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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 14:08

La Fondation Abbé Pierre publie cette année son 20e rapport sur « L’État du mal-logement en France ».

20 ans après, elle ne s’imaginait pas devoir dresser un aussi dur constat de la situation actuelle. Une occasion de s’interroger sur les blocages structurels, sociaux ou idéologiques, qui produisent aujourd’hui une situation toujours aussi pénible pour plusieurs millions de nos concitoyens, dont plus de 3,5 millions sont mal logés ou même en errance...

Ces personnes, dont on parle finalement davantage à coups de statistiques, la Fondation a voulu montrer leur quotidien de forçats de l’abri, se heurtant aux manques criants de réponses à leurs besoins et à des labyrinthes institutionnels froids ou kafkaïens (malgré les nombreuses mesures mises en œuvre ces dernières années, telles la loi Dalo, le « logement d’abord », le SIAO, etc...), oubliant que derrière chacun de ces millions de ménages, il y a des enfants, des femmes, des vieillards, des hommes, tordus de souffrance et de peur du lendemain, quand ce n’est pas du soir même.

Aujourd’hui, la crise du logement est toujours aussi criante. Et, malgré des intentions politiques qui prêtaient à l’optimisme, certaines des avancées sociales annoncées ont eu bien du mal à se concrétiser quand elles n’ont pas été détricotées en chemin... alors même qu’elles bénéficiaient d’un soutien politique, d’un mandat électoral clair et d’un réel relais dans l’opinion.

Pourquoi cette résistance ?

Le manque de volonté des acteurs et des financements publics n’est pas seul en cause.

En s’appuyant sur les leçons de ces vingt ans d’action et d’inaction et sur son Contrat social pour une nouvelle politique du logement qui reste en jachère malgré la signature présidentielle, la Fondation Abbé Pierre s’interroge et interpelle à nouveau les pouvoirs publics de tous niveaux dans les responsabilités qui sont les leurs.

Pour la vingtième fois. Mais elle garde des raisons de croire qu’elle continuera à dépasser les résistances au profit du plus grand nombre.

Fondation Abbé Pierre
20e Rapport sur l'État du Mal-Logement en France 2015

Ler rapport intégral
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/sites/default/files/content-files/files/20e_rapport_sur_letat_du_mal-logement_en_france_2015.pdf

Le Rapport éclairage Bretagne

http://www.fondation-abbe-pierre.fr/sites/default/files/content-files/files/eclairage_regional_2015_-_letat_du_mal-logement_en_bretagne.pdf

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24 juin 2015 3 24 /06 /juin /2015 05:59

Loi sur le renseignement: une copie de la NSA

Loi sur le renseignement: une copie de la NSA

Les révélations sur l'espionnage de hauts responsables français intervient au moment du vote définitif du très critiqué projet de loi renseignement. Ce «Patriot Act» à la française offre à nos services le même type de pouvoirs que leurs homologues américains.

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 05:34

Michel Kerninon est un ancien journaliste du Télégramme, militant syndical, qui intervient encore très régulièrement dans le courrier des lecteurs sur le site internet. Il vit dans la région de Morlaix et a adressé cette tribune pleine de lucidité au "Chiffon Rouge".

LA REPUBLIQUE EN DANGER

19 JUIN 2015 | PAR MICHEL KERNINON

La peur de la défaite électorale tétanise des deux partis qui se passent le relais du témoin de la direction du pays depuis 20 ans. Cette hantise les rend abouliques et absolument inefficaces à assurer la gestion du pays sur le plan social et économique. Cette impuissance structurelle à rétablir l'égalité et la justice est un poison pour le pays.

La situation présente augure d'une rupture identitaire sociale, -(élections ou pas)- et le séisme pourrait se produire peut-être à la faveur d'une étincelle sociale plus inacceptable que les précédentes ou d'un drame imprévisible. Le pays et sa population paient le prix fort de leur passivité en matière de solidarité. On ressent un abandon progressif de la cohésion sociale nationale que, récemment, semblait avoir pu ranimer, et très furtivement, le drame du 11 janvier dernier.

La raison de cette situation est évidemment le record du chômage de masse, structurel et inexorablement croissant. Et la conséquence directe, qui est la montée de l'insécurité sociale, la précarité s'étend depuis maintenant une dizaine d'années. La fracture sociale touche plusieurs générations, de jeunes adultes à qui est interdite l'activité professionnelle, comme des adultes dans la force de l'âge chassés prématurément du marché du travail. Avant même d'envisager une retraite de plus en plus incertaine. Et à quel âge d'ailleurs la retraite et à quelles conditions ?

L'incendie social qui couve se répand donc plus intensivement depuis une dizaine d'années. La hausse dramatique et sans fin du chômage constitue un siège éjectable pour le pouvoir actuel. Le 49-3 tient lieu de dispositif d'urgence pour un pays en perdition. Mais il est surtout le cache misère de l'impuissance à sortir le pays de la crise où il s'enfonce.

Qui y croit donc à ce dispositif en forme d'usine à gaz ? Quelques patrons, peut-être, qui espèrent tirer profit du système et d'ailleurs certains ont déjà beaucoup reçu de la manne publique. Mais le million d'emplois créés s'est affiché seulement sur la veste de Gattaz.

Cette loi quasi d'exception est extraite du néant au forceps constitutionnel du 49-3. La représentation nationale est en cela bafouée dans sa représentativité électorale. Et pour la deuxième fois en moins de trois mois.

