Assises citoyennes « Comment changer de cap, en France et en Europe ? »
Montreuil, 16 juin 2013
Compte rendu de Julien Kerguillec, membre de l'association Front de Gauche Morlaix et délégué par elle à ces Assises.
N.B : l’atelier sur le grand marché transatlantique a été filmé, et peut être regardé sur internet à l’adresse suivante :
http://www.dailymotion.com/video/x10y8cm_1-assises-eric-coquerel-introduction-a-l-atelier-marche-transatlantique-aux-assises-citoyennes-du-16_news#.UcAOP_mePnE
Photos disponibles à cette adresse :
http://www.pcf.fr/41581
Matinée : participation à l’atelier : « Comment s’émanciper des marchés financiers ? »
Avec : Frédéric Boccara (PCF/FDG), Denis Durand (syndicaliste CGT), Guillaume Etievent (PG/FDG), Jérôme Gleize (EELV), Bernard Tepper (Convergence des services publics) : tous économistes.
Thomas Coutrot (Attac) est absent.
Une centaine de personnes assistaient à cette table ronde, rythmée par Frédéric Boccara
Frédéric Boccara (PCF/FDG)
Il n’y a pas seulement un « pouvoir » mais une « dictature » des marchés financiers. S’émanciper c’est aussi construire une alternative.
4 niveaux :
- Crédit (BCE/banques)
- Profits des entreprises
- Fonds publics
- Epargne individuelle
Réorienter vers d’autres buts que la rentabilité. Donc des pouvoirs aux gens.
3 exemples :
- L’argent doit être à fort taux voire interdit pour la spéculation, les investissements courts ou néfastes… et au contraire à faible taux pour les autres. Des banques publiques bancaires pourraient s’en occuper.
- Interdiction des licenciements boursiers
- Sortir la dette des marchés financiers ; financement des services publics
Problématiques :
Chocs de demande ne suffisent pas sinon évaporation de l’argent; il faut aussi en même tps lancer des projets.
Niveau national / européen : les 2 en même temps
Covenants : objectifs trimestriels de rendement. Appliqués à Alcatel par Goldman Sachs. S’ils ne sont pas respectés, main basse sur des brevets. Pourquoi la banque publique d’investissement n’a-t-elle pas prêté à Alcatel ?
Réactions de la salle :
- Adjoint maire de St Ouen : comment financer les collectivités ? Pb de la dette. Il faut réhabiliter la dépense publique au service des gens : pb de vocabulaire. Il faut inverser cette idée partagée aujourd’hui par beaucoup de gens que endettement = mal. Or aujourd’hui (comme hier), aucune collectivité ne peut lancer un projet sur ses fonds propres.
- Daniel, commission éco du PCF : la finance ne tombe pas du ciel. Elle vient de décisions politiques. Il y a de l’argent ; il faut le réorienter.
- Militant FDG : rappel du rôle d’une banque publique. Résoudre le problème de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux peut constituer une partie de la solution.
Jérôme Gleize (EELV):
Pb du « fétichisme de la finance » selon lui : cette tendance à mettre tous les problèmes derrière ce mot et à oublier que derrière la finance il y a des rapports sociaux.
La crise des subprimes. Montage inventé par les financiers. Elle a permis à certains particuliers d’acheter une maison ou de gagner de l’argent mais c’est bien sûr une minorité. La crise de 2007 est une crise du capitalisme de l’accumulation du capital. [Car qu’est-ce que la monnaie ? C’est donné par le crédit bancaire, mais quand on rembourse un crédit on détruit la monnaie. Donc pour qu’il y ait augmentation de la croissance il faut qu’il y ait une augmentation continue de la masse monétaire en circulation. Il faut qu’il y ait plus de crédits que ceux qui sont remboursés. La contrepartie, c’est qu’il faut qu’il y ait de la croissance. Sinon, difficulté de rembourser. Donc ce système monétaire est basé sur l’accumulation de capital. Le problème au fond n’est donc pas celui de la propriété des banques, mais celui du fonctionnement du capitalisme lui-même.]
