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27 avril 2016 3 27 /04 /avril /2016 06:19
Les cheminots mobilisés pour défendre l'avenir d'un grand service public ferroviaire (PCF)

Les cheminots mobilisés pour défendre l'avenir d'un grand service public ferroviaire

La journée de grève des cheminots, qui porte sur la question de la réglementation du temps de travail, les salaires, l'emploi, connaît une forte mobilisation. Ce combat qui se mène dans l'unité de toutes les organisations syndicales, pose aussi la question de la sécurité des circulations ferroviaires. En effet, derrière la destruction d'emplois, la dégradation des conditions de travail, la diminution des moyens financiers, c'est la sécurité des usagers et salariés de la SNCF qui se joue. Le gouvernement et la direction de la SNCF sont prêts à les sacrifier au nom de la compétitivité et de la rentabilité. C'est la logique de la loi El Khomri adaptée à la SNCF.

Ce mouvement repose donc sur une haute idée du service ferroviaire et de l’intérêt général.

Les communistes sont partie prenante de ce mouvement, comme ils le sont des luttes actuelles notamment contre la loi travail. Cette journée de mobilisation à la SNCF comme celle du 28 avril puis du 1 mai participent d'une même mobilisation.

Le PCF a rendu public un manifeste pour un grand service public ferroviaire d'avenir. Ce mouvement est l'occasion de le populariser, d'en débattre, de le proposer largement à la signature car il s’agit là d’une grande question de société qui doit tenir une place centrale dans le débat politique.

Lire aussi la déclaration de la CGT des Cheminots le 26 avril:

CE QUE L’ON NE VOUS DIT PAS SUR LA POLITIQUE BUSINESS DE LA SNCF !

Depuis des années, la Direction de la SNCF n’a de cesse d’imposer des gains de productivité. Ainsi, du fait de la suppression de près de 30 000 emplois de cheminots depuis 2003, le chiffre d’affaires généré par agent a augmenté de 30 % (sur la base des résultats 2007). Pourtant et au-delà des conséquences catastrophiques sur la qualité du service public ferroviaire (accidents ferroviaires, suppressions et retards de trains, vieillissement du réseau ferré), l’augmentation du prix des billets se poursuit !

Loin d’enrayer l’endettement du système ferroviaire, la réforme de 2014 qui enjoint en fait à l’autofinancement, est marquée en réalité par un désengagement de l’Etat et du Patronat (qui profite largement du transport public) au détriment des cheminots et des usagers qui devront payer la note ! Pire, cette politique engendre un report massif sur les routes de camions et d’autocars…

Or, la route est quasi uniquement financée par les deniers publics (infrastructures, coût des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique qui reposent sur les collectivités). Tandis que le vocable des dirigeants de la SNCF s’enrichit pour passer des « usagers » aux« clients », symptôme supplémentaire de cette politique business, cette même Direction fait le choix d’investir massivement à l’international ainsi que dans les filiales routières plutôt que dans les trains du quotidien pourtant si chers à Guillaume Pépy.

Ils détruisent le ferroviaire, occultent l’écologie, sacrifient des pans entiers de territoires et tout cela avec notre argent !

Ainsi, l’achat d’OHL (USA) a coûté 717 millions d’euros, celui de l’ATE (Australie) 113 millions d’euros et 29,3 millions de pertes de Kéolis à Boston. Le Partenariat Public Privé (PPP) sur la LGV SEA (Sud Europe Atlantique) coûtera au bas mot 230 millions d’euros par an pour engraisser un consortium privé (LISEA) piloté par Vinci Construction ! La libéralisation des autocars (loi Macron) coûtera 200 millions d’euros minimum chaque année. D’ailleurs, les 110 millions d’euros injectés dans « Ouibus » en deux ans serviront directement à faire concurrence aux trains SNCF et ce malgré des remplissages de bus estimés entre 10 et 20 voyageurs. Exit donc l’égalité de traitement, la péréquation tarifaire, le service public ferroviaire !

D’AUTRES CHOIX EXISTENT !

Ainsi, la Fédération CGT des Cheminots propose de créer une contribution du Patronat pour financer les TER (versement transport), de baisser la TVA, d’augmenter la prise en charge du trajet domicile/travail par les employeurs, de créer un plan d’épargne populaire pour financer les infrastructures de transports… Ce qui permettrait de parvenir aux moyens nécessaires à même d’assurer un service public ferroviaire pour répondre aux besoins exprimés en territoires et d’appliquer une tarification appropriée.

La Fédération CGT des Cheminots, le 26 avril 2016

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26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 13:02

CE QUE L’ON NE VOUS DIT PAS SUR LA POLITIQUE BUSINESS DE LA SNCF !

Depuis des années, la Direction de la SNCF n’a de cesse d’imposer des gains de productivité. Ainsi, du fait de la suppression de près de 30 000 emplois de cheminots depuis 2003, le chiffre d’affaires généré par agent a augmenté de 30 % (sur la base des résultats 2007). Pourtant et au-delà des conséquences catastrophiques sur la qualité du service public ferroviaire (accidents ferroviaires, suppressions et retards de trains, vieillissement du réseau ferré), l’augmentation du prix des billets se poursuit !

