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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 04:40

 

Rencontres départementales du Front de Gauche

 

 

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                                                                              Noëlle Péoc'h et Daniel Ferrenbach 

 

Introduction d’ouverture aux travaux  de l’atelier « Démocratie » - Daniel Ferrenbach

 

Dans son livre : « l’Humain d’abord », le Front de Gauche énonce un certain nombre de propositions pour sortir de la crise du système capitaliste, pour une véritable émancipation des individus, dans une république nouvelle qui implique une intervention populaire permanente.

 

Cela passe par un processus constituant, devant déboucher, à terme, sur une assemblée constituante d’une VIème République. Toutes les actions et toutes les propositions du Front de Gauche s’inscrivent dans ce processus, que nous voulons en lien permanent avec le mouvement social.

Traiter de la refonte des institutions nationales ou, plus généralement d’une nouvelle constitution républicaine, c’est traiter des conditions d’un fonctionnement démocratique d’une société d’hommes et de femmes où les notions de liberté, d’égalité et de fraternité ne s’arrêtent pas à la porte des entreprises, aux guichets des administrations, à l’entrée de l’université ou aux barrières des discriminations.  

Mais cette constitution nouvelle, à laquelle nous aspirons, ne pourra être vraiment démocratique que si l’ensemble de la nation participe à son élaboration. Cela veut dire que ce n’est pas seulement un projet venu d’une assemblée, fut-elle constituante, qui sera soumis à débat dans le pays, mais bien le débat du peuple qui fournira les matériaux et participera de bout en bout à l’élaboration cette constitution.  

Cette proposition est à l’image du Front de Gauche, elle est ouverte à l’implication populaire. Non seulement parce qu’elle touche à notre rapport aux institutions européennes et nationales, mais aussi à celles des institutions locales.  

Dans cet esprit, nous vous proposons d’organiser notre atelier en traitant de la question de la démocratie, à partir d’exemples concrets, examinés sous ses différents aspects, notamment :

 

  • droit fondamental

  • institutionnel

  • économique

  • social

  • culturel

  • écologique

 

Sous ces différents aspects, nous pourrions par exemple, examiner :

 

- l’eau un bien public universel et les DSP: droit à l’eau, son prix, sa nécessité sanitaire, sa place dans notre culture, sa dimension écologique, l’emprise des multinationales, etc.

- l’affaire « Doux » et l’avenir de la filière avicole : les aides publiques, l’emploi, quelle maîtrise de la filière avicole, l’autogestion, le rôle possible des comités d’entreprises, des élus locaux, les conséquences de la PAC, etc.

- la transition énergétique, le projet d’usine à gaz: le droit à l’énergie, le respect de l’environnement, les énergies propres et renouvelables, les coûts pour les usagés et les collectivités, énergie – développement économique – emplois, etc

- élections municipales et démocratie locale: le droit de vote pour tous, démocratie participative, élaboration collective des projets, conseil municipaux de quartier, fonctionnement des municipalités, les compétences des fonctionnaires territoriaux au service de la démocratie locale, respect des droits des fonctionnaires territoriaux, l’apprentissage de la démocratie à l’école – dans la vie associative – dans les quartiers, etc

- la solidarité internationale, la Paix et les collectivités locales

- du national au local, les associations de solidarité internationale, les jumelages, les projets économiques spécifiques, liens avec les populations immigrées ou issues de l’immigration, le mise en valeur des différents apports culturels, etc.

- manque de démocratie dans les décisions relatives à l’armement et au désarmement, aux engagements militaires extérieurs, comme au manque de démocratie à l’égard des militants anticolonialistes et anti-impérialistes.

- ou autre sujet…

 

Ainsi, chaque sujet nécessite un examen approfondi sous ses différents aspects. Pour cela il existe grosso modo deux grandes manières de procéder. La plus courante est celle qui nous est servie chaque jour par la plupart des élus, des journalistes et de leurs experts en tous genres. C'est-à-dire ceux qui sont censés connaitre les problèmes et les bonnes solutions, à tous les niveaux, y compris au niveau local. Cela bien sûr au nom de la légitimité des élus issus du suffrage universel.

La seconde est celle qui consiste à élaborer les projets avec les intéressés eux-mêmes, par le dialogue, la transparence, le partage et une conception du service public qui soit une véritable restitution de services AU public. Ce qui suppose non seulement de mieux utiliser les moyens démocratiques existants, mais aussi de créer, d’inventer avec les intéressés eux-mêmes, les formes de concertation, de participation, de co-élaboration correspondant à chaque problématique, à chaque projet, en tenant compte de leur importance à l’échelle d’un territoire, d’une branche d’activité ou d’un domaine culturel.

 

Ceci étant posé, et si vous en êtes d’accord, nous pourrions organiser notre atelier de la manière suivante. Noëlle PÉOC’H tiendra le rôle d’animatrice, assistée par Jean-Louis GRIVEAU. Yves Jardin fera la restitution.

 

015016

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 07:29

Capitalisme, Science et Humanité

 

Capitalisme, libéralisme, économie de marché.

Comment les banques ont entraîné les Etats dans leur chute.

Quelles conséquences sur les sciences: Notre humanité en danger!

 

Conférence/ débat

 

Mardi 9 avril 2013- 20h30

Espace du Roudour - Saint Martin des Champs

Entrée: 5 euros - billeterie au 02 98 15 20 90

 

Avec:  

Jacques Testart

biologiste, directeur de recherche honoraire à l'INSERM, président de la fondation SCIENCES CITOYENNES. 

Testart

 

Paul Jorion

Anthropologue, sociologue, spécialiste de la formation des prix

Paul Jorion 07 par Quentin Caffier

 

Débat animé par

Agnès Sinaï,

Journaliste indépendante (Monde diplomatique, La Revue Durable, Entropia...), maître de conférence à Science Politique Paris, co-fondatrice de l'Institut Momentum.

 

Cette soirée annonce le Forum Economie Responsable FER

qui aura lieu les 19 et 20 Octobre 2013 à l'Auberge de Jeunesse de Morlaix.

 

Organisé par:

 

ATTAC

adess pays de Morlaix

CPIE pays de Morlaix-Trégor

RESAM

 

en partenariat avec:

 

Bretagne Durable

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 07:22

Article de l'Humanité.fr:

 

Bis repetita. Après la journée d'action du 5 mars dernier, les trois organisations syndicales allient leurs forces pour manifester contre l'accord national interprofessionnel (ANI) de sécurisation et flexibilité de l'emploi, dont la transposition dans un projet de loi sera examiné ce jour-là à l'Assemblée nationale.

Les deux centrales non-signataires de l'ANI qui a été paraphé par le Medef, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, et Solidaires, ont toutes trois appelées ce mardi à se mobiliser dans quinze jours contre ce projet de loi qui sera examiné au Parlement en procédure d'urgence -une seule lecture dans chaque chambre- et après le vote de l'Assemblée, il sera en débat au Sénat.

Rencontres avec les parlementaires

"Pour la CGT, le changement de cap en matière de politique d’emploi et de garanties sociales pour les salariés est d’une absolue nécessité. C'est pourquoi, après la forte mobilisation du 5 mars qui a réuni 200.000 manifestants, la CGT appelle l'ensemble des salariés du privé comme du secteur public, des retraités et des privés d'emploi, à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le 9 avril" pour "empêcher la transposition dans la loi du contenu de l'accord du 11 janvier", indique la centrale dans un communiqué.

Cette dernière explique en parallèle poursuivre "les rencontres avec les parlementaires dans les tout prochains jours afin de leur démontrer la nocivité de l'accord pour les salariés et son inefficacité en matière économique."

Régression

Dans un communiqué, Force ouvrière "appelle ses structures et militants à participer aux rassemblements et actions qui auront lieu le 9 avril" et estime que "l'accord du 11 janvier, comme le projet de loi actuel, constituent une régression des droits sociaux".

FO poursuivra aussi ses "démarches auprès des parlementaires".

L'union syndicale Solidaires appelle également dans un communiqué salariés et chômeurs à "participer massivement" à la journée d'action du 9 avril : "Il s'agit d'amplifier et d'élargir la mobilisation après la réussite de la première étape du 5 mars pour montrer notre détermination au gouvernement", indique Solidaires dans un communiqué.

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 07:15

 

Ce n'est pas le laborieux exercice de justification de ses choix politiques auquel s'est livré ce soir le Président de la République qui peut convaincre le pays. Tout le monde voit que l'austérité mène à l'échec ici comme dans toute l'Europe. Mais le Président persiste et signe. Pire, il annonce une année 2013 de hausse continue du chômage, un nouvel allongement de la durée de cotisation des retraites, et sur l'Europe il propose d'aller plus vite dans les sanctions infligées aux peuples en prenant Chypre comme exemple !

Les mots de François Hollande sont restés totalement déconnectés des urgences sociales et des solutions nouvelles nécessaires. Rien de ce que nous avons entendu n'est de nature à rassurer les Françaises et les Français qui souffrent et ont plus que jamais besoin du changement pour lequel ils ont voté.

Il a vanté l'accord sur l'emploi signé par le Medef et trois organisations syndicales minoritaires en continuant à masquer les graves reculs des droits sociaux qu'il contient. Alors que débute dans 4 jours à l'Assemblée nationale la discussion sur ce projet majeur, on attendait du Président qu'il s'explique ! Rien de cela. Résultat, on s'apprête à faciliter encore les licenciements alors que le niveau de chômage bat tous les records !

Puisque le Président de la République ne veut rien changer à sa politique, rien entendre de la colère qui monte, j'appelle, au nom du Parti Communiste Français et du Front de Gauche, les forces du changement à entrer massivement dans l'action pour exiger un changement de cap, pour dire stop aux politiques d'austérité, stop aux licenciements, stop à la casse du code du travail et des services publics.

La semaine prochaine dans tout le pays, nous irons à la rencontre des salariés pour dénoncer les dangers du projet de loi gouvernemental sur l'emploi et demander le vote de la proposition de loi que nous avons déposée pour interdire les licenciements boursiers. La journée d'action syndicale interprofessionnelle du 9 avril a tout notre soutien. Elle doit être le prochain grand rendez-vous de la mobilisation populaire.

 

Déclaration de Pierre Laurent.

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 17:17

Michel Madec, un carhaisien engagé ruiné par un rachat de crédit immobilier en crédit revolving,  est en grève de la faim depuis le 6 mars pour dénoncer le fait que le CMB Arkéa le prenne à la gorge et menace de l'expulser de chez lui.

C'est rare que les personnes que l'on fait sombrer dans des situations de surendettement se révoltent ainsi et alertent publiquement sur leur situation et l'indignité des banques qui les poursuivent sans considération humaine alors qu'elles font tant de fric à travers le crédit.  

Bravo à Michel Madec pour son obstination et aux morlaisiens qui ont créé un collectif de soutien.

Nous sommes de tout coeur avec vous pour exiger l'annulation des intérêts,des frais d'interventions et autres frais divers,des 800 000 surendettés de France ! NON au vol manifeste, mais légal ... des services recouvrement de tous les créanciers privés,publiques ou "semi privés" !!!

