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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 19:04
Le FN triomphe à Brignoles ?
Oui, si l’on en croit les divers commentaires qu’on entend en boucle depuis dimanche soir, 6 octobre, sur les media. Et quel tintamarre ! Au grand ravissement de la blanche colombe qui n’aime pas les étrangers et de ses seconds couteaux. Mais qu’en est-il en réalité ? Le Front national obtient 40,40% des suffrages exprimés. L’extrême droite arrive à 49,50% si l’on tient compte d’un candidat dissident. La candidate de l’Ump occupe la deuxième place avec 20,76 %. Quant au candidat communiste, il n’obtient que 14,58 % et est éliminé du second tour. Il paie probablement le soutien que lui a apporté la direction nationale du parti socialiste et de la présence, cette fois-ci, d’une candidate écologiste, soutenue par la section locale du même parti socialiste (8,89%) ! Bonjour la clarté. Rappelons que le siège de conseiller général était détenu par le parti communiste depuis 2012, siège invalidé par la suite. Pour mémoire, le FN avait remporté l’élection cantonale en 2011, avec 12 voix d’avance. Election elle aussi invalidée.
En regardant de près cette cantonale que constate-t-on ?  Un taux d’abstention particulièrement élevé : 66,66% ! Avec un tel score, on peut dire que c’est le parti des abstentionnistes qui a gagné. Quelles en sont les raisons ? Elles sont sans doute multiples : ras le bol après les deux précédentes élections, mécontentement généralisé contre la politique menée par François Hollande et son gouvernement, le caractère même de l’élection, une cantonale partielle sans enjeu, par définition peu mobilisatrice, etc.
Le président de la république aurait tort de ne pas analyser ce qui est en train de se produire à Brignoles, avec la victoire probable par défaut du Front national qui entre parenthèses n’a pas enregistré une avancée significative dans le canton.
Pour les différentes composantes du Front de gauche, cette élection doit être l’occasion d’ouvrir en grand les yeux. Il est nécessaire de se démarquer clairement du parti socialiste au risque d’être accusé de cautionner une politique anti sociale et d’en subir les conséquences, comme à Brignoles. Lors des prochaines Municipales le Front de gauche doit donc affirmer son autonomie en présentant partout des listes dès le premier tour d’autant plus que ces élections seront un grand test national. Dans le cas contraire, les électeurs, en particulier ceux de gauche, ne nous le pardonneraient pas. Ils iraient grossir les rangs des abstentionnistes ou s’égarer dans les bras de gens qui prônent la haine, la xénophobie et le racisme.
 
Angelo Leonetti*
 
* Un point de vue transmis par Louis Aminot, membre du Front de Gauche 29, du réseau des Communistes Unitaires.



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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 18:50

 

Le Président de la République a choisi le 55ème anniversaire de la Vème République pour venir en vanter la « stabilité » et la « plasticité ». Changer sans que rien ne change : quel hommage ! Tandis que la défiance à l’égard de la politique s’accroît et que la crise démocratique gagne du terrain, quoi de plus approprié en effet que de s’autoféliciter, de proclamer l’attachement indélébile des Françaises et des Français à ces institutions décrépies.

La Vème République est à bout de souffle. En réalité, les défauts originels de la Constitution sont toujours bien présents et ses déséquilibres ont été aggravés au fil du temps. Nous vivons dans une sorte de monarchie élective, flanquée d’une oligarchie politico-financière qui s’accapare des pouvoirs exorbitants sur les grands choix.

La souveraineté populaire a été rognée de toutes parts, que ce soit par les derniers traités européens adoptés contre l’avis majoritaire, ou par la réforme de la démocratie locale en cours d’examen. L’urgence n’est pas à une autocélébration vide de sens, mais à refonder le pacte républicain dans un nouvel essor démocratique.

Il est à espérer que la proposition d'un référendum d'initiative populaire qui fait si peur aux forces dominantes, ne soit pas cantonnée dans le domaine de la plasticité ou de l'élasticité de la République, utilisée dans une sorte de logique de l'édredon (Faut-il rappeler que la décision du dernier référendum a été contournée ?).

Une telle réforme est plus que souhaitable et devra bousculer la logique institutionnelle actuelle. L’heure est à donner le pouvoir au peuple. C’est ce que nous nommons VIème République.

