Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 06:14

Le PCF appelle à la mobilisation massive les 23 et 28 juin Après avoir envisagé d'interdire la manifestation contre le projet de loi Travail « El Khomri », prévue ce jeudi 23 Juin à Paris , le gouvernement vient d'autoriser celle-ci sur un parcours négocié avec les organisations syndicales. C'est une victoire de la mobilisation et de la détermination des démocrates à faire respecter les libertés publiques fondamentales.

L'interdiction aurait été une décision scandaleuse, injustifiée.

Après le passage en force du gouvernement au parlement pour imposer sa loi par l'utilisation de l'article 49-3, cette décision supplémentaire aurait été d'une extrême gravité. Le fait de l'envisager marque la dérive autoritaire du pouvoir. Il ne peut y avoir de débat démocratique si le droit de manifester est entravé.

Le pouvoir est minoritaire dans le pays.

Il est incapable de dégager une majorité politique et parlementaire pour valider son projet de loi. Il choisit la politique de terre brûlée.

Il prend la responsabilité devant le pays de créer un climat de tension.

Nous ne nous laisserons pas détourner de notre objectif : le retrait de la loi travail et des droits nouveaux pour les travailleurs pour une sécurisation véritable de l'emploi. Nous demandons au Président de la République de suspendre le débat parlementaire afin de permettre l'ouverture de vraies négociations avec les organisations syndicales qui sont disponibles pour faire des propositions concrètes, porteuses de progrès social et de nouveaux droits.

Comme l'a demandé l'intersyndicale, le Président François Hollande doit « pour sortir de cette impasse, réunir les organisations syndicales et de jeunesse très rapidement ».

Les Parlementaires communistes, Front de gauche, à l'Assemblée nationale comme au Sénat continueront à porter ces exigences. Nous appelons les salarié-es, jeunes, privé-es d’emploi et les retraité-es, les élu-es de la République à participer massivement aux manifestations des 23 et 28 juin et à la votation, organisée par les syndicats.

Parti Communiste français,

Paris, le 22 juin 2016

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 06:00
Georges Séguy VS EL KHOMRI: la CGT s'agite encore contre les petits arrangements du gouvernement avec le MEDEF !

Georges SEGUY, ancien dirigeant de la CGT en 1968, est la vedette de la maison de retraite avec son maillot Info'Com-CGT en soutien aux Résistants qui seront demain dans les rues pour exiger le retrait de la ‪Loi Travail‬ Pas de retrait, pas de trêve ! Chapeau bas Georges. Les nouvelles générations continuent ton combat pour la justice sociale.

(photo transmise par Louis Aminot)

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:59

Communiqué de Ensemble! Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire.

La « primaire » pour sauver le soldat Hollande.

En pleine crise sociale et politique, l’annonce le samedi 18 juin par le Parti Socialiste de la tenue d’une primaire de la « Belle Alliance Populaire » en janvier 2017 pour désigner leur candidat-e à l’élection présidentielle, a révélé la déconnexion entre le pouvoir en place et l’état réel du pays. Le premier Ministre Manuel Valls n’a pas hésité : il vante « l’exercice démocratique » que constitue cette primaire et, en même temps, pour la première fois depuis des dizaines d’années, il menace d'interdire une manifestation syndicale contre la loi travail. Cette primaire initiée par le pouvoir en place démontre l’affaiblissement de la popularité de François Hollande, qui ne peut même plus se prévaloir d’être le « candidat naturel » de son propre parti.

Cette soi-disant « consultation » ne vise qu’à être une simple validation d’une candidature déjà lancée qui serait officialisée dès le mois de décembre 2016.

Il faudrait, pour le PS évacuer le débat crucial sur le bilan de la politique gouvernementale mise en oeuvre depuis 5 ans et qui a dégradé les conditions de vie des classes populaires, mené une politique autoritaire et belliciste, trahi ses engagements en matière de défense de l’environnement.

Jean Luc Mélenchon, le PCF et EELV ont refusé d'y participer, tout comme « Ensemble ! »

Ces manoeuvres de fuite en avant d’un pouvoir en déliquescence sont à l’opposé des aspirations qui se sont exprimées dans le mouvement social contre la loi El Khomri.

Celui-ci a bouleversé la situation politique. Il a révélé des énergies insoupçonnées à gauche et dans le peuple pour défendre la justice, sociale, l’égalité des droits, la démocratie et constitue une chance pour la reconstruction d’une véritable alternative politique. C’est à partir du mouvement social en cours qu’un nouvel espoir peut se construire.

C’est la responsabilité des forces politiques qui s’opposent à ce gouvernement, qui sont aux côtés de celles et ceux qui manifestent et qui se font matraquer, de se rassembler et de construire une issue politique qui permette de dépasser la division actuelle, y compris lors des échéances électorales de 2017.

Il faut débattre publiquement autour des positions communes pour une alternative politique, faire converger les forces sociales, citoyennes comme les forces politiques, la France Insoumise, le PCF, le PG, EELV, les socialistes en ruptures avec le gouvernement, le NPA, Nouvelle Donne…

Oui, il faut être à la hauteur des exigences du moment présent et recons - truire une gauche de transformation sociale. C’est la proposition que le mouvement « Ensemble! » porte aujourd’hui publiquement en vue des échéances électorales de 2017.

Le 22 juin 2016.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:55

Comment François Hollande a changé d’avis

22 juin 2016 |

Par Lénaïg Bredoux et christophe Gueugneau

Après avoir annoncé l’interdiction de la manifestation parisienne contre la loi sur le travail jeudi, François Hollande et son gouvernement ont finalement trouvé un compromis avec FO et la CGT pour un parcours très réduit. L’épisode révèle une nouvelle fois les vives tensions au sein de la majorité.

Du grand n’importe quoi. François Hollande et son gouvernement ont donné en spectacle leurs hésitations et leurs désaccords en interdisant, puis en autorisant, sur un parcours très réduit, la manifestation syndicale prévue à Paris jeudi contre la loi sur le travail. De quoi mécontenter tout le monde et donner, une nouvelle fois, une impression d’impuissance.

Le compromis a été trouvé dans le bureau de Bernard Cazeneuve mercredi matin. Alors que la préfecture de police de Paris avait annoncé deux heures plus tôt l’interdiction de la manifestation (lire notre article), le ministre de l’intérieur reçoit en fin de matinée, à leur demande, les deux principaux responsables syndicaux qui appellent à défiler jeudi, Jean-Claude Mailly pour Force ouvrière (FO) et Philippe Martinez à la CGT, pour une réunion de la dernière chance.

