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Expression commune des fédérations communistes de Bretagne condamnant l'exclusion des adjoints communistes de Brest et la marche à droite du PS
Information de L'Express, 23 août 2016: révoltant! Va t-on rétablir l'esclavage ou les ateliers nationaux, nouveaux bagnes pour les pauvres?
Le gouvernement allemand souhaite offrir 100 000 emplois dans des structures d'accueil pour faciliter l'intégration des migrants qui ne possèdent pas de titre de séjour.
C'est une proposition qui choque. L'Allemagne veut créer 100 000 emplois pour les migrants sur son sol d'ici trois ans, payés 80 centimes d'euro l'heure. L'objectif est de faciliter leur intégration et leur permettre d'apprendre l'allemand à travers le monde de l'entreprise, relate France Bleu ce mardi. De tels mini-emplois existent déjà pour les chômeurs longue durée dans le pays, mais ils sont rémunérés 1,05 euro de l'heure, ce qui est déjà minime. Les recrutements ont déjà débuté.
Les réfugiés seront logés gratuitement dans des centres d'accueil, qui les feront travailler dans la structure: restauration, nettoyage... "Ce n'est ni un salaire, ni un vrai travail, comme remplacer des vendeurs ou autre, mais des tâches qu'ils n'effectueraient sans doute pas en temps normal. Plutôt un travail d'utilité publique", explique la directrice générale de l'association des villes allemandes Gudrun Heute-Bluhm, interrogée par France Bleu.
"Ces activités ont été conçues pour des chômeurs de longue durée qui ont besoin d'une structure d'accueil où on les prend en charge au quotidien. Cela concerne des personnes qui n'ont pas travaillé depuis longtemps, ce qui n'est pas le cas des réfugiés, qui, eux, insistent pour trouver un emploi", conteste une députée des Verts, Brigitte Pothmer, auprès de France Bleu.
Les réfugiés qui n'ont pas de permis de séjour définitif ne peuvent pas trouver de véritable emploi. Mais ils perçoivent une aide financière, comme en France.
En 2011, 20% des salariés allemands étaient payés à un niveau inférieur au Smic horaire français et 40% avaient un salaire mensuel net inférieur à 1000 euros. En 2012, l'Agence allemande pour l'emploi (BA) a chiffré à 7,4 millions le nombre de "mini-jobs", des contrats à temps partiel rémunérés 450 euros par mois maximum, dont plus d'un tiers concernaient des salariés ayant plusieurs emplois. Selon le BA, ils pénaliseraient parfois la création de vrais emplois.
24 AOÛT 2016 | PAR CARINE FOUTEAU
Des femmes sommées par des policiers de retirer leur vêtement sur des plages françaises… Le tour que prend la controverse anti-burkini n'est pas seulement grotesque, il est inquiétant en ce qu'il ouvre la voie à de nouvelles interdictions. De nombreuses personnalités, notamment des femmes racisées, protestent contre un régime « discriminatoire » réservé aux musulmanes.
« Arrêtez de nous humilier, de nous régenter, d’exécuter la violence sur nos corps » : ce tweet de Sana Saeed, écrivaine et productrice nord-américaine, engagée dans la lutte contre l’islamophobie et en faveur du mouvement Black Lives Matter, résume à lui-seul l’état d’exaspération de nombreuses femmes, en particulier racisées, provoqué dans le monde entier par l’interdiction du « burkini » sur plusieurs plages françaises.
La colère a été démultipliée avec la mise en œuvre de l’interdiction, inscrite dans des arrêtés municipaux, à Palavas, Cannes et Nice où, à quelques heures d’intervalle, des femmes ont été sommées de quitter les lieux ou de se dévêtir et de payer une amende – certaines d’entre elles n’étant recouvertes que d’un foulard. « Arrêtez d’être tellement en insécurité que vous voyez notre simple existence comme une menace pour vous », ajoute cette activiste sur Twitter, après avoir rappelé que « forcer les femmes à s’habiller d’une manière ou d’une autre est une valeur française de base : une longue histoire de la coercition contre les corps de femmes ».