A lire sur le sîte Bellaciao où l'on peut trouver le lien avec la pétition:

 

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article134031

 

PETITION MICHEL MADEC. Plus de 1450 signatures. Le combat continue !!!
LA SIGNATURE EN FIN D’ARTICLE

(Pétition) Aff. MADEC c/ CMB : LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE REGION ET AUX ELUS DE BRETAGNE (videos)

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(Des quatre coins de France et de Navarre, le 15 mars 2013)

LETTRE OUVERTE à MONSIEUR le PRÉSIDENT du CONSEIL RÉGIONAL de BRETAGNE et à Mesdames et Messieurs les ÉLUS de BRETAGNE,

Monsieur Le PRÉSIDENT,

Mesdames, Messieurs les ÉLUS de Bretagne,

Très certainement vous avez été alertés par les médias. France3 Iroise vient d’y consacrer un reportage assez substantiel en introduction de son 19/20.

Un homme est en train de RISQUER sa VIE parce qu’un Banquier a décidé de lui laisser le choix entre la RUE et la MORT.

Cet homme qui, pour le CRÉDIT MUTUEL de BRETAGNE –ARKEA n’est qu’un numéro de dossier « Contentieux », nous le connaissons, il habite CARHAIX, il fut de tous les combats pour sauver l’hôpital public de cette ville, entre autre,

il s’appelle MICHEL MADEC

Un des membres du Comité de Soutien que nous animons afin, notamment, que la BRETAGNE ne soit pas, comme l’Andalousie ou la Catalogne ou d’autres encore en Europe, une terre où les suicides des victimes de la « Finance »…(le « seul ADVERSAIRE » de l’actuel Président de la République) sont désormais plus nombreux que les offres d’emplois, laissait hier un message sur France INTER ou il affirmait :

« Michel Madec survit à Carhaix en Bretagne. Il s’est endetté pour un appartement avec de faibles moyens puis il s’est trouvé dans le rouge et le Crédit Mutuel de Bretagne lui a donné la solution : un prêt relais avec remboursement différé du Capital. Maintenant la banque parle d’expulsion. Il faut faire vite ! »

OUI, il y a URGENCE – notre ami Michel entame son 11ème jour de grève de la faim.

C’est pourquoi nous vous alertons, par toutes les voies possibles.

Michel n’est pas un « illuminé », un « zozo ». Il s’est battu, avant d’en arriver là, par toutes les voies légales et non-violentes à sa disposition. En vain. La violence du système à son égard, aujourd’hui, il a choisi de la retourner contre soi-même pour pousser un cri, celui de David contre Goliath.

ENTENDEZ-LE !

Le CRÉDIT MUTUEL, comme d’autres établissements dit coopératifs, (malgré des activités bancaires identiques à ses concurrents – puisqu’ainsi en a décidé le législateur) explique sa spécificité dans des publicités où l’on peut lire :

« Crédit Mutuel, la banque à qui parler" n’est pas qu’une simple formule. Cette phrase traduit profondément notre différence, une banque ouverte au dialogue, à votre écoute, à votre service. Une attitude issue directement des valeurs fondatrices du Crédit Mutuel. Les valeurs de la banque qui va avec la vie. »

Est-ce aujourd’hui en lui prenant son toit que le CMB et la BDF entendent mettre en œuvre ces « valeurs » ?

Nous savons que le CMB est présent dans les diverses procédures d’investissement en Région. Quels liens unissent la région Bretagne et le CMB.

La situation de Michel MADEC, situation dont il n’est pas responsable, nous impose cette intervention que nous rendons publique, (et nous informerons des réponses et des actes des uns et des autres).

Car finalement, que réclame notre ami ?

Après avoir été désorienté par des professionnels qui ont, semble-t-il, fait preuve de « légèreté »… dans leur "devoir de conseil", lui dont la finance n’est pas « le monde », il souhaite avoir le droit de vivre, au sens strict, sans l’angoisse permanente d’un harcèlement intolérable, dans la dignité minimum d’avoir encore un toit, même si c’est un toit de pauvre.

Vivons-nous dans un pays où vraiment tous les combats du Conseil National de la Résistance, inscrits dans le Préambule de la Constitution de 1946, intégrés à la Constitution de 1958, seront bafoués, trahis, abandonnés ?

« La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

A une époque où l’on parle de « droit au logement opposable », après l’épisode des « tentes de Don Quichotte », alors que récemment encore Mme la Ministre Cécile DUFLOT en appelait publiquement à signaler les logements vacants pour les réquisitionner… on jetterait dehors, sur le trottoir, des gens comme Michel MADEC, pour quelques poignées d’euros (car à l’échelle d’une banque on parle de cela) ?

Le pays de l’Abbé Pierre aussi, pour qui le droit au toit était le premier droit humain, un combat de chaque instant, sans lequel il n’y a plus ni dignité ni vie de famille ni droits politiques envisageables ?

Il disait exactement : « Quand il n’y a plus de toit, il n’y a plus de droit ». C’est TOUJOURS VRAI.

Monsieur Le PRÉSIDENT DE RÉGION Mesdames et Messieurs les ÉLUS bretons,

Si une certaine presse tente de poser une chape de plomb sur le drame, non pas seulement individuel, isolé, mais symbolique de milliers d’autres drames similaires qui se jouent chaque jour, nous voulons croire que vos interventions feront comprendre à M.DENIS et aux directions du CMB-ARKEA, ainsi qu’à M. Michel LUCAS qui préside le GROUPE Crédit-Mutuel-CIC, un fait incontournable :

En persistant dans une attitude provocatrice et donc en portant la lourde responsabilité d’avoir à rendre compte de leur implication dans la disparition de Michel MADEC, ils auraient à justifier devant l’opinion, devant leur clientèle, et d’autres devant leurs électeurs… d’un comportement qui méprise l’humain, sa vie et ses valeurs, où l’irresponsabilité le dispute à la cupidité et à l’âpre appât du profit.

On ne dépouille pas les gens de leurs toits "comme ça" quand on affiche une prétention "mutualiste" et qu’on appartient à un groupe qui a des milliards de capitaux propres et des centaines de millions de chiffre d’affaires.

Maintenant, personne, aucun d’entre vous ne pourra dire « Nous ne savions pas, nous ne pensions pas que .... » etc.

Michel, comme d’autres, a mis sa vie dans la balance, dernier recours pacifique pour défendre son droit au toit ; mettez votre courage politique dans le plateau d’en face.

Nous mettons, nous, la force de notre amitié, de notre fraternité, de notre solidarité, pour certain-e-s, nos combats, au nom de tous les Michel Madec, de France et d’Europe, pour voir enfin la finance remise au pas, et le surendettement éradiqué.

Croyez, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ÉLUS Bretons, en nos respectueuses salutations, et que chacun prenne désormais ses responsabilités.

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L'entretien avec Michel Madec sur France 3 IROISE:

 

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 16:30

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Le 19 mars 1962: la fin de la guerre d'Algérie?

Pour la première fois cette année, le 19 mars est devenu la date de commémoration officielle de fin de la guerre d'Algérie. Cela grâce à Hollande et aux parlementaires de gauche qui ont donné droit à une vieille revendication des anciens appelés d'Algérie, regroupés principalement dans la FNACA, qui voulaient que cela soit la date de la fin des combats militaires et du début du retrait du contingent qui soit choisie: le 19 mars 1962, jour des accords d'Evian.

 

Le 19 mars, la France célèbre le retour à la paix après tant de sacrifices, tant de brutalités, tant de souffrances, de vies saccagées ou traumatisées.  

Et c'est ce qui ne plaisait pas aux pieds noirs, pour qui le calvaire allait vraiment commencer, aux descendants de harkis, aux nostalgiques de l'Algérie française et à l'armée de métier, qui ne s'est pas remise d'avoir perdue politiquement une guerre qu'elle croyait avoir presque gagnée militairement, nouvelle humiliation après la défaite en Indochine après laquelle elle s'était jurée de prendre sa revanche.

 

Les Algériens célèbrent plutôt l'anniversaire du 1er juillet 1962, date effective de l'Indépendance, les pieds noirs et les descendants de harkis savent que pour eux la guerre n'étaient pas finie au 19 mars 1962 et que cette date a coïncidé avec un tournant fatal du conflit.

De fait, le 19 mars 1962, c'est surtout la date des appelés en Algérie, jeunes français nés entre 1932 et 1943 et effectuant de l'autre côté de la Méditérranée une conscription militaire très "spéciale" pendant deux ans environ, appelés du contingent qui ont été plus de 2 millions à combattre dans une guerre qui ne disait pas son nom, que l'on désignait pudiquement d'"évènements" en Métropole ou que l'on qualifiait de "pacification", mais qui a fait quand même 20000 tués (près de 30000 selon certaines sources, dont la FNACA) et 40000 blessés dans l'Armée Française en sept ans de 1955 à 1962, selon les recensements rendus officiels au moment des accords d'Evian. A la fin de la guerre, il y avait à peu près 500 000 appelés en Algérie.

 

C'est en 1956 que Guy Mollet a rappelé les disponibles, les garçons qui avaient déjà fait leur service militaire, et fait passer le service de 12 à 18 mois, puis à 24, en violation complète du mandat reçu par la majorité parlementaire de gauche en 1955, que la population avait plutôt missionné pour faire la paix en Algérie.

 

Le bilan de cette guerre est très lourd.

9000 français de souche ont été tués directement au combat par les résistants indépendantistes algériens, 4500 ont été tués dans des accidents (erreur de manipulations d'armes, tir à l'aveuglette, erreur de cible, accidents de la route...).  Les autres tués de l'Armée Française au 19 mars 1962 sont les légionnaires (2000), les musulmans (plus de 2000). Les victimes civiles françaises du conflit au 19 mars 1962 représentent autour de 3600 morts, mais il y en aura beaucoup d'autres après le 19 mars.

Du côté de l'Armée de Libération Nationale Algérienne, il y a eu selon l'armée française autour de 141 000 rebelles tués.

Avec les civils musulmans tués par le FLN, le MNA ou par l'armée française, le total des Algériens Musulmans tués au 19 mars 1962 s'éleverait selon les chiffres français à 243 378 morts. Le FLN, à son congrès de Tripoli de juin 1962, livra une évaluation beaucoup plus haute qui longtemps fit force de loi: "Un million de martyrs sont tombés pour la cause de l'indépendance de l'Algérie", et près de 300 000 orphelins, trois millions de déplacés. 

 

Le 19 mars, le cessez-le-feu est proclamé en Algérie avec la conclusion des accords d'Evian. Ceux-ci reconnaissent pour la première fois la réalité de la guerre au moment où l'on signe sa fin: "Un cessez-le-feu est conclu. Il sera mis fin aux opérations militaires et à la lutte armée sur l'ensemble du territoire algérien le 19 mars à 12 heures". Et encore: "Les citoyens français d'Algérie auront une juste et authentique participation aux affaires publiques. (...) Leurs droits de propriété seront respectés. Aucune mesure de dépossession ne sera prise à leur encontre sans l'octoi d'une indemnité équitable préalablement fixée". "A Evian, explique Benjamin Stora dans son Histoire de la guerre d'Algérie 1954-1962 (Repères, La Découverte, 1993), les négociateurs du GPRA ont fait quelques concessions concernant le droit des Européens (double nationalité pendant trois ans, puis option pour la nationalité algérienne, ou un statut de résident étranger privilégié), le régime du Sahara (droit de préférence pour la distribution des permis de recherche et d'exploitation par les sociétés françaises pendant six ans, paiement des hydrocarbures algériens en francs français) et les bases militaires (Mers el Kebir reste à la France pour une période de quinze ans et les installations du Sahara pendant cinq ans). En contrepartie, la France se déclare disposée à apporter son aide économique et financière à l'Algérie indépendante"...

