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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 15:19
Les dépenses militaires face aux besoins humains - Les centaines de milliards de la honte - Tribune collective dans l'Humanité des Débats
L’Humanité des débats – TEXTE COLLECTIF
 
En Inde, « avec plus de 350 000 nouveaux cas enregistrés par jour et la mort à chaque coin de rue, patients et familles sont pris dans une véritable course contre la montre, suppliant pour avoir accès à de l’oxygène et des médicaments devant des hôpitaux surpeuplés ». En Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations, au moins 453 migrants ont péri depuis le 1er janvier.
 
De nombreuses voix parlent de honte, face à la tragédie des migrants disparus noyés, sans que les États ne déploient les moyens nécessaires pour les sauver en application des principes élémentaires du droit international maritime. Selon l’Unicef, « plus de 10 millions d’enfants en République démocratique du Congo, dans le nord-est du Nigeria, dans le Sahel central, au Soudan du Sud et au Yémen souffriront de malnutrition aiguë en 2021 ». Pour le Programme alimentaire mondial des Nations unies, « la sécheresse incessante qui sévit à Madagascar pousse des centaines de milliers de personnes au bord de la famine ».
 
Pourtant les moyens ne manquent pas. Ainsi, le Monde du 15 avril relate la visite du ministre des Affaires étrangères français en Inde comme étant « intimement liée aux intérêts économiques français. En particulier l’éventuelle vente supplémentaire de Rafale, dont l’Inde a déjà acheté 36 exemplaires à Dassault Aviation, en 2016, pour près de 8 milliards d’euros. Depuis 2018, de nouveaux appels d’offres ont été lancés avec, à la clé, potentiellement plus de 150 avions ». L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a estimé que les dépenses militaires mondiales s’élèvent à près de 1 645 milliards d’euros en 2020, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2019.
 
La France a livré en Inde des lits et des appareils respiratoires, c’est un peu de solidarité humaine qui se manifeste. Mais nous vivons des moments de honte. Alors que des millions d’individus subissent la pandémie sans les moyens médicaux nécessaires, connaissent le chômage et la précarité, souffrent de la faim, que d’autres se noient en fuyant les guerres et la misère, le montant des dépenses militaires mondiales a atteint un montant jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Les peuples souffrent, on leur distribue des armes. La honte !
 
La réduction des dépenses militaires est une nécessité. Leur réorientation vers des investissements utiles pour la santé, l’éducation, la recherche, la culture, le climat et une économie durable permettrait la création d’emplois en France et dans le monde. Si les neuf États possédant des armes nucléaires stoppaient leurs programmes, plus de 820 milliards d’euros pourraient être réorientés dans les 15 années à venir vers la satisfaction des besoins humains. Ce serait conforme avec la charte des Nations unies, qui stipule (article 26) que les États doivent « favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde », mais aussi avec le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian) entré en vigueur le 22 janvier 2021. Pour son avenir, l’humanité n’a d’autre chemin que la paix.
 
Signataires : Roland NIVET et Edith BOULANGER (Co-porte-paroles nationaux du Mouvement de la Paix) ; Jean ZIEGLER (conseiller du conseil des droits de l’homme des Nations Unies), Pradip BISWAS (v-p de la fédération des employés de banque d’Inde), Alain ROUY (secrétaire de l’AIEP - Asso internationale des éducateurs à la paix), Véronique MARTIN (secrétaire confédérale CGT), Lilian HALLS-FRENCH (Co-présidente Initiative Féministe EuroMed IFE-EFI), Michèle DECASTER (militante afaspa), Jim ANDERSON (Peace action), Christian REECHT (membre de l’Action Catholique Ouvrière)
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19 mai 2021 3 19 /05 /mai /2021 11:40
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Dans L’Humanité ce mardi, « Au Chili, la revanche des enfants d’Allende »
 
Au Chili, la revanche politique des enfants d’Allende
Mardi 18 Mai 2021 - L'Humanité

Défaite aux élections, la droite voit lui échapper la minorité de blocage dans la nouvelle Convention constituante, dominée par la gauche et les indépendants. Une nouvelle page d’histoire s’écrit, loin du legs de la dictature de Pinochet.

Depuis le oui sans appel des Chiliens, lors du référendum du 25 octobre 2020, à une nouvelle Constitution appelée à remplacer la loi fondamentale léguée par Pinochet, la droite du président Sebastian Piñera n’a reculé devant aucune manœuvre pour tenter de verrouiller les élections à la Convention constituante.

Peine perdue : elle a pris, dimanche, une dérouillée. Les conservateurs, qui faisaient bloc, des libéraux bon teint jusqu’aux nostalgiques de la dictature, sont sanctionnés ; unis, ils n’atteignent même pas, dans cette assemblée, la minorité de blocage d’un tiers qu’ils avaient imposée pour tenter de sauver l’essentiel à leurs yeux : le rôle « subsidiaire » de l’État, le règne sans partage du libre marché, gravés dans le marbre constitutionnel depuis 1980.

Les femmes plébiscitées

Avec à peine plus de 20 % des suffrages, la droite et l’extrême droite, défaites, ne remportent ensemble que 37 sièges sur 155. Dans un élan historique, la majorité revient à la gauche, avec une nette affirmation, dans les urnes, de la radicalité politique exprimée par le mouvement populaire d’octobre 2019. La liste « Apruebo Dignidad » (18,5 %), appuyée par le Frente Amplio, auquel participe le Parti communiste, conquiert ainsi 28 sièges et « la Lista del Pueblo », qui rassemblait des indépendants souvent issus des mouvements sociaux et féministes, recueille près de 15 % des voix et gagne 21 sièges.

Au centre gauche, la liste « Apruebo », incluant les socialistes et les démocrates-chrétiens, remporte 25 sièges tandis que les indépendants de Nueva Constitucion, plus à gauche, obtiennent 11 sièges. Une trentaine d’autres indépendants sans affiliation politique revendiquée entrent à l’Assemblée constituante. Symptôme, avec la très faible participation (41 % sur deux journées de vote), de la défiance profonde vis-à-vis des formations politiques traditionnelles qui se sont succédé aux affaires depuis la chute de Pinochet.

Le désir de rupture est sensible jusque dans le plébiscite des candidatures féminines : en raison de la règle paritaire imposée par la mobilisation féministe, une dizaine de femmes devront même céder leur siège à des hommes pour garantir à la gent masculine 50 % de la représentation. Cette vague porte son lot de symboles qui disent à eux seuls à quel point les temps changent : persécutée par l’État en raison de son appartenance au peuple mapuche, passée par la prison, désignée comme une « terroriste », la chamane Francisca Linconao remporte l’un des 17 sièges réservés aux représentants des peuples autochtones.

L’intégrisme néolibéral sanctionné

Ce souffle nouveau vient aussi bouleverser les rapports de forces à l’échelle des municipalités et des régions, avec le même effet de sanction contre la droite, qui paie dans les urnes son intégrisme néolibéral, sa réponse répressive aux demandes sociales, sa gestion désastreuse de la pandémie de Covid-19.

Dans ce mouvement, de nouveaux visages s’imposent, comme celui d’Iraci Hassler, militante féministe et communiste, élue maire de Santiago, la municipalité du centre historique de Santiago du Chili. La jeune femme inflige une cinglante défaite au sortant, l’avocat Felipe Alessandri, héritier d’une dynastie de droite, passé par le cabinet de Piñera.

Dans la commune voisine de Recoleta, le communiste Daniel Jadue, candidat à l’élection présidentielle, est brillamment réélu avec près de 65 % des voix. Toujours dans la capitale, la féministe Emilia Rios, candidate du Frente Amplio, gagne la municipalité de Ñuñoa.

