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8 décembre 2021 3 08 /12 /décembre /2021 06:33

 

Avec la cinquième vague de la covid qui déferle sur le monde et un variant omicron qui présente un risque très élevé selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est urgent de répondre à la pandémie sur le plan international, en réunissant tous les pays, comme l’a souligné hier au Sénat le professeur Yazdanpanah, directeur de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes.

Les inégalités demeurent criantes à cause de l’égoïsme des grandes puissances : 60 % des personnes sont vaccinées dans les pays riches, contre seulement 3 % dans les pays pauvres. C’est une honte !

Monsieur le secrétaire d’État, allez-vous enfin entendre la demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud, soutenue par 100 pays et de très nombreuses ONG, de lever les brevets et les droits de propriété intellectuelle, de partager non seulement les technologies sur les vaccins mais aussi les traitements et les tests anti-covid, afin de permettre à toutes et à tous d’être vaccinés ?

Cette demande a été défendue avec force hier lors des rassemblements dans toute l’Europe ; j’ai moi-même participé à un rassemblement à Paris à l’appel de nombreux syndicats, ONG et partis politiques. Allez-vous continuer à l’ignorer ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées des groupes SER et GEST.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des affaires européennes.

M. Clément Beaune, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes. Madame la sénatrice Cohen, il faut être extrêmement précis et clair sur l’action de la France et de l’Europe en la matière. Vous avez raison, nous ne viendrons pas à bout de cette pandémie, comme nous le constatons chaque jour, si le monde entier n’est pas vacciné, autrement dit si le vaccin ne devient pas un bien public mondial.

C’est le Président de la République, dès le mois d’avril 2020, et l’Europe, emboîtant le pas à la France, qui ont depuis le début porté très concrètement cette exigence au niveau international. Le Président de la République l’a dit dès le printemps 2020, la propriété intellectuelle ne sera pas un obstacle à la diffusion du vaccin.

Je le dis là aussi très précisément, la stratégie portée par la France et l’Europe est complexe, car il ne suffit pas d’ouvrir le débat sur la propriété intellectuelle.

D’abord, je le rappelle, nous sommes le seul pays et le seul continent, par rapport à nos voisins et partenaires britannique ou américain, qui clamaient pourtant la solidarité internationale, à ne pas avoir prévu d’interdiction d’exportation. J’insiste, nous n’y avons jamais eu recours. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle c’est l’Europe aujourd’hui qui a exporté dans le monde le plus de vaccins – un milliard de doses au total – et qui en a donné d’ores et déjà plus de 100 millions, dont 67 millions pour la France – et c’est tout à notre honneur.

Nous sommes devenus la pharmacie du monde. C’est l’Europe qui vaccine le monde entier grâce à cette solidarité. (Marques de désapprobation sur les travées du groupe CRCE.)

Nous sommes le continent – nous devrions le célébrer ensemble, madame la sénatrice – qui en fait le plus, et nous avons débloqué au niveau européen 1 milliard d’euros pour développer des hubs de production industrielle en Afrique, sur place. Trois projets sont déjà en cours, en Afrique du Sud, au Rwanda et au Sénégal.

Avec le soutien de l’OMS, nous sommes actuellement en négociation avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Nous sommes favorables au mécanisme que j’appelle de « licence obligatoire » afin que les pays qui en ont besoin, moyennant une rémunération minimale ou nulle, puissent avoir accès aux vaccins, car, pour être très clair, c’est la propriété intellectuelle qui est le véritable obstacle. Voilà ce que défend l’Europe.

Je vous rappelle que ceux qui ont parlé de la levée des brevets il y a déjà quelques mois – je pense aux États-Unis en particulier – n’ont jamais fait de proposition en ce sens. Pour notre part, nous sommes concrets : solidarité, livraison de doses, production locale et levée de la propriété intellectuelle chaque fois que cela est nécessaire.

Cette négociation à l’OMC est aujourd’hui bloquée, non par l’Europe mais par d’autres pays. Nous sommes cohérents et nous faisons concrètement du vaccin un bien public mondial. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Mme Laurence Cohen. Monsieur le secrétaire d’État, vous êtes tellement cohérent que cela ne marche pas ! Il faudrait peut-être remplacer les paroles par des actes… Quand vous me répondez que nous exportons des vaccins, je vous redis que 75 % des doses de vaccin contre le covid sont uniquement utilisées dans dix pays. Il y a un problème : le dispositif Covax ne marche pas !

Je suis ravie d’entendre que, tout à coup, vous découvrez la licence d’office, car cela fait des mois et des mois que le groupe communiste républicain citoyen et écologiste vous fait cette proposition. Subitement, le Président de la République dit qu’il faut lever les brevets : tant mieux !

J’ai déjà posé cette question ici, en juin dernier. En attendant, la pandémie continue à se propager et cause des milliers de morts. Et que faites-vous ? Vous privilégiez les grands laboratoires. Il faut savoir que Pfizer, Moderna et BioNTech empochent 1 000 dollars de bénéfices par seconde : avec la troisième dose, ce sera le jackpot !

Alors, mettez en accord vos paroles et vos actes et faites vôtre la proposition d’un pôle public du médicament et des produits de santé : vous verrez, cela marchera mieux !

 

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:42
Disparition. Rabhi, l’écologie spiritualiste et individualiste - par Jean-Baptiste Malet, L'Humanité, 6 décembre 2021
Disparition. Rabhi, l’écologie spiritualiste et individualiste
 
Lundi 6 Décembre 2021
 
Jean-Baptiste Malet
 
Saint laïc idolâtré par les libéraux, le fondateur des Colibris a su mobiliser l’imaginaire du paradis perdu et en faire un produit de consommation de masse. Il est mort à 83 ans.
 
En se répétant presque mot pour mot d’une apparition médiatique à une autre, Pierre Rabhi a ciselé durant plus d’un demi-siècle un récit autobiographique qui tient lieu à la fois de produit de consommation de masse et de manifeste articulé autour d’un choix personnel effectué en 1960 : celui d’un « retour à la terre ». Il est mort, samedi, à l’âge de 83 ans. Ses ouvrages centrés sur sa personne, ses centaines de discours et d’entretiens qui, tous, racontent sa vie ont abouti à ce résultat singulier : cet homme qui parlait continuellement de lui-même a incarné aux yeux de ses admirateurs et des journalistes la modestie et le sens des limites.
 
Né en 1938 à Kenadsa (région de Saoura), en Algérie, Rabah Rabhi perd sa mère vers l’âge de 4 ans et se retrouve dans une famille d’adoption, un couple de colons formé d’une institutrice et d’un ingénieur qui lui donne une éducation occidentale et bourgeoise. Fervent catholique, il adopte à 17 ans son nom de baptême, Pierre. Pendant la guerre d’Algérie, raconte-t-il, « (le) voici brandissant (son) petit drapeau par la fenêtre de la voiture qui processionne dans la ville en donnant de l’avertisseur : “Al-gé-rie-fran-çai-se” ».
 
Il gagne Paris à la fin des années 1950 et travaille chez un constructeur de machines agricoles dans les Hauts-de-Seine. Pierre Rabhi ne supporte ni la violence du monde industriel, ni les discours des syndicalistes de l’époque en faveur de la lutte des classes. Grâce au docteur Pierre Richard, ancien instructeur d’un chantier de la jeunesse près des mines de Villemagne (Gard), Pierre Rabhi rejoint, en Ardèche, une petite communauté de catholiques conservateurs plus âgés que lui et profondément influencés par le ruralisme du régime de Vichy. Il y fait la connaissance déterminante d’un écrivain d’extrême droite : Gustave Thibon. Entre le jeune néorural et le penseur conservateur se noue une relation qui durera jusqu’aux années 1990. Simultanément, Pierre Rabhi adopte les techniques agricoles pseudo-scientifiques de la biodynamie, puis débute une activité de conférencier dans les milieux tiers-mondistes.
 
