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15 juin 2021 2 15 /06 /juin /2021 06:21
Rapport sur les ventes d'armes françaises : Partialité et opacité (PCF, Pascal Torre, 10 juin 2021)

Le rapport annuel du ministère des Armées sur les exportations d’armes françaises dans le monde vient d’être publié le 1er juin. Il s’inscrit dans le cadre d’une montée des tensions internationales mais aussi d’une nouvelle vague de militarisation qui vise à renforcer le camp occidental et à légitimer les idéologies guerrières. En dépit de quelques avancées, ce document reste opaque et incomplet ne permettant pas d’apprécier la légalité de ces ventes.

Sans surprise, la France occupe le 3e rang mondial des pays exportateurs derrière les Etats-Unis et la Russie mais devant l’Allemagne et la Chine. Le montant global s’élève pour 2020 à 4,9 milliards d’euros soit un recul de 41% par rapport à l’année précédente. Ces résultats s’expliquent par la crise sanitaire mais ne traduisent en rien une tendance de fond.

L’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, le Maroc, le Royaume-Uni, l’Inde, la Grèce, le Sénégal, l’Australie, les Emirats Arabes Unis et Singapour constituent le groupe des dix premiers pays acheteurs. Par espaces régionaux, l’Europe totalise 25% des ventes, le Moyen-Orient : 24%, l’Asie-Pacifique : 22% et l’Afrique : 18%.

L’omniprésence des pays du Golfe demeure un objet de préoccupations car ces Etats bafouent les droits humains, violent le droit international humanitaire et sont engagés dans des conflits brutaux contre les populations yéménites. Si le rapport mentionne l’achat de systèmes de défense anti-aérienne, des robots de déminage sous-marins ainsi que des munitions, traduisant l’exacerbation de la conflictualité avec l’Iran, rien n’est dit sur la vente de navires de guerre à Riyad qui participent au blocus naval du Yémen. La vente de systèmes de défense anti-aérienne, de canons Caesar et de véhicules tactiques légers à Rabat, utilisés dans la répression du peuple sahraoui des territoires occupés, constitue également une violation du Traité sur le Commerce des Armes (TCA) dont la France est signataire.

A la différence de ce qui se passe au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Pays-Bas, il n’y a pas vraiment de contrôle parlementaire sur les décisions du pouvoir exécutif en matière de ventes d’armes. Ce rapport ne donne pas d’informations exhaustives entretenant le flou sur des aspects essentiels. Si les destinataires des armes sont bien désignés, leurs utilisateurs ne le sont pas. De plus, Paris utilise des intermédiaires en exportant des pièces détachées vers d’autres pays qui se chargent d’assembler les armes et de les vendre à qui bon leur semble. Quant aux licences non octroyées, aucun motif n’est communiqué. Dans ces tractations, l’opinion publique française devra se contenter des « garanties » qu’E. Macron affirme avoir reçues…comme pour le Yémen.

Cependant, l’émotion que suscite l’épouvantable crise humanitaire yéménite fait bouger les consciences. Une enquête commandée par Amnesty International montre que les ventes d’armes suscitent de plus en plus d’intérêt. Trois quarts des Français s’estiment mal informés et souhaitent plus de contrôles et de transparence. Dans une même proportion, ils estiment que le commerce des armes est contradictoire avec les valeurs portées par notre pays. Cela met à mal la théorie défendue par E. Macron ou J.-Y. Le Drian selon laquelle ces ventes assureraient le rayonnement et la compétitivité de notre pays. Il faut une certaine dose de cynisme pour prétendre que les ventes d’armes à l’Egypte, qui compte 60 000 prisonniers politiques, participent au prestige international de la France !

La question des ventes d’armes doit rester au cœur de nos préoccupations car c’est le moyen de mieux percevoir les faiblesses de la paix. Alors que la pandémie de Covid-19 a plongé le monde dans la tourmente, nourrir les guerres est une folie. La course aux armements n’assure en rien la sécurité des peuples. La paix est un projet politique au centre des luttes émancipatrices, un élément incontournable de tout projet global pour l’humanité. Notre monde a besoin de solidarité et de coopération ce qui passe par la démilitarisation et la diminution drastique des dépenses d’armements. Cet engagement est consubstantiel du combat communiste.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

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14 juin 2021 1 14 /06 /juin /2021 05:40
À Jérusalem-Est, la vie des Palestiniens sous le joug de l’occupation (mardi 8 juin, L'Humanité, Pierre Barbancey)
À Jérusalem-Est, la vie des Palestiniens sous le joug de l’occupation
Mardi 8 Juin 2021 - L'Humanité

Reportage. Un mois après l’explosion de violences dans la ville sainte, expulsions et destructions de maisons se multiplient. L’occupation israélienne touche tous les aspects de la vie quotidienne des Palestiniens. Les enfants souffrent particulièrement. Malgré la répression, la résistance s’organise, comme dans les quartiers de Cheikh Jarrah et à Silwan.

 

Jérusalem-Est occupée, envoyé spécial.

C’est un îlot de tranquillité où les jardins des maisons laissent échapper les parfums de leurs arbres fruitiers et de leurs fleurs. Un lieu où le temps ne semble avoir aucune prise et qui paraît si loin de la violence subie par les Palestiniens. De chaque côté de la rue, de petites maisons se dressent dont les grilles métalliques cachent bien des secrets. Un endroit qui garde encore les traces de la Palestine d’avant l’occupation israélienne de Jérusalem-Est. En réalité, depuis plus de dix ans maintenant, les habitants de Cheikh Jarrah, entre la vieille ville et le mont Scopus, vivent dans la crainte de perdre leur maison.

« C’était de nouveau la  Nakba »

En 2009, déjà, plusieurs familles ont été expulsées, chassées par des colons dont le premier geste a été de dresser sur le toit une énorme étoile de David et d’accrocher des drapeaux israéliens. « C’était comme une opération militaire, se souvient Adel Budeiri, qui craint lui aussi de devoir partir. Les enfants criaient, pleuraient. Ils avaient même coupé les lignes téléphoniques. Devant chaque entrée de maison, il y avait une dizaine de soldats. Pour ces familles qu’on chassait, c’était de nouveau la Nakba. »

Quatre nouvelles familles sont menacées par la décision d’un tribunal de Jérusalem qui, en début d’année, a estimé que les Palestiniens vivaient sur des terres ayant appartenu à des familles juives au XIXe siècle. L’affaire est en appel et la mobilisation sans faille des habitants de Cheikh Jarrah a braqué les projecteurs sur cette situation, pur produit de l’occupation. À présent, les accès sont contrôlés par la police et l’armée israéliennes, qui interdisent l’accès aux Palestiniens, mais laissent les colons y déambuler en toute tranquillité, parfois armés.

« L’apartheid, comme en Afrique du Sud »

Sous une grande tonnelle aérée, Salah Diab, installé sur un canapé, fume cigarette sur cigarette et alterne avec des tasses de café. Au début du mois de mai, il était assis à la même place lorsqu’il a entendu la porte céder et vu les militaires entrer. « Ils m’ont aspergé le visage avec une bombe lacrymogène puis m’ont brisé le pied avec la crosse d’un fusil. » À peine revenu de l’hôpital, il subit une nouvelle agression de la soldatesque, qui le met à terre, le tabasse et, au final, lui brise les côtes. Il se déplace maintenant avec une béquille.