Et, à l’échelle de la région métropolitaine de Santiago, la féministe Karina Oliva Perez (22,6 %), membre du parti Comunes, présentée par le Frente Amplio, met en ballottage le démocrate-chrétien Claudio Orrego Larrain (24,9 %), qui compte sur la mobilisation de la droite pour tenter de barrer la route à la gauche au second tour, le 13 juin. À Valparaiso en revanche, Rodrigo Mundaca, figure de la lutte contre la privatisation de l’eau, qui se présentait sous les couleurs du Frente amplio, remporte une victoire éclatante : il est élu gouverneur dès le premier tour avec 43,8 % des voix. « Les secteurs qui cherchent à transformer le pays ont triomphé et cela conforte la nécessité d’une Constitution absolument démocratique, faite à partir de la base, mais aussi le besoin d’un gouvernement populaire dans un proche avenir, pour installer cette Constitution, pour conduire les changements dans une unité sans restriction », se réjouit Daniel Jadue.

Vers une authentique transition

Au Chili, berceau d’un néolibéralisme qui s’est bâti sur le sang des opposants à Pinochet, où les services publics, l’éducation, la santé, les retraites et tous les biens communs ont été broyés par la libéralisation et par les privatisations, de nouveaux horizons se dégagent. Ces scrutins offrent la photographie d’un paysage politique radicalement nouveau, à six mois des élections présidentielle, législatives et sénatoriales. « Les citoyens ont envoyé un message clair et fort au gouvernement et aussi à toutes les forces politiques traditionnelles : nous ne sommes pas suffisamment en phase avec les demandes et les désirs des citoyens et nous sommes mis au défi par de nouvelles expressions », admet le président Sebastian Piñera.

Dans un contexte de crises sociale, économique et politique structurelles, un mouvement profond refaçonne le pays, dont les jeunes générations entendent ouvrir une authentique transition, pour se débarrasser des oripeaux de la dictature et des cadenas qu’elle a posés sur un système inégalitaire, autoritaire, sacrifiant en toutes circonstances l’intérêt général aux privilèges de l’oligarchie.

Au fil des marches de 2019, un cri résonnait dans le brouillard des gaz lacrymogènes comme la promesse d’une éclaircie future : « Chile despertó ! » ( « Le Chili s’est réveillé ! »). Les représentantes et les représentants à la Convention n’ont pas d’autre choix que de l’entendre : ils ont désormais neuf mois, un mandat qui pourra être prorogé de trois mois, pour écrire une nouvelle Constitution au diapason des aspirations populaires exprimées dans la rue comme dans les urnes.

Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
Chili: la revanche politique des enfants d'Allende - Rosa Moussaoui et Lina Sankari, L'Humanité, 18 mai 2021
À Santiago, l’espoir est rouge et féministe
Mardi 18 Mai 2021 - L'Humanité

À 30 ans, la communiste Iraci Hassler a été élue maire d’une commune de la capitale chilienne. Elle prône un nouveau modèle de développement local.

Parmi les éminentes, les illustres figures qui peuplent le panthéon personnel de la nouvelle maire communiste du centre historique du Grand Santiago, Iraci Hassler, des femmes. Gladys Marin, d’abord. Éducatrice pour enfants handicapés et présidente du Parti communiste chilien entrée en clandestinité sous la dictature de Pinochet, elle fut une inlassable combattante de la justice reconnue au-delà des clivages politiques. La militante africaine-américaine Angela Davis, ensuite. Karol Cariola et Camila Vallejo, enfin. Deux jeunes parlementaires communistes chiliennes, figures de la révolte estudiantine contre la marchandisation de l’éducation en 2011, qui marquèrent le premier pas d’Iraci Hassler en direction de la politique. C’est à ce moment-là que l’économiste adhère elle aussi au Parti communiste.

« Inverser l’ordre des privilèges »

À 30 ans, la jeune maire, élue dimanche avec 38,93 % des voix, donne déjà l’impression d’avoir été de toutes les luttes. Désignée candidate à la mairie à l’issue d’une primaire inédite de la gauche qui rassemblait plus de 50 organisations sociales, politiques et féministes, la conseillère municipale renverse ainsi Felipe Alessandri du parti Rénovation nationale (droite, 35,23 %), qui a largement avalisé la répression contre le mouvement social de 2019. Aujourd’hui, elle appelle à relever les manches pour « construire le “bien-vivre” dans nos quartiers ».

Qu’est-ce qu’être communiste aujourd’hui ? Sa réponse est sans ambages : « Agir chaque jour pour inverser l’ordre des privilèges et l’accumulation des richesses au prix du temps et du travail de la majorité, dans un monde qui a parfaitement les moyens pour que nous vivions tous bien. C’est faire confiance à l’humanité, lutter pour une société où nous nous développons tous librement et pleinement, avec toutes nos potentialités, dans la dignité et l’égalité des droits. »

La jeune édile prône une réflexion et une transformation permanentes pour conquérir de nouveaux droits. Elle entend également présenter un plan de relance économique qui atténue les effets de la crise sanitaire et soutient un nouveau modèle de développement local, la réduction des inégalités de genre et la protection de l’environnement.

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18 mai 2021 2 18 /05 /mai /2021 05:47

 

Malgré l’apparence, ce n’est peut-être pas dans la bataille de Gaza qu’il sera le plus difficile d’obtenir un retour au calme. Israéliens comme Palestiniens sont rodés aux marchandages qui préparent un cessez-le-feu. Mais comment mettre un terme aux affrontements dans les villes « mixtes » d’Israël où se sont rouvertes les plaies de 1948 ?

Comment sortir du conflit entre Israël et les Palestiniens ? En dépit de son caractère spectaculaire et de son bilan humain – près de 200 morts palestiniens, dont 55 enfants, 10 morts israéliens –, c’est peut-être, paradoxalement, la confrontation armée autour de la bande de Gaza entre le mouvement islamiste Hamas et l’armée israélienne qui posera le moins de problèmes.

Même s’ils rêvent de détruire Israël, les dirigeants du Hamas savent qu’ils n’y parviendront pas. Et les responsables politiques et militaires d’Israël qui aimeraient se débarrasser définitivement du Hamas n’ignorent pas davantage que cet objectif, sous les yeux du monde, n’est pas à leur portée, quelle que soit la supériorité de leurs armes. Mais du « brouillard de la guerre » émergent quelques évidences incontournables.

Le Hamas a déjà remporté une victoire militaire et politique indiscutable. Les salves massives de roquettes et de missiles tirées par ses combattants depuis la bande de Gaza ont contraint des centaines de milliers d’Israéliens à vivre dans la peur et à passer une partie de leurs journées dans les abris. Elles ont aussi provoqué l’arrêt des vols commerciaux vers les deux aéroports internationaux d’Israël : Tel-Aviv et Eilat. Et plongé l’état-major dans une interrogation nouvelle sur les limites de l’efficacité de leur principal système de défense antimissile. Indispensable et rassurant, le « Dôme de fer » a parfois semblé en difficulté face à des stratégies de saturation.

Le 16 mai 2021, non loin de Ramallah. © Abbas Momani/AFP

Israël, de son côté, peut se féliciter de la qualité de ses renseignements sur le Hamas, son organigramme civil et militaire, la localisation des QG, des bureaux d’études et ateliers de production d’armement, des sites de lancement et le plan détaillé de ses tunnels. Ce qui permet à l’état-major de revendiquer l’élimination de plusieurs dizaines de chefs militaires et de spécialistes des armements enfouis sous les décombres de leur immeuble ou de leur sous-terrain frappés par les bombes « intelligentes » des F-16.

Assurés de pouvoir se prévaloir de ces succès auprès de leurs partisans ou de leurs électeurs, les deux camps, qui n’en sont pas à leur premier affrontement, savent en outre qu’ils n’ont pas intérêt à une guerre de longue durée. Et que les objectifs à court terme qu’ils poursuivent sont atteints ou sur le point de l’être.

