Tribune dans le Morlaix Mag, journal municipal de Morlaix, de novembre-décembre 2016
Les Morlaisiens valent mieux que ça !
Outre son patrimoine et son environnement naturel exceptionnels, la vitalité de ses acteurs sociaux et culturels, ses services publics, ses commerçants et artisans, Morlaix, dont les difficultés économiques s'aggravent dans un contexte très compliqué, est riche de son lien social, du dynamisme et de la solidarité des citoyens qui y vivent, qui agissent dans les associations, les parents d'élèves et divers groupes.
Or, les prises de décision unilatérales et abruptes et le manque de dialogue sont devenus la marque de fabrique de Madame Le Brun, au risque de décourager les meilleures volontés.
APE des écoles publiques mises devant le fait accompli de l'interdiction d'utiliser les écoles pour leurs fêtes et initiatives, au nom d'un affichage sécuritaire, absence de communication constructive avec Morlaix-Communauté sur plusieurs dossiers (transfert d'équipements, convergence fiscale avec les communes voisines...), manque d'imagination, de projet cohérent de long terme, de transparence, de démocratie, pour développer la ville et servir la vie quotidienne des habitants, gestion du personnel qui pose question.
Il doit y avoir un sursaut, il ne peut venir que d'une conversion à l'écoute et la prise en compte de l'expression des habitants, y compris ceux qui ne pensent pas à droite, et d'un travail mobilisé à 100 % pour la ville, plutôt que de s'en servir comme point d'appui pour une évolution de carrière nationale au côté de Nicolas Sarkozy, dont on a pu apprécier l'amour qu'il portait au peuple, à la République et à Morlaix.
Jean-Philippe Bapcérès, Elisabeth Binaisse, Jean-Pierre Cloarec, Ismaël Dupont, Hervé Gouédard, Sarah Noll, Valérie Scattolin, Jean-Paul Vermot
Photos Ismaël Dupont - le Père Lachaise, samedi 22 octobre
le mur des fusillés de la Commune, auprès desquels sont enterrés plusieurs dirigeants et personnalités emblématiques du mouvement socialiste de la fin du XIXe siècle et du début du XXème siècle, puis du Parti Communiste
Monument d'hommage aux déportés du camp de concentration nazi de Flossenbürg ( dix otages morlaisiens raflés le 26 décembre 1943 y sont morts: en tout 13 déportés morlaisiens mourront à Flossenbürg, sur 31 qui y transiteront)
Flossenbürg (inauguré le 8 octobre 1988)
La base du monument est constituée d’une stèle de granit extraite de la carrière du camp, posée verticalement. Au bas de la stèle, sont esquissées les marches de l’escalier menant à la carrière. Au sommet, en granit rouge, le triangle des déportés politiques français. Au pied, quelques blocs à peine taillés provenant également de la carrière. Ce monument révèle le souci pédagogique de l’amicale de Flos senbürg, de par sa conception très simple et la présence d’une carte de localisation du camp.
Sur la colonne est gravé : Aux déportés du camp de concentration de Flossenbürg et de ses 95 Kommandos
Une plaque situe géographiquement le camp de Flossenbürg.
En-dessous est gravé : A l’intérieur de cette stèle édifiée en granit provenant de la carrière du camp est déposée une urne contenant des cendres recueillies dans l’enceinte du four crématoire de Flossenbürg libéré par la 3 e armée américaine le 23 avril 1945
Sur la gauche de la colonne est repris l’insigne et : 1945 – 1995 KZ Flossenbürg 50 Jahrestag der Befreiung (50 e anniversaire de la libération) In Erhfurcht vor den Opfern (en hommage aux victimes) Gemeinde Flossenbürg (la commune de Flossenbürg)
Le camp de Flossenbürg
Le KL Flossenbürg ouvre en mai 1938, près de Weiden, non loin de la frontière actuelle entre l’Allemagne et la République tchèque. Plus de 115000 détenus (dont 16000 femmes) sont passés dans le camp central et dans ses 95 Kommandos. 70000 sont morts. Flossenbürg fournit de la main-d’œuvre aux entreprises de l’Allemagne centrale. Le camp, pratiquement vidé de tous ses détenus, évacués depuis plusieurs jours, est libéré par des troupes américaines le 23 avril 1945. Plus de 4500 Français et 950 Françaises sont passés par Flossenbürg. Aucun n’est arrivé directement de France, tous sont passés par au moins un autre camp.
Monument d'hommage aux déportés de Ravensbruck, le camp où fut déportée Germaine Tillon, et où souffrirent au moins douze déportés morlaisiens: 120 000 femmes, dont 6600 françaises, et 20 000 hommes furent déportés à Ravensbrück, 60 000 déportés au moins y périrent)
Sculptés par Emile Morlaix dans le granit, deux énormes avant-bras surgissent d’un chaos rocheux devant un mur aux blocs parfaitement taillés.
L’ensemble traduit la brutalité et l’oppression à la fois organisées et arbitraires de l’univers concentrationnaire. Les poignets sont liés en signe d’asservissement.
Une des mains, qui retombe vers le sol, évoque l’affaiblissement et la mort de nombre de déportées.
L’autre, paume tournée vers le ciel, dressée mais contractée sous l’effet d’une violence invisible, rappelle la permanence de l’espoir et la quête de liberté.
Gravé sur l’une des pierres du socle : Ici reposent des cendres de femmes déportées martyres de la barbarie nazie 1939 – 1945 À l’arrière du monument une plaque : Le 29 avril 1951
Les déportées de Ravensbrück ont déposé ici des cendres de leurs camarades assassinées dans ce camp. Souvenez-vous d’elles.
Source: Association Française pour la Mémoire de la Déportation
Monument d'hommage aux victimes des camps de concentration nazi de Buchenwald et de Dora: 5 déportés morlaisiens sont morts à Dora, 12 à 14 à Buchenwald
" Qu’à jamais ceci montre comme l’Homme dut tomber et comment le courage et le dévouement lui conservent son nom d’Homme" Aragon
Monument inauguré le 5 avril 1964
La sculpture en bronze de Louis Bancel (ancien résistant du Vercors), installée sur une dalle de granit par l’architecte M. Romer (déporté à Buchenwald), rassemble dans une composition saisissante un groupe de trois déportés. La maigreur des trois hommes témoigne de la déchéance physique où conduit le système concentrationnaire. L’attitude de chacun des déportés renvoie à une symbolique précise: souffrance (homme renversé, figé dans la mort), solidarité (homme soutenant son compagnon), résistance et dignité (homme debout face à ses bourreaux).
Les camps de Buchenwald et de Dora
Le KL Buchenwald ouvre en juillet 1937, près de Weimar. Près de 240000 dé- tenus sont immatriculés à Buchenwald, dont 30000 femmes, et près de 60000 y meurent. Le camp compte plus de 130 Kommandos qui fournissent de la maind’œuvre aux industries de l’Allemagne centrale. En novembre 1938, Buchenwald est le principal lieu de détention des juifs arrêtés après la «nuit de cristal ». Durant la guerre, il accueille des prisonniers de marque pouvant servir d’otages. En 1945, arrivent un millier d’enfants juifs transférés du camp d’Auschwitz. Début avril 1945, les SS évacuent une grande partie des détenus. Les troupes américaines entrent à Buchenwald le 11 avril 1945, quelques heures après qu’une insurrection lancée par le Comité international clandestin eut libéré le camp. Ouvert en septembre 1943, le camp de Dora, situé près de la ville de Nordhausen, est d’abord un Kommando de Buchenwald. Il est associé à la construction des tunnels destinés à abriter les usines souterraines de fabrication des fusées V1 et V2. Les conditions de travail et de vie sont particulièrement terribles. En octobre 1944, Dora, Ellrich et d’autres Kommandos sont séparés administrativement de Buchenwald et sont rattachés au nouveau KL Mittelbau. Dans les dernières semaines, la masse des détenus est évacuée vers Bergen-Belsen ou Ravensbrück. Les troupes américaines entrent dans un camp presque vide le 11 avril 1945. 40000 déportés sont passés à Dora, 25500 sont morts, dont 11000 lors des évacuations. Environ 26000 Français sont passés à Buchenwald et dans ses Kommandos. Plus de la moitié meurt, notamment à Dora. En juin 1944, le Comité des intérêts français (CIF), dirigé par Frédéric-Henri Manhès, Marcel Paul et Jean Lloubes, est reconnu par le Comité international clandestin de résistance mis en place durant l’été 1943. Son action permet de soutenir le moral des Français et d’en sauver certains, sans pouvoir éviter la mort de beaucoup d’autres. Le Comité des intérêts français participe à l’insurrection libératrice du camp
Source: Association Française pour la Mémoire de la Déportation
Monument de Dachau: où 7 déportés morlaisiens vécurent le martyre
Monument de Dachau (inauguré le ler juin 1985)
Description et interprétation du monument Dû aux architectes Louis Docoet et François Spy, ce monument est une évocation de la tenue des déportés: triangle en granit rouge de Finlande soutenu par deux colonnes en granit bleuté de Vire. L’ensemble représente également l’étroit passage de la porte du camp que beaucoup n’ont franchie que dans un seul sens. La masse du monument exprime la volonté de résistance des déportés face à leurs bourreaux.
