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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 08:20
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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 06:25
Interdiction des manifestations: François Hollande et le gouvernement perdent leur sang froid (Pierre Laurent)

Interdiction des manifestations : François Hollande et le gouvernement perdent leur sang froid (Pierre Laurent)

Hier, un magnifique et puissant défilé des salariés et de la jeunesse a montré l'isolement du gouvernement sur la loi El Khomri. Son acharnement à imposer cette loi sans la rediscuter et sans majorité législative pose un grave problème démocratique.

En marge de cette manifestation, des bandes de casseurs ont de nouveau pu semer la violence en s'attaquant, notamment, à l'hôpital Necker. Le gouvernement utilise ces faits condamnables et que nous condamnons pour tenter de discréditer les manifestants et les syndicats organisateurs.

Avec les parlementaires communistes, présents sur le point fixe du PCF situé boulevard de Port-Royal, j'ai pu constater, une nouvelle fois, que ces bandes de casseurs agissaient à l'écart de la manifestation.

Alors qu'ils sont parfaitement identifiés, pourquoi ne sont-ils pas interpellés et comment peuvent-ils continuer à agir à chaque manifestation ? Alors que les pouvoirs publics savent interdire aux hooligans d'accéder aux enceintes sportives, pourquoi ces bandes de casseurs peuvent, en toute impunité, venir semer le désordre et le chaos ?

La menace d'une interdiction de manifester, exprimée ce jour par le chef de l’État et le premier ministre, est un signe extrêmement préoccupant de fébrilité dans un moment où, tout au contraire, notre démocratie et notre Republique doivent affirmer avec force leurs principes et leur valeurs essentielles.

Nous appelons donc le pouvoir à ne pas perdre son sang froid, à reprendre la négociation et à agir pour assurer la sécurité des biens et des personnes et celle du droit de manifester. Le gouvernement ne peut se soustraire à ses responsabilités en s'attaquant à une liberté constitutionnelle qui permet de faire entendre dans l'unité et sans violence le rejet de la loi El Khomri.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 06:06

Dans les villes FN, les relations tumultueuses avec la presse locale

16 JUIN 2016 | PAR MARINE TURCHI

Deux ans après l'élection de dix maires Front national, comment travaille la presse locale dans les villes ? Si dans certaines communes les relations sont apaisées, dans celles dirigées par des figures du parti, la cohabitation est difficile : médias boycottés, attaques personnelles, flot de droits de réponse. Plusieurs maires ont opté pour une « communication directe » avec leurs propres “médias”.

Dans les années 1990, la presse quotidienne régionale (PQR) s’était érigée en contre-pouvoir face aux ennuis judiciaires et mauvaises gestions des mairies frontistes. Vingt ans plus tard, alors que l’extrême droite est au pouvoir dans 14 villes, et que le Front national poursuit sa stratégie de « dédiabolisation », comment la presse locale travaille-t-elle dans ces communes ? Quelles relations entretient-elle avec la municipalité frontiste ? Réserve-t-elle un traitement particulier au FN ?

Mediapart a posé la question aux journalistes et aux maires (lire notre boîte noire). Si dans plusieurs villes les relations sont apaisées, dans celles dirigées par des figures du parti, la cohabitation est difficile. Passé l'état de grâce, les relations se sont dégradées après les premières difficultés des maires : médias boycottés, journalistes attaqués personnellement, insultes, flot de droits de réponse, et parfois des batailles judiciaires. Plusieurs maires ont opté pour une « communication directe » avec leurs propres “médias”.

  • Fréjus (Var)

À Fréjus, la plus grosse ville FN avec 53 000 habitants, c’est David Rachline, étoile montante du parti et sénateur du Var, qui est aux manettes. Le maire est investi d’une mission nationale : servir de vitrine au Front national, dans cette cité varoise où son prédécesseur UMP a beaucoup déçu. Dès le début de son mandat, Rachline a refoulé plusieurs journalistes de médias nationaux (ici et ). « La presse locale est autorisée, pas la presse nationale », avait justifié l'un de ses collaborateurs.

Le journaliste de Var-Matin à Fréjus, Éric Farel, le reconnaît d’emblée : « Les dix-huit premiers mois, je n’ai pas eu de problèmes avec David Rachline. On avait des relations qui m’ont même valu d’être taxé de “pro-FN”. C’est compliqué quand on tient la rubrique politique, on est en contact permanent avec la municipalité, ce n’est pas “on défonce les élus et on repart”, nous on retourne en conseil municipal, et se faire insulter tout le temps est fatigant. J’ai toujours dit à mes équipes d’avoir des relations normalisées avec le FN, de ne pas les caricaturer. »

Mais le journaliste a vu « la situation changer quand le maire a fait venir une nouvelle équipe de communication composée de quatre anciens de Var-Matin. On a commencé à avoir de moins en moins d’infos. Le journal municipal, bimensuel, est devenu mensuel. Leur intention était de se passer de la presse locale, de préférer la propagande à l’information ». « David Rachline n’accepte pas la contradiction, estime Patrice Maggio, rédacteur en chef de Var-Matin. Il veut communiquer directement avec le journal municipal et les réseaux sociaux. Nous, on ne rentre pas dans l’arène. »

C’est paradoxalement après le rassemblement pour Charlie Hebdo, où le maire avait défendu la liberté de la presse, que s’est produit « le premier gros couac, raconte Éric Farel. Notre photographe a été refoulé d’un nouveau local municipal. “Si le sujet est polémique, pas de photo. Sinon, c’est ok”, nous a expliqué la mairie. »

Les relations se sont tendues davantage encore après que la préfecture a retoqué le projet de Surf Academy du maire, dont Mediapart avait révélé les dessous. David Rachline, qui avait refusé de répondre aux questions de France 3 Côte d’Azur sur le sujet, n’a pas apprécié de voir la chaîne débarquer au conseil municipal. « Je les avais prévenus de notre venue, raconte la journaliste, Nathalie Layani. Ils nous ont menacés plusieurs fois d’expulsion au prétexte de l’emplacement de notre caméra. On a réussi à interroger le maire à la sortie, il n’a pas aimé notre question. » Cela a valu à notre consœur un communiqué la mettant personnellement en cause et intitulé « Nathalie Layani salit notre ville ». La direction de la chaîne a dénoncé des accusations « diffamatoires ».

