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25 janvier 2022 2 25 /01 /janvier /2022 06:36
Présidentielle 2022. À Grigny, Fabien Roussel s’adresse aux « invisibles du périphérique » et se prononce pour la régularisation des sans-papiers (Naïm Sakhi, L'Humanité, 24 janvier 2022)
Présidentielle 2022. À Grigny, Fabien Roussel s’adresse aux « invisibles du périphérique »
Lundi 24 Janvier 2022 - L'Humanité

En déplacement dans l'Essonne, jeudi, le communiste a conclu une journée marathon par une rencontre avec les habitants et associations de Grigny. En compagnie du maire PCF de la commune, Philippe Rio, il s’est engagé à faire adopter une loi de « rattrapage » pour les banlieues.

 

« Philippe, on a déjà décidé de faire une manifestation à la CAF d’Évry pour réclamer les moyens nécessaires au respect des habitants ! », glisse Fabien Roussel, à Philippe Rio, le maire PCF de Grigny (Essonne) lorsque que celui-ci le rejoint lors d'une rencontre avec les habitants de sa ville. Après la province, à l’occasion des Rencontres des jours heureux, le candidat communiste à l’Élysée s’attelle depuis début janvier à parcourir l’Ile-de-France. Jeudi 20 janvier, le député était dans l’Essonne, un département en partie enclavé où se mêlent urbanisation et zone agricole. La journée s’est terminée dans « la ville la plus pauvre de France, mais où nous avons le meilleur maire du monde », assume fièrement, une habitante venue écouter le discours du prétendant communiste, en référence à la récompense décernée par la City Mayors Foundation au maire de la commune, Philippe Rio.

Icon Quote Les premiers de corvées, ils habitent ici. Ils y élèvent leur enfant. Pourtant, moins de deux ans après le début de la crise, on a l’impression que tout le monde a oublié cette réalité. Philippe Rio

Les habitants témoignent tous du délaissement

À Grigny, 45 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est à ces « invisibles du périphérique » que Fabien Roussel souhaite « redonner espoir ». « À Saint-Amand-les-Eaux, comme à Grigny, il existe le même sentiment d’abandon », estime le candidat. Député du Nord, il connaît néanmoins la vie en banlieue, après une adolescence passée à Champigny-sur-Marne. Dans la salle municipale jouxtant, une friche commerciale, où se déroule la rencontre, les habitants témoignent tous de ce délaissement. « Quand on a une maladie chronique, c’est très difficile de trouver un spécialiste, ils sont déjà tous complets », raconte l’un. « Le commissariat est toujours fermé. On subit des choses invivables mais ils ne viennent pas. On veut simplement vivre comme avant », enchaîne un autre. « Toutes ces questions touchent au service public, souligne Fabien Roussel, heureusement des maires mènent le combat, mais ils n’ont pas de planche à billets, ils doivent être aidés par l’État ». « Moi président de la République, il y aura une loi de programmation pour les 200 villes de France signataires de l’appel de Grigny », s’est d’ailleurs engagé le candidat, un peu plus tard dans la soirée, devant 450 participants.

Icon QuoteMoi président de la République, il y aura une loi de programmation pour les 200 villes de France signataires de l’appel de Grigny. Fabien Roussel

« Les premiers de corvées, ils habitent ici. Ils y élèvent leur enfant. Pourtant, moins de deux ans après le début de la crise, on a l’impression que tout le monde a oublié cette réalité », tacle Philippe Rio. Et de déplorer  l’attitude de ces « candidats qui jouent à un concours Lépine de celui qui nous piétine le mieux. Comme si chaque jour, on remettait en cause l’appartenance de la banlieue à la nation ». Dans l’assistance, un retraité voudrait bien en découdre avec ceux-là : « je suis prêt à vous accompagner pour affronter Éric Zemmour », dit-il. Relayant une lutte de travailleurs étrangers en situation irrégulière à DPD France, filiale de La Poste, une syndicaliste demande : « Toi président que fais-tu pour les sans papiers ? » « Je les régularise une bonne fois pour toutes ! », répond du tac au tac Fabien Roussel. « Si à Grigny l’usine Bergams a fermé, ce n’est pas la faute des migrants, mais de son propriétaire Bruno Caron, parmi les 500 grosses fortunes de France mais qui en veut toujours plus », poursuit le député.

Le social, l'emploi, les salaires... une priorité

Délaissée depuis plusieurs décennies, cette commune populaire de 28 000 habitants a vu les associations pallier les défaillances de l’État. Elle en compte plus de 560. « Avec le Covid, la situation empire. Ça fait 10 jours que le site de demande de RSA est bloqué ! Les gens sont dans une précarité administrative. Je passe des journées aux téléphones avec les administrations sans résultats », témoigne une bénévole. « Elles doivent embaucher ! On peut quand même recruter en urgence des jeunes qui n’attendent que ça pour 6 mois pour suppléer aux absences Covid », fustige le candidat communiste qui assure, lors de son discours, « tout faire pour mettre la question sociale, et donc des salaires et de l’emploi, à l’ordre du jour du débat politique ». Et de rappeler « qu’une fois à l’Élysée, (s) a première mesure sera d’augmenter le SMIC à 1 800 euros brut, les pensions de 200 euros et de rétablir la demi-part fiscale pour les veufs ! ».

Plus tôt dans la journée, au cours de son périple du sud francilien, Fabien Roussel s’est rendu au péage de Saint-Arnoult pour réclamer la baisse du prix de l’essence via la taxation des profits des compagnies pétrolières, avant de visiter une ferme municipale à Pussay, tenue par un jeune couple qui vend exclusivement ses produits à travers une AMAP, hors des fluctuations des prix de Rungis. Pour le candidat, la campagne s’accélère. Les 500 promesses de parrainages en poches, il est donné, par un sondage Opinionway, paru vendredi, à 3 % des intentions de voix, devant Anne Hidalgo (PS) et proche de Yannick Jadot (5 %). « Les choses peuvent bouger », insiste Amadou Deme, responsable de la fédération PCF qui a prévu un week-end d’actions les 28, 29 et 30 janvier. Une force militante de terrain sur laquelle mise beaucoup le candidat.

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 08:59

 

Si le vote populaire pour l’extrême droite progresse depuis les années 1980, les attentes qui s’expriment, notamment envers les sujets économiques et sociaux, sont toujours très marquées à gauche.

Les classes populaires se seraient droitisées ? Si la progression du Rassemblement national dans l’électorat de ces catégories est réelle, elle est à relativiser du fait d’une très forte abstention et n’est pas représentative de leurs véritables préoccupations. Selon une enquête réalisée au printemps 2021 par l’Ifop pour « l’Humanité Dimanche », plus que la lutte contre l’immigration, ce sont des mesures sociales qui sont attendues.

Parmi les classes populaires, ils sont 91 % à demander un grand plan pour les services publics, 86 % à vouloir l’augmentation du Smic, 82 % à être favorables à la taxation des dividendes… Des mesures que seule la gauche met réellement sur la table. Même s’il lui reste à convaincre. « Il y a sans doute eu une perte de confiance à l’égard de la gauche, le quinquennat Hollande y est pour beaucoup, analyse le sociologue Ugo Palheta. La gauche doit pouvoir porter un discours clair, avec des propositions ambitieuses, de rupture, pour regagner cette confiance. C’est aussi comme cela qu’elle pourra combattre la montée de l’extrême droite. »

Celle-ci a en effet su adapter son discours au regard des réelles aspirations des classes populaires, sans pour autant bouleverser le fond d’un programme conservateur et libéral, que Marine Le Pen met d’ailleurs davantage en avant qu’en 2017. D’après une autre étude, réalisée par OpinionWay en septembre 2021, pour les ouvriers, les employés, le « pouvoir d’achat » (52 %) et la « protection sociale » (42 %) arrivent en tête des « enjeux qui compteront le plus au moment de voter pour l’élection présidentielle », devant la sécurité et l’immigration.