Le camp de Dachau Le KL Dachau ouvre dès mars 1933, près de Munich, quelques semaines après l’arrivée au pouvoir des nazis. Environ 200000 détenus sont immatriculés dans le camp central et dans les 160 Kommandos. Près de 76000 y meurent. Dachau fournit de la main d’œuvre pour les entreprises d’Allemagne du Sud. Le camp est libéré le 29 avril 1945 par des troupes américaines, alors qu’une partie des détenus a été évacuée dans les jours précédents. Dachau est le lieu d’internement de catégories particulières de détenus: les prêtres arrêtés sont regroupés dans le camp à partir de 1941-1942; des personnalités y sont placées sous surveillance afin de servir d’otages. Environ 12500 Français sont passés à Dachau, dont 6000 déportés directement depuis la France et 2100 prisonniers de guerre ou travailleurs arrêtés dans le Reich.
Monument d'hommage aux déportés de Auschwitz-Birkenau (inauguré le 26 juin 1949)
La sculpture due à Françoise Salmon, déportée à Auschwitz, est composée d’une colonne en lave de Volvic à peine dégrossie d’où se dégage la forme simplifiée d’un déporté. La tête disproportionnée par rapport au corps exprime la primauté de l’esprit sur la matière qui permet à l’individu de survivre et de lutter contre la volonté d’anéantissement, d’asservissement et de déshumanisation.
Textes du monument Sur la dalle: une plaque avec ces mots:
"1941 – 1945 Auschwitz – Birkenau
Camp nazi d’extermination
Victimes des persécutions antisémites de l’occupant allemand et du gouvernement collaborateur de Vichy.
76000 juifs de France, hommes, femmes et enfants furent déportés à Auschwitz. La plupart périrent dans les chambres à gaz. Victimes de la répression policière, 3000 résistants et patriotes connurent à Auschwitz la souffrance et la mort. Un peu de terre et de cendres d’Auschwitz perpétuent, ici, le souvenir de leur martyre".
Le texte actuel remplace depuis 1995 le texte d’origine qui comportait plusieurs erreurs, notamment dans le nombre des victimes.
Et sur la dalle, une phrase écrite en bronze:
" Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés.
Le seul voeu de justice a pour écho la vie". (Paul Eluard)
Les camps d’Auschwitz
Ouvert en 1940, le camp de concentration d’Auschwitz (ou KL Auschwitz I), près de Cracovie, en Haute-Silésie, est d’abord destiné à l’internement des opposants et résistants polonais. Le camp d’extermination de Birkenau (ou KL Auschwitz IIBirkenau) est ouvert en 1942. Il devient le principal lieu de déportation des Juifs d’Europe. Sur les 1,3 million de déportés arrivés à Auschwitz, 1,1 million sont morts. Seuls 270000 hommes et 130000 femmes sont immatriculés (et tatoués, ce qui est une spécificité du camp d’Auschwitz), tous les autres sont assassinés dès leur arrivée au camp. Le complexe d’Auschwitz est libéré par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945. Il reste environ 7000 détenus, 58000 autres ayant été évacués dans les jours précédents. Près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants déportés de toute l’Europe sont assassinés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau parce que juifs. Figurent également parmi les victimes plus de 70000 Polonais non juifs, plus de 20000 Tsiganes et plus de 15000 prisonniers de guerre soviétiques, dont 600 exécutés lors du premier gazage à Auschwitz à l’automne 1941. Presque tous les Juifs arrêtés en France ont été déportés et sont morts à AuschwitzBirkenau. Deux convois de résistants (les «45000» en juillet 1942, et les «Tatoués » en avril 1944) et un autre de résistantes (les «31000» en janvier 1943), partis de France, arrivent à Auschwitz. Les déportés survivants de ces convois sont transférés vers d’autres camps par la suite.
Source: association française pour la mémoire de la déportation
Monument de Bergen-Belsen: 7 déportés morlaisiens sur 9 qui y sont passés au moins y sont morts
Bergen-Belsen (inauguré le 23 mars 1994)
Description et interprétation du monument Dû à l’architecte Guillaume d’Astorg, le monument en pierre de taille et béton rappelle celui qui se dresse sur le site du camp de Bergen-Belsen, au milieu d’une lande de bruyère. Le mur retient le regard du visiteur et le dirige vers la fracture centrale qui ouvre sur l’obscurité et le néant mais laisse apparaître l’obélisque de l’espoir pointé vers le ciel. Les rails d’époque posés sur des murets et les traces de pas au sol rappellent les transports arrivant au camp
Le camp de Bergen-Belsen
Bergen-Belsen est d’abord un camp de prisonniers de guerre, où près de 20000 soldats soviétiques meurent de faim et de froid. En 1943, les SS le transforment en un camp particulier au sein du système concentrationnaire nazi: ils rassemblent dans un même camp, mais dans des secteurs séparés, des catégories de détenus distinctes. Les intitulés utilisés par les SS ne peuvent masquer la terrible réalité: les camps «d’hébergement » ou «de séjour » regroupent des Juifs maintenus en vie en vue d’échanges éventuels mais les mauvais traitements sont fréquents et, si plusieurs centaines de ces détenus sont convoyés jusqu’en Suisse, plusieurs milliers d’autres sont transférés à Auschwitz pour y être exterminés; le camp «de convalescence» est destiné aux détenus des camps de concentration incapables de travailler, mais les soins nécessaires ne leur sont pas fournis et la mortalité est donc très élevée. Les effectifs de Bergen-Belsen gonflent considérablement dans les derniers mois de la guerre avec l’arrivée des déportés évacués des camps de l’Est, dégradant les conditions sanitaires déjà désastreuses. Les troupes britanniques entrent dans le camp le 15 avril 1945. Près de 30000 hommes et femmes tentent de survivre à la famine et à la maladie au milieu des cadavres. 125000 déportés sont passés à Bergen-Belsen, 37000 sont morts avant la libération et 13000 après. Parmi eux, plusieurs milliers d’hommes et de femmes déportés de France en tant que Juifs, résistants, opposants ou otages.
Monument de Buna Monowitz Auschwitz III (1993)
Buna Monowitz Auschwitz III
(inauguré le 4 février 1993)
Sur un socle de granit, le sculpteur Louis Mitelberg, dit Tim (ancien Français libre) a disposé cinq figures longilignes en bronze. Leurs silhouettes affaissées témoi - gnent de la souffrance et de l’épuisement des déportés. Le corps transporté dans la brouette rappelle la forte mortalité dans le camp de concentration de BunaMonowitz. La lumière qui passe au travers des personnages et dessine les rayures de leur tenue de déportés souligne la fragilité de leur existence et leur situation de morts en sursis. u Textes du monument Sur le socle de pierre: Buna-Monowitz-Auschwitz III et ses Kommandos
Sur une plaque de bronze, en contrebas du socle de pierre: "De 1941 à 1945 Auschwitz III comptait 39 camps nazis, tous exploités par le trust allemand de la chimie IG Farbenindustrie : Buna-Monowitz, Blechhammrer, Gleiwitz I, II, III, IV, Rajko, Fürstengrube, Günthergrube, Jawischowitz, Jaworzno, Feudenstadt... 30000 déportés dont 3500 arrêtés en France, Juifs pour la plupart, y moururent de faim, de froid, sous les coups et d’épuisement, ou désignés par les SS lors des sélections, ils furent exterminés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. N’oublions jamais !"
Le camp d’Auschwitz III – Monowitz
Ouvert fin octobre 1941 à proximité des usines Buna fabricant du caoutchouc synthétique pour l’entreprise IG-Farben, le camp de Monowitz est rattaché à celui d’Auschwitz. En novembre 1943, Monowitz devient un camp autonome sous le nom d’Auschwitz III, auquel sont rattachés près d’une quarantaine de Komman - dos travaillant pour l’industrie allemande implantée en Haute-Silésie. Les détenus sont pour la plupart des Juifs. Les conditions de travail sont extrêmement dures et des sélections envoient dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau ceux qui s’épuisent le plus vite. Le camp est libéré par les troupes soviétiques le 27 janvier 1945, alors que la plus grande partie des déportés a été évacuée vers les camps de l’ouest.
Monument en hommage aux déportés du camp d'Oranienienburg-Sachsenhausen (1970)
Oranienburg-Sachsenhausen (inauguré le 2 mai 1970)
La sculpture en cuivre martelé de Jean -Baptiste Leducq s’impose à tous les visiteurs par son ampleur et sa force. La couronne hérissée à la base du monument représente la clôture barbelée des camps. Les poteaux de la clôture portent des racines qui donnent naissance à un arbre de douleur dont le sommet se change en flamme du souvenir. Au centre, s’élève comme un cri vers le ciel, l’image tragique d’un déporté, le corps tendu dans l’espoir de renaître et de vivre dans la mémoire des hommes qui le regardent.
Textes du monument Autour du socle de granit, en lettres de bronze est écrit: Oranienburg-Sachsenhausen Sur le socle une plaque avec ces mots: Aux 100000 morts du camp de concentration nazi Le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen
Le KL Sachsenhausen ouvre en août 1936 au nord de Berlin. Il succède au camp d’Oranienburg ouvert en mars 1933, peu après l’arrivée au pouvoir des nazis. Près de 200000 détenus sont immatriculés et 100000 y meurent. Le camp compte plus de 60 Kommandos travaillant pour les industries d’Allemagne du Nord. Le camp, évacué dans les jours précédents, est libéré le 22 avril 1945 par les Soviétiques. À partir d’août 1938, le complexe Oranienburg-Sachsenhausen accueille l’Inspection des camps de concentration (IKL) qui supervise l’ensemble du système concentrationnaire depuis 1934. Il devient ainsi le modèle inspirant les autres camps. Plus de 8500 Français sont passés par Sachsenhausen, notamment les déportés du premier convoi parti de France (244 mineurs du Nord arrivés le 25 juillet
Tombe d'Henri Krasucki et de sa famille
Henri Krasucki, un destin exceptionnel de réfugié juif polonais communiste.