Cazeneuve leur demande de reporter la manifestation, le temps de trouver une solution. Les syndicats refusent. « On a dit qu’on ne pouvait pas annuler », a raconté Mailly à la sortie de la place Beauvau. L’intersyndicale avait déjà refusé un « rassemblement statique » place de la Nation, proposé par le gouvernement. Elle voulait absolument pouvoir défiler – ces derniers jours, les négociations avec la préfecture de police avaient tourné autour de trois parcours possibles. Bernard Cazeneuve finit par suggérer un « circuit extrêmement court », un « rassemblement qui bouge », selon l’expression d’un proche de François Hollande. « La discussion a été serrée avec le ministre de l’intérieur, a expliqué Mailly. Au bout d’un moment, il nous a fait une proposition de parcours plus sécurisée selon lui. » La CGT et FO acceptent : la manifestation aura bien lieu à Paris sur un parcours minimal, environ 1,6 kilomètre, à proximité de la place de la Bastille. À titre de comparaison, le dernier défilé parisien, le 14 juin, s’étendait sur 5,5 kilomètres.

Aussitôt, Cazeneuve soumet son projet au président de la République et au premier ministre, qui, cette fois, donnent leur accord. « Aucun débordement, aucune violence ne sera tolérée. Il en va de notre capacité à faire vivre le débat démocratique », prévient aussitôt Bernard Cazeneuve lors d’une brève allocution au ministère. Il a également confirmé que des discussions allaient commencer avec la préfecture de police pour les prochains rendez-vous fixés par les syndicats hostiles au projet de loi El Khomri, notamment le 28 juin.

Quelques heures plus tôt, la décision avait été inverse. Mardi, les négociations avec l'intersyndicale sont au point mort : aucun compromis ne se dessine. Certains envisagent que le préfet de police de Paris annonce une interdiction pour ensuite mieux négocier avec les syndicats. François Hollande et Bernard Cazeneuve sont plutôt opposés à une interdiction ferme de manifester. Manuel Valls, lui, y est favorable. Surtout, il estime que si le préfet de police interdit le défilé, il faudra ensuite s'en tenir à cette décision. Dans la soirée de mardi, c’est le premier ministre qui emporte l’arbitrage présidentiel. Cazeneuve, qui craint qu’une manifestation interdite ne provoque encore plus de troubles, est furieux, selon une source socialiste. Sauf que, comme souvent, Hollande suit Valls. Et il le suit d’autant plus qu’il est lui-même sensible à ce qu’il croit être le pouls du pays, en demande de sécurité et d’ordre, indifférent aux exigences des confédérations syndicales. « Surtout que les soldes commencent cette semaine ! » lançait au Parisien, mardi, un député PS pour qui Anne Hidalgo, la maire de la ville, en aurait assez « de panser les plaies des commerçants ». Ces derniers jours, Manuel Valls s’en était déjà pris très vivement à la CGT, qu’il accuse de collusion avec les “casseurs” et à qui il reproche, de toute façon, d’incarner un syndicalisme mortifère et passéiste à qui il rêve de faire la peau. Les violences commises devant l’hôpital Necker à Paris, le 14 juin, avaient, pour le gouvernement, été l’image de trop : aux yeux de Manuel Valls et de plusieurs proches de François Hollande, le président devait absolument faire un « acte d’autorité », montrer qu’il savait décider, « trancher », et qu’il était intraitable quand on touchait à la sécurité des Français, surtout après le double assassinat de policiers à Magnanville. « Lors de la dernière manifestation à Paris, les limites ont été franchies : déferlement de violence inégalé, saccage de bâtiments publics, dont l’hôpital Necker des enfants malades, perpétrés par des casseurs sous les yeux d’un service d’ordre des organisateurs totalement débordé, a encore dit mercredi le premier ministre Manuel Valls. Les Français ne tolèrent pas et ne toléreront aucun débordement. » L'exécutif était aussi sous pression des syndicats de policiers, dont les troupes sont épuisées par sept mois d’état d’urgence, par un mouvement social qui dure, et par la sécurisation de l’Euro de football. « Les syndicats de flics nous ont dit : “On n’en peut plus, trouvez une solution” », indique un conseiller ministériel. Le syndicat Alliance demandait par exemple le report : « Le droit de manifester est sacré, nous avons demandé son report. Les pouvoirs publics auraient dû nous entendre et reporter cette manifestation », a déclaré son secrétaire général adjoint, Philippe Lagache, en fin de matinée. Embarras « La police est complètement à bout. Dans les mêmes conditions, aux États-Unis, il y aurait déjà eu des morts », estime également Jean Grosset, le conseiller social de Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. Il s’inquiète aussi de « l’état d’esprit dans la police », en référence à un sondage du Cevipof 3 donnant le vote FN à 51 % chez les policiers et les gendarmes pour l’année 2015. « On ne pouvait plus continuer comme ça, dit encore l’ancien responsable de l’Unsa. Necker a été le summum. Cette bande de provocateurs nourrit l’extrême droite et les gens disent : “Mais que fait le gouvernement ?” » Le député Christophe Caresche défend cette ligne, estimant que c’est bien le moral policier qui avait fait pencher la balance pour l’interdiction : « Il faut voir le climat dans la police : ils sont exténués, l’assassinat de leurs deux collègues a été un choc, des forces mobiles sont mobilisées depuis trois mois maintenant, des policiers ont été victimes des violences dans les manifestations. »