 

En réalité, la signature des accords d'Evian ne marque pas dans les faits la fin de la guerre en Algérie.

La guerre franco-française entre l'OAS, l'armée ou les représentants de l'Etat, guerre dont sont victimes aussi beaucoup de civils français ou musulmans favorables à l'indépendance algérienne, se poursuit: un peu en France mais surtout en Algérie.

Déjà, entre le 15 et le 28 janvier 1962, il y avait eu 73 attentats en France, puis l'attentat début février contre l'immeuble d'André Malraux qui avait coûté la vue à une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, succédant à un attentat contre Jean-Paul Sartre, avait suscité en retour l'énorme manifestation de gauche contre l'OAS (500 000 manifestants) et le danger fasciste des radicaux de l'Algérie Française, qui s'était soldé à cause de la répression brutale de la police de Papon par les 9 victimes du métro Charonne: 8 morts le jour de la manifestation et 1 à l'hôpital des suites de ses blessures, dont 3 femmes. C'était le 8 février 1962. Tous étaient militants de la CGT et huit du Parti Communiste. 1 million de personnes se sont rassemblés pour leurs funérailles quelques jours après, dans une démonstration impressionnante de douleur et de sympathie.

   

Avant le 19 mars 1962 et après, des ratonnades et les exécutions de musulmans s'effectuent dans les grandes villes algériennes, dont les quartiers européens sont majoritairement acquis à l'OAS et en révolte contre l'armée loyaliste. Ainsi, l'écrivain et ami de Camus, Mouloud Feraoun, est tué le 15 mars 1962 par l'OAS ainsi que 5 autres dirigeants de centres sociaux éducatifs. Dans son journal, il écrivait le 28 février: "Depuis deux jours, je suis enfermé chez moi, pour échapper aux ratonnades..." (Benjamin Stora, opus cité, p. 75). En avril 1962, c'est la guerre civile franco-française dans les villes algériennes: les plasticages, mitraillages, enlèvements, exécutions prennent une cadence infernale. Les blindés et les avions attaquent des immeubles européens tandis que l'OAS et ses partisans organisent des chasses à l'homme contre les musulmans et des exécutions ciblées. "A la fin du mois d'avril, une voiture piégée explose dans un marché, très fréquenté par les Algériens, en ce moment du Ramadan. C'est une première du genre (le 2 mai, le même procédé, une voiture piégée, qui explose dans le port d'Alger, fait 62 morts et 110 blessés, tous musulmans). En mai, à Oran, quotidiennement, 10 à 50 Algériens sont abattus par l'OAS. La férocité est telle que ceux qui habitent encore des quartiers européens les quittent en hâte". Cette escalade de violence de l'OAS s'effectue dans un contexte desespéré pour les partisans de l'Algérie Française: Salan, Jouhaud sont arrêtés; à partir de la fin mai 1962, 8000 à 10000 pieds noirs quittent l'Algérie chaque jour. 

 

En juin 1962, la plupart des pieds noirs cherchent à embarquer pour se refugier en France. Dans les semaines avant mais surtout après l'Indépendance de l'Algérie à partir d'août 1962, entérinée par rérérendum le 1er juillet 1962 (6 millions d'électeurs répondent "oui" à la question "Voulez-vous que l'Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par la déclaration du 19 mars 1962?", 16534 répondent "non"), des dizaines de milliers de supplétifs musulmans de l'armée française, les harkis, abandonnés par de Gaulle et l'Etat français qui s'est servi d'eux pour donner corps au mythe de la pacification et du soutien musulman, sont exterminés dans des conditions terribles. Mr Mesmer et Michel Debré, premier ministre, ordonnent la mise aux arrêts des officiers qui ont malgré les consignes permis à des compagnies de harkis de rentrer en France, où ils seront parqués dans des camps pendant des années.  

Beaucoup d'entre eux ont combattu pour la France plus ou moins contraints par l'armée française, leurs chefs de village, ou par la nécessité de se protéger ou de prendre sa revanche après des violences du FLN. C'est souvent moins par patriotisme français ou algérien qu'à l'issue de micro-histoires locales et familiales marquées par l'engagement dans les régiments tirailleurs maghrébins pendant la guerre de 39-45 puis la guerre d'Indochine, par la conscription forcée, par la violence, la  misère et la spoliation, que les paysans musulmans s'engagent aux côtés des fellaghas indépendantistes ou de l'armée française. Un rapport transmis à l'ONU estime à 263 000 hommes le nombre de musulmans ayant combattu dans les unités supplétives de l'armée ou groupes d'autodéfense, sachant que beaucoup ont aussi fait défection avant la fin de la guerre.

 

En tout cas, si de Gaulle, par lucidité et sous la pression internationale et intérieure,  a pu engager l'Algérie sur la voie de la décolonisation après avoir promis de la maintenir dans le territoire français, c'est en grande partie grâce aux appelés qui n'ont pas suivi leurs officiers quand ceux-ci ont voulu désobéir au pouvoir civil de métropole et installer un pouvoir militaire en Algérie, pour pratiquer la guerre à outrance afin d'éliminer définitivement la résistance indépendantiste. C'est pourquoi, beaucoup d'appelés ont été choqués que l'on réintègre du temps de Mitterrand, en 1983, les officiers supérieurs félons et extrêmistes de l'OAS dans leur grade, droits et privilèges, après qu'ils aient déjà été grâciés, amnistiés. Cette même OAS qui, à la fin de la guerre d'Algérie, avait envisagé de prendre en otage les appelés pour établir un rapport de force avec la République.    

 

Pourquoi cette escalade de violence?

Quand la Guerre d'Algérie éclate sans qu'on le réalise vraiment avec les attentats de la Toussaint, le 1er novembre 1954, la France vient de se faire humilier en Indochine (défaite de Diên-Biên-Phu en mai 1954).

 

Sur une guerre qui a fait au total 500 000 morts entre 1947 et 1954, l'armée française a perdu 60000 hommes en Indochine  sur un corps expéditionnaire de 250000 hommes. La France n'est aucunement prête à accorder son indépendance à un territoire qui est constitué de 3 départements français, où vivent un million d'européens installés là souvent depuis des générations à côté et parmi neuf millions d'Algériens musulmans qui sont des citoyens de seconde zone, votant dans un collège électoral séparé, ayant des salaires vingt-huit fois inférieur aux Européens, un accès aux postes de la fonction publique très réduit (8 fonctionnaires musulmans sur 2000 du gouvernement général d'Algérie), un taux de scolarisation très faible (15% des enfants musulmans sont scolarisés: on compte un étudiant européen pour 227 habitants européens, un étudiant musulman pour 15342 habitants musulmans).

 

Malgré de nombreuses exemples de coexistences pacifiques et fraternelles entre communautés, la violence est déjà présente dans les relations sociales, les inégalités très importantes de statut et de condition entre arabes et kabyles d'un côté,  pieds noirs européens de l'autre, même si, comme on le dit fréquemment et à juste titre, ces derniers étaient en majorité, non de riches exploitateurs, mais des travailleurs honnêtes aux revenus modestes.

 

La barbarie, le désir de libération et de revanche sont inscrits dans l'histoire de la colonie algérienne.

C'est en 1830 sous Charles X que l'armée française rentre à Alger mais les combats, féroces et déjà marqués par une dimension d'extermination des rebelles, se poursuivront jusqu'en 1844. Lamartine ne s'y trompait pas, qui disait dans un discours sur la colonisation d'Alger à la chambre des députés le 11 juin 1836: "La colonisation par soi-même consiste à exterminer un peuple pour y implanter un peuple nouveau... Ce système, la Chambre a jugé et jugera de jour en jour de ce qu'il coûte en hommes et en sang... Vous comprendrez que pour dix mille cultivateurs que vous aurez amené là, vous serez obligés d'avoir quarante mille hommes toujours sous les armes. Voilà la vérité: chaque épi vous coûterait un homme et du sang; la colonisation, de cette manière est impossible, je dis plus, elle serait atroce". 

En 1871-1872 encore, la révolte d'El Mokrani est réprimée avec une violence terrible: les terres sont confisquées et distribuées à des milliers d'Alsaciens et Lorrains fuyant l'annexion prussienne.

Plus proche de nous, le péché originel de la quatrième République: le 8 mai 1945, à Sétif, des drapeaux algériens sont brandis lors du défilé célébrant la fin de la seconde guerre mondiale. La police tire: s'ensuit une émeute qui fait 103  morts chez les européens et une centaine de blessés et mutilés. La répression est odieuse: le général Duval qui l'organise parle de 7500 victimes algériennes, mais le consul américain et le parti populaire algérien parlent eux plutôt de 40000 victimes. Le général Duval prévint alors: "Je vous ai ramené la paix pour dix ans mais si vous ne changez pas le statut de l'Algérie ça recommencera".  

Cette action violente, meurtrière, criminelle, de la France en Algérie depuis 1830 n'est sans doute pas pour rien dans la forme extrêment sauvage et cruelle que va prendre la guerre d'Algérie, cette violence irriguant d'ailleurs ensuite également l'histoire contemporaine de l'Algérie.    

 

Après les attentats de la Toussaint, dès novembre 1954, c'est la fuite en avant: des colonnes de blindés, des bataillons de paras déferlent sur les Aurès.

C'est déjà la guerre.

Le 31 mars 1955, à la demande du gouverneur Jacques Soustelle, l'Assemblée Nationale vote l'état d'urgence, qui renforce les pouvoirs de l'armée dans la zone des Aurès et autorise le regroupement des populations "contaminées" dans des "camps d'hébergement". Après le soulèvement du Constantinois en août 1955, la France rappelle 60000 réservistes et décrète le maintien sous les drapeaux de 180000 libérales. Le contingent s'ajoute désormais aux bataillons de CRS, de gendarmes, de légionnaires, pour mener une véritable guerre. Le 2 janvier 1956, c'est la victoire d'un Front républicain (socialistes et radicaux) aux élections législatives, où les communistes gagnent 50 sièges: ce n'est pas un plebiscite pour la fermeté en Algérie, loin de là. Et pourtant, Robert Lacoste, nommé résident en Algérie par Guy Mollet, dépose le 9 février 1956 un projet de loi "autorisant le gouvernement à mettre en oeuvre en algérie un programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme administrative, et l'habilitant à prendre toutes mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire". Le 12 mars, est votée avec l'appui du PCF cette loi sur les "pouvoirs spéciaux" qui suspend la plupart des garanties de la liberté individuelle en Algérie.  Pendant qu'il engage la décolonisation de l'Afrique Noire avec les lois cadre Deferre et qu'il instaure la troisème semaine de congés payés chez Renault, le gouvernement intensifie la guerre en Algérie peu après que l'indépendance ait été accordée au Maroc et à la Tunisie.      

 

A partir de janvier 1957, Alger est livré aux paras de Massu et Bigeard qui quadrillent la casbah et ont tous les pouvoirs pour la vider des sympathisants et militants du FLN. La torture est pratiquée systématiquement: les prisonniers "suicidés" ou exécutés, pour nombre d'entre eux, une fois qu'ils ont parlé. 3000 personnes disparues à Alger en quelques mois: la ville est nettoyée avec les méthodes les plus inhumaines.