Salah Diab n’a pas été visé au hasard. Depuis onze ans, il mène la bataille pour empêcher d’être délogé. « Au début, on était seuls. Mais maintenant, le monde entier sait ce qui se passe. » Pas question pour lui de tomber dans une querelle stérile avec ceux qui réclament sa maison. « Ce n’est pas un problème de papiers, mais un problème politique. C’est l’apartheid, comme en Afrique du Sud. » Et il sait que la solution n’est pas à chercher du côté de la « justice » israélienne.

Les visages de la révolte

Les demandes d’expulsions reposent sur deux lois discriminatoires. L’une, votée en 1970 à la Knesset (le Parlement), dit que les terres ayant appartenu aux juifs à Jérusalem-Est, avant la création d’Israël en 1948, peuvent revenir à leurs anciens propriétaires. Tandis qu’une autre loi affirme que les propriétés des Palestiniens avant 1948 ne peuvent pas être rendues à leurs anciens propriétaires !

Muna et Mohammad Al Kurd sont un peu les visages de la révolte, de cette nouvelle génération qui relève la tête. Devant les caméras du monde entier, ils n’ont pas craint de dénoncer la politique coloniale israélienne. C’est sans doute pour cela qu’il y a quelques jours, par pure intimidation, ils ont été l’un et l’autre retenus au centre de police durant plusieurs heures. À peine dehors, Muna Al Kurd a expliqué publiquement : « Leur intimidation ne nous effraie pas. Personne dans le monde ne peut accepter d’être déplacé de force de sa maison. »

Une crainte de tous les instants

Aref Hammad est aussi visé. Il parle de harcèlement permanent, de policiers qui entrent dans sa maison, de grenades assourdissantes. L’une de ses filles, mariée, est empêchée de venir le voir. La plus jeune, 14 ans, a été emmenée au poste après un incident avec un colon. « Les enfants ont peur, ils ne veulent plus aller à l’école. Ils se remettent à faire pipi au lit », témoigne Aref. Alors que nous sortons du quartier, l’armée stoppe un bus – réservé aux Palestiniens – rempli d’adolescents et commence à contrôler les identités de chacun.

L’occupation au quotidien, c’est aussi cette crainte de tous les instants, comme l’explique Judeh, 27 ans, étudiant. « La discrimination est permanente. À la porte de Damas, il y a un poste de surveillance de la police. C’est stressant. Si je veux m’asseoir tranquillement, je sais qu’à un moment ou à un autre, je vais avoir un problème. C’est très vicieux. Le gouvernement israélien nous pousse à bout et, lorsque nous explosons, il en prend prétexte pour tenir un discours sécuritaire. »

« Ils veulent nous déshumaniser »

Raed Saadeh, président de la chambre de tourisme de Jérusalem-Est, montre bien comment l’occupation permet également au pouvoir israélien de « faire suffoquer l’économie palestinienne, tout en aspirant notre argent. Maintenant, il nous faut empêcher toute fermeture de la représentation palestinienne, que ce soit dans la culture, le tourisme ou la santé ». La Maison d’Orient, de même que la chambre de commerce ne peuvent plus ouvrir. Suhail Khoury, le directeur du Conservatoire national de musique Edward Saïd, sait ce que cela signifie. « L’occupation, c’est une lutte quotidienne, une bataille constante. Toute identité palestinienne est ciblée parce qu’ils veulent qu’on soit considérés comme une minorité folklorique, pour les touristes, souligne-t-il. En revanche, ils attaquent tout ce qui représente notre nation. »

Lui-même a été arrêté, avec son épouse, les ordinateurs saisis et accusé de diriger un centre culturel « qui promeut la culture palestinienne, ce qui signifie bien qu’à leurs yeux, c’est illégal, fait-il remarquer. En réalité, ils veulent nous déshumaniser ». Ces difficultés sont aggravées par l’attitude de l’Union européenne et de la France, qui entendent arrêter tout financement si une personne impliquée dans un événement est soupçonnée appartenir à une organisation inscrite sur la liste des organisations terroristes. « Je vais demander à un chef d’orchestre s’il est membre du FPLP ? Moi, j’enseigne Beethoven. Après trente ans d’accords d’Oslo, nous n’avons toujours rien et ils voudraient que nous participions à notre propre asphyxie ? » demande-t-il ingénument.

« L’occupation, c’est une guerre ouverte »

La culture comme enjeu de libération. Ce n’est pas qu’un slogan. « Depuis 1967, ils arrêtent les artistes, les bannissent, voire les assassinent », dénonce Yacoub Abu Arafeh, lui-même acteur, qui vit à Cheikh Jarrah. Il cite aussi le Festival international de marionnettes, qui devait se tenir à Jérusalem-Est, dans la salle du Théâtre national palestinien Hakawati, en 2019. « Le jour de la première séance, les Israéliens ont fermé le théâtre sous prétexte que nous avions reçu une subvention du ministère palestinien de la Culture », se souvient-il.

Il rappelle également comment, le 8 mars, cette année, le centre culturel, qui accueillait une exposition consacrée aux femmes, a également été fermé. Pour Yacoub Abu Arafeh, « l’occupation, c’est une guerre ouverte. Ces dix dernières années, la vie est devenue encore plus compliquée pour nous, Palestiniens. » Pire : « Quand il n’y avait que des Palestiniens à Cheikh Jarrah, les ordures n’étaient ramassées qu’une fois par semaine. Depuis qu’il y a des colons, c’est pratiquement tous les jours, et la rue est nettoyée plusieurs fois dans la journée. »

La police arrête les jeunes

Le quartier de Silwan, en contrebas de la muraille sud de la vieille ville, est aussi dans le collimateur du régime israélien. Aujourd’hui, environ 400 colons juifs se trouvent dans 54 implantations situées au milieu de ce quartier. Une maison saisie à une famille palestinienne a été transformée en synagogue sur laquelle flotte le drapeau israélien. Le plan de la municipalité prévoit la démolition de 88 bâtiments habités par 114 familles, soit 1 123 personnes, et entend saisir 70 % des terres de Silwan pour en faire un parc biblique. Le site aurait prétendument abrité les jardins du roi David.

La tension est palpable. Plus encore qu’à Cheikh Jarrah. Pendant les manifestations du mois dernier, la police était en permanence devant le collège et arrêtait les jeunes. Ici, pas de services, pas de développement du quartier. Les habitants, souvent assez pauvres, vivent dans un sentiment d’insécurité. Mais la Mairie a beau envoyer ses sbires recouvrir de peinture blanche les slogans et les graffitis sur les murs, ils réapparaissent toujours. La carte stylisée de la Palestine côtoie les hashtags #SaveSilwan (« Sauvez Silwan ») ou « Nous resterons ».