Selon l’Ifop, en janvier 2020, le changement prioritaire à apporter, d’après les ouvriers et les employés, concerne « les écarts de revenus et de richesses ». « Marine Le Pen a su faire croire qu’elle avait la réponse à ces questions, alors même que les plus précaires seraient les premières victimes de sa politique », observe la philosophe Juliette Grange, auteure du livre « les Néoconservateurs » (Pocket, 2017).

Reste que cette imposture sociale de l’extrême droite est loin de séduire la majorité des classes populaires : « Le vote des ouvriers et employés en faveur de Marine Le Pen et Éric Zemmour est encore annoncé élevé pour la présidentielle mais la colère, la défiance, le sentiment d’abandon qui s’expriment politiquement dans ces catégories se traduisent pour l’heure davantage par un retrait des urnes », relate le politologue Florent Gougou. Une abstention qui, là encore, pourrait être combattue par un projet émancipateur, s’il parvient à être convaincant.

 

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 08:55

 

Le mois dernier, le ministère de l’Agriculture publiait une note chiffrée faisant état d’une forte réduction du nombre d’exploitations agricole en France entre 2010 et 2020. Le 10 janvier, une autre note, émanant de la Mutualité Sociale Agricole, montrait que l’accès à une superficie suffisante devient de plus en plus difficile pour les jeunes porteurs de projets.

Nous avons récemment fait état d’une note du ministère de l’Agriculture publiée en décembre et révélant la France ne comptait plus que 389.000 exploitations agricoles en 2020, soit 100 000 de moins  qu’en 2010. Cette étude d’Agreste indiquait également que la superficie moyenne des exploitations agricoles en France était de 69 hectares en 2020, contre 55 hectares en 2010. Elle était de 42 hectares en l’an 2.000, tandis que notre pays comptait encore 620.000 exploitations.

Le 10 janvier dernier, la Mutualité Sociale Agricole (MSA) a publié une étude chiffrée sur l’installation des jeunes en agriculture. On y découvre qu’en 2020, « l’effectif des jeunes chefs d’exploitation installés à 40 ans et moins - ceux qui sont éligibles au dispositif d’aides à l’installation- s’établit  à 8.838 personnes, en baisse de 3,5%. Ces jeunes installés représentent 70,7% des nouveaux installés. Les installations tardives ne résultant pas d’un transfert entre époux (3.080 personnes) sont en baisse plus marquée (-12%)   et représentent désormais  24,6% des installations  réalisées (contre26,1% en 2019). Les installations tardives résultant d’un transfert entre époux (590 personnes) sont, quant à elles, en net recul (-21,3%). Ce type d’installation ne représente toutefois que 4,7% des installés ».

Des retraites revalorisées par la « Loi Chassaigne»

Ce « transfert entre époux » mérite un éclairage. Durant de longues décennies, l’unique chef d’exploitation était le mari dans un couple de paysans, son épouse ayant été seulement le titre « ménagère », puis de « conjoint collaborateur », suite à une modification législative. Du coup, quand un mari un peu plus âgé que son épouse faisait valoir ses droits à la retraite, cette dernière devenait à son tour cheffe d’exploitation, son mari continuant de travailler bénévolement à ses côtés tout en percevant sa pension. Quand l’épouse faisait valoir ses droits à la retraite, les quelques années passées comme cheffe d’exploitation apportaient une petite augmentation à sa pension. Obtenu par un combat acharné du député communiste André Chassaigne, le vote des deux textes de loi revalorisation les retraites des chefs d’exploitation, puis celles des conjoints collaborateurs et autres aides familiaux, a permis une augmentation mensuelle de plus de 100€ des pensions nettes des chefs d’exploitation depuis décembre 2021. Celles des conjoints collaborateurs et des aides familiaux ont connu une moindre revalorisation en janvier, des amendements votés par la majorité présidentielle ayant réduit la portée du texte de loi.

Seulement 34 hectares de superficie pour les nouveaux installés

Mais revenons à l’installation des jeunes en ce XXIème siècle. La statistique de la MSA nous dit que « chez les jeunes installés la superficie moyenne a crû régulièrement jusqu’en 2008, avant de se stabiliser entre 33 et 34 hectares de 2009 à 2012. A partir de 2012, elle avait retrouvé une progression pour s’établir à 37,1 hectares en 2017. Depuis elle repart à la baisse. Ainsi, en 2020, la superficie moyenne du jeune installé diminue pour atteindre 34,1 hectares contre 35 hectares en 2019. En 2020, la moitié des jeunes installés agricoles exploite une superficie inférieure ou égale à 20 hectares et un quart exploite plus de 52 hectares ».

La MSA ne livre aucune analyse sur les causes de la baisse des superficies qu’obtiennent les jeunes au moment de leur installation. Mais on peut penser que les pressions exercées par les distributeurs pour obtenir des prix bas suite au vote de la Loi de Modernisation Economique (LME) en 2008 et son application dès 2009 n’a pas été favorable aux nouvelles installations. Car les paysans déjà installés ont cherché à agrandir leur exploitation pour tenter de s’en sortir en produisant davantage. On peut aussi penser que la petite embellie constatée entre 2012 et 2017 est imputable, pour une part, à l’augmentation de l’aide européenne attribuée aux 52 premiers hectares de chaque exploitation. Cette décision fut prise en 2014 par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture durant le quinquennat de François Hollande.

Légiférer sur le foncier pour renouveler les générations

La situation s’est à nouveau dégradée depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée tandis que le ministère de l’agriculture a changé de titulaire à quatre reprises durant les trois premières années du quinquennat de l’actuel président. L’étude de la MSA indique encore qu’en 2020 «parmi les installés de 40 ans et moins, le taux de pluriactivité masculin augmente légèrement pour atteindre 35,9% contre  35,2% en 2019 et celui des femmes également à 31,8% contre 31,5% en 2019 ». On imagine facilement que cette double activité est contrainte, faute de disposer  d’une superficie suffisante pour tirer un revenu décent dans les années qui suivent l’installation. Avec 25% des exploitants âgés de 60 ans et plus, on peut raisonnablement penser que suite à l’amélioration des pensions de retraite rendue possible par la loi Chassaigne, de nouvelles terres vont se libérer. Mais, là encore, le moment est sans doute venu de légiférer en faveur d’une attribution du foncier favorisant l’installation des jeunes plutôt que l’agrandissement continuel des exploitations.

Entre des fermes et des firmes, il faudra choisir !   

 

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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 10:20

2022, ANNÉE DE LA MOBILISATION CITOYENNE  SIGNEZ LA PETITION

Ce samedi 22 janvier 2022, marque le premier anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). La France continue d'ignorer ce processus multilatéral de l'ONU. Faites entendre votre refus de voir la France laisser son siège vide à l'ONU en signant et en diffusant la pétition de notre Campagne.

 

ENSEMBLE POUR FAIRE CHANGER 

LA POSITION DE LA FRANCE

La Campagne ICAN France, conduite par de très nombreuses organisations*, lance ce 22 janvier 2022, une pétition pour demander au Président de la République la participation de la France, en qualité d’observateur, à la première réunion (20/22 mars, ONU, Vienne) des États Parties au Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires.

Le Président de la République, le 7 février 2020, a déclaré que la France « prendra ses responsabilités, en particulier en matière de désarmement nucléaire, comme elle l’a toujours fait ». Il a réitéré le 4 janvier 2022 en affirmant, avec les principales puissances nucléaires, « qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Il a donc l’occasion de mettre ces paroles en acte.