À la sortie du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll défend pendant de longues minutes l’interdiction du défilé parisien – en régions, toutes les manifestations ont été autorisées. « On a en face de nous une menace terroriste qui est toujours là. On a un Euro qui nécessite la mobilisation de moyens. On a des manifestations qui ne peuvent pas constamment déboucher sur des violences, avec des forces de l’ordre régulièrement agressées et blessées », détaille le ministre de l’agriculture. Avant d’insister : « Il y a quelques débats qui naissent mais sur ces questions, c’est la cohérence de l’exécutif qui rappelle les principes. Si les conditions de sécurité ne sont pas assurées, il n’y aura pas de manifestation. Pour l’instant, elles ne sont pas assurées. » Mais au même moment, l’exécutif change d’avis, apparemment surpris par l’indignation suscitée par l’interdiction de la manifestation. Plusieurs députés socialistes confirment qu’ils iront défiler. « Nous parlementaires, porteurs de nos écharpes, serons présents demain solidairement aux côtés des organisations syndicales dans les conditions qu’elles auront choisies », écrivent ainsi Pouria Amirshahi, Marie-George Buffet, Fanélie Carrey-Conte, André Chassaigne, Pascal Cherki, Marc Dolez, Cécile Duflot, Jacqueline Fraysse, Benoît Hamon, Jérôme Lambert, Christian Paul, Philippe Noguès et Jean-Louis Roumegas dans un communiqué commun. Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen font aussi savoir qu’ils s’opposent à la décision du gouvernement. La CFDT, pourtant favorable à la loi sur le travail, se fend d'un communiqué 3 pour « condamner l'interdiction des manifestations annoncée par la préfecture de police de Paris ». L'avocat Jean-Pierre Mignard, ami de longue date de François Hollande (et par ailleurs conseil de Mediapart), s'interroge sur Twitter : #Manifester 3 est un droit constitutionnel qui doit être garanti sauf risques insurmontables. En est on là? Non, alors? — Jean-Pierre Mignard (@jpmignard) 22 juin 2016

"Une manifestation interdite avec une vingtaine de députés socialistes, Mailly et Martinez, ça va créer encore plus de merdier », lâche alors une source gouvernementale.

Mais dans les ministères, mercredi matin, plus personne ne comprend qui décide de quoi. Matignon laisse dire que ce n’est pas une décision de Manuel Valls ; l’Élysée prétend que François Hollande n’a rien arbitré. « C’est une décision de gestion opérationnelle de l’ordre public. L’arbitrage n’a pas été rendu par le président lui-même. Le président de la République n’est pas en charge de l’ordre public et de l’organisation des manifestations », explique le Palais en début de matinée. C’est évidemment inexact, et heureusement. Comment imaginer qu’une décision pareille, quasi historique pour une manifestation syndicale, puisse être prise sans l’aval du président élu ? Mais cela montre l’embarras de François Hollande. Interrogé mercredi, un de ses proches soufflait : « Je ne sais pas… Déjà sauver la manif était le plus important. » « Un compromis intelligent a été trouvé, dit un autre ami du président. Cela permet à la CGT de sauver les meubles, même si sur le fond, ce sont les syndicats qui ont canné ! Symboliquement, ils voulaient marcher, eh bien qu’ils fassent un kilomètre ! Mais leur machin [le mouvement contre la loi sur le travail – ndlr] est déjà totalement éteint. En interdisant la manif, cela leur redonnait du gaz… » Cette série de revirements a pris tous les socialistes de cours et surtout donné lieu à une série de sarcasmes. Le député ex-PS Pouria Amirshahi, par exemple, se fend de ce tweet : « La manif interdite par le gouvernement étant autorisée par le gouvernement, il faudrait aussi que le gouvernement retire la #LoiTravail 3 que le gouvernement ne veut pas retirer. » Tandis que Mehdi Ouraoui, membre du conseil national du PS, toujours sur Twitter, est plus cinglant : « On les crut dictateurs, ils n'étaient qu'amateurs. » L’euro-député Guillaume Balas s’étonne quant à lui d’un « dysfonctionnement gouvernemental grave ». Bruno Julliard, adjoint à Paris, semble consterné : @francoiskalfon 3 ... C'est aussi ce que cette journée m'inspire. — Bruno Julliard (@BrunoJulliard) 22 juin 2016 3 À l'Assemblée, le député communiste André Chassaigne lance au premier ministre : « La méthode gouvernementale sur cette loi travail est un fiasco. » À droite, Nathalie Kosciusko-Morizet ironise : « Là, on n’y comprend plus rien. C’est une roue de la fortune. On ne sait pas où on va. Les Français ont le sentiment de ne pas se sentir gouvernés, et peut-être dans le contexte de ne pas se sentir protégés. » Son collègue député Franck Riester demande, lui, des « décisions claires » et que le gouvernement « s’y tienne ». « Tout a été fait en dépit du bon sens », s’exclame-t-il.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:51

Nouveau couac gouvernemental ce mercredi au sujet de la manifestation syndicale de jeudi. Celle-ci a tout d'abord été interdite puis autorisée.

Comme si cela ne suffisait pas entre les manifestations, les violences, le recours au 49-3 et des sondages au plus bas, le gouvernement Valls et l'Elysée ont été le théâtre d'atermoiements qui ne les grandissent pas dans cette période de forte tensionet qui témoigne surtout de tensions au sein de l'équipe gouvernementale sur la stratégie à suivre face aux syndicats.

Acte I : la manifestation interdite à 9 h

9 h ce mercredi matin, la préfecture de police de Paris a annoncé l'interdiction de la manifestation prévue jeudi par l'intersyndicale menée par la CGT et FO contre le controversé projet de loi travail, une première depuis la tragique manifestation de 8 février 1962 au métro Charonne.

Les protestations politiques pleuvent de la gauche de la gauche au FN en passant par le PS.

Les dirigeants syndicaux Philippe Martinez (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) ont demandé à être reçus en urgence par M. Cazeneuve.

Fin de matinée à l'Elysée: François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se retrouvent, en marge du Conseil des ministres, pour tenter de trouver une sortie de crise, selon leurs entourages. ++ La dernière manifestation interdite avait fait 9 morts

Acte II : la manifestation finalement autorisée à 13 h « En marge du Conseil des ministres, le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur se sont vus en convenant de proposer (à MM. Martinez et Mailly) un itinéraire extrêmement sécurisé, un parcours beaucoup plus facile à sécuriser », explique-t-on dans l'entourage de Manuel Valls.

En l'occurrence Bastille-Bastille, en faisant le tour du petit bassin de l'Arsenal, soit 1,6 kilomètre. Pas « statique » comme le souhaitait au départ le gouvernement, mais « pratiquement statique », résume une source gouvernementale. Une proposition acceptée par les syndicats, entraînant la levée de l'interdiction et un nouveau pataquès de communication.

L'exécutif n'aurait-il pas pu poursuivre les négociations sans annoncer d'interdiction ?...

Acte III. Valls accusé d'avoir décidé l'interdiction

Est-ce-que ces atermoiements masquent des désaccords au sommet de l'Etat - certains à gauche accusant Manuel Valls d'avoir été celui qui poussait trop en faveur de l'interdiction ? Selon un député PS légitimiste, Hollande et Cazeneuve l'ont finalement emporté sur Valls.