Cauchemar quotidien

Amani Odeh, une dentiste qui vit là, le dit simplement : « On aime Silwan, mais on vit comme si c’était notre dernier jour. Avec les avis de démolition, même dans la maison on ne se sent pas en sécurité. » Les enfants aussi sont inquiets. Elle a trouvé des jouets dans le cartable de son fils, Adam, 10 ans. Lorsqu’elle lui a demandé pourquoi, il a eu cette simple réponse : « C’est au cas où ils détruisent la maison. » Une idée qui semble hanter le gamin dégourdi, aux yeux pétillants, casquette vissée sur le crâne. À la demande de sa mère, il raconte son cauchemar de la veille. « Toute la famille était dans une pièce. Ils sont arrivés, ont tout détruit et nous ont tués. J’avais très peur, mais je ne comprenais pas comment ils étaient arrivés-là. » Mais qui sont ces « ils » ? Il répond simplement : « Les colons et la police. »

La semaine dernière, une manifestation pacifique et originale a été organisée. Un marathon a pris le départ de Cheikh Jarrah pour rejoindre Silwan. Des centaines de jeunes ont participé à cette course. Des familles entières étaient là, dont de nombreux enfants, qui entendaient faire de ce moment une journée de dignité et de joie. Mais la police israélienne a multiplié les provocations et est intervenue brutalement. La foule a tenté de fuir.

 

 
Zakaria Odeh : « Les colons israéliens tentent d’effacer l’identité nationale palestinienne »
Mardi 8 Juin 2021 - L'Humanité

Le coordinateur de la Coalition civique pour les droits des Palestiniens, Zakaria Odeh, décortique la stratégie d’occupation et de colonisation de la ville sainte. Entretien.

Zakaria Odeh Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem

Depuis Jérusalem-Est occupée, propos recueillis par notre envoyé spécial.

Le coordinateur de la Coalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem (CCPRJ), Zakaria Odeh, est en relation permanente avec les comités de lutte dans les quartiers de la ville. Il a été arrêté à plusieurs reprises.

La situation que subissent les habitants du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, est-elle un problème isolé ?

Zakaria OdehCoalition civique pour les droits des Palestiniens à Jérusalem

Zakaria Odeh Pour comprendre la situation de Cheikh Jarrah, il faut connaître ce qui se passe plus généralement à Jérusalem. Cheikh Jarrah n’est pas le seul quartier ciblé par le mouvement des colons Elad et Ateret Cohanim, et le gouvernement israélien. À Silwan, vous avez le district d’al Boustan, où 122 familles ont reçu un ordre de démolition de leur maison pour construire ce qu’ils appellent un « parc biblique ». Dans celui de Batten al Hawa, il y a un ordre d’expulsion qui touche 700 personnes, sous prétexte que des juifs y vivaient avant 1948. Près de 4 000 unités de logements sont en cours de construction dans les colonies de la ville. La stratégie de la mise en place de ces implantations est d’encercler Jérusalem et de l’isoler de son extension possible en Cisjordanie.

C’est une stratégie ?

Zakaria Odeh C’est un plan d’urbanisation discriminatoire dont le but est de s’assurer le contrôle de plus de terres et d’augmenter le nombre de colons à Jérusalem-Est. Israël contrôle et utilise maintenant 87 % des terres de Jérusalem-Est. Nous, Palestiniens, n’en avons plus que 13 % pour nous loger et développer nos activités commerciales. C’est-à-dire que nous manquons de terres et, comme si ce n’était pas suffisant, nous subissons des restrictions dans les délivrances de permis de construire, ne nous laissant pas d’autre choix que de bâtir sans autorisation. À Jérusalem-Est, près d’un tiers des habitants vivent dans des maisons construites sans permis, dans la crainte qu’elles soient détruites. L’autre façon israélienne de procéder est la fermeture de Jérusalem avec le mur et les check-points. Leur but : qu’il y ait une majorité juive et une petite minorité de Palestiniens.

Cela s’accompagne-t-il d’une attaque contre l’identité nationale palestinienne ?

Zakaria Odeh Depuis des années, les Israéliens essaient de contrôler le système d’éducation palestinien et d’imposer le leur. Par exemple, ils forcent les écoles de la partie occupée de la ville à utiliser les livres scolaires édités par le ministère israélien. Dans ces ouvrages, nous, Palestiniens, sommes totalement ignorés. Ils parlent de « minorité », de « musulmans, de chrétiens, de Druzes ». Vous ne trouverez jamais, dans aucun de ces livres, le terme « peuple palestinien ». Ils ne nous reconnaissent pas. En revanche, ils parlent toujours de l’histoire du peuple juif, d’Israël, désignent les lieux, les rues par des noms hébreux, jamais par des noms arabes-palestiniens. C’est un moyen d’essayer de changer la façon de penser de la jeune génération. Ils tentent d’effacer l’identité nationale palestinienne. Cela fait partie de l’israélisation et de la judaïsation de la ville.

Les différentes manifestations auxquelles on a assisté représentent-elles quelque chose de nouveau ?

Zakaria Odeh La résistance est très large et s’est étendue à tous les quartiers de la ville, mais pas seulement. Toute la Cisjordanie est en ébullition. Mais également au sein de la société palestinienne de 1948. Le leader­ship a été choqué par cette révolte en Israël. Les dirigeants israéliens pensaient que, au bout de soixante-treize ans, les gens étaient humiliés, intégrés, qu’ils avaient perdu leur identité, qu’ils avaient perdu tout lien avec les Palestiniens des territoires occupés. Depuis 1936, on n’avait pas assisté à une grève comme celle qui s’est déroulée à la mi-mai, associant les Palestiniens partout où ils se trouvaient, même dans les camps de réfugiés. Cela a uni la résistance, que le pouvoir israélien veut briser en multipliant les arrestations. Ce à quoi on assiste devrait amener les partis palestiniens existants à se renouveler, à instiller du sang nouveau, celui de cette génération née après les accords d’Oslo, mais qui a gardé les valeurs de notre identité nationale.

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14 juin 2021 1 14 /06 /juin /2021 05:34
À Tel-Aviv, à l'appel du Parti communiste israélien et de Standing Together, on manifeste côte à côte contre l'occupation (Pierre Barbancey, 8 juin 2021)
À Tel-Aviv, on manifeste côte à côte contre l'occupation
Mardi 8 Juin 2021

À l’appel des communistes israéliens et de l’association Standing Together, des manifestations réclament l’égalité, la justice et la fin de l’occupation.

 

Tel-Aviv (Israël), envoyé spécial.

« J e suis pour la fin de l’occupation et pour la paix entre les peuples. » Daniel, 24 ans, ne cache pas son enthousiasme. Il est venu manifester à Tel-Aviv à l’appel du Parti communiste israélien et de l’association Standing Together (Debout ensemble) pour la justice et l’égalité entre les citoyens. Un rassemblement organisé à une date symbolique, le 5 juin marquant le déclenchement de la guerre des Six-Jours et le début de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Cinquante-quatre ans plus tard, il n’y a guère d’espoir de voir la situation évoluer. À l’instar des banderoles qui se déploient – « Palestiniens-Israéliens, nous gagnerons contre l’occupation » – Daniel veut pourtant y croire. « Il faut montrer que c’est une option possible et qu’il faut la soutenir. »

Sur place, des drapeaux palestiniens claquent au vent. Ibrahim, 33 ans, ingénieur, les regarde non sans émotion, même s’il ne veut rien laisser paraître. Il est un Palestinien israélien, ainsi que l’on désigne les familles restées sur place après 1948. Il est venu de Tayibes « pour soutenir cette manifestation contre l’occupation, pour un État palestinien à côté d’Israël ».