Son père Isaac ouvrier tricoteur de Varsovie était membre du Parti communiste polonais dans la Pologne du maréchal Pilsudski, où l’anticommunisme le dispute à l’antisémitisme.
Isaac s’expatrie, en 1926.
Deux ans plus tard, son épouse, Léa (« Léyelé ») Borszczewska, ouvrière du textile et militante du parti communiste polonais comme lui, et son fils quittent à leur tour leur petit village juif de la banlieue de Varsovie, et le rejoignent à Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris.
Isaac et Léa travaillent dans« la maille » (le tricot), tenant un petit atelier de textile de Belleville qui compte alors une importante communauté yiddish et reprennent, aussitôt arrivés, le "combat des exploités" dans la CGTU, au PCF et dans des organisations juives révolutionnaires.
Pendant son enfance, Henri Krasucki est « l’un des plus célèbres pionniers rouges » de l’une des sections les plus représentatives des Jeunesses Communistes, celle de Belleville. Il y fait la connaissance de Pierre George, le futur Colonel Fabien, de 5 ans son aîné et qui devient son instructeur. Alors que ses parents souhaitaient le voir poursuivre des études, il préfère se faire embaucher chez Renault une fois son CAP d'ajusteur en poche ; ses qualités de syndicaliste le font vite remarqué.
En septembre 1939, le PCF est interdit par le gouvernement à la suite de la signature du pacte germano-soviétique. Isaac Krasucki doit plonger dans la clandestinité. Son fils a quitté l’école. En 1940 quand les Allemands entrent à Paris, il travaille dans une usine de Levallois, comme ajusteur. Il a quinze ans. À la fin de l’année 1940, Henri intègre les Jeunesses Communistes dans la section juive de la FTP-MOI du Parti Communiste dans le20e arrondissement. Il a d’abord des responsabilités dans son quartier, puis à l’échelon de son arrondissement, et enfin en 1942 au niveau de la région parisienne.
À la suite du premier coup de feu du Colonel Fabien, le, qui marque le début de la Résistance armée des communistes français, Henri Krasucki prend sa part de risques : sabotages lancement de tracts depuis le métro aérien, actions militaires.
Le 20 janvier 1943, le père d'Henri Krasucki est arrêté pour sabotage et interné à Drancy ; il est déporté le 9 février à Birkenau et gazé dès son arrivée le 13 février.
Sous le pseudonyme de « Mésange » (une houppe de cheveux noirs coiffant alors son jeune visage émacié), Henri Krasucki, dit également « Bertrand », s’occupe des cadres et du recrutement des jeunes avec sa compagnePaulette Sliwka.
À la mi-juin, c’est la déportation vers l'Allemagne. Les jeunes manifestent dans le camp. Roger Trugnan raconte : « Nous chantionsLa Marseillaiseet les gendarmes tapaient sur celles et ceux qui chantaient. » Son convoi depuis Drancy, le numéro 55, du 23 juin 1943, déportait 1 002 juifs, dont 160 enfants de moins de 18 ans, transportés dans des wagons à bestiaux. Deux jours et une nuit plus tard, ils arrivent àBirkenau, annexe d'Auschwitz. Seules 86 personnes de ce convoi ont survécu à laShoah.
Henri et ses camarades sont affectés au camp annexe de Jawischowitz. Ils travaillent à la mine, seize heures par jour, avec la faim, les coups, et la crainte d’être malade, qui signifie la mort. Mais aussi la résistance : aussitôt arrivés, Henri, Roger, leur copain Sam ont cherché le contact. Ils continuent la lutte derrière les barbelés. Ils la continueront jusqu’au bout. Jusqu’àBuchenwald, où ils sont évacués enjanvier 1945- la terrible « marche de la mort ». Là, épuisés, ils sont pris en charge par l’organisation deMarcel Paulet ducommandant Manhès.
Ils participent à l’insurrection du camp : « J’avais un vieux chassepot, raconte Roger, Henri avait un bazooka ! » (il faut faire la part des déformations de la mémoire : leChassepot, fusil français de 1870, n'était pas courant en Allemagne ; et on ne s'improvise pas tireur au bazooka).
Henri Krasucki en revient le, « juste à temps pour manifester le1ermai », comme il dira avec humour. Le lieutenant Krasucki, au titre des FTPF deCharles Tillon, travaille comme ouvrier métallo dans diverses usines de la métallurgie.
Henri Krasucki prit en charge Simon Rayman — le frère cadet de son meilleur amiMarcel Rayman, fusillé lepar les nazis — qui se retrouve sans famille après que sa mère fut gazée dès son arrivée àAuschwitz, et s'en occupe comme d'un frère.
Après la guerre, il devient l'un des dirigeants du PCF, mais son principal engagement reste syndical. Il est naturalisé français en 1947, l'année même où il devient permanent syndical à la CGT En 1949, il est secrétaire de l’Union départementale de la CGT de la Seine. En 1953, il entre au bureau fédéral de la Seine du PCF, puis en 1956, au comité central du PCF en tant que membre suppléant. En 1961, il entre au bureau confédéral de la CGT, puis devient directeur deLa Vie ouvrière (la « VO »), le journal du syndicat qu'il dirige pendant dix ans. En1964, il devient membre du bureau politique du PCF. AvecRoland Leroy etLouis Aragon, il est l’un des « accoucheurs » du comité central d’Argenteuil, tournant historique du Parti dans ses relations à la culture, la recherche et aux intellectuels. En 1966, grâce aux liens tissés avec Marcel Paul à Buchenwald, il règle le long conflit entre Marcel Paul et la direction de la fédération de l'éclairage.
QuandBenoît Frachonse retire, en1967, « Krasu » se trouve aux côtés deGeorges Seguy. Il est un temps pressenti en1967pour prendre la direction de laCGT, mais Séguy lui est préféré. Un an plus tard, à l’occasion de laplus grande grèveque la France ait jamais connue, Henri Krasucki est l’un des principaux négociateurs desaccords de Grenelle.
Il succède à Georges Seguy enjuin 1982, lors du41econgrèsà Lille, il va rester 10 ans à la tête de la CGT.
tombe d'Albert Soboul - historien de la Révolution Française
tombe du dirigeant socialiste espagnol, acteur essentiel du camp républicain pendant la guerre d'Espagne, Largo Caballero
Monument pour la Brigade Fabien - Brigades Internationales
Monument pour les Brigades Internationales
tombe de Georges Marchais
Monument pour le groupe FTP-MOI Manouchian avec le texte de L'Affiche Rouge de Louis Aragon
monument FTP MOI
Tombe de Waldeck Rochet
Tombe de Jacques Duclos
Tombe de Marcel et de Marguerite Cachin dans le granit de Bretagne
Tombe de Maurice Thorez
Tombe de Paul Eluard
Tombe de Jean(Baptiste Clément, auteur du "Temps des Cerises"
Tombe de Jean Longuet, gendre de Marx, leader de la gauche de la SFIO, critique de l'Union Sacrée pendant la Grande Guerre mais non rallié à la IIIe Internationale, qui vécut à Morlaix
Monument de Paul Brousse, leader socialiste de la fin du XIXe siècle
Accusé d’antisémitisme, Jean-Frédéric Poisson pourrait être exclu de la primaire de la droite et du centre. Le président du Parti chrétien-démocrate ne dit rien des relations qu’il entretient avec de nombreuses personnalités issues de l’extrême droite, aux côtés desquelles il prône l’«union des droites».
Le 9 septembre, jour du dépôt des candidatures à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson postaitsur Twitterune photo de lui et d’Anne Levade, la présidente de la Haute Autorité de la primaire (HAP).« Candidature déposée et validée. Je serai le seul candidat non #LR à ce scrutin pour une parole libre », s’enorgueillissait alors le député des Yvelines, fort de son étiquette duParti chrétien-démocrate(PCD, fondé par Christine Boutin), qui le dispensait de recueillir les parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter au scrutin de novembre.
Quelques semaines plus tard, le candidat est en train de déchanter. Et surtout de comprendre que son étiquette n’a pas valeur d’immunité. En déclarant le 19 octobre, dans les colonnes deNice-Matin, que« la proximité de[la candidate à la présidence américaine Hillary]Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France », le président du PCD s’est heurté aux limites de sa« liberté d’expression », s’attirant les foudres du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et de plusieurs de ses adversaires à la primaire.
Dans les équipes des différents candidats, tout le monde a condamné les propos du député des Yvelines. Vendredi 21 octobre,Nathalie Kosciusko-Morizet a même saisi la HAP, en insistant sur le fait qu’ils n’étaient« ni dignes ni compatibles »avec les valeurs de la droite et du centre que les sept prétendants se sont engagés à respecter en signantla charte de la primaire. La HAP se réunira mercredi 26 octobre pour statuer si oui ou non Jean-Frédéric Poisson doit être exclu du processus. La veille, se tiendra également une réunion du comité d’organisation de la primaire, autour du même sujet.
L’ordonnateur du scrutin, Thierry Solère, n’a pas attendu mardi pour dire tout le mal qu’il pense de la sortie du président du PCD. Pour lui, les choses sont claires : le candidat doit explicitement regretter ses propos et non pas seulement leur interprétation, comme il l’a fait vendredi dans un communiqué et une lettre adressée au CRIF.« Il doit absolument clarifier sa ligne, confie le député de Boulogne à Mediapart.Je l’avais déjà mis en garde sur un certain nombre de marqueurs : l’antisémitisme, le droit à l’avortement ou encore les alliances avec le FN. »Autant de points sur lesquels, à l’en croire, LR ne transigera pas.