« Le petit jeu qui consiste à laisser penser qu'il y aurait eu une décision au sein de l'exécutif prise par le Premier ministre est une fausse question. Les décisions sont prises de manière collective », a démenti le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll après le Conseil des ministres. « Tout a été fait ensemble » avec MM. Hollande et Cazeneuve pour que la manifestation puisse se tenir, a renchéri le Premier ministre lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée. Néanmoins, dans la matinée, l'entourage de François Hollande avait ajouté une certaine confusion, en affirmant que l'interdiction était « une décision de gestion opérationnelle de l'ordre public » incombant à la préfecture et que « l'arbitrage n'a(vait) pas été rendu par le président lui-même ». Ce que certains ont pu interpréter, à tort selon l'Elysée, comme une prise de distance avec M. Valls.

Acte IV : la gauche une nouvelle fois ébranlée Après le recours au 49-3 pour faire passer le texte en première lecture à l'Assemblée nationale, et le choix répété de ne pas céder à la fronde menée par la CGT, une interdiction aurait marqué une nouvelle crispation autour du dernier grand texte du quinquennat. La CFDT, quoique soutien précieux du gouvernement sur la loi travail, avait elle aussi « condamné » l'interdiction, s'ajoutant à l'émoi syndical. Au PS, les frondeurs ont tiré à boulets rouges, mais les critiques débordaient largement jusqu'aux légitimistes.

« Interdire la manifestation sur la loi travail est une blessure démocratique et une provocation politique inutile », avait jugé l'ancien ministre Benoît Hamon. « Faute historique », fustigeait Christian Paul. « On aurait pu éviter cette montée de tension », a lâché le patron des députés PS, Bruno le Roux, soulignant que « la proposition par l'Etat de cet itinéraire avait été faite avant ». Dénonçant « la décision du Premier ministre » et « une escalade autoritaire », treize députés PS, PCF et écologistes, dont Cécile Duflot, Benoît Hamon et Christian Paul, avaient annoncé qu'ils braveraient l'interdiction, écharpes tricolores visibles, en manifestant avec les syndicats.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:43

Pour ou contre l’aéroport de NDDL: l’impossible compromis

21 juin 2016 |

Par Jade Lindgaard

Occultée par les attentats, la mobilisation contre la loi sur le travail et l’Euro de foot, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement. Pour la première fois, des militants de base du « oui » apparaissent au grand jour.

Loire-Atlantique, envoyée spéciale.

- Une question depuis le fond de la salle. Puis une autre. Et encore une. Ne pas lâcher le micro. Occuper l’espace par les prises de parole. Ils sont deux militants du « non » dans une réunion du « oui ». Ils se battent pied à pied contre les arguments déroulés par les partisans de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Santé, emploi, finances, sécurité : à chaque sujet abordé par les orateurs, ils lèvent la main et leur opposent les points clés de leur programme. C’est de l’obstruction participative en mode ping-pong. Autour d’eux, dans la salle municipale Jacqueline-Auriol de Bouaye, 6 500 habitants, au sud de Nantes, la plupart des 70 personnes regardent sans réagir. Un homme s’impatiente, bras croisés : « Mais à quoi ça sert ? »

À l’extérieur, c’est la guerre sur les panneaux d’affichage : les slogans des uns sont arrachés par les autres. L’affiche des socialistes, avec sa photo d’enfant glissé dans un avion en carton et son slogan « Social Écologie », suscite moqueries et détournements. « On en prend plein la figure sur beaucoup de choses. Pour la campagne pour l’aéroport, on est plutôt bien accueillis, on ne se fait pas envoyer balader lors des porte-à-porte », relativise Dominique Duclos, conseiller communautaire PS à Nantes Métropole et élu municipal à Bouguenais, commune qui accueille l’actuel aérogare de Nantes Atlantique. Mais « c’est compliqué de mobiliser les militants. Le climat actuel au PS n’est pas à la sérénité ». Il croit à la victoire du oui, grâce à la « majorité silencieuse » : « On ne va pas convaincre les non mais il faut convaincre les oui d’aller voter. » Drôle de campagne où socialistes et Républicains (LR) se retrouvent du même côté mais où la gauche est scindée en deux camps irréconciliables.

Recouverte par l’onde de choc de l’attentat d’Orlando, en Floride, et de l’assassinat des deux policiers français, occultée par la vigueur de la mobilisation contre la loi sur le travail, la campagne pour ou contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est invisible à l’échelle nationale. Dimanche 26 juin, plus de 900 000 électeurs de Loire-Atlantique sont appelés à se prononcer en faveur ou en défaveur du projet d’aérogare voulu par le gouvernement mais contesté par plusieurs dizaines de milliers de manifestants à deux reprises en début d’année. Dans ce département bastion du parti socialiste, des centaines de personnes se mobilisent pour emporter le scrutin. Réunions publiques, tractages sur les marchés, « boîtages », campagne participative d’appels téléphoniques, animations et vidéos en ligne : loin des cabinets ministériels et des studios de télé d’info continue, c’est une bataille politique de proximité, frontale et passionnée qui se livre. Des militants aguerris y côtoient des débutants, des élus locaux partagent l’estrade avec des riverains et des experts. On y parle urbanisme, agriculture, climat et emplois. Pour la première fois, des militants de base du oui apparaissent au grand jour.

« Ah ! Vous entendez ? On va arrêter de parler pour que vous entendiez mieux. » Durant quelques secondes, l’air se remplit du vrombissement d’un avion. Il est près de 11 h 30, jeudi 9 juin, en bordure du marché Zola, dans un quartier populaire de l’ouest de Nantes. Guillaume Dalmard, 38 ans, marin, n’a pas encore enfilé sa chasuble bleue de militant des Ailes pour l’Ouest, une association favorable à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Je me suis engagé car je ne comprends pas pourquoi le processus légal n’arrive pas à aboutir. » Conçu dans les années 1960, lancé dans les années 1970, oublié dans les années 1980, relancé sous le gouvernement Jospin, le projet d’aéroport du Grand Ouest a fait l’objet d’un débat public en 2003 et d’une déclaration publique en 2008. Le groupe Vinci en a obtenu la concession en 2010. Plusieurs dizaines de recours déposés par les opposants ont été rejetés par la justice au fil des ans. « Ce sont les décisions de justice qui m’ont fait entrer dans le sujet, poursuit-il. On n’arrive pas à aller au bout. Je tracte sur ce marché car j’habite ici. On voit des gens. On leur dit : Prenez votre destin en mains. Notre action n’est pas politique. Ma vision du problème, c’est que s’y joue l’aménagement du territoire des deux prochaines générations. »