La France qui ne cesse, quel que soit son gouvernement, de dire qu’elle est un État responsable, n’a pas le droit de :

  • s’isoler de la scène internationale et européenne ; 
  • refuser le dialogue en vue d’agir pour notre sécurité humaine et environnementale face aux arsenaux nucléaires qui nous menacent en permanence.

Avec votre signature nous pouvons créer un mouvement pour faire évoluer cette position. Signez cette pétition qui demande au Président Macron, de ne pas isoler la France d’un processus multilatéral portée par l’ONU, en acceptant de faire participer notre État, en qualité d’observateur, à la première réunion du TIAN.

MERCI POUR VOTRE SIGNATURE

L’avis positif des Françaises et des Français pour ce traité s’est manifesté à différentes reprises entre une majorité (67 %, en 2018) qui souhaite la ratification de ce traité ou encore par la multiplication du nombre de parlementaires et de villes (Paris, Lyon, Grigny, etc.) qui le soutiennent.

*Avec les organisations nationales membres ou en accord avec cette action : Abolition des armes nucléaires–Maison de Vigilance, Europe Écologie Les Verts, Initiatives pour le Désarmement Nucléaire, Justice et Paix, La France Insoumise, Ligue des droits de l’Homme, Mouvement International de la Réconciliation, Mouvement national de lutte pour l’environnement, Mouvement pour une alternative non-violente, Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne Mouvement Utopia, Mouvement de la Paix, Observatoire des armements, le Parti Communiste, Pax Christi France, Pugwash France, Réseau Féministe Ruptures, Réseau Sortir du nucléaire. 

Et les associations locales : Agir pour le désarmement nucléaire Franche-Comté, Feyzin-Europe, Mouvement poétique pour une société idéale oubliée, Négajoule !

 

Le journal Le Monde ce 21 janvier a publié la tribune de nos experts de ICAN France et de l’Observatoire des Armements : « le manque de transparence sur les déchets nucléaires militaires pose un grave problème démocratique ». 

Cette tribune fait suite à la publication en décembre 2021 d'une étude sur les "Déchets nucléaires militaires : la face cachée de la bombe atomique française" qui montre que la transparence sur ce sujet est totalement absente. Ainsi, la comptabilité opaque des chiffres, le défaut de prise en compte de tous les déchets produits, comme de ceux enfouis dans un territoire étranger (Algérie), le manque de données sur le coût du démantèlement des installations et, plus généralement, l’absence de débat posent un grave problème démocratique.

Nous vivons dans un monde qui a pris conscience de la nécessité de réduire les déchets pour conserver un environnement sain et durable. Les déchets nucléaires, militaires comme civils, ont la particularité d’être extrêmement dangereux et d’une gestion complexe. Seul le temps et un changement de politique peuvent permettre d’en diminuer les risques. Les décideurs politiques, comme l’opinion publique, ne doivent plus ignorer ce sujet !

 

LE TIAN AVANCE

Le TIAN compte 59 États membres (et 86 États signataires) au 22 janvier 2022 ; le Pérou est le denier État à avoir ratifié en 2021 (23 décembre) ce texte. Ce sont ainsi 8 nouveaux États qui ont adhéré au traité au cours de l'année dernière. Le traité à fait bouger les lignes en 2021 : 

  • 23 nouvelles villes (Morlaix, Saint-Etienne) en France qui ont décidé de signer l'Appel des Villes, permettant d'atteindre un chiffre total de 57 ; 
  • 12 parlementaires ont signé l'Appel parlementaire. Et nous avons déjà un nouveau soutien en ce mois de janvier avec Mme la députée socialiste Lamia El Aaraje ; soit désormais 35 élu.e.s nationaux en faveur du TIAN ;
  • Les nouveaux gouvernements de la Norvège et de l'Allemagne sont respectivement devenus le premier État de l'OTAN et le premier État hébergeant des armes nucléaires à s'engager à participer comme Observateur à la première réunion des États parties au TIAN ;
  • 127 institutions financières ont cessé d'investir dans des entreprises produisant des armes nucléaires et la plupart le font en raison du risque d'une perception négative du public en cas de non-application de cette nouvelle norme. 
 

ENSEMBLE CONTRE LES ARMES NUCLÉAIRES 

Nous n'aurions pu terminer cette Lettre d'information sans vous souhaitez nos meilleurs voeux pour cette nouvelle année de bonheur et de résistance avec une pensée toujours particulière pour ceux qui sont en premières lignes pour aider les personnes malades en cette période de pandémie. 

Vous le savez, notre Campagne avance grâce au soutien financier reçu de la part de nos adhérents, de nos donateurs et aux projets financés par des fondations indépendantes telle la Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France ou encore la Fondation Un Monde pour Tous... et bien sûr avec l'énergie et l'expertise des membres de notre équipe.

Nous poursuivons nos actions de plaidoyer dans une pleine indépendance financière. Vous pouvez rejoindre notre communauté engagée contre les armes nucléaires en devenant 

Enfin, la bonne nouvelle c'est que vous pouvez toujours en 2022 nous soutenir gratuitement en adoptant le moteur de recherche solidaire Lilo pour surfer sur internet et en nous reversant vos "gouttes".   

MERCI POUR VOTRE SOUTIEN

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23 janvier 2022 7 23 /01 /janvier /2022 06:33

Rappel des faits Alors que l’économie a connu une période de ralentissement avec les confinements, les valeurs boursières du CAC 40 se portent à merveille.

L’État s’est transformé en assureur des profits

THOMAS DALLERY

Maître de conférences en économie, université du Littoral Côte d’Opale, Clersé

Le 19 mars 2020, au plus fort de la crise financière provoquée par le Covid, le CAC 40 affichait une valeur de 3 632 points. Le 5 janvier 2022, en pleine 5e vague, il exhibait une valeur de 7 384 points. Le calcul est vite fait : l’indice phare de la Bourse de Paris a tout simplement doublé. Ce cheminement a de quoi choquer, quand on le compare à toutes les souffrances vécues par la société dans son ­ensemble. Comment expliquer que la crise sanitaire se révèle profitable pour les entreprises françaises ?

La première chose à rappeler, c’est que la performance du CAC 40 n’est pas forcément représentative de l’ensemble de l’économie française, mais surtout de ses fleurons. Or, il s’avère que les trois premières capitalisations (LVMH, L’Oréal, Hermès) sont des entreprises associées au luxe, un secteur qui se porte très bien. À elles trois, ces entreprises représentent plus de 30 % de la capitalisation totale du CAC 40 : les bonnes performances du secteur du luxe nourrissent largement cette envolée des cours de Bourse. Au pied du podium, on retrouve Total, dont les résultats ont été portés par l’augmentation soutenue des prix du pétrole. Pour compléter le top 5 des capitalisations, c’est Sanofi qui surgit. Luxe, pétrole, santé, voilà trois domaines qui n’ont pas eu à souffrir de la pandémie, et la spécialisation des grands groupes français dans ces secteurs permet de mieux comprendre les bonnes performances financières de la Bourse de Paris.

Au-delà de ces cas particuliers, les profits ont bel et bien augmenté pour l’ensemble de l’économie française. Avec les données provisoires de comptabilité nationale de l’Insee, on observe que, sur le champ des sociétés non financières, les profits des trois premiers trimestres de 2021 sont de 330 milliards d’euros, contre 265 milliards d’euros pour la même période en 2020 (soit une hausse de 24 %). Au-delà des montants en euros, c’est le partage même de la valeur ajoutée qui s’est sensiblement infléchi à l’avantage des profits. La part des profits dans la valeur ajoutée a tout simplement atteint son plus-haut historique depuis 1949 : 35,7 % au deuxième trimestre 2021. Par rapport au creux du début de la pandémie (30,3 % au 1er trimestre 2020), on assiste à une hausse de plus de 5 points : c’est considérable !