 

Pierre Dharréville, Responsable de la commission « République, démocratie et institution » au PCF

 

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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 06:20

une-soixantaine-de-migrants-syriens-souhaitent--jpg

 

Près du quart de la population syrienne a quitté son domicile pour fuir des violences atroces et sur ces 6 millions de réfugiés, 2 111 600 sont réfugiés à l'étranger, dont 97% le sont dans les Etats voisins: ce Liban si opulent et si stable qui peut au risque de replonger dans la guerre civile accueillir 763 000 réfugiés syriens, cet Irak si tranquille et prospère qui en accueille 200 000, la Jordanie qui accueille 494 000 réfugiés, la Turquie 500 000, l'Egypte 126 000, beaucoup de réfugiés ayant fait l'objet de violences xénophobes dans ce dernier pays.

Face à "la grande tragédie de de ce siècle"   (Antonio Guterres, haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés), que fait l'Europe? Que fait la France? Le HCR demandait à ce que l'Europe accueille au minimum 10000 Syriens: l'Allemagne en a accepté 5000, l'Autriche et la Norvège 500.

Et la France... Que fait-on pour les ressortissants de notre ancien protectorat (de 1918 à 1945) où beaucoup de vieilles personnes éduquées parlent encore Français? Pour ces Syriens qui connaissent et aiment notre pays? Que fait-on pour ce peuple martyr, victime d'une des pires dictatures que le monde ait connu?

L'aide médicale et humanitaire de l'Etat dans les camps de réfugiés syriens, on l'attend toujours!

L'ouverture des ambassades et des consulats dans les pays arabes pour des demandes d'asile et d'immigration légale, on l'attend toujours!

Et après, on va donner des leçons aux pays arabes et à tant d'autres alors que nous nous exonérons nous-mêmes des plus élementaires devoirs de fraternité et d'humanité...

Cette France là me révolte et me dégoûte. Nous avons oublié ce que notre identité et notre histoire doivent à tant de réfugiés: juifs d'Europe de l'est et d'Allemagne, polonais, russes, italiens, espagnols...

Je me sens flétri, deshonoré quand j'apprends qu'une quarantaine de Syriens sont réduits, avoir avoir dépensé des sommes folles et traversé des épreuves terribles pour quitter leur pays, traverser le Proche-Orient, et l'Europe, à faire une grève de la faim à Calais pour demander à être accueilli en Angleterre parce que la France à été incapable de leur trouver des solutions d'accueil. Des Syriens qui témoignent avec amertume dans un appel relayé par le Secours catholique (cf.? Ouest France du 4 octobre 2013): "Le gouvernement français et la police nous ont très mal traités et n'ont montré aucun intérêt pour notre situatiuon (...). Nous espérons rencontre sécurité et refuge en Angleterre".   

A Calais, des centaines de migrants vont d'un squatt à l'autre, persécutés par la police, aidés seulement par des particuliers et des associations: des Syriens désormais, mais aussi des Somaliens, des Soudanais, des Afghans, des Albanais que l'on condamne à vivre de manière inhumaine et ultra-précaire, rêvant d'un passage en Angleterre, la France ne voulant pas les intégrer et ne leur proposant pas de perspectives.

Le droit d'asile est un devoir pour des pays qui se disent civilisés, respectueux des Droits de l'Homme, tout comme offrir un toît aux demandeurs d'asile est également un devoir... Depuis des années, la France est devenue inhospitalière, brutale avec les réfugiés, les demandeurs d'asile, les immigrés cherchant à échapper à la misère.

Cela ne choque même plus à droite et au PS car on regarde plus la montée de la xénophobie et duy Front National en France que nos devoirs d'humanité et les efforts accomplis par les pays du Sud qui accueillent 90% des réfugiés. Notre Méditerranée ressemble au mur électrifié construit par les Américains pour protéger leur frontière avec le Mexique, auprès duquel des centaines de migrants meurent chaque année.

Cette politique sans coeur peut dans certains cas mêmes être perçue comme criminelle: depuis 25 ans, au moins 20000 migrants sont morts en tentant de rallier l'Europe.

Il est urgent de nous souvenir qu'avant d'appartenir à un territoire surprotégé et relativement riche, nous partageons une commune condition et une commune nature avec nos frères hommes, qu'ils soient Arabes, Africains, Européens de l'est.

 

Ismaël Dupont   

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 19:19

Quand la vérité jaillit au détour d'une phrase

A quelques jours des élections en République Fédérale Allemande, Yves Calvi avait mis à l'antenne sur la 5 une émission sur la situation en Allemagne.

Ses invités, triés sur le volet, "spécialistes reconnus" comme de bien entendu discouraient d'une façon très urbaine des avantages de la politique menée par ses dirigeants qu'ils soient de droite ou de gauche. Mettant en exergue la confiance des Allemands dans leurs dirigeants, affirmant d'une façon péremptoire qu'il y avait pour la France bien des leçons à prendre Outre-Rhin... et oubliant, bien entendu, de citer l'explosion des bas salaires, l'absence de salaire minimum, le développement de la misère pour des couches de plus en plus nombreuses de la population et l'envol de la précarité.