Éloge de la pauvreté
 
Au cours des décennies suivantes, le fondateur du mouvement Colibris publie une trentaine d’ouvrages dont les ventes cumulées s’élèvent à 1,2 million d’exemplaires. Il dénonce les « excès de la finance », la « marchandisation du vivant » et l’opulence des puissants, mais ne prône comme solution qu’un retrait du monde, une ascèse intime, et se garde de mettre en cause les structures de pouvoir. Dans le Recours à la terre (éditions Terre du ciel, 1995), Pierre Rabhi fait l’éloge de la pauvreté, « le contraire de la misère » ; il la présente dans les années 1990 comme une « valeur de bien-être ». Quelques années plus tard, ce parti pris se muera en une exaltation de la « sobriété heureuse », expression bien faite pour cacher un projet où même la protection sociale semble un luxe répréhensible : « Beaucoup de gens bénéficient du secourisme social, a affirmé Pierre Rabhi. Mais, pour pouvoir secourir de plus en plus de gens, il faut produire des richesses. Va-t-on pouvoir l’ assumer longtemps ? »
 
Au cœur d’une société française en proie à un capitalisme destructeur et sans âme, le discours de Pierre Rabhi parvient à réconcilier grande distribution et sollicitude environnementale, grandes fortunes et spiritualité ascétique. En 2009, Pierre Rabhi participe à l’université d’été du Medef, puis rencontre des dirigeants de grandes entreprises comme Veolia, HSBC, General Electric, ainsi que le milliardaire Jacques-Antoine Granjon, le directeur général puis PDG du groupe Danone de 2014 à 2021 Emmanuel Faber et Jean-Pierre Petit, dirigeant de McDonald’s.
 
« En perdant Pierre Rabhi, la vie perd un de ses plus merveilleux avocats », a écrit Jacques Attali, à l’unisson sur ce point avec des figures politiques issues des rangs de la droite, de LaREM, du PS et d’EELV. En observant la procession de libéraux bigarrés pressés de rendre un dernier hommage à un auteur conservateur, d’aucuns songeront plutôt que, grâce à Pierre Rabhi, les analyses de Karl Marx à propos du rôle de la religion dans les sociétés industrielles n’ont jamais semblé si perspicaces.
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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:38

 

Les politiques de jeunesse sont depuis trop longtemps enfermées dans le seul objectif d’accélérer une transition entre système scolaire et marché du travail. Non seulement ces politiques échouent à atteindre cet objectif, mais elles sont totalement inadaptées sur le plan conceptuel, la jeunesse n’étant pas qu’une phase de transition précaire vers le salariat mais un moment de formation, d’épanouissement et de découverte. Une véritable politique de jeunesse devra prendre en compte et accompagner ses aspirations.

*HÉLÈNE BIDARD est adjointe à la maire de Paris, chargée de l’égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire.

À l’approche des prochaines échéances présidentielle et législatives, la jeunesse occupe une place de choix dans le débat public. À juste titre, tant les deux dernières années de crise font écho, pour cette jeunesse, à la façon dont Baudelaire avait d’une plume mélancolique évoqué la sienne : «[…] un ténébreux orage traversé çà et là par de brillants soleils. »

L’« orage » a bien sûr une dimension conjoncturelle, avec la crise sanitaire, économique et sociale que les jeunes subissent de plein fouet. Les données du rapport de la commission d’enquête parlementaire présentée par Marie-George Buffet sont aussi éclairantes qu’inquiétantes : un(e) jeune sur six a arrêté ses études, 20 % de chômage chez les 18-25 ans, 30 % de jeunes ayant renoncé à l’accès aux soins faute de moyens…[1] Les problèmes des jeunes sont également psychologiques : 29 % des 18-24 ans ont connu une prévalence à la dépression pendant le premier confinement, 33 % à l’anxiété, et 80 % ont rapporté des troubles du sommeil généralisés[2]. D’autres sondages, comme celui de l’enquête « Nouvelle Vague » de février 2021, ont confirmé cette tendance, en soulignant que les jeunes filles, les lycéen(ne)s majeur(e)s et les moins de 20 ans sont les plus exposé(e)s au sentiment de déprime et à la dépression[3].

 

 

Le taux de pauvreté des 18-25 ans a augmenté de 50 % entre 2002 et 2018 »

Pour autant, et les mêmes études le démontrent, l’« orage » préexistait à la crise actuelle. Ainsi, le taux de pauvreté des 18-25 ans avait déjà augmenté de 50 % entre 2002 et 2018[4]. Plus globalement, Frédéric Dabi souligne dans la Fracture que les jeunes ont été, ces six dernières années, « ballotés d’une crise à l’autre – des attentats à l’urgence climatique en passant par les conséquence sanitaires et économiques du Covid-19 »[5]. Si la crise actuelle a ainsi catalysé les phénomènes de précarité, d’éco-anxiété, d’inquiétude des jeunes face à leur avenir, elle ne saurait en être l’unique responsable.

Il en va de même avec les « brillants soleils ». Ce sont ces nombreuses initiatives et mobilisations des jeunes sur des causes qui, pour certaines, sont directement liées à la crise – pensons à l’essor des initiatives de solidarité étudiante avec la mise en place de distributions alimentaires, ou encore aux nombreux jeunes bénévoles dans les centres de tests et de vaccination –, mais qui pour d’autres ne sont pas corrélées à la crise, et même la précédaient – pensons aux marches pour le climat, aux mouvements #MeToo, Black Lives Matter, etc.

La situation contrastée de la jeunesse aujourd’hui ne saurait donc s’expliquer uniquement par des aspects de conjoncture. Il faut pouvoir se pencher sur les rouages systémiques et structurels qui freinent l’accès des jeunes au bonheur et à leur épanouissement : seuls 19 % se disent « très heureux·(-ses) » en 2021, contre 46 % il y a vingt ans[6]. Comment inverser la tendance ? Comment redonner du pouvoir de vivre à la jeunesse ? Comment repenser les politiques publiques de jeunesse ?

POUR UNE AUTRE CONCEPTION DE LA JEUNESSE

« La jeunesse n’est qu’un mot », disait Bourdieu lors d’un célèbre entretien[7]. Par cette formulation lapidaire, le sociologue souhaitait rappeler que, même si d’une époque à une autre les frontières entre les classes d’âges sont poreuses, le terme de « jeunesse » permet surtout « [d’]imposer des limites et [de] produire un ordre auquel chacun doit se tenir, dans lequel chacun doit se tenir à sa place »[8].

Dans l’imaginaire collectif, en effet, dans le débat public comme dans les commentaires d’actualités, la jeunesse est représentée comme une « ressource » ou comme une « menace » pour l’ordre établi, selon qu’il s’agît de l’applaudir ou de la pointer du doigt. Tantôt apathique, tantôt idéaliste, tantôt visionnaire, tantôt délinquante, la jeunesse fait l’objet de diverses représentations sociales caricaturales, qui engendrent elles-mêmes des réactions publiques caricaturales, particulièrement dans le cas des représentations négatives. Après tout, quand la jeunesse voudrait nous sembler apathique et fainéante, ne suffirait-il pas simplement de l’aider à « traverser la rue » ? L’ordre établi, lui, ne saurait être remis en cause.