Loin d’enrayer l’endettement du système ferroviaire, la réforme de 2014 qui enjoint en fait à l’autofinancement, est marquée en réalité par un désengagement de l’Etat et du Patronat (qui profite largement du transport public) au détriment des cheminots et des usagers qui devront payer la note ! Pire, cette politique engendre un report massif sur les routes de camions et d’autocars…

Or, la route est quasi uniquement financée par les deniers publics (infrastructures, coût des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique qui reposent sur les collectivités). Tandis que le vocable des dirigeants de la SNCF s’enrichit pour passer des « usagers » aux« clients », symptôme supplémentaire de cette politique business, cette même Direction fait le choix d’investir massivement à l’international ainsi que dans les filiales routières plutôt que dans les trains du quotidien pourtant si chers à Guillaume Pépy.

Ils détruisent le ferroviaire, occultent l’écologie, sacrifient des pans entiers de territoires et tout cela avec notre argent !

Ainsi, l’achat d’OHL (USA) a coûté 717 millions d’euros, celui de l’ATE (Australie) 113 millions d’euros et 29,3 millions de pertes de Kéolis à Boston. Le Partenariat Public Privé (PPP) sur la LGV SEA (Sud Europe Atlantique) coûtera au bas mot 230 millions d’euros par an pour engraisser un consortium privé (LISEA) piloté par Vinci Construction ! La libéralisation des autocars (loi Macron) coûtera 200 millions d’euros minimum chaque année. D’ailleurs, les 110 millions d’euros injectés dans « Ouibus » en deux ans serviront directement à faire concurrence aux trains SNCF et ce malgré des remplissages de bus estimés entre 10 et 20 voyageurs. Exit donc l’égalité de traitement, la péréquation tarifaire, le service public ferroviaire !

D’AUTRES CHOIX EXISTENT !

Ainsi, la Fédération CGT des Cheminots propose de créer une contribution du Patronat pour financer les TER (versement transport), de baisser la TVA, d’augmenter la prise en charge du trajet domicile/travail par les employeurs, de créer un plan d’épargne populaire pour financer les infrastructures de transports… Ce qui permettrait de parvenir aux moyens nécessaires à même d’assurer un service public ferroviaire pour répondre aux besoins exprimés en territoires et d’appliquer une tarification appropriée.

La Fédération CGT des Cheminots, le 26 avril 2016

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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 13:00

La Nuit debout réfléchit à son avenir incertain


"A la Bourse du travail © FZ Les initiateurs de la Nuit debout, regroupés au sein de l'équipe du journal Fakir, se sont interrogés mercredi 20 avril au cours d'un débat parfois houleux sur les suites à donner au mouvement. Ils défendent l'idée d'une convergence avec les syndicats opposés à la loi sur le travail. "

La Nuit debout réfléchit à son avenir incertain (Médiapart)
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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 05:00
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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 06:02

La justice «se clochardise», selon son ministre


"« L'institution judiciaire est en voie de clochardisation », a déclaré le 18 avril Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la justice, lors d'un déplacement à Lille. Cette pauvreté rend impossible le quotidien des magistrats. Mais elle a aussi des répercussions concrètes sur la vie des justiciables. Nous republions les témoignages de six magistrats qui racontent comment l'indigence engendre l'injustice. Codes © Reuters"

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 05:40
Loi travail: stop aux violences policières (CGT): la police doit protéger les citoyens, non les frapper!

LOI-TRAVAIL : STOP AUX VIOLENCES POLICIÈRES

Un pouvoir politique sur les dents et des forces de l'ordre qui font du zèle, on ne compte plus les excès de la police qui veut mater les jeunes qu'ils soient lycéens, étudiants… Ne laissons pas faire et ripostons si besoin à ces méthodes et le bruit des bottes !

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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 18:33
Le mouvement contraint Valls à des mesures pour les jeunes : ON CONTINUE ! (Mouvement des Jeunes communistes)

Le mouvement contraint Valls à des mesures pour les jeunes : ON CONTINUE !

► Le gouvernement a voulu couper la mobilisation des jeunes contre la loi Travail de celle des salarié-e-s en annonçant quelques mesures concrètes. Même si elles sont loin de la priorité à la jeunesse annoncée pour le quinquennat Hollande, ces mesures contenues dans la plate forme des organisations de jeunesse sont positives.

► Les jeunes ne sont pas dupes : ils prennent ses mesures, même considérées comme insuffisantes et seront vigilants pour qu'elles ne restent pas des promesses sans lendemains. Et ils exigent encore et toujours le retrait de la loi Travail

COMMUNIQUE DES JEUNES COMMUNISTES

Le premier ministre, dans le cadre de la restitution des discussions engagées la semaine précédente a présenté un plan de mesures concernant les jeunes.

Ces annonces font leur apparition alors que des centaines de milliers de jeunes livrent une bataille contre le projet de loi travail depuis plus d’un mois maintenant et que notre génération a décidé d’affirmer haut et fort ses droits, ses revendications et le fait qu’elle n’était pas née pour subir.

Cependant, les jeunes sont descendus dans la rue et ont fait entendre leur voix contre le projet de Loi Travail et le gouvernement ne répond pas sur le sujet.

Nous ne lâcherons pas la pression ! Nous allons interpeller les parlementaires sur tout le territoire afin qu’ils rejettent ce projet de loi indigne et nous continuerons à mobiliser dans tous les espaces possibles pour maintenir le rapport de force et faire de la journée du 28 avril annoncée par l’intersyndicale, une journée décisive à quelques jours du 1er Mai pour faire plier ce gouvernement.