Dans la dernière partie de l'émission la question d'un téléspectateur fut posée aux différents intervenants : "compte-tenu des différences de positions entre la France et l'Allemagne n'y a-t-il pas un risque de quitter le couple Français-Allemand et une tentation de rapprochement entre l'Allemagne et l'Angleterre ?"

Après quelques minutes de silence l'un des politologues asséna une réponse sans réplique : la question n'avait pas de sens vu que dans l'état actuel de la construction européenne l'accord franco-allemand était une absolue nécessité. Quelles que soient leurs différences les dirigeants des deux pays étaient obligés de trouver un accord.  Etonnamment aucun invité n'a réagi à cette déclaration d'importance.

Si cette analyse est exacte une question vient immédiatement à l'esprit : "Dans ces conditions pourquoi François Hollande s'est-il couché devant les exigences d'Angela Merkel au sujet du dernier traité européen ?

Après avoir "roulé les mécaniques" pendant toute sa campagne électorale en déclarant qu'il était hors de question de signer ce traité en l'état, pourquoi a-t-il paraphé sans la moindre modification, au mot et à la virgule près, le texte concocté par Merkel et Sarkozy ? N'y avait-il pas, dès le départ une acceptation sans combattre de ce texte qu'il n'a pas osé présenter au peuple français ?

N''est il pas temps d'instaurer une VIème République où la souveraineté du peuple sera enfin respectée et où "démocratie" ne rimera plus avec tromperie et délégation de pouvoir ?

POSER LA QUESTION C'EST APPORTER LA REPONSE

Alain DAVID
le 3.10.2013

 
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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 18:59

PAUL ARIES sera à MORLAIX pour une conférence au Roudour de Saint Martin des Champs le Jeudi 17 octobre à 20h30 (réservation utile, entrée 5€) dans le cadre du Forum de l'Economie Responsable (FER) organisé par ATTAC, l'ADESS, le CPIE du Pays de Morlaix, le RESAM. Le thème de sa conférence d'ouverture du FER sera:

 

QUELLES ALTERNATIVES ECONOMIQUES? ECOLOGIQUES et SOCIALES?

 

 

JONATHAN BOUCHET-PETERSEN

Libération du 27 SEPTEMBRE 2013

Paul Ariès : «  Il faut un pacte social plus protecteur et émancipateur »

À l’approche des municipales, l’écrivain et politologue Paul Ariès, objecteur de croissance revendiqué, appelle les gauches à réhabiliter la gratuité dans les services publics. Pour un «bien vivre» à la française.Remettre la gratuité au cœur de notre pacte social. Et d’abord à l’échelle municipale. Que cette gratuité concerne les transports publics, les services funéraires, l’eau vitale ou le stationnement urbain. Et qu’elle s’adresse à tous… Politologue et écrivain, Paul Ariès appelle les gauches à s’engager dans ce processus de réappropriation. Directeur du mensuel les Z’indigné(e)s, cet objecteur de croissance revendiqué organise le 26 octobre à Grigny (Rhône) le 3e Forum national de la désobéissance citoyenne sur le thème «Soixante-dix ans après le programme du Conseil national de la Résistance, quels nouveaux jours heureux ?» Il a publié l’an passé le Socialisme gourmand, le bien-vivre, un nouveau projet politique (La Découverte).

 

Sous Nicolas Sarkozy, vous pointiez une société de la peur. Est-elle en recul avec le retour de la gauche au pouvoir ?

Cette société de la peur est beaucoup plus qu’une affaire de personne. On a peur aujourd’hui à l’échelle mondiale : pour soi, pour ses enfants, pour ses petits-enfants. On a peur du chômage, du terrorisme, de la malbouffe, de la fin du pétrole, des étrangers, etc. Toutes ces peurs ne s’équivalent pas, mais elles se conjuguent pour nourrir les pires dérives. Le pouvoir a tout à gagner à la peur car il en fait un mode de gouvernement. Le patronat a tout à gagner à la peur car elle suscite la résignation et la régression. Au bout de la peur, il n’y a jamais la révolte, mais la soumission à l’ordre, il y a la haine des autres, le retour des extrêmes droites.