Le point crucial ici est que nous avons tendance à essentialiser de prétendues attitudes, pratiques et comportements types de la jeunesse, précisément parce que nous avons toutes les peines du monde à la concevoir, tant dans sa globalité que dans ses spécificités et dans les inégalités de genres, d’origines ou encore de classes qui la traversent. Le droit civil définit l’âge de l’enfance et celui de la majorité – avec des droits, des devoirs et des responsabilités qui y sont associés –, mais pas celui de la jeunesse. Le pourrait-il seulement ? La jeunesse est donc communément admise, par défaut, comme cette période de transition entre deux mondes : celui de l’enfant « dépendant » et celui de l’adulte « indépendant. »

Dès lors, les politiques publiques de jeunesse se donnent pour mission de faciliter cette transition, dans un objectif « d’accompagnement à l’autonomie » et d’insertion économique – de préférence le plus rapidement possible. En clair : il faut que l’enfant devienne adulte, et vite.

Ne devrions-nous pas cependant envisager la jeunesse plus largement, comme une période spécifique dans la vie, dont il s’agirait de permettre qu’elle soit pleinement vécue et reconnue en tant que telle ? Ne faut-il pas faire en sorte que jeunesse se fasse, c’est-à-dire se vive pleinement, plutôt que d’attendre que « jeunesse se passe » ?

L’objectif d’insertion socioprofessionnelle est certes des plus importants, particulièrement dans la période actuelle. Nous ne pouvons pas accepter, en France, que les jeunes au sortir de leurs études passent par un sas de précarité de dix ans avant de trouver une forme de stabilité. Une sécurité de l’emploi et de la formation devraient donc être prioritairement mis en place, et vue comme une composante essentielle d’une perspective plus globale destinée à redonner du pouvoir de vivre aux jeunes. Encore faut-il regarder de près ce qui freine structurellement les jeunes, particulièrement ceux qui se trouvent dans des conditions les plus précaires, dans cet objectif d’insertion professionnelle ; c’est notre premier propos. Nous proposerons par la suite une perspective politique qui permettrait, selon nous, de dépasser sans l’effacer cet objectif d’insertion professionnelle, afin de redonner plus globalement du pouvoir de vivre aux jeunes, au-delà du seul pouvoir d’achat, néanmoins nécessaire.

CHANGER LE PARADIGME DE L’ACTION PUBLIQUE

Depuis le tournant néolibéral des années 1980, nous assistons à un mouvement généralisé de déclin des États sociaux sur fond de montée en puissance de la logique de marché. Le système libéral dans lequel que nous vivons – pour ne pas dire que nous subissons – invite à baisser si ce n’est à supprimer certaines prestations et protections sociales afin de pousser les individus, qualifiés de « rationnels », à chercher plus efficacement un emploi, au lieu de perdre leur temps dans les loisirs. En matière de politiques de jeunesse, « ce paradigme a conduit à l’émergence du thème de “l’assistanat” qui s’oppose par exemple à l’accès au RSA dès 18 ans pour continuer à les inciter [les jeunes] à chercher un emploi », soulignent ainsi Chevalier et Grobon[9].

Les deux chercheurs proposent une grille de lecture intéressante des politiques de jeunesse actuelles d’insertion socioprofessionnelle, qui croise les stratégies politiques économiques avec notre modèle social d’État-providence bismarckien, pour en tirer des conclusions sur les conséquences en matière d’inégalités intragénérationnelles.

Par opposition à une stratégie économique inclusive – qui impliquerait d’investir dans le capital humain et les compétences des jeunes, en privilégiant un accès universel à la formation et en partant des besoins et des envies des jeunes (offre de travail) –, la France et le gouvernement actuel s’inscrivent dans une stratégie sélective, qui consiste à privilégier l’emploi « coûte que coûte », notamment pour les jeunes décrocheurs, quitte à abaisser la valeur de leur travail et à créer ou à renforcer le développement d’emplois atypiques et précaires pour répondre à la demande de main-d’œuvre « pas chère » des entreprises (demande de travail). Le projet, heureusement avorté, de contrat de première embauche s’inscrivait dans cette logique, tout comme s’y inscrit malheureusement aujourd’hui le plan macroniste « 1 jeune 1 solution », le nouveau contrat précaire à 500 € nommé « contrat d’engagement », et les nombreuses aides versées sans réelles contreparties aux entreprises de toute taille dans le plan de relance gouvernemental.

Par ailleurs, le modèle social de la France est très fortement familialisé, c’est-à-dire que la plupart des aides, protections et prestations sociales pour les jeunes passent par le cadre familial et les CAF, et sont le plus souvent fonction des ressources parentales – par opposition aux modèles sociaux des pays nordiques, par exemple, où les aides et prestations sont universelles et individualisées.

Le croisement de cette stratégie économique libérale, qui suppose une injonction à l’indépendance par l’insertion professionnelle coûte que coûte, avec notre modèle social familialisé qui sous-tend que les jeunes majeurs, hommes et femmes, restent de « grands enfants » sous la protection de leur famille (au moins jusqu’à 25 ans), a pour conséquence que les jeunes les plus précaires (NEETs [abréviation de l’anglais neither in education, employment or training : « ni en emploi, ni en éducation ou en formation »], travailleurspauvres, jeunes majeurs issus de l’ASE, etc.), dont les ressources familiales sont faibles ou inexistantes, constituent un angle mort des politiques publiques de jeunesse en matière d’insertion socioprofessionnelle. Bien que majeurs du point de vue du droit, ils et elles sont considérées comme des « mineurs sociaux ». Des aides ou dispositifs ont été pensés de façon individualisée et dérogatoire à notre modèle familialisé pour pallier cet angle mort : ainsi des allocations logements qui ne dépendent pas des ressources des parents, mais dont la portée a considérablement été entaillée par la récente réforme de janvier 2021, avec pour effet de diminuer les allocations des jeunes travailleurs·, des apprentis, des premiers de corvée en somme. Ainsi aussi du dispositif de garantie jeune qui cible spécifiquement les jeunes NEETs de 16 à 25 ans – dont la réforme récente introduit un certain critère d’autonomie des ressources des jeunes par rapport aux ressources parentales, mais qui aurait gagnée à être davantage réformée dans le sens d’un dispositif permettant un véritable droit universel à la formation et à l’accompagnement, ouvert plus largement aux jeunes en recherche d’un premier emploi ou en situation de vulnérabilité sociale comme les jeunes majeurs sortant de l’ASE. Ainsi enfin du compte personnel de formation, dispositif individualisé mais qui a ceci de « pratique » qu’il repose sur un mécanisme de cotisations, excluant de facto les jeunes travailleurs·et travailleuses pauvres dont les cotisations sont faibles, alors que les besoins en formation sont sans aucun doute les plus importants.

On peut comprendre, à la lumière de cette analyse, les diverses propositions qui traversent le débat public : extension des critères d’obtention des bourses ; ouverture du RSA aux moins de 25 ans ; allocation d’autonomie universelle ; revenu jeune ou étudiant universel ou progressif…

En synthèse, disons que repenser les politiques d’insertion socioprofessionnelle de la jeunesse implique nécessairement d’interroger notre modèle socioéconomique, dont le fonctionnement actuel est en grande partie responsable de la situation précaire de nombre de jeunes. De surcroît, ces politiques publiques s’appuient sur la vision d’une jeunesse comme simple période de transition, au lieu de la voir comme une étape de vie en soi. Il faut donc pouvoir dépasser ce seul objectif. Proposons ici une première trajectoire possible.

