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Par OLIVIER DARTIGOLLES dirigeant national du PCF, élu de la majorité au conseil municipal de Pau., GÉRARD FILOCHE Membre du bureau national du PS, WILLY PELLETIER Coordinateur général de la Fondation Copernic, SANDRA DEMARCQ comité exécutif du NPA
Quelles sont les conquêtes de la gauche ? Les congés payés, l’extension de la Sécurité sociale, la retraite à 60 ans, des droits dans l’entreprise, la peine de mort abolie, le souci des générations futures, plus d’égalité entre hommes et femmes, le mariage pour tous, la réduction du temps de travail, des augmentations du Smic et du pouvoir d’achat, un Etat qui refuse la logique des marchés étendue à la société et au vivant, qui développe les services publics et considère la protection de la planète comme une priorité…Un inventaire à la Prévert ? Non, un projet de société où l’intérêt général prime sur l’enrichissement de quelques-uns. La retraite, c’est d’abord du bonheur, un bonheur gagné, du temps libéré parce qu’on l’a bien mérité, comme les congés payés. Du temps pour celles et ceux qu’on aime, nos enfants, nos parents. Le moment de réaliser des projets mille fois reportés. Une vie pour soi et pour s’engager. Sans jeunes retraité(e)s, plus de tissu associatif en France.
Il faut financer les retraites, certes. Mais l’argent déborde ! Pour le CAC 40, c’est l’apothéose du coffre-fort. La part salariale, perdue depuis trente ans au profit des dividendes, s’élève à 170 milliards d’euros par an ; en 2012, 230 milliards ont été distribués ! Les avoirs français dans les paradis fiscaux sont de 590 milliards. La fraude fiscale est de 60 à 80 milliards… La France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal distribuées.
Il suffit d’un peu de courage politique pour aller chercher le financement des retraites là où il se trouve : en récupérant une part des 80 milliards de fraude fiscale, en mettant à plat les 200 milliards d’aides annuelles aux entreprises, en augmentant les cotisations patronales et, osons le dire, car nous sommes de gauche, en taxant les dividendes qui enflent avec obscénité, alors que le nombre de sans-domicile a augmenté de 50 % depuis dix ans.
Allonger les annuités cotisées au travail est un leurre, car, en réalité, les deux tiers des salarié(e)s âgé(e)s sont excl(es de l’emploi quand ils arrivent en retraite. A partir de 55 ans, les deux tiers sont licencié(e)s, inaptes, malades, au chômage. Par conséquent, fixer à 42, 43 ou 44 annuités, les cotisations pour une retraite à taux plein, impose aux salariés de sauter à la perche sans perche, parce qu’ils n’atteindront jamais ces annuités. Surtout les jeunes qui entrent en CDI de plus en plus tard. Le seul effet sera de réduire leurs pensions (surtout pour les femmes).
Quand on compte 5 millions de chômeurs, on ne doit pas chercher à allonger la durée de cotisation, mais à partager le travail pour permettre à toutes et tous de travailler. D’ailleurs, s’il n’y avait pas 5 millions de chômeurs, mais 5 millions de cotisants en plus, personne ne parlerait de problèmes concernant les retraites.
Ce qui est en jeu est tout autre : la baisse des pensions va contraindre celles et ceux qui le peuvent, mais dont le nombre diminue, à une retraite par capitalisation, pour le plus grand bénéfice des assurances et des banques, qui joueront ensuite sur les marchés financiers.
Est-ce le monde que nous voulons ? Est-ce fidèle aux idéaux de la gauche ? La retraite à 60 ans a permis de vivre plus longtemps : les égoutiers ne disent-ils pas crûment : «départs retardés, morts prématurées». Or nous savons que la souffrance au travail s’est intensifiée dans tous les métiers… En France, depuis 2008, l’espérance de vie sans incapacité recule tous les ans. Au travail, les années les plus dures se situent entre 60 et 65 ans, alors que ce sont les meilleures de la retraite.
Plutôt que de baisser les salaires et les retraites (pas de pension inférieure au Smic, pas un trimestre de plus ni un euro de moins), augmentons le montant des pensions et les salaires, facteurs de relance écologique et sociale. Arrêtons d’accroître l’austérité, donc la récession, donc l’augmentation des déficits et de la dette. On a vraiment tout faux.
Quand la retraite était à 65 ans et les cotisations plus longues, les retraités ouvriers, agriculteurs, employés, artisans, se retrouvaient plus souvent autour des tombes de leurs anciens collègues qu’à une bonne table, en leur compagnie. Leurs témoignages sont là pour le dire.
Mais combien de nos décideurs «modernes» fréquentent-ils ces ouvriers et ces employés ? Au fil des alternances, ils les ont oubliés, au nom des fameux critères de rentabilité si chers au secteur privé concurrentiel. La gauche s’honorerait de rompre avec ces logiques financières.
Alors que les salaires sont gelés, que la pauvreté et le chômage progressent de manière spectaculaire, que les inégalités augmentent, le gouvernement provoque ou tolère de nouvelles augmentations du coût des biens de consommation et des énergies, alors que beaucoup de familles et de citoyens français sont déjà étranglés.
