À 28 ans, Léon Deffontaines, tête de liste des communistes aux européennes, a de la fougue à revendre. Le natif d’Amiens veut faire entendre sa voix parmi les forces de gauche et se fixe comme objectif d’obtenir 5 % des suffrages, le 9 juin.
Deffontaines, encore inconnu du grand public, a tenu son premier meeting, le 11 avril, à Amiens (Somme), sa ville natale. (Photo Charles Bury/Le Courrier Picard/PhotoPQR)
Il faut une certaine audace pour jouer à la fois la carte de la jeunesse et celle de la nouveauté. De l’audace, Léon Deffontaines, propulsé tête de liste des communistes pour les élections européennes, à 28 ans, n’en manque pas. Mais ce proche de Fabien Roussel, le leader du PCF, se distingue déjà, en ayant ouvert sa liste à d’autres forces de gauche. Y figurent ainsi Emmanuel Maurel, député européen sortant et animateur de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), une organisation dissidente du PS. Mais aussi des proches d’Arnaud Montebourg et quelques radicaux de gauche. Ce qui autorise Léon Deffontaines à affirmer : « Nous sommes la gauche unie pour le monde du travail ». Ce qui sous-tend l’autre caractéristique de sa campagne, la mise en avant des thèmes négligés par la plupart des autres listes et auxquels les Français sont pourtant très sensibles : le pouvoir d’achat, la souveraineté, l’énergie et le climat. « Nous voulons d’abord parler aux Français de la production et du travail, alors que la gauche s’est trop souvent perdue sur les questions sociétales », précise-t-il.
Son mantra est bien que cette gauche essoufflée « doit se rapprocher du monde du travail ». Et s’il n’ignore rien des enjeux de la politique étrangère, lorsque d’autres en appellent à la guerre comme une nécessité, il insiste davantage sur ce qui peut être fait pour préserver la paix. Même si ce n’est pas le meilleur moyen de briser le plafond de verre médiatique pesant sur ceux qui refusent de céder à la doxa du moment.
Remarqué par Fabien Roussel
L’engagement politique de Léon Deffontaines, de son propre aveu, doit beaucoup « à Amiens, la ville où j’ai grandi ». « Ce territoire m’a forgé », insiste-t-il. Ses parents ont le cœur à gauche (son père est fleuriste et sa mère psychologue) mais ne sont pas des militants. Lui, franchit le pas dès le lycée. La vie locale est alors marquée par la grève des salariés du site de Goodyear. Il les soutient, comme il peut. En 2014, il n’a que 18 ans, lorsqu’on lui propose de figurer en 17e position sur la liste de Lutte Ouvrière, pour les élections municipales. Un compagnonnage qu’il ne prolonge pas. Il préfère se rapprocher du Parti communiste. Le voici vite responsable fédéral, puis national du Mouvement des jeunes communistes. Tout en poursuivant des études de droit et de sciences politiques. Fabien Roussel, qui l’a remarqué, lui fait franchir un nouveau cap. Il en fait le porte-parole de sa campagne présidentielle de 2022, puis du parti, au terme du 39e congrès, en avril 2023. Certes, Léon Deffontaines, s’il gagne ainsi en visibilité, n’a toujours aucun mandat électif.
Un vent de renouveau
Pour autant, ce grand gaillard, toujours simple et accessible, plaît aux dirigeants comme aux adhérents, en quête de renouvellement. Ils sont plus de 90 % à approuver sa nomination comme tête de liste pour les européennes. Une plongée dans le grand bain qui en effraierait plus d’un. Pas lui. Il est conscient que sa fougue l’incite encore à s’exprimer sur un ton trop rapide, lors de ses interventions télévisées. « J’ai tant à dire », admet-il. En fait, il compte surtout sur la campagne de terrain et, fait de génération, sur sa présence sur les réseaux sociaux. Il se fixe donc comme objectif un score d’au moins 5 %, seuil à partir duquel il pourra obtenir des élus. Les sondages le collent encore autour de la barre de 3 %. Ils sont tout aussi pessimistes, c’est-à-dire bien en dessous des scores espérés, pour la liste des Écologistes et celle des Insoumis. Et s’ils accordent quelques points de plus à la liste de Raphaël Glucksmann, c’est surtout en les grappillant sur celle des macronistes de Renaissance. Ce qui n’est, évidemment, pas le but poursuivi par Léon Deffontaines. « J’ai jusqu’au 9 juin pour convaincre les électeurs de gauche de prendre la mesure des véritables enjeux », résume-t-il.
Où se situe-t-il sur l’échiquier européen ?
En 2019, le Parti communiste français n’a envoyé aucun député au Parlement européen. Une première depuis 40 ans, due à son faible score (2,49 % des voix). S’il parvient à franchir la barre des 5 % cette année, Léon Deffontaines siégera au sein du Groupe de la gauche, héritier des différents groupes parlementaires communistes ayant existé au Parlement européen. C’est actuellement le septième et plus petit groupe de l’hémicycle, avec 37 eurodéputés issus de 13 États membres. On y retrouve, notamment, les eurodéputés de La France insoumise, opposés au PCF sur la scène nationale française. On retrouve d’ailleurs un député sortant sur la liste de Léon Deffontaines : élu en 2019 sur la liste LFI, Emmanuel Maurel (fondateur de la Gauche républicaine et socialiste) se trouve en troisième position sur la liste communiste, cette année.
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