TEMPS LIBRE ET ÉDUCATION POPULAIRE

Pour que « jeunesse se fasse », c’est-à-dire se vive en soi, et à rebours de la « société du travail » que nous promet Xavier Bertrand, candidat à la candidature à droite à l’élection présidentielle, nous proposons d’envisager une « société du temps libre ». Un éphémère ministère du Temps libre a certes existé entre 1981 et 1983, mais son action s’est vite heurtée au paradigme néolibéral que nous avons évoqué et aux années dites de la « rigueur » qui ont suivi. Si bien que le changement – et à court terme du moins l’infléchissement – de ce référentiel de valeurs socioéconomiques évoqué ci-dessus est indissociable de la mise en place d’une société du temps libre.

Notons d’abord que le temps libre est une préoccupation majeure des 18-30 ans. 42 % des jeunes interrogés dans une enquête d’opinion citée et analysée par Frédéric Dabi dans son ouvrage estiment qu’avoir du temps libre est un facteur déterminant pour avoir une vie réussie. Ces jeunes n’étaient que 31 % en 2007 à mentionner le temps libre comme facteur fondamental. Notons, par effet miroir, que seulement 24 % d’entre eux dans la même enquête citent le facteur « faire une belle carrière professionnelle » comme déterminant pour avoir une vie réussie. Toute précaution prise par ailleurs vis-à-vis du phénomène de sondage, permettons-nous tout de même de douter dès lors de la pertinence de la « société du travail » promise par la droite au regard des besoins et aspirations des jeunes pour s’épanouir dans leur vie. De toute évidence, dans un monde qui ne cesse de s’accélérer en imposant la réussite économique comme l’alpha et l’oméga de l’existence, « la jeunesse est à la recherche de temps pour soi »[10], c’est-à-dire pour vivre sa jeunesse.

Précisons d’emblée que penser le temps libre ne revient pas à oublier ou à invisibiliser les enjeux liés à l’insertion socioprofessionnelle (pour les jeunes actifs·[-ives] ou en recherche d’emploi) ni même ceux liés à la scolarité (pour les étudiant[e]s et lycéen[ne]s). Il s’agit de placer différemment le curseur dans les politiques publiques de jeunesse, et de signifier par là même que le temps non étudié ou non travaillé est au moins tout aussi important pour développer son capital humain que le temps d’étude ou de travail l’est pour développer son capital social et économique.

Au contraire, d’ailleurs : dégager du temps libre revient nécessairement à avoir une réflexion sur le temps de travail, ce qui nous renvoie à la pertinence des propositions visant à le réduire, comme celles pour la semaine des 32 heures, la semaine de 4 jours, etc. Voilà une autre façon d’envisager le bénéfice d’une telle mesure : les heures ainsi libérées permettraient aux jeunes au chômage non seulement d’accéder à l’emploi, mais en outre de dégager du temps pour se construire, se développer et se socialiser autrement.

Cela étant précisé, qu’entend-on réellement par « temps libre » ?

Indiscutablement, le temps libre est à relier au droit aux vacances – dont nous rappelons au passage qu’il s’agit d’un droit reconnu comme fondamental par la loi depuis 1998[11] –, qui demeure cependant inaccessible pour nombre de jeunes, particulièrement les plus précaires[12]. Nous irons même jusqu’à affirmer qu’en cette période de crise, qui affecte durablement les jeunes sur le plan psychologique, permettre le départ en vacances des jeunes (par le temps libre, mais aussi des mesures budgétaires spécifiques pour lever les freins financiers ou encore une coordination renforcée entre les territoires) est un véritable enjeu de santé mentale. De surcroît, comme le dit le proverbe, « Les voyages forment la jeunesse ».

Cependant, le temps libre ne s’apparente pas exclusivement aux vacances, ni même aux loisirs. Le temps libre peut correspondre à un temps d’engagement associatif ou bénévole. Nous avons évoqué en introduction les causes dont les jeunes s’emparent. Leur donner du temps pour les porter, pour les défendre, c’est leur donner du pouvoir d’agir.

Le temps libre, ce peut être aussi du temps que les jeunes consacrent à se former et à découvrir d’autres univers, d’autres centres d’intérêts, peut-être des d’autres passions ; bref, ce qui fait le sel de la vie.

La notion de temps libre, reconnaissons-le, peut de prime abord effrayer, tant la jeunesse a toujours été l’objet de réflexions quant à son encadrement. L’Église, mais aussi l’État, de la conscription au service national universel, s’y sont intéressés de près, toujours dans cette même idée qu’il faudrait à tout prix éviter que la jeunesse, perçue comme tumultueuse par essence, ne se retrouve en roue libre dans une forme de hors-jeu social qui viendrait perturber l’ordre établi.

Le temps libre que nous proposons comme trajectoire pour les politiques de jeunesse ne rime pourtant pas avec anarchie. Nous proposons plutôt d’utiliser un outil que la France connaît bien depuis la fin du xixe-début xxe siècle, mais que les pouvoirs publics ont trop souvent négligé ces dernières décennies : l’éducation populaire. Celle-ci s’apparente à un processus permettant de faire évoluer les individus collectivement, de gagner en capital humain, en compréhension du monde pour pouvoir agir sur lui, et ce en dehors des cadres d’apprentissages traditionnels – donc en dehors de la scolarité, du travail, c’est-à-dire sur du temps libre. Concrètement, cela passe par le développement d’espaces d’expression, de débats, d’échanges pour les jeunes. Ce sont les colonies de vacances comme toute autre activité, culturelle ou sportive, permettant de développer son audace, son expressivité, sa capacité à être acteur et actrice du monde plutôt que de le subir. C’est la possibilité donnée aux jeunes de socialiser autrement et ailleurs, à leur manière, selon leurs aspirations et centres d’intérêts. Ce n’est pas les faire échapper à la réalité, c’est leur donner le cadre et la possibilité de prendre du recul sur celle-ci. A-t-on la tête à cela lorsque l’on recherche un emploi ou un logement ? Certainement pas dans le fonctionnement actuel de notre société. En parallèle de toute aide à l’insertion socioprofessionnelle, il est donc nécessaire d’instaurer un cadre de temps libre dans une logique d’éducation populaire, qui puisse venir atténuer les inégalités intragénérationnelles (de diplôme, de milieu social, etc.) qui traversent la jeunesse.

Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION « JEUNESSE » ?

Un prérequis nous semble indispensable pour conduire ce changement de trajectoire : un ministère de la Jeunesse et de l’Éducation populaire à part entière. Pas un vague secrétariat d’État sans moyens et sans budget, dans l’ombre et sous la coupe de l’Éducation nationale comme aujourd’hui – comme si toute la jeunesse était scolarisée !

 

Plutôt qu’un vague secrétariat d’État sans moyens et sans budget, sous la coupe de l’Éducation nationale comme aujourd’hui – il y a nécessité de créer un ministère de la Jeunesse et de l’Éducation populaire à part entière.