C'est inacceptable!
Le prix du gaz augmente de 0,5% pour les ménages, celui de l'électricité de 5% au mois d'août (l'Etat, encore propriétaire d'EDF à 84%, a reçu 2 milliards de dividendes en 2013, qu'il n'a pas répercuté par une baisse du tarif pour les usagers), le prélèvement de l'Etat sur les carburants et sur les cigarettes progresse lui aussi, frappant indistinctement riches et pauvres, et proportionnellement bien plus les moins riches.
La TVA sur beaucoup de marchandises et de services a été augmentée, alors que c'est l'impôt le plus injuste.
Sur les services à la personne, la TVA est passée de 7% à 19,6%: du coup, un certain nombre de personnes en perte d'autonomie, pas toujours très riches, vont devoir se passer d'aide aux travaux qui leur permettait de rester à domicile, et beaucoup d'emplois de services aux particuliers vont être supprimés.
Parallèlement, les entreprises sont exonérées d'impôt à hauteur de 20 milliards par an, les exonérations de cotisations patronales, la fraude et l'évasion fiscale massive et tolérée, en particulier celle des multinationales, continuent de plus belle.
De l'argent, il y en a jamais eu autant dans la société pour faire face aux besoins de tous et trouver des réponses solidaires et égalitaires aux problèmes quotidiens des gens: mais il est confisqué par une minorité de profiteurs dont les intérêts sont bien gardés. Au lieu de réduire leurs privilèges, l'Etat, sous direction la direction d'un PS qui ne peut plus se faire le gestionnaire loyal du capitalisme qu'en aggravant la situation de la population, matraque ou met à la diète les classes les moins favorisées.
Il est temps que ça change! Cela ne peut se faire que par la mobilisation citoyenne pour faire reculer la domination de classe de la bourgeoisie et du capitalisme!
Par 300 voix contre 228, l'Assemblée nationale a adopté le 9 juillet 2013 en première lecture le projet de loi qui interdit de cumuler un mandat de parlementaire avec un mandat exécutif local (maiore ou adjoint, président ou vice-président d'une inter-communalité, d'un syndicat mixte, d'un conseil départemental ou régional... 305 voix se sont prononcés contre le cumul avec un mandat de parlementaire européen.
Les voix des députés communistes et Front de Gauche et celles des députés EELV ont été nécessaires à l'adoption du texte que rejetaient les radicaux de gauche (très radicaux ces notables sans base politique réelle, comme on peut le voir...), l'UMP, les centristes, l'extrême-droite. Des députés Front de Gauche et EELV avaient aussi porté un amendement pour empêcher le cumul des mandats dans le temps (au-delà de 3 mandats), mais il avait été rejeté par les députés socialistes.
Ce texte pourrait nénmoins être rejeté au Sénat en septembre car une partie des socialistes s'opposent à cette loi.
De toute façon, pour faire respirer la démocratie, comme l'exprime Marc Dolez dans son intervention cette loi n'est qu'un premier pas, encore nettement insuffisant: statut de l'élu permettant plus d'hétérogénité sociale et de renouvellement des représentants du peuple, proportionnelle, fin de la monarchie présidentielle, développement de la participation citoyenne à tous les étages de la vie publique, contre le règne des "sachants" et des "politiciens professionnels", mise au pas des lobbies de la finance à l'échelle régionale, nationale et européenne, voilà des chantiers de démocratisation qui restent encore à ouvrir...
Explications du vote par Marc Dolez:
M. le président. Dans les explications de vote communes, la parole est à M. Marc Dolez, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. Marc Dolez. Aujourd’hui, le cumul d’un mandat parlementaire avec des responsabilités exécutives locales est une pratique courante. Le non-cumul est l’exception et le cumul la règle. Près de 90 % des parlementaires français exercent un mandat local, alors que la proportion n’excède pas 20 % dans les autres démocraties européennes.
Cette exception française suscite les critiques et la méfiance de nos concitoyens qui, toutes les études le démontrent, portent un jugement particulièrement sévère sur leurs responsables politiques.
Il est temps de prendre des mesures fortes pour retisser le lien de confiance entre les citoyens et leurs élus, pour réconcilier les Français avec leurs représentants et leur démocratie. C’est pourquoi, favorables à une stricte limitation des mandats, nous approuvons l’interdiction du cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de parlementaire.
Par ces deux projets de loi, le champ des incompatibilités est considérablement élargi, puisque les fonctions exécutives locales prises en considération recouvrent non seulement celles qui reviennent aux présidents des assemblées délibérantes des collectivités territoriales – quelle que soit leur importance démographique – mais aussi celles d’adjoint au maire, de maire d’arrondissement, de maire délégué, de vice-président de conseil général ou régional, ainsi que les fonctions de président et de vice-président d’un établissement public de coopération intercommunale, sans oublier de nombreuses fonctions dérivées que nos débats ont permis d’intégrer.
La date retenue pour l’entrée en vigueur de la loi nous apparaît à la fois justifiée par le risque d’inconstitutionnalité et plus lisible, puisque effective à partir du prochain renouvellement.