Combattants pour la paix

Réticent à se confier au départ, il explique finalement les discriminations subies. « Comment l’État traite les juifs par rapport aux Palestiniens. À Tayibe, il n’y a pas de centre culturel, pas de moyens pour le nettoyage des rues contrairement aux villes juives, d’un point de vue éducationnel, il y a moins d’options pour les enfants », raconte-t-il. Et pour être sûr d’être bien compris, Ibrahim ajoute : « Je combats pour les droits de mon peuple, ce qui ne veut pas dire que je ne veux pas rester en Israël. »

En 1973, Elie était un soldat de l’armée israélienne, en pleine guerre. Aujourd’hui, il fait partie des Combattants pour la paix, une association réunissant d’ex-­prisonniers palestiniens et d’anciens militaires comme lui qui refusent de servir dans la réserve pour ne pas soutenir la politique menée dans les territoires occupés. À Jérusalem-Est comme en Cisjordanie, avec d’autres, il documente les actes de violence des colons, tente d’empêcher l’arrestation des Palestiniens et explique aux soldats israéliens qu’ils sont en train de commettre des crimes de guerre. À cinquante ans d’écart, Einat, 17 ans, refuse d’aller faire l’armée – comme il est obligatoire à 18 ans, y compris pour les filles – « parce que je suis contre l’occupation, pour la paix, dit-elle. Si tout le monde y va, rien ne changera ». Pour cela, elle est même « prête à aller en prison ».

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10 juin 2021 4 10 /06 /juin /2021 05:18
Election de Pedro Castillo: un vote d'espor au Pérou! ( Fabien Roussel - PCF)
Élection de de Pedro Castillo : vote d’espoir au Pérou ! (Fabien Roussel
- PCF)
 
L’élection de Pedro Castillo à la présidence de la République du Pérou est une réjouissante nouvelle, lui qui a été qualifié de «mendiant assis sur un tas d’or». Le Pérou a subi trop longtemps des dictatures sanglantes, la corruption généralisée des classes dirigeantes, la violence, la pauvreté, l’analphabétisme, le pillage de ses richesses minières par les multinationales.
La fille de l’ancien dictateur Fujimori, (en prison pour crime contre l’humanité), candidate de la droite, elle-même menacée de poursuites
judiciaires, est battue par un enseignant, fils de paysans analphabètes,
qui a fait d’un crayon géant son «drapeau» de campagne et qui ne veut
«plus de pauvres dans ce pays riche !». Tout un programme bien compris
dans les campagnes méprisées et ces villages indiens interdits d’eau
potable, d’assainissement, de routes, d’hôpitaux, d’écoles.
La candidate de la droite, à bonne école avec son dictateur de père, qui
avait promis de respecter le verdict des urnes, conteste maintenant les
résultats. On peut craindre désormais un scénario  «  à la bolivienne »,
le refus de l’issue électorale, les menaces, le chantage, une possible
intervention de l’armée, de l’organisation des Etats américains, de la
CIA. D’autant que la victoire de Pedro Castillo, après le retour de la
démocratie en Bolivie, est perçue dans l’ensemble du continent
latino-américain comme un vent d’espoir.
Il faudra courage et détermination à Pedro Castillo pour ouvrir les voix
du progrès social, de la démocratie et de la liberté au Pérou. Il lui faudra surtout la mobilisation de toutes celles et ceux qui ont voté pour lui. En effet, il devra affronter les hauts gradés militaires prêts à la sédition. Il lui faudra affronter les multinationales qui, malgré leurs profits records, ne reversent que des miettes au pays tout en saccageant l’environnement. Il lui faudra surtout déjouer les sales coups de Washington.
Je veux dire à Pedro Castillo: vous pouvez compter sur le soutien, la solidarité et l’amitié des communistes français dans votre action contre
l’analphabétisme, l’injustice, la violence, pour la dignité et la liberté.
 
Fabien Roussel, député du Nord, secrétaire national du PCF,
 
 
Le 9 juin 2021.
PEROU: PEDRO CASTILLO ÉLU
Pérou. Avec 50,2% des suffrages contre 49,7% pour la candidate d'extrême droite Keiko Fujimori, l'instituteur Pedro Castillo du mouvement Pérou Libre annonce son élection à la présidence de la République.
Les derniers votes à dépouiller sont ceux de quelques bureaux de l'étranger. Plus favorables à Fujimori, ils sont largement compensés par le vote des régions plus éloignées du Pérou qui ont massivement voté pour "le candidat des pauvres".
Tous les observateurs étrangers ont constaté la régularité du scrutin, y compris l'organisation des Etats Américains qui a félicité L'Onpe, l'organisme chargé de superviser le processus électoral. Ce qui n'empêche pas Fujimori de crier à la fraude. Elle va devoir retourner devant la justice qui la poursuit pour corruption (elle a déjà passé plusieurs mois en prison, n'en est sortie qu'à la faveur de la pandémie et est interdite de sortie du territoire).
"Premier président à être issu du peuple des pauvres", Pedro Castillo doit prendre ses fonctions en juillet, bicentenaire de l'indépendance. Il affirme que le crayon, symbole de sa campagne écrira une page de liberté et de dignité dans l'histoire du pays.
Après la victoire en Bolivie, l'espoir qui monte en Chili, le Pérou des invisibles, ses campagnes si longtemps silencieuses, tout un peuple misérable prend le devant de la scène. C'est tout le cône sud qui entre en changement. Un évènement considérable pour le pays Inca et pour toutes les Amériques.
Maité Pinero
Présidentielle au Pérou : un séisme politique aux répliques régionales
Mercredi 9 Juin 2021 - L'Humanité

Le pays est devenu, ces dernières années, l’un des piliers du jeu d’influence de Washington en Amérique du Sud. Avec le basculement en cours, et la possible élection de Pedro Castillo à la tête de l'État, cette donne stratégique est bouleversée.

Mardi soir, au Pérou, alors que se poursuivait la compilation des procès-verbaux, le candidat de gauche au second tour de l’élection présidentielle, Pedro Castillo, creusait encore l’écart avec son adversaire d’ultradroite, Keiko Fujimori. Voyant se dessiner un troisième revers électoral, celle-ci crie désormais à la fraude ; sa défaite la dépasse : elle aurait des répliques régionales.

En 2011, l’ambassadrice des États-Unis à Lima, Rose Likins, n’avait guère opté pour la discrétion, dans sa campagne en faveur de la fille de l’ancien président Alberto Fujimori, tenant d’un ultralibéralisme autoritaire. La candidate, elle, avait enrôlé comme conseiller l’ex-maire républicain de New York Rudy Giuliani et des cercles ultraconservateurs lui manifestaient bruyamment leur appui depuis Miami.