Un deuxième prérequis est la question des moyens budgétaires. Le projet de loi de finances en discussion pour 2022 prévoit 0,8 Md€ pour la jeunesse et la vie associative, ce qui comprend donc le volet vie associative. En 2021, ce budget était de 0,7 Md€, en 2020 de 0,66 Md€, en 2019 dans les mêmes proportions, et nous ne jugeons pas utile de mentionner les années 2017-2018, puisque le premier gouvernement Philippe n’avait de son côté même pas pris la peine de nommer un ministre, ministre délégué ou secrétaire d’État à la Jeunesse. Dans les budgets évoqués ci-dessus, on retrouve chaque fois la même répartition : 80 % du budget destiné aux dispositifs de services civiques et service national universel, laissant peu de place pour « tout le reste ».

Intéressons-nous à ce « tout le reste ». Hors périmètre vie associative, cela représente quelques miettes, à hauteur de 0,08 Md€, qui servent essentiellement à financer les CRIJ – centres régionaux d’information jeunesse –, dont l’organisation des actions d’information sur les métiers et les formations est de toute façon confiée aux régions. Il est certain que l’accès des jeunes à la formation et la lutte contre le non-recours à leurs droits sont essentiels. Or force est de constater, à la lumière de ces données, que les moyens ne sont pas à la hauteur de l’ambition, et que l’ambition n’est pas à la hauteur des enjeux que nous avons tenté de décrire. Et, malheureusement, le tutoiement des jeunes pour faire jeune sur les plateaux de télévision ne saurait remplacer une politique publique de jeunesse digne de ce nom.

 

 

Un exemple de CRIJ – centre régional d’information jeunesse – celui de la région Bretagne située à Rennes dont la mission est d’informer sur les métiers et les formations.

Avons-nous cependant besoin de réinventer l’eau chaude ? Des structures d’éducation populaire – fédérations, associations – existent aujourd’hui en France. L’État s’est, lui, déchargé progressivement de cet objectif d’éducation populaire au profit de ces associations, pour se concentrer sur l’action sociale, puis surtout sur l’action économique et l’intégration des jeunes dans le monde du travail. Aujourd’hui, l’action de ces organismes d’éducation populaire s’incarne surtout localement, par la gestion d’équipements publics locaux, dont le cadre des contrats publics relativement rigides et passés avec les collectivités – marché public ou délégation de service public, les seuls possibles en droit – est peu adaptée à l’amorce d’une dynamique d’éducation populaire – qui devrait être déconnectée de toute notion de recettes, par exemple, ce que n’implique pas une délégation de service public. En l’absence de dynamique nationale d’éducation populaire, ce cadre juridique et partenarial de droit commun est somme toute assez frustrant, tant pour les organismes d’éducation populaire que pour les collectivités elles-mêmes.

Voilà sans aucun doute un chantier de réflexion politique, juridique et budgétaire qui pourrait être mené au niveau national afin de permettre aux collectivités locales d’impulser, avec ces fédérations et associations, une véritable politique d’éducation populaire. Le maillage territorial est donc là – même s’il gagnerait sans doute à être précisé. Les organismes d’éducation populaire sont toujours là. Il manque à tout cela une colonne vertébrale, qui suppose un changement d’orientation politique nationale dans la façon d’appréhender et d’impulser les politiques de jeunesse en France.

Nous avons proposé une trajectoire pour donner du pouvoir de vivre à la jeunesse au-delà du seul pouvoir d’achat. Ce n’est sans doute pas la seule. Mais il nous semble essentiel, si nous souhaitons repenser les politiques de jeunesse, de travailler de front à la levée des freins structurels d’accès des jeunes au monde du travail et à la mise en place d’un cadre d’action publique d’éducation populaire sur du temps libre permettant à la jeunesse de retrouver ce goût du bonheur qu’elle semble avoir sensiblement perdu ces dernières années, voire décennies. C’est en ce sens qu’il nous faut envisager et construire un véritable pacte pour la jeunesse, en plaçant l’humain d’abord.

REFERENCES

↑1

« La jeunesse face aux défis du Covid-19 : soigner les maux, protéger les droits, redessiner l’avenir », commission d’enquête parlementaire, rapport d’information no 3703, déc. 2020.

↑2

« Les impacts du confinement et de la crise sanitaire sur la jeunesse. Constats, initiatives locales, préconisations », étude de la Banque des territoires, sept. 2020.

↑3

IFOP, enquête « Nouvelle Vague » citée dans la Fracture de Frédéric Dabi, éd. Les Arènes, 2021. L’enquête souligne que « 58 % des 18-30 ans déclarent avoir été concernés depuis le début de la crise du coronavirus par un sentiment de déprime ou de dépression », dont 62 % des femmes, contre 53 % des hommes, 64 % de moins de 20 ans et 71 % des lycéens majeurs, hommes et femmes.

↑4

Rapport d’information no 3703, ibid.

↑5

Frédéric Dabi, la Fracture, éd. Les Arènes, 2021, p. 34.

↑6

Frédéric Dabi, op.cit., p. 22.

↑7

Entretien avec Anne-Marie Métailié paru dans les Jeunes et le premier emploi. Association des âges, 1978.

↑8

Formulation citée et reprise dans l’article « La jeunesse n’est-elle qu’un mot ? », in Alternatives économiques, no 345, 1er avril 2015.

↑9

Tom Chevalier et Sébastien Grobon, « Où va la politique de jeunesse en France ? », in Revue française des affaires sociales, 2019/2.

↑10

Fr. Dabi, op. cit., p. 30.

↑11

Loi no 98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions.

↑12

Le 15e baromètre IPSOS / Secours Populaire de septembre 2021 montre par exemple que 62 % des jeunes de moins de 25 ans n’ont pas pu partir ni en vacances ni en week-end en 2021. À Paris, environ 13 % des jeunes Parisiennes et Parisiens ne partent jamais en vacances

 

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 06:26
PCF. Fabien Roussel veut 80 milliards pour l’école - Naïm Sakhi, L'Humanité, 6 décembre 2021
PCF. Fabien Roussel veut 80 milliards pour l’école
Lundi 6 Décembre 2021

Le candidat communiste à l’Élysée a tenu sa dernière rencontre des jours heureux à Vénissieux, vendredi, sur le thème de l’éducation et de la formation professionnelle. Il dévoilera son programme complet en janvier 2022.

 

Vénissieux (Rhône), envoyé spécial.

Icon Quote Regardez le titre : “Profs absents, Leboncoin à la rescousse”. Voilà la réalité de notre école ! » s’inquiète Fabien Roussel, une du Parisien daté du 3 décembre à la main. Depuis Vénissieux (Rhône), pour sa sixième et dernière rencontre des jours heureux, le candidat du PCF à la présidence affiche son ambition : « reconstruire une école de la République qu’Emmanuel Macron a totalement cassée ». Le député du Nord ironise  : « Parcoursup, c’est le Koh-Lanta de l’orientation, sans totem d’immunité et avec 90 000 jeunes bacheliers sans affectation. » Devant les quelque 500 participants, le dirigeant communiste a dévoilé ses pistes pour l’éducation nationale et la formation, issues d’un travail conjoint entre parlementaires PCF et syndicats. Une augmentation du budget de 45 %, pour atteindre 80 milliards d’euros, permettra notamment la mise en place d’une mesure phare : l’allongement du temps d’enseignement à l’école.

