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25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 05:45

 

Avec un amendement ajoutant la notion de « protection sociale » à la mention « sécurité sociale » dans la loi fondamentale, la majorité a déclenché une vague de protestations. Récusant toute tentative de démantèlement, le pouvoir va pourtant graver dans le marbre la fin de l’institution comme unique pivot de la solidarité nationale.

 

L’amendement a été voté en toute discrétion par La République en marche (LREM) en commission des lois, dénoncé par l’opposition de gauche, renié par la majorité, mais il va revenir en séance sous une autre forme. Cet amendement du député Olivier Véran remplace « sécurité sociale » par « protection sociale » dans l’article 34 de la Constitution et va être finalement discuté dans l’hémicycle après une rédaction plus acceptable politiquement. L’article 34 précise que la loi définit ce qu’est la Sécurité sociale, puis que le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) définit les moyens de cette dernière.

Un petit mot de différence, une expression qui évolue à la marge, et c’est tout un symbole qui vacille : la Sécurité sociale, issue du programme du Conseil national de la Résistance en 1944, généralisée en 1946 avec « la retraite des vieux » et constitutionnalisée en 1948 dans le préambule de la loi fondamentale. Une institution au sens premier du terme, qui fonde le modèle social français.

Le 4 juillet, donc, le député LREM Olivier Véran fait adopter un amendement au projet de loi sur la réforme constitutionnelle qui supprime la mention « sécurité sociale » au profit de « protection sociale » dans sept articles de la Constitution où il est question de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS). L’information passe un peu inaperçue, avant de provoquer un tollé dans les rangs de l’opposition de gauche.

L’ex-élu PS justifie son ajout : il s’agit de permettre de financer la dépendance dans le cadre de la LFSS. Et rien d’autre. Selon lui, le texte ne porte aucune volonté d’atteinte à l’existence de la Sécu. L’exposé des motifs, d’ailleurs, soutient son argument, tout en l’élargissant : « À l’horizon 2019, cette adaptation du cadre constitutionnel est une condition indispensable à l’identification de la protection sociale d’un risque de dépendance, conformément au souhait du président de la République, ainsi qu’à la création d’un système universel de retraite. »

Avant d’entrer dans le détail des implications budgétaires et politiques d’une telle démarche, les oppositions ont d’abord réagi à la mise à l’écart du symbole qu’est la Sécurité sociale. Pierre Laurent, pour le PCF, déclare le jour même : « Les parlementaires communistes ne laisseront pas faire. La Sécurité sociale est la base de notre système social. Le coup porté illustre la volonté de brader toujours plus la solidarité et la santé. » Le quotidien L’Humanité sonne la charge à son tour le lendemain avec sa une cinglante : « Le jour où ils ont décider d’effacer la Sécurité sociale. »

Les organisations syndicales embrayent. Le chef de file de Force ouvrière, Pascal Pavageau, tweete : « Un pays en ruine crée la Sécurité sociale, concept unique au monde, socialement et solidairement exceptionnel et d’une rare modernité. Alors que la France est riche, cette sécurité doit croître. La déconstitutionnaliser selon un leurre de protection est une faute historique. » Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale pour la protection sociale à la CFDT, évoque « l’article 34 [qui] ne doit pas confondre sécurité et protection sociale ». Pour la CGT, « cette modification portera gravement atteinte à la nature même de la Sécurité sociale ».

La majorité et le gouvernement doivent rapidement répondre pour éteindre le feu de la riposte médiatique à cet amendement. Olivier Véran, auprès de Mediapart, argumente à nouveau qu’il n’y a pas de plan caché, que ce n’est qu’une mesure technique permettant d’intégrer le risque de la dépendance dans les dépenses sociales.

Interpellé au Sénat le 5 juillet par la sénatrice communiste Éliane Assassi, qui qualifie la Sécurité sociale de « trésor national » et de « pilier central de la nation », Édouard Philippe doit prendre le temps de justifier la proposition, tout en assurant qu’elle sera modifiée : « Notre objectif est de faire en sorte que la Sécurité sociale soit préservée, évidemment, et au-delà renforcée, pour que la solidarité qui lie les Françaises et les Français trouve de nouvelles richesses, de nouvelles forces pour accomplir sa mission initiale. »

Le premier ministre ne rétropédale pas, mais ouvre la porte à une rédaction différente de l’amendement. C’est chose faite le 6 juillet, en prévision du débat en séance à l’Assemblée nationale qui doit commencer quatre jours plus tard. Olivier Véran dépose alors un nouvel amendement, qui remplace celui initialement accepté en commission et qui sera retiré. N’y figure plus qu’une seule modification, toujours dans l’article 34 de la Constitution, qui encadre la règle de financement de la Sécurité sociale. Y est ajouté « protection sociale » sans que l’institution ne disparaisse du texte. L’honneur est sauf, la majorité montre sa bonne foi de ne pas tuer la Sécu, comme Olivier Véran s’est évertué à le rappeler à la tribune du Palais-Bourbon.

  • Un second amendement qui ne change pas grand-chose

Aujourd’hui, la Sécurité sociale, financée par des cotisations sociales et l’impôt (la CSG), couvre les risques de la maladie, verse la retraite de base et les allocations familiales. À cette couverture de solidarité s’ajoutent les retraites complémentaires obligatoires et l’assurance-chômage, gérées par les partenaires sociaux. Cette dernière est dorénavant financée en partie par l’impôt.

Fondamentalement, l’évolution sémantique et technique du nouvel amendement ne modifie pas la donne de départ. Qu’y voient encore les parlementaires opposés à cette modification de la Constitution ? « Faire référence à la protection sociale dans la Constitution, c’est acter le passage d’un système financé par les cotisations sociales à un passage à l’impôt, s’emporte le député communiste Sébastien Jumel. C’est un bouleversement de notre système de solidarité. »

Cette extension, avec ou sans changement de nom, ouvre la porte – à terme – à une modification profonde du fonctionnement de la protection sociale à la française. D’abord parce que cette création « externe » d’un nouveau pilier permet d’envisager une extension à d’autres branches de la protection sociale qui ne sont pas incluses dans la Sécurité sociale : les retraites complémentaires ou encore l’assurance-chômage. À chaque fois, la justification sera la même : le financement décroissant par la cotisation et le financement croissant par l’impôt.

Concernant les retraites complémentaires, dites Agirc-Arrco, actuellement gérées par les partenaires sociaux, le doute n’est pas permis. L’amendement d’Olivier Véran persiste à inclure dans la « protection sociale » le futur « système universel de retraites » qui devrait fusionner régime général et régime complémentaire. L’amendement constitutionnel va permettre et faciliter cette fusion dans le budget, dépouillant au passage les syndicats et patronat de leurs prérogatives en matière de gestion.

