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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 06:28
La France des héritiers -  Le Dossier de L'Humanité, 4 Janvier 2022

Éditorial de Maurice Ulrich dans L'Humanité. La note

Mardi 4 Janvier 2022

« Mon pauvre argent, on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. » On a l’impression de lire un copier-coller de cette tirade d’Harpagon, chez Molière, avec les articles parus la semaine passée dans la presse de droite au sujet de l’héritage et des droits de succession. Une simple note du Conseil d’analyse économique, organisme consultatif auprès du premier ministre, évoquant l’éventualité d’une timide réforme des droits de succession a fait l’effet d’un séisme, avec mouvements de panique. Que révèle « la haine de l’héritage », écrivait un chroniqueur du Figaro pour qui « ce n’est pas seulement piétiner le droit de propriété sur les biens gagnés de haute lutte après tant et tant de prélèvements », c’est plus largement, au total, « l’euthanasie de la famille ». On a le droit de trouver ça cocasse dans le journal qui se réclame de Beaumarchais avec cette citation à sa une, « sans la liberté de blâmer il n’est pas d’éloge flatteur », mais oublie cette adresse de Figaro lui-même au comte Almaviva, « vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus ».

Spoliation, furie égalitaire… En vérité, de quoi parle-t-on ? De la petite maison de famille arrachée aux enfants, du livret A vidé par l’État ? Ou des plus hauts patrimoines, qui, au-delà de 10 millions d’euros, sont à 90 % des portefeuilles financiers et ont progressé plus vite que le PIB depuis les années 1980-1990 ? Cela quand le revenu moyen des 1 % les plus aisés a progressé de 100 % (en sus de l’inflation) et celui des 0,1 % les plus aisés de 150 %, contre à peine 25 % pour le reste de la population (soit moins de 1 % par an). C’est pourtant sans vergogne que des députés LR, avec Éric Ciotti, proposaient il y a quelques mois la suppression totale des droits de succession…

Mais que les plus inquiets toutefois se rassurent. Que ce soit avec l’extrême droite, la droite ou Emmanuel Macron, la note par qui le scandale arrive restera dans les tiroirs.

Le retour de la France des héritiers : ces pratiques qui bloquent l'ascenseur social
Mardi 4 Janvier 2022 - L'Humanité

En France, les 10 % les plus riches s’accaparent 60 % du patrimoine total. Les niches fiscales liées aux héritages leur permettent de se transmettre ce grisbi de génération en génération. Des économistes et institutions appellent à une réforme de la fiscalité sur les successions.

Sortez vos capes, gants et hauts-de-forme ou vos robes à corset : la Belle Époque est de retour. Ce n’est pas la mode vestimentaire du moment qui le suggère, mais les économistes comme les institutions qui scrutent les évolutions de notre société. Aujourd’hui comme au début du XXe siècle, la France appartient aux héritiers rentiers.

Si le siècle dernier avait corrigé le tir, notamment grâce à l’ascenseur social des Trente Glorieuses, la fin des années 1970 a sonné le retour du patrimoine financier et immobilier comme facteur majeur de structuration de classe, bien plus que les revenus (salaires et revenus du travail).

Une monopolisation des richesses devenue par trop évidente

Ce patrimoine qui pèse de plus en plus lourd – de 300 % du revenu national en 1970, il en représentait 600 % en 2020 – a été progressivement capté par quelques-uns. « En France, les 10 % les plus riches possèdent 60 % du patrimoine total net », soulignait le Rapport 2022 sur les inégalités mondiales, publié en décembre par l’Observatoire des inégalités mondiales.

Cette monopolisation des richesses est devenue à ce point dérangeante que des institutions peu révolutionnaires comme l’OCDE, France Stratégie ou des économistes orthodoxes qui parlent à l’oreille de Macron, tels le prix Nobel Jean Tirole ou l’ex-directeur des études du FMI Olivier Blanchard, s’en inquiètent et appellent à une nouvelle fiscalité des successions et des héritages. Histoire de débloquer un ascenseur social coincé aux étages supérieurs.