Si le constat est bien établi, comment peut-on expliquer cette hausse des profits des entreprises ? En plus des effets sectoriels, la principale raison est à trouver du côté des finances publiques : au niveau macroéconomique, le déficit public est un puissant moteur de réalisation des profits, selon la loi de Kalecki, et il faut bien admettre que ce moteur a tourné à plein régime depuis le début de la crise. Le besoin de financement des administrations publiques est ainsi passé de 50 milliards d’euros sur les trois premiers trimestres de 2019 à plus de 140 milliards sur les mêmes périodes en 2020 et en 2021.

Le corollaire du « quoi qu’il en coûte  », c’est que l’État a injecté davantage d’argent dans l’économie par la dépense publique qu’il n’en a retiré par les prélèvements obligatoires. Concrètement, pour les entreprises, cela signifie que l’État a contribué à générer des flux de recettes (par la commande publique directe, par la solvabilisation du revenu des ménages...) au-delà de son poids dans les coûts de production des entreprises (impôts et cotisations sociales ont d’ailleurs été réduits). Avec un tel levier d’action, l’État s’est transformé en assureur des profits des entreprises. C’est d’ailleurs une mission qu’il épouse avec une prodigalité de plus en plus marquée depuis plusieurs décennies : y compris en dehors du contexte pandémique, la multiplication des aides publiques aux entreprises (exonérations de cotisations sociales, Cice...) n’a cessé de subventionner la rentabilité des entreprises. Derrière le déficit public, l’assistanat n’est pas toujours celui que l’on croit...

Le néolibéralisme menace l’utilité sociale

HENRI STERDYNIAK

Cofondateur des Économistes atterrés

Pendant la crise sanitaire, l’évolution du profit des entreprises comme celle des cours boursiers diffèrent totalement de ce que l’on observe généralement lors d’une crise. Ainsi, lors de la crise des « subprimes » à partir de la mi-2007, le taux de marge des sociétés avait diminué de 3 points. En 2020, il se situe en moyenne à 31,7 %, soit au même niveau que les es années précédentes, il monte à 35,9 % au premier semestre 2021 et est de nouveau à 31,7 % au troisième trimestre 2021. C’est la politique du « quoi qu’il en coûte » qui explique ce résultat. Les entreprises ont massivement bénéficié du fonds de solidarité ; surtout, l’État (et l’Unédic) a pris en charge le coût du chômage partiel, alors que, jadis, en cas de crise, les entreprises supportaient en grande partie le poids de la chute de leur chiffre d’affaires, avant d’ajuster par leurs effectifs. Alors que, naguère, l’État était le filet de sécurité des salariés, il devient maintenant le filet de sécurité des entreprises. Certes, cela n’a pas que des aspects néfastes (les contrats de travail ont été dans l’ensemble maintenus ; ni le chômage ni les faillites d’entreprises n’ont fortement augmenté), mais cela s’inscrit dans une stratégie plus générale des gouvernements actuels de réduction coûte que coûte des impôts des entreprises. Celles-ci bénéficieront de façon permanente d’une baisse de 10 milliards des impôts de production et d’une baisse de 33,3 à 35 % du taux de l’impôt sur les sociétés (soit un gain total pour elles de 24 milliards par an).

Le néolibéralisme (soutenir les entreprises) l’a emporté sur le souci de la rigueur (qui avait conduit à la stagnation après la crise des « subprimes »). En contrepartie, le déficit public est durablement creusé (de l’ordre de 2 points de PIB supplémentaire), et la dette publique représente 114 % du PIB, fin 2021. Le risque est grand que le creusement du déficit ne serve, demain, de prétexte à des politiques d’austérité, alors que ces transferts vers les entreprises ne se sont accompagnés d’aucune condition en termes d’emplois en France ou d’engagement dans la transition écologique. Le CAC 40 avait chuté de 57 % lors de la crise Internet de 2000 ; de 50 % lors de la crise des subprimes. Sa baisse n’a été de de 24 % lors de la crise du Covid en 2020. Il s’est vite et fortement redressé, puisqu’il se situe, au 12 janvier 2022, à 13 % au-dessus de son niveau de février 2020. Cette exubérance a plusieurs explications. La Banque centrale européenne (BCE) maintient des taux d’intérêt très bas, de sorte que les taux d’intérêt sur les obligations sont eux aussi très faibles, de l’ordre de 0,3 % à dix ans, bien inférieurs au taux de croissance nominal du PIB anticipé, de l’ordre de 3 %. Aussi, les placements en actions apparaissent beaucoup plus rentables que les placements en obligations. Cela génère une spirale à la hausse : de riches particuliers ou des institutions financières s’endettent pour investir en Bourse, ce qui fait monter les cours, justifie leurs achats et induit de nouvelles hausses. La crainte d’un krach boursier, que pourrait induire la comparaison entre le cours de Bourse et la profitabilité réelle des entreprises, est oubliée avec l’idée que la BCE interviendra, si nécessaire, pour l’éviter. Les entreprises sont amenées à distribuer des dividendes exorbitants, en lien avec le niveau de leurs actions ; autant de sommes qui ne vont ni aux salaires ni à l’investissement, qui manquent à la demande comme à la croissance des capacités productives.

Toutes les entreprises ne sont pas égales devant la crise sanitaire. Certaines dans le domaine du luxe, de la pharmacie, de la vente sur Internet, du numérique, ont fait des profits fabuleux qui contribuent à faire monter les cours. Les marchés financiers s’entichent des licornes, des entreprises prétendues innovantes, dont la valeur monte en flèche, alors même que, dans la quasi-totalité des cas, l’utilité sociale de leurs ­innovations est nulle, voire négative. Les marchés financiers croient encore à une forte croissance portée par des innovations technologiques miraculeuses, qui permettraient d’échapper aux contraintes écologiques, alors même que le profit des entreprises n’est pas utilisé à préparer la nécessaire transition écologique. C’est le dernier bal du Titanic.

 

Les actionnaires exigent plus de rendement

FRÉDÉRIC BOCCARA

Économiste, membre du comité exécutif national du PCF

Les niveaux des profits atteignent des records en France et dans la plupart des pays capitalistes avancés. Ainsi, la part des profits dans la VA (valeur ajoutée) aurait, d’après l’Insee, enregistré son record depuis soixante-dix ans en dépassant les 35 % ! Les dividendes distribués sont plus élevés que jamais avec un record mondial de 2 095 milliards de dollars (IHS Markit), le double de la masse distribuée après la crise financière. Quelles en sont les raisons ? La création monétaire des banques centrales des pays dominants et les aides publiques aux entreprises… sans condition ! Comme le patronat a le monopole des pouvoirs pour décider de leur utilisation, elles sont donc allées essentiellement au profit et au capital. En outre, l’État a annulé des cotisations sociales (creusant donc le déficit public, lui-même financé par les avances monétaires de la BCE, mais indirectement, en gonflant d’abord les trésoreries des intervenants financiers). De même, il a pris en charge les salaires par le dispositif d’activité partielle. Mais aussi le chômage massif, le morcèlement des situations avec le télétravail et les divisions identitaires travaillées par toutes les forces réactionnaires n’aident pas à un rapport des forces de lutte en faveur des salariés. Toutefois, les mobilisations pour les salaires reprennent, même si le patronat s’emploie à les morceler. Est-ce à dire qu’il ne fallait pas aider les entreprises ? Bien sûr que non. Mais aider leurs salariés, leur formation, la recherche et développement (R&D) et l’investissement efficace pour aider au développement des capacités productives et créatrices des entreprises. Lorsque l’État a affiché de maigres conditions, elles n’avaient pour objet de durer que le temps du premier confinement. Mais les trésoreries gonflées le sont restées au-delà, et alimentent donc les profits ! Pour un résultat calamiteux.