Ce dispositif, équilibré dans son périmètre comme dans son calendrier, lève un obstacle à la rénovation de la vie publique. Le non cumul est d’abord une question de principe ; il permet aux parlementaires de se consacrer à l’exercice de leur fonction et de se saisir pleinement des pouvoirs qui leur sont conférés par la Constitution. Il représente aussi une exigence démocratique ; il permet de revaloriser le rôle du Parlement et de mieux articuler le niveau national avec les échelons locaux.
Enfin, une limitation stricte du cumul des mandats favorisera l’indispensable renouvellement en ouvrant l’accès aux fonctions électives à davantage de femmes, de jeunes, d’ouvriers et d’employés, de Français issus de l’immigration.
Concernant la modification des règles de remplacement des parlementaires, nous approuvons l’extension des cas de remplacement par le suppléant aux seules situations de cumul, ce qui nous paraît plus conforme au respect de la souveraineté populaire.
La réforme proposée constitue une avancée réelle sur le chemin de la modernisation et de la rénovation de notre vie politique. Une avancée nécessaire, mais insuffisante, puisqu’elle en appelle d’autres, nous l’espérons, dans le courant de la législature : non cumul des mandats locaux ; création d’un statut de l’élu ; instauration de la représentation proportionnelle.
Sous cette réserve, et pour toutes ces raisons, les députés du Front de gauche voteront majoritairement pour ces deux projets de loi.
(Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Il ne manquent pas de déclarations officielles prônant la nécessité de défendre nos potentiels productifs et l’emploi. Pour les actes; c’est autre chose.
En vérité, les décisions prises affaiblissent, voire préparent, la liquidation de l’un de nos atouts majeurs, tant au plan national qu’européen : l’agriculture et l’agroalimentaire. La nouvelle réforme de la PAC est de ce point de vue très négative.
Et aucune disposition durable n’est prise pour conforter nos petites entreprises du secteur agroalimentaire, jetées au vent de la concurrence et de la compétitivité sur des bases inégales, particulièrement avec l’Allemagne et les Etats-Unis. Cette « compétitivité » qui fait tant de mal, comme on l’a vu dans l’affaire dite Spanghero, où pour obtenir de la viande bon marché, on n’a pas hésité à frauder, avec des risques pour les consommateurs et désormais des suppressions d’emplois dans l’entreprise.
Or l’avenir réside bien dans la mise en place de filières de production jusqu’à la consommation à partir des territoires, en instaurant un soutien à la modernisation des PME avec des aides publiques ciblées et contrôlées, un crédit public d’autant plus favorable qu’il sert au maintien ou à la création d’emplois, à la formation des salariés et à l’innovation dans les entreprises, tout en favorisant le développement des territoires.
En même temps, l’état doit légiférer pour obtenir un nouveau rapport entre les centrales d’achat et les entreprises agroalimentaires ou les producteurs agricoles, afin que cesse le pillage actuel de leur valeur ajoutée. Rien n’est fait en ce sens alors que le contexte mondial appelle un développement nouveau de nos capacités agricoles et alimentaires.
Ainsi, alors que la demande mondiale de lait augmente chaque année de 20 milliards de litres supplémentaires les autorités européennes sabotent tout projet de développement. Au lieu de réfléchir à un plan coordonné de développement de la production laitière sur la base d’une agriculture paysanne riche en emploi, et de développer de nouvelles capacités de transformation, l’union européenne décide, dans le cadre de l’actuelle réforme de la politique agricole commune, sous pression de groupes comme Danone ou Lactalis de supprimer les quotas laitiers plaçant nos producteurs dans une concurrence acharnée avec les Etats-Unis. Pendant ce temps outre atlantique ils protègent leur marché.
Il en est de même pour les quotas sucriers qui doivent être supprimés en 2017. Nos producteurs n’auront donc plus de prix garantis. Cela, se paiera en destruction d’emplois supplémentaires.
Déjà, une sucrerie sur deux a fermé dans l’Union européenne depuis la précédente réforme. La fin des quotas provoquera une nouvelle hécatombe.
Là encore, on nous parle de « compétitivité », mais la « compétitivité », est bridée par le coût de l’énergie, qui ne cesse d’augmenter, ou encore le temps nécessaire à mettre au point des variétés de betteraves plus riches en sucre. Qui est derrière cette demande ? Les grands groupes américains Coca-Cola et Pepsi-Cola. Cet exemple montre bien au service de qui sont les dirigeants européens.
Ajoutons à ceci, une nouvelle fois, la dangerosité du projet d’accord transatlantique.
Les Etats Unis qui ont toujours eu pour projet de détenir « l’arme alimentaire », protégent leur agriculture avec leur loi « Farm.Bill » pendant que la PAC démantèle en Europe tous nos outils de protection des productions, des prix, de la qualité alimentaire et de la santé.