Barrer la route à la Chine

Le basculement politique en cours au Pérou constitue un revers pour Washington, comme pour les élites pro-américaines qui détiennent dans le pays les leviers du pouvoir économique et politique. C’est que le pays occupe, avec la Colombie, une position stratégique clé dans le dispositif d’influence des États-Unis en Amérique du Sud.

Sur le terrain économique, d’abord, avec la volonté résolue de contrer la montée en puissance de la Chine sur la façade pacifique. Pékin s’est déjà hissé au rang de premier partenaire commercial de Lima, une escale des nouvelles routes de la soie, avec le projet d’une ligne ferroviaire devant relier les deux océans, via le Pérou et le Brésil. Les deux puissances rivales se disputent aussi, dans la région, un accès privilégié aux ressources minérales et énergétiques. «  Le Pérou affiche une gestion saine et prévisible de son économie fondée sur les principes du marché libre. Notre accord commercial bilatéral constitue la base d’une relation commerciale libre, équitable et réciproque, et le Pérou reste une destination importante pour les États-Unis en termes de commerce et d’investissement. Face à la concurrence croissante dans la région, les États-Unis cherchent à consolider leur position de partenaire commercial de choix au Pérou, tout en augmentant leurs avantages », résume un mémento du département d’État.

Une offensive contre le Venezuela

Sur le plan de la politique régionale, le Pérou, qui a noué avec les États-Unis une solide coopération militaire, est devenu, ces dernières années, l’un des pivots de l’offensive de Washington contre les « pays préoccupants », entendre le Venezuela. Point d’orgue de cette stratégie, la création sous l’impulsion de l’administration Trump, le 8 août 2017, du Groupe de Lima, conclave de pays dirigés par des gouvernements ultraconservateurs décidés, selon les termes de la diplomatie américaine, à promouvoir une « résolution pacifique de la crise au Venezuela, un objectif qui s’aligne sur la vision de la stratégie de sécurité nationale pour faire progresser l’influence américaine en faveur des nations souveraines qui coexistent dans la prospérité, la liberté et la paix ». « En soutenant les institutions démocratiques à l’intérieur et au-delà de ses frontières, le Pérou projette un rôle positif dans l’hémi sphère et les organismes internationaux. Cela façonne finalement un hémisphère réceptif aux États-Unis », estime-t-on à Washington. L’alternance n’a pas fondamentalement bouleversé cette ligne : le 2 mai dernier, entre les deux tours de l’élection présidentielle, lors d’une conversation téléphonique, le secrétaire d’État états-unien, Antony Blinken, et le ministre péruvien des Affaires étrangères, Allan Wagner, « ont convenu de l’importance de collaborer pour restaurer la démocratie et la stabilité économique au Venezuela ». Tout au long de la campagne, Pedro Castillo a été désigné comme un « chaviste », un « communiste », un « terroriste », un dictateur en puissance, prêt à mener le Pérou à la ruine économique. « Nous ne sommes pas des terroristes. Nous sommes des travailleurs ordinaires », répond l’instituteur, qui plaide pour une révolution éducative consacrant 10 % du PIB à l’accès gratuit de tous à l’école et à l’université. La diabolisation du candidat de gauche, les attaques idéologiques dont il est la cible, l’hostilité de Washington n’auront pourtant pas endigué la mobilisation, autour de lui, de populations indigènes et paysannes exclues du mirage libéral et de la participation politique.

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 05:51

 

Jérusalem-est : manifestation pacifique réprimée dans le quartier de Silwan

Le quartier de Silwan, à Jérusalem-est occupée est la cible des associations de colons, de la municipalité et du gouvernement israélien du fait de son positionnement stratégique près de la vieille-ville et de la mosquée Al-Aqsa. Aujourd’hui, environ 400 colons juifs se trouvent dans 54 implantations situées au milieu de Silwan.

Les images de notre envoyé spécial, Pierre Barbancey.

Les habitants vivent dans un sentiment d’insécurité. Les plans israéliens prévoient la démolition de 88 bâtiments, habités par 114 familles soit 1123 personnes. La municipalité israélienne de Jérusalem entend saisir 70% des terres de Silwan pour un parc dans un site qui aurait prétendument celui où se trouvaient les jardins du roi David.

Une manifestation pacifique

A Silwan, la résistance s’est rapidement développée. Les habitants entendent mettre en échec le plan israélien illégal et inhumain. Le vendredi 4 juin, une manifestation pacifique et originale a été organisée. Un marathon a pris le départ du quartier de Cheikh Jarrah, lui aussi touché par des ordres d’expulsions et de démolition des maisons, pour rejoindre Silwan. Des centaines de jeunes ont participé à cette course.

Des familles entières étaient là, dont de nombreux enfants qui entendaient faire de ce moment une journée de dignité et de joie. Mais la police israélienne a multiplié les provocations et est intervenue brutalement. La foule a tenté de fuir. Plusieurs Palestiniens ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc, les dizaines de grenades assourdissantes lancées ou par les coups donnés.

Trois palestiniens arrêtés

Pour se défendre, les habitants ont tirés des feux d’artifice vers les policiers. Au moins trois Palestiniens ont été arrêtés. La tente dressée là a été détruite par la police... mais reconstruite dans la nuit par les habitants qui ont adopté le vers de Mahmoud Darwich: "Nous serons un jour ce que nous voulons être".

Pierre Barbancey

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 05:45

 

La Commission Européenne a annoncé aujourd’hui qu’elle ne soutiendrait pas la proposition de plus de 100 pays dont les États-Unis, qui demandent la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid 19. La raison officielle ? « La Commission (...) n’est pas convaincue que cela constituerait dans l’immédiat la meilleure réponse pour atteindre l’objectif d’une distribution large et en temps voulu des vaccins dont le monde a un besoin urgent ».

 

 

Il y a urgence, c’est un fait. En bloquant envers et contre tout cette proposition portée de façon majoritaire depuis des mois au sein de l’OMC, la Commission Européenne ne fait que se soumettre une fois de plus aux desideratas des entreprises pharmaceutiques. Le 31 mai dernier, un rapport de Corporate Europe dévoilait que les géants pharmaceutiques dépensent chaque année au moins 36 millions d’euros dans le lobbying au sein de l’Union Européenne pour imposer leur vision en matière de politique sanitaire. Force est de constater qu’ils ont réussi et que l’UE est aujourd’hui leur serviteur le plus zélé !

Cette attitude est d’autant plus criminelle lorsque que l’on sait que les pays les plus pauvres ont reçu jusqu'à présent moins de 1% de doses administrées ! Cette pandémie a déjà fait 3,5 millions de morts au niveau planétaire. Combien en faudra-t-il encore avant de faire passer les vies humaines avant le profit ?