Le financement par l’État gagne du terrain au détriment de celui par les cotisations

Autre non-dit : le cas de l’assurance-chômage. Dans son discours devant le Congrès de Versailles le 9 juillet, Emmanuel Macron a pourtant été on ne peut plus clair : « La solidarité nationale est de plus en plus financée par l’impôt, ce que vous avez voté en matière d’assurance-chômage a ainsi supprimé toute cotisation salariale remplacée par la CSG, mais il faut bien expliquer l’ensemble de cette réforme, ne pas voir que la CSG qui augmente d’un côté, en oubliant que ce sont toutes les cotisations sociales salariales qui ont baissé de l’autre. » L’assurance-chômage ne rentrera pas à terme dans le budget lié à la protection sociale et sortira des mains des partenaires sociaux, qui la géraient comme un amortisseur en dehors des contraintes budgétaires de l’État.

Si le PLFSS est désormais élargi à ces domaines hors Sécurité sociale, il suffira de vider progressivement par une loi organique la Sécurité sociale de son contenu pour le transférer vers la partie « externe » du texte budgétaire. Cette évolution n’est certes pas certaine, et n’est pas assumée par la majorité. Mais elle sera désormais permise par le texte constitutionnel et s’appuie sur des choix des gouvernements précédents et de ce gouvernement.

En 2017, les exonérations de cotisations représentaient 30 milliards d’euros, soit plus de 10 % des recettes de la Sécurité sociale. Depuis, le gouvernement a supprimé les cotisations salariales maladie et s’apprête à réduire drastiquement, en 2019, les cotisations patronales pour les salaires compris entre le Smic et 1,5 fois le Smic. L’assurance-chômage verra ses cotisations salariales entièrement supprimées en octobre 2018 et remplacées par la CSG, un impôt national au taux fixé par le gouvernement.

Progressivement, donc, le financement par l’État gagne du terrain au détriment du financement par les cotisations. Logiquement, le PLFSS a de moins en moins d’autonomie. Il s’intègre de plus en plus dans le cadre d’une politique budgétaire plus large. La particularité du financement social tend donc progressivement à disparaître et c’est bien ce que l’amendement d’Olivier Véran grave dans le marbre de la loi fondamentale.

D’autant que l’argument de la dépendance comme raison unique de modifier la Constitution peut être remis en question. En 2005, la loi dépendance a créé la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), « chargée de financer les aides en faveur des personnes âgées en perte d’autonomie et des personnes handicapées, de garantir l’égalité de traitement sur tout le territoire et pour l’ensemble des handicaps et des situations de perte d’autonomie ». Financée par l’État et la Sécurité sociale, elle pourrait parfaitement être un outil au service du « risque dépendance » si cher à Emmanuel Macron en voyant ses missions élargies par une future loi. Mais la majorité semble avoir oublié jusqu’à l’existence de la CNSA…

Le virage opéré par la majorité ne convainc néanmoins pas les opposants. Marietta Karamanli, du groupe Nouvelle gauche, se dit toujours inquiète : « On ne peut pas remplacer un terme précis, qui fait référence à des valeurs, à un financement identifié, à des acteurs définis, par un terme plus large. On élargit avec des termes vagues, d’où le paritarisme est exclu. »

« C’est révolutionnaire, c’est un saut technique et juridique puissant, ajoute Frédéric Pierru, sociologue spécialiste des systèmes de santé. Cela prépare au démantèlement du financement de la Sécurité sociale. » Il critique vertement l’expression « solidarité nationale », amplement utilisée par le gouvernement, qui, selon lui, « a toujours servi pour étatiser le système ».

Si l’effet domino n’est pas direct – la trajectoire pour passer d’une solidarité liée aux cotisations sociales vers une protection financée par l’impôt est loin d’être achevée –, les pions se mettent néanmoins en place. Un ancien député socialiste, spécialiste des questions du vieillissement, abonde : « Derrière, on y voit cette tentation que le PLFSS ajuste le budget de l’État. »

Comme le révélait Le Canard enchaîné dans son édition du 4 juillet, la réforme des retraites en prend la direction. L’hebdomadaire satirique écrit, évoquant les négociations en cours : « Ce qui se déroule en coulisse ne va pas forcément rassurer les syndicats et les organisations patronales adeptes d’une partition rigoureuse entre le social et l’État. Ainsi, le haut fonctionnaire Christian Charpy planche-t-il en secret sur l’intégration de la loi de financement de la Sécurité sociale dans la loi de finances de l’État. En clair : la Sécu deviendrait une ligne budgétaire. »

Une hypothèse qui ne surprend pas Frédéric Pierru : « À la direction du budget, c’est un vieux projet de fondre les deux lois de finances. L’idée est de toute façon, pour Emmanuel Macron, de mettre la protection sociale sous contrainte budgétaire. »

Avec des conséquences dramatiques pour la protection sociale dans son ensemble. En cas de conjoncture basse, le gouvernement pourra faire évoluer directement le système social pour rétablir les équilibres. Ne disposant plus de ressources ni de capacité d’endettement propres, le système social deviendra ainsi un possible moyen d’ajustement afin de préserver les équilibres, de ne pas augmenter la dette publique et, surtout, de préserver les subventions et cadeaux fiscaux à certaines catégories comme les entreprises au nom de l’emploi.

Pour compenser ces ajustements, l’État pourrait, dans ce cadre, intégrer au financement de la protection sociale des mesures d’incitation fiscale à un financement privé qui serait financé par un redimensionnement de la protection sociale, accélérant ainsi la privatisation du système. On irait alors vers une individualisation croissante de la protection sociale, comme le souhaite le gouvernement, et vers la réduction de la solidarité nationale à un simple « filet de protection » pour les plus fragiles. Là encore, on n’y est pas. Mais la déconstruction juridique du cadre de la Sécurité sociale issue du programme du Conseil national de la Résistance ouvre cette possibilité. L’amendement d’Olivier Véran devrait être discuté en séance le lundi 16 juillet.

 

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 05:27

 

Nous sommes encore en pleine polémique, tous les faits ne sont pas encore établis, et il n'est pas encore temps d'en tirer toutes les leçons.