« Est-ce qu’humilier les femmes publiquement fait partie du plan pour les libérer ? », écrit Rav Danya Ruttenberg, femme rabbin américaine. Résidant à Nice, Feiza Ben Mohamed, porte-parole et secrétaire générale de la Fédération des musulmans du Sud, diffuse sur son compte les vidéos de « chasse aux femmes voilées » et commente : « Une honte absolue pour le pays. Les policiers font se déshabiller une femme voilée. J’ai envie de vomir. »
« Comment accepter l’humiliation publique infligée à cette femme voilée que la police oblige à se déshabiller ? », s’interroge Widad Ketfi, journaliste au Bondy Blog. Dans une tribune publiée sur le site Middle East Eye, elle décortique le paradoxe de ces politiciens français qui « veulent que les musulmanes cachent leurs opinions politiques mais découvrent leur corps ». Le burkini, qu’elle définit comme un « maillot de bain qui ressemble à une combinaison de plongée portée par des femmes conservatrices », passerait selon elle inaperçu « si les femmes (qui le portent) n’étaient pas musulmanes ». Les tenants de l’interdiction, poursuit-elle, « ne veulent pas libérer les femmes musulmanes. Ils veulent les déshabiller parce qu’en réalité, le but n’est pas, n’a jamais été, et ne sera jamais d’émanciper les femmes, mais seulement de contrôler leur corps ».
Honteuse, encore une fois, le mot s’impose pour qualifier cette polémique qui occupe l’espace public français depuis le début du mois d’août, et qui donne une idée des débats qui risquent d’avoir lieu lors de la campagne présidentielle. Honteuse parce qu’elle apparaît comme une réaction aux attentats qui ont ensanglanté la France depuis plus d’un an et demi – comme si un quelconque lien pouvait être tracé entre les tueries des djihadistes et le port de ce vêtement ; et parce qu’elle signale, une fois de plus, l’obsession française, voire de l’État français, à l’encontre des femmes musulmanes.
Tout semble avoir été dit par ces éditorialistes en colère, sur les réseaux sociaux et dans les tribunes des journaux, notamment anglo-saxons, plus soucieux de relayer leurs analyses que les médias français. La contradiction inhérente à l’interdiction née dans la tête de quelques hommes blancs de plus de 50 ans exerçant le pouvoir est évidente. « Il y a quelque chose qui donne le vertige,développe en substance Amanda Taub, dans le New York Times, dans le fait d’interdire un vêtement au motif que les femmes ne doivent pas se laisser imposer leur vêtement. »
Cette interdiction, qui s’inscrit dans l’histoire coloniale de la France, ne vise pas à protéger les femmes contre le patriarcat, affirme-t-elle, contrairement à ce que ses défenseurs déclarent – Manuel Valls a lui-même fustigé une tenue qui serait la « traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l’asservissement de la femme » et qui, à ce titre, ne serait « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République ». L'objectif est tout autre : il est de donner le sentiment à la majorité non musulmane vivant en France qu’elle peut être « protégée » dans un pays « en mutation » qui refuse de se voir tel qu’il est, c’est-à-dire divers culturellement, racialement et religieusement.
Cette peur fabriquée d’une mise en péril de l’« identité française » fait l’objet dans l’Hexagone de déchirements récurrents, qui, autre spécificité nationale, se fixent quasiment systématiquement sur les femmes musulmanes. Alors même que cette population est reléguée aux places subalternes de la société, elle serait porteuse d’un danger en elle-même. Alors même que ces femmes sont cantonnées aux emplois de ménage, la nuit, ou d’aide à la personne, dans les maisons, quand elles ne sont pas contraintes de rester au foyer en raison des discriminations dont elles sont victimes, elles seraient une entorse à la définition de ce qu’est être français. Il est frappant de constater qu’elles sont appelées à plus de « discrétion » (selon le terme employé par Jean-Pierre Chevènement, nommé à la tête de la Fondation pour l’islam de France), au moment même où cette invisibilité commence à être remise en cause par de jeunes femmes issues de l’immigration, nées en France, qui revendiquent de multiples manières leur pratique de l’islam et, parfois, le port du voile comme un symbole de leur héritage.
Le burkini n’est en effet que l’ultime facette de cette stigmatisation qui s’est déjà portée, entre autres exemples, dans l’histoire récente, sur le foulard dans toutes ses versions : à l’école, où il est interdit depuis 2004 pour les jeunes filles ; à l’université, où Nicolas Sarkozy et Manuel Valls à l'unisson estiment son éviction urgente ; dans l’entreprise, où chaque affaire devant les prud’hommes est l’occasion d’une polémique ; lors les sorties scolaires, dont des mères risquent d’être exclues au motif qu’elles portent le foulard. La« jupe longue noire » est aussi dans le collimateur de certains chefs d’établissement, tandis que le voile intégral est banni de l’espace public depuis 2010.