Le " coup d'Etat permanent " que Mitterrand reprochait à De Gaulle revient donc à toute berzingue avec le socialo-hollandisme, néo-libéralisme à la sauce PS, pour lequel aucun d'entre nous n'a voté.

Le fourre-tout portant le nom de loi Macron manque d'imagination économique et de créativité sociale. Il est totalement dénué de la force que constituerait la recherche de justice sociale qui pourrait peut-être remobiliser le pays. Et le gouvernement Vals, au passage, a même réussi à introduire dans le dispositif quelques abaissements scélérats sur le Droit du travail et la protection sociale. Les salariés, les chercheurs d'emploi, sont traités a priori comme de futurs travailleurs jetabes. Ils n'ont rien à espérer de ce coup de force anti-social.

Que savent d'ailleurs des dirigeants du pays de la condition sociale des personnes en difficulté et de la France réelle ? Des difficultés quotidiennes de leurs concitoyens que savent-ils dans la caste politique ? Cet aveuglement qui permet même d'aller au match avec l'argent public sans se rendre compte de l'inanité d'un tel exploit... Pour ne pas revenir sur des indélicatesses à caractère financier et outrageants pour le peuple de certains malfrats dans la politique et les affaires, dont les noms s'égrènent au fil des années comme le chapelet d'offenses faites au peuple et à la démocratie.

C'est pour cela que les citoyens considèrent qu' un grand nombre de politiques, -élus ou désignés par le fait du prince-, comme de moins en moins légitimes. Non représentatifs. Inaptes, par calcul ou par impuissance, à défendre l'intérêt général qu'ils prétendent représenter.

L'emploi du 49-3 ne va pas améliorer leur légitimité aux yeux des électeurs. Nouveau coup de Jarnac antilégislatif, le 49-3 est désormais le symbole de l'impuissance de ce gouvernement à apporter une renaissance à notre société en crise sociale historique en raison d'un chômage inendigué. De plus en plus aux abois et récusé par le peuple, il s'affole à l'approche des échéances de décembre 2015, les élections régionales, et de 2017 ce grand chambardement présidentiel. Hollande en nommant et maintenant Valls piétine le programme social qu'il avaient promis et bafoue comme son prédécesseur la morale qu'il avait prétendu restaurer.

LA REPUBLIQUE EN DANGER

19 JUIN 2015 | PAR MICHEL KERNINON

La peur de la défaite électorale tétanise des deux partis qui se passent le relais du témoin de la direction du pays depuis 20 ans. Cette hantise les rend abouliques et absolument inefficaces à assurer la gestion du pays sur le plan social et économique. Cette impuissance structurelle à rétablir l'égalité et la justice est un poison pour le pays.

La situation présente augure d'une rupture identitaire sociale, -(élections ou pas)- et le séisme pourrait se produire peut-être à la faveur d'une étincelle sociale plus inacceptable que les précédentes ou d'un drame imprévisible. Le pays et sa population paient le prix fort de leur passivité en matière de solidarité. On ressent un abandon progressif de la cohésion sociale nationale que, récemment, semblait avoir pu ranimer, et très furtivement, le drame du 11 janvier dernier.

La raison de cette situation est évidemment le record du chômage de masse, structurel et inexorablement croissant. Et la conséquence directe, qui est la montée de l'insécurité sociale, la précarité s'étend depuis maintenant une dizaine d'années. La fracture sociale touche plusieurs générations, de jeunes adultes à qui est interdite l'activité professionnelle, comme des adultes dans la force de l'âge chassés prématurément du marché du travail. Avant même d'envisager une retraite de plus en plus incertaine. Et à quel âge d'ailleurs la retraite et à quelles conditions ?

L'incendie social qui couve se répand donc plus intensivement depuis une dizaine d'années. La hausse dramatique et sans fin du chômage constitue un siège éjectable pour le pouvoir actuel. Le 49-3 tient lieu de dispositif d'urgence pour un pays en perdition. Mais il est surtout le cache misère de l'impuissance à sortir le pays de la crise où il s'enfonce.

Qui y croit donc à ce dispositif en forme d'usine à gaz ? Quelques patrons, peut-être, qui espèrent tirer profit du système et d'ailleurs certains ont déjà beaucoup reçu de la manne publique. Mais le million d'emplois créés s'est affiché seulement sur la veste de Gattaz.

Cette loi quasi d'exception est extraite du néant au forceps constitutionnel du 49-3. La représentation nationale est en cela bafouée dans sa représentativité électorale. Et pour la deuxième fois en moins de trois mois.

Le " coup d'Etat permanent " que Mitterrand reprochait à De Gaulle revient donc à toute berzingue avec le socialo-hollandisme, néo-libéralisme à la sauce PS, pour lequel aucun d'entre nous n'a voté.

Le fourre-tout portant le nom de loi Macron manque d'imagination économique et de créativité sociale. Il est totalement dénué de la force que constituerait la recherche de justice sociale qui pourrait peut-être remobiliser le pays. Et le gouvernement Vals, au passage, a même réussi à introduire dans le dispositif quelques abaissements scélérats sur le Droit du travail et la protection sociale. Les salariés, les chercheurs d'emploi, sont traités a priori comme de futurs travailleurs jettabes. Ils n'ont rien à espérer de ce coup de force anti-social.