De son côté, Var-Matin, après avoir relaté le mécontentement suscité par plusieurs projets municipaux, a vu les noms de deux de ses journalistes publiés dans le journal municipal. Froissé par deux billets du quotidien (ici et ) consacré à son comportement avec les médias, David Rachline a décidé de boycotter Var-Matin. Dans un communiqué, début juin, le maire fustige « un journalisme aux relents de totalitarisme », une« manipulation », des « pratiques de désinformation » et annonce son « choix […] d’une communication directe avec nos administrés ».

La rédaction continue cependant de le solliciter par texto avant chaque article. Mais le journal a marqué le coup avec un édito. Le rédacteur en chef Patrice Maggio y dénonce la « parole confisquée » à Fréjus, en faisant le parallèle avec l’expérience frontiste à Toulon, en 1995, qui a conduit au « repli sur soi » et au « manque de transparence ».

Les années FN à Toulon, Patrice Maggio s’en souvient bien. « À l’époque, on avait eu une démarche journalistique qui avait été suivie par d’autres, on échangeait beaucoup avec les rédactions des autres villes FN, Orange, Vitrolles. On estimait que le FN ne serait pas battu sur le terrain des valeurs mais sur sa capacité de gérer ses villes. Beaucoup d'élus étaient là par hasard, sans expérience de gestion. Je ne voulais pas tordre la réalité, j’allais à leur contact, ils avaient besoin de communiquer. Je me suis créé un gros réseau interne et, quand ils ont commencé à se diviser, j’ai pu sortir beaucoup d’informations, de documents accablants. Jean-Marie Le Chevallier (le maire FN – ndlr) ne réagissait quasiment jamais publiquement, mais faisait la chasse aux sources. »

Pour le journaliste, « on retrouve déjà cette situation de divisions à Cogolin », autre ville FN varoise, et « dans un an, ce réseau de sources existera à Fréjus. Les deux premières années, les maires FN mangent leur pain blanc car ils ont été choisis, les gens veulent les laisser faire leurs preuves. Après deux ans, les doutes commencent. On voit déjà que les oppositions se structurent. »

Éric Farel, lui, a été surpris par les réactions des lecteurs : « J’avais peur qu’on se coupe d’une partie importante de notre lectorat, qui vote FN. Mais on a reçu plus de messages de sympathie que de critiques. Cette position du FN à notre égard a confirmé des choses que je ne soupçonnais pas. Je me disais “ce sont des élus comme les autres”, j’ai été un peu naïf. »

  • Le Pontet (Vaucluse)

« Dans le Vaucluse, l’extrême droite, on connaît, on pratique depuis longtemps », explique d’entrée Alain Roux, le directeur départemental des éditions deVaucluse-Matin et du Dauphiné libéré. En 1995, Jacques Bompard a conquis Orange. Treize ans plus tard, sa femme, Marie-Christine Bompard, a emporté Bollène, une ville voisine. En 2012, Marion Maréchal-Le Pen a gagné la circonscription de Carpentras. Deux ans plus tard, aux municipales, Le Pontet et Camaret-sur-Aigues sont tombées à l’extrême droite. La porosité entre droite et extrême droite n’a cessé de croître dans le département, au point que le FN y réalise ses meilleurs scores.

« Notre choix, c’est de ne pas traiter différemment les communes FN : ne pas stopper notre couverture, ne pas leur rentrer dans le lard, résume Alain Roux. On fait notre travail, et on ne nous empêche pas de le faire. Dans nos contenus publicitaires, on a des clients institutionnels, mais si on perd de la pub, tant pis. »

Pour Vaucluse-Matin, Le Pontet n’est pas la priorité. « C’est une petite commune (17 000 habitants – ndlr), qui ne prend pas trois pages dans le journal, admet Alain Roux. Le maire répond à nos questions, il n’y a pas de problèmes. Ce serait peut-être différent s’il était maire d’Avignon… » Le journaliste explique avoir « davantage de problèmes avec d’autres mairies (non FN – ndlr) du département », « ou à Orange en 1995 ». « C’était très tendu, se souvient-il. Des droits de réponse permanents, des procès, les journalistes considérés comme des ennemis. Une consœur avait été collée au mur par des gros bras du FN au moment de la profanation du cimetière juif de Carpentras. »

Sous couvert d'anonymat, un journaliste glisse que les rapports entre le parti frontiste et la presse locale sont plus complexes : « Pour la PQR, le FN fait vendre du papier. C’est dit dans les rédactions. Pour les chefs, c’est comme les faits divers. Parfois, il n’y a rien, pas de fond, et on relate quand même. Si vous creusez un peu les mesures proposées, que vous démontrez que ce sont des effets d’annonce, c’est repris par la chefferie. Ils gardent des titres accrocheurs. »

« Comme nous n’avons rien à attendre de la presse, nous sommes à l’aise avec elle », explique à Mediapart le directeur de cabinet du maire, Xavier Magnin, qui affirme que l'édile « entretient d’excellents rapports avec les correspondants » locaux. Mais « dans les cas, malheureusement nombreux, où les professionnels de la presse manqueraient d’objectivité, nous n’hésitons pas à faire valoir nos droits de réponse », et à utilser « otre bulletin municipal, notre site internet ou les réseaux sociaux » quand ils ne sont pas diffusés (lire sa réponse intégrale dans notre "Prolonger").

« J'ai relaté un salut nazi vu dans un meeting. Le maire a diffusé un tract contre moi »

  • Beaucaire (Gard)
  • À Beaucaire, c’est Julien Sanchez, 32 ans dont 15 passés au FN, qui est aux manettes de cette unique ville frontiste du Languedoc-Roussillon. La commune est peu couverte par la presse locale, à cause de problèmes budgétaires et d’effectifs des journaux, basés à Nîmes.