 

Le directeur de L'Alger Républicain, Henri Alleg, un communiste passé dans la clandestinité pour ne pas être arrêté par les paras, est arrêté le 12 juin 1957 et séquestré à El-Biar dans la banlieue d'Alger pendant un mois entier, où les paras et policiers lui infligeront toutes sortes de tortures sadiques. Henri Alleg tirera de cette expérience terrible un livre de témoignage à valeur universelle, La question, qui paraît en France aux éditions de Minuit en janvier 1958, révélant au grand public l'ampleur et la gravité du phénomène de la torture, dont sera aussi victime avant d'être exécuté un ami de Henri Alleg, communiste lui aussi, le mathématicien Maurice Audin.

 

Dès le printemps 1957, la CGT et les communistes deviennent très critiques en France par rapport à la guerre d'Algérie alors qu'en Algérie, beaucoup de communistes, notamment des juifs, soutiennent clandestinement la rebellion au risque de leur vie.

 

Benoît Frachon, au 37e Congrès de la CGT à Evry au printemps 1957, dit ainsi:

"... Depuis 1946, notre pays n'est pas sorti des guerres coloniales, sanglantes et ruineuses. Il y a actuellement, un million deux cent mille hommes sous les armes. La moitié est composée de soldats de métier. La guerre d4Algérie coûte un milliard et demi par jour. Elle n'est pas menée dans l'intérêt de la classe ouvrière, ni dans l'intérêt de la France. Nous la rencontrons sur notre route chaque fois que nous luttons pour nos revendications, chaque fois que des impôts nouveaux s'abattent sur nous...".

 

Ce n'est pas encore une défense de l'indépendance pour elle-même... D'ailleurs, le PCF n'appelle pas à l'insoumission même si, de fait, les appelés qui refusent de combattre et diffusent de la propagande anti-guerre sont souvent communistes, notre ami Jean Dréan de Plouigneau en sait quelque chose, lui qui a payé son audace anti-guerre d'un emprisonnement de plusieurs mois.

 

En juillet 1957, une grenade est lancée sur le siège du Parti Communiste à Brest, qui prolonge la maison des syndicats, car le PCF fait désormais campagne contre les pouvoirs spéciaux et pour la paix en Algérie, par le biais de l'autodétermination. Il y avait chez les militants communistes une solide tradition anti-guerre coloniale puisque, en, dépit des évolutions et de l'ambiguïté de leur parti pendant la guerre d'Indochine, ils s'étaient largement engagé, en 1952 notamment, pour la libération d'Henri Martin et la paix au Vietnam.

 

L'Algérie va surtout faire l'objet d'une mobilisation de masse des communistes à partir de janvier 1960, pour réclamer la paix et la négociation et défendre la République contre les militaires factieux. Le 1er février 1960, 10 millions de travailleurs sont en grève sur le plan national pour la défense des libertés démocratiques et républicaines, pour qu'un terme soit mis à l'insurrection. Dans le Finistère, il y a des milliers de manifestants, et 90% des travailleurs font la grève à Brest!  

 

En juillet 1960, un meeting pour la paix en Algérie organisé par les syndicats (CGT, CFTC, FO, FEN, SGEN...) regroupe à Brest 2000 personnes. On y réclame le cessez-le-feu et la garantie du droit à l'auto-détermination.       

  

La guerre des appelés 

Ils représentaient 80% des effectifs de l'Armée Française.

Ils sont arrivés en Algérie entre 1955 et 1962 après souvent une traversée mouvementée de la Méditerranée dans les cales des grands paquebots en direction de Philippeville, et une arrivée sans réelle préparation psychologique, à des moments très différents de la guerre, pour rejoindre des postes qui leur donnerait une vision de l'Algérie et de ce conflit différente de celle d'autres appelés. Ils étaient censés maintenir l'ordre, pacifier le pays, participer au développement du pays et l'arracher à la terreur qu'y installaient des nationalistes radicaux et barbares présentés comme minoritaires. Ils servaient  de vaguemestres, de maçons, de chauffeurs, de gardes, d'instituteurs, de préposés "au maintien de l'ordre", participaient aux opérations contre les rebelles.   

L'Algérie, c'était loin de la France, mais c'était tout de même un million d'européens au mode de vie proche de celui de la France méridionale, une mise en valeur agricole du territoire et une modernisation des villes attribuée à l'influence civilisatrice de la France.

Les appelés étaient partagés dans leurs opinions comme le montre le poignant documentaire précurseur de Patrick Rotman et Bertrand Tavernier à base de témoignages recueillis dans la région de Grenoble - La guerre sans nom (1992).

La plupart n'avaient pas envie de se battre, n'étaient nullement des inconditionnels de l'Algérie Française et ne décoléraient pas qu'on les envoie massivement s'engager après leur période d'instruction très dure souvent dans un conflit très loin de leurs préoccupations.

Certains étaient plutôt anti-colonialistes.

La majorité sans doute, quoique généralement écœurée de devoir partir et s'engager dans une aventure dangereuse, considérait crédible le discours politique et militaire dominant suivant lequel la majorité des arabes et kabyles musulmans aimaient la France républicaine mais était pris en otage par des cruels terroristes décidés à mener la politique du pire.

Les plus idéalistes se disaient qu'ils étaient là pour protéger les musulmans, les sortir de la misère où les avaient malheureusement laissé les pieds-noirs, les pouvoirs locaux indigènes et la République.

C'est ce qu'on peut notamment lire dans un très beau et émouvant journal d'Algérie réécrit après coup d'après des notes couchées au jour le jour à l'époque, Les larmes du djebel, du nantais Jacques Maisonneuve, qui a servi dans un fort de montagne perdu auprès d'un village de l'Algérois.

Jacques Maisonneuve raconte avec beaucoup de noblesse d'âme et de sincérité sa découverte de l'Algérie, qu'il aime immédiatement malgré, rapidement, la peine de voir des camarades tués ou affreusement mutilés par les mines posées sur la route par l'ALN, malgré le caractère insondable des populations rurales, en apparence soumises et alliées à l'Armée Française, avec qui ses chefs collaborent, mais qui travaille souvent en sous-main pour les fellaghas, malgré l'horreur des représailles du FLN contre les traîtres ou les rétifs, malgré la brutalité des inspections de l'armée dans les mechtas, de ses rapports avec la population après des attentats ou des attaques, malgré les tortures régulières de suspects au fort isolé où il est cantonné.

Jacques Maisonneuve est un humaniste, à l'époque convaincu de la possibilité de former une société multi-culturelle tolérante et pacifique en Algérie, sous l'égide la République. C'est un homme généreux, intelligent et ouvert, qui aime les arabes et souffre sincèrement de voir que c'est la population civile algérienne, déjà miséreuse dans les campagnes, vit un cauchemar, tiraillée entre FLN et armée française. Son plaisir, c'est de pouvoir enseigner aux jeunes arabes dans l'école improvisée du village, apparue avec la guerre et la pacification, les rudiments de calcul, de lecture et de géographie qui leur permettront d'échapper peut-être à la misère de leur bled.

Sa souffrance, avoir pilonné à l'obus depuis le fort de Sidi Simiane des positions civiles sur ordre et avoir été peut-être la cause de la mort d'innocents.

En même temps, Jacques Maisonneuve raconte très bien l'extraordinaire camaraderie entre les appelés également soumis à la peur, aux doutes moraux, à la souffrance d'être loin des êtres et des lieux chers à leur coeur, leur capacité à se faire des copains issus d'autres milieux sociaux que les leurs, leur sens du sacrifice pour les autres, qualités morales qui cohabitent chez certains avec un manque de respect des Algériens musulmans, une violence certaine dirigée contre eux, par stress, racisme, "devoir" ou par vengeance.

Il est vrai que le discours de propagande des militaires de carrière et l'expérience de la mort des camarades ou les récits sur les compatriotes tués par les nationalistes algériens avaient tendance à endurcir et parfois à fanatiser les appelés. La guerre d'Algérie, pour les appelés du contingent, ça été quelque chose d'ambivalent et de contradictoire: l'occasion de belles rencontres, de manifestation de fraternités qu'ils n'ont sans doute jamais retrouvées par la suite, mais en même temps l'expérience du mal, de la domination (les appelés découvrent des populations civiles qui les craignent, leur sont totalement soumis  en apparence), de la souffrance irréparable, de la terreur causée à d'autres et subie ...     

 

Le départ en Algérie était rarement gai, comme le suggère très bien Jacques Brel dans sa chanson déchirante, « La Colombe »:

 

Pourquoi l'heure que voilà

Où finit notre enfance

Où finit notre chance

Où notre train s'en va?

 

Pourquoi ce lourd convoi?

Chargé d'hommes en gris

Repeints en une nuit

Pour partir en soldats?

 

Pourquoi ce train de pluie

Pourquoi ce train de guerre

Pourquoi ce cimetière

En marche vers la nuit?

 

Nous n'irons plus au bois

La Colombe est blessée

Nous n'allons pas au bois

Nous allons la tuer...

 

Récemment, Isabelle Maury, rédactrice en chef à Elle, dans un excellent livre de journaliste, L'empreinte de la guerre Paroles d'appelés en Algérie (Jean-Claude Lattès, 2012), s'est intéressé au regard porté cinquante ans après par les anciens appelés sur leur expérience de la guerre en Algérie et ses prolongements dans leur existence.

Chacun, en fonction des tâches qu'il a eu à faire, de la région où il a été affecté en Algérie, de l'époque à laquelle il y a été envoyé, de ses opinions de départ et de son caractère, a un ressenti différent par rapport à cette guerre et a été différemment affecté par elle.

Alain, jeune intellectuel parisien, a été envoyé en Kabylie en janvier 1960, il avait déjà un préjugé défavorable sur la légitimité et la nécessité de cette guerre. Il parle avec révolte des méthodes de l'armée française: « Sur les sept cent jours que j'ai passés là-bas, seulement douze ont dû être l'occasion d'échanges de tirs, de combats réels même si on ne voyait pas l'adversaire... Le danger n'a été que relativement lointain pour moi. Pour autant j'ai vu des Algériens morts, brûlés par le napalm, quand l'aviation bombardait. Tout flambait en même temps, c'était horrible, le napalm et ces types grillés dessous. Si quelque chose a changé en moi à ce moment-là et pour toujours c'est d'assister à cette barbarie. JAMAIS PLUS! Une fois, on été réunis à plusieurs compagnies par un colonel qui nous a expliqué qu'il y avait neuf millions d'Algériens et que, pour que la guerre finisse, six millions, c'était le maximum: « Vous avez compris, les gars, ce qui vous reste à faire... ». Ça voulait dire en clair « faut en liquider trois millions », pour lui, c'était de la guerre massacre, rien d'autre. La guerre, c'est le déshonneur permanent, il n'y a pas de guerre en dentelles, c'est l'irrespect constant des militaires, primitif, bestial, carnassier vis à vis de la population. Vous, vous êtes le guerrier, les autres sont des salauds, des traîtres, des menteurs, des « melons » comme ils les appelaient, des objets, pas des êtres humains . J'ai eu la « chance » de ne pas être confronté à la torture, mais j'ai vu des prisonniers emmenés, le boucher du village, par exemple. C'était un fellagha. On l'a mis dans un camion avec un sac sur la tête, ils l'ont sûrement exécuté. Ça arrivait souvent, ils appelaient ça: « aller ramasser les champignons », ils emmenaient les types, on ne les revoyait jamais... En Algérie, on nous a fait croire qu'on allait pacifier un pays en éliminant quelques assassins, résultat, on a parqué les populations, balancé du napalm! Il aurait fallu donner l'indépendance ou la citoyenneté française pleine et entière au peuple algérien. On ne l'a pas fait, le pas était franchi et leur guerre de libération avait un sens ».