Le 11 février dernier, quelques jours après une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Nantes contre le projet d’aéroport, François Hollande annonce l’organisation d’un référendum local. C’est finalement une consultation, non décisionnaire, que le gouvernement décide d’organiser le 26 juin, dans le seul département de Loire-Atlantique. « Quand on a appris la consultation, les bras nous en sont tombés, explique Dominique Boschet, président de l’Association contre le survol de la ville de Nantes (Acsan). L’État est porteur du projet. Cette campagne ne devrait pas avoir besoin d’exister. La consultation, l’enquête publique, les échanges, les réunions publiques : tout a déjà eu lieu de 2003 à 2008. » Mardi 21 juin, à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement Manuel Valls a été très clair : « Si le non l'emporte, le projet sera abandonné. Si le oui l'emporte dimanche, le projet sera engagé. » « Quand on a appris qu’il y avait ce vote, on s’est dit : mais c’est pas vrai, ils changent les règles du jeu. » Institutrice retraitée, Solange habite Saint-Aignan-Grandlieu, petite ville qui s’étend dans l’axe de la piste de l’actuel aéroport. Elle vit depuis 1976 dans le bruit des décollages et atterrissages des avions et depuis quarante ans s’entend promettre que l’aérogare va déménager. Sa fille Élisabeth, orthophoniste, est revenue s’installer dans la commune. Elle s’inquiète, études scientifiques à l’appui, des effets des nuisances sonores sur la santé des enfants et leur apprentissage de la lecture. « Je ne me suis pas pressée de prendre ma décision pour le oui. Il ne m’a pas suffi d’être gênée. Quand vous avez toujours connu un endroit, on ne se rend pas compte de l’impact que l'environnement a sur vous. Je n’aurais jamais cru que le bruit des avions avait des impacts cardiovasculaires. Nous ne sommes pas qu’un symbole. C’est très concret, ce que nous vivons. » Toutes deux ont participé à la création du Collectif citoyen engagé pour le transfert de l’aéroport (Coceta), au printemps dernier. « Les militants du oui ont du mal à s'afficher » « Pendant de nombreuses années, il y a eu une chape de plomb, une pression sur les personnes favorables à l’aéroport, analyse Dominique Boschet, président de l’Acsan, créée en 2003, lors du débat public sur le projet d’aéroport. Les gens de Saint-Aignan ne voulaient pas se mobiliser. Ils avaient peur. On a fait une première réunion avec eux : ils ont applaudi mais n’ont pas parlé. Depuis, ils ont pris confiance en eux. Ils ne voulaient pas apparaître à la télé. Les autocollants “oui”, on commence à les voir sur les voitures. Mais les militants du oui ont encore du mal à s’afficher. Le problème, c’est l’isolement. Ils sont nombreux à être pour l’aéroport mais ils ne savent pas ce que pense leur voisin. Il n’y a pas eu de collectif suffisant. On n’a pas su communiquer. » Pour Élisabeth, du Coceta de Saint-Aignan : « On ne s’est pas mobilisés plus tôt car on a laissé faire la démocratie. Ce n’est pas facile de monter une réunion quand on ne veut pas particulièrement faire de la politique. On ne le fait pas par plaisir mais par nécessité. » Bottes au pied, elle invite, avec sa mère et un troisième membre du Coceta, Jocelyne, à venir admirer le lac de Grand-Lieu, immense étendue d’eau bordée de joncs, de fleurs et de prairies que survolent les avions. « Nous ne sommes pas des bétonneurs. Nous aussi, nous sommes écolos mais la différence avec Notre-Dame-des-Landes, c’est qu’ici il y a une population. » D’après leurs calculs, 8 400 élèves subissent les nuisances sonores de Nantes Atlantique.

Comme ces trois habitantes, le maire de Saint-Aignan-Grandlieu, Jean-Claude Lemasson, également vice-président de Nantes Métropole, rêve d’une commune libérée des avions. Chef d’entreprise, ingénieur spécialisé en construction à faible impact, il est élu depuis 2008. Il en veut à Mediapart pour un article sur la visite de la Commission nationale du débat public (voir ici) : « Tout ceci concourt à discréditer le travail des élus locaux. » Il reçoit malgré tout dans une salle de réunion de sa mairie vide d’employés en fin de journée. Aux murs, la carte du plan d’exposition au bruit de sa ville de 3 700 habitants. Dix jours plus tôt, il a organisé une opération ville morte pour simuler la disparition de sa commune si l’aéroport reste à son actuel emplacement. Pourquoi cette image de deuil alors qu’ils profitent des recettes fiscales de la zone aéroportuaire ? Le potentiel financier par habitant atteint 1 697 euros à Saint-Aignan, contre 591 euros en moyenne dans le département, selon le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). Coincé entre le lac de Grand-Lieu et l’aéroport, le bourg est condamné à subir toujours plus de nuisances si le trafic aérien poursuit son essor dans les prochaines années, répond l’édile qui insiste sur l’enjeu de « survie » de sa ville. À cause de la loi Littoral qui protège les abords du lac et limite la constructibilité de la zone, la commune ne peut pas se développer vers des zones moins exposées aux nuisances sonores. « Il y a des problèmes réels à Nantes Atlantique et à Notre-Dame-des-Landes. Il faut arrêter de stigmatiser les uns et les autres. C’est devenu irrationnel. Quand on construit quelque chose, que ce soit une crèche ou un aéroport, forcément on casse un peu et on modifie la biodiversité. La question est : quel est le meilleur compromis ? Je pense que c’est le transfert de l’aéroport. Mais je me bats aussi pour une idée : si Nantes et sa grande région n’ont pas un grand aéroport, on n’existe plus. »