Pour faire accepter cette « négociation-soumission », le Président de la commission de Bruxelles le sinistre Mr Barroso utilise une étude taillée sur mesure par un institut baptisé « Center for Economic Policy Research » qui, en manipulant des données économiques, fait croire qu’un marché unique transatlantique serait bénéfique à l’Europe. La vérité est que ce marché transatlantique accentuera une mise en concurrence à armes inégales au seul profit du grand capital international.
Ceux qui commanditent de telles études sont les fossoyeurs de l’idée européenne et des démolisseurs de nos économies, du travail, de nos territoires et de la sécurité alimentaire.
Il ne faut pas cesser de faire pression pour mettre en échec ce projet maléfique.
Patrick Le Hyaric, posté sur son blog le 9 juillet 2013
La course de vitesse enclenchée entre le FN et l'UMP a encore fait une victime aujourd'hui : la démocratie. Selon Christian Estrosi qui était invité ce dimanche d’Europe1, l'islam n’est "pas compatible" avec la démocratie. Le député UMP des Alpes-Maritimes et maire de Nice ne s'est pas arrêté en si bon chemin : il a aussi appelé "les maires de France à la révolte" pour que soient expulsés les Roms, faisant l’amalgame avec les gens du voyage, qui occupent illégalement des terrains.
Ces propos racistes sont une ignominie de la part d'un responsable politique de la droite de premier plan. Les appels à la haine de Christian Estrosi méritent les tribunaux.
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, 7 juillet 2013.
Jean-Paul Gautier est historien, spécialiste de l’extrême-droite et des droites extrêmes. Il est notamment l’auteur de "La Restauration nationale. Un mouvement royaliste sous la 5ème République", préfacé par Nonna Mayer (2002 Syllepse), de "Les extrêmes-droites en France. De la traversée du désert à l’ascension du Front national (1945-2008) (2009 Sylllepse) et de "La galaxie Dieudonné. Pour en finir avec les impostures" (2011 Syllepse). En 2012, il est l’un des intervenants au colloque organisé par l’Institut CGT d’histoire sociale sur « Le FN, démasqué par l’histoire ».
Dans son dernier article, il revient sur le contexte politique dans lequel l’assassinat du jeune Clément Méric a pu avoir lieu. Il décrit avec la minutie du connaisseur la nature réelle de ces groupuscules d’extrême-droite dont sont issus ceux qui ont tué Clément. Jean-Paul Gautier expose clairement en quoi ces groupes certes très minoritaires restent un constant poison pour la démocratie.
LE FOND DE L’AIR EST BRUN
Ces derniers mois, les groupuscules fascistes sont en effervescence. La brèche ouverte par le discours national sécuritaire à la sauce Patrick Buisson développé pendant les deux campagnes électorales de Nicolas Sarkozy, la politique de dédiabolisation menée par Marine Le Pen et l’opération de nettoyage menée au sein du Front national pour ne pas mettre en péril cette stratégie, l’arrivée de la gauche au pouvoir ont amené une recrudescence de l’activité de groupuscules radicaux à la droite du Front national taxé de trahison.
Les manifestations contre « le Mariage pour tous » ont permis à ces groupes de surfer sur ces mobilisations et d’apparaître, souvent grâce aux médias, en visibilité et à pratiquer leur sport favori : la violence, d’autant plus que l’UMP par certaines de ses prises de position, soufflait sur les braises, espérant en tirer quelques futurs gains électoraux.
Ces groupes ont mené des actions spectaculaires pour occuper le devant de la scène médiatique espérant ramasser la mise. La carte de la respectabilité jouée par Marine Le Pen leur a ouvert un espace dans lequel ils se sont engouffrés. Ils se sont livrés à une surenchère verbale et ont redoublé d’activisme. Le but est d’occuper et de tenir la rue comme leur ancêtre Occident dans les années 60. L’agression et la mort de Clément Méric s’inscrivent donc dans un contexte particulier.
Des villes comme Lyon, Toulouse, Bordeaux sont aussi depuis quelques années le théâtre de ces agressions. La compétition est rude entre ces groupuscules. L’enjeu est de débaucher le plus possible des militants chez le concurrent. (parler d’ultra-violence est un pléonasme, car ils sont par essence ultra violents). « Interdits de séjour » dans le défilé frontiste du 1 mai, ils organisent leur propre cortège, chacun de son côté, lors de la manifestation en l’honneur de Jeanne d’Arc ( comme le 12 mai dernier).
Parmi cette nébuleuse, se détachent quatre principaux protagonistes : le Renouveau français, le Bloc identitaire et Génération identitaire, l’Oeuvre française et les Jeunesses nationalistes et enfin les Jeunesses nationalistes révolutionnaires et Troisième Voie.
Le Renouveau français « mouvement pour la renaissance nationale » a été créé en 2005 et a succédé à la Garde franque, qui s’était illustré au cours d’une attaque contre des sans papiers qui occupaient la basilique de Saint Denis. C’est un mouvement contre révolutionnaire, catholique traditionaliste dirigé par Thibaut de Chassey. Il défend l’instauration d’un État nationaliste social chrétien, basé sur « l’ordre social traditionnel et la civilisation classique ». Il publie une revue nationale et identitaire l’Héritage : « notre identité nationale c’est d’abord notre sang. Le métissage généralisé détruit la diversité ». Lors des manifestations contre le Mariage pour tous, le Renouveau français se retrouve aux côtés des catholiques intégristes de Civitas.