La levée des brevets est un préalable pour opérer à un transfert technologique massif et mutualiser la production afin que chaque pays dispose de doses nécessaires à la vaccination de sa population. A l’inverse, l'UE propose uniquement de faire de la charité en offrant au compte-goutte les doses.
C’est tout le contraire qu’il faut faire. Le PCF demande pour cela de sortir les vaccins et médicaments des griffes des entreprises pharmaceutiques et de les mettre sous maitrise publique. L’argent public qui a été investi dans la recherche et l’achat de vaccins (à des prix d’ailleurs de plus en plus exorbitants), doit aujourd’hui servir à avoir la maîtrise de la production et de la distribution de vaccins à l’échelle européenne et mondiale.

C’est dans ce sens que nous proposons une nouvelle coopération de type « airbus », sous contrôle public, entre les états européens. Au-delà, c’est toute l’industrie pharmaceutique qu’il faut mettre au pas en créant un pôle public du médicament. C’est la lutte que nous menons en Europe, à travers la campagne "Pas de Profit sur la Pandémie". C’est la bataille que nous continuerons à mener dans les prochains mois afin de reprendre notre souveraineté face aux Big pharmas. Face à une pandémie mondiale, nous ne nous en sortirons que par une réponse globale !
Ni nationalisme vaccinal, ni soumission aux multinationales, l’accès aux soins et aux médicaments doit être un droit universel et non pas une source de profit pour les actionnaires !


Parti communiste français,

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 04:00
Free Assange: Fabien Roussel et Ian Brossat rencontrent Stella Morris, l'épouse de Julian Assange, incarcéré au Royaume-Uni pour des raisons aberrantes

[FREE ASSANGE] Avec Fabien Roussel, nous avons rencontré aujourd'hui Stella Morris, épouse de Julian Assange, qui est incarcéré au Royaume-Uni pour des raisons aberrantes.

Ian Brossat

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 07:42
HK à Quimper le 20 mai en soutien aux intermittents et citoyens occupant le théâtre de Cornouaille, ici avec Roberte Saint-jalmes (PCF Quimper)

HK à Quimper le 20 mai en soutien aux intermittents et citoyens occupant le théâtre de Cornouaille, ici avec Roberte Saint-jalmes (PCF Quimper)

HK à Carhaix à la manifestation départementale du secteur médico-social, 21 mai (photo CGT Carhaix)

HK à Carhaix à la manifestation départementale du secteur médico-social, 21 mai (photo CGT Carhaix)

HK : « Je suis palestinien »
Mardi 25 Mai 2021

Des voix pour la paix Des personnalités s’élèvent contre la colonisation et affirment leur solidarité avec le peuple palestinien. L’Humanité les accueille dans ses colonnes. Aujourd'hui : HK, auteur et interprète.

« De mon point de vue, les choses sont claires : je suis palestinien, parce que je suis français. Je défends la cause palestinienne, parce qu’enfant à l’école de notre République, on m’a enseigné que “les êtres humains naissaient libres et égaux en dignité et en droits”. Et mes professeurs insistaient souvent pour que l’on comprenne, mes camarades et moi, combien cette déclaration universelle des droits humains était importante aux yeux de la France, de son histoire et des valeurs qu’elle voulait incarner.

On y a cru, et moi je voudrais y croire encore… Je défends la vie des enfants et des civils quels qu’ils soient, partout sur cette Terre, parce que ma conscience me dit qu’il n’y a pas une vie qui peut valoir moins qu’une autre. Mon cœur est meurtri quand un enfant perd la vie suite à un bombardement ou une attaque militaire ou terroriste, quel que soit l’endroit sur cette Terre où cela arrive.

Ce que je dis ici devrait être la norme, le bon sens, l’humanité fondamentale qui nous anime… Mais alors pourquoi cela ne vaudrait-il plus dès lors qu’il s’agit de la Palestine et des Palestiniens ? Pourquoi est-il si difficile dans notre pays de dénoncer l’occupation, la colonisation et les crimes de guerre dès lors qu’ils sont le fait d’Israël ? Pourquoi Paris est-elle la seule grande capitale au monde où une manifestation de soutien à la Palestine a été interdite ?

Devra-t-on désormais changer nos manuels d’histoire ? Nous faudra-t-il désormais enseigner à nos enfants que notre pays ne peut plus être considéré comme un défenseur des droits humains ? Ni comme un des garants du droit international ? Devra-t-on leur apprendre qu’en réalité, notre pays comme tant d’autres se sent tenu par des liens et des alliances qu’il considère comme étant “indéfectibles” ?

Voilà donc le mot qui pourrait nous aider à comprendre l’incompréhensible : “indéfectible”. Entendez : “Quoi que fasse mon allié, quels que soient ses actes, ses déviances, ses infractions ou pire ses crimes, je continuerai à le défendre en toutes circonstances.”

Dans un monde normal, cette définition du lien “indéfectible” nous renverrait à la notion de complicité. Mais pour qu’il y ait complicité, il faudrait qu’il y ait condamnation, par un tribunal international, une instance suprême ou tout du moins une résolution de l’ONU… qui ne verra jamais le jour grâce à l’insupportable et irrémédiable veto des États-Unis, pays le plus puissant du monde et allié “indéfectible” lui aussi…

Voilà à quoi doivent faire face les Palestiniens et toutes celles et ceux qui les défendent à travers le monde : une déliquescence des valeurs, des repères et des règles, un monde sans foi ni loi, où tout vous est permis dès lors que vous avez les bons alliés.

Mais alors pourquoi les Palestiniens continuent-ils à se battre ? Posez-leur la question, et ils vous répondront sans aucun doute par les mots du grand poète : “Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir.” Et nous, pourquoi continuons-nous à nous battre à leur côté si ce n’est pour honorer le dernier vers du poème, quand la voix du peuple palestinien nous dit : “Merci de porter avec nous le fardeau de cet espoir.” Il y a une chanson qui a beaucoup compté pour moi : On lâche rien. Ce que peu de gens savent c’est que la première fois qu’on a scandé ce refrain avec mon ami Madjid, on était dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem. J’ai le cœur palestinien et aujourd’hui comme trop souvent mon cœur saigne, mais c’est un honneur pour moi que de combattre à ma façon, de là où je suis, pour continuer avec d’autres à entretenir cet invincible espoir.

“… Nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l’école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d’amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir. (Mahmoud Darwich) »

HK : « Je suis palestinien » - L'Humanité, 25 mai 2021
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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 07:39
Proche-Orient. 54 ans d’occupation et 11 jours qui ébranlèrent la Palestine (Pierre Barbancey, L'Humanité, 25 mai 2021)
Proche-Orient. 54 ans d’occupation et 11 jours qui ébranlèrent la Palestine
Mardi 25 Mai 2021 - L'Humanité

Preuve d’une tension persistante, de nouveaux affrontements ont éclaté, lundi entre Palestiniens et policiers israéliens sur l’esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est occupé. Le cessez-le-feu appliqué depuis vendredi est loin d’avoir tout réglé. Décryptage sur le combat d’une nouvelle génération.

 

Quelle est l’origine des bombardements sur Gaza ?