Le témoignage de Victor Lavergne, appelé du Périgord Noir ayant lui-même résilié son sursis universitaire pour partir volontairement en Algérie en décembre 1960, concorde avec la vision très noire de cette guerre présentée par Alain, même si Victor Lavergne était lui, au départ, plutôt convaincu du bien fondé et de la moralité de la mission de l'armée française:

"J'ai donc résilié mon sursis universitaire pour partir en Algérie. Et du reste, je ne partais pas à la guerre mais en mission de pacification! Il faut le reconnaître, j'étais content de partir à l'aventure pour aider une population moins chanceuse que moi et qui, dans certains douars, mourait de faim. J'étais en Algérie française, à l'époque, je pensais qu'il n'y aurait aucun problème à ce que des gens qui n'ont pas la même culture, la même religion puissent s'entendre ensemble...".

Victor Lavergne est envoyé dans un petit village en Kabylie, entre Constantine et Djidjelli, perché sur un piton. "Le matin, à huit heures, on partait en opération, ratisser le bled, fouiller les mechtas à la recherche d'armes ou de fellaghas, contrôler les paysans, leur demander des papiers. Ou bien on partait en patrouille de jour comme de nuit... Et on continue les patrouilles. Voilà, je suis un soldat, le bon soldat, je pars en opération, je monte la garde. Et les chocs se succèdent. L'attitude des gradés d'abord. Nous avions un adjudant-chef qui, sans doute, avait été très frustré par l'échec de l'armée française en Indochine. Il traitait la population algérienne comme il avait traité la population vietnamienne, une sous-humanité à laquelle il ne fallait absolument pas faire confiance: tous des voleurs, des menteurs, des fainéants. Ce discours avait, malheureusement, un certain écho chez les appelés... Chez nous, quand il y avait des dégâts humains, on appelait la Légion qui venait ratisser, pour, soi-disant, nous aider. En réalité, ils méprisaient les appelés. Nous n'étions pas sur le terrain avec eux, mais on savait ce qu'il s'y passait. Un jour, pour trouver un pistolet automatique caché, ils ont tué cinquante hommes, indifféremment villageois et possibles fellaghas. Tout le monde était suspect... J'ai le souvenir d'un copain qui patruillait dans un oued, à la tombée de la nuit. Il a vu, soudain, une ombre se dresser devant lui, il a tiré par réflexe, c'est un gamin qui a pris la balle en pleine tête. Six mois après, cet homme était toujours hanté. Je l'ai perdu de vu, j'ignore ce qu'il est devenu".

 

Pour les appelés qui refusent les ordres ou sont négligents dans leur application, les sanctions peuvent être terribles: envoyés en camp de concentration dans le désert pour les insoumissions les plus graves et les plus "politiques", obligés de dormir à l'extérieur des camps, des barbelés, sous la menace d'une exécution ennemie, pendant une semaine ou quinze jours, ou envoyés en opération dangereuse plus fréquemment que de raison.

 

La grande majorité des appelés n'a pas participé aux tortures - celles-ci étant "du ressort" des parachutistes, du DOB, service spécial de renseignements, des SAS.  En revanche, ils en ont été souvent les témoins ou ont entendu les cris des suppliciés, car sur le théâtre des opérations de ratissage et d'élimination des maquis de rebelles algériens, la torture sur les suspects fait partie des moyens ordinaires de collecte des renseignements. Victor Lavergne raconte ainsi: "Une seule fois j'ai été confronté à la torture. On rentrait d'opération. On trouve le lieutenant SAS devant le camp avec un adjudant, deux appelés et la fameuse gégène. J'ignorais qu'il en existait une dans le camp. Le gars était déjà très amoché. Des soldats regardaient, certains avaient les mains dans les poches, indifférents. Je réagis: "Putain, vous n'allez pas faire ça!" . "Lavergne, tu nous emmerdes, de quoi tu te mêles!" "Attendez, c'est lamentable ce que vous faîtes". "On pense que c'est un sympathisant, un passeur d'armes, il faut qu'il nous donne les caches et ses complices, tu crois que c'est pas plus lâche de fermer les yeux, de le laisser partir". "Vous me faites chier, les mecs". Et je tourne les talons, je m'en vais. J'ai protesté et je suis rentré en haussant les épaules. "Vous me faites tous chier, si c'est ça l'armée, j'en ai marre, quel avilissement!" Mais au fond, avoir protesté n'a servi à rien. Gueuler me donnait bonne conscience" (L'empreinte de la guerre, p.84).

 

Certains appelés ont pu recevoir l'ordre d'exécuter avec ou sans procès expéditif des prisonniers ou ont été amenés à participer à des actions de brutalisation de la population, des viols, des humiliations. Ce n'est pas la majorité cependant, la guerre la plus "sale" étant "conduite" par l'armée de métier et les légionnaires.

 

Pour certains appelés, une minorité d'individus ayant des forces exigences morales ou une conscience politique, les méthodes de l'armée sont plus insupportables encore que la peur de l'ennemi. "En Algérie, raconte Pierre Joxe, qui a surtout travaillé dans le renseignement en Algérie à partir de 1960 pour faire un travail de renseignement en prévention contre les officiers rebelles de l'OAS, ce n'est pas la peur de la guerre qui était la plus destabilisante, c'était la négation des valeurs fondamentales qu'on avait sucées avec le lait de nos mèresz, l'existence de la torture, des camps de regroupements comme si on faisait un remake de la gestapo et des camps de concentration. A petite échelle, le nombre était moindre, on n'a pas gazé d'Algériens mais cela restait incompréhensible que la France mette en oeuvre ce qu'elle avait farouchement combattu".  

 

Ces appelés ont beaucoup souffert en Algérie et après, tout au long de leur vie, des conséquences de cette expérience bouleversante qu'il ont rarement pu raconter aux parents, épouses, enfants qui n'avaient pas connu la même histoire. Sur tous, cette guerre a laissé une trace indélibile.

 

Ce 19 mars 2013, nous saluons ces aînés qui ont perdu leur innocence et tutoyé l'horreur en Algérie, victimes de la raison d'Etat et de l'obstination coloniale et militaire. De retour à leur foyer, ils ont souvent eu beaucoup de difficultés à parler de leur guerre et ils n'ont pas vraiment non plus bénéficié d'un soutien et d'une écoute de la société. Beaucoup ont vu leur vie ravagée par ce qu'ils ont vu, ressenti, et fait en Algérie. Cela a marqué toute une génération, une génération sacrifiée. Faire le partage des bons et des mauvais,  arbitrer le conflit de légitimités concurrentes dans ce conflit atroce était et reste complexe: avec le recul, cela apparaît comme une évidence que les Algériens, soumis par la force et relegués dans un statut de sous-citoyens, avaient le droit à leur auto-détermination et à leur indépendance, et qu'ils ne pouvaient probablement l'obtenir qu'en la conquérant d'abord par l'insoumission et la révolte, mais les pieds noirs étaient aussi dans leur patrie et les idées indépendantistes n'étaient pas forcément majoritaires au départ. La République avait aussi quelques raisons de s'accrocher à son département où vivait une forte communauté se sentant de plein pied dans la France et ses valeurs. Ce qui est sûr, c'est que la décision de l'escalade repressive et de la guerre d'éradication de la rebellion a eu des conséquences terribles pour la jeunesse française et pour l'histoire future de l'Algérie, ce pays frère et francophone, qui est toujours très marqué par les stigmates de cette barbarie.         

 

Ismaël Dupont.

 

PS: je remercie Pierre Maugere, membre de la FNACA de Guerlesquin, de m'avoir sensibilisé à l'histoire des appelés d'Algérie et de m'avoir prêté plusieurs ouvrages, comme notre ami Paul Dagorn, ancien coopérant en Algérie.       

 

 

 

      

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27 mars 2013 3 27 /03 /mars /2013 07:36

Le Chiffon Rouge: Est-ce que tu peux nous décrire un peu le profil et l'historique de ton entreprise?

 

Notre entreprise- Narvik à l'origine- a été créée par René Gad, le maire de Lampaul Guimiliau, en 1988. Cela a été une entreprise familiale jusqu'en 1997. Elle a été ensuite revendue à Serge Pasquier, de Cholet. Il n'avait pas dans ses entreprises agro-alimentaires d'entrée de gamme: on s'est mis alors à faire des blinis, des surimis, alors qu'on était spécialisée auparavant dans la préparation du saumon. Pasquier a introduit une façon de travailler qui axait sur la maîtrise, la responsabilisation, le sentiment d'appartenance à un groupe: on nous a fait visiter les usines Pasquier de La Rochelle. C'était un peu du management à l'américaine.

Puis il y a eu la crise du saumon en 2000. Celui-ci s'achetait à un prix très élevé. Pasquier a délocalisé la fabrication des blinis et des surimis à Cholet et nous a laissé une dette de 3 millions d'euros.

En 2001, nous avons été rachetés par Gilles Charpentier, président de Meralliance-Armorik à Quimper, producteur de saumon. Du coup, ça faisait deux sites de production (c'est à dire découpe, préparation du saumon acheté en Norvège): à Quimper et à Landivisiau. En 2004, Charpentier a licencié ou proposé des reclassements à 12 personnes et a rapatrié l'atelier de production à Quimper.

A landivisiau, on préparait des plats traiteurs et leur Expédition. Aujourd'hui, et depuis 2009, on ne fait que du conditionnement et de l'expédition des produits fabriqués à Quimper et en Pologne.

En 2008, il y a eu un Plan Social avec pour motif invoqué la mise en conformité de l'installation frigorifique aux nouvelles normes interdisant en décembre 2014 l'utilisation du gaz Fréon dans ces systèmes, l'investissement n'étant pas économiquement faisable selon la direction sur les deux sîtes de Quimper et Landivisiau.

Charpentier a voulu que 56 salariés en CDI rejoignent le site de Quimper. Deux ont accepté: tous les autres ont refusé.

Heureusement, grâce à un dispositif gouvernemental expérimental et spécifique pour lequel le bassin de Morlaix, sinistré économiquement et socialement, était éligible, plusieurs salariés ont pu se reconvertir – ce qu'ils ont souvent perçu comme une aubaine - grâce à un CONTRAT DE TRANSITION PROFESSIONNELLE (CTP). Pendant un an, ils recevaient 80% de leur salaire net et ils pouvaient accéder à des formations longues.

Ils étaient COACHES dans le cadre du CTP. Les collègues se sont toutes recyclées dans d'autres métiers: assistance maternelle, infirmière, etc. Il faut dire que certaines avaient déjà une formation de base qui les disposait à cela plutôt qu'à devenir ouvrière dans l'agro-alimentaire et le saumon. C'était nettement mieux pour mes collègues de changer complètement de métier en se formant et en acceptant un départ volontaire que, en cas de suppression d'emploi avec une indemnité licenciement minime de se voir proposer de poste que chez Kritsen, le concurrent à Landivisiau, ou à Gad. Quand on vient de l'agro, on ne veut pas forcément y retourner: on sait qu'il y a peu d'avenir dans l'agro et le métier est usant et sous-payé.