Que savent d'ailleurs des dirigeants du pays de la condition sociale des personnes en difficulté et de la France réelle ? Des difficultés quotidiennes de leurs concitoyens que savent-ils dans la caste politique ? Cet aveuglement qui permet même d'aller au match avec l'argent public sans se rendre compte de l'inanité d'un tel exploit... Pour ne pas revenir sur des indélicatesses à caractère financier et outrageants pour le peuple de certains malfrats dans la politique et les affaires, dont les noms s'égrènent au fil des années comme le chapelet d'offenses faites au peuple et à la démocratie.

C'est pour cela que les citoyens considèrent qu' un grand nombre de politiques, -élus ou désignés par le fait du prince-, comme de moins en moins légitimes. Non représentatifs. Inaptes, par calcul ou par impuissance, à défendre l'intérêt général qu'ils prétendent représenter.

L'emploi du 49-3 ne va pas améliorer leur légitimité aux yeux des électeurs. Nouveau coup de Jarnac antilégislatif, le 49-3 est désormais le symbole de l'impuissance de ce gouvernement à apporter une renaissance à notre société en crise sociale historique en raison d'un chômage inendigué. De plus en plus aux abois et récusé par le peuple, il s'affole à l'approche des échéances de décembre 2015, les élections régionales, et de 2017 ce grand chambardement présidentiel. Hollande en nommant et maintenant Valls piétine le programme social qu'il avaient promis et bafoue comme son prédécesseur la morale qu'il avait prétendu restaurer.

La République en danger, tribune de Michel Kerninon (publiée sur les blogs de Médiapart)
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20 juin 2015 6 20 /06 /juin /2015 14:00

Monsieur le Président de la République,

La crise grecque s'exacerbe de façon alarmante. Chaque jour qui passe peut, soit nous rapprocher d'un accord utile à toute l'Europe, soit d'une rupture dont personne ne peut prévoir les conséquences. L'intransigeance des principaux dirigeants européens peut nous conduire alors au bord de l'abîme. Il est aussi vital que pressant de sortir de ce piège. Le moment est crucial. La responsabilité de chaque acteur concerné est directement engagée. Il serait sordide -et au demeurant parfaitement vain- d'escompter une capitulation du gouvernement grec. La fidélité de celui-ci au mandat que lui a confié son peuple n'est pas un défaut mais un exemple à suivre. S'il refuse la compromission, il s'est, en revanche, montré prêt au compromis. Une solution à la fois digne et réaliste est donc à portée de la main. Le moment ultime est venu pour la concrétiser.

C'est dans ce contexte que nous vous lançons un appel solennel : la France ne peut, dans un tel moment, apparaître inerte sinon suiviste des puissants. Son message ne peut se réduire à un rappel docile des "règles" à respecter quand la maison brûle. D'autant que ces règles sont aujourd'hui massivement récusées par les peuples et reconnues contre-productives par nombre de leurs anciens protagonistes eux-mêmes.

Aujourd'hui, alors que la crise de confiance entre les citoyens et les institutions européennes est à son comble, c'est en se montrant capable d'entendre l'exigence de justice, de dignité et de souveraineté d'un peuple debout qu'un pays comme le nôtre sert la cause européenne bien comprise. A l'inverse, qui humilie la Grèce obère l'avenir de la construction européenne. Car le refus de l'austérité et l'aspiration démocratique sont aujourd'hui en Europe les attentes les plus partagées.

C'est pourquoi nous attendons de vous, que vous preniez une initiative politique de nature à débloquer les négociations entre l'"Eurogroup" et les autorités grecques. Nous n'évoquerons pas ici les transformations profondes à promouvoir en Europe qui font débat entre nous. L'acte urgent que nous vous demandons d'accomplir est de refuser de participer à la stratégie d'isolement de la Grèce, concernant en particulier le chantage financier et la nature des "réformes" exigées du gouvernement et du Parlement de ce pays. Apportez un soutien explicite aux mesures saines prises par les autorités grecques, telles que celles qui s'attaquent à la crise humanitaire en Grèce, ou qui permettent enfin de lutter contre l'évasion fiscale. Désolidarisez-vous en revanche nettement des exigences insoutenables de l'"Eurogroup" en matière de dérégulation du marché du travail, de révision du système des retraites ou de privatisations. Acceptez enfin le principe d'une renégociation de la dette grecque, dont une large part est notoirement illégitime.

Cette situation est sans précédent dans l'Union européenne. La France doit prendre la place qui est la sienne dans l'Histoire, celle-ci est aux côtés du peuple grec et de son gouvernement.

Signataires :