Donc en 2007, subprimes : cela conduit au urendettement. D’un coup se pose le problème du financement de la dette US. La dette US est rachetée par les Japonais et les Chinois en 2007-8 en contrepartie de la garantie du gouvernement américain; aujourd’hui presque personne ne veut de ces bons du trésor - rachetés directement par la réserve fédérale américaine - mécanisme de création monétaire.
Le problème est donc aujourd’hui : comment continuer à faire vivre la finance dans une période où il n’y a pas de croissance ? Comment sortir de cet accroissement ? Conséquence : moraliser la finance ou mettre en place une banque publique ne suffira pas; il faut un nouveau mode de production, un nouveau régime de croissance pour poser la question du lien entre monnaie et production.
Et 2007 c’est aussi crise des matières premières (pétrole, cuivre, zinc…) et des matières agricoles, et du transport maritime. Il y a un problème de raréfaction de l’offre. Si on ne change pas de modèle on ira de soubresaut en soubresaut vers des situations catastrophiques.
Guillaume Etievent (PG/FDG) :
Pas d’accord avec l’analyse de la crise des subprimes sur l’idée que les gens ont choisi de plus avoir de maison pour préserver leur consommation (pas de choix en réalité.) mais d’accord sur la conclusion.
Pourquoi en est-on arrivé à cette crise des salaires et à cette augmentation du crédit ? 1929 puis 2e guerre mondiale - ensuite volonté politique d’encadrer davantage la finance et de déconnecter les actionnaires des entreprises. CNR etc. : la part des salaires dans la valeur a augmenté. Années 80 : salaires 70% de la valeur ajoutée. Les capitalistes ont voulu retrouver leur taux de profit : ce qu’on a appelé tournant de la rigueur (baisse des salaires + augmentation de l’endettement des ménages donc les capitalistes gagnent sur les deux plans par petites paies et par prêtes à des taux élevés) ; depuis et aggravation progressive (aujourd’hui les actionnaires se versent 7 x plus de dividendes qu’il y a 20 ans, alors même qu’il y a récession… Car ils sont tout puissants, et l’ANI renforcera ce statut). La part des salaires diminue régulièrement. On demande même à la Chine aujourd’hui de baisser les salaires, en la menaçant de délocaliser au Bengladesh sinon…
- Fuite en avant (en arrière) sans fin. Le problème c’est le capitalisme lui-même. Il faut changer les rapports de production et si la BCE n’est pas d’accord, le faire unilatéralement quitte à ne plus respecter les traités. Et changer aussi au niveau des entreprises. Financer les contre-projets en cas de difficultés, BPI financée à la BCE, interdiction des licenciements boursiers. Plus largement il faut socialiser les banques, socialiser les entreprises elles-mêmes pour en finir avec ce privilège féodal qui existe depuis le début du capitalisme : le travail crée la valeur mais les bénéfices sont accaparés par les actionnaires. C’est un vol légal car c’est le travail qui crée la valeur. Ce qu’il faudrait au contraire : un homme = une voix et les bénéfices partagés par tous. Il faut des sociétés gérées démocratiquement comme c’est déjà le cas pour des milliers de SCOP, pour toute la sphère de l’éco sociale et solidaire… Etendre ce principe au max. C’est par là qu’on sortira de la logique du capitalisme ; en s’affrontant réellement à la finance, aux actionnaires et à leurs pouvoirs, avec l’appui des politiques monétaires, du financement public, avec un certain nombre de réglementations un changement de société car changement des rapports de production. Par là seulement on pourra avoir une dynamique sociale et écologique et faire concrètement la révolution.
Denis Durand (syndicaliste CGT)
« S’émanciper » = question stratégique ; question de stratégie. Nous sommes vraiment aux mains de ces marchés donc ce n’est pas une question simple…
Retour sur l’histoire de la financiarisation (…) Octobre 1979 : la réserve fédérale américaine change le système des taux d’intérêt ; ceux-ci deviennent supérieurs aux taux de croissance ! En armant le capital de cette puissance, ils sont réussi à changer les rapports de production, d’où la baisse des salaires etc.
Cette décision aboutit progressivement à la création d’une masse de capital énorme (démesurée par rapport à la valeur de production réelle) qui du coup a de + en + de mal à obtenir les taux de rendement qu’elle exige.