Quand on leur a dit qu'elles pouvaient complètement se réorienter, les salariés, des filles souvent, avaient une autre vision du reclassement.

Il n'y a donc pas eu de manifestations, les gens en avaient ras-le-bol. Ils perdaient leur savoir-faire, on ne savait pas si les investissements froid seraient faits et sans ça on ne pouvait plus fonctionner; ils ont choisi de prendre le CTPt pour aller dans d'autres secteurs moins pénibles où ils sont mieux reconnus. La direction savait que les personnes adhéraient au CTP et était moins encline à faire des propositions de reclassement dans le PSE. On a aussi négocié des départs anticipés FNE pour les salariés de +55 ans qui étaient pris en charge par l'Etat jusqu'à leur retraite.

Depuis, il y a un an, on a voulu nous faire changer de nom: passer de « Narvik » à « Meralliance » puisqu'on n'était plus qu'une plate forme d'expédition pour l'ensemble du groupe Meralliance. Derrière des montages juridiques le « simple changement de nom » visait à supprimer l'historique de Narvik. Nous avons demandé l'assistance d'un expert CE. Car puisqu'on changeait de statut juridique on repartait à zéro: tous les acquis tombaient. On a négocié un accord de transfert de tous les accords d'entreprise Narvik et des avantages individuels et collectifs vers la nouvelle société. On craignait aussi d'être revendu plus facilement à d'autres logisticiens.

Depuis peu, on change encore, on nous intègre dans une structure France comprenant Meralliance Logistique Landivisiau, Meralliance production armoric Quimper et Meralliance. La direction veut se developper au niveau européen. La Pologne produit les premiers prix, Esco en Ecosse rachetée l'an passé produit avec ses 340 salariés du frais vendu en Angleterre.A Armoric Saumon fumé Quimper, il y a 340 salariés; en Pologne 120; à Esco en Ecosse 340; et à Landivisiau 70 titulaires et à peu près 100 personnes à travailler avec les intérimaires. En 2004, on était 300 salariés sur le site de Landivisiau. On a perdu 200 salariés depuis.

 

Le Chiffon Rouge: Comment ont évolué vos conditions de travail?

 

Il faut savoir que les conditions de travail sont dures. Les gens sont cassés par le boulot, les troubles musculo-squelettiques, les tendinites. On fait des gestes répétitifs port charges, au froid, qui font travailler les épaules, les coudes, le dos, et qui nous esquintent au bout du compte... Si l'on se plaint et revendique des améliorations, la direction répond qu'elle va automatiser.

Aujourd'hui, on est six par lignes. Quatre sur l'automatique. Avec l'évolution de l'automatisation, on pourrait rapidement perdre des emplois. En logistique, ça peut aller très vite. En production, cela exigeait un savoir-faire qui ne s'acquiérait pas en cinq minutes: on mettait des tranches de saumon sur des plaques, il fallait répartir les saumons coupés en grande tranche, apprécier le poids et l'aspect de chacune, les répartir sur la plaque afin d'avoir un rendu uniforme, esthétique, correspondant au cahier des charges établi sans pertes.

En 2008, on nous a enlevé notre métier: on reçoit désormais des produits déjà préparés de Quimper et de Pologne.

On ne fait plus que du sur-conditionnement et de l'expédition. Il n'y a plus de savoir-faire très loin à avoir. C'est pourquoi, depuis le plan social de 2008, la boîte n'a jamais embauché autant d'intérimaires. Il y a des gens qui sont là 18 mois durant à temps plein: on les maintient dans la précarité sans leur offrir de CDI.

Certains préfèrent rester en intérim plutôt que d'être titularisé. Ils gagnent plus (surtout qu'ils sont quasi assurés d'un boulot à plein temps vu la gestion douteuse des contrats entre agence intérim et ML (délai de carence pas identique à tous...). Selon eux, ils peuvent avoir 2000 euros/mois: or, un CDI ne vous donne qu'à pleine plus que le SMIC grâce à l'ancienneté et aux primes diverses.

 

Moi, je suis élue du personnel depuis 20 ans J'ai été élue en 1994 déléguée syndicale. J'ai à peu près le double de boulot avec les mandats CE CHSTT et une direction éloignée pas disponible. Aujourd'hui, quasiment tout se passe par mail mais il faut faire encore plus de boulot personnel pour ne pas se faire dépasser par la direction qui ne demanderait pas mieux et laisser passer des choses.

Mon rôle, tel que je le conçois, est la défense des droits des salariés, de maintenir les emplois et d'obtenir des CDI pour que le recours à l'intérim ne soit pas normalisé quand il occupe l'activité normale de l'entreprise. La direction reconnaît pourtant qu'elle risque la requalification du CDI mais les salariés ne contestant pas, cela persiste. C'est pourquoi je me suis battue parfois sans être comprise des collègues.

 

Le Chiffon Rouge: Quelle est la proportion d'hommes et de femmes parmi les salariés? Il y a t-il des fonctions très différentes dans l'entreprise?  

 

C'est moitié-moitié, par contre parmi les caristes, les précaires, il y a plus d'hommes. Les métiers manuels, à la production, quand il s'agissait de placer les tranches, étaient davantage réservés aux femmes. Aujourd'hui, il y a un petit clivage entre les jeunes de 40 ans et moins qui ont toujours fait de l'expédition depuis qu'ils sont ici, et les femmes de 55 ans et plus qui étaient à la production, qui ont perdu leur métier, sont affaiblies parce qu'elles ont été soumises pendant des années à des cadences en ligne très éprouvantes physiquement. La direction ne se dispense pas de faire plutôt passer les anciennes pour des gens qui refusent le changement. La production, c'était pénible physiquement mais plus intéressant que l'expédition d'un côté, car moins répétitif, plus complexe. Aujourd'hui, nous ne faisons pas un métier dit « basique » selon la direction, sans touche personnelle apporter. Pour autant, ce que je dis aux collègues, c'est que nous n'avons aucune raison de nous dévaloriser. Nous sommes ouvrières et nous devons être fières de l'être. C'est un métier dur, utile, et qui, en plus, ne nous définit pas. Pourquoi est-ce que nous aurions à rougir d'exercer ce métier là?

 

Le Chiffon Rouge: Quelles conséquences pourrait avoir la ratification de l'ANI – l'accord dit de « sécurisation de l'emploi » MEDEF-CFDT-Gouvernement – sur une entreprise comme la tienne?

 

C'est une bombe.

L'ANI, dans un contexte très tendu et avec des personnes comme celles-là, repliés sur leurs intérêts personnels c'est une bombe. Les gens finiraient vite par se tirer dans les pattes car il y a déjà des « jalousies » sans être en plan social. Qu'est-ce que les compétences? Comment peut-on les juger équitablement. Je ne me vois négocier un plan social dans ces conditions.. Les gens entre eux risquent de se tirer dans les pattes: « qu'est-ce vous faites vous, vous n'avez pas de compétences » … Avant, on avait des critères objectifs pour fixer l'ordre des licenciements qui donnaient moins lieu à l'arbitraire: âge, ancienneté dans le poste, situation de famille, situation de handicap qui vous rajoutait des points. Maintenant, la situation de handicap n'est plus considérée: les gens qui ont contracté au boulot des troubles musculo-squelettiques seront doublement pénalisés et ce seront probablement les premiers licenciés.

L'ANI prévoit aussi de transformer le mode d'information des élus du personnel: ils ne pourront plus demander à voir les documents qu'ils veulent, ils auront accès à une banque de donnée globale, où la direction mettra ce qu'elle veut, ce qui l'arrange. Ma crainte, c'est qu'il n'y ait rien dans cette information accessible à tous et tout le temps.

On a peine déjà à avoir des infos.

On va nous enfumer avec l'équivalent des power-points consensuels, lisses et optimistes qu'on diffuse en CA: on ne saura plus rien des mauvais coups qui se préparent. Or, les élus ne peuvent rien faire sans les documents. Ils ont besoin d'une vision économique de ce que l'entreprise est en train de faire. Ils peuvent se faire aider par des experts à condition d'avoir accès aux documents réellement significatifs. Aujourd'hui, le code du travail garantit aux représentants du personnel l'accès aux documents à la demande et selon une procédure très réglée. Demain, avec l'ANI, on risque de n'avoir que des données expurgées, alimentées par les employeurs en fonction de leurs intérêts: on aura un écran, plus d'écrits. Et plus de temps pour le faire comme on veut correctement puisque l'accord met en place des délais pré-fixés et l'expertise sera aux frais du CE donc limité.

De la même manière, avant, un plan social, c'était très réglementé. Désormais, le plan social sera facilité pour l'employeur. Même si les difficultés économiques invoquées sont de l'ordre du prétexte, l'employeur pourra faire avaliser un accord prévoyant des régressions sociales sous la menace de la suppression d'emplois.

Lors de notre plan social de 2008, Charpentier avait invoqué qu'il ne pouvait pas investir sur deux sites en même temps (à Quimper et à Landivisiau) pour se mettre aux nouvelles normes froid industrielles dans la branche froid proscrivant au niveau des chambres froides l'utilisation du fréon. En même temps, ils auraient pu anticiper et faire des travaux. Ils ne l'ont pas fait, ils ont attendu qu'on se rapproche de l'échéance: ça leur a servi de prétexte.

Avec l'ANI, il sera difficile pour les syndicaux de contester en justice des prétextes pour licencier et pour réduire les droits des salariés: seule comptera la menace de la suppression d'emplois permettant aux employeurs de conclure des accords régressifs sous la contrainte.

Chez nous, l'ANI va certainement faciliter les mobilités forcées. Déjà, l'entreprise joue sur la polyvalence et le changement de poste régulier pour éviter les tendinites. C'est une polyvalence imposée. L'entreprise a utilisé 90000€ de fonds de formation professionnelle pour payer un programme de lutte contre les TMS. Un formateur validé par la CRAM afin qu'il revoit l'organisation du travail pour éviter les troubles musculo-squelettiques a établi une « cartographie de la douleur » des différents postes et fait des préconisations en conséquence pour modifier les postes et changer des choses à l'organisation. Les salariés n'ont pas eu leur mot à dire comme ils le souhaitaient. Les salariés sont dépossédés du sens de leur travail et on ne les consulte pas vraiment pour trouver les moyens d'améliorer leurs conditions de travail. L'intervenant extérieur, ça été une caution pour la direction afin de ne pas écouter les salariés.

L'intervenant extérieur, validé par la CRAM, ça été une caution pour la direction car on débutait la négociation pénibilité au travail et sa responsabilité sur la dégradation de la santé par le nombre de TMS relevés était engagée. Elle a aussi profité pour mettre en place la polyvalence imposée qui limite les recrutements nécessaires sans augmenter la masse salariale.

 

De la même manière, le délai pour poursuivre un employeur aux prud'hommes est raccourci et passe à deux ans et non plus cinq ans. On sécurise la situation de l'employeur déjà en position de force: on facilite les abus et les entorses au droit du travail. On désarme les salariés et le code du travail déjà très souvent bafoué en raison de la faiblesse des effectifs de l'inspection du travail et de la difficulté des salariés à faire valoir leurs droits.