Le 9 septembre, jour du dépôt des candidatures à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson postaitsur Twitterune photo de lui et d’Anne Levade, la présidente de la Haute Autorité de la primaire (HAP).« Candidature déposée et validée. Je serai le seul candidat non #LR à ce scrutin pour une parole libre », s’enorgueillissait alors le député des Yvelines, fort de son étiquette duParti chrétien-démocrate(PCD, fondé par Christine Boutin), qui le dispensait de recueillir les parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter au scrutin de novembre.
Quelques semaines plus tard, le candidat est en train de déchanter. Et surtout de comprendre que son étiquette n’a pas valeur d’immunité. En déclarant le 19 octobre, dans les colonnes deNice-Matin, que« la proximité de[la candidate à la présidence américaine Hillary]Clinton avec les super-financiers de Wall Street et sa soumission aux lobbies sionistes sont dangereuses pour l’Europe et la France », le président du PCD s’est heurté aux limites de sa« liberté d’expression », s’attirant les foudres du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et de plusieurs de ses adversaires à la primaire.
Dans les équipes des différents candidats, tout le monde a condamné les propos du député des Yvelines. Vendredi 21 octobre,Nathalie Kosciusko-Morizet a même saisi la HAP, en insistant sur le fait qu’ils n’étaient« ni dignes ni compatibles »avec les valeurs de la droite et du centre que les sept prétendants se sont engagés à respecter en signantla charte de la primaire. La HAP se réunira mercredi 26 octobre pour statuer si oui ou non Jean-Frédéric Poisson doit être exclu du processus. La veille, se tiendra également une réunion du comité d’organisation de la primaire, autour du même sujet.
L’ordonnateur du scrutin, Thierry Solère, n’a pas attendu mardi pour dire tout le mal qu’il pense de la sortie du président du PCD. Pour lui, les choses sont claires : le candidat doit explicitement regretter ses propos et non pas seulement leur interprétation, comme il l’a fait vendredi dans un communiqué et une lettre adressée au CRIF.« Il doit absolument clarifier sa ligne, confie le député de Boulogne à Mediapart.Je l’avais déjà mis en garde sur un certain nombre de marqueurs : l’antisémitisme, le droit à l’avortement ou encore les alliances avec le FN. »Autant de points sur lesquels, à l’en croire, LR ne transigera pas.
En attendant que les deux entités de la primaire se prononcent, le député des Yvelines a demandépar courrier, adressé ce lundi 24 octobre au comité d’organisation de la primaire, d’être entendu par celui-ci.« Je suis effondré de devoir préciser publiquement toute l’abjection que suscitent en moi l’antisémitisme et l’antisionisme », écrit-il, avant de préciser un peu plus loin :« Je veux redire clairement mon attachement au respect des valeurs qui nous rassemblent, sans aucune ambiguïté. Cet attachement explique ma présence au sein de la primaire. Il est également la raison pour laquelle je m’interdis absolument d’inviter quiconque à venir y voter lorsqu’il ne les partagerait pas. »
Il n’est pas innocent que Jean-Frédéric Poisson ait été alerté sur les trois marqueurs cités par Solère. Car si certaines de ses prises de position ont parfois agréablement surpris – comme son opposition argumentée àla loi sur le renseignementou àla prolongation de l’état d’urgence–, le député n’en demeure pas moins l’un des plus radicaux du groupe LR (ex-UMP) à l’Assemblée nationale.« Lorsque je m’oppose à l’union civile, lorsque je ne reconnais pas l’IVG comme un droit fondamental (avec 6 autres députés seulement), lorsque je dépose une proposition de loi pour que les racines chrétiennes soient inscrites dans la Constitution…[…]Je ne demande aucune autorisation », confiait-il àValeurs actuelles, fin mai.
Il en est de même en matière diplomatique. Lorsqu’il part rencontrer à deux reprises Bachar al-Assad à Damas (Syrie) à l’initiative de l’associationSOS Chrétiens d’Orient– qui se présente comme apolitique, mais compte dans ses rangsnombre de figures issues de l’extrême droite–, le président du PCD ne demande la permission à personne. Pas plus qu’il ne prévient le Quai d’Orsay lorsqu’il se rend à Tripoli (Libye),en juillet 2015, à l’invitation du gouvernement non reconnu par la communauté internationale.
C’est dans le même esprit d’« indépendance »qu’il a participé, fin mai, au premier “Rendez-vous de Béziers” organisé par Robert Ménard, en compagnie de tout le gratin des droites extrêmes françaises, comme l’élue frontiste Marion Maréchal-Le Pen ou encore Renaud Camus et Jean-Yves Le Gallou, théoriciens respectifs du “grand remplacement” et du concept de préférence nationale.« Nos électeurs[…]sont las du politiquement correct et de la langue de bois. Ils attendent une refonte de la pensée politique de droite et de son expression électorale, se justifiait-il à l’époque dans Valeurs actuelles.Les “Rendez-vous de Béziers” sont une séquence qui, par leur caractère public, vont rendre visible cette volonté de refondation. »
De fait, l’événement a ajouté une pierre de plus à l’édifice d’« union des droites »que tentent de construire depuis plusieurs mois des personnalités issues de la droite et de l’extrême droite. Parmi elles, on retrouve donc le maire de Béziers et la députée frontiste du Vaucluse, mais aussi l’ancien UMP Charles Beigbeder et l’ex-ministre UDF Charles Million – tous deux fondateurs du« réseau collaboratif d’action politique »L’Avant-Garde, qui plaide pour une alliance électorale entre LR et le FN ; le président du RPF Christian Vanneste ; le patron de Souveraineté, identités et libertés (SIEL) – un parti associé au FN – Karim Ouchikh et bien sûr… Jean-Frédéric Poisson.
« Boutin ne voulait pas entendre parler du FN, avec lui les relations sont plus simples »
Tout ce petit monde a commencé à se côtoyer en 2013 au sein des cortèges de La Manif pour tous. Ensemble, ils ont marché, discuté, échangé. Avec le temps, ils ont fini par s’apprécier. Et par ne plus se quitter. Rien d’étonnant donc à apercevoir Karim Ouchikh dans le publicdu premier débat de la primaire, le 13 octobre.« L’union des droites patriotes est en marche ! »a mêmetweetéle président du SIEL, dont le parti soutient officiellement le candidat du PCD.« Jean-Frédéric Poisson a été le seul à porter haut et fort un discours eurosceptique, s’est-il également félicité dansLe Figaro.Je l'imagine bien appeler à voter Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
On retrouve cette droite autoproclamée« hors les murs »dansla pétitionlancée récemment sur Internet par le collectif Vos Couleurs. Fondé par quatre anciens militants de La Manif pour tous, ce collectif appelle lui aussi à l’« union des droites ».« Ça va dans le bon sens, je soutiens la dynamique », a indiqué à ce propos le député des Yvelines dansValeurs actuelles, sans préciser s’il avait signé le texte. De façon plus générale, le président du PCD est aussi le favori des sites de la réacosphère (Boulevard Voltaire, Nouvelles de France, Salon beige…). Ses déclarations sur les« lobbies sionistes »lui ont même valu le soutien plus récent du site d’Alain Soral,Égalité et réconciliation.
Le fondateur du SIEL, Paul-Marie Coûteaux, soutient lui aussi la candidature de Poisson qu’il« apprécie beaucoup ». Et à l’écouter, il est loin d’être le seul.« Une partie de l’entourage de Marion Maréchal-Le Pen ira voter pour lui à la primaire, explique-t-il à Mediapart.Ce n’est pas un vote dissident puisque ça peut affaiblir le candidat qui se retrouvera face à Marine Le Pen en 2017. »Cheville ouvrièredu courant« national-républicain », l’ancien eurodéputé estime que le président du PCD est beaucoup« plus ouvert »que celle qu’il a remplacée à la tête du parti en novembre 2013.« Christine Boutin ne voulait pas entendre parler du FN, avec lui les relations sont plus simples. »
Plus simples, mais aussi plus récurrentes. Après le “Rendez-vous de Béziers”, Jean-Frédéric Poisson s’est de nouveau rendu à Béziers mi-septembre,à l’invitation de Robert Ménard, pour présenter son livreNotre sang vaut moins cher que leur pétrole(Éd. du Rocher). Le 12 décembre prochain, le député des Yvelines retrouvera encore le maire de Béziers pourun meeting communà La Mutualité, à Paris. Seront également présents d’autres partisans de l’« union des droites », comme Charles Beigbeder, Karim Ouchikh, Christian Vanneste, mais aussi Patrick Louis, le secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers.
Le fondateur du MPF a d’ailleurs lui aussi affiché sa sympathie pour le président du PCD à maintes reprises.« J’ai de l’estime pour[lui], c’est vraiment quelqu’un de très bien qui a une pensée juste et des convictions », déclarait-il en juin au magazineFrance,« le petit nouveau dans la famille des médias patriotes. »« J’ai une sympathie humaine et politique pour Jean-Frédéric Poisson. Sur le plan de l’identité, de la souveraineté, de la politique étrangère, il est sur une ligne largement compatible », affirmait également Marion Maréchal-Le Pen sur France 2, le même mois.