La trêve entrée en vigueur vendredi entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et revendiquée comme une « victoire » par les deux parties a mis un terme à onze jours d’un conflit sanglant, le quatrième depuis 2008. Cette dernière séquence a démarré fin avril dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville sainte occupé depuis 1967, lorsque des milliers de Palestiniens ont manifesté pour soutenir des familles menacées d’expulsion au profit de colons israéliens. Des heurts ont éclaté notamment sur l’emblématique esplanade des Mosquées entre des Palestiniens et les forces israéliennes, ainsi qu’en Cisjordanie occupée, faisant des centaines de blessés. Ce n’est que le 10 mai que le Hamas tire par « solidarité » avec ce soulèvement des centaines de roquettes sur Israël, y compris vers Tel-Aviv et Jérusalem. Les centaines de bombardements israéliens ont fait au moins 248 morts palestiniens, dont 66 enfants. Les quelque 4 300 roquettes tirées en onze jours depuis Gaza ont fait 12 morts, y compris un enfant, côté israélien.

L’occupation continue et la colonisation sont à l’origine de ce mouvement enclenché par la génération de Palestiniens nés après les accords d’Oslo. Des jeunes qui, justement, avaient montré leur volonté d’intervenir dans la définition de leur avenir. Ils s’étaient inscrits massivement pour participer aux élections législatives et à la présidentielle que Mahmoud Abbas a annulées sous prétexte d’un refus israélien de les organiser à Jérusalem-Est. Une décision qui a accentué le fossé entre l’Autorité palestinienne et ces jeunes. Le Hamas l’a bien compris. Bien que hors jeu comme tous les partis lors des manifestations à Jérusalem, sa confrontation directe avec le premier ministre Benyamin Netanyahou a redoré le blason de l’organisation islamiste, qui entend maintenant capitaliser face au Fatah, en mauvaise posture.

De quoi ces événements sont-ils le nom ?

Les événements qui viennent de se produire ne sont pas un énième mouvement de colère. Il s’agit de l’expression d’une nouvelle génération de Palestiniens qui ne veut plus se faire rouler dans la farine et est à bout de patience, vingt-huit ans après les accords d’Oslo, qui, loin d’amener la création d’un État de Palestine, ont dépossédé toujours plus les Palestiniens de leur terre et de toute souveraineté.

C’est de cette impasse politique que les jeunes veulent maintenant sortir et qui s’est traduite par une chose impensable il y a encore quelques mois : les Palestiniens dans leur ensemble, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et en Israël, ont retrouvé leur dignité et leur unité. Ils se sont levés comme un seul peuple, retrouvant ainsi leur mémoire collective, celle dont l’occupation voudrait les déposséder. Ce qui n’a pas échappé au ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui estime, en parlant d’Israël : « Le risque d’apartheid est fort si on continue à aller dans une logique à un État ou du statu quo. Même le statu quo produit cela. »

Et maintenant, que peut-il se passer ?

L’attitude des puissances régionales et internationales sera évidemment déterminante. Notamment celle des États-Unis. Joe Biden, après avoir empêché toute expression du Conseil de sécurité de l’ONU, a fait pression sur Benyamin Netanyahou pour la mise en place d’un cessez-le-feu alors que la question du soutien inconditionnel à Israël commence à faire débat dans ses propres rangs. Il parle maintenant de « reconstruire » Gaza, promet des espèces sonnantes et trébuchantes.

Tout le monde semble prêt à mettre la main à la poche pour réparer les destructions israéliennes. Le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a ainsi annoncé une enveloppe de 500 millions de dollars (environ 409 millions d’euros). Mais personne n’évoque la levée de l’embargo qui asphyxie les habitants de Gaza depuis quatorze ans. Le territoire palestinien n’est plus seulement une prison à ciel ouvert mais un mouroir.

Biden a affirmé au lendemain du cessez-le-feu que la solution à deux États était « la seule réponse » possible au mal nommé conflit israélo-palestinien. Comparées à la politique menée par son prédécesseur Donald Trump, ces déclarations sont sans doute de bon augure si elles sont suivies d’effet. Or, parmi les sujets que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, parti en tournée dans la région, doit aborder, cette question n’est même pas mentionnée. À travers elle, c’est pourtant bien la fin de l’occupation et l’arrêt de la colonisation qui seraient posés.

L’occupation et la colonisation peuvent-elles être combattues ?

Leurs partisans sont sur la défensive et particulièrement en France, où le ministère de l’Intérieur tente d’empêcher toute manifestation de solidarité avec le peuple palestinien. Parallèlement, une campagne est en cours visant à accuser d’antisémitisme quiconque se permettrait la moindre critique d’Israël.

De quoi annihiler tout débat réel sur les solutions à apporter dans le cadre du respect du droit international et toute pression sur Tel-Aviv, notamment avec des menaces de sanction. La France pourrait également reconnaître l’État de Palestine. Enfin, l’Union européenne pourrait suspendre ses accords de coopération avec Israël tant qu’il ne respecte pas les droits humains des Palestiniens.

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26 mai 2021 3 26 /05 /mai /2021 07:32
Leïla Shahid à Carhaix le 3 octobre 2015 à l'invitation de l'AFPS, ici avec Lucienne Nayet, Ismaël Dupont, Alain David (photo Jean-Marc Nayet)

Leïla Shahid à Carhaix le 3 octobre 2015 à l'invitation de l'AFPS, ici avec Lucienne Nayet, Ismaël Dupont, Alain David (photo Jean-Marc Nayet)

Leïla Shahid à Brest en octobre 2019, avec Claude Léostic et François Rippe à la tribune

Leïla Shahid à Brest en octobre 2019, avec Claude Léostic et François Rippe à la tribune

Leïla Shahid : « Le cessez-le-feu, ce n’est pas la paix »
Mardi 25 Mai 2021

Pour Leïla Shahid, les attaques menées contre la jeunesse ont réunifié le peuple palestinien. L’ex-ambassadrice analyse la crise de légitimité des autorités palestiniennes et dénonce l’impunité accordée à Israël. Entretien.

 

Leïla Shahid Ancienne ambassadrice de Palestine auprès de l’Union européenne

Observatrice attentive des événements du Proche-Orient, Leïla Shahid met en garde contre une nouvelle explosion de colère si la nouvelle génération de Palestiniens n’obtient rien, ne serait-ce que le droit à la justice.

Comment analysez-vous les événements de ces dernières semaines et l’annonce d’un cessez-le-feu ?

Leïla Shahid Je me félicite d’un cessez-le-feu qui va sauver des vies à Gaza, à Jérusalem, en Cisjordanie mais aussi en Israël. Même si la disproportion est énorme entre les quelque 250 morts, dont 66 enfants et 39 femmes (ainsi que 75 000 déplacés), à Gaza et les douze Israéliens, dont un enfant.

Mais je suis profondément attristée et même choquée que les médias – et je ne parle pas de l’Humanité – ne parlent des Palestiniens que lorsqu’ils meurent. Cela fait pratiquement quatre ans que personne ne parlait plus d’eux, comme s’ils étaient devenus des fantômes.