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, président du PGE

Dominique Adenot, PCF, président de l'ANECR, maire de Champigny,

Pouria Amirshahi, député PS

François Asensi, député de Seine St Denis GDR, maire de Tremblay en France

Eliane Assassi, Présidente du groupe CRC au Sénat

Isabelle Attard, députée Nouvelle Donne

Clémentine Autain, porte parole d'Ensemble

Marinette Bache, Conseillère de Paris, RetS,

Guillaume Balas, député européen PS

Julien Bayou, porte parole EELV

Martine Billard, Bureau national du PG

Michel Billout, Sénateur CRC

Frédéric Boccara, économiste

Eric Bocquet, Sénateur CRC

Jean-François Bolzinger, syndicaliste

Marie George Buffet, députée GDR

Fanelie Carrey-Conte, députée PS

André Chassaigne, Président du groupe GDR,

Laurence Cohen, Sénatrice CRC

Eric Coquerel, coordinateur général du PG

Catherine Coutard, Vice présidente du MRC

Thomas Coutrot, Mouvement associatif,

Karima Delli, députée europénne EELV

Michèle Demessine, Sénatrice CRC

Bernard Devert, syndicaliste

Jean Pierre Dubois, militant associatif

Marc Dolez, député GDR

Hervé Falciani, lanceur d'alerte

Bastien Faudot, SN et porte-parole du MRC

Jean Pierre Fourré, Vice président honoraire Assemblée nationale, Ret S

Jacqueline Fraysse, Députée GDR

Elisabeth Gauthier, réseau Transform ! Europe

Liem Hoang Ngoc, socialiste affligé

Frédéric Hocquart, conseiller PS de Paris

Nordine Idir, secrétaire général Jeunes communistes

Lucien Jallamion, Secrétaire Général République et Socialisme

Michel Jallamion, Convergences des Services Publics

Eva Joly, députée européenne EELV

Pierre Khalfa, Co-président Fondation Copernic

Pierre Larrouturou, Nouvelle Donne

Jean Luc Laurent, député, maire de Kremlin Bicètre, Président du MRC,

Marie-Noelle Lienemann, Sénatrice PS

Patrick Le Hyaric, député européen GUE-NGL, directeur de l'Humanité

Emmanuel Maurel, député européen PS

Gus Massiah, mouvement social

Jean Luc Mélenchon, député européen GUE-NGL

Alain Obadia, PCF, Président fondation Gabriel Péri

Younous Omarjee, député européen GUE-NGL

Christian Picquet, Gauche Unitaire

Barbara Romagnan, députée PS

Sandrine Rousseau, porte-parole EELV

Anne Sabourin, PCF - Coordinatrice Forum européen des Alternatives

Lydia Samarbakhsh, PCF, responsable International

Nicolas Sansu, député GDR, maire de Vierzon

Laura Slimani, Présidente MJS, présidente jeunes socialistes européens

Aurélie Trouvé, militante associative

Marie-Christine Vergiat, députée européenne GUE-NGL

Francis Wurtz, PCF, député européen honoraire

Appel au président de la République: la place de la France est aux côtés du peuple grec
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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 08:49

Urvoas, l'homme du «Patriot Act» à la française

Député du Finistère, proche de Manuel Valls, il a porté contre toutes les oppositions le projet de loi renseignement. C’est lui qui en a été l’initiateur, le rapporteur, et celui qui l’a le plus amendé, quitte à mettre le gouvernement en minorité et à apparaître comme le relais des services. Portrait.

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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 09:43

2005-2015 : LES ACQUIS ET LES DÉFIS DE LA GAUCHE

4 juin 2015 Francis Wurtz

C’est une sorte d’hommage du vice à la vertu : le dixième anniversaire de la victoire du NON au projet de traité constitutionnel européen a donné lieu à une multitude d’articles de presse, de sondages d’opinion, voire de savantes études. Manifestement, tous ces organes, hier engagés dans une virulente défense et illustration du OUI et jusqu’alors habitués à prendre de haut les minorités -fatalement incultes- qui osaient mettre en doute leurs certitudes , ne semblent toujours pas totalement remis du choc psychologique que représenta pour eux , le 29 mai 2005, cette sorte d’insurrection démocratique majoritaire faisant fi des conseils généreusement prodigués par les gourous de la pensée dominante.

Alors, cela donne par exemple ceci : « Parmi les électeurs du NON, 52% ont fait leur choix sur la base d’enjeux nationaux , notamment la position prise à l’époque par le président de la République, Jacques Chirac, et seulement 42% en fonction d’enjeux européens. A l’inverse, les électeurs du OUI ont été (…) 81% (à se déterminer) d’après les questions européennes » (1) Comprenez : » les « nonistes » sont primaires, l’Europe, ça les dépasse. Quand il y a un référendum, le peuple vote contre le pouvoir en place , sans s’occuper de la question posée ». Or, si l’on se reporte à l’étude qui a inspiré cette affirmation, on découvre que « la position à l’égard de Jacques Chirac » a motivé…10% des électeurs du NON contre 6% de ceux du OUI ! Ce que recouvre avant tout la catégorie « problèmes nationaux », c’est « la situation sociale en France » (55%), autrement dit un sujet étroitement corrélé à l’ « Europe libérale » que le NON entendait précisément mettre en cause au profit d’une « Europe sociale ». (2) Est-ce donc si dur, dix ans après, de reconnaître que la campagne de gauche en faveur d’une autre Europe fut une expérience de démocratie citoyenne sans pareille ? Et qu’en l’occurrence, les faits ont donné raison à ces citoyens , dûment informés des enjeux cachés dans les discours officiels ? Le problème serait-il que cette longue et riche campagne de débats ait démontré qu’on pouvait être résolument « pour l’Europe » et radicalement opposé à celle que nous subissons ? C’est là , désormais, un acquis majeur que la gauche européenne a intérêt à faire vivre de façon très offensive.