Le Hamas a confirmé sa capacité de nuisance, la productivité de ses arsenaux, sa légitimité patriotique et son aptitude à incarner la résistance. Il a aussi démontré sa solidarité active avec les Palestiniens de Jérusalem-Est, de Cisjordanie et d’Israël. Et rappelé son attachement à la défense des Lieux saints, soulignant du même coup la faiblesse et l’impuissance de l’Autorité palestinienne et du Fatah.

Israël, pour sa part, a fait la démonstration de sa puissance militaire, de sa maîtrise du rapport de force, de ses soutiens diplomatiques et politiques, et a même, en dépit des apparences, rétabli son potentiel de dissuasion. Y compris après deux ans de crise gouvernementale et sous la direction d’un premier ministre contesté, affaibli par les affaires et en sursis.

En d’autres termes, il ne manque plus qu’un médiateur mutuellement agréé pour entamer la négociation d’un cessez-le-feu. L’Égypte, qui a déjà joué ce rôle et qui ne veut à aucun prix voir se poursuivre un conflit armé – surtout impliquant une branche des Frères musulmans – à ses frontières, a été récusée la semaine dernière par Israël. Mais, selon les militaires israéliens, elle aurait poursuivi ses approches et l’implication de ses services secrets dans des contacts indirects avec les deux parties serait plus active encore qu’en 2014 pour l’opération « Protective Edge ».

Le Qatar, qui fournit – avec l’accord d’Israël – une aide financière annuelle de plus de 350 millions de dollars au Hamas, ce qui permet au mouvement islamiste de payer les salaires de ses 20 000 fonctionnaires et d’apporter un soutien à plus de 100 000 nécessiteux, parmi lesquels les familles des « martyrs », pourrait aussi contribuer à des contacts discrets. Contacts que Washington observe avec circonspection, impatient de voir la fin de l’affrontement armé mais prévenu contre une intervention plus active par des décennies d’efforts vains.

Les termes de la négociation seraient les mêmes que lors des conflits précédents : « retour au calme contre retour au calme », sans autre condition ou engagement au moins pour la première phase, après une période de désescalade plus ou moins longue, mais dont la durée pourrait être liée au bilan humain des affrontements à l’intérieur d’Israël.

Le problème est que ce deuxième front, qui ne peut être traité par des frappes de F-16 ou des pilonnages d’artillerie, pose aux dirigeants israéliens des questions auxquelles ils n’ont, pour l’heure, pas de réponses. Depuis le début de la semaine dernière, les « villes mixtes », en général pauvres et sous-équipées, où coexistent habitants juifs et « arabes israéliens », c’est-à-dire citoyens palestiniens d’Israël, sont la proie d’affrontements et d’émeutes. Le plus souvent, ces confrontations mettent aux prises les jeunes résidents arabes et des groupes de colons d’extrême droite armés venus de leurs collines de Cisjordanie pour « défendre les Juifs ».

Lynchages communautaires et représailles, incendies de synagogues et de mosquées, ratonnades, agressions se multiplient depuis les localités « mixtes » de la banlieue d’Haïfa jusqu’aux villages bédouins du Néguev.

Mobilisés par la solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem-Est, par la défense des Lieux saints musulmans que menacent les suprémacistes juifs, les jeunes « Arabes israéliens » affrontent, armés de cocktails Molotov et de pierres, les commandos d’extrémistes juifs et les unités anti-émeutes de la police des frontières transférées depuis la Cisjordanie pour tenter de rétablir l’ordre. Mais c’est aussi contre le marasme économique et social dans lequel ils se débattent qu’ils se révoltent. 

« La violence à l’intérieur d’Israël a atteint des niveaux inégalés depuis des décennies », estimait jeudi le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Lod, Ramle, Jaffa, Tamra, Hura, Saint-Jean-d’Acre, Tibériade, Bat Yam, Haïfa : aucune des villes où résident les 20 % de citoyens israéliens non juifs n’échappe à cette flambée de violences. À Lod (voir notre reportage), près de l’aéroport international de Tel-Aviv, où un tiers des habitants sont des Palestiniens d’Israël, le niveau des violences a été tel que l’état d’urgence a été déclaré, un couvre-feu imposé par la police et des « renforts massifs » de forces de sécurité déployés en urgence par le ministre de la défense

« Ce qui se passe dans ces villes est en train de rouvrir des plaies qui datent de 1948 », constatait la semaine dernière le chroniqueur militaire de Haaretz. Alors que les Palestiniens ont célébré samedi le 73e anniversaire de la Nakba, la « catastrophe » qui a vu, en 1948, 700 000 d’entre eux chassés de leurs maisons par les combattants juifs et devenir des réfugiés, il est clair que la violence impunie des groupes de colons et d’une police qui a multiplié, ces dernières semaines, bavures et maladresses provocatrices ne peut que réveiller des échos tragiques, lourds de désespoir et de colère.

Benjamin Netanyahou n’incarne pas à lui seul cette histoire mais, depuis qu’il est entré en politique, et surtout depuis qu’il est devenu premier ministre en 2009 et qu’il exerce le pouvoir, il s’appuie sur des majorités de plus en plus à droite pour conduire une politique qui repose sur le développement de la colonisation en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, et sur une domination et une oppression croissantes des Palestiniens.

Selon Ayman Odeh, avocat et chef de file de la Liste unifiée qui représente les Palestiniens d’Israël, « tous les premiers ministres israéliens qui se sont succédé depuis Ben Gourion en 1948 ont été responsables de 10 % de l’incitation à la haine des Arabes qui existe en Israël. Et Netanyahou de 90 % ».

Guidé par l’héritage idéologique de son père vénéré, qui fut le secrétaire de Zeev Jabotinski, fondateur du « révisionnisme sioniste » et partisan de la « muraille d’acier » face au nationalisme arabe, Benjamin Netanyahou n’a jamais renoncé à ce rêve de « séparation et de domination » des Arabes de Palestine, même lorsqu’il faisait mine, pour des raisons diplomatiques, d’accepter l’idée d’une solution à deux États. Ses choix politiques en témoignent.

Après avoir défendu et célébré l’érection du mur qui annexe une bonne partie du territoire de la Cisjordanie et sépare les colons juifs des habitants palestiniens, c’est lui qui a pris l’initiative d’une autre forme de séparation, non plus dans l’espace avec du béton et du grillage, mais dans le droit, les usages et les têtes. En juillet 2018, il a fait voter par la Knesset la loi sur Israël « État-nation du peuple juif » qui sépare les citoyens juifs d’Israël de tous les autres citoyens. Et qui fait de ces derniers des citoyens de seconde zone.

« En vertu de cette loi inacceptable, expliquait en janvier dernier à Mediapart Avraham Burg, ancien président de la Knesset et de l’Agence juive, un citoyen d’Israël qui n’est pas juif est astreint à un statut inférieur. Comparable à celui qui a été assigné aux juifs pendant des générations. Ce qui fut odieux pour nous, nous l’infligeons maintenant à nos citoyens non juifs. »

C’est probablement pourquoi les Palestiniens d’Israël, qui se considéraient déjà en dépit de leur passeport israélien et de leur droit de vote symbolique comme des sous-citoyens confinés dans des banlieues ou des villes négligées, bannis de toutes les coalitions gouvernementales, ont mesuré au fil des ans, et surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Netanyahou en 2009, qu’ils avaient de plus en plus d’intérêts communs avec les Palestiniens de Jérusalem-Est et de Cisjordanie. Au point de prendre le sillage de leur révolte, lorsque l’irruption des extrémistes juifs à Al-Aqsa, les provocations de la police à la Porte de Damas et les tentatives d’expulsion des habitants de Sheik Jarrah les a jetés dans la rue.