Prérecrutement de 90 000 professeurs

Un allongement qui passerait par le retour à la semaine de cinq jours en élémentaire, avec 27 heures d’enseignement hebdomadaire contre 24 aujourd’hui, et à 32 heures « en moyenne » dans les collèges et les lycées. « Dans les conditions actuelles, l’école est une course pour réaliser le programme », déplore le candidat. L’enjeu de cette mesure est donc de « faire l’école à l’école », sans devoirs à la maison, tout en « permettant d’élever les niveaux de connaissance de toute une classe d’âge, sans exception ». « On ne peut plus se satisfaire de la réussite, de temps en temps, d’un élève issu des catégories populaires », abonde Paul Devin, président de l’Institut de recherches de la Fédération syndicale unitaire (FSU).

Afin de « doter l’école primaire de plus de maîtres que de classes », tout en n’augmentant pas le temps de travail des enseignants, Fabien Roussel table sur le prérecrutement de 90 000 professeurs, avec un revenu au-dessus du Smic dès la sortie des études. « Avec cette mesure, nous voulons conserver la formation des enseignants à bac + 5 », assure Sébastien Laborde, membre de la direction du PCF. Ce prérecrutement serait conditionné à une obligation d’exercer au moins dix ans au sein de l’éducation nationale et viendrait concrétiser l’objectif de limiter le nombre d’élèves par classe à 15 en petite section, 20 en maternelle et primaire, et 25 en collège et lycée.

« Un salaire digne, une formation et un statut » pour les AESH

Interpellé sur la formation professionnelle par Séverine Brelot, cosecrétaire nationale du Snuep-FSU, le candidat plaide pour un « bac pro » en quatre ans, contre trois aujourd’hui, tout en rétablissant des enseignements culturels tels que la philosophie et la littérature. En outre, et répondant à une accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) présente dans la salle sur les conditions de travail, le candidat a assuré souhaiter leur « garantir un salaire digne, une formation et un statut ». Le député du Nord table également sur le recrutement de 90 000 AESH, mais aussi l’embauche « d’une agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem) par classe », dans l’ensemble du pays « sans que les mairies aient à en assumer le coût ».

En développant ce programme pour l’école, Fabien Roussel clôturait vendredi le cycle de rencontres des jours heureux. Une page se tourne donc dans la campagne du communiste, qui prévoit de dévoiler son programme complet après les fêtes de fin d’année.

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6 décembre 2021 1 06 /12 /décembre /2021 06:33

 

L’électricité décarbonée est appelée à jouer un rôle majeur pour atteindre les objectifs climatiques que s’est fixés la France d’ici à 2050. Dans son récent rapport « Futurs énergétiques 2050 », RTE (Réseau de transport d’électricité) explore différentes hypothèses de mix électrique, aux fortes conséquences économiques et sociales.

*SERGE VIDAL est syndicaliste CGT, ancien ingénieur-chercheur EDF.

DES PERSPECTIVES ANNUELLES AUX PRÉVISIONS SUR TRENTE ANS

RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a une mission légale de prospective relative aux moyens de production et de distribution électriques. Chaque année, RTE publie un bilan prévisionnel afin de vérifier que l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité sera assuré pour les années qui suivent. Il dispose pour ce faire des informations et des compétences. Sur ces bases, RTE a, à plusieurs reprises ces dernières années, alerté sur les tensions relatives au passage des hivers (risque de black-out long). Des craintes similaires existent aussi au niveau européen.

Cette fois, l’exercice demandé à RTE par le ministre de tutelle en 2019, et dont une version a été publiée le 25 octobre 2021, porte sur les trente à quarante prochaines années, ce qui est assez différent des exercices annuels et fait appel à de nombreuses hypothèses.

La sécurité d’approvisionnement électrique nécessite un équilibrage production/consommation quasi instantané, mais aussi une programmation de moyen et long terme afin d’être sûrs de disposer des installations de production suffisantes le moment venu. On voit en ce moment, sur le court terme, avec la forte augmentation des prix, que cette spécificité est particulièrement incompatible avec la libéralisation des marchés et peut entraîner toutes sortes de spéculations : la multiplication des opérateurs privés induit des captations financières à différents niveaux. De façon parallèle, la programmation sur le long terme est indispensable et demande une vision et des principes (sécurité d’approvisionnement, maîtrise des coûts, égalité de traitement, indépendance nationale…) que seule la puissance publique peut garantir.

L’ensemble des hypothèses technologiques, économiques, sociales, géopolitiques, environnementales…, leur mise en cohérence et les objectifs visés constituent des scénarios énergétiques qui permettent de fournir des prévisions en matière d’investissements. L’évolution du contexte et les décisions prises modifient ensuite les données du problème et ces scénarios, indispensables à la prise de décision, doivent être réajustés.

La crédibilité d’un scénario dépend de la transparence de toutes les étapes du calcul. D’autres organismes – des associations, des universités… –, produisent de tels scénarios, qui diffèrent surtout par leurs hypothèses et leurs objectifs, parfois par leur méthodologie et leur transparence. Hors du monde universitaire, les moteurs de cohérence de ces études sont rarement en accès public.

Le gouvernement retient un scénario de référence pour établir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), votée tous les cinq ans au Parlement. Ce scénario prospectif est aujourd’hui dit d’AMS (« avec mesures supplémentaires »).

DES HYPOTHÈSES CONTRAIGNANTES

RTE a donc publié en octobre 2021 une mise à jour de ses scénarios et en a évalué leur coût de revient. Le cadrage considéré par RTE est celui de la stratégie nationale bas carbone (SNBC, réévaluée tous les cinq ans=, qui s’inscrit dans le cadre de la loi relative à la transition écologique pour la croissance verte (TECV) de 2015. Loi qui a, entre autres, pour objectif une diminution de 50 % de la consommation énergétique française finale entre 2012 et 2050 (avec – 30 % en 2030) et de réduire à 50 % la part de l’électronucléaire d’ici à 2035 et la limiter globalement à 63,2 GW en puissance. La loi prévoit aussi d’atteindre la neutralité carbone en 2050, d’assurer la sécurité d’approvisionnement et la cohésion sociale, la maîtrise des dépenses des consommateurs et le droit d’accès à l’énergie sans coût excessif, bref une gageure.

 

Évolution de la consommation d’énergie finale et la part de l’électricité en France métropolitaine (historique et projection SNBC). Source : RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

Pour prendre moins de risques de non-atteinte de tous ces objectifs, il faudrait desserrer certaines contraintes de cette loi. Déjà, à la suite d’une précédente étude de RTE, l’objectif initial de 50 % de nucléaire dans notre mix électrique a été reculé par le Parlement de 2025 à 2035. La présente étude montre que la date de 2035 n’est pas non plus tenable.

SIX SCÉNARIOS ÉTUDIÉS

Trois scénarios retenus portent exclusivement sur des investissements dans les énergies renouvelables (scénarios M) et trois scénarios sur une combinaison entre énergies renouvelables et nucléaire (scénarios N). Ces six scénarios sont accompagnés de six variantes se rapportant à la consommation ou au mix électrique ainsi que d’une quinzaine d’études de sensibilité relatives aux coûts. À partir de différents jeux d’hypothèses, les scénarios sont multipliables indépendamment de leur désirabilité.

La première observation de RTE, dans le cadre défini, est que l’objectif de neutralité carbone implique une transformation profonde de l’économie et des modes de vie, et une forte augmentation de la part de l’électricité décarbonée dans la consommation énergétique totale. Les énergies fossiles, dont il faut sortir, représentent actuellement environ 60 % de la consommation actuelle, et elles sont importées.

Côté consommation, la SNBC table sur de l’efficacité énergétique (assurer le même service avec moins d’énergie), des transferts d’usages (changer d’énergie pour un même service) et de la sobriété énergétique (se passer de certains biens et services).

