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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 05:45
Vues sur des colonies juives israéliennes dans la vieille ville d'Hébron

Vues sur des colonies juives israéliennes dans la vieille ville d'Hébron

Proche-orient. La Palestine a besoin de remettre les choses en l’État
Jeudi, 23 Janvier, 2020

Emmanuel Macron a rencontré Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas. Il parle d’antisémitisme pour qui nierait l’existence d’Israël comme État mais refuse toujours d’en reconnaître un pour les Palestiniens.

 

Présent en Israël pour la commémoration organisée à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz, Emmanuel Macron a rencontré, hier, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, puis, à Ramallah, en Cisjordanie, le président palestinien, Mahmoud Abbas. Une façon pour le président français de respecter l’habituel équilibre voulu par Paris, qui veut qu’à une rencontre avec l’un s’ajoute une discussion avec l’autre. Il a pourtant semblé qu’un vent d’instrumentalisation soufflait au moment de ses entrevues israéliennes, d’abord avec son homologue Reuven Rivlin, puis avec Netanyahou. Ainsi, Rivlin a salué les efforts français pour juguler l’antisémitisme, dont la loi récemment votée par le Parlement assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme. Netanyahou y est allé encore plus franchement, affirmant que la menace nazie d’antan porte aujourd’hui un autre nom : celui de l’Iran, car la République islamique menace, par son programme nucléaire et balistique dit-il, l’existence même d’Israël. C’est là le fond de la nouvelle construction politique et diplomatique israélienne que Tel-Aviv impose, et sur son propre territoire avec la loi de l’État-nation du peuple juif votée en 2018, et à l’extérieur, les représentants israéliens se voulant ceux des juifs partout dans le monde. C’est ce qu’avait avalisé Emmanuel Macron lorsqu’en 2017 il avait invité Netanyahou aux commémorations de la rafle du Vél’d’Hiv.

La « négation » de l’existence d’Israël comme État est une nouvelle forme d’antisémitisme, a redit Emmanuel Macron. Et qu’est-ce que la négation de l’existence de la Palestine comme État ? La question n’a pas été posée, elle reste pourtant centrale alors que le processus de paix – si on peut encore parler de processus, voire de paix – est au point mort. Pour preuve, le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne n’a plus abordé ce problème depuis janvier 2018. Deux ans pendant lesquels il s’est pourtant passé beaucoup de choses qui ne relèvent plus seulement de la « politique du fait accompli », comme l’affirme l’Élysée à propos de la colonisation, tout en promettant pour les commémorations de ce jour, au mémorial de Yad Vashem un discours musclé contre l’antisémitisme.

En deux ans, les États-Unis ont accepté l’annexion du plateau du Golan syrien par Israël, reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et pensent que le processus de colonisation n’est pas contraire au droit international. Pour parachever le tout, le « plan du siècle » est présenté comme la panacée. Même s’il tarde à être présenté, on peut présumer qu’il s’agit surtout d’en finir avec la revendication palestinienne d’un État, le tout avec la complicité de la plupart des pays arabes.

Si l’on en croit le quotidien israélien Haaretz, Benyamin Netanyahou et Emmanuel Macron ont abordé, lors de leur entretien, les questions de l’Iran, du Liban, du Hezbollah ainsi que des développements en Libye à la lueur de l’intervention turque. Et la Palestine ? Sans doute l’ont-ils évoquée – comment faire autrement ? – mais on ne saura pas en quels termes. Le premier ministre israélien ne cache pourtant pas son intention d’annexer toute la vallée du Jourdain et quasiment 80 % de la Cisjordanie. Le président français aurait pourtant gagné, quelques heures avant son déplacement à Ramallah, à reprendre publiquement et à son compte les déclarations du représentant permanent de la France auprès des Nations unies.

« Les paramètres d’un règlement du conflit sont connus »

Nicolas de Rivière s’exprimait ainsi mardi devant le Conseil de sécurité : « La France appelle à relancer d’urgence un processus de paix crédible, alors que la détérioration de la situation sur le terrain constitue une source d’instabilité majeure. Nous le voyons notamment à Gaza, où la situation humanitaire est désastreuse (…), ainsi qu’à Jérusalem, où les démolitions, les expropriations et les atteintes au statu quo des Lieux saints se multiplient. » Le diplomate français poursuit en ces termes : « Les paramètres d’un règlement du conflit sont connus, des frontières basées sur les lignes du 4 juin 1967, avec des échanges agréés de territoires équivalents, négociés par les parties ; une solution juste, équitable et agréée au problème des réfugiés ; Jérusalem comme capitale des deux États ; des arrangements de sécurité qui permettent aux deux États de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. C’est sur cette base agréée par la communauté internationale que doivent reprendre sans plus attendre les négociations entre les deux parties afin d’en fixer la mise en œuvre. Il serait illusoire et dangereux de croire qu’une solution qui s’affranchirait de ces paramètres serait susceptible d’apporter une stabilité durable à la région, en premier lieu pour Israël. »

Les Palestiniens ont saisi la Cour pénale internationale

On voudrait penser que Nicolas de Rivière exprime là la position officielle de la France. La ligne de conduite qui vaut autant pour le président de la République que pour son ministre des Affaires étrangères. Pourtant, Emmanuel Macron semble s’en affranchir en expliquant : « Il ne s’agit pas pour la France aujourd’hui d’arriver avec une proposition sur la table, j’ai compris que d’autres en avaient, parfois attendues depuis longtemps. Quelque processus de paix que ce soit n’est possible que si les parties en présence veulent bâtir la paix, alors la France aidera et dans le rôle qui doit être le sien et sera le sien. »

À Ramallah, il est allé redire à Mahmoud Abbas son penchant pour la solution à deux États. Mais il ne fait aucun geste dans ce sens. Il a pourtant à sa disposition une mesure que redoute le gouvernement israélien : la reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Alors que les Palestiniens ont saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre commis par Israël, Tel-Aviv argue que, la Palestine n’étant pas un État, elle ne peut pas se tourner vers la CPI !