Cette fois-ci, comme les précédentes, les principales concernées – les femmes musulmanes portant le burkini – n’ont pas accès à la parole. Quelles ont été leurs motivations pour revêtir cette tenue ? Quelles conséquences cette décision a-t-elle eues dans leur vie ? Leur voix est restée jusqu’à présent inaudible, et les appels à témoin que viennent de lancer quelques journaux apparaissent comme l’aveu tardif d’un silence devenu assourdissant. La question des usages de ce vêtement est de même passée en arrière-plan : quelles en sont les trajectoires historiques et les réappropriations présentes collectives ou individuelles ? Pourtant nombreux, les travaux sociologiques et anthropologiques sur la diversité des significations n'ont guère été convoqués pour éclairer les débats. La linguiste Marie-Anne Paveau voit dans cet « oubli » le symptôme d’une « énonciation ventriloque ». « C’est un mécanisme tout à fait analogue d’invisibilisation et de réduction au silence qui préside à un autre procédé d’ordre énonciatif qui fait florès en ce moment dans la vie politique et médiatique française et qu’on peut appeler, en termes communs, “parler à la place des autres”, indique-t-elle.Cette forme énonciative cible particulièrement les individus habituellement minorisés, voire stigmatisés, et parfois vulnérables : les femmes, les individus racisés, les musulman.e.s. Et elle est, sans surprise, plutôt adoptée par des dominant.e.s, non racisé.e.s, non stigmatisé.e.s, et n’appartenant pas à des minorités, visibles ou invisibles. »
Cette fois-ci encore, les femmes musulmanes sont mises à l’index non pas en raison de leur pensée ou de leur attitude (l’une d’entre elles semblait assoupie quand elle a été verbalisée), mais de leur corps. Le choix vestimentaire pourtant généralement considéré comme relevant de l’ordre de l’intime s’est transformé pour elles en une question de politique nationale, discutée comme un problème mettant en cause soit les « valeurs de la République », soit l’« ordre public ». Cela n’est pas nouveau. Dès l’époque coloniale, l’État français n’a eu de cesse de chercher à dévoiler les « femmes indigènes ». Dans un article publié (avant la controverse estivale) sur le site Contre-attaque(s), Zhor Firar, militante associative, retrace cette « longue histoire française ». Elle évoque ainsi le rôle d’une association créée par les épouses des généraux Salan et Massu dans l’organisation d’un « dévoilement » public en mai 1958 de femmes d’Alger. « Dévoiler pour mieux régner et surtout pour contrôler ces consciences, cette arme colonisatrice s’est vue déployée lors de la guerre d’Algérie pour imposer le modèle civilisateur », indique l’auteure, qui explique que plusieurs « cérémonies » suivront lors de manifestations initiées par l’armée.
L’historienne Jennifer Boittin en a raconté le déroulement (« Feminist mediations of the exotic : french Algeria, Morocco and Tunisia, 1921-1939 », Gender & History, vol. 22, no 1, avril 2010, p. 133, citée dans Les Féministes blanches et l’empire, Félix Boggio Éwanjé-Épée et Stella Magliani-Belkacem, La Fabrique, octobre 2012, p. 30) : « À chaque occasion, on pouvait assister à une quasi identique, et théâtrale, mise en scène : des groupes de femmes voilées marchaient en parade jusqu’aux lieux traditionnellement dédiés aux cérémonies officielles (places centrales, hôtels de villes, monuments aux morts). À l’arrivée, une délégation de jeunes femmes, habillées à l’européenne ou portant le haïk (voile traditionnel algérien), partageaient l’estrade ou le balcon avec les généraux et les dignitaires présents, bouquets à la main, et délivraient de longs discours en faveur de l’émancipation des femmes avant de lancer leurs voiles à la foule. » « Par ces dévoilements, le colonialisme a pratiqué une politique d’humiliation afin de montrer sa suprématie face à l’Orient désigné comme barbare », conclut Zhor Firar, après avoir rappelé que les campagnes de « dévoilement » s’accompagnèrent d’un mouvement de« revoilement » décrit par Frantz Fanon comme un signe de résistance.