La considérable œuvre de contre-expertise accomplie par les opposants depuis quinze ans laisse de marbre Dominique Boschet, le président de l’Acsan : « Notre manière de fonctionner, c’est de nous appuyer sur les documents officiels : le contrat de concession, la déclaration d’utilité publique. On ne se prend pas pour des experts. Si je passe sur un pont, je préfère qu’il soit fait par un ingénieur des Ponts et Chaussées plutôt que par un citoyen. » Dans le camp d’en face, l’argumentaire est hyperrodé depuis quinze ans que des opposants battent la campagne. La première association contre l’aéroport, l’Adeca, qui réunit des paysans de la zone d’aménagement différée dessinée par l’État pour y implanter le site aéroportuaire, remonte aux années 1970. Les collectifs et militants se méfient de la consultation, perçue comme un piège voire une mascarade en raison de ses conditions de réalisation (voir ici). Ils ont malgré tout écarté le boycott et décidé d’appeler les électeurs à voter non. Depuis la fin du mois de mai, ils ont organisé 25 réunions publiques, quasiment une par jour, et distribué 470 000 tracts. L’Acipa, le collectif historique de riverains opposants, s’est allié au réseau 350.org pour lancer un appel contre l’aéroport 3. Mercredi 22 juin, une vingtaine de personnalités signataires (Cécile Duflot, Eva Joly, Noël Mamère, le journaliste Fabrice Nicolino, le réalisateur Jean-Paul Jaud) doivent donner une conférence de presse depuis l’un des lieux emblématiques de la ZAD, La Vache Rit. « La campagne du non, on essaie qu’elle ne s’appuie pas juste sur les arguments contre l’aéroport mais aussi sur les luttes gagnantes sur notre territoire : la sauvegarde des marais salants de Guérande, les roselières de Loire contre l’extension du port de Saint-Nazaire, ou contre la centrale nucléaire du Canet », explique Geneviève Coiffard, militante d’Attac, enseignante retraitée dévouée à la cause depuis de nombreuses années. Contre la loi sur le travail, des militants de la CGT d’AGO, la filiale du groupe Vinci concessionnaire de l’aéroport, ont tenu des barrages avec des occupants de la ZAD. En soutien des riverains et des paysans, ces derniers ont écarté l’idée de bloquer et saboter les bureaux de vote. Lors du week-end de la consultation, les 25 et 26 juin, ils appellent les volontaires à venir les aider à avancer leurs propres travaux en cours et, avec une pointe d'humour, à « refaire un dôme »... « C’est la première fois de ma vie que je tracte » Mercredi 8 juin, vers 18 heures, plusieurs dizaines d’habitants font leurs courses sur la dalle du quartier Bottière-Chénaie, au nord-est de Nantes. Les immeubles sont sortis de terre il y a une dizaine d’années et côtoient des pavillons plus anciens. Une ligne de tram passe tout près, des parents circulent à vélo, des enfants à trottinette. Un groupe distribue des tracts pour le non à l’aéroport. « C’est la première fois de ma vie que je tracte », explique Pierre, 56 ans, employé dans une collectivité territoriale : « Je n’ai jamais milité. Je ne suis pas allé aux réunions sur la ZAD. Je suis un ouvrier de la 11e heure. Mais il y a une consultation, un cadre pour s’exprimer. Je trouve ma place. Je suis un opposant et je suis un militant sage, trop peut-être. » À ses yeux, « l’aéroport est un équipement complètement inutile, au milieu de nulle part, non raccordé aux transports en commun. Je me mobilise pour la défense de l’environnement. Projet surdimensionné, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un équipement d’un autre âge. Je me demande si dans trente ans il y aura encore des avions. »

Il est rejoint par Bertrand Caron, militant du parti de gauche et de Sud Rail, cheminot en lutte contre la loi El Khomri. « C’est ma 9e journée de grève. Je suis contre l’aéroport pour des raisons écologiques. Ça ne crée pas d’emplois et c’est une gabegie financière. On phagocyte une partie des financements. Si le mode ferroviaire, c’est l’avenir, il est absurde de créer un nouvel aéroport. » Il regarde autour de lui : « Ici c’est plutôt un territoire favorable au non. C’est un nouveau quartier. Après, les gens agrègent un peu différentes aigreurs : contre l’aéroport, contre le gouvernement. » Non loin, Séverine Misset, chercheuse, constate : « J’ai vu peu d’indécis, ça m’a surprise. Des gens qui posent des questions et cherchent à en savoir plus, il n’y en a pas tant que ça. » Assis sur un banc auprès de son enfant, un homme en t-shirt vert hésite pourtant : « Je ne sais pas quoi voter mais je veux aller voter. C’est important quand on demande son avis à la population. » Sur Notre-Dame-des-Landes, il se demande « si c’est vraiment utile en période d’économie de dépenser de l’argent public pour ça. Il ne faut pas faire de dépenses pour rien ». Sur la ZAD, il a « de mauvais échos. Des copains habitaient à côté, il y avait des checkpoints. Une mauvaise ambiance ». Et le bruit des avions ? « Ici on les entend mais ce n’est pas une fréquence de fous. Avant d’être ici, on habitait sous le couloir aérien de Charles-de-Gaulle. En comparaison, ici, ce n’est pas si gênant. » Julien, vendeur de galettes bio, a collé une affiche « Non à l’aéroport » sur son frigo, en évidence derrière sa vitrine. « Les gens veulent être à la ville mais ils ne veulent pas le bruit. C’est comme avec les bars… Mais ce n’est pas à la campagne qu’il faut construire un aéroport. Les villes sont faites pour ça. » Son voisin, vendeur de légumes, l’assure : « S’il y a plein de gens contre, il doit bien y avoir une raison. La ZAD ? J’aime beaucoup cet aspect. Il y a plein de choses qui déconnent dans ce monde. On peut vivre autrement sans être dans une démarche capitaliste. C’est une lutte contre ce qu’on essaie de nous imposer. » À Nantes, la coordination des tractages est en partie assurée par un couple de retraités, Ellen et Michel Berjon. Danoise de naissance, elle a travaillé comme bibliothécaire à l’université. Vendéen d’origine, il a enseigné en lycée agricole. Tous deux sont membres de longue date de l’Acipa. Dans la véranda de leur maison agrémentée d’un vaste jardin devenu potager, ils ont étendu une carte de la ville, morcelée en îlots de 5 000 habitants : les zones à ratisser par les militants. Dans les boîtes aux lettres, chacun est invité à glisser un tract et une bande dessinée explicative. Des cartons d’affiches « Non à l’aéroport » s’empilent derrière eux. Au total, une centaine de personnes sont mobilisées pour passer au peigne fin 55 îlots. « On a une sensibilité écolo depuis toujours, explique Ellen. On dit non à l’aéroport et à son monde : la fuite en avant, le toujours plus, il faudrait cinq planètes pour que tout le monde ait notre niveau de vie. C’est un ensemble : on est toujours à vélo, par exemple. Si on ne met pas ses idées en pratique, ça ne sert pas à grand-chose. » Récemment, ils ont pris l’avion pour aller à Copenhague : « Habituellement, on prenait le train de nuit mais la desserte a disparu. Ça faisait des années qu’on n’avait pas pris l’avion. » La ZAD ? « On y va mais assez peu. Il faut prendre la voiture. Ayant été jeunes en 68, on a de la sympathie pour ces jeunes qui ont envie de vivre autre chose. »