La peur ne recule pas avec les solfériniens au pouvoir. «Hollandréou» ne fait rien pour sécuriser économiquement et socialement les citoyens. Il refuse toute idée d’un revenu même sans emploi et de partager le travail pour travailler tous. Cette fausse gauche est impuissante car elle est une deuxième droite. Elle ne comprend pas qu’il faut en finir avec toute idée de sacrifice. L’Eglise promet le paradis céleste, on a connu l’Inquisition, l’intégrisme, le fondamentalisme. Le stalinisme promettait le paradis terrestre pour après-demain matin, et on a eu le goulag. L’esprit de sacrifice suppose toujours un appareil pour gérer ce sacrifice. Il est temps que les gauches passent des passions tristes aux passions joyeuses et qu’elles rejettent toute idée de sacrifice, de générations sacrifiées. Ce n’est pas en culpabilisant les gens qu’on changera le monde, c’est en leur donnant envie. Pour reprendre la main politiquement, il faut d’abord reprendre espoir.

 

Vous êtes un grand prosélyte de la gratuité, une notion que vous souhaitez voir réhabilitée…

La gratuité est à la fois une réponse à la peur et le fondement d’un nouveau pacte social. On me dit que la gratuité n’existe pas, que l’école gratuite est payée par l’impôt. Je parle bien sûr d’une gratuité construite, économiquement, culturellement, politiquement. J’aime ces maires qui interpellent la population et disent : compte tenu des moyens limités qui sont les nôtres, préférez-vous conserver la gratuité du stationnement pour les voitures ou celle de l’eau, des transports en commun, de la restauration scolaire, des services funéraires, etc. Je suis horrifié d’entendre une partie des gauches dire qu’elles veulent bien de la gratuité, mais pour les naufragés du système, pour les chômeurs. Il y a en fait deux conceptions totalement opposées de la gratuité. Il y a une gratuité d’accompagnement du système, celle pour les pauvres, mais elle ne va jamais sans condescendance : êtes-vous un pauvre méritant ? Elle ne va jamais non plus sans flicage : êtes-vous un vrai demandeur d’emploi ou un salaud de fainéant ? Il y a aussi une gratuité d’émancipation : ce qui est beau avec l’école publique, c’est qu’on ne demande pas au gamin s’il est gosse de riches ou de pauvres, il est admis en tant qu’enfant. Pourquoi ce qui est vrai pour l’éducation ne serait-il pas possible pour les quatre autres grands piliers qui permettent de vivre : la santé, le logement, l’alimentation, l’énergie ?

 

Quel bilan tirer des premières réappropriations locales de services publics ?

Depuis l’organisation du premier Forum national de la gratuité, en 2009, les choses ont beaucoup progressé. Ce débat a aujourd’hui droit de cité dans toutes les familles de pensée des gauches et de l’écologie. Certaines villes de droite y sont même venues par réalisme social et économique. Je peux vous assurer que les villes qui lancent ce débat remplissent les salles. C’est une façon de faire de la politique autrement, en partant de l’ordinaire, du quotidien des gens. C’est une façon de rendre le sentiment de compétence à ceux qui en ont été privés. La gratuité, ce n’est pas davantage d’irresponsabilité : depuis qu’en 2009, la ville d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) a rendu ses transports publics gratuits, jamais les bus n’ont été si pleins et si calmes.Dans la perspective des municipales de 2014, la résistance doit s’organiser : la nouvelle loi de métropolisation est une machine de guerre contre toutes ces expérimentations locales. On sait déjà que la métropole marseillaise s’en prendra à la gratuité des transports à Aubagne. Mais si on supprime la gratuité, on va revoir voler les pavés contre les bus !

 

Une analogie entre la gratuité et le vol est souvent faite quand on parle de l’accès aux biens culturels numériques…

C’est bien la preuve que la gratuité, ce n’est pas ringard, c’est une expérience commune à tous les jeunes du monde, ce sont les systèmes d’échange, ce sont les logiciels libres. La gauche n’est pas à la hauteur de l’histoire en continuant à criminaliser la gratuité sur Internet et à délictualiser toute une génération. La gratuité ne s’oppose d’ailleurs pas à la propriété, mais à son caractère lucratif. La gratuité, c’est ce qui permet de commencer à déséconomiser nos existences, c’est la possibilité d’inventer des transitions en dehors du capitalisme et du productivisme.

 

Comment concilier croissance faible et hausse du plaisir de vivre ?