La même question se pose aujourd’hui à l’échelle de toute une nation, gouvernement compris : la Grèce . Voilà un peuple et ses dirigeants qui, ensemble, font face à la ligue des puissants pour, tout à la fois, exiger la fin d’une politique insoutenable que « l’Europe » officielle leur impose et défendre leur droit de rester membres à part entière de l’Union européenne et de la zone euro, avec l’objectif d’agir pour les transformer . « C’est incompatible » leur répliquent en substance ceux qui se voient comme les « patrons » . C’est « la capitulation ou la sortie! » menacent, à mots à peine couverts, les Schaüble et consorts. Faire échec à cet intolérable chantage est, aujourd’hui, un défi de premier ordre à relever par la gauche en Europe. Le week-end dernier, place de la République, à Paris, clôturant le magnifique « Forum européen pour les alternatives », Pierre Laurent l’a souligné en reprenant la formule chère à Alexis Tsipras, le Premier Ministre grec : « Dans l’Europe, il n’y a pas des propriétaires et des locataires . Nous sommes tous des copropriétaires « .

———
(1) Le Monde (29/5/2015)
(2) Il s’agit de l’étude de M. Yves Bertoncini -« Dix ans après le NON »- pour la Fondation Jean Jaurès, proche du Parti socialiste: une étude qui, par ailleurs , n’échappe pas à cette difficulté à reconnaître l’évidence concernant la signification et la portée du vote de 2005.

2005-2015: les défis et les acquis de la gauche, par Francis Wurtz, ancien parlementaire européen du Front de Gauche
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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 05:05

A l'initiative du Parti de la Gauche Européenne dont Pierre Laurent est le président et du Parti Communiste a eu lieu ce week-end le premier Forum européen des alternatives contre l'austérité à Paris, place de la République.

Étaient réunis là et dans les ateliers thématiques un peu partout à Paris des ministres de Syrisa, la présidente du parlement grec, des responsables de Izquierda Unida, de Die Linke, du Sinn Fein, de Rifondazione comunista (Italie), de la gauche anti-austérité portugaise, danoise, finlandaise, italienne, chypriote, anglaise. Il y avait aussi des militants pour la terre et les paysans du Sahara Occidental, du Maroc, du Pérou, des militants politiques de gauche tunisiens.

Des dirigeants du Parti de Gauche (Mélenchon, Eric Coquerel) ont participé sur certains ateliers, et aussi d'Ensemble (Clémentine Autain), de la Gauche Unitaire, d'EELV (Emmanuelle Cosse), et la gauche du PS (Liem Hoang Ngoc), Nouvelle Donne (Pierre Larrouturou).

Mais aussi des porte-paroles d'Attac, de la fondation Copernic, des responsables syndicaux, associatifs (Amnesty International, Ligue des Droits de l'Homme, Cimade, Comité Syrisa-Paris, Mouvement de la Jeunesse Chrétienne), des économistes indépendants des milieux financiers qui analysent le mouvement capitaliste mondial, des intellectuels et philosophes...

Et bien sûr les dirigeants du PCF (Marie-George Buffet, Pierre Laurent) et les députés européens du PCF (Francis Wurtz, Le Hyaric) et du Front de Gauche (Marie-Christine Vergiat).

Ce week-end de débats qui permis de dire dans toutes les langues et avec tous les accents le droit à la dignité, à la souveraineté démocratique et la primauté du politique et du social sur le marché et les logiques capitalistes, mais aussi l'inspiration internationaliste à une autre Europe, une Europe des peuples, de la solidarité et de la justice sociale, fut un très grand moment de vie politique, à l'image des Congrès Internationaux de la Seconde Internationale dans les années 1880-1900.

La refondation de l'Europe et le retour des peuples et de la démocratie sur le devant de la scène sont plus que jamais d'actualité!

Evidemment, en dehors de l'Huma et de peut-être quelques journaux, aucun journaliste, aucune télé, aucune radio n'a couvert cet événement international!

Les scènes de ménage de la famille Le Pen, les techniques de communication de Hollande, le virage républicain imaginaire de Sarkozy et de l'UMP, sont tellement plus intéressants... Il ne faut surtout pas que le peuple puisse croire que l'on peut desserrer l'étau de la domination du capital, de l'Europe du Fric, de l'austérité et des "élites" libérales.

Malgré cette omerta et ce parti-pris médiatique, les peuples ont redressé la tête en Grèce et en Espagne: c'est maintenant à nous de jouer!

Débat "Avec les Grecs, contre l'austérité, pour la démocratie"

Débat "Avec les Grecs, contre l'austérité, pour la démocratie"

Giogos Katrougalos, ministre de la fonction publique grec

Giogos Katrougalos, ministre de la fonction publique grec

Pierre Khalfa (Fondation Copernic) et Eric Coquerel(Parti de Gauche)

Pierre Khalfa (Fondation Copernic) et Eric Coquerel(Parti de Gauche)

la très gracieuse et charismatique porte-parole de la gauche anti-austérité portugaise

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Forum européen des alternatives place de la République le 30 et 31 mai dernier: un événement qui donne l'envie de se battre et d'innover!
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Le porte-parole du parti Syrisa

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Pierre Laurent, Maite Mola (Izquierda Unida, vice-présidence du parti de la Gauche Européenne), Pierre Larroutourou, Clémentine Autain, Christian Piquet, Gus Massiah

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Appel pour la Grèce de Tasos Koronakis (présidente du Parlement grec) et de Pierre Laurent

Appel pour la Grèce de Tasos Koronakis (présidente du Parlement grec) et de Pierre Laurent

Forum européen des alternatives place de la République le 30 et 31 mai dernier: un événement qui donne l'envie de se battre et d'innover!
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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 19:09

A PROPOS DE LA CREATION DE LA SECURITE SOCIALE, D’URGENCE RETABLIR L’HISTOIRE

Prenons les devants….