    Maria Dutron, qui a suivi la ville pour Midi Libre avant son départ en retraite, en août, raconte que les « relations courtoises »avec Julien Sanchez se sont « gâtées pendant la campagne municipale », en 2014. « Lors de la venue de Marine Le Pen, il n’a pas du tout aimé que j’écrive avoir vu un participant au meeting faire un salut nazi. Il a diffusé un tract contre moi, m’a menacée de plainte en diffamation, j’ai reçu des coups de fil incendiaires, alors que La Provence mentionnait les mêmes faits. »

  • Dans les villes FN, les relations tumultueuses avec la presse locale
    https://www.mediapart.fr/article/offert/ebb1150dba5a64627c07a15bfdddd6f6

    Pour lire la suite, allez directement sur le lien:

Dans les villes FN, les relations tumultueuses avec la presse locale (Médiapart)
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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 14:50

Communiqué de la CGT: réaction aux propos inacceptables du Premier Ministre Manuel Valls

Le Premier Ministre vient d’accuser la CGT d’être responsable des violences

intervenues en marge de la manifestation nationale du 14 juin, à Paris, contre le

projet de loi travail.

La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que cette mobilisation, comme les

précédentes, n’a pas été organisée par la CGT mais par 7 organisations syndicales de

salariés et de jeunesse qui, depuis 4 mois, dans l’unité, demandent le retrait de ce

texte régressif.

Quelle est la réalité des faits ? C’est en marge du cortège de cette manifestation,

déposée par les organisations et validée par la Préfecture de police de Paris, que des

bandes de casseurs se sont à nouveau livrées à des exactions que la CGT a d’ailleurs

condamnées officiellement, une fois de plus, dans son communiqué national.

Le Premier Ministre ne peut ignorer qu’il incombe aux pouvoirs publics, dont il a la

première responsabilité, d’assurer la sécurité et le maintien de l’ordre.

La CGT souligne le sang-froid et la maitrise des militants de son service d’ordre qui,

sans faillir, ont pris les dispositions nécessaires afin de garantir la sécurité des

participants à cette manifestation massive.

En conscience et prenant en compte les informations données par les services de la

Préfecture, les organisations syndicales ont fait le choix de ne pas aller jusqu’au

bout du parcours prévu, malgré la frustration légitime des participants, pour ne pas

les exposer davantage à la violence et aux incidents générés par des éléments

extérieurs. Face à cette contrainte, une fois encore, l’ensemble des services d’ordre

des organisations ont su créer et mettre en œuvre les conditions pour que les

participants, venus de toute la France, puissent rejoindre leurs moyens de transport.

La CGT tient à rappeler au Premier Ministre que, comme il n’est pas de la

responsabilité des supporters d’assurer la sécurité dans et autour des stades de

l’euro de football, de la même façon il n’est pas de la responsabilité des

manifestants d’assurer la sécurité dans et autour d’une manifestation autorisée par

la Préfecture de police.

Menacer d’interdire les manifestations est le signe d’un gouvernement aux abois.

Plutôt que de faire l’inventaire tendancieux d’éléments à charge contre la CGT,

Manuel Valls ferait bien mieux d’entendre la majorité des salariés, des jeunes et plus

largement des citoyens qui rejettent ce projet de dumping social et de destruction

de notre modèle de société.

Montreuil, le 15 juin 2016

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 09:54

1.300.000 manifestants : le gouvernement est-il aveugle et sourd ?

mardi 14 juin 2016

1.300.000 manifestants aujourd’hui dans tout le pays, plus de 4 heures avant que les derniers manifestants parisiens quittent la place d’Italie, des délégations de syndicats européens présentes en nombre, arrêt total de la production dans certaines entreprises, des sites d’ordures ménagères bloqués, des centaines de milliers de votation pour le retrait du projet de loi recueillies aujourd’hui…

Qui a parlé d’essoufflement ?

Ce sont des centaines de milliers de salarié-e-s, privé-e-s d’emplois, retraité-e-s et étudiant-e-s qui, depuis trois mois, luttent pour exiger le retrait du projet de loi travail et pour l’ouverture de véritables négociations pour gagner des droits nouveaux.

Après les pétitions, les manifestations, les grèves (pour certaines reconductibles) et les occupations de lieu de travail, le rejet de cette loi demeure profondément ancré chez les salariés. A nouveau, la CGT dénonce les violences qui ont émaillé la manifestation.

Depuis 2 semaines, l’intersyndicale opposée à cette loi a débuté une campagne de votation citoyenne sur les lieux de travail et les lieux de vie. Nous invitons l’ensemble de la population à s’emparer de cette votation et à participer massivement aux journées de mobilisation nationales les 23 et 28 Juin 2016.

Face à ce rejet massif de la part d’une majorité de salarié-e-s et de l’opinion publique, combien de temps le gouvernement va-t-il rester sourd aux légitimes revendications du monde du travail ? Jusqu’où devrons-nous aller ?

Fort de cette nouvelle mobilisation, la délégation qui rencontrera la Ministre du Travail vendredi 17 juin portera l’exigence du retrait ; les points majeurs du blocage étant a minima les 5 articles qui constituent l’ossature du texte. La CGT portera également nos propositions pour un code du travail du 21ème siècle, porteur de progrès social. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement !

La CGT, Montreuil, le 14 juin 2016

Mobilisation: 1,3 millions de manifestants: le gouvernement est-il aveugle et sourd? (CGT)
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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 07:44
Déjouant les pronostics, un raz-de-marée contre la loi travail ce 14 juin (reportage Médiapart)

Contre la loi travail, la plus grande des manifs 14 juin 2016 | Reportage Médiapart

Par Rachida El Azzouzi, christophe Gueugneau et Mathilde Goanec

Contrairement au discours du gouvernement sur l'essoufflement du mouvement social, la manifestation du mardi 14 juin n'a pas été le baroud d’honneur d’une CGT marginalisée. C’est au contraire la plus forte mobilisation depuis le début du mouvement. Le devenir de la loi El Khomri se repose avec acuité.