Il est en tout cas très clair, après les deux auditions du jour, celle de Collomb comme celle du Préfet Delpuech, que les responsabilités dans l'affaire Benalla sont à chercher du côté de l'Élysée. Les tentatives visant à faire du Préfet de Police de Paris un fusible ont lamentablement échoué. En l'écoutant en début d'après-midi, on se disait d'ailleurs qu'il était beaucoup plus à sa place que son Ministre de tutelle qui était intervenu quelques heures plus tôt.

La seule question qui vaille est donc la suivante : qu'est-ce que cette affaire révèle de Macron, de sa pratique du pouvoir comme du fond de sa politique ?

J'en entrevois déjà deux aspects.

D'abord, le plus évident : Un pouvoir ultraconcentré, ultracentralisé. Comme dans n'importe quel pouvoir de ce type, dès lors que le chef est responsable de tout, plus personne ne se sent responsable de rien. Ce pouvoir est dé-responsabilisant, ce qui est éminemment paradoxal de la part d'un Président de la République qui n'en finit pas de disserter sur la nécessité de responsabiliser les petits, les gens modestes, les allocataires sociaux, tous ceux qui coûtent un "pognon de dingue" et sur le dos desquels il convient de faire des économies. Ce principe-là ne vaut pas pour ses proches, pour ses collaborateurs et ses ministres. Eux ne sont responsables de rien, renvoyant tous à la responsabilité du chef. C'est ainsi qu'on en arrive au spectacle pathétique d'un ministre de l'intérieur, au courant de rien, ignorant de tout, imprécis, indolent, incompétent.

Ensuite, un deuxième aspect, au moins aussi important, et dont il est moins question pour le moment : cette nouvelle élite, dont Macron est l'emblème, est animée d'une méfiance viscérale vis-à-vis de l'État. Cela ne manque pas de surprendre s'agissant de gens formés à l'ENA. Cela n'en est pas moins vrai. En témoigne, cette volonté de contourner le service public de sécurité en constituant une officine parallèle à directement placée sous l'autorité du président de la République totalement soumise aux desiderata du chef. Les privilèges exorbitants dont bénéficiait Benalla, ses fonctions sans rapport avec ses qualifications, les missions qui lui étaient confiées, disent cela. Ils n'aiment pas l'État, n'aiment pas la fonction publique, et faute de pouvoir faire sans, ils tentent de la contourner.

À suivre...

 

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 05:25

 

L'éditorial de Sébastien Crépel.

On avait coutume d’appeler le locataire de la Place Beauvau l’homme le mieux informé de France. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy avait décidé d’entamer sa conquête de l’Élysée depuis cette place forte, qui lui conférait un avantage sur ses concurrents. Avec Gérard Collomb à sa tête, désormais, le ministère de l’Intérieur est l’endroit le moins connecté du pays, l’une des dernières « zones blanches » de la République. Son occupant y vit à l’abri des bruits du monde, en particulier ceux qui touchent de près ou de loin aux responsabilités publiques dont il a la charge.

Benalla, qu’il a croisé au PC de la police, le 1er Mai ? « Je ne le connaissais pas. » Sa fonction, ce soir-là ? « Je n’en savais strictement rien. » Son vrai métier ? « J’ignorais sa qualité. » Les autres faits reprochés au garde du corps du chef de l’État ? « Jamais entendu parler. » Par conséquent, ne sachant rien, le ministre a préféré en faire le moins possible. Remonter les faits dont il a eu connaissance dès le 2 mai au procureur ? « Ce n’est pas au ministre de le faire. » Évoquer l’affaire avec le président ? Non plus, car Emmanuel Macron se serait montré davantage « préoccupé de la réforme constitutionnelle »… Circulez, il n’y a rien à voir, a semblé dire Gérard Collomb aux députés qui l’ont auditionné hier sous serment. L’histoire dira peut-être s’il a respecté ce dernier, tant ses dénégations semblent irréelles.

En attendant, une ligne de défense se dégage : l’exécutif va nier en bloc sa responsabilité et dévier les regards vers des lampistes. Une attitude méprisable, qui éclaire la face cachée du pouvoir absolu qu’Emmanuel Macron espérait s’octroyer, avant que ne s’enlise pour le bien public sa révision constitutionnelle. En ayant raison sur ce point de l’entêtement de l’exécutif, les oppositions à l’Assemblée nationale ont montré combien l’équilibre des pouvoirs est un bien précieux à conquérir et à promouvoir. Puisse cette crise renforcer le rôle indispensable du Parlement, en levant désormais les obstacles à l’audition du principal intéressé : Emmanuel Macron.

 

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 05:24

 

"Monsieur le président Manu, tes hommes de l’ombre sont des révélateurs de la vraie nature de ta conception du pouvoir."

Monsieur Manu, président de la République,

Le petit jeune avait tout compris en vous APOSTROPHANT sur le mode du tutoiement. LE VOUVOIEMENT, CELA SE MERITE. Alors, choisissons l’hybridation... « Vous-tu » as été élu, sur un rejet du Front national. « Vous-tu » n’étais, disais-tu, ni de droite ni de gauche. « Vous-tu » es rapidement devenu ambidextre : « vous-tu » voles les pauvres des deux mains.

En fait, « vous-tu » cachais ton véritable visage de banquier vorace, surfriqué, sans scrupules. Ami des plus riches.

Ce qui étonne, président Manu, c’est votre-ta haine du peuple, des ouvriers, des salariés, et surtout des militants. Ah, si tu pouvais les parquer dans un stade ! Tu hais les militants, Notamment ceux des secteurs les plus emblématiques : ceux de La Poste, de la SNCF, de l’Enseignement, de la Santé... « Vous-toi », tu devais te charger de la « taxe sur les yachts » qui devait rapporter gros. Le montant s’est avéré ridiculement dérisoire. Alors parle, vas-y ! « Vous-toi » qui te considères comme le roi de l’éloquence. On a rarement vu un président semer autant le mépris des petits, comme « vous-tu » le fais, avec autant de détachement.

Mais désormais, Manu, votre-ta « République exemplaire » est tombée de l’Olympe. « Vous-tu » en as fait la République des ripoux, de la canaille, des « copains et des coquins », des milliardaires, des « au-dessus des lois ». « Vous-tu » sais comment l’on appelle cela en Amérique centrale ?  Une « République bananière ».  Un régime d’opérette, sanglant, un gouvernement fantoche, inféodé, qui relaie les coups d’Etat. Bref, des apparences de République seulement... Corruption, arbitraire et déliquescence à tous les étages. Une multinationale peut et défaire les gouvernements... Si c’est « votre-ton » modèle, assume-le ! Parle ! Si les services publics français sont pour « vous-toi » des start-up, dis-le !