Est-ce un hasard si cette colère des Palestiniens las des humiliations, de la domination, de l’oppression, de la discrimination, des persécutions qu’ils subissent, explose au moment où les juristes mettent un nom sur le statut qu’ils rejettent : l’apartheid ? Car cette traduction de « mise à part » en afrikaans, la langue de la minorité blanche d’Afrique du Sud, n’est plus seulement aujourd’hui un raccourci rhétorique ou une caricature polémique dans la bouche ou sous la plume des critiques de la politique israélienne. Ce n’est plus le risque lointain contre lequel Itzhak Rabin mettait en garde ses concitoyens en 1976.

C’est désormais la description clinique et documentée du « crime contre l’humanité » que commet Israël et dont les Palestiniens sont les victimes. C’est ce que démontrait déjà en juin 2020 le juriste israélien Michael Sfard dans une étude publiée par l’ONG Yesh Din (« Il y a une justice », en hébreu), analysée par Mediapart. C’est ce que vient de confirmer le rapport de 224 pages publié il y a quelques semaines par Human Rights Watch.

Après avoir rappelé ce qui constitue au regard du droit international les crimes d’apartheid et de persécution, et exposé le fruit de leurs investigations sur le terrain, les auteurs du rapport concluent que « le gouvernement israélien a démontré son intention de maintenir la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens à travers Israël et les Territoires palestiniens occupés (TPO). Dans les TPO, y compris à Jérusalem-Est, cette intention s’est accompagnée d’une oppression systématique des Palestiniens et d’actes inhumains commis à leur encontre. Lorsque ces trois éléments sont présents simultanément, ils constituent le crime d’apartheid ».

On le voit, il ne suffira pas pour éteindre cette révolte-là de parvenir à un cessez-le-feu et d’offrir le silence des armes contre le silence des armes. Ce sont presque trois quarts de siècle de violence et d’injustice qui sous-tendent la colère des jeunes Palestiniens d’Israël et des territoires occupés. Premier ministre sans mandat ni légitimité, Benjamin Netanyahou semble vouloir profiter du désordre qu’il a créé pour récupérer son pouvoir. Qu’a-t-il à proposer, hormis le recours à la force, pour sortir de cette crise ?

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 16:59
Iraci Hassler Jacob: nouvelle maire communiste et féministe de Santiago du Chili

Felicitaciones a Iraci Hassler, alcaldesa electa de Santiago de Chile 🇨🇱 !

👏 Bravo à Irací Hassler Jacob, nouvelle maire de Santiago du Chili.

Irací Hassler vient d'être élue maire de la capitale du Chili : Santiago de chile.
 
Irací Hassler, qui arrache cette ville de 5 millions d'habitants à la droite Chilienne, est une jeune femme communiste de 30 ans.

Il y a 10 ans, alors qu’elle était étudiante, elle s’était fortement mobilisée pour l’accès à une éducation publique et gratuite.

Aujourd’hui économiste, féministe et membre du parti communiste chilien, elle vient d’être élue maire de la capitale chilienne, à seulement 30 ans.

Ses objectifs sont clairs : l’inclusion et le vivre-ensemble, l’accès au logement, à la santé, au sport, à l'éducation et à la culture, une politique environnementale et pour le bien-être animal, etc

PCF - Parti Communiste Français

Iraci Hassler Jacob: nouvelle maire communiste et féministe de Santiago du Chili
Attention, âmes sensibles s'abstenir ! Voici le résultat de Daniel Jadue Jadue, leader communiste chilien, à Recoleta, dans la capitale. Un spectre hante le Chili... Cathy Dos Santos

Attention, âmes sensibles s'abstenir ! Voici le résultat de Daniel Jadue Jadue, leader communiste chilien, à Recoleta, dans la capitale. Un spectre hante le Chili... Cathy Dos Santos

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17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 16:59
CHILI : UN PEUPLE QUI PREND SON DESTIN EN MAIN (L'Humanité, 17 mai 2021)
CHILI : UN PEUPLE QUI PREND SON DESTIN EN MAIN
Lundi 17 Mai 2021

En octobre 2019, de jeunes étudiant-e-s commençaient à manifester contre la hausse des tarifs dans les transports. Plus d’un an et demi s’est écoulé, et le réveil chilien se confirme enfin avec un scrutin historique. Le peuple s’est exprimé afin d’élire 345 maires, 2 252 conseillers municipaux, 16 gouverneurs régionaux et les 155 membres de la Convention constituante. Les élections de cette Convention constituante, paritaire, sont l’aboutissement de la mobilisation sociale. Malgré la répression sanglante de ces derniers mois, ce sont la force et la persévérance populaires qui permettent de changer l’histoire et d’avancer vers une Constitution issue de la démocratie, pour se débarrasser définitivement de l’héritage lourd et obscur du dictateur Pinochet.

L’espoir populaire des derniers mois s’est donc traduit dans les urnes. La gauche est largement majoritaire pour rédiger la nouvelle Constitution. Ce qui peut être considéré comme une victoire des mouvements sociaux est, pour le gouvernement de Sebastian Piñera, une cuisante défaite. Cette coalition de droite atteint 37 sièges, c’est-à-dire loin du tiers nécessaire qu’elle espérait obtenir pour imposer son veto et freiner les changements structurels qui s’annoncent.

Les résultats cristallisent un peu plus le rejet des partis politiques traditionnels, d’ailleurs, près de 40 % des candidats n’étaient pas issus de partis politiques. C’est notamment le cas pour la coalition de centre gauche qui a gouverné à plusieurs reprises depuis 1990 et qui atteint seulement 25 sièges. La « gauche alternative », composée du Parti communiste et de Frente Amplio, obtient 28 sièges. Mais les grands vainqueurs de ce scrutin sont définitivement les candidat-e-s indépendant-e-s, de tendance progressiste, qui gagnent 48 sièges.

Une des difficultés pour ces candidat-e-s indépendant-e-s aura été de faire connaître leurs candidatures en peu de temps. Beaucoup de celles et ceux qui travaillent dans les syndicats, dans des organisations sociales ou dans l’enseignement n’ont pas les mêmes ressources pour rivaliser avec des personnalités de la télévision ou du monde intellectuel, des politiciens bien connus, qui ont reçu des contributions financières importantes du monde des affaires du pays. Ces inégalités n’auront rien empêché. Le processus est désormais enclenché, le Chili peut maintenant rompre et instaurer de véritables changements structurels sur le plan politique, économique et social.

Le peuple chilien s’est aussi mobilisé pour l’égalité et la diversité. D’une part, dans cette Assemblée, 17 sièges sont réservés aux peuples autochtones, trop souvent oubliés des institutions en place depuis trente ans. D’autre part, la parité de la Convention représente une première mondiale ! C’est la garantie d’une perspective de genre tellement essentielle pour cette refondation démocratique. C’est l’opportunité de bousculer le patriarcat et le rapport de forces traditionnel qui opèrent depuis 1990, permettant ainsi de faire émerger une Convention suffisamment diverse afin d’avancer vers un nouveau pacte social.

La responsabilité est énorme pour ces 155 membres dont le but sera de rédiger une nouvelle « Carta Magna » pendant neuf mois, avec une éventuelle prorogation de trois mois. L’expérience australe de la souveraineté populaire au XXI e siècle est en cours. Il sera fondamental que les membres de la Constituante favorables aux changements puissent instaurer, dans les premières semaines où doivent être débattus et définis les rouages de fonctionnement de l’Assemblée, d’importants mécanismes de participation citoyenne. Cette Convention constituante est la porte de sortie de quarante-sept ans de néolibéralisme outrancier et d’injustices sociales.

Le travail de cette Convention va se dérouler à quelques mois de l’élection présidentielle (premier tour prévu le 21 novembre). Ces résultats électoraux doivent pousser les forces progressistes à parvenir à l’unité pour la présidentielle, afin que la fragmentation politique ne vienne pas obstruer le processus constituant. Les victoires du Parti communiste, notamment à Santiago avec Iraci Hassler, renforcent la candidature présidentielle de Daniel Jadue, lui-même largement réélu dans à Recoleta, une des municipalités de la région métropolitaine.