Dans le mouvement des antiaéroport, les Nantais se font rares. « C’est dur à Nantes, explique Ellen. Il y a une campagne d’intoxication sur le risque à cause du survol de la ville par les avions. Et il y a la question du bruit. » Mais pour Michel, « les zadistes portent un espoir pour nous. Dans cette catastrophe qui s’annonce, je les vois comme des expérimentateurs d’une autre manière de vivre. Ils arrivent à vivre et à faire la fête sans argent. Le “non-marché”, “à prix libre”, est un exemple pour les jeunes générations. Ils ne sont pas dans la consommation à fond ». Parti contre l’aéroport à la fin des années 2000, le mouvement autour de Notre-Dame-des-Landes prend de plus en plus la forme d’une mobilisation pour la ZAD. Occupés depuis la fin 2008, les 1 600 hectares réservés par l’État pour y construire l’aérogare et sa plateforme sont devenus le symbole de la résistance aux « grands projets inutiles », comme le barrage de Sivens ou la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin. Une utopie à ciel ouvert, à la périphérie de l’une des capitales françaises de la modernité urbanistique. Ses habitants ont popularisé un slogan : « Contre l’aéroport et son monde ». Cette expression de révolte, comment le président des Ailes pour l’Ouest, la principale association en faveur de la construction du site, ancien concessionnaire automobile et ex-président de la chambre de commerce, la comprend-il ? « C’est contre l’économie, le développement économique, le voyage, la mobilité des personnes, répond Alain Mustière. C’est comme la ZAD. On met tout sous cloche et on ne fait rien. Ni route, ni chemin de fer. Aucun investissement. » Et que pense-t-il de ce qu’il se passe sur la « zone à défendre », sans doute le plus grand squat d’Europe ? « Je vois des gens qui vivent entre eux. Ils occupent des terrains qui ne leur appartiennent pas. C’est leur droit. Dans toutes les générations, on a vu des gens qui voulaient vivre en marge de la société. Mais la ZAD, c’est aussi la violence. La ZAD est le bras armé des gens opposés à l’aéroport. » Oui contre non : la bataille est frontale et le compromis impossible. L’issue du scrutin dépendra de la capacité de mobilisation de chaque camp. D’après les animateurs de la campagne téléphonique du non, le poids des indécis semble important et pourrait annoncer une faible participation. C’est le paradoxe de cette controverse à la fois technique et politique : partisans et opposants au projet d’aéroport sont si convaincus de leur fait que cette polarisation laisse peu d’espace à celles et ceux qui ne se sont pas encore fait leur opinion.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:38

Ouest-France a consacré dimanche dernier un article à la réforme du collège en reprenant sans recul les éléments de communication du ministère. Cette tentative de promotion médiatique de la réforme cherche à rassurer les parents d'élèves à l'heure des inscriptions mais elle montre surtout l'inquiétude du ministère à l'approche de la rentrée. Le SNES Bretagne s'est adressé aux journalistes pour leur apporter son éclairage et faire entendre la parole des collègues. Mais en attendant, pour décrypter et dénoncer ce travail de communication, vous trouverez en PJ un visuel qui permet de rétablir la vérité sur cette réforme.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:30

MEDIAPART TRIBUNE LA REPUBLIQUE EN DANGER 19 JUIN 2015 | PAR MICHEL KERNINON

La peur de la défaite électorale tétanise des deux partis qui se passent le relais du témoin de la direction du pays depuis 20 ans.

Cette hantise les rend abouliques et absolument inefficaces à assurer la gestion du pays sur le plan social et économique.

Cette impuissance structurelle à rétablir l'égalité et la justice est un poison pour le pays.

La situation présente augure d'une rupture identitaire sociale, -(élections ou pas)- et le séisme pourrait se produire peut-être à la faveur d'une étincelle sociale plus inacceptable que les précédentes ou d'un drame imprévisible. Le pays et sa population paient le prix fort de leur passivité en matière de solidarité.

On ressent un abandon progressif de la cohésion sociale nationale que, récemment, semblait avoir pu ranimer, et très furtivement, le drame du 11 janvier dernier.

La raison de cette situation est évidemment le record du chômage de masse, structurel et inexorablement croissant. Et la conséquence directe, qui est la montée de l'insécurité sociale, la précarité s'étend depuis maintenant une dizaine d'années.

La fracture sociale touche plusieurs générations, de jeunes adultes à qui est interdite l'activité professionnelle, comme des adultes dans la force de l'âge chassés prématurément du marché du travail. Avant même d'envisager une retraite de plus en plus incertaine. Et à quel âge d'ailleurs la retraite et à quelles conditions ?

L'incendie social qui couve se répand donc plus intensivement depuis une dizaine d'années.

La hausse dramatique et sans fin du chômage constitue un siège éjectable pour le pouvoir actuel. Le 49-3 tient lieu de dispositif d'urgence pour un pays en perdition.

Mais il est surtout le cache misère de l'impuissance à sortir le pays de la crise où il s'enfonce. Qui y croit donc à ce dispositif en forme d'usine à gaz ?

Quelques patrons, peut-être, qui espèrent tirer profit du système et d'ailleurs certains ont déjà beaucoup reçu de la manne publique. Mais le million d'emplois créés s'est affiché seulement sur la veste de Gattaz.

Cette loi quasi d'exception est extraite du néant au forceps constitutionnel du 49-3. La représentation nationale est en cela bafouée dans sa représentativité électorale. Et pour la deuxième fois en moins de trois mois.

Le " coup d'Etat permanent " que Mitterrand reprochait à De Gaulle revient donc à toute berzingue avec le socialo-hollandisme, néo-libéralisme à la sauce PS, pour lequel aucun d'entre nous n'a voté.

Le fourre-tout portant le nom de loi Macron manque d'imagination économique et de créativité sociale. Il est totalement dénué de la force que constituerait la recherche de justice sociale qui pourrait peut-être remobiliser le pays.

Et le gouvernement Vals, au passage, a même réussi à introduire dans le dispositif quelques abaissements scélérats sur le Droit du travail et la protection sociale.