Monsieur le président Manu, tu collectionnes les bourdes. Cette fois-ci « vous-tu » t’es fourré dans une « affaire d’Etat » qui donne une image crado de notre République et de la France. Le sieur Alexandre Benalla, qui semble bien peu fréquentable, était le pilier central de ta garde rapprochée. Ton « chouchou », dit-on. On a vu sa bestialité sur des images glaçantes. Qui l’a accrédité ? Quels liens avait-il avec « vous-toi »? Comment a-t-il obtenu autant de passe-droits, de privilèges, de possibilités d’usurpation de fonctions? Les syndicats de policiers s’en émeuvent... Les images du premier mai font froid dans le dos. Pourquoi avoir étouffé l’affaire pendant plus de deux mois ? Pourquoi ces dérisoires « sanctions » ? 15 jours de « mise à pied », dans la discrétion la plus totale !!! Rétrogradé puis vite promu par l’attribution deux mois après ses actes bestiaux d’un appartement « quai Branly ». Un barbouze logé dans une dépendance de l’Elysée !!! Comment a t-il pu se procurer ces privilèges ? Enfin licencié... parce que vu et pris... Oui, mais pas pour les brutalités du premier mai, pour s’être procuré auprès de hauts gradés des images de vidéos surveillance (ultraconfidentielles) sur les faits. Enfin licencié, oui mais après un tollé général... Pour ce qui te concerne, d’après les médias, tu considérais la sanction suffisante. Rien que pour cela Manu, « vous-tu » devrais démissionner !

Monsieur le président Manu,

Tu peux bien changer le visage de Marianne sur les timbres, tu ne laveras pas cette infamie. Tu voulais un nouveau visage, c’est mal barré ! Tes hommes de l’ombre sont des révélateurs de la vraie nature de ta conception du pouvoir. Tu voulais une Marianne « inaltérable », mais rien ne l’est autant que ta condescendance. « Votre-Ton » terrible et coupable silence.

 

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 05:22

Avec le Benallagate, le navire LREM connaît sa première grande tempête politique. Alors que l'onde de choc est encore en train de déferler sur l'exécutif, ce scandale nous invite d'ores et déjà à nous interroger sur la place du chef de l'Etat et de la règle de droit dans la société française contemporaine, et sur le rapport que nous entretenons avec la chose policière.

Elle est de retour. La crise de régime larvée qui couve depuis des décennies, celle qui se matérialise par le désamour structurel des Français à l’égard des institutions de l’Etat et par leur désertion du champ électoral, celle que la victoire de Macron et ses promesses de changement avait mise au second plan, est donc revenue au galop.

Ce ne sont pas les « affaires », aussi fréquentes en Macronie (Ferrand, Bayrou, Pénicaud, les comptes de campagne...) que sous Hollande ou Sarkozy, ni les réformes rétrogrades de la fiscalité, du droit du travail ou des institutions qui l’ont provoquée. C’est sur la question de la police que le gouvernement du « renouveau politique » et du « dépassement des clivages partisans » est en train de se casser les dents, en se retrouvant contraint de gérer un scandale dont l’ampleur ne peut manquer d’étonner même les adversaires les plus résolus du régime macronien.

De quoi parle-t-on? Alexandre Benalla, adjoint du chef de cabinet du président en charge de la sécurité, a participé aux opérations de « maintien de l’ordre » du 1er mai dernier en se déguisant en CRS et a frappé sans motif des jeunes manifestants désarmés et inoffensifs en marge de la marche parisienne. A ces faits déjà graves s’ajoute le fait que M. Benalla n’en est pas à son coup d’essai et n’a pas agi de son propre chef. Ainsi, il aurait pris l’habitude de « jouer au flic » au cours d’opérations de police avec l’assentiment des plus hautes autorités de l’Etat: préfet, ministre de l’Intérieur, et président lui-même.

Notons au passage que ce qui s’apparente désormais à un scandale d’Etat n’a pu être révélé que grâce aux images filmées sur le moment par deux jeunes militants de la France Insoumise, Taha Bouhafs et Nicolas Lescaut. Régulièrement brutalisés lors des mouvements sociaux sans que cela ne suscite un quelconque émoi, les militants ont systématisé l’usage des caméras lors des affrontements avec la police. Au vu du résultat aujourd’hui, nous ne pouvons que les en féliciter, car ils ont réalisé ce qui s’apparente aujourd’hui à un acte de salubrité publique.

Comme d’habitude, il y a deux types d’enseignements à retirer de cet épisode: ceux qui sont visibles à l’oeil nu, et ceux qui ne sont pas immédiatement perceptibles mais qui sont en réalité bien plus parlants.

 

Alexandre Benalla, allégorie de la supercherie macronienne

Ce qui saute aux yeux, c’est donc qu’en Macronie, on se fiche de l’Etat de droit comme d’une guigne. Il suffirait donc d’être un proche du chef de l’Etat pour s’improviser baqueux, enfiler un casque de policier, mettre un brassard de police, porter un pistolet (c’était le cas de Vincent Crase, autre « faux flic » de 1er mai démasqué grâce aux vidéos militantes) et jouer les caïds pendant les manifestations. Un peu comme dans ces monarchies de droit divin où le chef d’Etat, officiellement reconnu comme étant au-dessus des lois, transmet son inviolabilité à tous ses proches, le régime présidentiel de la 5e République à la sauce macronienne semble instituer un état des choses où le patron de l’exécutif et ses obligés ne sont plus tenus de se soumettre à la règle de droit. Macron se sent libre de s’entourer de barbouzes payés pour semer la terreur dans les cortèges militants de France. Et non seulement on peut transgresser la loi si l’on procède de la légitimité présidentielle, mais on pourra également compter sur la fidélité d’un appareil d’Etat qui, dans un réflexe défensif caractéristique de celui qui cherche par tous les moyens à défendre les « siens », va dissimuler la réalité et mentir sans scrupule pour empêcher la manifestation de la vérité.

Autre enseignement immédiat de cette affaire: le mépris du pouvoir en place pour la chose publique est total. Ainsi, à côté du démantèlement du service public ferroviaire ou de la destruction de l’hôpital public au nom de la lutte contre les déficits, nous découvrons avec stupeur un autre aspect de la casse de l’Etat : son noyautage furtif par des privés autorisés à faire ce qui est interdit aux agents dépositaires de l’autorité publique, avec pour effet de salir la réputation de l’institution policière et de jeter le discrédit sur les agents du maintien de la paix.