Vu du ciel, le pari est largement gagné. Un cortège serré et bruyant a traversé Paris de la place d’Italie aux Invalides mardi, rassemblant des centaines de milliers de personnes pour cette première journée de manifestation nationale depuis le début du mouvement contre la loi El Khomri. Selon les syndicats FO, CGT et Solidaires, plus d’un million de personnes ont défilé dans la capitale (1,3 million dans toute la France), alors que la préfecture de police de Paris a dénombré 75 000 personnes. Quelle que soit l’échelle retenue, c'est beaucoup plus que lors des grosses journées des 9 et 31 mars derniers.

Au ras du sol, tout dépend de l’optique choisie. Le gouvernement n’a pas tergiversé, insistant longuement sur les vitrines endommagées ou taguées tout au long du boulevard Montparnasse, les abris de bus défoncés, et les affrontements entre les forces de police et le gros cortège autonome en tête (nous y revenons page suivante). Plusieurs policiers et manifestants ont été blessés. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a même, à ce propos, allègrement mélangé les genres en appelant « tous ceux qui sont dans la violence à retrouver un peu d'humanité, de tolérance, en respect de ce petit enfant auquel nous nous devons de donner une image digne de la France » en référence au double meurtre de policiers dans la nuit revendiqué par l’État islamique.

Le cortège n’en était pas moins, pour une très large part, calme et bon enfant, concentré sur le retrait de la loi sur le travail, dont le texte est arrivé lundi 13 juin au Sénat. Partis à 13 heures de la place d’Italie, une partie des manifestants n’étaient pas encore arrivés à Invalides à 19 heures. « C’est énorme, j’ai rarement vu ça », assure David, cheminot venu de Bordeaux. Le fait que le gouvernement ait lâché du lest sur la convention relative au statut de sa profession n’entame pas sa détermination. « On peut dire ce que l’on veut, mais nous sommes dans le mouvement depuis le mois de mars. Et même si on a obtenu une convention collective de haut niveau, on sait bien que la loi El Khomri peut signifier pour nous aussi la régression sociale. »

David a fait le déplacement à Paris et il n’est pas le seul. Les portuaires et dockers du Havre électrisent le parcours avec leurs tambours, un Breton fend la foule avec son drapeau noir et blanc et une pancarte agrafée à son sac à dos : « Cazeneuve à Rennes, ni oubli ni pardon » (voir à ce sujet l’article de Karl Laske). Sur un camion, une jeune femme crie : « On ne s’est pas levé à une heure du matin pour rien ! On est à Paris, retrait de la loi travail ! » Les délégations régionales ou départementales, arrivées en bus ou en train, expliquent la forte mobilisation du jour. Beaucoup de militants, surtout CGT, racontent que leur dernier déplacement dans la capitale remonte à 2010, à l’occasion du mouvement contre la réforme des retraites. Derrière la banderole CGT-Roanne, ils sont 200, explique Franck. « On est là et bien là. Cela fait trois mois que le gouvernement dit que le mouvement s'essouffle, mais c’est de l’enfumage. » Noël, syndiqué FO venu d’Aveyron, est parti à 3 h 30 du matin pour monter dans un car puis un train. « Je suis saisonnier, et ne travaille que 9 mois par an, mais je fais quand même 27 heures supplémentaires par mois. Pour le moment, elles sont majorées à 25 %, mais si on m’enlève ça, je serai encore plus précaire qu’aujourd’hui. »

Chacun sa vision du mouvement : bataille pour des acquis ou combat pour la survie. Pierre l’avoue bien volontiers : « À dix ans de la retraite, je me bats pour mes enfants, et pour conserver quelques protections. » « Petit cadre » dans la filiale d’un grand groupe œuvrant dans le domaine de la défense, il n’est pas syndiqué, est monté dans un bus CGT grâce à un copain, expérimente pour la première fois de sa vie une manifestation parisienne. « Ici, c’est anonyme, je peux me permettre. Chez moi, vu ma boîte, et même si je suis civil, ce n’est pas possible. » Guillaume Brante, délégué syndical CGT pour le site Haribo d’Uzès, distribue à tout-va des tracts appelant à signer la pétition contre la délocalisation de la ligne chamallows en Belgique, ainsi que des sachets de bonbons multicolores. « FO et la CFE ont lancé une consultation sur le plan de compétitivité que la société nous propose, et qui prévoit quand même 110 suppressions de postes alors que notre entreprise ne s’est jamais aussi bien portée. Il a été approuvé à 63 % grâce au chantage à l’emploi. Pour le moment, la CGT est majoritaire, donc on peut quand même refuser l’accord mais si la loi El Khomri passe, c’est fini. Pour nous, c’est très concret ce qui se passe aujourd’hui. »

Révision de la majoration des heures supplémentaires, possibilité d’accords offensifs sur l’emploi, réforme du licenciement économique, possibilité de référendum, les raisons de la grogne sont toujours aussi nombreuses. Des inspecteurs du travail, présents dans le cortège, pointent le risque d’une « focalisation sur l’article 2 », au cœur des tractations depuis l’arrivée du texte au parlement. « C’est un piège, souligne Yacin, qui travaille en Ile-de-France. Certains tentent de dire que si cet article est réécrit, le texte devient acceptable, mais pour ceux qui pratiquent le droit du travail tous les jours, il est évident qu’une série d’autres articles posent problème. » « Ce serait quand même une sacrée victoire », note de son côté Fernand Gonzalez, ancien membre de la fédération métallurgie où œuvrait anciennement Philippe Martinez, et actuellement au bureau de l’Union départementale CGT du Lot-et-Garonne. « Mais faut pas se faire de cinéma, les enseignants sont bientôt en vacances, il va falloir tenir pendant l’été, c’est assez inédit. » Dans le carré de tête, les leaders syndicaux sont assez réticents à dévoiler leur jeu, et l’étendue de la négociation à l’œuvre avec la ministre du travail, sous l’ombre portée de Matignon et de l’Élysée. Pour Philippe Martinez, l'objectif de la CGT « n'est pas simplement de supprimer l'article 2 de la loi, c'est toute la colonne vertébrale du texte qui est à revoir ». La CGT doit rencontrer le gouvernement vendredi. Mais le syndicat a déjà prévu deux nouvelles dates de manifestations, « au cas où », les 23 et 28 juin.