Le Bloc identitaire et sa structure jeune Génération identitaire est né en avril 2003 et est issu d’Unité radicale dissoute après la tentative d’assassinat de Jacques Chirac par Maxime Brunerie. Il est dirigé par Fabrice Robert et Philippe Vardon. Il contrôle une agence de presse sur internet : Novopress. Ces membres peuvent apparaître sous diverses appellations comme le Projet apache. Ils mènent des campagnes anti immigrés et islamophobes, parfois en compagnie de Riposte laïque. Ils ont ainsi participé aux « apéros saucisson ». Ils qualifient le mariage pour tous de « révolution anthropologique ». Ils se spécialisent dans les opérations coup de poing : intervention aux magasins du Printemps à Paris pour dénoncer le rachat de l’entreprise par le Qatar , occupation du siège national du PS et occupation du chantier de la mosquée de Poitiers. Cette dernière action a amené l’arrestation de quatre militants et la création d’un comité de soutien dans lequel figurent Robert Ménard, Jean-Yves Le Gallou et Pierre Sautarelle du site internet F de Souche. Le Bloc identitaire n’a pas rompu les contacts avec le Front national et envisage d’être présent sur certaines de ses listes aux prochaines élections municipales dans la région niçoise avec Philippe Vardon de Nissa Rebella (structure niçoise des Identitaires).
Troisième larron : l’Oeuvre Française et les Jeunesses Nationalistes adeptes de la croix celtique. Avec une répartition des rôles : Yvan Benedetti qui a succédé à Pierre Sidos à la tête de l’organisation adulte et Alexandre Gabriac pour les Jeunesses. Tous deux ont été exclus du Front National pour double appartenance et pour avoir activement soutenu Bruno Gollnisch lors du dernier congrès du FN. Ils siègent toujours au Conseil régional Rhône-Alpes. Ces deux groupes sont nationalistes, antisémites et se réclament de Pétain. Bénedetti appelle ainsi, en référence à Pétain, à « une seconde révolution nationale, car il en va de notre nation et de notre civilisation ». Gabriac et Benedetti sont des adeptes des « ACP » (Actions coups de poings). « Nous sommes passés en Blitzkrieg » , faisant leur la déclaration de José Antonio Primo de Rivera « La Révolution est l’œuvre d’une minorité résolue, inaccessible au découragement ». Gabriac peut apparaître comme « le facho providentiel » comparé à la « modérée » Marine Le Pen. Il est très médiatisé puisqu’une équipe de télé l’a suivi en Italie sur la tombe du Duce, en Grèce où il a des contacts avec l’Aube dorée. Il se déclare « ni plus, ni moins antisémite que Saint Louis » (ce bon roi ne faisait pas que rendre la justice sous son chêne : il prenait aussi des édits obligeant les juifs à porter un signe distinctif, leur interdisant les mariages mixtes et les expulsant). Quant au salut nazi, « c’est un salut olympique ». Gabriac veut « détruire un par un les vices qui empoisonnent notre race » (droits de l’homme et la démocratie). Au Conseil régional Rhône-Alpes, il s’exprime en ces termes : « Vous tentez de nous abattre car vous savez que si vous ne le faites pas en premier, nous nous chargerons de ce système corrompu ». Les Jeunesses nationalistes ont été créées en octobre 2011.
Considérant que le FN « chasse les véritables nationalistes », Gabriac entend regrouper dans sa nouvelle organisation de « nombreux jeunes orphelins d’une structure de jeunesse combattante ». Pour lui, le FN est devenu « un repaire pour tous les gamellards autrefois décriés par Jean-Marie Le Pen ». Il veut « reprendre la France et récupérer le pays ». La devise du mouvement est marquée par le mussolinisme : « Combattre , Vaincre - Un devoir », pour « l’action sans concession ».
Quant à Benedetti, il proclame « les Français doivent être et rester maîtres chez eux et non plus étrangers sur leur propre sol… Un Français naturel ne peut être qu’issu d’une souche européenne, d’une tradition spirituelle et d’une culture intellectuelle commune ». Les deux compères ont appelé le 29 septembre 2012 à « une révolte des souchiens ».
Gabriac considère que le décès de Clément Méric est à ranger dans la catégorie d’un « malheureux fait divers ». Et faisant preuve d’un kolossal humour, il enfonce le clou : « un TGV vient d’écraser un voyageur qui traversait les voies , il faut dissoudre la SNCF ». En lien avec les néonazis grecs de l’Aube Dorée, un soutien financier est organisé en faveur d’ Esteban Morillo, l’assassin de Clément Méric.
Dans le collimateur du gouvernement , les Jeunesses nationalistes risquent d’être frappées de dissolution. Cela ne semble pas tracasser Gabriac outre mesure. Si l’organisation est interdite « on se réorganise autrement (… ) le nationalisme continue. Même si vous coupiez les branches de l’arbre, vous n’empêcheriez pas la sève de monter ».