Conclusion de l’intervention :
- Tout cela n’est pas éloigné de nous mais a des conséquences pour tout le monde : les salaires, les services publics etc.
- Le rôle des banques est très important dans ces dérives
- Pour changer les choses, la politique monétaire est déterminante. Or même la BCE est consciente aujourd’hui que ses financements énormes accordés aux banques ne viennent pas financer les PME.
Il faut commencer tout de suite. A Florange par ex. Mais il faut des investissements. Pas seulement la banque publique mais toutes les banques, quitte à les menacer sinon.
Ce levier (l’investissement financé par BPI etc.) est important et peut permettre de s’émanciper.
Réactions de divers intervenants dans le public :
- Les socialisations se font par l’impôt ou alors par des salaires socialisés : une cotisation datant de l’après-guerre qui sert ensuite aux retraites etc. Ne pourrait-on instituer une « cotisation économique » sur le même modèle, redistribuée ensuite par des caisses ?
- Problème de la financiarisation de l’éducation, de la recherche…
- Angoulême : 38 millions d’emprunts toxiques (…) La solution dans de nombreux cas ce serait les critères d’attribution des marchés publics. Il faudrait faire des essais sur des zones ou des domaines limités à l’image des monnaies expérimentales, ne peut-on mettre en place une finance expérimentale ?
- Un intervenant essaie de « faire un point sur les privilèges des financiers » et les liste.
- L’émancipation passe par l’explication, la clarté, le refus d’employer les mêmes mots que les patrons. Elle viendra par des luttes dans chaque entreprise.
Sympathisante PCF, juriste et thésarde sur les règles de régulation des échanges. : problème = la régulation existe mais est limitée par la bonne volonté des marchés.
Bernard Tepper (Convergence des services publics)
Pourquoi ne pas se servir de structures déjà existantes, qui ne fonctionnent pas sur le principe de l’accumulation ? Pourquoi ne pas se servir de l’ACOSS (http://www.acoss.fr/), la banque de la Sécu ? Les 175 milliards d’euros qu’elle a. Nous avons un système grandeur nature qui fonctionne. Les cotisations sociales sont un levier important. Bref, combattre la finance mais aussi défendre les institutions existantes qui fonctionnent sans finance.
Frédéric Boccara
L’alternative : expansion dans le social et par le social. Il faut forcément de la monnaie et du crédit.
En France, les entreprises paient 120 milliards de cotisations sociales, et en distribuent 300 en intérêts du capital et dividendes. Mêmes proportions en Europe.
Réactions diverses dans le public :
- Il faut gagner la bataille des mots : « coût du travail » etc.
- Avoir le courage de dire qu’on désobéira aux traités si on arrive au pouvoir. - Séparation banques de dépôts / banques d’affaires devrait être remise aux goûts du jour. La BPI n’a pas de licence de banque : elle doit se financer auprès des marchés alors que les statuts européens permettaient qu’elle se finance auprès de la BCE. - La seule solution serait que le pays puisse gérer sa monnaie - Chacun peut essayer d’agir à son niveau et investir dans des structures autres, sociales et solidaires par ex…
Jérôme Gleize (EELV) : la BCE peut évoluer. La territorialisation de la production est un élément essentiel.
Guillaume Etievent (PG/FDG): le vocabulaire est essentiel, notamment pour les militants sur le terrain. Rappeler que le « coût du travail » n’existe pas, que « vive la dette »…. Reconnaître le droit des salariés dans les entreprises, se servir du levier de la cotisation sociale, instaurer une régulation du capital (« simplement » revenir sur toutes les lois de dérégulation depuis 30 ans).
Denis Durand (syndicaliste CGT) : l’émancipation passe par les luttes, le rapport de forces.
Bernard Tepper : pas de solution unique mais plusieurs à mener en même temps et de façon cohérente ; il faut le soutien du peuple et donc montrer la liaison entre les besoins des gens, en terme de service public par ex, et la nécessité de s’émanciper pour les satisfaire; il faut le temps long ; il faut une véritable campagne d’éducation populaire sur l’ensemble de ces sujets ; 2013 = 70e anniversaire du CNR ; il faudrait aujourd’hui quelque chose du même niveau que le 15 mars 44.