Au sein de l’Union européenne, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, demande en vain que la question de la reconnaissance de l’État de Palestine soit discutée. Un diplomate européen affirme d’ailleurs que si la France accédait à cette reconnaissance « au moins six ou sept pays européens suivraient immédiatement ». Ce serait également un changement total pour l’examen de la question palestinienne. Il s’agirait alors de discussions entre deux États souverains, dont une partie du territoire de l’un est occupée par l’autre. Ce qui ne manquerait pas d’alimenter les débats en comparaison avec l’annexion de la Crimée par la Russie et la batterie de sanctions économiques prises par l’Union européenne à l’égard de Moscou. Outre la notion de justice – 72 ans après, les Palestiniens attendent leur État alors que celui d’Israël existe –, on voit bien qu’aujourd’hui seule une reconnaissance officielle pourrait mettre en échec la stratégie israélo-américaine de la force comme argument décisif en lieu et place du droit international. Encore faut-il le vouloir.

Pierre Barbancey
Proche-orient. La Palestine a besoin de remettre les choses en l’État - L'Humanité, Pierre Barbancey - et lettre ouverte du poète gazaoui Ziad Medoukh à Emmanuel Macron
N’est-il pas temps, pour la France, de reconnaître l’État de Palestine ?
Jeudi, 23 Janvier, 2020 - L'Humanité

Lettre ouverte au président Emmanuel Macron par Ziad Medoukh Universitaire, poète et citoyen de Gaza (Palestine)

Monsieur le Président,

Je vous adresse cette lettre, non pas en tant que professeur de français au département de français à l’université de Gaza (…) ni en tant que chercheur universitaire ou bien encore comme écrivain poète d’expression française, je vous écris en tant que simple citoyen palestinien qui vit le blocus, la souffrance et l’horreur dans cette prison à ciel ouvert de Gaza (…).

Mais un Palestinien souvent bloqué dans sa ville et empêché de sortir de sa cage pour participer à des conférences et colloques universitaires dans des pays francophones à cause du blocus impitoyable et ses fermetures des frontières qui relient la bande de Gaza à l’extérieur.

Un Palestinien qui garde espoir d’un lendemain meilleur, un lendemain de paix et de justice, et qui a décidé de rester très attaché à son pays et à sa ville natale, aux côtés de ces jeunes et ces enfants afin de les soutenir (…).

Un Palestinien qui a décidé de résister contre les mesures atroces de l’occupation par l’éducation et par l’enseignement de cette si belle langue : le français. Un Palestinien très attaché aux principes de démocratie, de liberté et des droits de l’homme, (…) inspirés de la Révolution française (…).

Les Palestiniens comptent beaucoup sur la France et sur l’Europe pour relancer le processus de paix en plein échec, à l’agonie plus exactement. Un processus de paix commencé à Oslo en 1993, alors que vingt-sept ans après les Palestiniens n’ont rien obtenu, bien au contraire, et ils voient leurs terres volées et colonisées jour après jour.

Je vous écris cette lettre au nom des enfants de Gaza qui sont privés de leurs loisirs et de la simple joie, des enfants qui apprennent dans des écoles et des classes détruites par les différentes agressions israéliennes. Même leurs rares centres culturels sont quasiment tous détruits suite à des bombardements israéliens.

Je vous adresse cette lettre au nom des jeunes Palestiniens qui ont entre 20 et 25 ans et qui n’ont jamais quitté leur ville ; des jeunes désespérés et qui souffrent du chômage, du blocus, et de l’absence de perspectives pour l’avenir.

Je vous envoie cette lettre au nom de ces familles palestiniennes en Cisjordanie qui souffrent de la colonisation, du mur de l’apartheid, des check-points de l’armée de l’occupation, et qui malgré tout cela envoient leurs enfants à l’école.

Je vous adresse cette lettre au nom des mères des enfants et jeunes palestiniens tués tous les jours soit en Cisjordanie, soit dans la bande de Gaza par les tirs de l’armée israélienne ; au nom des mères qui ne trouvent personne pour effacer leurs larmes ou clamer leur colère.

Soixante-douze ans après la décision de l’ONU, nous sommes encore et toujours occupés, humiliés et privés de nos droits. Le temps n’est-il pas venu, Monsieur le président, d’instaurer la justice dans notre région ?

(…) Le temps n’est-il pas venu pour que la France prenne une décision courageuse pour dire non à l’injustice, à l’oppression, et pour mettre fin à l’occupation ?

Aidez-nous, Monsieur le Président, par une décision courageuse, qui va sans doute encourager d’autres pays européens qui bougent sur ce sujet, à reconnaître notre État afin d’aider à mettre fin à la souffrance de toute une population civile et à réaliser les espérances et les revendications de tout un peuple.

Nous demandons un geste politique fort et utile à la France : nous lui demandons la reconnaissance de l’État de Palestine. Nous demandons de la France une décision pour la justice, car nous croyons qu’elle a une voie singulière à exprimer dans notre région.

Nous sommes pour une paix juste et durable, une paix qui passera avant tout par l’application des décisions internationales et par la création d’un État palestinien libre et indépendant.

Béthléeem

Béthléeem

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