA dans les Médias".

Rappelons le décor.

Parmi les quotidiens nationaux généralistes, seuls "L'humanité" et "La Croix" restent indépendants, ce qui se ressent à travers notamment l'absence ou le peu de publicité, la manière de présenter l'information sans vouloir racoler, la dimension d'éducation populaire et bien sûr la diffusion d'idées politiques et humanistes.

La presse régionale est largement contrôlée par des groupes capitalistes à actions croisées dans plusieurs titres et par des grandes familles, souvent très proches du reste du patronat: les Coudurier et Hutin dans l'ouest, Bernard Tapie dans le sud, la famille Baylet dans le sud-ouest, d'autres familles dans le centre...

"La perte d'indépendance des journaux remonte aux années 1980 et 1990 quand les patrons croyaient aux vertus du marché et que Colombani rêvait de mettre Le Monde en bourse, comme July à Libé. Cela a entraîné une croissance des journaux de manière exagérée, avec une surpagination, des investissements dans les imprimeries, un surplus de publicité. Ce grand train n'a pas tenu quand la crise est venue et que les ventes ont baissé. La question de la diffusion des journaux, de la rémunération des kiosquiers, de la création de points de vente a été largement éludée. Le retour de boomerang a été violent. D'autre part, les lecteurs et les journalistes n'ont peut-être pas su réagir à temps, ni trouvé des réponses au contrôle des médias par les capitaines d'industrie" (Jean Stern). La loi anti-concentration dans les journaux datant de 1986 (on n'a théoriquement pas le droit de posséder plus de 30% des titres de la presse quotidienne nationale) a été d'abord écornée par Chirac puis pas assumée par le PS de retour au pouvoir. Aujourd'hui, le ministère des Finances Macron demande à Drahi, pour pouvoir s'occuper de SFR, de se charger de Libé. On est en plein conflit d'intérêt et en plein dans une situation où le gouvernement se met au service des groupes capitalistes sur un principe de donnant-donnant: Valls te donne des titres de journaux mais tu flattes Valls. La presse ne vaut plus rien: à l'échelle des investissements de Drahi, Libé représente peut-être 0,05% ! Et Patrick Drahi peut toujours se vanter "d'être un bon soldat de la démocratie" (Jean Stern).

"Contrôler un journal coûte de moins en moins cher: le prix de vente du Parisien n'est pas celui qu'il était il y a deux ans, passant de 200 millions d'euros à 50 millions. Pour quelqu'un comme Bernard Arnault, 200 millions, à l'échelle de LVMH, ce n'est pas grand chose; alors, à 50 millions, c'est une bouchée de pain! D'autant plus avec les mécanismes probables de fusion des services généraux et de publicité". L'auteur de Les Patrons de la presse nationale, tous mauvais (La Fabrique, 2012), Jean Stern poursuit dans son entretien avec Jean-Claude Renard, le journaliste de Politis: " Sans faire de raccourci hardi, il y a sûrement un lien de cause à effet. Certains journaux, propriété de groupes indépendants, comme l'Express, sont aujourd'hui achetés par des gens dont l'intérêt premier n'est pas la presse. Ils sont à la tête d'industries extrêmement puissantes, qu'il s'agisse des télécoms, du câble ou du luxe pour LVMH. Leur intérêt est stratégique: avoir des instruments d'influence qui leur permettront éventuellement de faire passer des messages... Il y a là un courant politique majeur d'une France néolibérale, avec des journaux appartenant à des milliardaires qui pensent qu'il faut travailler le dimanche, contrôler davantage les chômeurs, et taper sur les pauvres".

Qui sont-ils, ces magnats de la presse dans les mains desquels mangent les hommes politiques de la droite et du PS, et inversement?

Politis brosse le portrait de quatre figures émergentes de ces patrons de médias, aventuriers affairistes sans scrupule qui sont au moins les garants qu'il n'y aura pas de voie dissonante par rapport au consensus pro-libéral et pro-capitaliste dans les grands médias. On aurait pu parler aussi des marchands d'armes Dassault et Lagardère, du bétonneur Bouygues, figures bien connues de l'oligarchie française, des milliardaires dépendant des commandes et des services de l'Etat qui donnent des leçons aux pauvres et les montent les uns contre les autres.

Bernard Arnault

Indéboulonnable première fortune de France, Bernard Arnault est assis sur un magot de 34,6 milliards d'euros, en hausse de 30% par rapport à l'année dernière.

Tout ça grâce à LVMH (Louis Vuitton-Moët Henessy), le conglomérat du luxe dont il a a pris le contrôle en 1990 après avoir profité de la guéguerre entre le clan Louis Vuitton et la famille Henessy. Premier actionnaire individuel d'Hermès avec 8,5%, il dispose aussi de parts dans le groupe Carrefour via sa holding, le groupe Arnault. Peu loyal en affaires, Arnault l'est davantage en amitié (politique). Décoré chevalier de la Légion d'honneur par Edouard Balladur en 1994, il remercie le premier ministre en recrutant son ancien directeur de cabinet, Nicolas Bazire, actuel directeur général du groupe Arnault.

En 2010, Bernadette Chirac est intégrée au conseil d'administration de LVMH, en compagnie de Patrick Ouart, conseiller juridique à l'Elysée, qui devient membre du comité exécutif du groupe.