Frédéric Boccara : il y a de fortes convergences entre nous ; rappeler toujours la responsabilité centrale de la BCE. Ceux qui font son silence sur son rôle ont une grave responsabilité, et notamment à gauche. A partir des territoires on peut faire beaucoup de choses ; pousser la transformation de l’Europe à partir de l’utilisation des banques publiques.
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Après-midi : débats en plénière –
Quelle politique alternative à l’austérité et comment changer de cap, en France et en en Europe ?
Noël Daucé (FSU), Christophe Delecourt (Syndicaliste CGT), Pierre Khalfa (Copernic), Christian Picquet (GU/FdG), Stéphanie Treillet (Convergence et Alternative/FdG), Christine Poupin (NPA) Modérateur Denis Sieffert.
Pierre Khalfa, fondation Copernic : politique gouvernementale socialement inacceptable, économiquement stupide. Présenté avec le slogan TINA. Or une politique alternative existe et il est très important d’en faire la démonstration pratique, concrète. Quelles devraient être les conditions pour une politique alternative, sociale et écologique ? 4 conditions :
- Marges de manoeuvre financière. 250 milliards de dépenses fiscales (niches notamment) donc il faut une réforme fiscale d’ampleur qui s’attaque réellement aux riches et aux grandes entreprises - Eliminer pouvoir finance : depuis le tournant de la rigueur de 83, baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée - il faut un rééquilibrage par des lois pour restreindre la part des dividendes. Séparer les banques de dépôt et d’investissement, interdire titrisation et autres. Se débarrasser de la contrainte de la dette. Présentée comme prétexte de la dette. Il faudrait monétiser et donc engager un processus de désobéissance européenne. Car cette logique libérale n’est pas hors sol elle vient des gouvernants. Construire un front commun de résistance. Il faut être unitaire pour être crédibles
Noël Daucé (FSU) : remettre en cause l’indépendance de la BCE, interdire la spéculation sur les dettes publiques, les paradis fiscaux, créer un pôle financier public. Engager la transition écologique. Restructuration et annulation partielle des dettes publiques. Une rénovation de la démo en Europe : refus du dumping, extension des conventions de branche ; une Europe ouverte ; une France idem. La modernisation des services publics doit se faire à l’aune de leurs renforcements. Eau, énergie, transport, gratuité ; conserver les services non marchands (éducation…) Salaires bloqués depuis 4 ans – revendiquer une valorisation. Nouvelle répartition des richesses.
Christophe Delecourt (syndicaliste CGT) : réhabiliter et revaloriser le travail. La dévalorisation de celui-ci est allée de pair avec la financiarisation de l’éco et c’est la base des crises - répartition différente des richesses, revalorisation des salaires, et augmentation des cotisations sociales. Idée importante : attribuer à chaque personne qui travaille des droits fondamentaux et des garanties interprofessionnelles. Question de la démocratie en politique mais aussi dans les entreprises et les administrations : le monde du travail est intelligent : il doit avoir une part dans les prises de décision stratégiques. Aller vers un revenu minimum européen. Faire de la monnaie un bien public - fin de l’indépendance de la BCE. Imposer aux banques et aux assurances des missions de service public.
Il faut se mettre d’accord à l’issue de ces assises sur une campagne unitaire basée sur les territoires pour mettre en place ces alternatives.
Christine Poupin (NPA) : lutter, résister ensemble. Problème moral supplémentaire : le sale boulot est fait par des gens qu’on a élu pour chasser Sarkozy. Il faut donc la construction d’une opposition de gauche. Propositions : abolir le chômage par une réduction massive du temps de travail, interdiction des licenciements, création massive d’emplois par des services publics (notamment enfance et personnes en perte d’autonomie), augmentation de tous les salaires y compris la partie socialisée. La gratuité c’est aussi un partage des richesses. Statut de la propriété privée à revoir, notamment pour regarder le contenu de la dette.