Les salariés, les chercheurs d'emploi, sont traités a priori comme de futurs travailleurs jetabes. Ils n'ont rien à espérer de ce coup de force anti-social.

Que savent d'ailleurs des dirigeants du pays de la condition sociale des personnes en difficulté et de la France réelle ?

Des difficultés quotidiennes de leurs concitoyens que savent-ils dans la caste politique ? Cet aveuglement qui permet même d'aller au match avec l'argent public sans se rendre compte de l'inanité d'un tel exploit... Pour ne pas revenir sur des indélicatesses à caractère financier et outrageants pour le peuple de certains malfrats dans la politique et les affaires, dont les noms s'égrènent au fil des années comme le chapelet d'offenses faites au peuple et à la démocratie.

C'est pour cela que les citoyens considèrent qu' un grand nombre de politiques, -élus ou désignés par le fait du prince-, comme de moins en moins légitimes. Non représentatifs. Inaptes, par calcul ou par impuissance, à défendre l'intérêt général qu'ils prétendent représenter. L'emploi du 49-3 ne va pas améliorer leur légitimité aux yeux des électeurs. Nouveau coup de Jarnac antilégislatif, le 49-3 est désormais le symbole de l'impuissance de ce gouvernement à apporter une renaissance à notre société en crise sociale historique en raison d'un chômage inendigué.

De plus en plus aux abois et récusé par le peuple, il s'affole à l'approche des échéances de décembre 2015, les élections régionales, et de 2017 ce grand chambardement présidentiel. Hollande en nommant et maintenant Valls piétine le programme social qu'il avaient promis et bafoue comme son prédécesseur la morale qu'il avait prétendu restaurer.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:20

Le maire de Lannion a pris lundi un arrêté municipal interdisant les rassemblements aux abords de la mairie.

C'est là que Nuit Debout se rassemblait chaque soir depuis près de deux mois. Le mouvement Nuit debout de Lannion va-t-il pouvoir passer le cap des deux mois ?

Pas sûr : le maire a pris lundi un arrêté municipal « interdisant les rassemblements aux abords de l’hôtel de ville », ce jusqu’au mardi 5 juillet. C’est là que se réunissait Nuit debout, quotidiennement, de 18 h à environ 22 h.

La porte cassée ce samedi soir, alors que se tenait le rassemblement de Nuit debout, serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Sans accuser Nuit debout, le maire Paul Le Bihan en fait d’ailleurs état dans son arrêté : « considérant le bris de la porte d’entrée de l’hôtel de ville (en verre sécurit), considérant le risque d’émiettement de la porte, considérant que l’émiettement peut blesser un participant au rassemblement… »

Dans la foulée de cette dégradation, des membres de Nuit debout Lannion avaient condamné celle-ci sur les réseaux sociaux (OF de lundi). Une délégation a pu rencontrer le maire mardi matin.

Selon le 1er adjoint, outre les raisons de sécurité, l’interdiction « est aussi liée au fait qu’il y a la fête de la musique, puis les représentations de Shakespeare en Trégor » qui auront lieu place du centre début juillet.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 05:20
Bugaled Breizh: c'est la fin de la procédure en France, pas des espoirs (Ouest-France)

En validant mardi le non-lieu dans l'enquête sur le naufrage du Bugaled Breizh, la Cour de cassation a refermé le dossier en France, mais les proches des marins disparus fondent leurs espoirs sur une procédure ouverte de l'autre côté de la Manche.

Accident de pêche ou sous-marin qui aurait accroché l'un des câbles du chalutier breton, après douze ans d'enquête les juges ont estimé qu'aucune des deux hypothèses n'a pu être vérifiée « par des éléments matériels » pour expliquer.

Les proches des marins sont convaincus que l'hypothèse du sous-marin est la bonne. La Cour de cassation, qui se prononce sur l'application du droit et non sur le fond du dossier, a estimé que la cour d'appel de Rennes, qui a confirmé le non-lieu en mai 2015, a « justifié sa décision ».

Les juges ont considéré que « l'information était complète et qu'il n'existait pas de charges suffisantes contre quiconque d'avoir commis les délits » d'homicides involontaires, délit de fuite et non-assistance à personne en danger, « ni toute autre infraction ».

« Il y a d'autres perspectives » « Aujourd'hui, c'est la dernière tentative de la France pour que les familles des victimes du Bugaled Breizh ne puissent pas savoir comment ont disparu leurs proches », a déclaré Me Dominique Tricaud, avocat du fils du mécanicien du bateau de pêche immatriculé au Guilvinec.

« Ceux qui croient que les Bretons sont capables d'abandonner l'affaire se trompent ». « On est optimiste et on pense qu'on arrivera à la vérité », a-t-il ajouté. Les proches des cinq marins du Bugaled « saisiront » la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), a déclaré l'avocat, dénonçant des « manquements graves à l'enquête » et au « devoir d'impartialité des magistrats ».

« C'est seulement fini pour aujourd'hui, mais il y a d'autres perspectives », a déclaré Me Jean-Philippe Duhamel, son homologue à la Cour de cassation. « On demande juste un procès équitable » Si le non-lieu est désormais définitif pour la justice française, une procédure en cours outre-Manche nourrit les espoirs des familles. Ouverte devant le tribunal de Truro, en Cornouailles, elle est menée par une juge qui a l'air « solide » et « indépendante », selon Thierry Lemétayer, dont le père était le mécanicien du Bugaled. Plusieurs jours d'audience devraient se tenir à l'automne, « on va avoir droit à une sorte de procès », s'est-il félicité, « c'est pas l'affaire Dreyfus », mais « on demande juste un procès équitable, avec des témoins ».

Les familles des marins espèrent aussi que de cette procédure britannique surgissent de nouveaux éléments sur lesquels elles pourraient se fonder pour obtenir la réouverture du dossier en France avant la fin du délai de prescription. « Savoir un jour » Ce délai, qui ici court à compter de mardi, jour de la décision de la Cour de cassation, est de trois ans en l'état actuel des textes, mais le législateur envisage de le doubler. « Des commandants de sous-marin anglais vont être entendus, et on peut espérer que peut-être, devant des magistrats anglais ils en diront plus que ce que n'ont pu obtenir les magistrats français », a souligné Me Duhamel. « On a peut-être perdu une bataille mais pas la guerre », a quant à elle déclaré Me Claire Waquet, qui défend d'autres proches des victimes, « on se débrouillera pour savoir un jour », « la Bretagne est un petit peu entêtée ».

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011