En définitive, cette affaire donne à voir ce que les faiseurs d’opinion avaient tant bien que mal réussi à cacher depuis l’élection présidentielle de mai 2017 : le macronisme est une gigantesque supercherie. En lieu et place du renouveau promis avec grandiloquence, la présidence Macron reconduit tout ce que le capitalo-parlementarisme en général et la 5e République en particulier contiennent de plus détestable : les privilèges, le mépris du citoyen ordinaire, la stigmatisation du prolétaire et la police utilisée comme outil de répression pure et simple des mécontents.

A ce compte-là, il n’y a donc rien de surprenant au fait que les Français rejettent chaque jour un peu plus fort ceux qui prétendent parler en leur nom : plus que jamais, le divorce entre les représentants et les représentés est consommé. Ce gouvernement nous apporte la énième preuve qu’il n’y a aucune raison de lui faire plus confiance que tous ceux qui l’ont précédé, si peu que ce soit. Le délitement de la légitimité et de l’autorité de l’Etat ressemblent décidément à un long fleuve tranquille…

 

Un révélateur du rapport malsain de la société française à la "police"

Ces enseignements sont importants, mais ils ne sont pas les seuls. En réalité, l’affaire Alexandre Benalla est intéressante pour ce qu’elle ne dit pas, ou du moins pas immédiatement. Car ce qui a suscité l’indignation générale et le scandale d’Etat, ce n’est pas le fait qu’en France, en 2018, on moleste des jeunes gens inoffensifs et non armés, ne présentant aucun danger et dont le seul tort aura été de se réunir après la manifestation du 1er mai pour prendre un verre ensemble à plusieurs kilomètres de l’endroit où le cortège s’était dissous. Ce qui a fait fureur, c’est juste que les violences aient été perpétrées par des faux policiers. A l’époque de sa publication, le soir du 1er mai, la vidéo de Taha Bouhafs n’avait en effet suscité aucune réaction particulière en dehors des réseaux militants.

Que l’on en soit arrivé au stade où l’on peut tolérer le déchaînement régulier de la violence policière à l’encontre de personnes n’ayant rien fait de spécial ne peut qu’interpeller. Tout au long des 30 dernières années, l’approfondissement de la logique néolibérale s’est accompagné d’un durcissement sécuritaire tout bonnement effarant, qui a amené le corps social français à prendre le pli de la brutalité policière. Historiquement, celle-ci s’est d’abord focalisée sur les « quartiers sensibles » et les populations issues de l’immigration postcoloniale, au nom de la prétendue lutte contre la délinquance petite et moyenne et contre le « péril islamiste » à partir des années 1990. Ainsi, le principal visage de la police dans les banlieues aujourd’hui, la Brigade Anti Criminalité (BAC) a été créée en 1971 par Pierre Bolotte, un ancien commissaire aux colonies, sur le modèle des techniques de répression contre-insurrectionnelle testées au cours de la guerre d’Algérie contre les « Français de Souche Musulmane » : fichage, surveillance, provocation, humiliation, répression physique systématique.

Comme le décrit brillamment le sociologue Mathieu Rigouste dans ses différents ouvrages, la BAC et les autres brigades de choc instituent un nouveau paradigme policier, radicalement différent du précédent : la police n’a plus pour fonction première de préserver la tranquillité publique, mais de gérer le conflit de basse intensité mené contre l’ennemi intérieur. Quadrillage quasi-militaire des banlieues, présence ostensible sur le terrain, rondes incessantes, contrôles au faciès à longueur de journée, recherche systématique du flagrant délit, insultes, agressions physiques facilitées par la banalisation de l’usage d’armes dites sublétales (flashballs, tasers, lanceurs de balles en caoutchouc) : rien n’est épargné aux « damnés de l’intérieur ». Désormais, il s’agit pour la police de maintenir les populations des banlieues dans la tension permanente, n’importe quel prétexte justifiant ensuite la répression et l’interpellation dans le cadre d’une politique du chiffre ravageuse et directement inspirée des principes néolibéraux du new public management. On ne cherche plus à maintenir la paix, mais à générer un désordre qui restera gérable et justifiera la brutalité.

Les banlieues ont servi de terrain d’expérimentation d'une certaine pratique de la police. L’ennemi intérieur jadis incarné exclusivement par le jeune de banlieue est désormais partout, et les franges supérieures des classes dominées, celles que la gentrification n’a pas encore expulsées des centre-ville, découvrent aujourd’hui avec stupéfaction ce qu’est devenue la police après 35 ans de néolibéralisme : un outil crypto-militaire de mise au pas du corps social, la partie visible du projet de « société de contrôle » décrit par Gilles Deleuze et mis en place avec constance par les classes dirigeantes depuis les années 1980, par-delà les pseudo-alternances.

 

Voir Alexandre Benalla comme un symptôme

Le véritable enjeu de cette affaire, c’est donc celui de notre rapport à la police: quel sens entend-t-on lui donner? Car s’il est tout à fait légitime aujourd’hui de réclamer à cor et à cri la démission du ministre de l’Intérieur et de brocarder le chef de l’Etat, il est également fondamental de ne pas perdre de vue qu’ils ne sont que les symptômes d’un mal bien plus profond. La France est profondément malade de cette police que les gouvernants s’efforcent de transformer en vulgaire milice chargée de réduire au silence les gouvernés les plus récalcitrants à l’acceptation de l’ordre établi néolibéral. Heureusement pour nous, les expérimentations des dirigeants ne sont pas toujours auréolées de succès. L’affaire Alexandre Benalla pourrait bien être un cadeau que nous fait l’Incertitude, cette grande alliée de tous les combattants du progrès. A nous d’en tirer toutes les leçons qui s’imposent.

 

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24 juillet 2018 2 24 /07 /juillet /2018 05:21

Avec le vote de la loi, le contrôle de l’action du gouvernement est constitutionnellement l’autre grande prérogative du Sénat. Celle-ci s’exerce notamment au travers des questions d’actualités (deux jeudis par mois), des questions orales, avec ou sans débat, et des questions écrites. Le 11 Juillet 2018, Pierre-Yves COLLOMBAT s’est adressé au gouvernement sur la question du « partage des richesses ».

 

Monsieur le porte-parole du Gouvernement, « Si l’on veut partager le gâteau », a rappelé hier le Président de la République à un Congrès avide de l’entendre (Rires sur plusieurs travées du groupe Les Républicains), la première condition est qu’il y ait un gâteau. »

M. Roger Karoutchi (Les Républicains). Eh oui !

M. Pierre-Yves Collombat (Groupe CRCE). Si j’en crois le dernier numéro de Challenges, ce gâteau existe. Il augmente même, puisque, ces dix dernières années, la fortune des cinq cents Français les plus riches – 650 milliards d’euros – a doublé, celle des dix plus riches quadruplant !