Ce n'est guère étonnant lorsqu'on sait que "Bernard" était le témoin de mariage de Nicolas Sarkozy et Cécilia Attias en 1996. D'ailleurs, le Président ne pipe mot lorsque LVMH, déjà propriétaire du titre de presse économique, la Tribune, qui finira par être vendu à perte, rachète les Echos en 2007. Egalement propriétaire de Radio Classique, Arnault vient d'acquérir le Parisien/ Aujourd'hui en France.

Sasha Mitchell (Politis)

Vincent Bolloré

Héritier d'un groupe de papeteries de la marque OCB (avec le B de Bolloré), banquier, gestionnaire de fortune et d'investissements, Vincent Bolloré, homme d'affaires autoritaire, investit tous azimuts. Pétrole, énergie solaire, plantations, réseau ferroviaire, logistique: son conglomérat fait florès en Françafrique grâce à une véritable guerre politique et économique pour prendre le contrôle de marchés émergents, y compris en Sierra Leone ou en République Démocratique du Congo, où des experts de l'ONU ont pointé dès 2001 son rôle dans l'alimentation du conflit meurtrier, note Le Monde Diplomatique. Fait commandeur de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy, il n'hésite pas à utiliser ses médias pour faire sa promotion ou flatter les dirigeants africains, notamment dans sa bataille pour récupérer la concession de ports privatisés en Afrique, accompagnée de soupçons de corruption. Il se lance dans les médias en 2000, investit dans le groupe de pub et le conseil en communication Havas dont il devient président en 2005, et achète l'institut de sondage CSA. Actionnaire principal de Vivendi, il en devient le président du conseil de surveillance en juin 2014, prenant de fait la tête du groupe Canal +. Depuis 10 ans, il développe sa propre technologie des batteries, qu'il fait fleurir avec la voiture en libre-service lancée à Paris en 2011, à Bordeaux et à Lyon en 2013, à Brazzaville en 2015. Son destin est plus que jamais lié à l'obtention de marchés publics.

Erwan Manac'h (Politis)

Patrick Drahi

L'homme d'affaires franco-israélien résidant en Suisse a fait fortune dans les télécommunications. D'acquisition en acquisition, il se fonde un empire grâce aux financements de JP Morgan, de la BNP Paribas et de Barclays. Il n'entre dans les médias qu'en 2013 en créant 124 news, chaîne d'information continue israélienne, pour l'heure interdite de diffusion en Israël et financée quasi intégralement à perte. En 2014, il entame une stratégie agressive d'acquisition dans le secteur des câblo-opérateurs en se finançant par l'endettement, comme l'avait fait avant lui Jean-Marie Messier.

Un mois après le rachat de SFR en 2014 - où il mène une purge sans scrupule -, il apporte 14 millions d'euros dans le renflouement de Libération. Une poussière au vu de sa fortune, estimée à 14 milliards d'euros. Il prend le contrôle de "l'Express" au printemps dernier puis celui de 49% du capital de BFM et de RMC en juillet pour combler son déficit d'entregent en politique.

Le commerce de Patrick Drahi dans les canaux de télécommunications le place en effet en lien direct avec les pouvoirs publics. Il est également en guerre économique avec d'autres magnats de la presse: Xavier Niel, fondateur de Free, et Martin Bouygues. Ce dernier s'est plaint de sa brutalité dans le secteur, à la suite de quoi Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, a convoqué Patrick Drahi en juin, à Bercy. En mars 2014, lors du rachat de SFR, Arnaud Montebourg faisait aussi ouvrir une enquête sur la résidence fiscale exacte de l'homme d'affaires de 52 ans. Domicilée en Suisse, il héberge une holding privée à Guernesey, paradis fiscal britannique, et a déménagé le siège de sa société en août du Luxembourg vers les Pays-Bas.

Erwan Manac'h (Politis)

Matthieu Pigasse

Après une brève carrière de haut fonctionnaire chargé de la dette, cet énarque d'à peine 30 ans atterrit au cabinet de Dominique Strauss-Kahn puis à celui de Laurent Fabius, ministres du gouvernement de Lionel Jospin au tournant des années 2000. Après l'alternance, en 2002, il est soutenu par Alain Minc pour intégrer le directoire de la banque Lazard, où il conseille de nombreux gouvernements du monde entier. Il conserve depuis des liens étroits avec les socialistes. Engagé sur une ligne "sociale-libérale", strauss-kahnien, il conseille Ségolène Royal en 2007 et intervient dans le débat public en faveur de François Hollande. Sa banque décroche en 2012 le mandat de conseil de la Banque Publique d'investissement.... Issu d'une famille de journalistes, Matthieu Pigasse a longtemps joué le rôle d'intermédiaire dans les achats-ventes de médias, il franchit le pas en 2009 en achetant Les Inrockuptibles puis prend le contrôle du Monde en 2010 avec Pierre Bergé (Yves Saint-Laurent) et Xavier Niel (Free).

Conclusion: en France, comme le note Serge Halimi dans l'éditorial du Monde Diplomatique d'octobre 2015, 6 des 10 principales fortunes nationales - la première, la cinquième, la sixième, la huitième, la neuvième, la dixième - sont désormais détenues par des propriétaires de groupe de presse: respectivement Bernard Arnault, Serge Dassault, Patrick Drahi, François-Henri Pinault, Vincent Bolloré, Xavier Niel.

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