Une sympathie réciproque si l’on en croit le principal intéressé, qui a encore affirmé, ce lundi 24 octobresur France Info, se sentir« plus proche sur certains sujets »de la députée FN du Vaucluse que de Nathalie Kosciusko-Morizet. Estimant que« le FN a changé »et qu’il« doit être considéré comme un parti comme les autres », le patron du PCD veut« en finir avec ce cordon sanitaire qui n’a ni sens ni raison d’être »autour du Front national.« S’il faut choisir entre un candidat PS malhonnête et un candidat FN honnête, je choisirais le candidat FN », affirmait-il àValeurs actuelles, mi-octobre, expliquant sans ambages que s’il avait« été électeur à Béziers en 2014,[il aurait]voté pour Robert Ménard »,« un homme courageux ».
Dans le Sud, le député des Yvelines peut aussi compter sur le soutien du député et maire d’Orange Jacques Bompard, fondateur du parti d’extrême droiteLigue du Sud.« Dans ma ville, j’encourage tout le monde à voter pour lui à la primaire, confie cet ancien frontiste à Mediapart. C’est le candidat qui me paraît être le plus proche des idées que je défends. »Là encore, la réciproque est vraie, puisque Jean-Frédéric Poisson n’a pas hésité à soutenir publiquement, le 6 septembre, Marie-Claude Bompard, maire Ligue du Sud de Bollène et épouse de l’édile d’Orange.
ommé par LR de clarifier sa ligne et ses relations avec le FN, sous peine d’exclusion de la primaire, le patron du PCD reçoit depuis quelques jours de nombreux messages d’encouragement de ses collègues de la« droite hors les murs ».« Que l’on soit d’accord ou non avec les propos de @jfpoisson78, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait plus concourir la #Primaire2016[sic] »a par exempletweetéCharles Beigbeder.« L’incroyable cabale des hommes du passé contre @jfpoisson78 qui bouscule la bienpensance au sein de la droite dite “républicaine” », a également commenté sur le réseau sociall’avocat Frédéric Pichon, vice-président du SIEL.« Bravo la démocratie ! »ajoute Bompard auprès de Mediapart.
Du côté de la rue de Vaugirard, le casse-tête Poisson commence à en agacer plus d’un. Chez les juppéistes, beaucoup souhaitent que le problème soit rapidement réglé, afin qu’il n’entache pas la primaire au point d’en dégoûter les éventuels électeurs. Quant aux sarkozystes, eux aussi condamnent les propos du candidat PCD, mais ne se risquent pas, pour l’heure, à réclamer une exclusion, laquelle bénéficierait pourtant à l’ex-chef de l’État. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas encore exprimé officiellement sur le sujet. En tout état de cause, il lui serait difficile d’aller trop en avant dans l’attaque, lui qui veut justement s’attirer les faveurs de cet électorat de droite qui a cédé aux sirènes du FN.
Cette discrétion est d’autant plus criante que dans le même temps 165 élus, soutiens de Nicolas Sarkozy, ont signéune tribunedans leJDDcontre« le retour opportuniste de François Bayrou[le président du MoDem, parti avec lequel plusieurs signataires dudit texte, comme Christian Estrosi, Philippe Richert ou encore Gérald Darmanin ont pourtant fait campagne pour les régionales de décembre 2015 – ndlr]dans la primaire de la droite et du centre », retour qu’ils qualifient de« signe annonciateur de cette compromission idéologique ». En matière de« compromission idéologique », celle de Jean-Frédéric Poisson avec l’extrême droite ne semble en revanche guère les émouvoir.
1946 : le statut général des fonctionnaires, un « socle progressiste »
Histoire
ANICET LE PORS ANCIEN MINISTRE, CONSEILLER D’ÉTAT HONORAIRE
VENDREDI, 21 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ
À partir de 1946, plus d’un million d’agents publics de l’État, comme ici, aux PTT, ont acquis le statut de fonctionnaires protégés par la loi. Photo : M. Zalewski/Adoc-Photos
Issue du mouvement de progrès social impulsé par la Résistance, une loi sera promulguée le 19 octobre 1946. Contrairement au système hiérarchique en vigueur, les agents publics de l’État sont considérés comme fonctionnaires, protégés par un statut.
Le 5 octobre 1946, la deuxième Assemblée nationale constituante examine son dernier projet de loi avant le référendum sur la Constitution de la IVe République. Il s’en est fallu de peu que ce texte relatif au statut général des fonctionnaires ne puisse venir en discussion avant la fin de la session ; un ultime accord entre le président du gouvernement provisoire, Georges Bidault, et le vice-président du Conseil, chargé de la fonction publique, Maurice Thorez, également secrétaire général du Parti communiste français, a tranché d’âpres débats qui n’en finissaient pas. En quatre heures, sans discussion générale, les 145 articles du texte sont votés à l’unanimité. Plus d’un million d’agents publics de l’État sont considérés comme fonctionnaires, protégés par la loi, même si seulement 47 % d’entre eux sont effectivement titularisés dans le cadre de ce statut. La loi sera promulguée le 19 octobre 1946.
C’était l’aboutissement d’une longue histoire de la fonction publique. L’Ancien Régime avait connu la vénalité et la patrimonialité des charges administratives. La Révolution française supprima ces privilèges et posa des principes d’égalité d’accès aux emplois publics et de probité des agents publics. Mais c’est une fonction publique dominée par le pouvoir hiérarchique qui prévalut au XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe. Au point que le premier statut des fonctionnaires vit le jour sous Vichy, un texte du 14 septembre 1941 inspiré par l’antidémocratique « charte du travail ». Les associations, puis les syndicats de fonctionnaires n’avaient cessé de dénoncer jusque-là les tentatives de « statut carcan » que tentaient de leur imposer les gouvernements conservateurs. Ils réclamaient un « contrat collectif ».
Un premier projet de statut démocratique
Une telle situation met en valeur la lucidité et l’intelligence dont firent preuve les responsables progressistes de l’époque, issus pour la plupart de la Résistance. À l’exemple de Jacques Pruja, un dirigeant de la Fédération générale des fonctionnaires (FGF-CGT), révoqué, arrêté, puis réintégré, qui prit l’initiative d’élaborer un premier projet de statut démocratique avec lequel il finit par vaincre les réserves qui s’exprimaient au sein même de son organisation syndicale. La FGF adopta finalement un projet de statut lors de son congrès de mars 1945. Les forces syndicales de la CGT, majoritaire, et de la CFTC prirent alors une part active dans la promotion des nouvelles dispositions. Le projet retenu par le ministre de la Fonction publique suscita de très vives oppositions. Venant de hauts fonctionnaires qui admettaient difficilement le recul de l’ordre hiérarchique antérieur, les oppositions s’accentuèrent au fil du temps de la part de la CFTC et du MRP, parti démocrate-chrétien, qui finirent par élaborer leur propre projet ; ou encore de ministres socialistes de la SFIO. Le rejet du premier projet de Constitution par référendum du 5 mai 1946 menaça de tout faire capoter. Mais, combinant esprit de compromis (abandon de la création d’une fonction de secrétaire général de l’administration, par exemple) et fermeté sur les principes, Maurice Thorez parvint à ses fins.
Une grande référence sociale pour tous les salariés, du public comme du privé
Le statut mit dans la loi de très nombreuses garanties pour les fonctionnaires en matière de rémunération (voir dans l’encadré ci-contre la définition du « minimum vital », l’ancêtre du Smic), d’emploi, de carrière, de droit syndical, de protection sociale et de retraite. Il a été abrogé par l’ordonnance du 4 février 1959 lors de l’avènement de la Ve République. Statut fondateur, il a ainsi ouvert la voie au statut fédérateur de 1983 d’une fonction publique « à trois versants » : de l’État, territoriale et hospitalière, regroupant aujourd’hui 5,5 millions de salariés du service public, soit 20 % de la population active de la France, exemple sans équivalent dans le monde. Protégés par la loi plutôt que par le contrat, le statut général indique une voie inverse de celle de la loi El Khomri ; c’est une grande référence sociale pour tous les salariés, du public comme du privé. En 2011, la CGT déclarait à ce sujet : « Dans la fonction publique, même s’il subit des attaques sans précédent, le statut général des fonctionnaires demeure un socle progressiste pour des millions d’agents et autant de garanties pour les citoyens. Le caractère unifié doit en être renforcé. » Offensives frontales ou dénaturations sournoises, les attaques contre le statut des fonctionnaires n’ont jamais cessé, ce qui lui a permis de faire la preuve de sa solidité et de son adaptabilité. Nul doute que l’on en reparlera au cours de la campagne présidentielle.
Pour aller plus loin :lirela Fonction publique du XXIe siècle, d’Anicet Le Pors et de Gérard Aschieri. Éditions de l’Atelier, 2015.
Une loi et un statut
Extrait de la loi n° 46-2 294 du 19 octobre 1946 relative au statut général des fonctionnaires. « Chapitre Ier. Dispositions statutaires : Art. 1er. – Le présent statut s’applique aux personnels qui, nommés dans un emploi permanent, ont été titularisés dans un grade de la hiérarchie des cadres d’une administration centrale de l’État, des services extérieurs en dépendant ou des établissements publics de l’État. Art. 32. – Le traitement fixé pour un fonctionnaire nommé à un emploi de début doit être calculé de telle façon que le traitement net perçu ne soit pas inférieur à 120 p. 100 du minimum vital. (…) Par minimum vital, il faut entendre la somme au-dessous de laquelle les besoins individuels et sociaux de la personne humaine considérés comme élémentaires et incompressibles ne peuvent plus être satisfaits. »
Repères
22 avril 1905La loi prescrit la communication du dossier aux fonctionnaires faisant l’objet d’une sanction disciplinaire.
1911-1913Une première loi fixe des règles relatives à l’avancement, une seconde les règles du détachement.
19 octobre 1946Promulgation par la loi du premier statut général des fonctionnaires (de l’État).