Les parlementaires communistes et du Front de gauche mobilisés au Parlement contre la loi Travail

Améliorer, vu le point de départ, ça ne va pas suffire. Parce que le projet de loi El Khomri c'est une catastrophe quasiment de la première à la dernière ligne"

Pierre Laurent sénateur

Le gouvernement qui se dit de gauche, mène une politique profondément libérale. Au moment où l'examen de la loi vient à l'Assemblée nationale, les députés du Front de gauche seront le relai des jeunes et des salariés pour combattre, pied à pied, cette loi et faire avancer des mesures de progrès.

Marie-George Buffet députée

Le retrait du projet de loi, c'est par les milliers de personnes présentes ici que ça se passe. Nous, les parlementaires du Front de gauche, pouvons être des accompagnateurs, des relais, des portes-voix. La différence elle est faite par les salariés en lutte, les jeunes, les étudiants, par les citoyens qui sont ici dans la rue."

André Chassaigne député

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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 15:17

L’Agence française de développement sous la tyrannie du Trésor

13 AVRIL 2016 | PAR LAURENT MAUDUIT

La réforme avortée de l'Agence française de développement est riche d'enseignements. Coups tordus, manœuvres: on peut y lire tous les dysfonctionnements qui paralysent parfois les sommets du pouvoir. Et on y découvre aussi, preuves à l'appui, pourquoi la direction du Trésor qui est le quartier général de l'oligarchie française est un véritable danger pour la démocratie.

Il arrive souvent que dans le débat public le poids des grands corps de l’État ou l’influence des grandes directions de l’administration soient pointés du doigt, pour leurs effets pervers. Périodiquement, l’Inspection générale des finances ou la direction du Trésor, pour ne parler que du ministère des finances, sont ainsi périodiquement mises en cause, au motif qu’elles sont deux des principaux piliers du système oligarchique français. Ce qui est assurément exact, mais souvent assez peu documenté. Alors, au bout du compte, leur dénonciation est souvent sans grand effet, car les citoyens ne sont pas en mesure d’appréhender les ravages concrets que ces directions font peser au quotidien sur la vie démocratique de notre pays ; sur la diffusion de cette calamiteuse pensée unique néolibérale qui se propage dans tous les cercles du pouvoir, ne se souciant le plus souvent que des aspects comptables des problèmes, et jamais de leurs versants humains ou sociaux.

C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut prendre le temps d’analyser en détail la réforme avortée de l’Agence française de développement (AFD), dont Mediapart a tenu la chronique ces derniers mois (lire La réforme de l’Agence française de développement est abandonnée, La réforme de l’Agence française de développement tourne à la pantalonnade et Aide au développement, climat : l’Élysée se prend les pieds dans le tapis). Car on peut y découvrir, de manière très concrète, l’influence aussi majeure que contre-productive dans un dossier économique pour le moins important, celui de l’aide au développement, de l’une de ces directions, en l’occurrence celle du Trésor. On peut même dire les choses avec beaucoup plus de brutalité, car il n’est pas difficile de l’étayer : la direction du Trésor constitue un véritable danger pour la démocratie.

Veut-on en établir la démonstration, il suffit de se replonger dans l’histoire de l’AFD au cours de ces dernières années, jusqu’à la réforme récente voulue par François Hollande, puis finalement torpillée par la direction du Trésor.

Tout au long des années 2000, l’AFD connaît une très rapide ascension. L’établissement public a pour mission depuis soixante-dix ans de « lutter contre la pauvreté et de favoriser le développement dans les pays du Sud », en même temps que de « favoriser le développement économique et social des Outre-mer » ; et il s’en acquitte à l’époque avec beaucoup de dynamisme, sous l’autorité d’un directeur général entreprenant, Jean-Michel Severino, au moyen « de subventions, de prêts, defonds de garantie ou de contrats de désendettement et de développement, » qui permettent de financer les programmes convenus avec les pays concernés.

Pendant cette décennie, l’AFD prend donc de plus en plus d’ampleur : son flux de prêts passe d’environ 1 milliard d’euros à 6 milliards en 10 ans. Une formidable progression, qui ne relève en rien d’une fuite en avant. Au contraire, cette ascension est mûrement réfléchie, et repose tout à la fois sur une vision de long terme, et une stratégie clairement définie pour y parvenir. La vision de long terme, c’est celle qui est portée par ce que les experts appellent « les Biens publics mondiaux » : il s’agit, en résumé, de mettre en place à l’échelle mondiale des politiques susceptibles de pallier les défaillances du marché dans des domaines aussi décisifs que la qualité de l’air, la biodiversité ou encore la situation climatique mondiale. Et la stratégie, du même coup, consiste pour l’AFD à sortir de son ancien pré carré, celui de l’ex-empire colonial français, pour se hisser au niveau des nouveaux enjeux planétaires.

Pendant ces années 2000, la direction du Trésor est l’arme au pied. Comme son homologue, la direction du budget, elle est très hostile à cette expansion et préférerait voir l’AFD cantonnée dans le cercle restreint des anciennes colonies françaises. Mais la résistance bureaucratique est à l’époque battue en brèche par le dynamisme de l’agence et de son directeur général.