Stéphanie Treillet (Convergence et alternative) : fatalisme dans la population, qui tient aussi au « TINA » seriné par le gouvernement et de nombreux médias. On ne peut attendre un changement d’attitude des pays européens. Il faut une désobéissance européenne. Il n’est plus possible de faire comme si ça marchait : les votes au PS cette semaine le montrent. Que faire ? Négocier des délais pour les 3% ? Non, il s’agit de prendre conscience qu’une vraie politique de gauche ne peut qu’aboutir à un affrontement avec la Troïka. Une telle politique appuyée sur les mobilisations populaires aurait la légitimité populaire de faire réellement le changement. Sortir de l’euro n’est pas une solution : la France ne pourrait se défendre et verrait sa monnaie dévaluée. Et de plus cela supposerait une logique de concurrence, de lutte ; il faut au contraire une logique de solidarité.
Christian Picquet (GU/FDG) : même constat. La question c’est donc : qu’est-ce qui peut rassembler une majorité de la gauche et du peuple ? Les interventions nous montrent clairement les convergences : un changement de modèle économique. Les propositions du FDG constituent un programme d’urgence qui peut réunifier le peuple. Il faut ensemble travailler à un débouché politique crédible. Le FDG est un levier essentiel mais ce n’est pas suffisant : il faut encore rassembler. De même il faut faire converger partis politiques, associations, syndicats : une forme de nouveau front populaire, pas par nostalgie mais pour aboutir à ces objectifs communs. Ces assises en sont la 1e étape.
Jérôme Guedj (PS, « Gauche avenir ») : il faut aller vers l’union de la gauche, c’est pour cela que je milite.
Convergences sur la politique européenne et sur la responsabilité des socio-démocrates européens. [Refus de la politique austéritaire, remise en cause du pacte de stabilité. « Ce n’est pas parfait mais on avance. »] Sur l’interventionnisme public (ex Florange, l’eau), la nécessaire révolution fiscale, la transition écologique. Il faut « se dépasser chacun un peu pour aller vers le but commun ».
Pierre Khalfa : merci à J. Guedj d’être là. Cependant, quelle sera la position de la gauche du PS sur la contre-réforme des retraites ? Constat après un tour de table de nombreuses convergences. Mais allons-nous être capables de porter devant les citoyens ces demandes de façon unitaire (politiques, syndicats…). Dans cette 1e année, nous n’avons pas été capables d’être assez visibles. C’est une forme d’échec pour nous.
Noel Daucé : différence de mobilisation depuis quelques temps : ANI, mort de Clément Méric, etc. Mais peut-être assiste-t-on a un vent nouveau : grève des cheminots, aiguilleurs, Tunis, marche des chômeurs, et actions à venir en septembre. Nous avons besoin de convergences et la belle idée de ces assises est à poursuivre.
Christophe Delecourt : la proposition de Christian Picquet pose la question du renouvellement de la démocratie. Comment les syndicats peuvent intervenir autrement dans la politique et sans se substituer aux hommes politiques qui eux ont la légitimité populaire. Renforcer le syndicalisme et lui donner une forme + puissante dans l’élaboration des rapports de force.
Stéphanie Treillet (Convergence et alternative) : ces luttes doivent être aussi pensées à l’échelle européenne; éviter les tentations de repli nationaliste ; Jérôme Guedj disait qu’il ne voulait pas « la même intensité » dans les mesures, mais c’est illusoire. La seule possibilité réaliste c’est une remise en cause véritable, concernant le statut de la BCE ou le pacte budgétaire. Pas d’aménagement, pas de demi-mesure possible.
Christian Picquet : convaincu que le rassemblement sera possible car la politique de gouvernement est aberrante économiquement mais aussi suicidaire politiquement pour le PS, les militants, etc.
Fin du 1er débat ; huées un moment quand Dominique Voynet vient parler de sa ville. Pascal Durand menace de s’en aller ; Pierre Laurent vient demander le calme…
2e débat - même sujet - : Quelle politique alternative à l’austérité et comment changer de cap, en France et en en Europe ?