Cette obsession française est saluée par les communicants de l’État islamique. Dans sa revue francophone Dar-al-Islam #10, l’organisation djihadiste se réjouit du fait que la France ne serait plus une « zone grise », c’est-à-dire qu’elle serait devenue un pays où l’islam et la laïcité seraient désormais incompatibles. Interrogé sur France Info à propos des cas de verbalisation sur les plages de la Côte d’Azur, le reporter spécialiste du djihadisme David Thomson explique que « les sympathisants djihadistes semblent eux-mêmes surpris que la police municipale de Nice fasse leur travail de propagande à leur place. Pour eux, c'est du pain bénit. Le récit djihadiste martèle depuis des années qu'il serait impossible pour un musulman de vivre sa religion dignement en France ».« Pourtant, souligne-t-il, au début de la polémique sur le burkini, djihadistes et salafistes s'étonnaient de “tout le vacarme fait par des mécréants” au sujet d'un usage vestimentaire qu'eux-mêmes jugent contraire à leur dogme. »
Au regard de l’ampleur que prend la controverse, il semble que ses instigateurs aient, eux aussi, intérêt à l’alimenter. Aucun des défenseurs de l’interdiction n’avance d’ailleurs à visage découvert : loin d’envisager les effets discriminatoires et attentatoires aux libertés individuelles de leur geste, les maires-censeurs affirment agir pour le bien des femmes voilées elles-mêmes. Et donnent des arguments juridiques relatifs aux« valeurs de la République » et à l’« ordre public » pour se justifier, comme l’explique la professeure de droit public Stéphanie Hennette-Vauchez, directrice de Credof (Centre de recherches et études sur les droits fondamentaux à l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense) dans un billet de blog sur Libération publié le 23 août.
Or, selon la juriste, ces arguments, bien que validés en première instance par la justice administrative, ne tiennent pas. Le fait de lier des risques de troubles au contexte généré par les attentats est « dangereux », affirme-t-elle, non seulement au plan théorique, en raison des amalgames risquant de porter atteinte indûment aux libertés fondamentales, mais aussi au plan technique puisqu’en principe, pour être reconnu, le trouble à la sécurité est censé être documenté, ce qui n’est pas le cas dans les situations répertoriées. Le recours aux « valeurs » est, d’après elle, tout aussi injustifié : le principe de laïcité, rappelle-t-elle, « ne saurait être lu comme générant une obligation de neutralité religieuse pesant sur les personnes privées dans l’espace public ». En déclarant que « les plages ne constituent pas un lieu adéquat pour exprimer de façon ostentatoire ses convictions religieuses » et que « dans un État laïc, elles n’ont pas vocation à être érigées en lieu de culte et doivent rester au contraire un lieu de neutralité religieuse », le juge administratif semble redéfinir en toute liberté « le statut de l’ensemble des plages françaises, ainsi que de la manière dont la liberté religieuse peut, ou non, s’y déployer ».
Cette histoire serait grotesque, si elle n’était pas grave. Car, ce faisant, des maires, qui n'ont pourtant pas de pouvoir législatif, préparent le terrain à de nouvelles interdictions nationales. Les policiers municipaux ne sont pas des sociologues, susceptibles de distinguer entre tel et tel usage. Les verbalisations de femmes simplement voilées en témoignent. Le rôle de police des mœurs qui leur est confié les place dans une situation juridiquement, politiquement et humainement intenable. Le Conseil d’État, appelé à se prononcer ce jeudi 25 août, saura-t-il rappeler les va-t-en guerre à la raison ?
Deux femmes viennent de subir une opération policière anti–burkini. La première, Siam, devant ses enfants, à Cannes, a dû choisir entre quitter la plage ou être verbalisée car elle portait un foulard. La deuxième sur une plage niçoise, a été sommée de se dévêtir, de quitter sa tunique, à la demande de 4 policiers.
En prétendant assurer les bonnes mœurs et l’ordre public, lutter contre l’oppression patriarcale, les racistes, les islamophobes se lâchent : ils humilient, attentent aux droits fondamentaux de la personne, portent gravement atteinte au principe de laïcité.
La droite, l’extrême droite mais aussi le Premier ministre portent une terrible responsabilité dans ces dérives racistes, malsaines et dangereuses. Il est urgent de se ressaisir et de ne pas tomber dans le piège de la haine et de la division tendu par les extrémistes et les fanatiques.