À deux pas, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, appelle lui aussi à poursuivre le mouvement même s’il a rencontré vendredi la ministre du travail Myriam El Khomri, et l'a trouvée « attentive » à ses propositions. « Est-ce une amorce ou est-ce de la com' ? Je crois qu'elle a compris que tout le monde peut sortir par le haut de ce dossier. » FO est-elle donc prête à négocier, et à cesser le mouvement contre une réécriture de l'article 2 de la loi ? Éric Beynel, chez Solidaires, assure de son côté qu’il n’y a pas de « hiatus » dans le front syndical : « L’intersyndicale reste soudée, la journée d’aujourd’hui est très belle et le mot d’ordre reste le retrait.

Après, chacun sa stratégie. » En tête, présence massive des autonomes Loin des tractations de coulisses, et tout à l’avant, dans ce qu’il convient d’appeler la tête du cortège, la manifestation a également fait le plein. Selon un bon connaisseur de ce type de manifestations, c’est sans doute « l’une des plus grosses manifestations d’autonomes de ces trente dernières années ». Ce qui est sûr, c’est que le nombre de personnes portant coupe-vent, capuche noir et lunettes de soleil ou masque de plongée a atteint un niveau jamais observé ces trois derniers mois. Les deux heures suivantes, jusqu’à l’arrivée place des Invalides, ne sera qu’un lent piétinement, alternant charges, lacrymogènes, jets de pierre, vitrines brisées et tags sur les murs, ce qui ralentit tout le reste du cortège et lui donne son rythme.

Les 300 « casseurs » infiltrés que dénonce régulièrement le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve sont aujourd’hui au moins 1.000.

Avant même que la manifestation ne s’ébranle, la foule stationnée était déjà repoussée à plus de 200 mètres de la place d’Italie, au niveau de la station de métro Gobelins, boulevard du Port Royal. Comme chaque fois, la banderole « Soyons ingouvernables » servait de point de ralliement. Et comme chaque fois, des syndicalistes, comme des cheminots CGT ou des militants à SUD étaient parmi la foule. On dénombrait également les Jeunes écologistes, ou encore la CNT et Alternative libertaire. Un phénix de carton monté sur un caddie était « rené » de ses cendres, après avoir été brûlé lors de la manifestation du 1er Mai. L’ambiance est motivée, les chants variés. Le cortège s’est élancé peu après 13 heures. La fête ne sera que de courte durée. Si la présence policière est plutôt discrète au début, à chaque croisement, les forces de l’ordre qui sont là pour empêcher la manifestation de dévier de sa trajectoire sont l’objet de jets de pierre, de pétards, voire de feux d’artifice. Très vite, la police, aidée de la gendarmerie, réplique. Le cortège est stoppé dès 14 heures.

On entend parler allemand, italien, sous les cagoules, quand d'autres slogans revendiquent l’appartenance à une région comme Toulouse, Clermont-Ferrand – apparemment en force –, ou encore Rennes et Nantes. Comme les fois précédentes, il n’y a absolument aucune désolidarisation dans ce cortège de tête. Quand les visages masqués entament un « Et tout le monde déteste la police !», l’ensemble des personnes présentes reprennent en chœur. La violence du gouvernement et de ses policiers depuis le début du conflit social a vraisemblablement marqué les esprits. Philippe et Pascale, masques sur le visage, ont marché vite. Sans s’en rendre compte. Les voilà dans le quartier Duroc, boulevard du Montparnasse, « dans le merdier », à quelques dizaines de mètres du face-à-face entre les CRS et les autonomes sous les nuages de lacrymogènes. Le cortège ne peut plus avancer. Les yeux piquent, la colère aussi. « Le gouvernement a gagné. Voilà la CGT assimilée aux casseurs. Les images vont tourner en boucle. Uniquement celles-ci, pas les manifestants pacifiques qui revendiquent le retrait de la loi El Khomri pour de justes raisons », s’énerve Philippe. Philippe a 58 ans, plus de 25 ans d’ancienneté dans un grand groupe dont il préfère taire le nom et un salaire qui dépasse à peine le Smic, 1.450 euros net. Il est ouvrier, venu de Rennes, une ville rompue aux violences policières depuis le début du mouvement contre la réforme du code du travail. Il a fait toutes les manifestations, sept jours de grève, soit plus de 500 euros en moins. « Mais cela vaut le coup de se battre ; je le fais pour les jeunes car moi, j’aurai une petite retraite mais vous, vous n’aurez rien », lance-t-il en nous prenant à partie. Syndicaliste depuis une quinzaine d’années à la CGT – un coup d’arrêt à sa carrière, selon lui –, Philippe dit que « le problème, c’est l’Europe qui nous gouverne et qui fait que les patrons nous voient comme des charges et non comme des plus-values ».

Tandis que le cortège reprend sa marche pour quelques minutes de répit avant une nouvelle charge des CRS qui fera reculer la foule en l’arrosant de gaz, il raconte qu’il vote Front national, que « ce n’est pas incompatible avec son engagement syndical à la CGT ». « On peut être catho et à la CGT, pourquoi ne serait-on pas au FN et à la CGT ? » renchérit sa compagne Pascale, elle aussi encartée à la CGT. « Marine Le Pen n’aurait jamais fait une telle réforme. Avec elle, il n’y aurait pas eu cet article 2 sur l’inversion de la hiérarchie des normes », jure-t-elle. Le couple, des déçus du « socialisme », vote extrême droite depuis une dizaine d’années, « pas par adhésion mais par colère ». « On n’est pas d’accord avec tout ce que dit le FN mais tout de même, il dit des vérités sur l’Europe, l’assistanat », appuie Philippe. Au travail, il est complètement « démotivé » : « Les salaires n’augmentent pas. Un jeune qui rentre gagne quasiment autant que moi au bout de 25 ans d’ancienneté. » Non loin de là, une colère, physique celle-ci, s’exprime. Le long du boulevard du Montparnasse, les vitrines de banques, d’agences immobilières, des magasins de luxe ou même des chaînes de fast-food sont systématiquement attaqués. Au croisement avec le boulevard Raspail, un homme s’écroule, touché au dos vraisemblablement par une grenade non explosée. Selon L’Obs 3, qui a recueilli un témoignage de photographe présent au moment des faits, l’homme d’une quarantaine d’années « s'est pris une grosse bombe lacrymo dans le dos, une grosse bombe grise. (…) Il était debout au milieu de la rue, seul, quand les forces de l'ordre ont tiré. L'homme est tombé au sol, sur le ventre, inanimé. (…) La bombe lacrymo était enfoncée dans son dos, elle a fait un trou de 5 centimètres de diamètre ». Toujours selon ce témoin, la bombe « a continué à se consumer et à faire de la fumée, elle a fait fondre son t-shirt ». L’homme a été évacué par les pompiers. Rien n’avait filtré sur son état en début de soirée.