Le changement est une lutte continue. Cette lutte légitime et nécessaire, elle aura malheureusement coûté la vie à des dizaines de jeunes manifestant-e-s, aveuglé-e-s et mutilé-e-s, des centaines d’autres, mais elle ne fut pas en vain. Ce peuple debout et conscient, avec un crayon bleu, aura en quelques heures anéanti la Constitution de Pinochet et embrassé la diversité et la parité pour écrire une nouvelle histoire : celle de la dignité. Ce 16 mai 2021 au Chili « quelque chose a changé, l’air semble plus léger, c’est indéfinissable ».

Pierre Lebret, politologue, expert du Chili et de l’Amérique latine

Christophe Bieber, historien, expert de l’Amérique latine

Florian Lafarge, ancien conseiller du porte-parole du gouvernement français (2012-2017)

 
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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:20
Communiqué de l’AFPS - L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France
 
Vendredi 14 mai 2021

Communiqué de l’AFPS

L’indispensable solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer en France

Le gouvernement français vient de passer un cap. Alors que la population palestinienne de Gaza subit la terreur et les destructions des bombardements par Israël, et que les victimes se comptent par dizaines dont de nombreux enfants, le gouvernement français n’a toujours pas condamné ces bombardements aveugles ni la nécessité de protéger la population palestinienne. Et maintenant c’est l’expression de la solidarité à l’égard du peuple palestinien qu’il a décidé de faire taire.

Mercredi 12 mai le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) était mis en garde à vue suite à l’interdiction d’un rassemblement à Paris.

Le 13 mai le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir faire interdire toutes les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien à Paris le samedi 15 mai.

Depuis des semaines, l’armée d’occupation harcèle les Palestiniens de Jérusalem. Cette même armée a pénétré dans les lieux saints (jusqu’à l’intérieur de la mosquée d’Al Aqsa) pour y tirer sur les fidèles. Elle a assuré la protection de centaines de militants racistes criant « mort aux arabes » à Jérusalem. Elle protège les colons armés qui agressent les Palestiniens menacés d’expulsion dans le quartier de Sheikh Jarrah et de Silwan. En Cisjordanie la répression s’abat aussi sur la population : 10 morts ce 14 mai, assassinés par l’occupant. Les Palestiniens d’Israël quant à eux paient le prix d’un racisme institutionnel enraciné dans la société israélienne.

Ces faits n’ont suscité aucune condamnation de la France qui continue de renvoyer dos à dos l’oppresseur et l’opprimé, l’occupant et l’occupé. Cela ne fait qu’accroître la colère et la révolte.

L’AFPS est scandalisée par cette nouvelle décision du préfet de Paris sous ordre d’un ministre de l’Intérieur qui justifie cette interdiction par des supposés troubles à l’ordre public. Elle soutient le référé qui a été déposé contre l’interdiction de manifester. Ce sont les interdictions qui créent les troubles à l’ordre public et non l’inverse. Monsieur Darmanin joue les pyromanes. Il portera la responsabilité des dérapages qui pourraient advenir suite à cette interdiction.

Le 14 mai le ministre Darmanin en rajoute dans l’outrance laissant entendre que les manifestations en solidarité avec le peuple palestinien sont des manifestations antisémites. C’est scandaleux et indigne. Nous avons le droit de contester le régime israélien d’oppression et de domination sans être insultés et muselés. Nous avons le devoir de dénoncer les violations du droit international. La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour entrave à la liberté d’expression. Ces violations doivent cesser.

L’émotion est très forte et l’indignation doit pouvoir s’exprimer dans un cadre organisé. Réprimer systématiquement toute expression de solidarité à Paris voire dans d’autres villes est une tendance extrêmement dangereuse. Dans de nombreuses villes de France des manifestations se sont tenues depuis une semaines à l’appel de collectifs d’organisations. Toutes se sont passées sans le moindre incident. Des dizaines de rassemblements sont programmés samedi 15 mai. La solidarité avec le peuple palestinien s’exprimera malgré les défenseurs inconditionnels d’un État criminel.

Nous allons avec nos partenaires prendre des initiatives pour que le droit à manifester notre solidarité avec le peuple palestinien à Paris et partout en France soit restauré.

Le Bureau National de l’AFPS
Le 14 mai 2021

https://www.france-palestine.org/L-indispensable-solidarite-avec-le-peuple-palestinien-doit-pouvoir-s-exprimer

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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 06:12
En Israël, Netanyahou et l’extrême droite se déchaînent sur les Palestiniens - Pierre Barbancey dans l'Humanité de vendredi 14 mai
En Israël, Netanyahou et l’extrême droite se déchaînent sur les Palestiniens
Pierre Barbancey dans l'Humanité de vendredi 14 mai
 
Des groupes juifs racistes attaquent les Arabes dans plusieurs villes israéliennes. En marge des bombardements sur Gaza, des préparatifs d’une invasion terrestre s’accéléraient jeudi, tandis que le Hamas maintenait les tirs de roquettes sur Israël.
Le lynchage en direct d’un Palestinien par un groupe d’extrême droite, dans une petite localité du sud de Tel-Aviv, a jeté l’effroi dans le monde entier. Les signes avant-coureurs étaient là. Les rassemblements de protestation qui se sont déroulés dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, pour empêcher l’expulsion de dizaines de familles palestiniennes n’ont pas mobilisé uniquement les habitants de la partie occupée de la ville. De nombreux Arabes israéliens, c’est-à-dire les Palestiniens vivant en Israël depuis 1948, musulmans et chrétiens, sont venus manifester directement sur place ou ont participé à des marches à Haïfa et à Tibériade tout autant qu’à Nazareth ou Saint-Jean-d’Acre. Jérusalem-Est devenue le symbole de l’occupation et de son corollaire, la colonisation.
Un Arabe israélien tué d’une balle dans le dos à Lod
Parallèlement, dopée par les discours de Benyamin Netanyahou et son score lors des dernières élections législatives, l’extrême droite israélienne est venue s’affronter directement aux Palestiniens avec à sa tête le député raciste Itamar Ben Gvir. Des ratonnades ont été déclenchées aux cris de « Mort aux Arabes ». De Cheikh Jarrah, cette extrême droite s’est ensuite déplacée dans les villes à majorité arabe dans un évident geste de provocation en cherchant l’affrontement armé.
C’est exactement ce qui s’est produit. Un Arabe israélien a été tué d’une balle dans le dos à Lod, la veille du lynchage. Les fascistes israéliens ont montré de quoi ils étaient capables. Il ne s’agit pas de faits isolés. Ils bénéficient de la mansuétude, voire de l’encouragement du gouvernement – toujours dirigé par Benyamin Netanyahou – et même du président israélien, Reuven Rivlin. Celui-ci, membre du Likoud et souvent présenté abusivement comme modéré, a cru bon dénoncer des « pogroms » et a vu des « foules arabes assoiffées de sang ». De quoi déclencher les pires réflexes. Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Amir Ohana, y est allé aussi de son couplet en soutenant ceux qui ont tiré à balles réelles sur les manifestants arabes en expliquant benoîtement : « Les civils qui portent des armes aident les autorités à neutraliser immédiatement tout danger et toute menace. »
L’envoi de renforts« massifs » dans les villes mixtes israéliennes
Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a ordonné jeudi l’envoi de renforts « massifs » pour les forces de sécurité dans les villes mixtes israéliennes en annonçant le rappel de dix compagnies de gardes-frontières opérant d’habitude en Cisjordanie occupée. Des gardes-frontières connus pour leur violence à l’égard des Palestiniens et dont on entrevoit l’utilisation qui en sera faite ces prochains jours.
 