L’objection de croissance est un constat - ce monde-là est fini - et un appel pour inventer des solutions en dehors de la croissance économique. Nous nous sentons impuissants car le système nous a rendus aveugles. Mettons-nous à l’écoute des pauvres - pas seulement ceux du Sud, mais ceux qui vivent cachés chez nous - et nous redécouvrirons d’autres façons de vivre. Nous acceptons comme allant de soi la définition que les riches donnent des pauvres. Nous définissons toujours les milieux populaires en termes de manque : manque de pouvoir d’achat, d’éducation, de participation politique, de capital social, etc. Tout cela n’est qu’en partie vrai. Il existe aussi une positivité potentielle des milieux populaires, d’autres façons de vivre, de consommer, de concevoir le temps et l’espace. Un pauvre n’est pas un riche à qui il ne manquerait que l’argent. Un pauvre a une autre richesse, d’autres rapports à soi, aux autres. Pour redécouvrir cette altérité, nous devons en finir avec le mensonge sur la société de consommation. Non, elle n’est pas d’abord une société où l’on consomme plus que dans une autre, c’est d’abord la casse des cultures rurales, des cultures populaires. Je fais le pari que ces cultures n’ont pas disparu, mais ont été rendues invisibles. Je fais le pari qu’existent encore des façons de vivre précapitalistes ou postcapitalistes. C’est pourquoi la décroissance, ce n’est pas l’austérité - cette conception est celle des gosses de riches. C’est pourquoi la pauvreté, ce n’est pas la misère.

 

Le manque de considération de la société à l’égard des pauvres, ça vous énerve !

J’en ai assez d’entendre dire que les pauvres abusent alors qu’on sait que le montant des fraudes est largement inférieur à celui des droits non utilisés en matière d’aides sociales. C’est un scandale politico-juridique, car cela signifie que ce système n’est plus capable de faire appliquer les droits, donc les normes qu’il s’est données au lendemain de la Libération. C’est aussi un scandale social et écologique, car ce sont des millions de pauvres qui sont obligés de vivre mal, de consommer de la malbouffe, de mal se soigner. J’en ai assez aussi d’entendre dire qu’il faudrait être assez riche pour commencer à se préoccuper d’écologie. L’écologie des pauvres existe dans le monde entier. Je pense au «buen vivir» sud-américain, au «plus vivre» de la philosophie négro-africaine de l’existence, à l’écologie sociale en Inde. On se préoccupe plus d’écologie à Emmaüs qu’au Medef. Notre pacte social arrive à bout de souffle, alors que jamais la France n’a été aussi riche. Nous devons donc reconstruire un nouveau pacte, comme on en fait tous les demi-siècles. Il doit être plus protecteur et plus émancipateur.

 

L’écologie est-elle soluble dans le capitalisme ?

On ne peut avoir de système capitaliste sans croissance et sans profit. Ce n’est donc pas par méchanceté que les capitalistes bousillent la planète, c’est simplement parce qu’ils ne peuvent s’arrêter un seul instant de pédaler, c’est-à-dire de produire toujours plus, sinon le système se casse la figure. Rien n’est pire qu’une société capitaliste sans croissance, car c’est la misère ! C’est le devenir grec de l’Europe si une vraie gauche objectrice de croissance ne se développe pas ! L’écologie n’est donc pas soluble dans le capitalisme, mais dire cela ne suffit pas, car j’ai bien peur qu’après le capitalisme nous ayons un hypercapitalisme. Les gauches ne prennent pas assez au sérieux ce qu’on nomme le capitalisme vert, qui n’a rien d’écologique. On aimerait croire que ce n’est que du greenwashingalors qu’il s’agit de la volonté d’adapter la planète et l’humanité elle-même aux besoins du productivisme. Il n’y aura pas d’effondrement spontané du capitalisme à l’échelle de nos vies.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 10:38
Georges Ibrahim Abdallah doit être libéré
http://www.france-palestine.org/Georges-Ibrahim-Abdallah-doit-etre


Georges Ibrahim Abdallah entamera le 24 octobre sa 30ème année dans les prisons fran­çaises. Empri­sonné depuis 1984, il a été condamné à la réclusion à per­pé­tuité en 1987, à la suite d’une mani­pu­lation des ser­vices français l’impliquant pour son enga­gement au sein des Forces Armées Révo­lu­tion­naires Liba­naises dans des faits pos­té­rieurs à sa détention.

Ayant effectué la totalité de sa peine de sûreté, il est libérable depuis 1999.

Après plu­sieurs rejets de ses demandes de libé­ration, il a obtenu le 21 novembre 2012 un avis favo­rable à sa demande de libé­ration, assorti d’une inter­diction de séjour sur le ter­ri­toire français. Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, malgré la demande du Premier ministre libanais, s’est refusé à signer l’arrêté d’expulsion, empê­chant déli­bé­rément sa libération.