Quelles en sont les conséquences ? Les insuffisances de production, les pénuries d’emploi, le refus de véritablement engager une transition – une révolution – écologique sont criants. Quatre éléments : le déficit du commerce extérieur de marchandises est en passe de dépasser les 90 milliards, les émissions de CO2 ont repris de plus belle, le nombre de chômeurs est plus élevé que jamais, le prix des matières premières s’envole, résultat de ces insuffisance et de la spéculation. Celle-ci crée des menaces de famine dans les pays du Sud. La spéculation redouble, alimentée par le double carburant des profits et de l’argent des banques centrales : les Bourses ont encore gagné plus de 30 % en 2021, les rachats d’entreprises atteignent un sommet historique (5 815 milliards de dollars en 2021). Ces rachats se font au détriment d’investissements matériels ou de R&D, d’embauches, de formations encore, à la place d’accords de partage des technologies entre entreprises qui seraient efficaces et non coûteux. Plus profondément, cette hausse des profits s’accompagne d’une hausse de la valeur financière des capitaux. Cela contrecarre l’effet sur le taux de profit (rapport profit sur capital). Les actionnaires exigent donc une part de profit encore plus élevée pour tenir leur rendement. Ou ils spéculent de plus belle, relançant la course-poursuite folle. Ils en veulent toujours plus. Ils sont même prêts à accorder de petits +2 % ou +3 % d’augmentation salariale (L. Boone, cheffe économiste de l’OCDE). Voire un (petit) impôt exceptionnel et temporaire ! Que faire ? Il faut évidemment changer les critères d’utilisation de l’argent : là où il est mis et à quoi il est utilisé. Pour cela il faut des pouvoirs sur cette utilisation de l’argent. À tous les niveaux : entreprises (pouvoir des salariés et nationalisations nouvelles), État (aides publiques, dépenses), banques (nationalisations pour un pôle public bancaire), BCE. Bref « de l’argent pour l’hôpital, la formation, l’emploi, la recherche et l’investissement efficace, pas pour le capital ! » comme l’ont déjà exigé 108 000 signataires.

Il s’agit « juste » de diriger l’argent autrement. Une vraie révolution ? Mais le feu couve. Nous pouvons l’entamer. On ne s’en sortira pas en s’en tenant à redistribuer, à prélever par la fiscalité un petit peu de ce flot énorme. Elle peut s’entamer avec le peuple de France et en s’adressant aux peuples du monde comme à ceux de l’Europe. Telle est la logique du programme que nous portons, avec Fabien Roussel, pour la présidentielle.

 

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 09:08
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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:41

 

Souvent prise comme un objet d’analyse, la jeunesse n’est pourtant pas un sujet politique, économique ou social unifié. La classe d’âge ne suffit pas à définir un sujet politique, à déterminer des intérêts commun qui justifient l’engagement. Si le raccourci « s’adresser à la jeunesse » est commode, cette catégorie d’âge est traversée par des fractures qui amènent ses différents membres à ne pas avoir les mêmes intérêts objectifs. Il est donc nécessaire de prendre le temps, en introduction de ce dossier, de faire un tour d’horizon de la jeunesse de France.

*CLÉMENT CHABANNE est rédacteur en chef-adjoint de Progressistes.

 

« Avec un recul de l’âge médian en France de 2 ans en dix ans (39 ans en 2011, contre 41 en 2021), la dynamique est toujours à un vieillissement de la population. »

« Sur les 2,7 million de personnes inscrites dans l’enseignement supérieur, Paris en concentre déjà à elle-seule 650 000 en 2020. En l’absence d’offre d’emploi, et notamment d’emplois qualifiés, le retour dans la région d’origine est un phénomène rare »

 

UNE PART NON NÉGLIGEABLE DE LA POPULATION

La définition de la jeunesse est fluctuante. Les instituts statistiques n’utilisent pas toujours les mêmes catégories. Si la borne inférieure est généralement placée à 15 ans, grosso modo à la fin du collège, la borne supérieure est plus floue. D’après l’INSEE, au 1er janvier 2021, la France comptait 4,1 million de 15-19 ans, 3,8 millions de 20-2  ans et 3,7 millions de 25-29 ans, soit au total 11,6 millions de 15-29 ans, soit 17 % de la population française.

Avec un recul de l’âge médian en France de 2 ans en dix ans (39 ans en 2011, contre 41 en 2021), la dynamique est toujours à un vieillissement de la population. Il ne reste pas moins que la jeunesse constitue une part non négligeable de la population, une part qui se retrouve dans une période de la vie où se croisent des enjeux qui auront une incidence de long terme : formation, mobilités sociales et géographiques, insertion dans le marché du travail, accès au sport, à la culture, etc.

UNE INÉGALE RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

La répartition géographique de la jeunesse sur le territoire métropolitain est très inégale. Les mobilités des jeunes sont l’un des principaux vecteurs de la métropolisation, et certains territoires souffrent de départs massifs. La région Centre-Val de Loire dans son ensemble perd 5 à 6 % de la classe d’âge des 15-29 ans chaque année. À un échelon plus fin, l’Observatoire des territoires note que certaines zones d’emplois des territoires ruraux peuvent perdre jusqu’à 15 % de la population des 18-24 ans par an, soit la quasi-totalité d’une cohorte chaque année. Quand l’ensemble de la petite couronne tourne autour de 30 % de personnes âgées de 19 à 39 ans, les départements les plus ruraux, comme la Creuse, le Lot ou le Gers, plafonnent autour de 17 %.

C’est d’abord au cours de leurs études que les jeunes se concentrent massivement dans les grandes unités urbaines. Une trentaine de villes se partagent 75 % des étudiants. Sur les 2,7 million de personnes inscrites dans l’enseignement supérieur, Paris en concentre déjà à elle-seule 650 000 en 2020. En l’absence d’offre d’emploi, et notamment d’emplois qualifiés, le retour dans la région d’origine est un phénomène rare. Les bassins d’emploi les plus éloignés de l’offre de formation dans l’enseignement supérieur sont donc privés d’une large partie de la jeunesse locale. L’autre partie de la jeunesse locale, celle qui reste sur place, suit généralement une formation rapidement professionnalisante et rentre tôt dans le marché du travail. Partout, dès lors que l’on quitte les bassins d’emploi des grandes villes universitaires, la majorité des jeunes de 15 à 24 ans sont actifs. Une véritable barrière géographique s’instaure entre une partie de la jeunesse entrant rapidement dans le marché du travail local et une partie, rurale, qui migre vers les métropoles pour y suivre des études longues.

PRÈS DE 5 MILLIONS DE JEUNES EN FORMATION

Les lycéens sont 2,2 millions en France, dont 0,6 million en lycée professionnel et 1,6 en lycée général. L’enseignement secondaire compte également un peu plus de 0,2 million d’apprentis, et presque autant d’élèves des établissements des ministères de la Santé et de l’Agriculture. Au total, le secteur public assure 78 % de l’enseignement secondaire, le reste étant indignement laissé aux intérêts privés. Le Cnesco, dans son rapport de 2016, notait la très forte reproduction sociale dans l’orientation entre voie générale et professionnelle : plus de 60 % des enfants d’ouvriers non qualifiés sont orientés vers des lycées professionnels. Les baccalauréats professionnels les plus suivis dans le secteur de la production concernent l’électricité et la mécanique automobile. Dans les secteurs des services, le commerce et les formations sanitaires et sociales arrivent en tête.