Mais une fois la page Severino tournée, la direction du Trésor finit par reprendre la main. Et c’est cette tyrannie reconquise qui fonctionne toujours aujourd’hui. Dans les coulisses, c’est plus que jamais la direction du Trésor qui décide de tout, au point, selon plusieurs témoignages, de transformer le conseil d’administration en théâtre d’ombres. Tous les dossiers qui sont présentés aux administrateurs de l’AFD sont visés en amont par le Trésor, qui les expurge, corrige, élimine, en fonction de son bon vouloir. Une fois parvenus en conseil d’administration, les dossiers sont quasiment tous adoptés, dès lors qu’ils sont soutenus par le Trésor.

Exemple : au début de l’année 2016, le dossier de financement d’un projet sénégalais émeut les administrateurs (dont Cécile Duflot) car il implique la création d’une centrale à charbon. Après la COP21 et compte tenu de la communication récurrente de l’AFD sur les vertus « climat » de ses opérations, cela fait mauvais genre. Faut-il rappeler que les centrales à charbon sont responsables de 15 % des émissions de gaz à effet de serre, et sont le premier poste de pollution au monde ? Par comparaison, les avions, c’est 2 %…

Mais non ! Le Trésor et le Budget estiment que c’est un « bon » projet car, si on ne le vote pas, l’AFD perdra 30 millions d’euros. Et ainsi, le projet est adopté. La directrice générale proteste-t-elle ? Non. Elle acquiesce, habituée à obéir aux diktats du Trésor.

Or, cette perte de 30 millions d’euros aurait-elle été imputée au contribuable français ? Non, pour la bonne et simple raison que l’Agence ne travaille pas avec de l’argent public, mais avec les recettes de ses prêts. Autrement dit, si elle fait des pertes, c’est avec « son » argent, et non pas avec celui de l’État. De quel droit le Trésor peut-il donc imposer à l’AFD des décisions de gestion ? La tyrannie qu’il exerce va en tout cas jusque-là.

L'onde de choc du scandale des « Panama papers »

Autre exemple : pour satisfaire à la demande du président de la République d’augmenter de 4 milliards d’euros l’encours des prêts de l’AFD d’ici 2020 (ceux-ci sont aujourd’hui de 8,5 milliards d’euros, cela représente donc une hausse de + 50 %), la direction des opérations de l’AFD a estimé, selon les informations que j’ai pu recueillir, qu’il lui fallait embaucher 144 équivalents temps plein (ETP) supplémentaires, dès 2016. Car pour faire 4 milliards de plus en 2020 – une gageure très difficile à tenir, sachant que les équipes sont déjà à l’os pour parvenir aux 8,5 milliards actuels –, il faut faire en moyenne + 1 milliard par an, et ce, dès 2016.

Seulement voilà ! Le plan d’embauche est visé par… le Trésor qui estime que, non, 144, c’est trop ! Combien veut-il ? 106 et pas un de plus. Pourquoi 106 ? Parce que c’est comme cela : ainsi en a décidé Bercy ! Et que fait la directrice générale de l’AFD, Anne Paugam ? Elle acquiesce. Sans doute son statut d’inspectrice générale des finances la rend-elle génétiquement bienveillante aux oukases du Trésor, à qui elle donne raison contre ses propres équipes.

Sur quoi le Trésor se fonde-t-il pour estimer que 106 ETP suffiront ? D’après tous les témoignages recueillis : sur rien ! L’AFD a fourni 20 pages de chiffres et d’explications détaillées pour expliquer pourquoi 144 étaient nécessaires. Le Trésor n’a rigoureusement aucune expérience du terrain de l’AFD. Il ignore à peu près tout des pays d’intervention de l’Agence. De même qu’il ignore tout de ce que vivent les équipes. Tout juste la direction du Trésor finit-elle par accepter un délai de grâce pour trancher définitivement sur les effectifs jusqu’en mai prochain, époque à laquelle on saura si le mandat d’Anne Paugam – vivement soutenue par la direction du Trésor – sera ou non reconduite.

Et des exemples de ce type, confinant à l’absurde et révélant les seules logiques comptables qui intéressent Bercy, ceux qui connaissent l’AFD en citent à foison. Une dernière illustration : voici à peine quelques jours, le conseil d’administration a validé le financement d’un nouvel abattoir à Addis-Abeba, alors que les projets similaires financés antérieurement dans la capitale éthiopienne avaient donné lieu à des problèmes de maltraitance animale. Avant le vote, des administrateurs s’en sont donc émus, mais ils n’ont pas été entendus par le comité exécutif qui, le petit doigt sur la couture du pantalon, a transformé le conseil d'administration en chambre d’enregistrement des moindres desiderata du Trésor.

À la lumière de tous ces faits, on comprend donc mieux le malaise perceptible au sein de l’AFD, que ressent l’immense majorité de ceux qui y travaillent. La crise sociale est d’ailleurs publique : la directrice des ressources humaines de l'Agence était, jeudi 7 avril, devant le tribunal de grande instance de Paris, à la suite d’un recours déposé par des syndicats de la maison pour délit d’entrave. L’affaire, qui a été mise en délibéré jusqu’au 12 mai, révèle le climat d’extrême défiance qui prévaut parmi les salariés de l’Agence à l'encontre du comité exécutif.