1 % des héritiers reçoivent en moyenne 4,2 millions d’euros nets de droits

« Il devient indispensable d’avoir hérité pour accéder au sommet de la distribution des niveaux de vie », analyse Camille Landais, coauteur du rapport Repenser l’héritage, publié par le Conseil d’analyse économique (CAE) il y a quinze jours. De fait, quand la moitié des Français héritent de 70 000 euros tout au long de leur vie (il s’agit d’une moyenne, nombre d’entre eux n’hériteront de rien du tout), moins de 10 % récupéreront plus de 500 000 euros de patrimoine.

Quant au « top 1 % des héritiers, il recevra en moyenne plus de 4,2 millions d’euros nets de droits. Et le top 0,1 %, environ 13 millions », souligne l’étude du CAE. Autrement dit, « le top 1 % des héritiers peut désormais obtenir, par une simple vie de rentier, un niveau de vie supérieur à celui obtenu par le top 1 % des ’’travailleurs’’ ». De quoi enterrer le mythe du « premier de cordée » et de la méritocratie.

Tigre de papier et niches fiscales

En ces temps de creusement des inégalités sociales, de renchérissement des dépenses du quotidien et d’aspiration des première ou deuxième lignes comme des premiers de corvée à des augmentations de salaires, l’opulence des rentiers relève du scandale alors que la transmission de ces fortunes n’est que faiblement taxée. Elles n’ont rapporté que 12,5 milliards d’euros en 2015, soit 0,56 % du PIB, alors que le flux total des transmissions patrimoniales annuelles pèse 15 % du PIB.

Tout semble avoir été fait pour que l’administration fiscale ne s’intéresse pas au sujet. Celle-ci ne possède d’ailleurs pas de données fiables. D’autre part, comme l’explique Camille Landais, « nous pouvons avoir l’illusion d’une progressivité de la taxation des successions, mais c’est un tigre de papier. Dans la réalité, plus les patrimoines sont importants, mieux leurs titulaires connaissent les niches qui permettent d’échapper à leur imposition. Si bien que les plus gros transmetteurs ne sont taxés en moyenne qu’à hauteur de 10 % ».

Les ficelles de l’optimisation

Parmi les niches fiscales, citons l’assurance-vie (17,5 milliards répartis entre 45 000 bénéficiaires seulement) ; les pactes Dutreil, qui exonèrent à 50 % la transmission des biens professionnels représentant plus de 60 % du patrimoine des 0,001 % les plus fortunés ; la donation en nue-propriété avec réserve d’usufruit (2 à 3 milliards de manque à gagner pour le fisc) ; ou l’effacement des plus-values latentes à la succession.

À ces mesures de sous-évaluation de l’assiette de la taxation des héritages s’ajoutent les autres ficelles de l’optimisation d’héritage. Par exemple, planifier rapporte gros : trois donations de 100 000 euros au cours d’une vie ajoutées à un héritage de 200 000 au décès de chacun des deux parents coûtent moins cher en droits de succession qu’un héritage de 700 000 euros versé d’un coup au décès des ascendants.

Imposer à des taux croissants

Sur tous ces biais, les rapports précédemment cités appellent à revenir dessus. Avec un leitmotiv : assurer une réelle progressivité de la taxation des héritages fondée sur le bénéficiaire tout au long de sa vie. « Les transmissions d’un montant total élevé pourraient être imposées à des taux croissants, tout en permettant aux nombreux parents de la classe moyenne de transmettre un patrimoine plus modeste à leurs enfants en franchise d’impôts », note la commission Tirole- Blanchard. Ce qui contribuerait à améliorer la mauvaise image de cette fiscalité, vue comme « une double imposition de l’épargne de parents qui ont “travaillé dur” et qui souhaitaient aider leurs enfants ».

Selon les scénarios proposés par le rapport du CAE, ces mesures dégageraient entre 9 et 19 milliards d’euros. Qu’en faire ? De la baisse d’impôts indirects ou directs à la réduction de la dette publique, l’abondement des mécanismes de solidarité et d’égalité des chances jusqu’au financement d’un capital garanti de 120 000 euros pour tous dès 18 ans, comme le proposait l’économiste Thomas Piketty, les projets ne manquent pas. Ils relèvent tous d’un projet de société dont les candidats à l’élection présidentielle ont la possibilité de s’emparer.