Les indemnités lors d'un plan social seront certainement revues à la baisse: ce sera un forfait à prendre ou à laisser, quelque soit la faute ou l'irresponsabilité de l'employeur.

Avec l'ANI, il n'y aura plus non plus de compensations, de majorations pour les salariés à temps partiel à qui on demande de faire des heures supplémentaires pour s'adapter à l'évolution des commandes. Cela concerne beaucoup de salariés, chez nous, surtout des femmes, qui vont ainsi perdre du pouvoir d'achat. Nous avons beaucoup de temps partiels choisis chez nous (des gens qui travaillent aux 4/5, à 80%): demain, ils n'auront pas le choix de déterminer leur temps de travail, ils n'auront pas de majorations quand ils travaillent davantage.

 

Le Chiffon Rouge: Est-ce que l'environnement économique de votre entreprise vous semble rassurant pour les salariés de Narvik Meralliance?

 

Nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle crise du saumon avec une augmentation fulgurante des prix de la matière première comme en 2003. Déjà, depuis le début de l'année, la matière première a pris 1€ le kilo. Or, les clients pour lesquels nous travaillons, toutes les grandes enseignes de grandes distributions – système U, Casino, Leader Price, Leclerc... - tirent au maximum sur les prix pour accroître leurs marges.

Il y a souvent des appels d'offre. Certains imposent la suppression des étuis. Comme nous travaillons au conditionnement avec étuis, cela impacte directement notre emploi s'ils font ce choix.

La mode en matière d'emballage, de conditionnement, est versatile: cela dépend des tendances marketing, des nouvelles exigences des consommateurs. Comme nous travaillons au conditionnement, nous pourrions perdre notre emploi dans ces conditions. Il faut aussi prendre en compte l'arrivée de l'éco-taxe qui conduirait à 6% d'augmentation des frais de transport et l'augmentation des cours du pétrole. Augmentation qui pourrait difficilement être refacturée au client.

Dans le contexte actuel, ça nous met en danger. En même temps, peut-être qu'en 2008 cela aurait dissuadé Charpentier de centraliser la production à Quimper pour nous envoyer les produits finis pour le conditionnement et l'expédition en justifiant à chaque fois des déplacements de marchandises entre Quimper et Landivisiau.

Nous pouvons aussi craindre la concurrence des autres entreprises: notre concurrent historique Kritsen, Marvin Harvest vient d'acheter le géant polonais MORPOL et depuis ainsi le leader mondial du saumon. MORPOL s'est installé en Bourgogne avec l'appui du conseil général et un financement public conséquent il y a peu, et qui casse tous les prix depuis (cf: http://www.tracesecritesnews.fr/actualite/morpol-batit-une-usine-pour-ses-saumons-en-saone-et-loire-17746).

 

Propos recueillis le 17 mars 2013. Nos remerciements chaleureux à Danielle Guyot.

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 11:20

 

Parti Communiste Français

Membre du Front de Gauche

Section de Morlaix

2 Petite Rue Callac 29600 MORLAIX – tel : 02 98 88 30 35

Mel : pcfmorlaix@wanadoo.fr

Blog : http://le-chiffon-rouge-pcf-morlaix.over-blog.com/



Comité de section du vendredi 22 mars

Rapport introductif – Daniel RAVASIO



La situation sociale, politique et économique

En France, le gouvernement poursuit sa politique sur le tryptique : austérité-compétitivité-et flexibilité, et même une véritable bataille, une pression idéologique pour essayer de rendre acceptable ses projets de régressions.

Austérité

Un constat attendu : face au défaut de croissance, l'objectif gouvernemental des 3 % de déficit ne sera pas atteint à la fin de l'année.

Sur injonction de la commission européenne, c’est un 3ème plan d'austérité qui se prépare :

  • 6, 5 ou 4 milliards à trouver dans le budget de 2014 s’ajoutant aux « efforts » des deux premiers plans d’austérité.

  • Hausses de taxes, de prélèvements et réductions dans les dépenses publiques… notamment en direction des collectivités locales.

Compétitivité - Flexibilité

La situation de l’emploi est particulièrement alarmante

  • La barre des 5 millions de chômeurs réels est franchie

  • Le taux de chômage notamment chez les jeunes est alarmant,

  • les entreprises continuent de licencier, avec des situations de plus en plus dures et tendues (exemple, Still, Goodyear...).
    A côté de cela, ce sont les plus grandes entreprises, dont celles du CAC40,

  • qui suppriment des emplois,

  • qui ont profité des 20 milliards du CIE,

  • qui disposent, pour les 246 plus grands groupes européens, de milliards qui sont dans les caisses, en trésorerie, qui au passage font de moins en moins d'investissements

  • qui paient des impôts minimums (voir pas du tout) en toute légalité !

C'est le principe du tonneau des Danaïdes : on continue à donner des aides aux grandes entreprises qui ne vont ni à l'emploi, ni au développement du pays, encore moins dans les salaires et la solidarité nationale, que ce soit par la fiscalité ou par les cotisations sociales.


Il y a de quoi susciter la colère, l'exaspération chez les salariés, même s'il y a beaucoup de lucidité sur les causes et les responsables des licenciements comme le montre le sondage de l’HD de la semaine dernière et le refus par 63% de baisse de salaires pour sauver son emploi.


Le gouvernement déclare que cette question de l’emploi est au cœur de ses préoccupations.

  • Ce n’est pas la politique d’austérité qui permettra de relancer la croissance et l’emploi : après un 3ème plan d’austérité un 4ème voir un 5ème est à craindre nous enfonçant encore plus à chaque fois.

  • Ce n’est pas en cassant le code du travail que l’on rendra les entreprises compétitives et que l’on permettra de relancer l’emploi. Si l’ »accord » passé entre le MEDEF et des syndicats minoritaires, était transcrit dans la loi, cela se traduirait par un désarmement des salariés face à une offensive extrêmement violente du patronat.

On veut nous faire penser qu'il n'y aurait qu'une seule solution pour sortir de la crise : l'austérité et la réduction du « coût » du travail. Mais c’est cette solution qui conduit partout aux impasses économiques, sociales, démocratiques et humaines. C’est le coût du capital qui est un problème, pas le travail.

 

La politique gouvernementale est aux mieux insuffisante au regard des exigences, au pire à contre sens sur bien d’autres sujets :

Le projet de réforme sur les collectivités locales appelé « projet acte III de la décentralisation » porte bien mal son nom : il s’agit plutôt de centralisation et de concentration des pouvoirs. Il s’agit d’un projet qui reste dans la logique de celui initié par Sarkozy :

  • regroupements forcés en intercommunalité  et en grandes métropoles spécifiques (Paris, Marseille, …) qui concentreraient un grand nombre de compétences, remettant en cause le rôle de chaque niveau de collectivités.

  • Beaucoup plus de pouvoir aux régions et beaucoup moins aux communes.

Ce sont de nouveaux transferts et un désengagement de l'Etat accentuant de plus en plus les inégalités territoriales, et les concurrences entre territoires, que ce soit sur l'emploi, les transports, l'orientation et sur les missions d'enseignement, avec la réforme du temps scolaire.

 

Sur ce point, le parallèle peut être fait entre la réforme Peillon sur l'Ecole, notamment le volet aménagement du temps scolaire, et le désengagement de l'Etat dans l'Education nationale accentuant les inégalités.

D'ailleurs, en témoignent les mobilisations des enseignants, de leurs syndicats et des parents d'élèves, et des critiques de certains élus, maires contre ce projet peu ambitieux pour l'école de la réussite pour tous. Il y a des améliorations à apporter à cette réforme et nous allons en proposer, et batailler avec nos parlementaires à l'Assemblée nationale.



C'est ainsi que nous avons marqué un point en faisant adopter la loi sur l'amnistie sociale par le Sénat.

Cela n'était pas gagné d'avance.

De nombreux syndicalistes et militants associatifs l'attendaient. C'est ce qui nous a guidés dans nos actes, y compris dans nos expressions publiques, dans la presse, loin de toute polémique. Notre objectif étant d'obtenir une majorité au Sénat et non d'en découdre.

C'est un signe en direction du monde du travail comme le montre les réactions des syndicalistes. D'ailleurs, quand on entend les propos de la droite, criminalisant les syndicalistes et les cris d'orfraie de L. Parisot, il s'agit bien d'une avancée pour le respect des droits, des luttes des salariés et des militants.

C'est une première victoire. Pour autant, la bataille n'est pas terminée, le texte doit être examiné par l'Assemblée nationale et notre volonté est de veiller à ce que celle-ci n'oublie personne.



Dans le calendrier, c'est aussi l'annonce de la réforme des retraites pour l'automne 2013 par le gouvernement, avec comme seule logique l'allongement de la durée des cotisations pour faire face au déficit, voire la désindexation des pensions par rapport aux salaires.

En fait ce serait la suite logique de la réforme Fillon/Sarkozy que toute la gauche a combattu. C'est aussi la bataille pour la santé et l'hôpital public, car même si des annonces sont faites par la ministre pour mieux redonner sa place au public, le rapport de l'IGAS propose encore des réductions de moyens. A ce sujet, le 25 mai, une mobilisation à l'appel du collectif «notre santé en danger» s'organise.



Notre combat pour l'égalité des droits doit aussi se poursuivre : celui pour le droit de vote des résidents étrangers, celui pour le mariage pour tous.



En Europe c’est la même politique qui est conduite avec les mêmes conséquences, avec les mêmes dangers.



Le plan de « sauvetage des banques » chypriotes est l’exemple même d’une politique folle au service des plus riches.

Après la mobilisation massive du peuple de l'île et le rejet unanime par le parlement chypriote du scandaleux plan de « sauvetage » (sic) européen.Ce plan constituait un véritable racket. Il exigeait la ponction directe dans les économies de tous les épargnants chypriotes comme contrepartie d'une aide financière de la BCE destinée aux banques, qui sont pourtant les véritables responsables de la situation. Il montre jusqu'où les dirigeants européens sont prêts à aller sous la pression des marchés, jusqu'à piquer directement dans les poches des citoyens et contourner les règles bancaires qu'ils se sont eux-mêmes fixés.

La France doit rompre avec les soutiens aux chantages imposés aux peuples européens. Elle doit soutenir Chypre face aux rapaces qui n'hésiteront pas à vendre l'île pour les beaux yeux des marchés. Notre pays doit soutenir ceux qui résistent à la barbarie austéritaire et engager le combat pour changer les orientations européennes, le statut de la BCE et des banques en général, les traités ultralibéraux pour viser une élévation générale du niveau des standards sociaux. Ce combat est chaque jour plus urgent si l'on ne veut pas voir l'Union exploser sous nos yeux.

 

Les élections italiennes traduisent de la déception, de la colère à l'égard des gouvernements de droite et de gauche sociale-démocrate mettant en œuvre des mesures austéritaires.

Cela explique le faible score de M. Monti. Et quand une alternative de gauche de transformation sociale n'est pas perceptible, ce sont les mouvements populistes et démagogiques qui progressent, d'où les résultats de B. Grillo et de Berlusconi.

Le vote «utile» en faveur de Bersini (Parti démocrate) a aussi pleinement fonctionné face au retour de Berlusconi. Dans ce contexte politique, de crise politique profonde et qui vient de loin, la coalition «révolution civile» et nos camarades communistes ne parviennent pas, dans un système électoral particulier, à obtenir d'élus.