Je suis persuadée que Benyamin Netanyahou ayant échoué à former un gouvernement après la quatrième élection législative s’est dit que le meilleur moyen était de provoquer un incident. Au début, c’est lui qui a envoyé ses amis sionistes, nationalistes, racistes tabasser les jeunes Palestiniens aux cris de « mort aux Arabes » à la porte de Damas. Puis à l’esplanade des Mosquées la nuit du destin, la plus importante du mois du ramadan, où les amis de Ben Gvir, aujourd’hui membre de la Knesset, protégé par l’immunité parlementaire grâce à Netanyahou, ont sciemment provoqué les incidents avec les jeunes de Jérusalem. Et le lendemain, ils sont aussi allés défiler dans le quartier de Cheikh Jarrah. Le Hamas a profité de cet état des choses pour s’arroger le rôle de défenseur de Jérusalem et du Haram Al-Charif.

Les jeunes en ont ras le bol d’entendre l’Autorité palestinienne rabâcher le processus de paix, les négociations, les accords d’Oslo. Il n’y a plus d’accords d’Oslo signés il y a vingt-huit ans. Il faut que Mahmoud Abbas ait le courage de reconnaître cet échec. Les attaques menées contre ces jeunes ont réunifié le peuple palestinien. La société palestinienne est une société de résistance. Elle a ses propres règles, ses propres perceptions du moment historique. Le cessez-le-feu ne signifie pas la paix. Mais cela permet de limiter le nombre de morts. Nous sommes un petit peuple mais nous avons le droit de vivre.

Comment jugez-vous l’attitude de ce qu’on appelle la « communauté internationale » ?

Leïla Shahid Une des raisons de l’explosion de violences réside dans le fait que la jeunesse n’en peut plus de la lâcheté, de l’hypocrisie et de la complicité de ce qu’on appelle la communauté internationale. C’est une gifle pour les États arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël alors que tout ce qui les intéresse, c’est de s’opposer à l’Iran.

Il y a aussi l’Union européenne, très investie sur le plan financier mais absente sur le plan politique. Lorsque l’impunité est accordée à un État ou à une armée, c’est en soi producteur de violence et de destruction. Or, cette impunité est accordée à Israël depuis cinquante-quatre ans. Depuis le 5 juin 1967, cinq millions de personnes vivent sous occupation militaire.

Pour vaincre, il faut gagner l’opinion publique. D’où l’importance de la solidarité internationale. Je regrette d’ailleurs que les autorités françaises se soient crues obligées d’accuser les militants de la solidarité d’antisémitisme et d’empêcher la manifestation à Paris au moment où il y en a eu dans chaque capitale du monde.

La structure politique palestinienne n’est-elle pas en crise ?

Leïla Shahid La crise palestinienne est très profonde. C’est celle de la légitimité de l’Autorité palestinienne (AP) issue de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Il y a vingt-huit ans, elle avait promis que nous aurions, petit à petit, une souveraineté sur notre territoire et un État à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Nous en sommes plus loin que jamais. L’AP devait organiser des élections que le président Abbas a décidé d’annuler en disant qu’on n’avait pas la possibilité de les tenir à Jérusalem. On aurait pu faire ces élections sans demander la permission à l’occupant. S’il avait eu le courage de le faire, nous aurions eu un mouvement magnifique et non militaire. Nous aurions pu gagner une grande bataille politique, en particulier à Jérusalem. Nous aurions unifié les Palestiniens partout.

La situation israélo-palestinienne fonctionne en miroir. C’est parce que nous sommes affaiblis que le Hamas s’est renforcé. C’est parce qu’il n’arrive pas à former un gouvernement que Netanyahou déclenche les hostilités militaires à Gaza.

La crise de légitimité et les mauvaises décisions de l’Autorité palestinienne ont permis au Hamas de gagner le cœur des gens. Lorsqu’on est écrasé par une puissance militaire, humainement on a besoin d’une réponse similaire. Il y a un terrorisme d’État avec les avions israéliens. Et il y a un terrorisme qui fait qu’on envoie des roquettes sur des civils. Or, lorsque des civils israéliens sont tués on parle de terrorisme, jamais lorsque ce sont des civils palestiniens. On affirme que des terroristes ont été tués : les 66 enfants morts sont donc des terroristes ?

Et maintenant, qu’attendez-vous ?

Leïla Shahid L’histoire n’a pas commencé il y a deux semaines, mais il y a cinquante-quatre ans avec l’occupation des territoires palestiniens par la force et la colonisation. Jérusalem-Est a été annexée de même que le plateau du Golan, la bande de Gaza est assiégée depuis plus de quatorze ans avec les conséquences terribles pour la population.

Le président Biden, un peu honteux de s’être opposé pendant dix jours à toute résolution du Conseil de sécurité, content d’avoir assuré le cessez-le-feu à travers l’Égypte, promet maintenant une aide très généreuse pour la reconstruction. Mais la question de Gaza et de la Palestine n’est pas seulement humanitaire. Nous vivons depuis cinquante-quatre ans une dépossession de notre droit à la liberté et à la souveraineté.

La réalité palestinienne s’est imposée. Mais s’ils reviennent au jargon du processus de paix, on n’ira nulle part. Ça va exploser de nouveau. Ceux nés après Oslo n’ont plus aucun espoir mais ils savent une chose : ils ont droit à la justice, à l’égalité des droits. En tant que citoyens du monde, ils considèrent que la lutte n’est plus confinée à ces territoires qu’on nous avait imposés à Oslo.

Pour se libérer de ce carcan, les Palestiniens mènent ce combat de manière pacifique, culturelle, politique. Cette façon d’internationaliser le combat renforce les Palestiniens. Et ça, ce n’est pas le processus de paix qu’on a connu pendant vingt-huit ans et qui nous imposait de patienter. Nous n’aurions jamais dû attendre autant. Nous aurions dû nous rendre compte plus rapidement qu’ils n’étaient pas sérieux à propos de la souveraineté, la liberté et l’État de Palestine. Nous ne pouvions pas être les seuls à respecter les accords alors que tous les premiers ministres israéliens depuis l’assassinat de Rabin ont lutté contre.

En Israël même, ce sont les jeunes colons que l’on a vu défiler dans les rues de Jérusalem et ailleurs aux cris de « mort aux Arabes ». Or, la plupart des démocrates israéliens ne veulent pas cela. Il y aura, je pense, une prise de conscience dans la société israélienne pour défendre leur propre démocratie. En 2021, il existe autant de Palestiniens que de juifs israéliens si l’on prend en compte Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem et Israël. Les Israéliens doivent comprendre qu’il faut donner des droits égaux aux deux parties. Il ne s’agit pas d’une guerre de religion. C’est une guerre coloniale, c’est une résistance anticoloniale. Nous continuerons cette nouvelle lutte avec tous nos amis israéliens anticolonialistes. Mais certainement pas dans les petits pas d’un processus de paix du type de celui que nous avons connu. Il faudra que cela se fasse de manière beaucoup plus saine dans la reconnaissance que les citoyens palestiniens doivent avoir les mêmes droits. Sous quelle forme ? On en discutera. Mais avant, il faut mettre fin à l’occupation.

Leïla Shahid :  Le cessez-le-feu, ce n’est pas la paix (L'Humanité, entretien avec Pierre Barbancey, 25 mai 2021)
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