1983Réforme sous la houlette du ministre Anicet Le Pors comprenant un nouveau statut des fonctionnaires.
« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c'est à l'ensemble de la planète que François Cusset étend l'analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d'études américaines à l'université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain à peine un demi-siècle , toujours en cours, dans une perspective d'histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.
HD. Pour rendre lisible notre monde complexe, vous proposez l’hypothèse de sa droitisation. Sur quoi la fondez-vous ?
François Cusset.Le dernier demi-siècle est marqué par un cycle contre-révolutionnaire qui constitue un retournement. Le cycle émancipateur, progressiste du milieu du XXe siècle – décolonisation des deux tiers de la planète, émergence d’une culture jeune, protestations étudiantes et ouvrières, État providence… – a suscité en réaction, dialectiquement, à partir du milieu des années 1970, un retour de bâton de la classe dirigeante, dont les lignes sont variées mais se mêlent. Le capitalisme familial, national et protectionniste, est devenu spéculatif, actionnarial et mondialisé ; l’économie de production est devenue financière et spéculative ; la consommation définit désormais entièrement notre existence individuelle et collective… La fin du bloc de l’Est a ouvert au capitalisme un territoire nouveau, tout en mettant en deuil les tenants des politiques émancipatrices ou progressistes. Le « sud » de la planète a émergé à la fois économiquement et culturellement – pas encore politiquement. Est également survenu le désastre écologique, accélération hyperbolique des ravages produits par le capitalisme. Enfin, la révolution technologique constitue à la fois une immense métamorphose économique et une révolution existentielle rendant nos vies ubiquitaires, virtuelles, à la fois hypersocialisées et totalement individualisées. S’ajoutent les questions identitaires nouvelles : si la « théorie » du « choc des civilisations » relève de la propagande néoconservatrice, des tensions religieuses et ethniques existent. Toutes ces lignes vont dans le même sens : un énorme cran supplémentaire dans l’histoire moderne vers la droite, pas seulement sur l’échiquier politique, mais aussi en termes de valeurs, de modes de vie, de visions du monde et même de pratiques collectives – désormais incarnées par l’équipe de foot, la Manif pour tous, la communauté religieuse ou le réseau social… –, dont sont absentes les formes sociales progressistes du XXe siècle.
HD. Vous analysez ce processus de « droitisation du monde » tout en estimant qu’on peut aujourd’hui se passer des catégories droite-gauche. N’est-ce pas paradoxal ?
François Cusset.À gauche, s’est creusé un abîme entre la gauche de gouvernement, gestionnaire et « efficace », plus austéritaire et sécuritaire que ses homologues de droite depuis la triade Clinton-Blair-Schröder, et une gauche de combat en miettes, prise en étau entre une tentation électorale illusoire, une nostalgie du grand soir et une mobilisation qui ne se reconnaît pas en elle : Nuit debout, Occupy Wall Street, les Indignés… Au sein de la droite classique, deux lignes historiquement en contradiction ont formé une alliance stratégique : la droite des marchés, du libre-échange radicalisé, de la haine de l’État et de la suppression de toutes les barrières à la mondialisation économique, et la droite des valeurs patrimoniales, chrétiennes et identitaires. Sous le prétexte de la « guerre des civilisations », après le 11 septembre 2001, mais cela repose fondamentalement sur la défense des intérêts des classes dirigeantes.
HD. Que devient le rôle de l’État dans ce grand virage ?
François Cusset.La doctrine néolibérale élaborée après guerre lui vouait une haine viscérale. Ensuite, ses tenants et les acteurs économiques sont devenus les meilleurs amis d’un État qui a sauvé le système lors de la crise des subprimes, d’un État austéritaire à l’échelle européenne et d’un État sécuritaire qui, sous prétexte d’état d’urgence, endigue les mouvements sociaux… Ce sont les fonctions mêmes de l’État qui ont changé. Historiquement vouées à protéger, compenser, instruire, égaliser partiellement, elles sont désormais de trois ordres en Occident : présenter aux marchés une administration rentable en supprimant ses fonctions sociales dépensières ; une fonction diplomatico-politique de service aux entreprises ; une fonction militaro-policière, qui va de l’interventionnisme aux quatre coins du monde sous prétexte de lutte antiterroriste à une hypersurveillance généralisée poliçant nos existences.
HD. En quoi le développement de la « biopolitique » est-il une expression de cette droitisation ?
François Cusset.Ce terme, dû à Michel Foucault, désigne le rapport entre les formes de pouvoir politique et les formes de vie à la fois organique, existentielle, morale, normative. La biopolitique a émergé avec la mise en œuvre par les États de politiques natalistes, par exemple, s’insinuant dans des aspects de nos existences qui n’étaient pas de leur ressort. Un siècle plus tard, l’extension du capitalisme se fait dans deux directions simultanées. À la fois vers le plus volatil – la spéculation qui déstabilise l’économie, précarise le travail et sacrifie la production – et vers le plus concret, organique, intime – ces dimensions de nos existences qui ne relèvent pas du domaine de la marchandise, de la vie de « l’âme » à la sexualité en passant par la rentabilisation du temps disponible avec l’ubérisation. En nous incitant à optimiser nos existences, la biopolitique individualise radicalement nos façons de faire et impose des normes, légifère. C’est, en outre, un secteur économique en plein boom. Invention des États, la biopolitique est désormais l’apanage d’immenses multinationales privées – le rachat de Monsanto par Bayer en est un exemple spectaculaire. En fait, trois domaines fondamentaux sont passés de la gauche à la droite. La nation, invention des peuples de gauche et des révolutions du XIXe siècle. Le vitalisme, situé à gauche, et les biopolitiques étatiques progressistes au XIXe siècle (elles étaient en même temps coloniales…), désormais de droite, où la vie doit être rentabilisée. Enfin, la culture : au cycle de l’après-guerre, avant-gardiste, indissociable du changement social et de la déstabilisation des pouvoirs en place, a succédé l’extension de la culture à tous les aspects de l’existence, une industrie devenue le moteur de l’économie mondiale, sphère de loisirs pour oublier les rapports de forces. La lame de fond de la massification de l’accès à l’éducation et à la culture, mais aussi aux droits sociaux, change la donne : créateur et consommateur sont deux fonctions indifférenciées, ce qui va aussi bien dans le sens d’une reprise en main du pouvoir culturel par les gens que dans le sens du nivellement par le bas, du démantèlement des points de repère, sans rien avoir à mettre à leur place…
HD. Que deviennent alors les questions et les perspectives sociales et collectives ?
François Cusset.Les formes de mobilisation collective antérieures ont perdu la plus grande part de leur crédibilité ou de leur efficacité. Et en même temps, il y a du nouveau : les ZAD, les mouvements de quartier, la jeunesse mobilisée pour occuper les places… Ces phénomènes, mondiaux, convergents dans le temps depuis les printemps arabes, sont le signe d’une réinvention des formes de mobilisation, encore minoritaires et réticentes à l’organisation et donc insuffisamment stratégiques. Le mouvement social unitaire, avec ses formes d’organisation traditionnelles, n’a pas d’autre choix, face au moloch de droite, que d’avancer main dans la main avec ces nouveaux combats.
« Droitisation » : le mot a envahi les analyses de la vie politique, souvent dans un cadre franco-français. Dans son dernier ouvrage, « la Droitisation du monde », c’est à l’ensemble de la planète que François Cusset étend l’analyse de cette lame de fond. Écrivain, chercheur en histoire intellectuelle et politique contemporaine, professeur d’études américaines à l’université de Nanterre, il détache son point de vue des seuls cadres nationaux, échiquiers politiques et calendriers électoraux, et met au jour un processus aussi profond que contemporain – à peine un demi-siècle –, toujours en cours, dans une perspective d’histoire et de pensée critiques. Pour le comprendre dans toute son ampleur et, partant, déceler les issues émancipatrices possibles dans un paysage confus et bouleversé. Entretien.
François Cusset est écrivain, historien des idées, professeur à l'université Paris-Ouest Nanterre-la Défense
« LA DROITISATION DU MONDE », DE FRANÇOIS CUSSET, CONVERSATION AVEC RÉGIS MEYRAN, ÉDITIONS TEXTUEL, 2016, 192 PAGES, 15 EUROS.
Un ouvrage de mise au point, selon son auteur dont les travaux portent depuis longtemps sur le tournant néolibéral des dernières décennies, mais aussi sur ses opposants, des mouvements sociaux aux contre-cultures , qui s'attache ici à dénouer les fils du grand virage droitier à l'échelle mondiale initié dès l'aube des années 1970 , entremêlés et composés des diverses facettes de notre présent. Détaillant ce long « retour de bâton », réactionnaire et individualiste, cynique et guerrier, bienveillant et divertissant, il interroge ses reconfigurations et ce que peuvent encore les forces de résistance et d'émancipation. François Cusset a publié, notamment, « French Theory » et « la Décennie : le grand cauchemar des années 1980 » (la Découverte, 2003 et 2006), et dirigé « Une histoire (critique) des années 1990 » (Centre Pompidou-Metz, 2014). Il est aussi l'auteur de deux romans, « À l'abri du déclin du monde » et « les Jours et les jours » (P.O.L, 2012 et 2015).
"Ce budget est dans la droite ligne d’une politique exclusive de l’offre, inefficace et injuste"
jeudi 20 octobre 2016
Le 18 octobre, la loi de finances pour 2017 est entrée en discussion à l’Assemblée nationale.