Les auto­rités fran­çaises se sont ainsi une nou­velle fois sou­mises aux injonc­tions américano-​​israéliennes.

L’AFPS dénonce l’acharnement dont Georges Ibrahim Abdallah est victime.

Elle appelle au ras­sem­blement de soutien qui se tiendra à Lan­ne­mezan le 26 octobre pro­chain. (voir http://www.france-palestine.org/Rassemblement-pour-la-liberation,22272)

Georges Ibrahim Abdallah ne peut être indé­fi­niment maintenu en prison. Il doit être libéré sans délai ni conditions !
logo AFPS


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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 07:46

Manuel, souviens-t-en...

Manuel, souviens-t-en...

"Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.» Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de Manouche.

 

La tribune:

Manuel, tu as déclaré hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.

Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc «vocation», selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.

Tu avais «vocation» à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père.

Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en
 Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort, Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.

La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient «vocation» à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces «étrangers, et nos frères pourtant»…

Manuel, «on» a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour
devenir ou être membre de l’Union européenne: 
le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.

Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien «aggravée». Et ils ont «vocation» à rester dans leurs pays ou à y revenir? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas? Fuir son pays, tu ne comprends pas? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a «vocation» à rester ou revenir dans son pays? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot «race» va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.

La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.»

Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour «ça»?

Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus «ces étrangers, et nos frères pourtant».

Jean-Claude Lefort
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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 19:39

Déclaration du Parti Communiste, dimanche 29 septembre:  

Ce dimanche, les magasins Castorama et Leroy Merlin ont ouvert leurs portes en Ile-de-France malgré l'interdiction de travail dominical imposée par le tribunal de commerce. Ce délit est une violation inacceptable du droit du travail et du commerce. C’est un véritable chantage à l’emploi que mènent ces deux enseignes dont le propriétaire de Leroy Merlin, le groupe Mulliez, est notoirement connu pour déployer des trésors d’imagination quand il s’agit d'échapper à l’impôt français.

L’interdiction du travail du dimanche a été et reste une conquête sociale majeure. Son autorisation nous ramènerait au 19eme siècle. Ce n'est pas en revenant sur cette avancée sociale, que l'on pourra faire face à la crise économique actuelle, conséquence des politiques d'austérité, de précarisation des emplois et de baisse des salaires.

Ce n'est pas par la dérégulation du temps de travail (remise en cause de la durée légale comme des limites imposées à la durée quotidienne par le travail au forfait) que l'on pourra faire face à l'avènement nécessaire d'un développement humain, durable, centré sur les connaissances et compétences des salariés, l'accès de tous à la culture, la démocratie et le progrès social.

 

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 18:50

Adresse du congrès de la LDH au président de la République et à la majorité parlementaire

 

Adresse au président de la République et à la majorité parlementaire, adoptée par le congrès de la LDH, à Niort, le 20 mai 2013, pour leur rappeler leurs responsabilités de répondre aux besoins de l’élargissement de la démocratie, et pour la satisfaction des besoins sociaux.

 

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs de la majorité parlementaire

 

Monsieur le président de la République, Vous avez incarné l’espoir d’un « changement maintenant » et, à ce jour, il a été déçu.

Vous avez désigné la finance comme votre adversaire, et elle règne toujours.

Vous avez prôné l’emploi et la justice sociale, mais le chômage augmente et le niveau de vie des moins favorisés diminue.

Le gouvernement de votre Premier ministre a su tenir bon face aux manifestations de l’extrême droite alliée à la droite parlementaire, et il a réussi à faire adopter la loi sur le mariage pour tous.

Nous aurions souhaité la même détermination pour les autres réformes. Il a certes beaucoup écouté la société civile mais sans l’avoir, semble-t-il, entendue.

Les grands débats nécessaires à la réussite du changement – sur la politique migratoire et les demandeurs d’asile, la politique de sécurité, les réformes démocratiques, l’avenir de la jeunesse – ont été, jusqu’à ce jour, évacués. Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Vous vous êtes présentés pour tourner la page des politiques inégalitaires, injustes et sécuritaires ; les stigmates de l’ancienne législature perdurent. Vous avez voulu incarner l’alternative ; elle peine à se mettre en place. Vous avez souhaité une pratique parlementaire indépendante et exigeante ; votre voix, trop souvent, est étouffée. Vous avez l’honneur d’élaborer et de voter les lois. Cette charge vous engage. Nous en appelons à votre responsabilité de représentants du Peuple souverain.

L’opposition, la frilosité et l’esprit de renoncement seront toujours mobilisés pour faire échec aux réformes de justice et de progrès. Il vous incombe de faire en sorte que l’espoir et les changements se concrétisent. Nous en appelons à cette relation démocratique forte, et à votre courage.