Derniers groupuscules notoires de la mouvance fasciste : les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et Troisième Voie de Serge Ayoub. Sérieux client que ce Serge Ayoub . En 1985, il apparaît avec ses troupes sous la banderole : « les Amis de Klaus Barbie ». En 1987, succédant au mouvement néonazi « Klan », il lance la première version des JNR et amorce un rapprochement avec Troisième Voie de J-G Malliarakis, entente de courte durée (difficile de faire vivre ensemble un théoricien et des Kronenbourg boys). Ayoub (Batskin) prend langue avec le Kop de Boulogne et publie un fanzine « Pour le prix d’une bière ». En 1992-94, on retrouve les JNR assurant avec le GUD de F. Chatillon une partie du SO lors du meeting du FN au Zénith de Paris. Elles servent de troupe d’appoint au FN dans les grandes occasions. Batskin est très médiatique et courtisé par les télés (Ciel mon mardi, Droit de savoir, 52 sur la Une…).
Les années 90 marquent le point fort des agressions et des meurtres commis par les soins : 1995, en marge de la manifestation du FN le 1er mai, B. Bouarram est jeté à la Seine et se noie ; Régis Kerhuel dit Madskin, bras doit de Ayoub à l’époque et Joël Giraud sont arrêtés pour le meurtre d’un jeune mauricien au Havre… La liste est longue. Après la mort de S. Deyzieux (militant d’extrême droite) suite à une manifestation interdite, Ayoub participe au Comité de soutien regroupant le FNJ, le GUD, les JNR (Comité du 9 mai ou C9M) et à la manifestation avec des membres du FN (Le Gallou, Le Hideux…)
Après une éclipse , le milieu des années 2000 marque son retour. Il fonde avec A. Soral un « espace convivial » : Le Local dans le 15ème arrondissement de Paris, lieu de convergence, de débats pour l’ensemble des groupuscules. Il relance les JNR et Troisième Voie. Le rôle des JNR est « de faire de leur corps un rempart contre les attaques ». C’est dans les faits sa garde prétorienne, qui n’obéit qu’au chef Ayoub ( une référence pour tous les fachos), assure la protection de certaines réunions organisées par la revue de R. Hélie : Synthèse nationale et assure le SO de la manifestation Jeanne d’Arc comme le 12 mai dernier. Ayoub tente de s’implanter en milieu ouvrier en lançant un Front syndical patriotique et développe un discours anti capitaliste, anti-gauche, anti-patrons et anti-mondialiste. Il cible
les jeunes des classes les plus défavorisées. Son idéologie s’inspire à la fois des frères Strasser (fondateurs du NSDAP allemand) et des faisceaux de Mussolini. Ayoub a récupéré le slogan de Mussolini : « Croire, Obéir , Combattre » ainsi que la gestuelle du Duce. Contrairement à ses concurrents directs (JN, OF, BI, RF), JNR et TV ont eu une participation très discrète aux Manifs pour tous. Placées sous les projecteurs à la suite du crime perpétué par Esteban Morillo, ces deux organisations font l’objet d’ une procédure de dissolution. Devançant la décision du gouvernement, Ayoub a annoncé l’auto dissolution de ses deux mouvements.
On peut se poser la question de l’efficacité d’une telle mesure. En 1936 le gouvernement Blum dissolvait les ligues d’extrême-droite qui se sont rapidement reconstituées à l’exemple des Croix de Feu devenues le Parti social français. Plus près de nous, Unité Radicale est devenue le Bloc identitaire. Dissoudre un groupe est à la fois un effet d’annonce en direction de l’opinion publique et veut traduire la volonté du gouvernement. Mais ce type de mesure ne dissout ni les idées, ni les individus qui peuvent se rabattre sur d’autres structures d’accueil.
Ces différents groupuscules sont marqués par un recours systématique à la violence et animés par une haine viscérale de l’Autre. Les rivalités sont fortes entre eux, traduisant une guerre des chefs pour le leadership, un phénomène récurrent à l’extrême droite. Même si les effectifs sont faibles, ils représentent une menace constante contre la démocratie.
J-P Gautier, Historien
Appel du collectif « La retraite, une affaire de jeunes » (2013)
Le gouvernement s’engage dans une nouvelle réforme des retraites. A l’heure où Y. Moreau a rendu son rapport concernant les évolutions du système, 14 organisations de jeunesse, syndicales, politiques ou associatives ont décidé de se réunir en collectif pour faire entendre un message : les jeunes refusent une réforme qui se traduirait par un allongement de la durée de cotisation et une baisse des pensions. Une réforme juste et favorable aux jeunes est possible, mais pour cela le gouvernement doit se démarquer des conclusions du rapport Moreau.
Face à la précarité et au chômage des jeunes, renforçons notre système de protection sociale
Jeunes travailleurs et travailleuses, étudiant-e-s, en recherche d’emploi ou en insertion, nos parcours sont divers mais nous souffrons des mêmes maux, aggravés par la crise économique. Trop âgés pour bénéficier de la protection familiale, mais trop jeunes pour accéder aux minima sociaux, nous nous situons à un nouvel âge de la vie à la marge des protections sociales et voyons la solidarité nationale se réduire à peau de chagrin au gré des différentes réformes.