La coalition Hadash, qui rassemble des juifs et des Arabes et à laquelle participe le Parti communiste israélien, a exprimé son opposition à ces violences. « Dans une tentative désespérée pour se maintenir au pouvoir, Netanyahou nous entraîne dans une guerre dangereuse qui va faire des ravages sur les deux peuples. La guerre ne fera qu’apporter plus de meurtres, de souffrances et de douleurs. Nous exigeons la fin de l’escalade. Nous exigeons la fin de l’incendie. Nous exigeons la seule solution à la situation : la fin de l’occupation, la fin du siège de Gaza et la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël dont la capitale est Jérusalem-Est. »
 
Une invasion terrestre envisagée
 
De son côté, le député communiste Ayman Odeh a également appelé les Arabo-Palestiniens d’Israël à s’abstenir d’actes de violence. « Nous sommes préoccupés par la détérioration de la rue, dit-il. Nous nous opposons à toute attaque contre des civils innocents qui doivent être tenus à l’extérieur du conflit. Nous avons averti Netanyahou à maintes reprises qu’il pourrait enflammer toute la région afin de préserver son pouvoir et maintenant nous voyons le résultat de ses actions. »
 
Des actions terribles qui s’amplifient. Sous prétexte de répliquer aux tirs de roquettes en provenance de Gaza et de viser les installations militaires du Hamas, l’aviation israélienne s’est déchaînée, opérant plus de 600 sorties en trois jours. C’est un véritable massacre. Plus de 80 personnes, des civils pour la plupart, ont été tuées côté palestinien et sept en Israël.
Tandis que les tirs d’artillerie se multipliaient en direction de l’enclave palestinienne, contrôlée par les islamistes du Hamas, des chars et d’autres véhicules blindés se sont massés le long de la barrière frontalière séparant Gaza d’Israël. « Nous sommes prêts et nous continuons à nous préparer à différents scénarios », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, Jonathan Conricus, précisant qu’une invasion terrestre était « un des scénarios ». En réalité, Israël n’a jamais cessé d’attaquer Gaza, même lorsque aucune roquette n’était tirée. Les Marches du retour, organisées chaque semaine dans le territoire palestinien, ont été l’occasion pour l’armée israélienne de blesser et tuer de nombreux Palestiniens. La dernière offensive massive, en 2014, s’était soldée par plus de 2 200 morts dans la bande de Gaza.
« Cela prendra du temps (…) mais nous allons restaurer la quiétude en Israël », a averti Benyamin Netanyahou, qui s’est rendu jeudi sur le site d’une batterie du bouclier antimissile Dôme de fer, dans le centre du pays. Aucune mesure de rétorsion n’étant envisagée pour le contraindre à cesser les bombardements, il sait qu’il dispose encore de plusieurs jours pour frapper Gaza. Joe Biden, qui l’a appelé, lui a redit qu’Israël avait le droit de se défendre. Mais de l’occupation et de la colonisation, raisons de la colère palestinienne, les deux hommes n’ont pas parlé.
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15 mai 2021 6 15 /05 /mai /2021 05:59
Rassemblement de soutien aux Palestiniens - Samedi 15 mai 2021 à 10h 30 SQUARE DE LA RESISTANCE à MORLAIX VENEZ NOMBREUSES ET NOMBREUX !
Un appel de L'AFPS du Pays de Morlaix et de nombreuses associations est lancé pour manifester notre solidarité avec le peuple palestinien
SAMEDI 15 MAI 2021
(jour anniversaire de la Nakba de 1948)
a 10h 30 SQUARE DE LA RESISTANCE à MORLAIX
l'appel lancé par l'Afps du Pays de Morlaix a d'ores et déjà reçu le soutien de: LDH, Amnesty International, CCFD-Terre Solidaire, Association Morlaix/Wavel, ACAT, PS, PCF, Génération's, France Insoumise, EELV, Ensemble, UDB, Gauche indépendantiste, NPA, Lutte Ouvrière, UL-CGT, UL-Solidaires...
La situation subie par le peuple palestinien est dramatique.
A Jérusalem, en Cisjordanie ou à Gaza, l'occupant israélien amplifie sa politique d'apartheid et réprime la population palestinienne. Les bombardements sur Gaza s'intensifient, 70 morts annoncés ce jeudi matin.
Pour dire NON aux expulsions et destructions de maisons dans les quartiers palestiniens de Jérusalem Est !
Pour dire NON aux provocations et aux actes racistes des suprémacistes israéliens dans la vielle ville de Jérusalem !
Pour dire NON aux massacres à Gaza !
Pour le respect par Israël du droit international et la fin de l'occupation !
Pour interpeller le gouvernement français sur son absence de soutien au peuple palestinien !
Pour manifester notre solidarité avec une Palestine libre !
 
Rassemblement Samedi 15 mai 2021
(jour anniversaire de la Nakba de 1948)
à 10h 30 SQUARE DE LA RESISTANCE à MORLAIX
VENEZ NOMBREUSES ET NOMBREUX !
Rassemblement de soutien aux Palestiniens - Samedi 15 mai 2021 à 10h 30 SQUARE DE LA RESISTANCE à MORLAIX VENEZ NOMBREUSES ET NOMBREUX !
Rassemblement de soutien aux Palestiniens - Samedi 15 mai 2021 à 10h 30 SQUARE DE LA RESISTANCE à MORLAIX VENEZ NOMBREUSES ET NOMBREUX !
[Urgence en Palestine 🚨]
Soyons nombreux·ses à participer au rassemblement en solidarité avec le peuple palestinien, à l'initiative de l'Association France Palestine Solidarité - Groupe local de Brest.
RDV le samedi 15 mai à 15h Place de la Liberté ✊

RAPPPEL: à Brest, ce samedi 15 mai à 15h, place de la liberté

POUR LA DEFENSE DU PEUPLE PALESTINIEN SOUMIS A UNE ATTAQUE MASSIVE DE L'ARMEE ISRAELIENNE A GAZA ET A DES EXPULSIONS A JERUSALEM. A l'appel de l'AFPS, avec Amnesty international, les Amis de l'Humanité, Attac, EELV Brest, Ensemble, la FI, la LDH, les Jeunes insoumis, le Mrap, le NPA, le PCF, le POID, Solidaires, l'UCL, l'UDB, l'UEP...

Et à Quimper:
Lundi 17 mai à 17h30 place Terre au Duc à Quimper
Pour la protection du peuple palestinien, pour la paix.
La section PCF du pays de Quimper appelle à participer au rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien lundi 17 mai à 17h30 place Terre au Duc à Quimper à l’initiative du groupe du pays de Cornouaille de l’AFPS.
Chaque jour qui passe, la situation en Palestine s’aggrave, la sinistre statistique des morts et des blessés palestiniens à Gaza, y compris des enfants, s’alourdit, les violations du droit international par le gouvernement d’extrême-droite israélien se multiplient, et la flambée de la haine et de la violence interpelle celles et ceux qui sont attachés à la paix, paix qui ne peut se fonder que sur la justice et la reconnaissance du droit des peuples.
Quelles perspectives laisse-t-on aux jeunes Palestiniens de Cisjordanie qui n’ont jamais connu d’autre horizon que l’occupation armée, la spoliation, le déni des droits les plus élémentaires, à ceux de Jérusalem-Est qui assistent à l’expulsion forcée de leurs familles au profit de colons israéliens, à ceux de Gaza enfermés dans une prison à ciel ouvert à la merci des bombes israéliennes, et même d’une intervention terrestre un moment envisagée, alors que la promesse d’un État palestinien, à côté de l’État d’Israël, s’éloigne de plus en plus malgré les engagements internationaux ?
Apartheid et discriminations s’étendent des deux côtés du mur de la honte construit par les dirigeants israéliens, et les Palestiniens d’Israël, déjà citoyens de seconde zone, se retrouvent aujourd’hui rejetés à la marge de leur pays devenu en 2018 « État-nation du peuple juif ».
Tous ceux qui s'emploient à transformer un conflit colonial entre puissance occupante et peuple privé de terre et de droits, au mépris de toutes les résolutions internationales, en conflit religieux, et même maintenant ethnique, jouent avec le feu.
En témoignent la montée du racisme, les déchaînements de l’extrême-droite israélienne, les lynchages.
C’est un dangereux engrenage qui se met en place, et personne n’en sortira indemne.
Seule une solution politique peut garantir une paix juste et durable, et permettre de construire un avenir pour tous les peuples de cette région du monde, c’est l’intérêt des Palestiniens comme des Israéliens.
L’attitude d’Emmanuel Macron, renvoyant dos à dos la puissance occupante et un peuple vivant sous occupation, avec la pression permanente d’une des armées les plus puissantes du monde, est indigne, comme l’est l’arrestation et la mise en garde à vue mercredi dernier, au sortir d’une entrevue officielle au ministère des Affaires étrangères, de Bertrand Heilbronn, 71 ans, président de l’AFPS.
Et quand le ministre Darmanin enjoint aux préfets d’interdire les manifestations de solidarité avec la Palestine, on peut s’interroger légitimement sur le but visé.
Le gouvernement de la France doit au contraire peser de tout son poids, conformément aux engagements internationaux de notre pays, pour arrêter l’escalade meurtrière, protéger le peuple palestinien et défendre ses droits, ouvrir la voie à un règlement politique juste et durable.
C’est le chemin de la paix pour tous ceux qui vivent sur cette terre, creuset de grandes civilisations.
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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 17:20