Ce malaise n’est d’ailleurs pas le seul, car depuis qu’a été révélé le scandale des « Panama papers », tout le monde se demande au sein de ce comité exécutif si des clients de l’AFD, ou de sa filiale, Proparco, n’y sont pas impliqués. Déjà, un article du Monde en 2013 (il est ici) avait intrigué, car il signalait, sans s’y arrêter, qu’une « large part de l'aide publique vers l'Amérique latine » transitait par le Panama.

Mais on comprend aussi, pour les mêmes raisons, la guerre de position qui commence en août 2015, après que François Hollande eut annoncé son souhait d’adosser l’AFD à la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Si le projet a été très mal préparé, annoncé sans la moindre concertation par le chef de l’État, il n’en recueille pas moins, pour des raisons de bon sens, l’assentiment de la CDC et d’une grande majorité des salariés de l’AFD, hormis le comité exécutif de l’Agence. Tout le monde comprend que si l’AFD est intégrée au sein de la CDC et devient sa troisième section, au côté de la section générale, et de la section des fonds d’épargne, cela peut présenter d’immenses avantages, pour les deux établissements. Centrée depuis toujours quasi exclusivement sur la France, la Caisse se doterait ainsi pour la première fois de son histoire d’une section s’occupant des problématiques internationales. Et surtout, ce serait une formidable solution pour l’AFD, pour de nombreuses raisons.

Cela permettrait d'abord de résoudre durablement le problème des fonds propres de l’AFD. En effet, avec environ 3 milliards d’euros de fonds propres (pour un total de bilan de 34 milliards d’euros), l’Agence sature la plupart des contraintes prudentielles qui lui sont imposées par Bâle 3. Par conséquent, il lui est impossible d’augmenter les encours de ses prêts. Or, indépendamment de l’injonction présidentielle des 4 milliards d’euros, c’est très problématique dans un contexte où le paysage des bailleurs internationaux est en pleine recomposition : la Banque mondiale pèse au moins trois fois plus que l’AFD ; la BNDES (brésilienne) est encore plus grosse que la Banque mondiale ; le DIFID britannique et la KFW allemande sont, eux aussi, beaucoup plus gros que l’AFD ; la Banque africaine du développement est en train de se renforcer ; la Chine vient de créer une seconde banque de développement…

Si l’AFD ne grandit pas davantage, elle est condamnée à disparaître à brève échéance. Depuis 10 ans, l’AFD demande donc au Trésor d’augmenter ses fonds propres ; et cela fait 10 ans que Bercy répond invariablement qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’État.

Face à ce blocage, le déclin de l’AFD est programmé, en même temps que l’influence financière de la France à l’international. Et ce déclin semble d’autant plus irréversible que le Trésor est complètement imperméable aux questions de stratégie de moyen terme. Terrible démission d’une direction qui ne croit plus du tout à la fonction régalienne de l’État ; qui ne croit pas à la démocratie représentative ; et qui ne croit pas plus au long terme. À quoi croit-elle ? À sa propre puissance, sorte d’hydre bureaucratique qui vise uniquement la reproduction de son être.

Deuxième avantage de l’intégration de l’AFD au sein de la CDC, sous la forme d’une troisième section, cela permettait d’en revenir à une gouvernance potentiellement plus saine de l’AFD en réduisant le pouvoir de nuisance du Trésor. Et puis, troisième avantage, cela permettait à l’AFD de s’affranchir du carcan de Bâle 3, qui n’est qu’indicatif pour la Caisse. Bâle 3 – et la supervision de la BCE – est aujourd’hui un carcan qui bride toutes les banques, et se montre particulièrement inefficace.

Mais tous ces arguments de bon sens se sont donc heurtés à la résistance farouche de la direction du Trésor. Pour plusieurs raisons. Primo, la CDC n’est pas, de par la loi, sous la tutelle de Bercy, mais elle est placée depuis sa création, en 1816, sous la protection du Parlement. Le scénario de la « troisième section » (où l’AFD serait devenue la section internationale de la Caisse) aurait donc impliqué que le Trésor perde le pouvoir absolu, ou presque, qu’il exerce aujourd’hui sur l’AFD. Or le fait que l’AFD puisse être contrôlée par les parlementaires a beaucoup de sens, puisque ce sont eux (et non pas le Trésor) qui votent chaque année la subvention d’État que l’AFD aura à gérer en plus de ses prêts et qui lui permettent soit de bonifier ses prêts auprès des pays pauvres, soit de faire des dons.

La direction du Trésor, un danger pour la démocratie

Mais aux yeux du Trésor, le contrôle parlementaire, au lieu de constituer une force de rappel démocratique par rapport aux logiques bureaucratiques et technocratiques, est un « risque ». Ce sont des constats qu’aucun haut fonctionnaire de cette direction ne dira publiquement, mais quiconque les a approchés sait que cela se dit beaucoup en cercle privé : pour nombre d’entre eux, le pouvoir politique et les élus sont essentiellement incompétents (la « compétence » étant évidemment le monopole de Bercy), préoccupés exclusivement de faire des cadeaux électoralistes à une population citoyenne pour laquelle Bercy a le plus profond mépris. Aux yeux de Bercy et d’une bonne partie de l’Inspection générale des finances, la démocratie est par nature populiste. Et c’est leur devoir de s’y opposer, dans l’intérêt même du « peuple ». Les fonctionnaires de Bercy, pour la plupart, sont donc sincèrement persuadés que, pour l’intérêt général, il vaut mieux que la forteresse de Bercy garde le contrôle absolu de l’AFD.