Trois jeunes cagoulés s’immiscent dans le Starbucks aux vitrines explosées et ressortent avec des mugs aux couleurs de l’enseigne américaine. Un vieux routier des luttes de la CGT, descendu du Pas-de-Calais, les interpelle : « Vous n’avez pas honte ? Vous êtes venus pour ça ? Nous, on est là pour défendre le code du travail ! » Il n’a pas le temps de finir qu’il doit se réfugier derrière la porte cochère d’un bel immeuble haussmannien. Nouvelle charge violente des CRS qui fait remonter la foule. Il ne s’y était pas préparé et manque de s’écrouler. Dans le hall, une dame en tailleur filtre les entrées et ne laisse passer que « les manifestants qui lui inspirent confiance ». Elle annonce une mauvaise nouvelle à un homme d’une cinquantaine d’années en chemise blanche et pantalon noir : « Ils ont brisé la vitrine de ton commerce ! » Il veut sortir, elle le lui déconseille, « c’est trop dangereux ». Dehors, des explosions se font entendre. Des grenades. Une dame, d’une cinquantaine d’années, commissaire aux comptes qui connaît bien le monde de l’entreprise, se dit « atterrée devant tant de violences », dénonce « une CGT radicalisée, arc-boutée sur des privilèges d’un autre temps ». Elle allait chercher des médicaments quand elle s’est retrouvée au milieu des manifestants. Un débat s’instaure dans le hall d’immeuble entre pro et opposants de la loi El Khomri et c’est le commerçant qui a le dernier mot : « Ce pays est impossible à réformer », avant de braver la foule et les gaz pour rejoindre sa boutique aux vitres brisées et appeler son assurance. Quelques mètres plus loin, c’est un autre hall d’immeuble qui est rempli de manifestants. Ici, personne ne filtre les entrées, les portes sont grandes ouvertes. Des “street medics” y soignent des blessés, un journaliste, une étudiante. D’autres s’échangent du sérum physiologique, des gouttes d’huiles essentielles, des masques d’hôpital. Une brune, la cinquantaine, se réjouit devant tant de solidarité : « Ça me rappelle Mai 68. »

La grande affaire de la journée sera sans doute les vitrines brisées d’un bâtiment de l’hôpital Necker, situé sur le parcours de la manifestation. Des manifestants cagoulés ont mis des coups de marteau dans certaines baies vitrées, un tag a été rajouté, indiquant « Ne travaillez jamais ». Il n’en a pas fallu plus pour que la classe politique réagisse et que l’AP-HP annonce déposer plainte. Sur les réseaux sociaux, certains tentent un rapprochement saugrenu, expliquant que l’enfant du couple policier tué dans la nuit par un terroriste en banlieue y était soigné. L’arrivée place des Invalides, destination finale de la manifestation, se passe sans heurts dès lors que les policiers se sont retirés de quelques centaines de mètres. Des gens s’assoient sur les pelouses, d’autres appellent leurs amis dispersés dans la foule. Le répit n’est que de courte durée. Alors que quelques policiers casqués sont pris à partie, d’autres se déploient, un camion lance-eau en appui. Des grenades lacrymogènes volent sur la foule éparpillée, alors même qu’une large partie du cortège n’est pas encore arrivée. Un groupe de cégétistes, venu de Toulon, panique, ne sachant plus comment quitter la place.

Les minutes passent sans que la situation ne s’améliore. Aux jets de grenades lacrymogènes et autres grenades assourdissantes répondent des jets de pierre et des slogans contre la police. Un photographe quitte en boîtant un des affrontements. Des “street-medics” portent un homme qui vient de prendre un tir de LBD (nouveau Flash-Ball) dans l’abdomen. Un deuxième camion lance-eau arrive sur la place, déversant la moitié de son contenu. Une brèche s’ouvre vers les quais, des manifestants s’y engouffrent et gagnent le pont des Invalides avant que les policiers ne changent d’avis et nassent ce qu’il reste de manifestants. Des « Libérez nos camarades » retentissent cependant qu’une partie de ceux qui ont pu sortir lancent des appels à marcher vers les Champs-Élysées, ou vers l’Élysée, ou vers le Sénat. En fait, personne ne sait vraiment où aller. Les groupes se disloquent peu à peu. Des syndicalistes de la CGT ou de SUD regagnent leurs cars qui se trouvaient de ce côté de la Seine. Vers 19 heures, il ne restait plus grand monde dans le quartier.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 07:36
Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale Midi-Pyrénées (photo France 3 Régions)

Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale Midi-Pyrénées (photo France 3 Régions)

Meeting loi Travail/ Théâtre Dejazet 12 juin.

Marie Pierre Vieu.

D’abord sachez que ma présence s’explique par le fait que Pierre Laurent a été retenu en Italie par une grève après une réunion du PGE…

Préparant donc mon intervention par la lecture de la presse ce matin, je ne puis que dire le climat de haine sociale, haine de « classe » qui nourrit le débat sur la loi Travail. Ecoutez plutôt les commentaires publiés ce jour dans les colonnes du JDD ; je vous apprendrai ensuite qui les a prononcés.