La dernière en date concerne le système de retraites. Alors que l’accès au premier emploi est de plus en plus tardif, que la précarité est la norme, et tout particulièrement pour les femmes, allonger la durée de cotisation est pour nous le signal inacceptable qu’il ne faudra plus compter sur un système de retraites solidaire qui garantisse une protection de haut niveau. Cette mesure est d’autant plus incompréhensible qu’elle allongerait encore les files d’attentes à Pôle Emploi en maintenant des salariés plus âgés en activité. Comment prétendre agir contre le chômage en refusant de faire de la place à notre génération dans le monde du travail ? C’est pourquoi nous refusons tout allongement de la durée de cotisation et revendiquons un système de retraite par répartition qui prenne en compte les évolutions de notre société et les nouveaux temps de la vie pour notre génération.
Pour sortir de la crise, misons sur la jeunesse !
Dépourvu-e-s d’une protection sociale aujourd’hui, nous ne tolèrerons pas que soit en plus mise à mal celle dont nous bénéficierons demain. Le système de retraite par répartition repose en effet sur les jeunes d’aujourd’hui et sur la confiance qu’ils et elles portent au système de protection solidaire.
Notre formation est un investissement de tous les jours pour notre avenir et celle du pays. C’est avec une jeunesse qualifiée et préparée que nous sortirons des difficultés de la crise. Cette période doit être reconnue comme telle au lieu de nous pénaliser.
Parce que le statu quo n’assurera pas la pérennité du système de retraite par répartition, nous réclamons des réformes qui s’attaquent au vrai problème : le manque de recettes lié en grande partie au chômage de masse. En particulier, des politiques publiques favorisant l’emploi des jeunes et leur accès au droit commun sont une nécessité sociale et économique.
Nous revendiquons :
- La validation des années de formation dans le calcul des retraites.
- La prise en compte des périodes de stages, et leur règlementation, afin qu’ils ne constituent pas des emplois déguisés.
- La prise en compte des périodes d’inactivités forcées, périodes où les jeunes cotisent de manière inégale.
Nous, organisations de jeunesse, syndicales, associatives, politiques, seront à l’initiative dans les prochains mois pour porter la voix des jeunes. Nous n’accepterons pas un nouveau recul de nos droits. . Nous appelons les jeunes à se mobiliser pour faire entendre au gouvernement ces solutions justes. Nous appelons le gouvernement à rejeter les préconisations de ce rapport et à ouvrir de larges négociations avec l’ensemble des acteurs sociaux. Un débat de cette ampleur ne saurait être discuté en quelques semaines ou confisqué à la société. De plus, déjà absents de la conférence sociale du 20 et 21 juin, nous avertissons les pouvoirs publics : le débat sur les retraites est trop important pour s’effectuer en catimini et au pas de course pendant l’été. Il ne peut y avoir de réforme au nom des jeunes sans les jeunes.
Premiers signataires :
Union Nationale des Etudiants de France (UNEF), Confédération Générale du Travail (CGT), Union Nationale Lycéenne (UNL), La Mutuelle des Etudiants (LMDE), Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), Jeunes Communistes (JC), Jeunes Radicaux de Gauche (JRG), Osez le Féminisme (OLF), Gauche Anticapitaliste (GA), Union des Etudiants Communistes (UEC), Gauche Unitaire (GU), Parti de Gauche (PG), Jeunes Ecologistes, FSU.
Monsieur de Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Monsieur le Président
Les négociations sur le Grand Marché Transatlantique peuvent officiellement démarrer depuis que le Conseil des ministres du Commerce de l’Union européenne a adopté le 14 juin dernier le mandat de négociation confié à la Commission.
Vous le savez, nous contestons le bien fondé de ce projet. Il a pour but de démanteler les « barrières douanières et règlementaires » entre l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique. Les droits de douane étant plus élevés en Europe, cela donnerait un avantage de 30% aux produits américains. La Commission européenne prévoit des suppressions d’emplois dans des secteurs stratégiques et admet une hausse des gaz à effet de serre. L’abolition des barrières règlementaires conduirait par exemple l’Europe à autoriser les poulets lavés au chlore et le boeuf aux hormones, à abaisser les normes environnementales sur la pollution automobile ou la construction. Les entreprises auraient le droit d’attaquer devant des tribunaux privés les Etats coupables d’avoir fixé des normes sociales ou environnementales qui limitent leur profit.
Nous considérons que ce projet de libre échange a pour objet de favoriser non les peuples, mais l’avidité d’un capitalisme financiarisé et mondialisé dont on voit partout les dégâts. Il menace notre modèle de société et nie la souveraineté des citoyens en Europe. Pourtant, il n’a jamais fait l’objet d’un débat public ni même, dans sa globalité, d’un débat au Parlement.
Nous estimons que les événements récents révélés par Edward Snowden rendent encore plus nécessaire de ne pas s’y engager.