Ce fonctionnement oligarchique, fait d’arrogance et de mépris de la démocratie, s’est très fortement renforcé au fil de ces dernières décennies. Jusqu’à la fin des années 1970, certaines grandes directions du ministère des finances avaient encore des règles de fonctionnement respectueuses des principes républicains. Au sein de la direction de la prévision, on trouvait par exemple des fonctionnaires de toutes les sensibilités, des gaullistes jusqu’aux communistes en passant par le PSU. Et il était fréquent que des notes contradictoires sur un même sujet soient adressées à tel ou tel ministre, pour qu’il exerce ses prérogatives d’arbitrage, en étant le mieux éclairé possible.

Mais ce pluralisme-là n’existe plus depuis belle lurette. L’oligarchie de Bercy est maintenant monochrome : plus néolibérale que moi, tu meurs. Et c’est donc de cette évolution que la direction du Trésor est l’emblème ; c'est dans cette direction que l'évolution a été la plus caricaturale. Elle révèle les travers très antidémocratiques qui minent le fonctionnement de l’État. Le poids du Trésor dans toutes les décisions publiques est d'autant plus considérable qu'il a ses agents, même pas secrets, au sommet de l'État, dans tous les lieux du pouvoir qui comptent, jusqu'à l'Élysée. Dans le cas du dossier de l'AFD, un conseiller présidentiel, Jean-Jacques Barbéris, en partance bientôt vers une banque privée (lire Vive Bercy ! Servons la cause ! Servons-nous…), a ainsi très lourdement pesé en faveur de la solution défendue par la direction du Trésor, dont… il est issu !

La direction du Trésor a donc mis toutes ses forces dans cette bataille, tout à la fois pour que la CDC – qu’elle a plusieurs fois cherché à démanteler – ne renforce pas ses prérogatives, et pour que l’AFD n’échappe pas à sa tutelle. Et elle a donc reçu le renfort militant du comité exécutif de l’AFD. Selon mes informations, ce comité exécutif de l’Agence a en effet pris plusieurs mesures pour minimiser les risques que la solution de la « troisième section » ne l’emporte. Il a par exemple interdit à tous les salariés de communiquer avec la CDC en l’absence de deux cerbères mandatés par lui pour faire cette besogne. De ce fait, aucune synergie entre les deux institutions ne peut être explorée pendant de longs mois. Il va jusqu’à encourager les syndicats de l’Agence à faire grève si le scénario de la section l’emportait. Surtout, le comité exécutif sollicite dans le plus grand secret les services d’un cabinet de conseil juridique, Bredin Prat, pour peaufiner les arguments juridiques qui permettront au Trésor de faire obstacle au rapprochement AFD-CDC. Ce qui est tout de même stupéfiant : dans quel univers la haute fonction publique française évolue-t-elle pour qu'un établissement public enrôle des avocats afin de se défendre secrètement des projets… de l'État ?

Dans le même temps, le comité exécutif de l’Agence construit un plan alternatif, celui qui a finalement prévalu dans l’ébauche de la loi Sapin II. Primo, l’AFD entre dans le groupe CDC mais sans le moindre lien capitalistique entre les deux institutions. On donne le siège de président du conseil d’administration de l’AFD au directeur général de la CDC, Pierre-René Lemas mais, compte tenu de ce qu’est le conseil, il ne s’agit que d’un strapontin. Deuxio, le Trésor transforme 2,7 milliards de RCS (ressource à condition spéciale) en fonds propres pour permettre à l’AFD d’accomplir la hausse des 4 milliards de prêts supplémentaires exigée par l’Élysée. Tertio, il est prévu la mise en place d’un fonds de 500 millions gérés en commun par la Caisse et l’AFD.

Comme Mediapart l’a déjà chroniqué, ce plan constitue donc un faux rapprochement qui permet de donner l’illusion que la demande élyséenne a été satisfaite tout en la court-circuitant. Surtout, il permet au Trésor de garder la mainmise sur l’AFD. Enfin, il ne résout en rien le problème de fonds propres de l’AFD. L’ajout de 2,7 milliards permet juste de franchir la marche des 4 milliards, rien de plus. Ce qui veut dire qu’en 2020, l’AFD sera revenue au point de départ qui était le sien aujourd’hui : elle ne pourra plus grandir. Enfin, ce scénario maintient l’AFD dans le cadre de Bâle 3, ce qui lui occasionnera tous les deux ans plusieurs millions d’euros de frais pour répondre aux questionnaires de la BCE, des milliers d’heures de travail inutile, etc.

On s’étonnera peut-être que le Trésor se permette de passer outre les injonctions de l’Élysée. En réalité, c’est monnaie courante : le Trésor s’estime au-dessus du calendrier politique de l’Élysée. La démocratie est une apparence qu’il s’agit de conserver, tout en poursuivant l’agenda propre du Trésor. Plusieurs députés se plaignent d’ailleurs des mensonges du Trésor, qui transmet parfois des chiffres erronés aux parlementaires, leur fait des promesses qu’il ne tient pas. Exemple : le Trésor a promis aux députés qui siègent au conseil d'administration de l’AFD que les recettes de la taxe sur les transactions financières seraient affectées à l’Aide publique au développement, c’est-à-dire qu'elles abonderaient la part de don budgétaire que gère l’AFD. Aujourd’hui, les députés se doutent que ce ne sera pas le cas, et que cette promesse était juste destinée à les amadouer.