DES OBJECTIFS CLIMATIQUES DIFFICILEMENT ATTEIGNABLES

L’étude RTE met en évidence le fait que les scénarios avec maintien de nucléaire sont complémentaires du développement des énergies renouvelables et que les scénarios de substitution ne permettent pas l’accélération de la baisse des gaz à effet de serre demandée par le pacte vert européen. Pour cela, il faudra, a minima, étaler la trajectoire de fermeture des réacteurs nucléaires actuels.

 

 

Émissions de l’Union européenne depuis 1990 et objectif à l’horizon 2030 et 2050.Source : RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

RTE montre aussi qu’une « sortie rapide du nucléaire » (comme le préconise notamment le scénario Négawatt) « conduit soit à accepter des pénuries, soit à renoncer au respect de la trajectoire climatique de la France ». RTE montre également qu’ « un moratoire sur les énergies renouvelables conduirait à placer la France dans une position critique par rapport à ses ambitions de réindustrialisation et à ses trajectoires climatiques ».

L’étude RTE démontre que les besoins de flexibilité (non-fourniture à certains moments, recours à des batteries) et les limitations d’usages augmentent fortement avec la part des énergies renouvelables intermittentes (solaire et éolien).

Même si RTE a essayé de prendre des hypothèses similaires en termes de coût et de faisabilité des différents scénarios, le pari sur les capacités de stockage massif de l’électricité est très important pour les scénarios M.

La SNBC actuelle ne considère pas le captage/séquestration du CO2 comme suffisamment mature et mise sur une multiplication par 2,5 de l’usage énergétique de la biomasse.

SOBRIÉTÉ ET DÉMOCRATIE

La sobriété est le terme de bouclage pour les scénarios de réduction drastique des productions énergétiques pilotables. Cette notion recouvre la propension des individus à partager certains espaces et équipements, mais aussi d’autres modifications radicales de nos modes de vie ; entre autres, moins de déplacements, une moindre consommation des biens manufacturés, une baisse de 1 °C de la température des consignes de chauffage (actuellement 19 °C recommandés) ou de l’utilisation de l’eau chaude, de la frugalité numérique, la moitié du temps de travail en télétravail, etc.

Ces hypothèses peuvent heurter les aspirations du plus grand nombre et ne pas permettre la réduction des inégalités sociales ou de genre. Comme elles sont nécessaires à l’atteinte, sous contraintes, des objectifs énergétiques, elles risquent d’impliquer de la contrainte politique et sociale.

Il s’agit là de questions politiques de première importance qui ne doivent pas rester enfouies dans le fatras d’hypothèses structurantes de l’avenir énergétique du pays.

PAS DE SCÉNARIO AVEC MAINTIEN DU NUCLÉAIRE

Compte tenu du cadrage politique initial, RTE n’a pas étudié de scénario avec le maintien de la part du nucléaire dans la production électrique, actuellement de l’ordre des 70 %. (Un tel scénario sortirait du cadre, mais c’est aussi le cas des scénarios 100 % énergies renouvelables étudiés.) Avec une demande électrique en augmentation, le maintien de ce pourcentage impliquerait une augmentation en valeur absolue.

Compte tenu des délais de construction de nouveaux réacteurs, de la durée d’exploitation estimée des réacteurs actuels (autour de soixante ans) et du manque d’anticipation passée, cette option nécessiterait un effort industriel énorme et de la coopération internationale. La dégradation du tissu industriel national, les politiques de contractualisation et de sous-traitance, le manque de formation et le Wall Street management ont affaibli durablement les capacités du pays pour cela. Sans très forte volonté politique, cela ne pourra pas se réaliser.

UN BESOIN ÉLECTRIQUE SOUS-ESTIMÉ

La demande électrique retenue pour 2050 est de 645 TWh, soit 35% de plus qu’aujourd’hui. Une variante avec réindustrialisation du pays a été étudiée qui fixe la demande à 752 TWh, sans toutefois tabler sur un retour au niveau industriel des années 1990. L’Académie des technologies a, quant à elle, avancé le chiffre de 840 TWh, ce qui correspond à peu près à l’estimation d’EDF, qui considère l’estimation de RTE comme une trajectoire a minima.

Au-delà de cette bataille de chiffres se pose la question des marges de sécurité en matière de continuité d’approvisionnement. Une sous-capacité en moyens de production serait plus contraignant qu’une surcapacité. Il faut des marges de sécurité lorsqu’il s’agit de satisfaction des besoins, d’autant plus si on veut avoir une politique de réduction des inégalités sociales et de résorption de la pauvreté.

ÉVALUATION DES COÛTS

RTE évalue les coûts complets de ses différents scénarios et fait apparaître que le scénario avec mise en service de quatorze EPR d’ici à 2050 ferait économiser en investissements supplémentaires environ 200 milliards d’euros sur quarante ans par rapport à un arrêt total du nucléaire en 2060 et que le coût des énergies renouvelables est moindre dans le cas où elles sont associées au nucléaire.

 

 

Comparaison des coûts complets annualisés pour les différentes capacités en exploitation à l’horizon 2030 dans les six scénarios de mix considérés (moyenne des scénarios). Source :RTE, « Futurs énergétiques 2050 ».

Toutefois, le risque d’insuffisance chronique dans la fourniture électrique de la France, et donc son renchérissement, ainsi que celui de non-atteinte de la neutralité carbone en 2050, apparaissent comme des éléments plus déterminants que les écarts calculés de coûts.

La documentation fournie par RTE aborde de nombreux points liés aux contraintes de réalisation de ses scénarios, notamment leur impact en matière et d’occupation de l’espace. RTE souligne aussi les nombreux champs de recherche qui doivent être renforcés pour faire face aux enjeux.

URGENCE À DÉCIDER

RTE conclut à juste titre sur l’urgence (2022-2023) qu’il y a à prendre des décisions qui sont d’une ampleur similaire à celles prises dans les années 1970, au moment du lancement du programme nucléaire.

Les délais de construction sont longs, et déjà pour le nucléaire du retard a été pris. La période actuelle, où les taux d’intérêt sont bas, est propice au lancement d’investissements nucléaires ou renouvelables nécessitant beaucoup de capitaux au début. Le coût de l’indécision se payera cher à terme. La cohésion sociale, le progrès social et la réduction des gaz à effet de serre sont en jeu.

 

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6 décembre 2021 1 06 /12 /décembre /2021 06:26

 

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 08:39
Appel du mouvement de la Paix pour une grande mobilisation à Brest le 9 janvier 2022

Les 12, 13 et 14 janvier 2022 les 24 ministres de la défense et 24 ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (UE) tiendront un sommet à Brest sur les questions de la défense et de la sécurité.  


Durant ce sommet seront vraisemblablement abordés, d’après les premières informations publiques, les dossiers suivants :


Le projet européen de « Boussole stratégique » examiné lors du dernier conseil des ministres de l’union européenne, la création d’une force de projection extérieure de l’UE, l’augmentation des budgets militaires nationaux comme le demande l’OTAN, l’augmentation du Fonds Européen de Défense, la mise en place d’une présence militaire maritime dans la région indopacifique, a mise en œuvre d’un nouveau système aérien SCAF pour 80 milliards d’euros au minimum., les questions migratoires , les relations entre l'UE et l'Afrique.