Directeur de l’Humanité ; député européen 2009-2019 ; membre de la commission chargée des relations avec la Palestine.

 

Il est de la responsabilité des États-Unis et de l’Union européenne de faire cesser immédiatement l’offensive meurtrière et criminelle contre les Palestiniens de Gaza. Seule l’action diplomatique résolue pourra également mettre fin aux contre-offensives du Hamas, qui, elles aussi, font des victimes civiles. Une nouvelle fois, les populations, les enfants de Gaza en paient le prix fort.

Il n’y a pas d’issue militaire au conflit. La mise à l’écart de l’OLP a ouvert la dangereuse voie des armes. C’est l’action politique des gouvernements et des peuples s’appuyant sur le droit international qui, seule, est porteuse de solutions. Il est de leur responsabilité de contraindre expressément le pouvoir israélien à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU. Pour moins que cela, les gouvernements occidentaux trouvent bien souvent les moyens d’appliquer des sanctions et des actes de boycott. Or, le premier ministre israélien, en quête de réélection, est laissé libre de faire monter les tensions et de déstabiliser toute une région dans des buts bassement électoralistes et sur le dos des populations civiles palestiniennes.

Quelle femme, quel homme raisonnable peut supporter ces images de fer et de feu sur Gaza, le vol des maisons de familles palestiniennes à Jérusalem, la chasse à l’Arabe, les ratonnades, et les lynchages dans les villes israéliennes, les vociférations racistes entonnées de plein cœur par une foule fanatisée ? Quel pays au monde bénéficie-t-il d’une impunité totale depuis cinquante-quatre années d’occupation et de viol du droit international ? Sans les mouvements de jeunes Palestiniens aux côtés de leurs parents, les expulsions menées par l’armée israélienne à Jérusalem, hier pourtant sanctifiée par un consensus international, se dérouleraient dans un silence plombant, tandis que chaque semaine depuis des mois des bombes israéliennes détruisent et tuent à Gaza. L’exaspération a été portée à son comble. En témoignent les mouvements spontanés inédits de la population arabe d’Israël. Il ne faut donc pas inverser les rôles, comme s’y complaisent médias et chancelleries occidentales. Ici, il y a un occupant et un peuple occupé privé de sa terre et d’un État.

Il y a bien un oppresseur et des opprimés : le processus d’apartheid et de colonisation s’accélère et s’amplifie, donnant quitus aux forces fanatisées de l’extrême droite israélienne qui, désormais, font ou défont les coalitions gouvernementales. C’était à prévoir : l’engrenage de la guerre et de la colonisation, huilé par les États-Unis de Donald Trump, renforce les éléments les plus radicaux et fascisants de la société israélienne tout en marginalisant les courageuses forces de progrès. Ces faiseurs de roi messianiques, racistes et colonialistes ont trouvé leur caution en la personne de Netanyahou, sinistre va-t-en guerre corrompu, adepte d’une conception ethnique et ségrégationniste de la nation digne des extrêmes droites continentales, qui ne lésinent d’ailleurs pas sur leur soutien envers le gouvernement israélien.

Cette fuite en avant n’est rendue possible que par la sidérante complaisance des États occidentaux avec le pouvoir israélien et ses relais d’extrême droite, dans un nouvel enchevêtrement géopolitique à l’œuvre depuis les scélérats accords d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël et, plus récemment, sous l’égide des États-Unis, les cyniques accords au parfum de dollar signés avec le Maroc, le Soudan, les Émirats arabes unis ou Bahreïn. Voilà qui explique le silence de la France et d’autres, qui équivaut à absoudre le gouvernement israélien d’exactions pourtant condamnées par le droit international. Le scandaleux renvoie dos à dos des responsabilités dont est désormais coutumier le Quai d’Orsay normalise dangereusement la politique ultra répressive et raciste d’Israël, tout en dégradant considérablement l’image de la France à travers le monde. Pire, le placement en garde à vue de Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité, et l’interdiction de la manifestation de solidarité organisée mercredi dernier à Paris témoignent d’une criminalisation inédite de la solidarité avec le peuple palestinien dans notre pays, hier moteur dans la recherche de la paix.

La mise en scène de la rivalité entre le Hamas et l’extrême droite israélienne permet ainsi d’évacuer les causes premières et fondamentales de la colère, à savoir le vol permanent des terres palestiniennes et la situation d’apartheid créée par Israël dans ses frontières depuis le vote de la loi « Israël, État-nation du peuple juif » en 2018, comme dans les territoires occupés. On peut toujours regretter la forme qu’a prise la résistance palestinienne, la confessionnalisation grandissante et désolante d’une lutte de libération nationale. Elle reste cependant la résistance d’un peuple délaissé, opprimé, spolié, emmuré, dont les parlementaires sont arrêtés et les militants enfermés dans les geôles de l’occupant comme l’est Marwan Barghouti. Ils n’ont d’autre choix que la lutte quotidienne. Il est de notre responsabilité d’amplifier la solidarité active pour trouver des solutions politiques. D’abord en interpellant nos gouvernements et l’Union européenne, mais aussi en réclamant encore une force de protection du peuple palestinien.

De puissants points d’appui existent. La saisine et l’enquête de la Cour pénale internationale pour commission de crimes de guerre par Israël, les deux rapports de l’ONG israélienne B’Tselem, celui de Human Rights Watch, la reconnaissance des actions « Boycott, désinvestissement, sanctions » comme formes non violentes de lutte.

L’action doit s’amplifier ici pour que la France demande la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, qu’elle suspende sa coopération militaire, et réengage le processus pour la reconnaissance de l’État de Palestine comme l’a déjà voté le Parlement le 2 décembre 2014.

Pourquoi n’envisagerait-on pas, en plus de nos actions quotidiennes, l’envoi, en Palestine et auprès des forces démocratiques israéliennes, de missions civiles d’observation et de protection du peuple palestinien ? Solidarité concrète avec la Palestine !