Clémentine Autain (FASE/FDG), Geneviève Azam (Attac), Annik Coupé (Solidaires), Pascal Durand (EELV), Pierre Laurent (PCF/FDG), Marie-Noëlle Lienemann (Gauche avenir), Jean-Luc Mélenchon (PG/FDG)
La vidéo de ce débat (sans doute plus pratique !) est ici : http://www.dailymotion.com/video/x10z6kg_assises-16-juin-changer-de-cap-en-france-et-en-europe-2-2_news?start=9#.UcASy_mePnE
Pierre Laurent : c’est une journée très importante. Conviction à l’origine de cette journée : des forces existent pour une alternative. Nous ne sommes pas condamnés à subir, nous avons la responsabilité de modifier cette situation. Le fait que tant de monde soit présent montre que c’est un besoin. Notre peuple n’est pas résigné mais il faut l’aider à trouver une voie politique pour s’exprimer. Les leviers économiques sont verrouillés, il faut les déverrouiller. La question des retraites est une question de société et pas question d’un débat à marche forcée cet été. Convergences avec EELV : chaque emploi industriel détruit en France, c’est l’empreinte écologique de la France qui grandit, car il faudra importer. La question industrielle et la question écologique sont une seule et même question. L’Amérique latine toute entière a rejeté le traité avec les USA ; pourquoi l’Europe ne le pourrait pas ? Refonder la démocratie à tous les niveaux. Ces pistes alternatives existent et sont potentiellement majoritaires. Ne lâchons rien.
Geneviève Azam (Attac) : Cette crise n’est pas une crise mais la décomposition d’un modèle. Nous savons les dangers que comporte cette situation : les institutions, le vivre ensemble, le travail, la culture, la nature, la démocratie sont en danger. Mais cette décomposition fait se lever des résistances qui déconstruisent la pensée unique et remettent au goût du jour des sujets oubliés ou tabous. « Le pouvoir jaillit parmi les hommes quand ils agissent ensemble » (H. Arendt) Le changement de cap est déjà dans les moyens qu’on se donne. Pour Attac, 3 priorités dans les mois qui viennent : la question de la retraite, l’accord transatlantique (Attac est né de la lutte contre ces échanges ; depuis longtemps les USA en rêvent, auj., comme le disent les associations US, c’est l’Europe qui pousse pour le faire…), la transition écologique. « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue » (Victor Hugo) mais attention, le but c’est de préserver la démocratie.
Marie-Noëlle Lienemann : la question de la constitution d’un nouveau front populaire est notre grand enjeu contemporain car comme l’a dit Geneviève Azam cette crise n’est pas conjoncturelle, et tous nos acquis sur des décennies peuvent sombrer dans cette tempête. La crise des années 30 l’a montré : les divisions de la gauche ont rendu possible l’accession d’Hitler au pouvoir. L’élection d’Hollande est redevable de toute la gauche, mais il faut rassembler, pour que des réformes arrivent, dans les faits. Si la gauche reste divisée, le risque c’est droite et l’extrême droite. Convergences : redistribution des richesses, réindustrialisation, BPI à renforcer et transition énergétique, programme de relance, la construction d’une 6e république (…) « Dans la franchise mutuelle, si nous pensons que l’union est un combat, nous y prendrons toute notre part. Ne demandez aux uns et aux autres de ne pas assumer ce qu’ils sont, même s’il y a des points de désaccord. »
Annik Coupé : Constat : pas de changement, et pas même un début de réorientation politique et sociale. Et tout cela a des conséquences graves.
(…)
Fatigué, je n’ai pas réussi à prendre davantage de notes !
http://www.dailymotion.com/video/x10z6kg_assises-16-juin-changer-de-cap-en-france-et-en-europe-2-2_news?start=9#.UcAe2vmePnF
Devaient encore intervenir Clémentine Autain (intervention « franchement » - comme le demandait Marie Noëlle Lienemann - critique de la politique gouvernementale et assez enflammée), Pascal Durand (intervention assez violente parfois - il m’a semblé à plusieurs reprises vouloir « provoquer » le public pour ensuite pouvoir dire, face aux quelques sifflets, que les conditions du dialogue n’étaient pas réunies -) , Jean-Luc Mélenchon (intervention qui cherchait plutôt à « arrondir les angles », remercier Pascal Durand et Marie Noëlle Lienemann de leur présence, et à leur donner rendez-vous dans les mobilisations à venir au sujet des retraites ou du marché transatlantique)
Puis deuxième tour de table rapide.
Compte rendu de Julien Kerguillec.