Lors de l’hommage national du 70ème anniversaire de la sécu ( si jamais il est rendu!!!!!…), attendez vous encore et ceci malgré l’énorme travail fait pour rétablir l’histoire, à ce que les medias disent que la sécurité sociale a été fondée par Pierre Laroque. Ainsi qu’il est répété et enseigné constamment….

Ce qui est curieux c’est que lorsque l’on évoque une loi, on lui donne toujours généralement le nom du ministre qui l’a promulguée et non du fonctionnaire qui a participé à sa mise en place: Ainsi dit-on : Loi Macron, Loi Juppé ou Loi Veil par exemple.

Et bien non, là on vous dira loi Laroque qui n’était que le fonctionnaire de Croizat (directeur de la sécurité sociale ). On ne va évidemment pas donner à une institution enviée dans le monde entier et que socialistes, patrons et droite s’évertuent à casser, le nom d’un ministre communiste.

Et pourtant c’est lui, lui le bâtisseur de ce beau conquis social de Novembre 1945 à juillet 1946 alors qu’il est ministre du travail et de la Sécurité Sociale (jusqu’au 4 mai 1947). D’autres y verront encore une création de De Gaulle… oui mais, voilà, De Gaulle avait déjà démissionné ( 15 janvier 1946) lorsque Croizat, après avoir conçu les lois ( de création de la sécu), mit en place les 138 caisses avec la CGT et le peuple de France (malgré l’opposition violente de la droite, des assurances privées, des médecins, des patrons, des notables mutualistes, de la CFTC).

De plus De Gaulle sera le premier à la casser en octobre 1967 par le biais des ordonnances Jeanneney qui suppriment les élections démocratiques des caisses, divisent la sécu en trois branches et établissent le paritarisme qui donne la gestion aux patrons. Juste une petite vérité à rétablir: Pierre Laroque n’est que le commis d’écriture, je le répète: le fonctionnaire, qui mit en forme l’ordonnance portant création de la sécurité sociale du 4 octobre 1945.

Cette ordonnance est une émanation directe du Conseil National de la Résistance et de la réflexion et conception collective menées sous la maîtrise d’œuvre de Croizat dès sa nomination comme président de la Commission du Travail à l’assemblée consultative (juin 1943) du Gouvernement provisoire à Alger.

Et ceci en lien très étroit avec les services du ministère de la Santé dirigé par François Billoux, autre ministre communiste ( de septembre 1944 à novembre 1945) jamais cité lorsque l’on parle de la sécurité sociale (là encore si l’on devait attribuer la paternité de l’ordonnance, c’est à François Billoux qu’il faudrait la donner).

Pierre Laroque ne prendra d’ailleurs ses fonctions qu’en septembre 1944, comme fonctionnaire de… François Billoux…Rappelons encore utilement qu'il n'y aurait jamais eu de sécurité sociale ( ou autres grandes reformes sociales de la libération) s'il n'y a avait pas eu un rapport de force pour l'imposer:: 29 % des voix au PCF, 5 millions d’Adhérents à la CGT, une classe ouvrière grandie par sa résistance héroïque, un patronat sali par sa collaboration. . Il est difficile d’admettre la réalité de l’Histoire et surtout l’actualité brûlante et la modernité d’un homme comme Ambroise Croizat à l’heure où droite, patronat et socialistes veulent privatiser ce bien national qu’est notre belle sécurité sociale.

Le meilleur hommage que nous pouvons rendre à celui que l’on baptisa justement « le ministre des travailleurs » pour ce 70eme anniversaire est de nous battre sans cesse partout pour que la sécurité sociale ne soit pas une coquille vide livrée au privé mais qu’elle reste ce que Croizat et le peuple de France qui l’ont bâtie ont voulu qu’elle soit : un vrai lieu de solidarités, un rempart au rejet, à la souffrance et à l’exclusion MICHEL ETIEVENT

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 14:48

La semaine dernière, ceux qui croyaient que le salut pour la gauche et le mandat présidentiel de Hollande viendrait de l'intérieur du PS et d'une exigence de réorientation de la politique gouvernementale venue des militants socialistes, en colère contre les orientations droitières de Hollande et Valls, ont dû déchanter avec le résultat de la consultation des adhérents sur les motions, puisque la motion Cambadélis, défendant la politique sociale-libérale du gouvernement et le cap présidentiel, avec le soutien remarqué de Martine Aubry, a obtenu 60% des suffrages des militants, contre 30% à la motion de Christian Paul, celle soutenue par les "frondeurs" réclamant une réorientation à gauche, pour la relance de l'activité, la lutte contre le chômage et les inégalités, de la politique du gouvernement.

Le PS n'est pas pour autant rassemblé et serein derrière la politique du gouvernement: il a perdu 40 000 adhérents depuis 2012, et 30% des adhérents qui veulent d'un parti plus fidèle à ses valeurs historiques et moins orienté sur l'agenda politique du Medef, ce n'est pas rien non plus.

Ceux qui ont voté Cambadélis ont pour certains manifesté leur accord avec la politique de l'offre, "réaliste et de rigueur" , diront-ils, du gouvernement et de Hollande, complètement arrimée aux orientations de la finance et du libéralisme en Europe. D'autres ont sans doute privilégié avant tout comme d'habitude l'unité derrière les chefs et "la gagne" (ne pas fragiliser encore plus l'exécutif), la cohérence de l'action. Car il faut donner du temps au temps et attendre de voir les résultats... Il y a au PS comme à l'UMP et dans d'autres partis une culture "suiviste" d'un certain nombre de militants qui placent le culte du résultat et la confiance vis à vis de la personne des dirigeants avant la préoccupation pour le contenu politique.