En France, 2,7 millions de personnes sont inscrites dans l’enseignement supérieur, dont 1,6 à l’université, 0,26 en BTS, 0,2 en école de commerce, 0,16 en école d’ingénieurs. Au total, plus de 0,5 millions de personnes étudient dans le privé. Si les femmes représentent 56 % de la population étudiante, l’orientation genrée est encore très marquée. Les femmes représentent ainsi 86 % de la filière paramédicale et sociale, contre seulement 25 % en ingénierie. Malgré sa massification, l’enseignement supérieur reste peu accessible aux classes populaires. Les enfants de ménages ouvriers ne représentent que 11 % des inscriptions à l’université et 5,4 % en école d’ingénieurs. Enfin, Campus France alerte sur la chute du nombre de doctorants dans la pays, seulement 55 000 en 2019, ce qui est bien moindre que chez nos voisins allemands ou britanniques.

Si le besoin d’investissement dans l’éducation est généralisé et qu’il faut débloquer des moyens partout, ceux-ci doivent être mis au service de changements de logique profonds. La réindustrialisation du pays, la reconquête d’une souveraineté économique, la transition écologique, le développement des filières de pointe ne pourront se faire sans une grande revalorisation des filières de formation professionnelle et des métiers auxquels elles préparent. Elles ne se mèneront pas non plus dans une société qui continue de segmenter aussi fortement les formations sur la base de l’origine sociale.

Les ambitions du système de formation pour demain ne peuvent pas non plus se satisfaire du poids des stéréotypes sexistes et de l’orientation genrée. Les besoins gigantesques prévisibles dans les métiers de l’ingénierie ou dans ceux du soin et du médico-social ne permettent à aucune de ces filières de continuer à se passer de la moitié de la population au nom de représentation éculées. La revalorisation des métiers dits « féminins » est une impérieuse nécessité, au nom de l’égalité, de la justice, mais aussi de l’efficacité économique. Qui peut croire que l’hôpital public continuera à tenir indéfiniment sur le seul appel au sacrifice et au sens du devoir de la majorité de femmes qui y travaillent ? Qui peut croire que les métiers du médico-social continueront à attirer le nombre de volontaire que les besoins exigent s’ils ne sont pas revalorisés, tant en termes de conditions de travail que de rémunération ?

2,2 MILLIONS DE JEUNES EN EMPLOI

La population de 15 à 24 ans comptait 37,3 % d’actifs en 2017, avant la crise de la covid, soit un peu plus de 4 millions de personnes. Parmi ces actifs, le taux de chômage, au sens du BIT, était de 22 %, soit près de 1 million de jeunes chômeurs. En 2020, l’INSEE a recensé 2,2 millions de jeunes travailleurs entre 15 et 24 ans ; 29,7 % de ces jeunes en emploi occupaient un poste ouvrier et 36,4 % un poste d’employé. Seulement 7 % occupaient un emploi de cadre.

Malgré une diffusion de la précarité à toutes les classes d’âge, les jeunes restent particulièrement marqués par la précarité : 15 % des moins de 25 ans en emploi en 2017 avaient un contrat court, contre 4,5 % dans la population globale. D’après le CESE, l’âge du premier emploi stable est passé au-delà de 27 ans, contre 20 ans dans les années 1980.

Si l’abrogation du CPE reste dans tous les esprits militants comme l’une des dernières grandes victoires de la mobilisation populaire, les jeunes en emploi connaissent un certain nombre de contrats qui leur sont « réservés » et qui constituent autant de dérogations au droit commun encadrant le travail. Des services civiques remplaçant des milliers de fonctionnaires à statut aux apprentis – considéré plutôt comme des employés à bas coût que comme des élèves en formation –, les sous-contrats qui frappent les jeunes non seulement les enferment dans la précarité, mais tirent en plus vers le bas l’ensemble des droits des salariés. Une abrogation des dérogations au salaire minimum, la reconquête du CDI comme norme d’embauche ou un contrôle accru des conditions d’apprentissage sont autant de mesures immédiatement nécessaires, précurseures d’un statut reposant sur la Sécurité sociale et permettant une sécurisation du revenu dès la formation initiale et tout au long de la vie.

AU MOINS 1 MILLION DE JEUNES PRIVÉS D’EMPLOI OU DE FORMATION

En 2018, d’après la DARES, 963 000 jeunes de 16 à 25 ans étaient sans emploi ni formation, soit 13 % de cette classe d’âge. Parmi eux, 48 % étaient dans cette situation depuis plus d’un an, et 37 % n’étaient pas en contact avec le service public de l’emploi. Derrière cette jeunesse sacrifiée, laissée sur la touche, il y a évidemment des milliers de vies injustement brimées et d’aspirations déçues. Il y a surtout un pays qui, parce qu’il refuse de porter l’ambition d’une formation ou d’un emploi pour toutes et tous, se prive des capacités d’un million de travailleurs et de travailleuses.

Les statistiques sont édifiantes. Le problème est d’abord celui de l’accès garanti à une formation : 67 % des jeunes sortis de leur formation initiale avec un diplôme inférieur au CAP ou au BEP sont aujourd’hui sans emploi ni formation ; ce taux est divisé par 2 avec l’obtention d’un CAP ou d’un BEP, et ce malgré la dévaluation systématique dont souffre la formation professionnelle depuis des années. Malgré le manque d’investissement et de reconnaissance, les qualifications professionnelles restent une protection. Le taux de jeunes sans emploi ni formation chute avec le niveau de qualification. La création d’une branche de la Sécurité sociale et d’un statut pour les jeunes travailleurs en formation, avec l’ouverture des droits à un revenu permettant de se former dignement, permettrait d’en finir avec cette situation.

La massification de la population de jeunes privés d’emploi et de formation est très largement une reproduction des difficultés de la génération antérieure. Une large portion de la jeunesse reçoit précarisation et discrimination en héritage. Vivre dans une famille monoparentale augmente de 50 % le risque d’être privé d’emploi ou de formation, être né de parents étrangers l’augmente de 56 %, avoir un parent au chômage de 172 % par rapport à un parent cadre. Là encore, l’enjeu est de rompre cette chaîne en luttant contre les discriminations dans toute la société, en créant les conditions pour que les travailleurs sortent de la précarité et en sécurisant l’entrée des jeunes travailleurs en formation dans la vie active par un statut ouvrant des droits, notamment celui à un revenu digne pendant la période de formation.

Conquérir un statut social devient une urgence pour une jeunesse populaire qui refuse de continuer à subir une orientation segmentée selon le genre ou l’origine sociale, une entrée dans le monde du travail marquée par la précarité, la sous-rémunération, des formations professionnelles dévalorisées, malgré l’absolue évidence de l’utilité sociale des secteurs de formation pour répondre aux défis de l’époque.

 

 

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 06:36

 

Le gouvernement se défausse sur EDF de sa promesse de limiter à 4% la hausse de l’électricité évaluée à +35% au 1er février 2022, pour un coût astronomique de 8 milliards d'euros !

 

 

Ce gouvernement qui avait anticipé cette possibilité lors de la loi énergie climat votée en 2019, a décidé d’augmenter le plafond de l’Arenh à 20 TWh pour aller à 120 TWh. L’adoption de cette possibilité par la majorité gouvernementale a été faite pour satisfaire la demande des fournisseurs dits « alternatifs », essentiellement de négoce et de trading (Total énergies, Engie, Cdiscount,…) qui peuvent acheter à bas coût l’électricité nucléaire produite par EDF (jusqu’à 100 TWh à 42€/MWh, tarif inchangé depuis 2012, puis 20 TWh à 46,2€/MWh) alors que les prix de marché oscillent entre 200 € et 400 € MWh pour la revendre à leurs clients.