Fabienne Haloui, responsable de la lutte contre le racisme et pour l’égalité des droits au PCF
Me Kiswanson travaille sur d'éventuels crimes commis par Israël à Gaza lors du conflit de 2014
Victime depuis six mois de menaces de mort répétées, l'avocate jordano-suédoise Nada Kiswanson a décidé d'interpeller les autorités néerlandaises. Etablie à la Haye, aux Pays-Bas, elle espère "susciter une réponse du gouvernement", alors qu'une enquête de police s'avère toujours infructueuse.
Représentante en Europe de l'organisation palestinienne de défense des droits de l'homme Al-Haq, elle a plaidé à Bruxelles en faveur de la campagne mondiale de boycottage de produits israéliens engagée en 2005. Mais ce qui, selon elle, dérange ceux qui tentent de l'intimider, c'est son travail auprès de la Cour pénale internationale (CPI).
En janvier 2015, l'Autorité palestinienne décidait d'adhérer à cette Cour établie en 2002 par traité. Quelques semaines plus tard, sa procureure générale, Fatou Bensouda, annonçait l'ouverture d'un examen préalable à une éventuelle enquête - sur des crimes commis depuis le début de l'opération "Bordure protectrice" lancée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza en juin 2014. L'initiative suscitait une réaction immédiate d'Israël, qui déniait à la juridiction - dont il n'a pas ratifié le traité - toute compétence pour enquêter.
La procédure n'en est qu'à ses débuts et, du côté de la Cour, on laisse du temps au temps, comme du côté de l'Autorité palestinienne, qui, jusqu'ici, a essentiellement brandi la menace de la CPI pour obtenir des avantages diplomatiques.
A la Haye, la représentation palestinienne n'a pas souhaité commenter le cas de la militante. Sur le fond, le dossier de la CPI est essentiellement alimenté par plusieurs ONG palestiniennes, dont Al-Aq, qui récoltent pièces à conviction et témoignages. Basée à La Haye, Nada Kiswanson se charge de les transmettre à la Cour.
Mais l'avocate ne cesse de recevoir des menaces de mort derrière lesquelles elle pointe la responsabilité des services secrets israéliens. Elle en veut pour preuve "la sophistication des attaques". Lors des premières menaces, reçues par téléphone ou SMS, la jeune femme, mère d'une petite fille de 2 ans, ne s'inquiète pas vraiment. Mais lorsqu'en février, elle est piégée par un mystérieux interlocuteur qui se fait passer pour un fonctionnaire du ministère de la santé sondant les habitants sur le virus Zika, et auquel, confiante, elle fournit son adresse, elle commence à s'inquiéter.
"Une menace pour nous tous"
La police néérlandaise ouvre alors une enquête, mais les menaces continuent. En Suède, le même interlocuteur promet à un membre de sa famille de "l'essuyer de la surface de la Terre" si elle ne cesse pas son travail. Quelques semaines plus tard, un bouquet de fleurs est déposé sur le palier de son domicile, accompagné d'un carton alarmant: "Chère Nada, nous apprécions votre travail et nous allons prendre soin de vous".
Enfin, dans son quartier, les habitants reçoivent des tracts les invitant à se méfier de leur "voisine fondamentaliste". "Nous sommes habitués aux descentes de police, aux interdictions de voyager, à l'emprisonnement. Mais qu'ils aillent si loin et de façon si sophistiquée, nous ne l'attendions pas", affirme Me Kiswanson. En mars, Amnesty International, qui soutient la militante, voit son ordinateur piraté et décide de fermer temporairement ses bureaux à La Haye, suivi de plusieurs ONG.
Le ministère israélien des affaires étrangères n'a pas souhaité réagir "à ces allégations absurdes". Côté néérlandais, on s'abstient de tout commentaire. Dans un entretien au quotidien néérlandais NRC, le greffier de la Cour, Herman von Hebel, a dénoncé "une attaque contre une ONG" qui "mine indirectement le travail de la Cour". Chef de la coalition des ONG pour la CPI, un lobby qui regroupe près de 2500 organisations, William Pace a, lui, estimé que les menaces proférées contre Nada Kiswanson "ne sont pas seulement contre la CPI, mais contre le droit international et la justice" et qu'"une attaque sur l'un de nos membres est une menace pour nous tous".