Monsieur le porte-parole du Gouvernement, à quand un nouveau plan « pauvreté » pour ces malheureux ? (Sourires et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. – Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains sourient également. – M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.

Mme Éliane Assassi (groupe CRCE). Le gâteau !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Pierre-Yves Collombat, la question du partage des richesses n’est pas infondée dans notre pays.

M. Roger Karoutchi (Les Républicains). Oui !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Nous en avons deux conceptions très différentes. (Mme Cécile Cukierman s’exclame.) Vous considérez que le gâteau, une fois produit, doit être entièrement mangé, pour que les meilleurs boulangers et pâtissiers du pays aillent ensuite produire des gâteaux à l’extérieur de nos frontières nationales (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe socialiste et républicain et sur quelques travées du groupe Les Républicains.)…

Mme Cécile Cukierman (Groupe CRCE). Ce n’est pas la question !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. … et que nous nous retrouvions affamés. Notre conception, c’est au contraire de faire en sorte que les boulangers, pâtissiers et apprentis de ce pays aient envie d’entreprendre, de cuisiner, de se dépasser (Mme Cécile Cukierman s’exclame) et puissent produire plus de gâteaux dans notre pays, afin que nous puissions les redistribuer. (Applaudissements sur quelques travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires.)

M. Emmanuel Capus (LREM). Très bien !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Ce travail-là a été engagé par la majorité, par exemple dans le cadre de la suppression des cotisations sur le travail, pour faire en sorte que le travail des boulangers et pâtissiers de ce pays paye mieux.

M. David Assouline (PS). Vous gardez le beurre pour Paris ?

M. Fabien Gay (Groupe CRCE). Et la brioche à Versailles !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Vous m’interrogez sur le plan Pauvreté : je n’ai aucun doute que, par souci vis-à-vis de ceux qui travaillent dans ce pays, vous soutiendrez la proposition du Gouvernement qui sera étudiée dans le cadre du projet de loi PACTE de supprimer le forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés pour leur permettre de bénéficier du partage de la richesse. (Mme Cécile Cukierman et M. Fabien Gay s’exclament.)

Là, vous seriez en pleine cohérence avec ce que vous dénoncez habilement. (Mme Cécile Cukierman s’exclame de nouveau.) D’ailleurs, vous avez gardé une minute vingt de temps de parole pour pouvoir réagir à la réponse que je vous donne.

M. Roger Karoutchi (Les Républicains). Ah !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Je ne doute pas, monsieur le sénateur, que vous ferez une bonne recette des éléments que je vous ai livrés à l’instant.

Mme Cécile Cukierman (Groupe CRCE). Votre gâteau est indigeste !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Trêve de plaisanterie, monsieur le sénateur : la richesse dans ce pays a été inégalement répartie depuis un demi-siècle. Nous travaillons à sa meilleure répartition. Nous y avons consacré un projet de loi qui sera débattu ici même. Il mérite que, loin des caricatures, nous le traitions avec intérêt et avec acuité afin que le maximum des salariés de ce pays puissent bénéficier du fruit de la croissance. (MM. François Patriat, Claude Haut et Jean-Marc Gabouty applaudissent.)

M. François Patriat (LREM). Très bien !

M. Ladislas Poniatowski (Les Républicains). Non ! Ce n’est pas vrai !

M. Roger Karoutchi (Les Républicains). C’est Top Chef ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse (Les Républicains).  On vous a parlé du gratin ?

M. le président. La parole est à M. Pierre-Yves Collombat, pour la réplique.

M. Pierre-Yves Collombat (Groupe CRCE). Monsieur le porte-parole du Gouvernement, votre rhétorique ne change rien à l’affaire : la politique que vous menez n’est que la poursuite de celle qui est menée depuis vingt ans dans ce pays. Sa seule modernité, c’est son dogmatisme.

Ses conséquences sociales et politiques sont inscrites dans les résultats électoraux, scrutin après scrutin. Les consultations sont devenues de véritables « émeutes électorales ». Si vous avez des doutes sur leur signification et sur leur issue, je vous invite à regarder ce qui se passe partout en Europe. Les institutions de la Ve République, les mesures à la marge comme celles que vous nous préparez, comme toutes les autres, ne feront que reculer l’heure de vérité. Elles ne la feront pas disparaître. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d’État. Belle spontanéité !

 

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 05:51

La suspension, jusqu'à nouvel ordre, du débat parlementaire sur la révision constitutionnelle, que réclamaient les communistes, est un premier recul de l'Élysée obtenu sous la pression parlementaire.
Maintenant, la vérité doit être établie en urgence sur le scandale Benalla. Les député-es, les sénateurs et les sénatrices communistes s'y emploieront notamment dans le cadre des commissions d'enquête parlementaire.
Le débat constitutionnel ne pourra reprendre sur les bases sur lesquelles il était engagé, en tenant les citoyens à l'écart. Il ne faut plus renforcer mais diminuer le pouvoir personnel du Président de la République. C'est à une véritable République démocratique qu' il faut retravailler, une VIème République citoyenne.


 

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 05:49

 

Le masque tombe. Et cette fois-ci, le roi est nu. L’affaire Benalla révèle l’État Macron « tel qu’il est », un appareil qui se pense au-dessus de tout, du Parlement, des syndicats, de la police et des lois. Le butin de délinquant en col blanc d’Alexandre Benalla est si élevé qu’il n’est déjà plus possible d’expliquer la casse par la storytelling individuelle d’un garde du corps abusant de sa position dominante. Tous les agissements de l’homme de confiance d’Emmanuel Macron mettent au contraire en évidence l’arrogance d’un pouvoir qui cadenasse la démocratie, s’infiltre dans les rouages de l’administration, distribue les consignes, protège les siens et travaille à mettre la Constitution en conformité avec une conception toute monarchique des institutions. En se percutant, les deux événements font sens.

Comment imaginer en effet, à partir de révélations qui laissent K.-O. debout la « République exemplaire » du chef de l’État, que la réforme constitutionnelle se poursuive ? Hier, les protestations des députés ont eu raison de l’acharnement des petits soldats de la Macronie à vouloir coûte que coûte continuer l’examen du texte. Les débats ont été suspendus « jusqu’à nouvel ordre ». On peine aujourd’hui à croire qu’il est encore possible d’inscrire dans la Loi fondamentale des principes qui renforcent le pouvoir présidentiel, abaissent ceux des parlementaires et tiennent à distance les citoyens. En plein mois de juillet. Et sans référendum.