Ce résultat qui est tout de même préoccupant pour l'avenir du PS quand on connaît l'ampleur du rejet pour sa politique aux conséquences dramatiques pour le pays et pour les gens (plus d'un million de chômeurs et de pauvres en plus depuis 2012, des inégalités qui s'accroissent, des collectivités en difficulté...). Il traduit aussi le fait que désormais, les thèses de centre-droit, de la "réconciliation" avec le monde patronal et le marché, au nom de l'efficacité économique et de la croissance, sont en grande partie rentrées dans les têtes des adhérents, dont la culture politique et le profil sociologique en partie aussi a changé depuis les années 70 et le début des années 80. Il n'y a d'ailleurs plus beaucoup d'ouvriers, d'employés, de syndicalistes au PS, mais beaucoup de cadres, de professions intellectuelles du secteur public ou libéral, beaucoup d'élus et de personnes qui travaillent pour les élus aussi, qui sont donc souvent assez éloignés des problèmes que rencontrent les classes populaires et de leurs préoccupations, qui conçoivent parfois la politique comme un gagne-pain et un match plus que comme un moyen d'améliorer la vie des gens et de construire un rapport de force pour plus de justice, d'égalité.

Il ne faut pas sous-estimer le rôle de l'opportunisme de beaucoup de cadres intermédiaires et d' élus ambitieux qui veulent garder places et influence et qui se rangent du côté du vainqueur annoncé, et souvent officiellement toujours pour faire avancer les choses en interne...

Dans le livre "La Gauche bouge", écrit en 1985 sous le pseudonyme de Jean-François Trans par les trans-courants François Hollande, Jean-Pierre Jouyet (alors conseiller technique de Mitterrand à l'Elysée avant de travailler pour Sarkozy, et de décéder en 2005), Jean-Yves Le Drian, Jean-Pierre Mignard. On y lit: "Finis les rêves, enterrés les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les entreprises modernisées, l'initiative libérée". Ou encore: "Ce n'est pas par calcul ou par malignité que la gauche a accepté de laisser fermer les entreprises ou d'entamer le pouvoir d'achat des Français. C'est par lucidité. Refuser les évolutions et c'en aurait été fait de la perspective d'une gestion régulière du pays par la gauche".

La droite du PS qui conjugue la modernité avec la renonciation avec toutes les vieilles lunes marxistes de la lutte des classes, de la régulation économique et de la redistribution sociale, a gagné en interne, là où le rapport de force entre la gauche et la droite du PS était beaucoup plus équilibré encore en 1993, en 2005.

La direction du PS se réclame d'un nouveau compromis social-démocrate, alors que la social-démocratie n'existe déjà plus en Europe dans les faits, à part peut-être dans les pays nordiques, et imite en réalité la conversion au libéralisme économique et à l'Etat fort pour les faibles du New Labour, du SPD, des socialistes espagnols ou grecs, appareils d'Etat complètement infiltrés par "les élites" et la haute bourgeoisie, qui travaillent pour les intérêts des classes possédantes.

Seulement, pour gagner des élections autres que locales, cette "gauche officielle" qui n'a plus rien de socialiste et plus grand chose de gauche ne peut plus compter désormais, dans une situation d'opposition, que sur la brutalité et l'impopularité de son adversaire de droite au pouvoir ou sur les numéros d'illusionnistes, incapable d'obtenir une majorité à gauche sur la politique qu'elle promeut en réalité.

Hollande a été élu sur une mystification et un malentendu en 2012: ce n'est pas sûr qu'on y reprennent les Français de sitôt.

Nous sommes convaincus pour notre part qu'il faut que cette désillusion s'opère pour que des forces vraiment de gauche soient perçues comme une alternative possible par les électeurs qui ont des convictions de gauche solide, mais cette condition nécessaire est loin d'être suffisante. Et la dérive du PS menace dans les franges majoritairement peu politisées de la gauche l'idée et le crédit même de la gauche, de ses valeurs et de sa politique.

L'électorat traditionnel du PS reste un électorat de gauche, certains de ses militants ont aussi des valeurs qui nous sont communes. Nous ne pourrons pas construire une force de gauche volontariste et majoritaire en excluant l'électorat et même les sympathisants et militants du PS. Mais cette perspective ne sera attractive pour eux que si la gauche authentique a une prise sur le réel et est dans une dynamique unitaire et ascendante, ce qui ne sera possible qu'en refusant les compromis électoraux, en clarifiant nos différences en théorie et en les exemplifiant en pratique.

On le sait, l'électorat du PS est plus à gauche que ses cadres dirigeants.

Car contrairement à ce qu'il se dit traditionnellement, la droitisation des esprits n'est pas si évidente que cela.