En Espagne et au Portugal on assiste à de grandes mobilisations contre les politiques d’austérité infligées par les gouvernements et le troïka européenne.



Dans ce cadre quel doit être notre travail, notre activité militante ?

Lors du dernier CN, quatre grands axes de notre activité ont été définis :

  1. Faire grandir la mise en mouvement, en action la plus large possible contre les politiques d'austérité ;

  2. Préparer les élections de 2014, afin que ces échéances soient utiles à nos ambitions,

  3. Déployer un travail de grande ampleur pour rendre crédible un projet politique de sortie de crise ;

  4. Déployer une nouvelle phase du Front de gauche au service de nos objectifs
    Dans l’avenir proche nous devons :

  • Poursuivre et accentuer notre campagne pour des alternatives au chômage, à la précarité.

Nous y sommes engagés, notamment sur la question de l’emploi et des droits des salariés.

Cette démarche doit être notre boussole : rassembler, créer des majorités politiques pour arracher des améliorations dans la vie des gens, pour gagner la bataille du changement.

  • Poursuivre et développer notre campagne, avec le FDG, contre l’austérité.

  • Préparer les prochaines échéances électorales et notamment pour les municipales de 2014.

Nous devons maintenant être pleinement dans le travail en lançant des appels à construire des projets et cela, le plus largement possible.

Au niveau national, dans plusieurs villes, des initiatives, des rencontres s'organisent. Aussi le CN a décidé de tenir sur ce point un Conseil national élargi à des élu-e-s: maires et autres, les 25et 26 mai.

Pour notre secteur, en lien, avec le FDG, nous travaillons sur un projet. La prochaine réunion se tiendra à Plougonven le mardi 26 mars.



PCF Morlaix : notre organisation ; notre activité

Lors de notre dernier Comité de Section nous avons débattu sur notre organisation. Un certain nombre de points ont été actés mais d’autres restent à finaliser.

  • Organisation du CS

Notre CS se réunira 1 fois par mois soit un lundi (18 h) soit un vendredi (18 h), un calendrier prévisionnel étant établi régulièrement afin d’être le réel décideur de l’activité de la section et des positions à prendre sur différents sujets.

Les membres du CS recevront une information régulière du secrétariat.

  • Secrétariat

Un secrétariat a été élu : Daniel RAVASIO (Secrétaire de Section) ; Daniel RIOU (Trésorier de section) ; Serge PUIL (trésorier adjoint de section) ; Ismaël DUPONT ; Jean Luc LE CALVEZ.

La partcipation d’un ou d’une camarade en plus est souhaitée.

Pour terminer il nous faut discuter de notre activité dans les semaines avenir.

Le calendrier est déjà bien chargé :

  • Samedi 23 mars (14 h – 17 h / local PCF Morlaix) : séminaire élection municipale.

  • Mardi 26 mars (St Eutrope / 18 h) : réunion FDG autour du projet pour les élections municipales

  • Samedi 30 mars (9 h 30 – 19 h / Pont de Buis) : rencontres départementales du Front de Gauche.

  • Vendredi 12 avril (18 h – local PCF Morlaix) : AG (Fête du 1er mai)

  • Lundi 15 avril (18 h – local PCFMorlaix) : réunion du CS.

  • Mardi 30 avril : préparation de la fête du 1er Mai (montage de la fête).

  • Mercredi 1er mai : fête du Viaduc

  • Vendredi 17 mai (18 h – Local PCF Morlaix) : réunion du CS

Une réunion publique PCF à Guerlesquin est en préparation, probablement le samedi 20 avril sur la question de l’agro-alimentaire avec Xavier COMPAIN (responsable national PCF) et Corinne Nicole (déléguée CGT à Tilly Sabco).

 

 

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 16:34

 

Frédéric L'aminot, délégué du personnel CGT à Celtys Landivisiau (Queguiner)

 

Le Chiffon Rouge: Est-ce que tu peux nous décrire le profil et la situation de ton entreprise, la conjoncture qu'elle traverse et les conditions de travail de ses salariés actuellement?

 

Fréderic L'aminot: Queguiner, c'est un groupe de 1000 salariés repartis sur toute la Bretagne, avec quatre boîtes indépendantes dans le groupe, de telle sorte que les difficultés des unes n'empiètent pas forcément sur les autres: Leader Mat, Queguiner Transports, Queguiner matériaux, Celtys. Queguiner a aussi tendance à racheter les boîtes qui vont mal pour endiguer la concurrence: Vézo, Bleunven à Plabennec, Jacques à Henvic. C'est à Celtys Landivisiau que je travaille: on fabrique et on vend des produits en béton, béton de résine et composite, béton prêt à l'emploi.

Il y a 230 CDI dans la boîte mais depuis quelques années on préfère embaucher des CDD plutôt que des CDI. On est passé de 50 intérimaires à 20, ce qui est un signe que les commandes ont tendance à se réduire un peu. On paie dans une certaine mesure la crise du bâtiment, la soumission des collectivités aux mesures de rigueur qui génèrent une baisse des travaux publics et de voirie, mais inversement, on a bien bénéficié ces dernières années pour amortir les conséquences de la crise financière des aides européennes aux agriculteurs pour qu'ils adaptent leurs bâtiments d'élevage aux nouvelles normes « bien-être animal ». Qu'est-ce que cela va donner maintenant que ces aides s'interrompent et que la crise s'intensifie? Je ne sais pas.

Il faut aussi prendre en compte la mise en place de l'écotaxe sur le carburant: les entreprises bretonnes, la nôtre en particulier, en raison de la péninsularité de notre région et de son enclavement, risquent de payer assez cher le passage à cette fiscalité écologique. On a évalué les dépenses supplémentaires à 150000€/ an pour la boîte. En même temps, cette prise en compte des enjeux environnementaux est aussi positive, par elle-même et pour l'entreprise. La boîte travaille plus propre, se lance dans l'écologie, la récupération des déchets, leur recyclage (déchets reconcassés, réutilisés). De plus en plus, il y a des clients qui prennent en compte des critères sociaux et écologiques.

On est loin de la situation de crise absolue de 2008, quand on avait viré tous les intérimaires. C'est en 2008 quand est passé de 37h à 35h car il n'y avait pas assez de commandes, donc de travail: on était sur notre dos pour nettoyer l'atelier, entretenir les talus... Car il n'y avait rien d'autre à faire. On s'était mis au 37h suite à un référendum interne quelques années avant à l'issue duquel cette option l'avait emporté. Perso, j'aurais préféré à l'époque qu'on reste aux 35h avec une augmentation de salaire. Depuis le retour au 35h, la productivité a augmenté, mais si entretemps on est repassé aux 37h. On est passé d'une entreprise familiale et paternaliste où chacun se sentait respecté quand le travail était fait à un groupe avec les méthodes de management peu humaines répandues aujourd'hui dans les grosses entreprises: pression constante sur les temps, nécessité d'aller toujours plus vite pour gagner plus d'argent, rendre productif par la pression, la peur, la culpabilisation. Ce sont des petits jeunes sortis de leurs écoles qui donnent des ordres et recadrent des salariés qui ont 15 ou 20 ans de boîte. Si t'a mal fait le ménage, on t'envoie direct une lettre à ton poste. Les jeunes ont tellement peur de tomber dans la dépression suite à la pression de leurs cadres qu'on parvient à en syndiquer beaucoup plus. On vient de loin mais en 3 ans, alors qu'il n'y avait pas de syndiqué CGT à Celtys, on a fait 20 adhésions. On bien devant la CFDT qui compte 5 syndiqués. Et encore, il y a beaucoup de sympathisants qui hésitent encore à prendre leur carte. Quand les cotisations syndicales donneront droit à un crédit d'impôt, l'an prochain, on devrait encore augmenter le nombre de syndiqués. Toutefois, la syndicalisation reste minoritaire: les plus anciens ne sont pas habitués, les gens se taisent, ont peur: ils veulent garder leur travail. Il y a un mal-être des salariés qui grandit: ça se traduit par des arrêts de travail, des arrêts-maladie qui n'en sont pas vraiment, ça râle beaucoup. Pour la manifestation du 5 mars contre l'ANI, l'accord national interprofessionnel MEDEF-CFDT qui précarise les salariés et casse le droit du travail, je croyais avoir convaincu beaucoup de mes collègues de la nocivité du texte, mais très peu ont fait grève et sont allés manifester. Les gens ont peur, s'accrochent à leur emploi, surtout quand on voit ce qui se passe à GAD, où travaillent beaucoup de conjoints de mes collègues.

 

Le Chiffon Rouge: Quel est le niveau des salaires chez vous?

 

Fréderic L'aminot: On est un peu au-dessus de la moyenne conventionnelle des entreprises du secteur régi par la convention « carrière et matériaux ». Dans les années 2000, on a gagné 100€ en passant aux 37h: ils ont été perdus avec le retour aux 35h en 2008. En 2009, on est revenu aux 37h. Avec la baisse de l'activité et des bénéfices de la boîte, la partie variable du salaire à l'intéressement diminue.

 

Le Chiffon Rouge: Quelles seraient selon toi les conséquences les plus significatives de l'ANI, l'accord MEDEF-CDFT de flexibilisation des salariés et du droit du travail, s'il était inscrit dans la loi comme le veut le gouvernement?

 

Fréderic L'aminot: J'ai été syndiqué pendant un moment à la CFDT, je ne regrette vraiment pas d'avoir quitté ce syndicat vu ce qu'ils ont accepté de signer: c'est dans l'ensemble la porte ouverte à des reculs terribles des droits des salariés. Certes, il y a la généralisation des complémentaires santé, mais le financement est indéterminé, indécis, soumis à négociation future, tandis que les reculs, eux, sont immédiats. Les syndicalistes n'auront plus le droit de parler de ce qui se passe en réunion: beaucoup de choses seront confidentielles, on ne pourra plus en parler aux salariés. On va demander aux CE de préparer des plans sociaux par avance, indépendamment des situations d'urgence. Avec un chantage à l'emploi permanent, on pourra imposer aux salariés d'accepter la baisse de leurs salaires, la modification de leurs horaires, des déplacements de postes et de lieux de travail, des augmentations du temps de travail. Les gens ont des maisons sur le dos, ils ont tendance à être fatalistes, ils veulent sauvegarder leur emploi coûte que coûte: il est à craindre qu'ils acceptent ce qu'on ne manquera pas de leur imposer pour augmenter la rentabilité des entreprises et les profits de leurs patrons ou actionnaires. Par exemple, Queguiner a acheté un terrain du côté de Notre-Dame-des-Landes en prévision de la construction de l'aéroport: si celui-ci est bien construit, on peut imaginer qu'il y aura des pressions pour favoriser la mobilité des salariés vers la Loire-Atlantique. Demain, les salariés qui refusent l'application d'un accord collectif régressif et obtenu sous la contrainte prétendument de « maintien dans l'emploi » seront licenciés: c'est inacceptable.

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 07:41
  
"Il faut aller plus loin, beaucoup plus loin, dans le sens de la justice fiscale"
  
"La gauche doit incarner la résistance au pouvoir de la finance sinon, nous en sommes convaincus, la politique gouvernementale ira dans le mur. Elle en prend malheureusement le chemin".
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  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
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