Toutes ces orientations seront définies, dans le respect des traités européens, et donc en complémentarité avec les orientations stratégiques de Washington et de l’OTAN (cette organisation militaire quasi illégale au regard du droit international et qui a conduit à mettre à feu et à sang une bonne partie de la planète).


Avec d’autres organisations de Paix, le Mouvement de la Paix appelle à faire du Dimanche 9 janvier 2022 un grand moment de mobilisation pour une Europe agissant pour :


« La Paix, le climat, le désarmement nucléaire, la justice sociale et les droits humains, un accueil digne des migrants »


 objectifs:

- Une Europe de Paix et l’arrêt de la militarisation de l’UE
- Des moyens pour lutter contre le réchauffement climatique et pour protéger la vie sur la planète.
- La diminution des dépenses militaires et la satisfaction des besoins sociaux (éducation, hôpitaux, climat, transports publics, salaires etc..)
- L’élimination des armes nucléaires à travers la mise en œuvre du Traité d’interdiction des armes nucléaires entré en vigueur le 22 janvier 2021.

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 07:37

Ce mercredi 24 novembre, 27 personnes sont mortes dans la Manche, après le naufrage de leur embarcation de fortune. Majoritairement Kurdes d’Irak et d’Iran, ils et elles fuyaient la misère et le danger, bien souvent à la recherche de membres de leur famille résidant au Royaume-Uni.

Par son ampleur, ce naufrage a réveillé la mauvaise conscience des dirigeants européens, qui depuis des mois, voire des années, laissent pourrir la situation à la frontière franco-britannique, alimentent dans le débat public la surenchère anti-migrants, et construisent une Europe forteresse.

Oui, les larmes de crocodile de nombreux responsables politiques sont insupportables. Les mêmes qui proposaient la semaine dernière de construire un mur à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, déplorent aujourd’hui de la mort de ces 27 migrant·es. La réalité, c’est que depuis bien longtemps nos zones frontalières sont devenues des zones de grand danger pour les migrant·es, à commencer par la Méditerranée dans laquelle des dizaines de milliers se sont noyé·es depuis 2015.

Faire reposer toute la responsabilité sur les « passeurs », comme l’a fait le Ministre de l’Intérieur, n’est pas crédible. Evidemment, n’ayons aucune faiblesse à l’égard de ces trafiquants, qui pratiquent de fait la traite d’êtres humains. Chaque fois que cela est possible, ils doivent être arrêtés et lourdement sanctionnés.

Mais pense-t-on sérieusement que cela suffira pour tarir les flux migratoires clandestins ? En réalité, une seule option crédible est sur la table : agir en même temps pour traiter à la racine les causes des migrations forcées – à commencer par les guerres, les inégalités de développement, le dérèglement climatique – et ouvrir sans attendre des voies légales et sécurisées de migration, organisées et coordonnées au sein de l’Union européenne et avec ses partenaires, dont le Royaume-Uni.

Face au jeu dangereux des populistes britanniques, Johnson en tête, la France devrait hausser le ton et appeler à la renégociation des accords du Touquet et du traité de Sandhurst. Notre pays ne peut être relégué au rôle de vulgaire sous-traitant de la politique de chasse aux migrants de M. Johnson.

Au-delà, la France pourrait être motrice d’une véritable stratégie d’accueil, d’installation et d’accès aux droits en Europe, pour celles et ceux qui le souhaitent. Nous pourrions enfin rompre avec les discours haineux et xénophobes, qui ont pris bien trop de place dans le débat public national et européen.

Les communistes comptent bien aborder toutes ces questions dans le débat de l’élection présidentielle, et avant cela, à l’occasion de la présidence française de l’Union Européenne qui va débuter en janvier.

http://www.pierrelaurent.org/#le-deni-du-gouvernement-francais-doit-cesser

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 07:33
Vente d'armes aux Emirats arabes unis : « La surenchère guerrière » (PCF)
Vente d'armes aux Emirats arabes unis : « La surenchère guerrière »

La France, l’un des principaux pourvoyeurs d’armes des monarchies du Golfe, vient de signer un nouveau contrat de 17 milliards prévoyant la livraison de 80 Rafale, 12 hélicoptères de combat et de missiles aux Émirats arabes unis (EAU).

Alors que la région connait des tensions considérables, cette nouvelle vague de militarisation alimente les conflits en cours, légitime les idéologies guerrières et n’assure en rien la sécurité des peuples. Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont déjà utilisé des armes françaises dans la sale guerre sans fin du Yémen qui a fait 377 000 victimes et provoqué un désastre humanitaire.

Cet accord prévoit également une coopération militaire renforcée avec un régime qui bafoue les droits humains (tortures, enlèvements), viole le droit international (crimes de guerre) et finance le terrorisme d’Al Qaïda péninsule arabique (AQPA).

Il faut une certaine dose de cynisme pour affirmer, comme le font le président de la République Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian, que ces ventes d’armes assurent le rayonnement et la compétitivité de la France alors qu’elles sapent sa crédibilité.

Alors que le monde est plongé dans la tourmente des crises sanitaires et environnementales ainsi que dans une insécurité humaine croissante, nourrir les guerres est une folie.

La paix est un projet global pour l’humanité. Notre monde a besoin de solidarité et de coopération ce qui passe par la démilitarisation et la diminution drastique des dépenses d’armement. Ces exigences sont au cœur du projet porté par le candidat communiste, Fabien Roussel, à l’élection présidentielle.

Parti communiste français,
Paris, le 3 décembre 2021

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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 06:29

En prétendant qu'aucun projet de reprise n'est « crédible » pour sauver la SAM et ses emplois, le ministre de l'Economie et Finances, Bruno Le Maire, accélère le pas vers la liquidation d'une nouvelle fonderie dans notre pays, alors même que des engagements avaient été pris par l'État et la région pour soutenir le projet de reprise.

 

 

Cette annonce est catastrophique pour l'emploi, pour la souveraineté industrielle et économique de la France et de l'Europe, comme pour Decazeville et son territoire.

Renault, seulement sommé d'avoir « un comportement exemplaire à l'égard des salariés », est de fait encouragé par la puissance publique à « accompagner » une liquidation pure et simple d'un outil industriel, pourtant capable de relever les défis de la mutation écologique de l'automobile. Car Renault peut ouvrir une perspective crédible au projet industriel de la SAM si le groupe relocalise ses commandes en France. Quel cynisme, dans ces conditions, de demander au bourreau d'avoir quelques sentiments pour le condamné !

Le ministre, qui devrait garantir que l'État actionnaire pèse de tout son poids sur les décisions stratégiques du groupe Renault, poursuit les choix du laisser-faire à l'égard des multinationales et donneurs d'ordres. C'est la démonstration une fois de plus que ce gouvernement n'est pas au service du pays et de la population mais seulement en appui des choix stratégiques et des logiques de rentabilité des grands groupes. 

Ca suffit ! Les salariés et nos territoires n'en peuvent plus de ce dépeçage industriel organisé.

Le PCF, son candidat à l'élection présidentielle, Fabien Roussel, proposent de rompre avec ces politiques et de mettre au pas ces grands groupes qui mettent le pays à genoux. Avec un État porteur d'une vraie stratégie de reconquête industrielle et qui se dote d'entreprises sous contrôle public pour la mettre en oeuvre, avec un État qui ne verse plus un euro d'argent public sans des engagements précis des entreprises. Et avec enfin de vrais pouvoirs pour les salariés, les élus locaux, les citoyens des territoires concernés pour mettre nos outils de production sous la protection de la République !

 

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