S. MS, correspondante du Monde à La Haye
Alors qu’une première grande mobilisation nationale est annoncée pour le 15 septembre, la rentrée syndicale débutera une semaine plus tôt à Nantes. Un grand meeting commun réunissant Philippe Martinez, leader de la CGT, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, Bernadette Groison, secrétaire général de la FSU, William Martinet, président de l’Unef, et Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, sera en effet organisé le 7 septembre dans la Cité des Ducs, annoncent les syndicats.
Les six organisations entendent se servir de l’événement pour relancer la contestation contre la loi Travail, laquelle a été définitivement adoptée le 21 juillet par le Parlement après un recours au 49.3 puis promulguée le 8 août. Objectif prioritaire : « obtenir l’abrogation de la loi ».
Elles appellent d’ores et déjà à « participer massivement » à ce grand meeting dont le coup d’envoi sera donné à 17h45 au miroir d’eau.
Les syndicats avaient initialement envisagé de se mobiliser à l'occasion de l'Université d'été du PS prévue à Nantes du 26 au 28 août mais celle-ci a été annulée début juillet pour des raisons de sécurité.
L'éditorial de Maurice Ulrich : "Angela Merkel, Matteo Renzi et François Hollande souhaitent rendre plus hermétiques les frontières de l'UE. Pendant ce temps, chaque jour en Syrie, en Méditerranée, victimes des bombes ou de la faim, meurent des enfants dont on ne verra jamais les visages."
Les images du petit Omram en sang ont fait le tour du monde la semaine passée. Sans doute n’est-ce pas vain. L’émotion de centaines de millions d’hommes et de femmes dans le monde participe, croyons-le, espérons-le, de la construction d’un monde commun, et nous revient en mémoire cette citation qui inspira Hemingway : « Nul homme n’est une île complète en soi-même. Tout homme est une part du continent, une part du tout. Et si tu entends sonner le glas, ne demande pas pour qui il sonne, il sonne pour toi. » Mais on le sait bien, l’image qui révèle la violence peut aussi masquer la réalité des chiffres : à ce jour, 4,3 millions de Syriens ont fui leur pays. 42 % d’entre eux sont en Turquie, 27 % au Liban. Combien en a accueillis la France ? Quelques dizaines.
De quoi ont discuté hier Angela Merkel, Matteo Renzi et François Hollande ? De la mise en place rapide, selon les mots de l’AFP « d’un corps européen de gardes-frontières pour renforcer les frontières externes de l’UE et les rendre plus hermétiques ». Ah oui, l’Europe est en train de bâtir un plan. Le nombre de réfugiés par pays sera décidé en fonction de divers critères comme le taux de chômage, le revenu par habitant, mais pour un objectif qui est une honte : l’accueil de 120 000 migrants supplémentaires. Pendant ce temps, chaque jour en Syrie, en Méditerranée, victimes des bombes ou de la faim, meurent des enfants dont on ne verra jamais les visages. On sait bien sûr que l’accueil ne peut suffire, qu’il faut d’autres politiques de paix, de développement que celles d’aujourd’hui, menées au nom de sordides calculs d’influence, de marchandages, au gré des flux financiers et de la spéculation mondiale.
Mais la lâcheté de l’Europe d’aujourd’hui, sa démission face à cette crise qui n’est pas celle des migrants mais une crise du monde, son refus d’affronter les replis identitaires et les extrêmes droites qui en prospèrent d’autant mieux, nous mènent à une impasse. Il nous faut aujourd’hui penser le monde et, pour paraphraser Paul Éluard, si l’écho des voix de ses enfants martyrs faiblit, nous périrons.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AURÉLIEN SOUCHEYRE
MERCREDI, 24 AOÛT, 2016
L'Humanité
L’historien Alain Ruscio, spécialiste du colonialisme, considère que le candidat Nicolas Sarkozy renoue dans ses dernières propositions avec les « vieux démons de la droite d’avant 1944 ».
Avec ces dernières propositions identitaires, Nicolas Sarkozy rompt-il avec les fondamentaux de la République française ?
Alain Ruscio : Il y a eu plusieurs républiques en France. Elles n’ont pas toujours rimé avec démocratie. Il y a eu les répressions coloniales, les mises à l’index des minorités, la chasse aux italiens… Mais Sarkozy rompt avec le minimum républicain de la Ve République pour revenir aux vieux démons de la droite d’avant 1944, pour faire revenir à lui un électorat d’extrême droite, pour hystériser la question identitaire et une islamophobie rampante qui est en train de devenir une véritable maladie de la société française.