Il est vain de vouloir apprivoiser ou contourner les maux qui découlent des politiques néolibérales ou des réflexes sécuritaires. Assumez les propositions de progrès pour les droits et les libertés du programme sur lequel vous avez été élus ; vous ne lui serez fidèles qu’en défendant des mesures de justice, de lutte contre les inégalités, et de restauration des droits des citoyens bafoués par la législation rétrograde des derniers quinquennats.

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Vous avez l’honneur et la charge de disputer notre pays aux crises financière, économique et morale qui alimentent chômage, xénophobies et défiance du politique.

Nous avons besoin pour cela de justice et de pragmatisme, d’éthique et de démocratie, de décisions et de détermination. 

Le changement et la justice ne sont pas des concessions accordées par les forces politiques et économiques qui s’y opposent. La justice, la démocratie et le progrès social ont toujours dû être conquis de haute lutte.

Cette vérité est plus que jamais d’actualité. Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Nous, militants de la Ligue des droits de l’Homme réunis en congrès, vous demandons instamment de manifester l’éthique politique, le courage civique et la responsabilité nécessaires pour combattre la crise et promouvoir les valeurs proclamées de la République que sont l’égalité, la liberté et la fraternité.

Nous, militants de la Ligue des droits de l’Homme, répondons toujours présents à l’appel de ces valeurs, et nous nous engageons pour les réformes qu’elles appellent.

Nous continuerons à le faire : - jusqu’à ce que le droit de vote et d’éligibilité de tous les résidents étrangers s’impose car il répond à un impérieux besoin d’élargissement de la démocratie ; - jusqu’à ce que les rapports entre la police et la population, et particulièrement la jeunesse, soient profondément réformés, car cela répond à un profond besoin de sécurité et de sérénité ; - jusqu’à ce que la politique pénale soit rééquilibrée, afin que le tout-carcéral laisse la place à une justice digne et réellement efficace, - jusqu’à ce que les étrangers soient traités dans le respect des droits de l’Homme et des conventions internationales, qu’il s’agisse de nos concitoyens européens que sont les Roms ou de ceux qui vivent parmi nous ou y recherchent un droit effectif à la protection ; - jusqu’à ce que les politiques économiques poursuivent le progrès social plutôt que l’enrichissement inégal.

Monsieur le président de la République, Mesdames, Messieurs les parlementaires, Vous avez, là où vous êtes, là où le peuple vous a placés, d’immenses responsabilités. Il vous revient de ne pas les décevoir, et il nous revient de vous le rappeler.

Croyez en notre détermination, à la hauteur de ce que mérite l’avenir de la République.

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 05:30
Jean-Luc Mélenchon, les municipales et l’avenir du Front de gauche
Entretien, par Catherine Tricot21 septembre 2013
 
La question des alliances PC – PS au premier tour des élections municipales enflamme le Front de Gauche. Alors que le feu couvait depuis plusieurs mois et à quelques jours du vote des militants communistes Jean-Luc Mélenchon fait monter la pression et en fait une question décisive pour l’avenir du Front de Gauche. Sur son blog, il écrit : « Il y aura une liste autonome de l’autre gauche à Paris comme partout ailleurs, au premier tour. A Paris, Danielle Simonnet en a lancé la campagne la semaine passée ! Que devient alors le « Front de Gauche » si une partie de l’une de ses composantes préfère l’alliance avec les socialistes ? C’est la question que nous sommes en train d’étudier. Dans les faits, un Front d’un type nouveau sera présent : certains communistes l’auront quitté, pas tous, loin de là, d’autres composantes l’auront rejoint peut-être. Mais plus rien ne sera comme avant. »Nous l’avons rencontré pour une explication de texte.
 