En réalité, ce volume d’électricité supplémentaire à bas coût va donc directement profiter aux concurrents qui n’ont pas investis dans la production d’électricité. Cela coutera autour de 8 milliards d’euros à EDF sans que l’on soit réellement en capacité de vérifier que ce mécanisme profitera également à leurs clients qui ont déjà subi de violentes hausses. Aujourd’hui, c’est 120 TWh. Et demain ?

Cette décision est lourde de conséquences pour l’entreprise publique pénalisant sa capacité d’investissements dans le renouvellement et la maintenance du parc de production nucléaire et hydroélectrique,
nécessaire pour garantir notre sécurité d’approvisionnement. C’est une décision qui va gravement fragiliser l’entreprise publique. C’est un processus de liquidation de notre fleuron industriel qui assure la sécurité d’approvisionnement d’électricité de notre pays.

Le PCF dénonce l’obsession du marché et de la concurrence qui conduit l’Europe à une situation intenable en matière d’accès à l’électricité pour les ménages comme pour les entreprises. Partout en Europe, les factures explosent.

A quelques semaines de l’élection présidentielle, la majorité macroniste ressort son « quoi qu’il en coûte » pour assumer sa décision de contenir la hausse des tarifs de l’électricité à 4% en faisant les poches à EDF.

Le gouvernement aggrave les transferts financiers au bénéfice d’acteurs privés au lieu d’assumer son engagement de bloquer la hausse en modifiant le mode de calcul des tarifs. Ce gouvernement et le candidat Macron sont les chefs d’orchestre du détricotage du service public et de la casse industrielle notamment dans le secteur de l’énergie.

Alors que l’urgence est de faire face au réchauffement climatique, l’Etat encore actionnaire d’Engie, organise sa vente à la découpe se privant ainsi d’un outil industriel utile à la réussite de la transition énergétique. Après avoir été l’architecte de la vente d’Alstom à General Electric, il exige d’EDF le rachat de ces mêmes activités nucléaires par EDF. Cette politique à la petite semaine est un gâchis financier et industriel !

Pour répondre à la hausse de l’électricité et du gaz, une baisse de la TVA de 20% à 5.5% sur la consommation de l’électricité et du gaz, et la suppression de celle-ci sur la CSPE (taxe sur une autre taxe) auraient eu un impact immédiat face à des dépenses incompressibles et de première nécessité des ménages. Certains pays européens ont d’ailleurs mis en œuvre de telles mesures.


Le PCF propose de rendre caduque les dispositions de l’Arenh inscrites dans la loi NOME votée en 2010 qui a instauré cette concurrence artificielle de l’électricité en obligeant EDF à vendre une partie de l’électricité nucléaire à faibles prix à ses propres concurrents ainsi que la méthode de tarification actuelle qui prend en compte les prix de marché européen de gros et favorise la concurrence au détriment d’EDF.

Il faut revenir à un tarif qui prenne réellement en compte les coûts de production, de transport et de distribution dans le calcul des Tarifs Règlementés de Vente, éléments de la solidarité nationale pour l’accès à l’électricité et au gaz, que le PCF entend absolument sauvegarder.
Il faut renationaliser EDF et Engie !

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 09:20

 

Rappel des faits En cette année électorale, la situation des plus dévaforisés, dont la jeune génération, durement touchée par la crise sanitaire, est un enjeu d’avenir pour notre pays. Avec les contributions d'Omar Youssef Souleimane Écrivain et réfugié syrien, Léon Deffontaines Secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France et un texte collectif

La responsabilité des intellectuels

OMAR YOUSSEF SOULEIMANE (Écrivain et réfugié syrien)

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Lors d’une soirée à Paris, avec un groupe d’écrivains, d’enseignants, de journalistes, la question de l’islamisme et du terrorisme a été abordée, en faisant bien la différence entre les deux termes. Pendant le débat, j’ai pensé à certains lycées de villes de banlieue ou à certains quartiers où il n’y a même pas une librairie. Des jeunes y passent leur temps entre Snapchat, TikTok, la mosquée, la maison et l’école. Entourés par des idées radicales, se sentant rejetés par la France, certains envisagent le djihad comme un devoir, et puis, crier « Allah Akbar » en sortant de l’école est amusant. La plupart ne se considèrent pas comme français, mais comme des Maghrébins, bien qu’ils soient nés ici, et ne pratiquent pas la langue de leur pays d’origine. Ces élèves ont avant tout besoin d’être amenés sur un autre chemin afin de les détourner de ces idées horribles circulant en permanence dans leur entourage. Si les intellectuels ne le font pas, qui va s’en occuper ?

La nature a horreur du vide. Là où la culture est quasi absente, l’ignorance menant à la radicalisation s’installe. La responsabilité des intellectuels, c’est de se rendre dans ces lieux. Un spécialiste de l’islamisme peut faire des milliers de kilomètres pour étudier l’idéologie des djihadistes, mais il le pourrait tout aussi bien en prenant le bus, le métro ou le RER. Lutter contre les terroristes sur le terrain français est une priorité.

Dans les années 1930, après avoir participé activement aux comités mettant en garde contre le danger nazi, défendu, en 1934, Georgi Dimitrov et lutté dans l’armée républicaine espagnole, André Malraux a continué son combat en tant que tankiste pendant la campagne de France de mai-juin 1940 aux côtés de nombreux intellectuels comme Aragon, Nizan... Notre pays était alors en danger. Mais la génération de Malraux n’a pas quitté les villes les plus modestes de France, même après la guerre, persuadée que la culture était pour tout le monde, y créant de multiples associations, maisons de la culture, ciné-clubs... Cependant, depuis la fin du XX e siècle, les intellectuels de gauche se sont désintéressés de la population des villes habitées par des ouvriers venant d’Afrique. Il est juste de parler d’abandon.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, nous n’avons pas vécu de grande crise nous faisant comprendre le besoin de protéger les principes de la République. Mais la crise, aujourd’hui omniprésente, ne se manifeste pas seulement par les attentats mais aussi à travers les comportements de certains jeunes de banlieue abandonnés à eux-mêmes du fait du déni de nombreux intellectuels, venus surtout de la gauche, niant l’existence de tout problème.

C’est peut-être le moment de créer un mouvement culturel, politique, engagé envers les quartiers les plus délaissés du pays. Rester dans les grandes villes ne fait qu’accroître la ségrégation sociale. Ces jeunes vont grandir, devenir adultes, chercher un travail, percevant toujours la France uniquement comme le pays qui les a colonisés, opprimés. Ce dont ils ont besoin, c’est d’être sûrs que la République leur appartient. Ceux qui sont engagés dans la lutte contre la radicalisation, qui viennent du milieu culturel, peuvent y avoir un excellent rôle. Où ils peuvent remplacer le discours séparé de la France par celui qui est pour le pays d’Éluard.

Avec les « sans », le combat pour la dignité

Texte collectif

« Pauvreté », « invisibilité », « précarité » sont devenus les nouveaux mots populaires, des éléments de langage pour se prévaloir d’une bonne conscience, pour se légitimer éhontément sur la misère que vivent dans leur chair et leur conscience pas moins de 10 millions de personnes dans ce pays.

Nous disons chair et conscience parce que, là encore, nous sommes dans une réalité bien concrète et les conséquences sont quant à elles immédiates : un agriculteur se suicide tous les jours, pas moins de 528 personnes sont mortes dans la rue cette année. Selon le collectif Morts de la rue, elles avaient en moyenne moins de 48 ans. Ce qui est mis en cause dans la mort de ces nombreuses personnes, aussi bien dans les rues de nos grandes métropoles que dans les champs de nos campagnes – dans lesquelles on est si prompt à aller se réfugier lorsqu’il le faut –, c’est bien la misère.