« C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites », écrivait Montesquieu, père de la démocratie représentative, dans l’Esprit des lois. Pour le chef de l’État, subitement devenu mutique, la « limite » a pris la force de l’ouragan avant même que la tempête se lève. En quelques heures, l’affaire Benalla est devenue une crise politique majeure. Qui va devoir livrer sa vérité.

 

 

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 05:47

 

Entendu lundi par la commission d’enquête sur l’affaire, le ministre de l’intérieur devra dire ce qu’il sait des missions confiées à Alexandre Benalla par Emmanuel Macron. Selon nos informations, Gérard Collomb a rencontré le conseiller présidentiel le soir même du 1er mai à la préfecture de police de Paris. Officiellement informé dès le 2 mai des violences de la Contrescarpe, il n’a pas averti la justice.

Le ministre de l’intérieur Gérard Collomb est au pied du mur. Il doit prêter serment de dire la vérité, lundi, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale dans l’affaire Benalla. Dire la vérité ou renvoyer la balle peut-être vers le préfet de police, comme il l’a déjà fait devant le Sénat, jeudi. À défaut de pouvoir renvoyer sur l’Élysée, pourtant au cœur de l’affaire.

Si le ministre de l’intérieur n’a été informé qu’a posteriori des violences commises place de la Contrescarpe par Alexandre Benalla et son compère Vincent Crase, gendarme réserviste et vacataire de l’Élysée, le ministre de l’intérieur était parfaitement informé du rôle dévolu au conseiller d’Emmanuel Macron en matière de sécurité.

Selon nos informations, Gérard Collomb a rencontré Alexandre Benalla, le soir du 1er mai, lors de sa venue dans les locaux de la préfecture, quelques heures à peine après les incidents de la Contrescarpe. Il lui aurait même fait l’accolade. Une fois informé des incidents, il a, comme les supérieurs hiérarchiques de Benalla à l’Élysée, et les fonctionnaires de la préfecture de police, couvert de facto ces faits de violences, en se gardant bien d’en référer à l’autorité judiciaire.

Le chargé de mission d’Emmanuel Macron était officiellement accueilli en tant « qu’observateur » aux opérations de maintien de l’ordre du 1er mai à Paris. Pourtant, il a pris part régulièrement à des réunions de débriefing de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC). On peut supposer que le ministre de l’intérieur était parfaitement informé de sa présence et qu’il l’a tolérée.

Dimanche, une information judiciaire a été ouverte et un juge d’instruction a été désigné, à l’issue des gardes à vue d’Alexandre Benalla, de Vincent Crase, et des trois fonctionnaires de la DOPC mis en cause pour avoir transmis un enregistrement de la vidéosurveillance de la Contrescarpe, après avoir été, pour deux d’entre eux, présents sur les lieux.

Pour l’heure, l’enquête judiciaire vise les faits de violence et d’interpellation abusive – « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique » – mais aussi l’équipement porté par les faux policiers interpellateurs – « port sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique », « port d’arme prohibé de la catégorie B ». Les fonctionnaires de la DOPC se voient reprocher une « violation et recel de violation du secret professionnel » et de « détournement et complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection ». Les cinq suspects ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire dimanche soir.

La venue de Gérard Collomb à la préfecture, le soir du 1er mai, est connue. Une photo du ministre dans la salle de commandement de la PP, aux côtés du préfet Michel Delpuech et d’Alain Gibelin, le patron de la DOPC, est d’ailleurs postée sur Twitter. Alexandre Benalla n’apparaît pas sur ce cliché, mais il est présent lors cette visite, ainsi que le rapportent plusieurs fonctionnaires.

En voyage officiel en Australie, le président de la République poste ce jour-là sur Twitter un message condamnant « les violences qui ont dévoyé les cortèges du 1er Mai ». Il évoque les violents incidents provoqués par les Black Blocs autour de la gare d’Austerlitz, à Paris, qui ont été suivis sur place par son conseiller, alors équipé, selon les images, d’un brassard « Police ». « Cette année, la manifestation du 1er Mai était un gros test pour Macron, commente un proche du dossier. Il ne voulait sans doute pas de plusieurs heures d’affrontement dans le Quartier latin. Avoir un homme comme Benalla sur le terrain pouvait lui permettre de suivre la situation ainsi que d’intervenir au cas où les CRS seraient trop passifs. »

Mise en évidence par plusieurs images à différents moments de la journée, la présence du conseiller élyséen, escorté par un salarié d’En marche, Vincent Crase, et un commandant de police de la DOPC chargé de la liaison avec l’Élysée, reste à expliquer. La justification livrée au Monde par Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, selon laquelle Alexandre Benalla souhaitait « voir comment se gérait une grande manifestation, à l’occasion du 1er Mai », ne convainc pas. D’autant que le conseiller semble avoir disposé sur le terrain d’une radio Acropole, lui permettant un contact effectif avec l’état-major de la préfecture, et qu’il était régulièrement invité à participer à ses réunions de maintien de l’ordre.

 

«Un acte inadmissible»

Jeudi, lors d’une courte intervention au Sénat, Gérard Collomb a condamné « sans ambiguïté » l’intervention d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase place de la Contrescarpe. « Un acte inadmissible », d’après lui. Les deux hommes « avaient été autorisés par la préfecture de police de Paris, à assister en tant qu’observateurs, et observateurs seulement, au déroulement d’un service de maintien de l’ordre d’une manifestation ».

Or, selon plusieurs fonctionnaires, le ministre a été averti dès le 2 mai de l’action de Benalla place de la Contrescarpe. Vraisemblablement, lors de la réunion d’État-major tenue en début de matinée, au ministère. Aucune suite judiciaire ou administrative n’est alors donnée aux violences exercées par Alexandre Benalla, et aucune sanction n’est prise contre les fonctionnaires de police qui ont accompagné et assisté le conseiller dans cette action, tombant pourtant sous le coup de la loi.

Alexandre Benalla avec Emannuel Macron. © Reuters

Selon une source proche du dossier, le lendemain de la manifestation, Alain Gibelin, le patron de la DOPC, demande au commissaire Maxence Creusat de faire une réquisition pour obtenir toutes les vidéos des manifestations en vue de procéder à un « Retex », retour d’expérience visant à analyser les incidents de la manifestation du 1er Mai dans la capitale. Une démarche classique.