« Je constate que les blocages viennent de salariés et d’agents qui ne sont pas concernés par la loi. Il ne faut plus accepter la dérive des militants d’extrême gauche qui saccagent les locaux (de la CFDT). Il faut faire attention à poser les limites, ne pas tout tolérer. Si un mouvement d’extrême droite empêchait la parution de journaux, nous aurions été un million dans la rue à défiler contre le fascisme »

Laurent Berger , qui n’a plus peur des amalgames. Version plus light de François Fillon dans le même journal « Martinez place son syndicat aux limites de la démocratie » et surtout plus prophétique, « On va aller à l’Euro en espérant que la fête mettra fin aux désordres » On l’a vu hier soir à Marseille…

Dans ce climat donc présenté comme volontairement crépusculaire, le mouvement Travail continue à se développer avec une opinion largement favorable au retrait de la loi, des jeunes qui vivent entre manifs et nuits debout leurs premières expériences de lutte, une dynamique qui se cherche et des exigences qui portent bien au-delà de la loi Travail.

C’est pourquoi l’initiative de ce dimanche est importante.

Le fait que des syndicalistes, des intellectuels, des forces sociales et des partis politiques se retrouvent ici sur une tribune partagée, avec un message commun « Retrait », la détermination d’aller au bout du bras de fer avec le pouvoir et de poser des jalons pour l’après est le meilleur signe que l’on pouvait donner aux salariés à l’avant veille de la grande manifestation nationale du 14 juin. Cette loi est la loi de trop, la trahison de trop !

Derrière une longue série depuis 2012. Il y avait déjà eu le donnant-donnant du début du mandat Hollande dont on avait vite compris qu’il signifiait l’allégeance au patronat. Dans le même temps c’était le refus d’amnistier pour les syndicalistes et les salariés en lutte condamnés sous Sarkozy. Il y a eu le pacte de compétitivité et les 50 milliards d’euros de réduction des politiques publiques mettant à mal toute solidarité ; il y avait eu l ‘ANI, le CICE…

Tout cela conduisant à 700 000 chômeurs de plus en cinq alors même que les salaires des patrons flambent (Sapin 2 faisant effet de placebo)

La loi travail sonne comme l’ultime stade de l’entreprise de démolition du pacte social mené par le gouvernement socialiste ; désormais dans l’affrontement capital/travail, le face à face travailleur/MEDEF, la loi ne serait plus là pour protéger le salarié, être un point d’appui pour celui qui donne sa force de travail ce qui avait la motivation même d’un code du travail.

D’où ouverture aux pires régressions : Inversion de la hiérarchie des normes, accord d’entreprise prévalant sur le code du travail, représentation syndicale phagocytée, licenciement facilités, abaissement des droits et protections des salariés : droit aux vacances, droit face à la vie (deuil) droit à la médecine préventive…

Comme si cela ne suffisait pas, on voit bien que l’offensive est plus globale : offensive sécuritaire avec l’état d’urgence, la stigmatisation des petits et des plus faibles tant et si bien que Sarkozy poussant le discours à l’extrême parle de dictature des minorités et en dresse la liste (la CGT, les rouges, nuit debout, les gens du voyage… Nous tous).

Jusqu’à l’école et l’université qu’il s’agit d’adapter au marché et de flexibiliser : c’est ainsi que le débat sur la sélection à l’entrée du Supérieur est exhumé (le Monde des idées affirmait que désormais elle était compatible avec un discours de gauche…) 30 ans après 86. Malik Oussékine peut se retourner dans sa tombe.

Et puis, il y a l’acharnement parlementaire avec le 49.3, l’acharnement idéologique (TINA) visant à mettre hors la loi tous ceux qui sortent de la capitulation sociale imposée aux forceps, les violences policières…

Malgré tout cela, 70 % de la population refuse cette loi !

Raison de plus pour continuer, poursuivre et élargir la mobilisation à toutes celles et ceux qui refusent le diktat gouvernemental et l’horizon auquel il nous condamne.

Raison de plus pour ensemble travailler la feuille de route pour obtenir son retrait.

1/ D’abord ne pas banaliser : les bloqueurs, les casseurs, les coupables, la minorité de blocage ce sont eux !

2/ Ensuite casser cette idée que nous serions pour le statut quo et incarnerions le passé. Ils sont l’immobilisme, nous sommes le mouvement !

3/ Proposer, faire grandir le débat de perspective. Le PCF avec ses militants, ses élus, ses parlementaires essaient de prendre toute leur place dans ce débat au service de la mise en mouvement populaire.

Le 13 et 14 juin la discussion parlementaire se déplacera au Sénat.

Le groupe FdG a déposé 402 amendements à la loi et exige son retrait. Là comme à l’AN, les élus PCF et FdG vont agir pour faire grandir le rapport de force et, nous le savons, se posera la question d’une nouvelle motion de censure de ce gouvernement indigne. Comme se posera la question de la convergence de la gauche parlementaire opposée à cette loi.

Nous devons y travailler !

Débattons d'une autre loi travail qui donne aux salarié-e-s, aux citoyen-ne-s et élu-e-s des droits et pouvoirs nouveaux d'intervention et un code du travail du 21esiècle permettant de contester la main mise des actionnaires et de la rentabilité financière sur les entreprises. Des pistes ont été avancées par les syndicats, des économistes.

Le groupe FdG a déposé un projet de loi pour la sécurisation de l’emploi et de la formation tout au long de la vie. La lutte contre le chômage doit être notre priorité et le débat doit s'ouvrir sur les nouvelles formes que prend le travail avec la révolution numérique, sur la réduction du temps de travail (passage aux 32h) et sa rémunération décente. Le pays a besoin d'un nouvel accord de développement de l'emploi et des services publics en France et en Europe avec un réel plan de financement. Le pays a aussi besoin de prendre le contrôle du crédit bancaire (pôle public bancaire), de l'argent public donné aux entreprises pour financer non pas des actionnaires mais des programmes de création d'emplois et de formations qualifiantes, de recherche et d'innovation. il est encore besoin de sortir des traités européens actuels, des politiques austéritaires de la BCE.

Sur le terrain de la lutte contre les paradis fiscaux et le dumping social, je pense ici tout particulièrement au travail du sénateur Eric Bocquet sur les travailleurs détachés : 1,9 millions qu’on exploite et utilise pour tirer toutes les législations sociales européennes vers le bas. Sur tous ces terrains il nous faut cheminer ensemble.