À l’issue de l’arbitrage élyséen de janvier, deux questions restaient en suspens : par quel processus législatif le faux rapprochement serait-il finalisé ? Qui succéderait à Anne Paugam, à la fin de son mandat ? Le processus législatif suscitait une grande crainte au Trésor et à la direction de l’AFD : les députés seraient capables de remettre le plan de la section en débat. Six mois de pièges, de mensonges et de coups tordus dans les couloirs de la bureaucratie française, destinés à empêcher le triomphe de la CDC, risquaient d’être anéantis par l’incompétence des députés. Il fallait donc tout faire pour les en empêcher. Aux yeux du Trésor et du comité exécutif de l’agence, la démocratie, c’est avant tout un risque législatif qu’il convient de circonscrire au plus près. Et puis, les députés auraient sans doute eu tendance à privilégier la Caisse, sur laquelle ils ont un droit de regard. Là encore, Bercy est parvenu à ses fins en persuadant l’Élysée de renoncer à la procédure législative. Le non-rapprochement sera donc entériné, sans même avoir été discuté par la représentation nationale.

Quant à la succession d’Anne Paugam, elle constitue l’ultime bataille dans cette histoire. Pierre-René Lemas a tenté de faire valoir qu’il souhaitait pouvoir exercer un veto sur la nomination de la direction générale de l’AFD. Ce point aurait pu figurer dans la loi ou, au moins, être débattu par les députés. Nouveau danger ! Heureusement pour le Trésor, il n’y aura pas de débat parlementaire : le mode de désignation du directeur général de l’AFD restera à la discrétion de l’Élysée, sans que la Caisse n’ait son mot à dire. À moins que cela ne soit précisé autrement dans la convention entre l’AFD et la CDC, qui se substituera à la loi. Gageons que la convention, rédigée par les soins de la direction de l’Agence et sous l’œil attentif du Trésor, ne mentionnera aucun droit de la Caisse sur la nomination du directeur général de l’AFD.

Bref, tout se combine et s’emboîte. Au pays de la monarchie républicaine, le chef de l’État peut annoncer une réforme importante, sans la moindre concertation préalable, sans que ses enjeux et ses modalités ne soient au préalable soupesés. Au pays de l’oligarchie, la haute administration de Bercy peut ensuite tout faire selon son bon plaisir, en ne se souciant que des aspects comptables des choses, dans le plus souverain mépris des prérogatives des élus de la Nation. C’est de cela d’abord que témoigne tristement le dossier de l’AFD : de l’extrême anémie de notre démocratie.

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 06:52

Courant d'ère. Éloge de l'impôt

10 avril 2016/ Hervé Hamon


Je voudrais vous parler d'un pays que je connais bien : le Chili. Hier, c'était une république comme la nôtre. Chacun cotisait pour financer l'école (gratuite), la santé (gratuite), etc. Puis Richard Nixon a décidé de le doter d'un dictateur afin de transformer ce pays en terrain d'expérimentation yankee. La République est revenue mais, aujourd'hui, les écoles (même maternelles) sont payantes, les cliniques sont excellentes mais hors de prix, et les étudiants manifestent jour et nuit pour obtenir un libre accès à l'université. L'impôt, c'est ça, juste ça. La santé, les routes, les bibliothèques, les poubelles, et ainsi de suite. La mutualisation des moyens et des risques - ce dont rêvent neuf Chiliens sur dix, comme tant d'autres de par le monde. Nous avons le privilège, nous autres Français, de payer des impôts. Ça n'arrange pas mes fins de mois, mais je le répète : c'est un privilège. Évidemment, les impôts, ce serait mieux sans les escrocs, les gros malins qui se faufilent, qui trichent. Ce serait mieux sans les multinationales qui « optimisent » leurs profits et les délocalisent à cette fin. Ce serait mieux sans les banques qui jouent à la roulette plutôt que de jouer la transparence. Ce serait mieux sans les despotes qui détournent les ressources de leurs nations et les planquent à l'étranger. Ce serait mieux sans la caste des privilégiés qui sont assez riches pour s'estimer quittes des règles ordinaires. Bref, l'impôt, ce serait mieux si c'était juste, si chacun contribuait selon ce qu'il gagne et possède, si les revenus du capital étaient taxés à la hauteur de ceux du travail, si la classe moyenne n'était pas la perdante éternelle de la répartition. Si les politiques avaient le courage de réformer la fiscalité, ce qu'ils jurent toujours, du moins à gauche, et ne font jamais. N'empêche. Même imparfait, l'impôt, c'est la liberté.

© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/debats/eloge-de-l-impot-10-04-2016-11025390.php#Mv8iLhXFJdpz5MKR.99

Hervé Hamon, Le Télégramme

Hervé Hamon, Le Télégramme

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 06:33

La CGT Vinci demande l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

1 avril 2016 | Par Jade Lindgaard

La CGT de Vinci, première organisation syndicale au sein du groupe de BTP, dénonce « la machine infernale » du contrat de concession de l’aéroport, générateur de« dumping social » et fustige un projet né de « rêves mégalomaniaques périmés ».