Regards.fr. Vous semblez anticiper une décision des communistes parisiens en faveur de l’alliance avec les socialistes au premier tour. Pourquoi le pensez-vous ? 
Jean-Luc Mélenchon. Parce que les négociations entre communistes et socialistes sont très avancées ! Nos partenaires du Front de gauche ne nous informent de rien mais on apprend incidemment, au détour d’un article dans l’Humanité, à propos de Dieppe que des négociations sont en cours entre les deux partis à Paris. Fin août, quand le journaliste de Libération interroge Pierre Laurent sur les prétentions du Front de gauche à obtenir 15 élus parisiens il confirme que la nouvelle représentativité du Front de gauche doit être prise en compte par les socialistes. Pourtant il n’a pas de mandat du Front de gauche pour cette négociation. Serions-nous le deuxième choix du PCF en cas d’échec des négociations avec les socialistes ? Ce n’est pas acceptable.
Mais le vote des militants communistes n’interviendra qu’en octobre…
Je leur lance une alerte solennelle : ce vote n’a pas seulement une dimension locale. La question est de savoir si le Front de Gauche s’assume comme une alternative. Pour nous les discussions à Paris avec la fédé du PCF sont suspendues tant que les militants ne se seront pas prononcés. Nous avons commencé la campagne.
Ne dramatisez-vous pas ?
Je refuse de masquer le danger ! Nous tirerons les conséquences d’un accord avec les socialistes à Paris, à Évry – la ville de Manuel Valls, à Nantes - celle de Jean-Marc Ayrault, à Lyon, à Toulouse… Car alors il y aurait un sérieux problème de cohérence et de visibilité pour le Front de Gauche. On ne peut pas manifester le samedi contre la politique du gouvernement et voter le dimanche pour un de ses ministres. Cette confusion rend le Front de Gauche inaudible, alors même que le débat se polarise dans les médias autour du Front National.
Vous savez bien que Toulouse, Nantes, Lyon sont des fédérations autrefois « huistes » (en accord avec Robert Hue) hors de contrôle de l’actuelle direction du Parti communiste…
Ce débat n’est pas le mien. Je dis seulement que c’est la clarté politique qui unifie et non les compromis entre fractions. La cohérence est une responsabilité politique qu’il faut assumer. Il serait étrange d’avoir un parti avec deux systèmes d’alliance alors même que la majorité des communistes sera sans nul doute favorable à des listes autonomes. Tous les communistes de France, toutes les listes du front de gauche seront décrédibilisés par le retour de quelques uns au bercail de la gauche plurielle ! Et cela alors que sept des neuf organisations qui composent le Front de Gauche sont déjà en faveur de l’autonomie. Quelle est la position du PCF ? Bref : je considère que ce serait une faute politique de s’allier avec le PS. Pierre Laurent milite pour … et moi contre. Les militants vont trancher. Puis les électeurs.
Le Front de Gauche est un Front et non un parti unique. N’est-il pas normal qu’il y ait des différences entre ses composantes ?
L’autonomie par rapport au Parti Socialiste est dans notre accord initial. La question des Fronts à géométrie variable a été tranchée. Le PCF était d’abord pour. Nous, nous voulions un parti unique. Cela n’a été ni l’un ni l’autre, mais une alliance durable dont la colonne vertébrale est l’autonomie. Surtout dans une élection à deux tours. Disparaitre du premier tour c’est diminuer la gauche. Peut-on imaginer que nous fermions la boutique Front de Gauche jusqu’en avril pour la rouvrir au moment des européennes en mai. Faudra-t-il la refermer de nouveau en 2015 lors des élections pour les conseillers territoriaux ?
Faut-il alors prendre le risque de faire exploser le Front de gauche ?
Je ne crois pas que le Front de Gauche va se fracasser. Mais de fait il y a un risque d’explosion de son message et de sa crédibilité. Il y a deux écueils mortels pour le Front de Gauche : l’absence de base sociale ou l’absence de stratégie. Je ne veux ni de l’un ni de l’autre. Je veux élargir la base du Front en tranchant le débat stratégique.
La question essentielle est celle de dépasser le leadership socialiste. Nous sommes tous d’accord pour travailler à un élargissement politique du Front de Gauche. Mais il y a deux voies. Pour nous, les élections municipales sont l’occasion d’élargir les alliances politiques vers tous les opposants à l’austérité. Faire alliance avec le Parti Socialiste conduit à se détourner des militants du mouvement social, des socialistes qui n’acceptent pas la politique du gouvernement, des écologistes critiques. Nous, nous voulons construire les conditions d’une nouvelle majorité et cela passe par leur tendre la main sans leur demander de dire la même chose que nous. Juste de rompre avec l’austérité. Si nous ne faisons pas ces listes autonomes, nous leur coupons la route de la sortie du dispositif socialiste. C’est parce que nous serons autonomes que nous pourrons faire coaguler les forces d’alternatives.
Je ne propose pas l’épopée folle des derniers résistants. Je refuse la bunkerisation dans la vieille alliance de gauche plurielle. Je propose une stratégie de conquête et d’élargissement. On m’objecte parfois le risque de perdre. C’est inhérent aux élections. Je veux aussi prendre le risque de gagner.
Lire aussi l’article de Roger Martelli, Municipales et Front de gauche : la voie de l’entente sur le site de Politis
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