Pour les députés du Front de gauche, "le grand enjeu de 2017 sera de remettre l’humain au cœur des politiques publiques, avant de satisfaire les « banksters » qui ont pris le pouvoir, les « too big to fail » – « trop gros pour faire faillite » – et « too big to jail » – « trop gros pour aller en prison » – qui nous assassinent. Et si nous ne pouvons que nous féliciter des tentatives pour réparer l’injustice faite aux retraités très modestes, comme nous saluons l’engagement de redonner des moyens humains pour assurer la sécurité, la justice, l’éducation, nous estimons que ce budget est dans la droite ligne d’une politique exclusive de l’offre, inefficace et injuste", explique Nicolas Sansu lors de la discussion générale.
Nous abordons ce soir le dernier budget de la législature, lequel, pour l’heure, ressemble plus à une sorte d’épitaphe des occasions manquées qu’à un étendard de la réussite.
Avec 600 000 chômeurs de plus, avec une industrie fragilisée, avec trop de nos jeunes projetés hors de l’emploi et des apprentissages, avec des retraités et des salariés qui ont vu leur pouvoir d’achat au mieux stagner, au pire reculer, notre pays s’est malheureusement fracturé, abîmé et divisé. C’est le résultat du choix d’une politique d’austérité qui partout en Europe a fait tant de mal ces dernières années – on a oublié que notre pays aurait pu choisir un autre chemin.
Les atouts de la France ne manquent pourtant pas : de merveilleuses capacités d’innovation et de formation, une façade maritime unique, un patrimoine culturel et historique qui résonne partout sur la planète. Alors pourquoi cet échec ? Nous, députés du Front de gauche, estimons qu’il découle de l’alignement inconsidéré sur les exigences du capital financier mondialisé porté par les traités européens. La France, notre belle France, est terne quand elle laisse l’expertise comptable s’imposer face à la pensée politique.
Regardons la réalité : à mesure que l’empire de la haute finance s’étend, les inégalités se creusent, les crises économiques et financières s’enchaînent et les fraudes géantes s’accumulent. Notre monde est devenu complètement dingue. Les 61 personnes les plus riches de la planète possèdent autant que les 3,5 milliards d’êtres humains les plus pauvres. Qui peut raisonnablement penser que ce modèle a un quelconque avenir ?
Faut-il dès lors s’étonner que les conflits, notamment militaires, se généralisent ? Selon le Institute for Economics and Peace, un think tank mondial, seuls 11 pays sur les 162 suivis n’étaient pas en guerre en 2014, ce qui marque une très forte dégradation par rapport à 2007.
L’ennemi, c’est toujours la finance, monsieur le secrétaire d’État, cette finance qui s’est accélérée, qui se joue des règles territoriales, qui pèse sur les peuples avec trop souvent la complicité d’élites politico-administratives, et qui a comme conséquence la montée des haines et des divisions. Près de 1 150 000 milliards de dollars transitent entre les places financières, alors que seulement 40 000 milliards de dollars sont utiles à l’économie réelle, soit vingt-huit fois moins. Sans cesse, le capital financier exige que les travailleurs fassent des concessions salariales et les États des concessions fiscales. C’est la course à qui fera pire.
Le pire, ce sont des dérégulations dans tous les domaines, qu’il s’agisse des traités transatlantiques, le TAFTA et le CETA, ou, pour notre pays, des diktats sur le marché du travail imposés par les lois Macron ou El Khomri. C’est à tout ce système que la France doit s’attaquer. Certes, le combat n’est pas simple, mais au terme de ce quinquennat, voyons si les politiques publiques menées, concrétisées par les politiques budgétaires, auront permis d’avancer.
L’absence d’une véritable taxe sur les transactions financières incluant les mouvements spéculatifs intrajournaliers, l’absence d’une véritable séparation entre banques d’affaires et banques de dépôts, le refus de toucher au verrou de Bercy ou la frilosité à l’égard des dispositifs d’évasion fiscale mis en œuvre par les grandes entreprises auront été autant de rendez-vous manqués. Le cas d’Apple et des 13 milliards dont les États européens ont été littéralement spoliés est exemplaire.
Quant à la politique fiscale menée depuis 2012, l’Observatoire français des conjonctures économiques – OFCE – vient d’en faire le pré-bilan. Et la sentence est claire : un renversement inédit de la fiscalité des entreprises vers les ménages s’est opéré au cours de ces cinq dernières années. Alors qu’en 2012 les entreprises contribuaient à hauteur de 19,8 points de PIB, ce ne serait plus que de 18,9 points en 2017, soit 20 milliards d’euros de moins. Pour les ménages, c’est exactement l’inverse : leur contribution passe de 24,2 à 25,7 points de PIB, ce qui correspond à une hausse 31 milliards d’euros. En outre, l’architecture fiscale reste toujours aussi injuste avec un impôt progressif, l’impôt sur le revenu, qui ne représente que 3,5 points de PIB alors que la TVA a fortement augmenté. Et il ne faut pas oublier la diète imposée par l’État aux collectivités locales, qui a entraîné un accroissement des impôts sur les ménages et accentué le déséquilibre territorial.
Au total, trop de nos concitoyens auront subi une pression fiscale injuste, à commencer par les pauvres, ainsi que les retraités et les classes moyennes, du fait surtout de la TVA. À y regarder de plus près, seuls les plus aisés y ont gagné, profitant des mécanismes d’optimisation. Le patrimoine des 500 Français les plus riches aura progressé de près de 25 % en cinq ans. C’est indécent !
Dans ce contexte, la cure d’austérité promise par une droite qui rêve de parachever la contre-révolution libérale à l’œuvre depuis les années quatre-vingt est une surprime à l’indécence. Pourtant, bien des institutions, des livres et des recommandations appellent à cesser les politiques restrictives et à encourager l’investissement. C’est le cas du FMI – Fonds monétaire international. Toujours selon l’OFCE, en six ans l’investissement public est passé de 4,5 points de PIB en 2010, soit 86 milliards, à 3,2 points de PIB, soit 67 milliards d’euros. Ces orientations, terribles pour les territoires, obèrent l’avenir.
Surtout, le basculement de la fiscalité vers les ménages n’a pas produit les effets escomptés. Comme on pouvait s’y attendre ! Selon les études réalisées, chaque emploi sauvé ou créé par le CICE a coûté entre 287 000 et 574 000 euros : quel gâchis ! Vous souhaitez d’ailleurs l’aggraver en faisant passer le taux de ce crédit d’impôt de 6 à 7 %.
De ce fait, l’impôt sur les sociétés, que le MEDEF nous présente toujours comme le grand Satan, a quasiment disparu, mité par une assiette à gros trous. Il représentera 25 milliards à l’horizon 2018, soit 1,2 point de PIB, un rendement deux fois moins élevé que la moyenne de la zone euro. C’est pourquoi, plutôt qu’une baisse uniforme des taux d’impôt sur les sociétés, les députés du Front de gauche défendent l’idée d’une modulation de la fiscalité des entreprises en fonction de l’utilisation des bénéfices. Une entreprise qui crée de l’emploi, favorise la formation, augmente les salaires, investit dans la production doit être avantagée par rapport à une entreprise qui verse des dividendes. Et, nous le savons, ce ne sont pas les PME ou les TPE qui alimentent la chaudière de la spéculation, elles qui créent de l’emploi et des richesses sur tout le territoire.
Aujourd’hui, l’architecture fiscale, confirmée par ce projet de loi de finances pour 2017, n’est pas suffisamment juste et les niches se multiplient, formant un véritable chenil. Le prélèvement à la source qu’il est prévu d’instaurer fera l’objet d’un débat spécifique. Il pose un problème de confidentialité, car c’est l’entreprise qui viendra collecter l’impôt. Il n’a pas été conçu pour améliorer le taux de recouvrement, lequel s’élève déjà à 99 % : il a surtout vocation à préparer la fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, qui consacrera le financement de la protection sociale non pas par la cotisation sur les richesses créées mais par l’impôt.
Ce nouvel impôt à la source pourrait être un moyen d’améliorer la progressivité des prélèvements, mais aussi le cheval de Troie de cette flat tax si injuste à laquelle rêve la droite. Pour notre part, nous estimons que cette législature aurait dû être celle de la progressivité fiscale, en basculant des impôts injustes tels que la TVA vers l’impôt progressif, qui compterait davantage de tranches. C’est ce que nous proposerons.
Dans le même temps, l’impôt de solidarité sur la fortune – ISF – aurait dû faire l’objet d’une revalorisation, d’un élargissement de l’assiette et d’un déplafonnement. Exonérer Mme Bettencourt de 61 millions d’euros d’impôts, soit plus que le budget annuel de la commune de Vierzon, c’est tout simplement injuste et inefficace.
Mes chers collègues, c’est aussi d’une autre utilisation de l’argent que nous avons besoin, une gestion portée par un véritable pôle bancaire public, et d’une vraie guerre contre l’évasion, la fraude ainsi que l’optimisation fiscales. Chaque année, ce sont plus de 1 000 milliards d’euros en Europe qui sont soustraits aux budgets des pouvoirs publics, dont 60 à 80 milliards rien que pour la France. Comment peut-on encore accepter cela, alors que l’on demande à chacun, à juste titre, d’aller payer son impôt sur le revenu ou sa taxe d’habitation à son centre des impôts ?