Le commissaire Creusat s’exécute immédiatement. Le jeune fonctionnaire, à peine âgé de 30 ans, mais qui bénéficie déjà d’une solide réputation au sein de la police, était aux premières loges des affrontements de la manifestation. Y compris sur la place Contrescarpe, où il a lui-même participé à l’interpellation du manifestant frappé quelques minutes plus tôt par Alexandre Benalla, le conseiller d’Emmanuel Macron (relire nos enquêtes ici et ).

Les faux policiers de l'Elysée lors de la manifestation du 1er mai. © Document Mediapart

D’après la même source, Gibelin demande également à Creusat de transmettre, en complément du « Retex », les images des violences de la Contrescarpe, dont la hiérarchie policière a rapidement besoin… Ces vidéos ont ensuite été transmises le jour même au ministre de l’intérieur Gérard Collomb, ainsi qu’à Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, qui en a rendu compte dans la foulée au président de la République.

C’est à la suite de cette alerte que l’Élysée a décidé de suspendre Alexandre Benalla pendant quinze jours, mais sans faire le moindre signalement à la justice. Dans l’espoir que cette affaire ne sortirait pas.

Le contenu de ces vidéos a ensuite été conservé jusqu’au 18 juillet, jour des révélations du Monde, alors que, en dehors de toute procédure judiciaire, la durée de conservation des images de vidéosurveillance est en théorie limitée à un mois. Qui a donné l’ordre de conserver les bandes au-delà du délai autorisé ? Pour quelles raisons ? L’enquête judiciaire et celle de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) devront le déterminer.

Le 18 juillet, au soir de la publication du premier article révélant les violences perpétrées par Alexandre Benalla, la DOPC se remet en branle. Le commissaire Creusat appelle, selon nos informations, le chef d’état-major de permanence, Laurent Simonin, pour le prévenir de la teneur du papier. Quelques instants plus tard, sans qu’il soit encore possible d’en établir la justification précise, Maxence Creusat échange par téléphone avec un membre de la sécurité de l’Élysée, pour organiser la transmission des bandes de la place Contrescarpe. Le fonctionnaire de police s’exécute à nouveau, interprétant cette demande comme un ordre hiérarchique.

Selon le Journal du dimanche, Alexandre Benalla a expliqué aux enquêteurs s’être rendu comme « observateur » à la manifestation, et que « son référent policier », un major de la DOPC assurant la liaison avec l’Élysée, lui aurait « fourni casque, brassard et radio ». Le chargé de mission d’Emmanuel Macron se serait par ailleurs retranché derrière l’article 73 du code de procédure pénale pour justifier d’avoir « prêté main-forte aux forces de l’ordre » face à un flagrant délit. Pendant plus de deux mois, le ministre de l’intérieur semble avoir épousé cette version.

Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter à l’adresse enquete@mediapart.fr. Si vous souhaitez adresser des documents en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter au site frenchleaks.fr.

 

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 05:44

SPOLIATION !

L'information est semble-t-il passée complètement sous les radars la semaine dernière. La dépêche de l'AFP annonçant que « l'État pourrait récupérer jusqu'à 24 milliards EUR d'excédents de la Sécu en 2022 » n'a été republiée que sur un site et sans aucun commentaire ni aucune mise en perspective.

Pourtant, il y aurait beaucoup à dire car voici qu'après nous avoir asséné durant des années le fameux « trou de la Sécu » pour justifier toutes les mesures de déremboursements, les reculs de la protection sociale et notamment la branche retraite on nous annonce désormais, selon une autre dépêche de l'AFP du 5 juin dernier, une « Sécu "quasiment à l'équilibre" avant les grandes réformes ». « Presque sortie du rouge et à moitié dans le vert, la Sécu reprend des couleurs. Après un déficit de 5,1 milliards d'euros en 2017, son solde sera "en nette amélioration" à moins de 300 millions en 2018, selon le dernier rapport de la Commission des Comptes de la Sécurité sociale ».

Au lendemain de cette annonce, une autre dépêche venait doucher les éventuelles espoirs ou revendications d'une amélioration de la couverture sociale grâce à ce retour à « bonne fortune » : l'AFP titrait alors : « le gouvernement a nié mercredi l'existence d'une "cagnotte" liée à la forte réduction du déficit de la Sécurité sociale, qui devrait dégager des excédents à partir de 2019, excluant de "redistribuer" l'argent économisé sur le champ de la "Sécu" ».

Chemin faisant, nous en arrivons à cette dernière dépêche du 27 juin lorsque sort le rapport de la Cour des Comptes qui annonce que « les excédents dégagés par les administrations de Sécurité Sociale seront "plafonnés" à partir de 2019, le surplus devant servir à réduire le déficit de l'État pour un montant qui pourrait atteindre 24 milliards d'euros en 2022, selon la Cour des Comptes ».

Tiens donc ? On nous annonce ainsi un véritable hold-up sur nos cotisations à la Sécurité Sociale. On nous estime même le montant du préjudice... Et puis fermez le ban... Rappelons au passage que ce forfait à venir a été inscrit dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP), adoptée en décembre avec le budget 2018 qui a prévu que ces excédents servent « à la réduction du déficit de l'État ». En clair, Macron va faire payer les milliards de cadeaux aux plus riches, les primes aux premiers de cordée, l'abandon de l'ISF en piquant l'argent de la protection sociale.

C'est un « pognon de dingue » sur lequel va faire main basse le gouvernement. Le pire de ce hold-up auquel il fallait s'attendre depuis que Bercy et Matignon ont la haute main sur la Sécu, est que le retour à l'équilibre s'explique par l’augmentation globale de la masse salariale (qui accroît automatiquement les rentrées de cotisations sociales). Mais aussi et peut-être surtout par les économies drastiques au détriment de l’accès aux soins et de leur qualité. « Peut-on se satisfaire d’un résultat comptable alors que l’actualité fait état de dysfonctionnements majeurs liés au manque de moyens ? » a interrogé la CGT lors de la publication des comptes de la Sécu début juin.

Qu'on se réjouisse de ces excédents mais que l'on s'offusque des déficits des hôpitaux publics a quelque chose d'indécent. Que l'on renonce à satisfaire des besoins de protection sociale nouveaux ou non couverts, pour ristourner cet argent aux entreprises et aux plus fortunés relève d'une spoliation.

Et l'on voit bien de quel ruissellement on nous rebat les oreilles.

Par FD, journaliste engagé et militant Ugict-CGT

Source : Blog de l’Ugict-CGT (Blogs Mediapart)

 

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