Selon l’ancien président de la République, l’Etat de droit est évolutif…
Alain Ruscio : Le droit est évolutif, oui. Mais une évolution peut constituer une progression comme une régression, et en l’occurrence il s’agit chez Sarkozy d’une régression. Il y a par exemple cinq millions de musulmans en France et une très importante communauté juive. Si le programme de Sarkozy était appliqué, avec la fin des repas scolaires de substitution, les enfants musulmans et juifs pourraient être amenés à ne plus manger avec leurs camarades et leurs copains de classe. Ils seraient exclus d’un temps scolaire, d’un temps de vie, au nom d’une laïcité fermée et dévoyée. C’est d’une violence inouïe. Tout cela ne vise qu’à agrandir la fracture de la société française, jusqu’à la rendre infranchissable.
Nicolas Sarkozy veut créer une cour de sûreté anti-terroriste comme celle mise en place par de Gaulle pendant la guerre d’Algérie contre l’OAS…
Alain Ruscio : Il s’agissait d’une justice d’exception, présidée par un fidèle du pouvoir en place, par un juge adhoc. La comparaison est très surprenante. D’une part, les enjeux sont différents. D’autre part, que Sarkozy regarde son entourage. Même si Patrick Buisson n’est plus là, il y a parmi ses fidèles des idéologues du retour à l’esprit colonial, de Eric Ciotti à Christian Estrosi. Il y a des nostalgiques, des exaltés de l’Algérie française et de l’OAS.
Lionnel Luca, le maire de Villeneuve-Loubet (PACA), qui a pris un arrêté anti Burkini sur les plages de sa commune, avait été l’un des fers de lance de la loi sur les aspects positifs de la colonisation. Il y a là-dedans tout un magma identitaire nauséabond et empuanti.
Peut-on parler de dérive maurassienne ?
Alain Ruscio : Je ne sais pas si c’est une dérive à la Maurras ou à la Barrès, mais il y a derrière cette attaque contre le droit du sol et contre l’immigration cette vieille rengaine conservatrice selon laquelle la terre ne mentirait pas, comme l’avait repris Pétain. Ce discours défend qu’il y aurait une identité immuable et intemporelle, très fermée, et que ceux qui ne se coulent pas dedans sont en fait des « anti-France ».
Lire aussi: "Monsieur Sarkozy, la France a besoin d'union, pas de division" (Patrick Weil)
MARDI, 23 AOÛT, 2016
HUMANITE.FR
Le secrétaire national du Parti communiste (PCF) Pierre Laurent a dénonce ce matin sur iTélé « l'overdose médiatique » autour de l'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy, dont les propositions sont "très graves".
« Ce qui me choque depuis hier, c'est l'overdose médiatique à laquelle on assiste. Il n'y a aucune surprise dans son annonce, ça fait deux ans que l'on sait qu'il va être candidat à l'élection présidentielle », a réagi ce matin, Pierre Laurent sur iTELE.
« On parle assez peu de ses propositions qui en grande partie sont très graves» , a poursuivi le secrétaire national du PCF. « Nicolas Sarkozy propose visiblement dans son livre de multiplier par deux le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi). On a déjà donné 40 mds aux entreprises sans aucun résultat et Nicolas Sarkozy propose d'en donner 34 mds de plus. Pourquoi ? Pour rien en matière d'emploi ».
L'ancien président « propose de supprimer l'ISF. Il y a les producteurs de lait qui sont en lutte en ce moment contre Lactalis. Le PDG de Lactalis fait partie du hit parade des fortunes françaises. Et bien Nicolas Sarkozy propose que cet homme-là ne paie plus d'impôt sur la fortune, alors que les producteurs de lait demandent qu'on paie leur travail à juste prix », a dénoncé Pierre Laurent.
La suspension, prônée par M. Sarkozy, du regroupement familial en attendant la signature d'un « nouveau Schengen », « c'est une mesure qui est contraire au droit international. Le regroupement familial, la possibilité pour les enfants de vivre avec leurs parents, c'est un droit reconnu par le droit international. C'est donc une mesure totalement régressive », a jugé le sénateur de Paris. Donc M. Sarkozy n'a pas changé ? « Il s'est plutôt aggravé » a insisté Pierre Laurent.