Dernier message. On voit bien que ce qui se joue dans la loi Travail dépasse la loi Travail. Il y a dans ce mouvement un potentiel de transformations sociale immense qu’il nous appartient de légitimer, faire fructifier et développer. Une unité sociale et citoyenne est en train de se construire là sous nos yeux. Je crois qu’il est une urgence que se construise également l’unité politique pour l’alternative à gauche. Je ne suis pas candide, je connais la réalité de la situation. Reste que nous avons collectivement un devoir de réussite à court, moyen et long terme sauf à étouffer la voix du peuple. Je ne vise pas ici que le débat électoral mais également le politique et le culturel. Pour le présent et l’avenir.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 07:31
Médecins du monde dénonce les médicaments trop chers (Ouest-France)

Médecins du Monde lance une campagne-choc et une pétition pour dénoncer le coût exorbitant de certains médicaments, et la logique de profit de l'industrie pharmaceutique.

Une campagne choc et une pétition contre les prix « révoltants » des médicaments pour soigner notamment le cancer et l'hépatite C, sont lancées lundi par Médecins du Monde (MdM) qui appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités afin de permettre l'accès de tous aux traitements. Prix exorbitants

Ces prix « exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l'hépatite C pour la première fois de notre histoire », souligne Olivier Maguet, responsable à MdM de cette campagne. « Malheureusement cette tendance à l'inflation des prix ne fait qu'augmenter et la Sécurité sociale peut de moins en moins payer » ajoute-t-il en évoquant les nouveaux traitements du cancer (immunothérapie...), alors que 400.000 nouveaux cas de cette maladie sont observés chaque année.

Marges des laboratoires

Des « prix qui ne sont pas justifiés » selon l'ONG qui dénonce les « marges colossales et révoltantes » des laboratoires pharmaceutiques dans sa campagne conçue par l'agence DDB Paris. Elle se décline en douze affiches axée sur la rentabilité des maladies : « Avec l'immobilier et le pétrole, quel est l'un des marchés les plus rentables ? La maladie » et « 1 milliard d'euros de bénéfice, l'hépatite C on en vit très bien ». Autre exemple : « Le mélanome c'est quoi exactement ? C'est 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires ». La pétition adressée à Marisol Touraine, ministre de la Santé pour faire baisser le prix des médicaments est accessible en ligne (www.leprixdelavie.com).

Refus des afficheurs

La campagne d'affichage urbain (métro, abribus, ...) a été refusée par l'ensemble des réseaux d'afficheurs en raison d'un risque de réactions négatives de la part de l'industrie pharmaceutique, affirme le Dr Maguet. Les 1.200 bénévoles de l'ONG feront donc un « affichage sauvage » de la campagne par ailleurs diffusée via le web et les réseaux sociaux et dans les grands quotidiens nationaux.

Le Solvadi (le sofosbuvir du laboratoire américain Gilead), premier des antiviraux efficaces contre l'hépatite C, a été un révélateur. Le traitement de 3 mois est vendu 41.000 EUR (hors rabais) par patient alors qu'il coûterait moins de 100 euros à produire, selon les travaux du chercheur Andrew Hill de l'Université de Liverpool, souligne MdM.

Logique de profit

Un rapport sénatorial américain de 2015 sur ce médicament a mis en évidence « la logique de maximisation du profit » à l'oeuvre dans tout le secteur comme avec les nouveaux médicaments contre le cancer, relève M. Maguet. Les autorités chargées de réguler le marché des médicaments - qui dépendent de l'Etat - ne jouent plus leur rôle et s'alignent trop souvent sur les prix avancés par les laboratoires, déplore le Dr Françoise Sivignon, présidente de MdM.

De son côté, le Leem (industrie pharmaceutique) « réagit avec la plus grande fermeté aux propos caricaturaux et outranciers tenus par Médecins du Monde ». « Le prix de ces médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé (organisme dépendant de l'Etat, ndlr) à l'issue de négociations avec les industriels » rappelle-t-il.

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 07:28

Jean-Luc Mélenchon, le leader du Parti de gauche, sort renforcé de la dernière séquence politique et sociale.

Le leader du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, égale François Hollande et le dépasse même dans certaines hypothèses de premier tour pour l'élection présidentielle qui verraient le chef de l'État relégué en quatrième position, selon un sondage BVA diffusé mercredi. Selon cette enquête réalisée pour Orange et la presse régionale dans le cadre de Pop 2017, la plate-forme des opinions publiques, le député européen sort renforcé de la dernière séquence politique et sociale. Dans l'hypothèse où Alain Juppé serait le candidat de la droite, Jean-Luc Mélenchon ferait jeu égal avec le président de la République (14 %).

Tous deux seraient également à égalité, à 15 %, si Bruno Le Maire représentait Les Républicains. Dans l'hypothèse où la primaire de la droite investirait Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon arriverait en troisième position (14 %, +2 points), devant François Hollande (13 %, -2 points). Même scénario si François Fillon était le candidat LR : Jean-Luc Mélenchon recueillerait 15 % des suffrages exprimés (+2) contre 14 % pour le chef de l'État (-1). Quelle que soit l'hypothèse testée, la présidente du Front national, Marine Le Pen, apparaît toujours en mesure de se qualifier pour le second tour de l'élection présidentielle et renforce même sa position. Dans trois hypothèses sur quatre, comme lors des deux vagues d'enquêtes précédentes, elle arriverait même en tête du premier tour, sept à dix points devant le candidat Les Républicains, avec un score compris entre 28 % et 29 % des voix.

Seul Alain Juppé la devancerait au premier tour, de dix points avec 36 % des voix. Ce sondage a été réalisé du 10 au 12 juin auprès d'un échantillon de 910 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d'un échantillon représentatif de 1 001 Français âgés de 18 ans et plus.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 18:35

LA CFDT DE PLUS EN PLUS SEULE, ET LES MEDIAS N' EN PARLENT PAS!

la pédagogie Berger ne marche plus...

Les militants commencent à fuir la centrale syndicale qui fait ami-ami avec le patronat.

En témoignage ce départ pour la CGT du responsable de l'UL CFDT de Montpellier, Jean-Louis Garcia.

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