La Commission, qui négocie en notre nom, le fait en effet sur la base d’un mandat secret, alors que les dirigeants des Etats-Unis y ont eu, eux, accès à travers un espionnage récemment révélé !
Comment dans ces conditions entamer des négociations ? Ces derniers événements, d’une rare gravité, devraient, à eux seuls, rendre caduque ce projet. Comment en effet mener des négociations quand la partie avec laquelle on négocie espionne en permanence ? Les Etats-Unis voient dans le projet de Grand Marché Transatlantique le moyen de défendre ses intérêts de grande puissance. La Commission européenne y voit l’occasion de favoriser le développement des multinationales et du système financier. Le peuple français comme ceux des autres pays européens n’ont rien à y gagner.
En conséquence, nous vous demandons solennellement Mr le Président de bloquer immédiatement ces négociations.
Dans cet espoir, veuillez croire, Monsieur le Président, à nos plus salutations les plus distinguées.
Front de Gauche (PCF, Parti de Gauche, Gauche Unitaire, République & Socialisme, C&A, PCOF, FASE, Gauche Anticapitaliste, Alternatifs)
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Après l'éviction de Delphine Batho qui ne protestait pas contre les conséquences sociales de l'austérité mais contre la réduction du budget et des moyens humains au ministère de l'écologie, Noël Mamère a posé hier soir sans détours la question du bien-fondé de la participation des écologistes au gouvernement. Disons que cela aurait pu être un prétexte pour sortir dignement de ce guêpier, mais dans la foulée, les élections municipales auraient été compliquées...
"Il faut que notre parti, avec les ministres, organise au plus vite une réunion de crise pour savoir si nous devons rester dans ce gouvernement... Quand vous avez deux ministres de l'Écologie en un an qui sont virés comme des malpropres (...) vous êtes quand même en droit de vous interroger si vous devez continuer de jouer le rôle d'idiot utile ou faire tapisserie dans un gouvernement (...) qui n'a que faire de la transition écologique". "Cette éviction" permet de montrer que pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault, "l'écologie, ce n'est qu'une utilité au moment des élections pour les gagner, et après, ce n'est plus du tout une priorité"."L'écologie est victime de maltraitance" (Nouvel Observateur.fr).
La direction d'EELV a tranché hier soir, malgré le budget 2014 qui prévoit un plan de 20 milliards d'euros d'austérité, malgré la casse des services publics, du droit du travail, des droits à la retraite, malgré l'absence de toute concession de François Hollande et du PS aux besoins de la transition écologique, et malgré l'expulsion manu militari de la rebelle pourtant bien timide Delphine Batho (à qui ni Notre-Dame des Landes, ni la centrale à gaz de Landivisiau ne posait vraiment de problème), Mme Duflot et Mr Canfin restent au gouvernement jusqu'à la rentrée de septembre au moins, repoussant aux calendes grecques le moment de prendre une décision.
Pourtant, Cécile Duflot avait elle-même critiqué le budget...
Est-ce la direction d'EELV s'est déjà trop compromise avec la politique de droite du gouvernement pour se désolidariser du PS sans bénéficier d'accords de complaisance avec lui aux municipales pour limiter la casse que lui vaudra de toute façon sa perte de crédit dans l'électorat de gauche et écologiste?
Est-ce qu'ils sont devenus majoritairement sociaux-libéraux à l'instar de Cohn-Bendit, ce qui expliquerait aussi leur hargne contre Montebourg actuellement qui aurait "dû" être le premier limogé du gouvernement à la place de la "gentille Delphine Batho"?
Est-ce que c'est l'opportunisme de certains dirigeants qui emporte la mise?
Toujours est-il que cette nouvelle dérobade des dirigeants d'EELV par rapport à leur responsabilité qui serait de quitter ce gouvernement qui n'a rien d'écologiste et rien de gauche fera des remous chez les militants Verts et EELV et sera à garder en mémoire par les électeurs...
Qui ne démissionne pas du gouvernement et renonce à dire trop fort son opposition pour ne pas être limogé est objectivement responsable et complice des décisions prises.
Pour clore sur une note savoureuse cette triste histoire qui illustre encore une fois la nature monarchique proprement stupéfiante du pouvoir Hollande et des institutions de la Ve République, on peut comparer avec le Parisien les communiqués de l'Elysée sur la démission de Cahuzac et le limogeage de Batho, en mettant d'un côté en mémoire le politicien corrompu, arrogant, très libéral, impitoyable pour le peuple et ami des puissants, et de l'autre Delphine Batho, qu'en haut lieu on aimait probablement surtout en photo :
Voici le premier : «Je remercie Jérôme CAHUZAC pour l’action qu’il a conduite depuis mai 2012 comme ministre du Budget pour le redressement des comptes de la France. Il l’a fait avec talent et compétence. Je salue la décision qu’il a prise de remettre sa démission de membre du Gouvernement pour mieux défendre son honneur.»
Voici le second : «Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine BATHO et a nommé Monsieur Philippe MARTIN, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie.»
Ismaël Dupont