Sans doute faut-il se rappeler que le président de la Commission européenne a dirigé l’État où a éclaté le scandale du LuxLeaks, ou que certains anciens commissaires européens fraudent ou se vendent aux établissements bancaires qui jouent avec les paradis fiscaux. Ces liaisons dangereuses d’une oligarchie financière délétère portent d’ailleurs une grande responsabilité dans la défiance des peuples et les divisions et les haines qui en résultent. Avec 1 000 milliards d’euros en Europe, nous disposerions d’une manne pour lancer réellement le plan de transition écologique, porteur d’emplois et de formations, pour une nouvelle ère de solidarité et de paix et pour des services publics de qualité.
Au lieu d’avoir l’œil rivé sur les 3 % de déficit public, au lieu de se soumettre à la domination de la dette établie par les marchés financiers, nous aurions là une espérance pour faire converger les peuples. Comme le dit le Prix Nobel Joseph Stiglitz, il faut rompre avec le « pacte de suicide collectif » préconisé en Europe.
Monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, il peut être tentant de s’en tenir à la discussion du déficit structurel ou conjoncturel. Il peut être sympathique d’ergoter sur un taux de croissance à 1,3 ou 1,5 % – la différence, c’est 4 milliards d’euros, c’est-à-dire moins du dixième des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 en 2015. Il peut être satisfaisant intellectuellement de débattre sur toutes les dispositions du projet de loi de finances, sachant qu’en réalité, le débat parlementaire n’agit en fin de compte que sur 0,5 à 1 % du budget. C’est malheureusement le temps de l’économisme, de l’expertise-comptable, et non du destin collectif.
Pour nous, députés du Front de gauche, le grand enjeu de 2017 sera de remettre l’humain au cœur des politiques publiques, avant de satisfaire les « banksters » qui ont pris le pouvoir, les « too big to fail » – trop gros pour faire faillite – et « too big to jail » – trop gros pour aller en prison – qui nous assassinent. Et si nous ne pouvons que nous féliciter des tentatives pour réparer l’injustice faite aux retraités très modestes, comme nous saluons l’engagement de redonner des moyens humains pour assurer la sécurité, la justice, l’éducation, nous estimons que ce budget est dans la droite ligne d’une politique exclusive de l’offre, inefficace et injuste. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
En réaction aux expulsions débutées aujourd'hui à Calais, rassemblement ce soir 18h devant la mairie de Morlaix et samedi 15h devant la préfecture de Quimper.
« On est bien conscients que la « Jungle » est un lieu où les conditions de vie sont
indignes et inhumaines et que ça ne peut pas durer. Mais on annonce des délais de
démantèlement tellement courts qu'on ne peut pas penser que les droits seront
respectés »
a déclaré à l'AFP Flor Tercero, présidente de l'Association des avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE).
Démantèlement de la jungle de Calais
Aujourd'hui, lundi 24 octobre, commence le démantèlement de la jungle de Calais.
Les modalités du démantèlement, présentées par le ministre de l'intérieur et la ministre du logement comme une opération humanitaire, ont été dénoncées par onze associations qui accompagnent les migrants de Calais dans leur vie quotidienne.
Nous sommes favorables à un accueil de qualité dans les CAO (centres d'accueil et d'orientation) pour les migrants qui en font la demande. Mais la précipitation dans laquelle s'effectue les départs nous inquiète.
Quand au sort réservé aux personnes qui font le choix de tenter le départ vers l'Angleterre, il est tout simplement inhumain. La préfète du Pas de Calais a indiqué que les forces de l'ordre interpelleront tous les migrants qui souhaitent absolument passer en Angleterre et refuseront donc de se rendre dans les CAO. Les réfractaires seront envoyés en centre de rétention. Ce qui signifie qu'ils pourront être renvoyés dans un pays dangereux qu'ils ont souvent quitté dans des conditions dramatiques.
La France doit oeuvrer pour que les demandeurs d'asile qui veulent s'établir en Angleterre y soient accueillis. Elle doit dénoncer les accords du Touquet et éviter un démantèlement qui va provoquer affrontements, répression et dispersion dans le Calaisis des migrants qui ont fait le choix du passage en Angleterre.
Lors du rassemblement qui a lieu le lundi 24 octobre à 18 heures devant la mairie de Morlaix , le collectif des personnes concernées par l'accueil des réfugiés et migrants du pays de Morlaix exprimera sa volonté de voir les migrants respectés dans leur droit de vivre en paix dans le lieu qu'ils ont choisi.
Collectif des personnes concernées par l'accueil des réfugiés et migrants du pays de Morlaix
Les communistes ont manifesté à Paris, samedi, pour que la firme paie les 13 milliards dus à l’Europe.
Apple est familier des attroupements devant ses magasins à chaque sortie d’un nouvel iPhone. Mais ce samedi après-midi, ce ne sont pas des consommateurs qui avaient rendez-vous près de l’AppleStore de Paris Opéra, mais des citoyens venus demander des comptes à la firme, à l’appel du Parti communiste. Motif : le champion de l’informatique et du téléphone mobile l’est aussi de la évasion fiscale à très grande échelle. La Commission européenne a ainsi réclamé cet été la somme de 13 milliards d’euros à la société, en réparation du manque à gagner pour les États généré par le rapatriement de ses bénéfices en Irlande, où elle a échappé en grande partie à l’impôt depuis 1991 grâce à un arrangement passé avec Dublin. « Vu le prix de ses produits, Apple a largement de quoi payer ses impôts. Ces entreprises doivent cesser de se penser au-dessus des lois », fulmine César, un lycéen parisien venu protester contre les pratiques de la multinationale.
Pour une fois, la décision des commissaires de Bruxelles fait l’unanimité chez les manifestants. Mais il faut qu’elle soit suivie d’effet. « L’Irlande refuse de récupérer cet argent. Il est pourtant d’abord dû aux citoyens, explique Nicolas Bonnet-Oulaldj, le président du groupe PCF-Front de gauche au Conseil de Paris. Tous les fiscalistes sont d’accord pour reconnaître que l’impôt pèse davantage sur les ménages que sur les entreprises », tandis que les services publics fournis aux usagers, eux, font les frais de l’austérité. « L’Europe pourrait récupérer cet argent au profit des peuples », poursuit l’élu, qui préconise avec son collègue Jean-Noël Aqua la création d’un « fonds européen » abondé notamment par les milliards d’Apple pour aider les États en difficulté et « l’investissement des collectivités ».
« Les entreprises comme Apple bénéficient des infrastructures publiques, elles doivent aussi les financer », appuie Xavier, retraité de la SNCF vivant à Colombes (Hauts-de-Seine) et qui plaide avec ses camarades communistes pour la fin du « verrou de Bercy », cette obligation d’obtenir l’aval du ministère des Finances avant toute poursuite des fraudeurs. « Les frères Bocquet ont montré dans leur livre (1) que l’évasion fiscale coûte chaque année plus de 1 000 milliards d’euros à l’Europe », ajoute Anne Sabourin, représentante du PCF au Parti de la gauche européenne (PGE). Pour elle, cette question doit être aussi « traitée à l’échelle européenne, avec l’implication des gouvernements ».
Le Parti socialiste d'Espagne a choisi de laisser la droite de Mariano Rajoy revenir au pouvoir. Par peur d'Unidos Podemos, le PSOE s’abstiendra lors du vote de confiance pour laisser la droite, minoritaire, poursuivre sa politique conservatrice.
Le roi d'Espagne a donc entamé ce lundi les consultations avant de confier au conservateur Mariano Rajoy la formation d'un nouveau gouvernement. Il se présentera alors devant le Parlement, où il est assuré d'être investi avec le soutien des 137 députés de son Parti populaire (PP) et des 32 libéraux de Ciudadanos, grâce à l'abstention des 85 élus socialistes.
Sans majorité au Parlement Rajoy aura les mains liées. Le Parti socialiste (PSOE) laisse la droite gouverner mais incarner l'opposition, et ne pas la laisser à l’alliance Unidos Podemos. Mais surtout le PSOE avait le pouvoir de déclencher de nouvelles législatives, les troisièmes, lors desquelles les socialistes risquaient une sacré déroute électorale. "La répétition des élections serait nuisible aux intérêts de l'Espagne et des Espagnols" essaye de se justifier le parti. Le comité fédéral du PSOE, qui fixe la ligne du parti entre les congrès, a pris sa décision après un débat bien ordonné, contrairement aux invectives et aux menaces de la réunion chaotique du 1er octobre, qui a abouti à la démission forcée du secrétaire général du parti, Pedro Sanchez. Celui-ci refusait catégoriquement de laisser le conservateur Mariano Rajoy se maintenir au pouvoir, après un premier mandat marqué par les scandales de corruption, la volonté de limiter l’IVG et des inégalités croissantes. Les socialistes ont pourtant préféré Rajoy plutôt que de risquer un résultat électoral encore plus humiliant qu'en décembre 2015 et en juin 2016. Avec une ligne bien à gauche et sans compromission, l’alliance entre Izquiedra-Unida et Podemos pourrait les dépasser.
Le Parti populaire (PP) avait remporté de peu ces deux derniers scrutins, mais sans majorité absolue et sans alliés. Le PSOE préfère l’opposition et espère des concessions de la droite sans majorité, plutôt que de gouverner fermement à gauche. Malgré le vote de dimanche, certains députés PSOE, notamment les catalans, refusent de se plier à la discipline de parti. "Nous désobéissons, et nous sommes prêts à en assumer les conséquences", a déclaré lundi à la radio leur chef, Miquel Iceta. Ils accusent le PP d'être responsable de la montée de l'indépendantisme et dénoncent le divorce entre les organes dirigeants du parti et les militants, plus favorables au "non à Rajoy". Pablo Iglesias a déclaré dès dimanche soir que "les masques sont tombés", dénonçant la formation d'une "grande coalition" entre les socialistes et la droite.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.