C’est un apparent contre-pied au discours syndical : la CGT du groupe Vinci, concessionnaire pour la construction et l’exploitation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, réclame l’abandon du projet. Première organisation syndicale au sein du groupe de BTP, elle dénonce « la machine infernale » du partenariat public-privé : « financement opaque, des coûts immédiats sous-estimés, des gains futurs surestimés… et des profits permanents garantis ». Dans un communiqué publié le 21 mars, elle livre une critique virulente et détaillée du contrat de concession emporté en 2010, pour 55 ans, par le géant mondial de la gestion d’infrastructures publiques.

Appel de la CGT Vinci à abandonner Notre-Dame-des-Landes

Pourquoi un syndicat de salariés, dédié à la préservation et à la création d’emplois, s’oppose-t-il à un projet générateur d’activités et de recettes pour son entreprise ? « Parce que ce système ne bénéficie pas du tout aux travailleurs ! » explique à Mediapart Francis Lemasson, délégué CGT à Vinci. Dans un partenariat public-privé, les coûts de construction d’un équipement commandé par la puissance publique (autoroute, ligne à grande vitesse, aéroport…) sont assurés par le concessionnaire privé, qui reçoit en retour un loyer durant les années ou les décennies du contrat. Ce système, en vogue depuis le début des années 2000, se révèle très coûteux pour l’État qui se retrouve dans la plupart des cas à payer une facture beaucoup plus élevée que s’il avait gardé la maîtrise de l’exploitation.

Dans son communiqué, la CGT explique que « sur ces projets, Vinci intervient à la fois comme constructeur et comme exploitant concessionnaire sur la base de contrats abusifs ». Concrètement, détaille Francis Lemasson, « Vinci Construction a pour client Vinci Concessions. Pour nous, c’est le pire client. Sur un chantier, il y a toujours des retards. Dans un marché public classique, on négocie alors des “réclamations” avec le client pour finir le contrat avec un délai et des coûts supplémentaires. Mais avec Vinci concession, on se heurte à un véritable mur. Cette négociation est impossible : “C’est ce prix là, et si vous vous êtes trompés dans les estimations, tant pis pour vous !” Quand Vinci signe un PPP, il s’engage sur un prix ferme. Cela produit un transfert de contraintes sur les filiales de Vinci Constructions et sur leurs sous-traitants, qui n’ont d’autres choix que de recourir à l’intérim, aux salariés détachés, aux travailleurs sans papiers, à la sous-traitance en cascade. C’est une machine infernale ». À ses yeux, le chantier de Notre-Dame-des-Landes« condense tous les dysfonctionnements en terme de démocratie locale, expertise indépendante, écologie ».

C‘est pourquoi la CGT considère dans son communiqué – « alors même que nos métiers sont durement touchés par une chute d’activité, elle-même due à la baisse des commandes publiques et aux exigences élevées de rentabilité de nos actionnaires » – que « la multiplication de ces contrats, loin d’être une solution, fait peser une grave menace sur nos emplois, nos salaires et nos conditions de travail » : « dumping social » et surexploitation des ouvriers employés par les entreprises de sous-traitance.

Le syndicat s’inquiète aussi d’un risque de destruction d’emplois en cas d’ouverture d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, par le biais de l’automatisation d’une partie des tâches et du recours à la sous-traitance : « C’est ce que Vinci a mis en place dans les aéroports qu’il a achetés au Portugal », précise Francis Lemasson. Combien d’emplois le groupe compte-t-il créer dans le nouvel aérogare s’il sort un jour de terre ? « C’est un secret d’État », selon le délégué CGT qui indique avoir interrogé le PDG du groupe à ce sujet, Xavier Huillard, sans obtenir de réponses.

Le groupe Vinci est divisé en deux branches : concessions (près de 6 milliards d’euros de chiffres d’affaires) et contracting (32,5 milliards de CA), dont les activités de construction. C’est l’équivalent de 2 500 petites entreprises, « un cartel de PME » selon Francis Lemasson, employant en moyenne une vingtaine de salariés. Dans cette structure, les petites équipes spécialisées en BTP se retrouvent sous la pression des concessionnaires, guidés quant à eux par une logique de rentabilité financière. Les PPP ne représentent qu’une minorité des contrats du groupe, mais ils lui rapportent beaucoup, alors que les activités de construction sont ralenties par la crise économique.

« Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des esclaves : nous ne voulons pas travailler dans un climat de guerre civile, mais dans les meilleures conditions, avec des droits et des garanties collectives », conclut la CGT Vinci, qui ajoute souhaiter œuvrer à des « projets dont nous puissions être fiers pour leur utilité sociale et sociétale ». À l’inverse, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes provient de « rêves mégalomaniaques périmés ».

Selon Francis Lemasson, dans les filiales de Loire-Atlantique, département du projet, les salariés se sont vu distribuer des brochures provenant Des ailes pour l’Ouest, l’association des défenseurs de l’aéroport. Lors de comités de groupe, la direction de Vinci a demandé aux représentants du personnel de soutenir le projet de nouvel aéroport. Le communiqué de la CGT lui apporte une réponse en forme de cinglant désaveu.

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