La pauvreté tue à petit feu, ce n’est pas du wokisme ou du séparatisme, c’est un fait. Des millions de vies sont sacrifiées sur l’autel des élites qui n’ont pour seul dieu que le capitalisme – et le bénéfice économique. Alors que ces gens, ces oubliés de la société, sont en première ligne lorsqu’un effort de solidarité est demandé ou lorsqu’il faut payer les pots cassés d’un système inégalitaire.

Les pauvres sont plus malades, moins bien soignés, moins bien formés, moins bien informés, moins bien payés, moins regardés. Rendus invisibles, pour mieux confisquer leur parole, l’instrumentaliser. CQFD. Des dispositifs cosmétiques de participation citoyenne sont mis en place pour donner l’illusion que l’on a demandé l’avis des gens, que l’on essaie de rendre la vie de ceux qui en ont besoin plus simple ? Foutaises !

Non seulement on parle pour nous, mais on le fait contre nous. Les pauvres, les victimes de violences sont pris en otage le plus souvent par le système de domination physique et symbolique qui rend mutique. La difficulté à verbaliser un sujet, à le matérialiser ou l’incarner ne rend pas moins vraie la situation déplorée. La parole est volée, détournée.

On mesure la bonne santé d’une démocratie à sa capacité à protéger et accompagner celles et ceux qui en ont besoin ; en l’occurrence, non seulement de plus en plus de gens se retrouvent en besoin d’accompagnement, mais ils peinent à se faire entendre. Même les responsables associatifs, militants, citoyennes et citoyens engagés sur ces questions trouvent de la résistance à faire résonner ces voix. Nous en voulons pour preuve ce texte qui appelle à la décence du débat avec le sérieux et l’impériosité qu’impose la situation des vrais sujets.

Alors que la pauvreté et la précarité rongent avec une férocité accrue depuis le début de la crise sanitaire dans la plus grande indifférence, réforme après réforme, Emmanuel Macron et son gouvernement ont poussé chaque jour un peu plus les Français dans une misère aussi bien matérielle que psychologique. La décennie est décisive tant sur le plan du climat que sur celui de la justice sociale.

Alors même que les plus précaires ont été la première ligne durant cette crise sanitaire, la campagne présidentielle vient encore montrer le plus abject des regards sur les habitant·es des quartiers populaires. Une candidate parle de « zone de non-droit, parfois de non-France », appelle à ressortir « le Kärcher ». Ces discours caricaturaux venant ainsi annihiler la question du logement, de l’inégale répartition des richesses, de la disparition des services publics et bien d’autres ruptures de politiques publiques.

Il est temps que les sans-voix aient plus qu’une brèche de secours, mais une voix audible, une voix qui compte. Par ces mots s’incarne une revendication simple. Celle de ne plus bafouer chaque jour le premier de tous les droits : la dignité. Et pour ça, nous refusons d’attendre cinq ans de plus, nous… pour : les sans-nom, les sans-histoire, les sans-dents, les sans-chemise, les sans-vertu, les sans-valeur, les sans-le-sou, les sans-abri, les sans-famille, les sans-filtre, les sans-dignité. Exigeons aujourd’hui une clause de non-régression pour que la lutte contre la pauvreté soit la grande cause des cinq prochaines années afin d’écrire ensemble des lendemains meilleurs pour les Français oubliés. Faisons de la pauvreté une hors-la-loi.

Signataires : Sophia Hocini, autrice et militante des quartiers populaires ; Charlotte Marchandise, citoyenne engagée et autrice ; Serge Orru, environnementaliste ; Slimane Tirera, auteur et militant pour l’égalité ; Adil Khalil, salarié associatif et militant de l’éducation populaire ; Deborah Cohen, déontologue ; Angélique Sarge, militante associative droits des enfants et des réfugiés ; Mathilde Boudon-Lamraoui, formatrice et militante de l’éducation populaire.

L’engagement politique pour changer notre quotidien

LÉON DEFFONTAINES - Secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes de France

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Depuis le début de la pandémie, la précarité de la jeunesse a été mise sous le feu des projecteurs. Pourtant, cette situation n’est pas nouvelle : chômage, inégalité, sélection, pauvreté étaient déjà d’actualité avant la pandémie. Celle-ci n’a fait qu’accélérer des phénomènes déjà bien présents dans certaines catégories de la jeunesse, notamment celles des quartiers populaires.

Les quartiers populaires ont cette spécificité d’avoir une population jeune vivant dans une situation de précarité plus élevée que le reste de la population. Avant même le début de la crise sanitaire, le taux de chômage de ces jeunes avoisinait déjà les 50 %. Comme si cela ne suffisait pas, ils n’ont pas été épargnés par les réformes du quinquennat. Les lycéens des quartiers populaires ont été les premières victimes de la sélection sociale à l’entrée de l’université opérée par Parcoursup, brisant par là même tout espoir de poursuite d’études pour ces jeunes. La baisse des APL a réduit leur revenu, le salariat étudiant (et même lycéen) explose dans ces quartiers, la casse du Code du travail au début du quinquennat a permis de donner au patronat un salariat corvéable à merci. Je vous passe l’ensemble des politiques austéritaires, qui marquent un recul du service public dans ces quartiers.

Cette jeunesse est abandonnée. Appauvrie, victime de la sélection sociale, privée d’emploi, elle est précarisée. Alors, désabusés, résignés, las d’une situation qui peut leur apparaître inéluctable, les jeunes peuvent être les premiers à s’abstenir lors des élections. Comment s’en étonner ? Lorsqu’ils se sont mobilisés, par dizaines de milliers, pour défendre leurs droits, ce gouvernement les a violemment réprimés. Comme à Mantes-la-Jolie, lorsque des policiers ont odieusement contraint des lycéens à se mettre à genoux, les mains sur la tête.

Pourtant cette jeunesse regorge de forces créatrices, d’innovation, d’ingéniosité, de solidarité qui ne demandent qu’à s’exprimer pour le bien de la société. Les jeunes des quartiers populaires ne doivent plus être perçus comme un problème à régler, mais bien comme une solution. Ils sont source d’une richesse inestimable pour notre nation, alors commençons par arrêter de les stigmatiser.

Comment leur redonner espoir en 2022 ? En leur donnant la parole, en parlant des injustices qu’ils subissent et je ne parle pas que du lien entre jeunes et policiers. Si c’est un vrai sujet qu’il faut régler, on ne peut réduire les politiques publiques les concernant au seul angle de la sécurité. Le faire, c’est continuer de stigmatiser les jeunes des quartiers populaires. Parlons aussi, et surtout, de formations rémunérées, de création d’emploi, d’augmentation des salaires, de CDI et de titularisation. Ce sont les premières aspirations des jeunes.

C’est bien l’ambition de la candidature de Fabien Roussel. Nous voulons faire de la jeunesse une grande cause nationale. Nous souhaitons avoir la jeunesse la mieux formée et éradiquer le chômage des jeunes. L’heure est venue de rompre radicalement avec trente années d’incurie et de renoncement, de donner des perspectives d’espoir en permettant à la jeunesse d’accéder aux moyens de son épanouissement, à des pouvoirs de décider de son avenir.

C’est en considérant les jeunes, les plus précaires, et a fortiori ceux des quartiers populaires, comme des citoyens à part entière et non comme un problème à régler, en les respectant et en les mobilisant sur les manières de changer leur quotidien que nous réinsufflerons l’espoir.

Quelle autre force que le mouvement communiste peut le faire ? Nous sommes bien souvent la première et même parfois la seule force politique présente dans ces quartiers. Alors en cette année d’élections présidentielle et législatives, mobilisons nos forces pour convaincre d’aller voter, mais aussi et surtout de rejoindre ce mouvement. Redonnons espoir aux nouvelles générations, l’espoir que l’engagement politique puisse changer notre quotidien à tous. En 2022, peut-être plus encore, fixons-nous ce bel objectif !

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 06:47
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