C'est que montre le volume 3 des Cahiers du LEM , la revue intellectuelle d'étude politique du PCF: " D'une domination sans partage des valeurs de droite (hostilité à l'action collective, faveur marquée pour le libéralisme) voire d'extrême-droite (puissance de la xénophobie en particulier) dans les années 1990, on est passé à une prédominance des principes de gauche. Ainsi, "bourse" connoté négativement à hauteur de 29% en 1988, l'est à 74% en 2012! Pour "privatisation", on est passé de 36% d'opinions négatives en 1988 à 62%! Pour "capitalisme" même, l'évolution reste notable: de 50% de rejet en 1988 à 64%!". A l'inverse, les marqueurs de gauche progressent: volonté d'un contrôle public de l'activité économique (29% en 1988; 55% en 2012), influence des syndicats de salariés dans la politique du gouvernement (20% la jugeaient insuffisante dans les années 1980; 52% maintenant...).... Mêmes évolutions du côté des questions de mœurs ou de migrations -homophobie et xénophobie demeurent mais ont perdu grosso modo la moitié de leurs bataillons en 20 ans".

C'est que les ravages du capitalisme financier et mondialisé et des politiques libérales sont passés par là.

Le problème est que la déception vis à vis du PS et de Hollande ne se traduit pas encore en France, à l'inverse de l'Espagne ou de la Grèce par exemple, par une montée en puissance de la gauche authentique. L'histoire l'explique, une gravité moindre de la régression sociale et de la perte de souveraineté politico-économique aussi, une classe politique peut-être moins corrompue dans son ensemble, et surtout un mouvement social et un climat de luttes moins vivace. La gauche de la gauche en France à l'heure actuelle, surtout, peine à entraîner les jeunes et les catégories populaires, qui "préfèrent" l'abstention parce qu'elle ne nous trouve sans doute pas assez capable d'inverser le cours des choses, ou pas assez crédible.

Si une partie significative, diplômée, active de la population, bien que plus à gauche souvent dans ses valeurs que le PS de Valls, considère toujours néanmoins le PS comme le référent de la gauche et continue à voter pour lui comme premier acteur crédible et à vocation majoritaire de la gauche, l'électorat ouvrier et populaire est le plus souvent désenchanté et dégoûté, à raison d'ailleurs. Beaucoup d'électeurs ne croient plus en la politique, mettent les partis de gauche et de droite dans le même sac, et s'abstiennent ou vote sur un registre contestataire ou d'adhésion pour le parti qui actuellement menace le plus sérieusement le bipartisme installé depuis 40 ans au moins: le FN. C'est une menace inédite, d'autant que le FN, on le voit, reprend depuis quelques années, quelque soit par ailleurs le socle de son identité idéologique, des thèmes sociaux et anti-libéraux qui séduisent le monde ouvrier et les victimes de la crise. Ce n'est pas la division à gauche qui renforce le FN, c'est les démissions de la gauche, ou de la prétendue gauche au pouvoir.

Si les médias nous ignorent ou nous caricaturent, la gauche de gauche a aussi ses responsabilités dans ce manque de perspectives pour une relève à vocation majoritaire à la gauche du PS. Discours et communication ne sont pas toujours très lisibles, nous souffrons d'un manque d'unité et de cohérence électorale, nous avons du mal à trouver une plateforme de revendications et de reconnaissance commune à tous les dominés, les exploités, les laissés pour compte, les opposants du système. Divisions et personnalités qui ne rassemblent pas suffisamment, partis vieillissants et affaiblis, syndicats souffrant des mêmes maux, manque de dynamique de lutte sociale et politique offensive, sont d'autres handicaps.

La violence des politiques libérales et de la crise vécue par les gens à cause du renforcement de la domination capitaliste fait que la situation politique est très mouvante et qu'un réveil de la gauche de gauche n'est pas exclu, même si l'extrême-droite a pris plusieurs longueurs d'avance pour se poser en recours possible au bipartisme qui gère les intérêts de la bourgeoisie et du grand capital.

Toutefois, cela ne se fera pas du jour au lendemain sans travail militant de fourmi pour recréer des réseaux et du commun à l'intérieur du monde social, sans travail idéologique pour crédibiliser les solutions de transformation sociale et de dépassement des logiques capitalistes ni sans redynamisation des luttes contre l'ordre inégalitaire et l'exploitation partout dans le pays, à l'instar de ce qui se passe dans d'autres pays européens.

La lutte, la proposition, l'esprit de rassemblement et de conquête, l'exigence politique et idéologique mais le refus du sectarisme, la participation et l'implication citoyennes, l'explication du possible pour lutter contre toutes les résignations doivent être nos ambitions pour les années à venir.

Ismaël Dupont

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 07:54

Le PS a une nouvelle majorité. Elle est nette, j'en prends acte, mais elle est aussi hétéroclite et affaiblie. Il y a dans le résultat des votes une mauvaise et une bonne nouvelle. La mauvaise, c'est l'encouragement donné à la politique social-libérale gouvernementale. Le couple exécutif Hollande-Valls va utiliser ce vote comme un feu vert pour amplifier des choix néfastes pour la gauche et pour notre peuple. La bonne, c'est que des dizaines de milliers de socialistes contestent ces choix.

Le PS reconnaît la perte de 40 000 adhérents depuis 2012, et environ 15 000 votants en moins. Le résultat de la motion majoritaire est de plus de 15 points inférieur à celui de 2012. Les motions d'opposition progressent. Je continuerai à appeler tous les socialistes qui veulent d'autres choix à joindre leurs forces aux nôtres pour reconstruire un nouveau projet de gauche alternatif aux choix Valls-Hollande.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

Vote des militants du PS sur les motions: 60% des militants d'un parti affaibli et divisé pour la motion pro-gouvernementale et social-libérale. Déclaration de Pierre Laurent
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