 

 

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14 mai 2021 5 14 /05 /mai /2021 06:00
Jérusalem: des militants d’extrême droite israélienne exacerbent les tensions, les violences redoublent (Médiapart, Nejma Brahim, 13 mai 2021)
Jérusalem: des militants d’extrême droite israélienne exacerbent les tensions, les violences redoublent
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Mercredi soir, des militants de l’extrême droite israélienne ont manifesté à travers le pays, aggravant ainsi les tensions déjà fortes qui opposent manifestants palestiniens et police israélienne depuis lundi. En parallèle, l’escalade militaire s’est intensifiée entre l’armée israélienne et le Hamas, faisant 83 morts dont une journaliste et dix-sept enfants à Gaza et sept morts côté israélien.

es violences se sont intensifiées à Jérusalem, dans la nuit de mercredi à jeudi, lorsque des militants de l’extrême droite israélienne ont décidé de manifester à travers le pays, provoquant des affrontements avec la police et des Arabes israéliens. Les images – choquantes – d’un homme présumé arabe, lynché par ces militants près de Tel-Aviv, ont été diffusées en direct sur la chaîne de télévision publique Kan, à une heure de grande écoute.

Elles montrent un homme agressé sur la promenade en bord de mer de Bat Yam, au sud de la métropole de Tel-Aviv. D’abord sorti de force de sa voiture, il est roué de coups par une dizaine de personnes, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Selon celle-ci, les agresseurs ont justifié leur acte en prétextant que l’homme aurait tenté de foncer sur le rassemblement d’extrême droite, alors que les images laissent penser qu’il tentait au contraire d’y échapper.

En parallèle, depuis lundi, l’armée israélienne et le Hamas ont poursuivi leurs frappes aériennes et de tirs de roquettes. Sur la bande de Gaza, au 13 mai, 83 personnes dont 17 enfants ont été tuées. La journaliste palestinienne Reema Saad – enceinte de son troisième enfant – son mari et leurs deux enfants sont morts des suites d’une frappe israélienne dans la nuit de mardi à mercredi, rapporte l’organisation internationale Women in Journalism dans un tweet. Côté israélien, sept personnes ont perdu la vie.

Pour la première fois depuis le début des affrontements en cours, l’armée israélienne a annoncé ce jeudi une alerte à la roquette dans le nord du pays. Jusqu’ici, les tirs de roquettes lancés par le Hamas avaient visé le sud et le centre d’Israël. Selon l’AFP, tôt jeudi matin, les sirènes ont retenti à nouveau dans la métropole de Tel-Aviv, conduisant les habitants à se mettre à l’abri, mais aussi dans la vallée de Jezreel, en Galilée, au nord du pays.

Les quelque six cents tirs visant la bande de Gaza revendiqués par l’armée israélienne et la centaine de tirs de roquettes en direction de différentes villes d’Israël assumée par le Hamas (1 500 selon l’armée israélienne) ont conduit les autorités aéroportuaires à détourner, dès mercredi soir, tous les vols en direction de l’aéroport de Tel-Aviv jusqu’à nouvel ordre. Ce jeudi, le Hamas a affirmé avoir lancé une roquette d’une portée de 250 kilomètres en direction du second aéroport d’Israël, Ramon, près d’Eilat, et appelé les transporteurs aériens à « suspendre » tous leurs vols vers l’État hébreu, rapporte l’AFP.

Benny Gantz, ministre de la défense israélien, a par ailleurs ordonné un renforcement « massif » des forces de sécurité dans les villes mixtes, où cohabitent Juifs et Arabes, et le rappel de dix compagnies de gardes-frontières opérant habituellement en Cisjordanie occupée. « Nous sommes dans une situation d’urgence », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les affrontements entre manifestants palestiniens et policiers israéliens ont débuté lundi soir à Jérusalem, avec pour détonateur l’expulsion programmée de trois cents résidents du quartier de Sheikh Jarrah, dans la droite ligne de la politique de colonisation développée par Benyamin Netanyahou à Jérusalem-Est et en Cisjordanie depuis plusieurs années (lire ici notre analyse).

En réponse à l’escalade des violences à Jérusalem-Est et Gaza, Médecins du Monde a appelé la communauté internationale à « prendre des mesures urgentes » pour « pour protéger les Palestiniens de Jérusalem-Est occupée et de Gaza » et « mettre fin aux violations du droit international », condamnant la mort d’enfants lors des frappes aériennes sur Gaza.

« Les Palestiniens souffrent d’une occupation militaire perpétuelle et d’une action ciblée et prolongée visant à les expulser de leur terre et à les priver de leurs droits humains fondamentaux, y compris le droit à la santé », a expliqué le coordinateur général de Médecins du Monde France à Gaza, Willy Bergogne, pour qui « appeler à la désescalade n’est pas suffisant ». « La communauté internationale doit reconnaître et s’attaquer à la profonde inégalité de pouvoir, à l’usage excessif de la force, aux violations du droit international, et prendre des mesures claires et concrètes pour protéger les Palestiniens. »

Washington envoie un émissaire en Israël et dans les territoires palestiniens

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a réclamé une « désescalade urgente » et « exhorté » Israël et les Palestiniens à « faire preuve de retenue ». L’Union européenne a elle aussi appelé à un « arrêt immédiat » des violences par le biais du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Reconnaissant le « besoin légitime » d’Israël de protéger sa population civile (de même que l’Allemagne), ce dernier appelle à une réponse « proportionnée » et « une retenue maximale dans l’usage de la force ».

Mardi, l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a alerté sur une « guerre à grande échelle », alors que l'état-major n'exclut pas l’arrivée d’une troisième intifada. En France, les députés du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, dont Aurore Bergé, présidente du groupe, ont marqué leur soutien à Israël, sans un mot à l’égard des Palestiniens et des nombreux morts recensés à Gaza, dans un communiqué publié mercredi. « Nous refusons de rester silencieux et affirmons notre amitié et notre soutien indéfectible à l’État d’Israël face au terrorisme islamiste, déclarent-ils. Il n’est pas question ici de soutien politique à l’égard d’un gouvernement mais de l’affirmation du soutien à un pays ami et allié de la France. »

Le secrétaire d’État français aux affaires européennes, Clément Beaune, a quant à lui déclaré avoir besoin de l’engagement américain, reconnaissant, d’une certaine manière, l’impuissance de l’Union européenne – ou le manque de volonté d’agir ? – face au conflit israélo-palestinien qui n’a que trop duré. « Il est clair que ce sont eux [les États-Unis – ndlr] qui ont aujourd’hui encore les principaux leviers diplomatiques même si l’Europe doit être davantage présente. […] Il faut effectivement que Joe Biden et l’administration américaine, avec nous, soient impliqués », a-t-il affirmé sur France 2.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé, en plus de l’envoi d’un émissaire en Israël et dans les territoires palestiniens, avoir échangé avec le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas concernant la situation à Jérusalem et Gaza, insistant sur la nécessité de mettre fin aux tirs de roquettes et appelant à une désescalade de la violence. « Les Israéliens et Palestiniens méritent des mesures égales en termes de liberté, dignité, sécurité et prospérité », a-t-il souligné dans un tweet.

Mercredi, le président américain s’est exprimé pour la première fois depuis le début des affrontements, pressé par l’ampleur des violences, et a annoncé s’être entretenu avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, affirmant avoir l’espoir que les violences se tarissent « le plus rapidement possible », mais défendant le droit d’Israël « à se défendre quand on a des milliers de roquettes » qui s’abattent sur son territoire.

Aucune mention aux Palestiniens en revanche, alors qu’au sein même de son parti, vingt-cinq membres du Congrès, parmi lesquels Alexandria Ocasio-Cortez et Mark Pocan, ont dénoncé les violences commises par Israël et adressé un courrier au secrétaire d’État Antony Blinken, l’encourageant à exercer une « pression diplomatique » sur Israël afin de prévenir l’expulsion de Palestiniens de leurs maisons. Pour ceux qui espéraient voir Joe Biden réaffirmer les droits humains des Palestiniens après le soutien aveugle de l’administration Trump (2017-2021) à Benyamin Netanyahou, la réaction reste faible et décevante.

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