Le PCF juge indispensable de « renforcer la fiscalité et la rendre plus progressive  », comme l’explique l’économiste communiste, Denis Durand. En tenant compte de deux paramètres : « Le montant de la succession ou de la donation, mais aussi les ressources du bénéficiaire. » « Il peut parfois arriver que des gens héritent mais ne soient pas en mesure de payer les droits », précise-t-il. « On croit que les inégalités sont le fait des revenus, souligne également Denis Durand, mais elles sont le produit des inégalités d e patrimoine. »

Selon le PCF, il s’agit donc de mettre les plus hauts patrimoines plus fortement à contribution, et tout au long de la vie. Les communistes proposent notamment le rétablissement et le triplement de l’ISF pour y parvenir. « Mais, prévient l’économiste, il faudra aussi changer l a façon dont sont produites les richesses. »

Extrait de l'article de Diego Chauvet - "Droits de succession : la gauche affiche sa volonté de réformer" - L'Humanité, 4 janvier 2022

La France des héritiers -  Le Dossier de L'Humanité, 4 Janvier 2022
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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 06:24
Macronie. Alexis Kohler, ou le symbole d’un pouvoir miné par les conflits d’intérêts (L'Humanité, Lola Ruscio, 4 janvier 2022)
Macronie. Alexis Kohler, ou le symbole d’un pouvoir miné par les conflits d’intérêts
Mardi 4 Janvier 2022 - L'Humanité

Ses allers-retours entre le public et le privé intéressent de près la justice. Mais ce proche d’Emmanuel Macron prépare tranquillement la campagne du président-candidat depuis l’Élysée, dont il est toujours le secrétaire général.

 

Alexis Kohler, le puissant secrétaire général de l’Élysée, est un pur produit de la Macronie, le symbole de la confusion née des allers-retours entre la haute fonction publique, le privé et le pouvoir. Énarque, ancien de l’Agence des participations de l’État (APE), il est passé par le Trésor, avant de devenir directeur financier de la compagnie maritime MSC ­(Mediterranean Shipping Company), tout en s’engageant à fond dans la première campagne présidentielle du candidat Macron.

Ce drôle de mélange des genres ne suscitant aucune indignation en Macronie, il occupe depuis bientôt cinq ans l’un des postes clés de l’appareil d’État. C’est là qu’il reçoit, dans la plus grande discrétion, des investisseurs internationaux, des patrons du CAC 40 comme Martin Bouygues, Bernard Arnault (LVMH), Xavier Niel (Iliad), Patrick Pouyanné (Total) ou Serge Weinberg (Sanofi). C’est là qu’il mène en toute tranquillité ces conversations dont rien, jamais, ne filtre à l’extérieur. Car l’Alsacien de 49 ans au tempérament taiseux aime la discrétion.

Bien plus qu’un « lointain cousin »

Une affaire hautement explosive est pourtant venue le rattraper. À la suite d’une plainte d’Anticor déposée en 2018 pour « trafic d’influence » et « prise illégale d’intérêts », la justice cherche à savoir si le premier conseiller d’Emmanuel Macron a profité de ses différentes positions à Bercy pour favoriser les intérêts financiers de l’armateur italo-suisse MSC. La compagnie maritime est l’un des plus gros clients des chantiers STX de Saint-Nazaire, dont l’État français est actionnaire. Or, Alexis Kohler a des liens importants avec l’entreprise MSC. Jugez plutôt : le macroniste d’obédience rocardienne a essayé à deux reprises de la rejoindre après ses expériences à Bercy, respectivement comme directeur de cabinet de Pierre Moscovici et d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie. La première fois, en 2014, la commission de déontologie, chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé, avait refusé sa demande. Deux ans plus tard, il retente le coup. Cette fois, à la surprise générale, la commission accepte.

Alexis Kohler part alors travailler chez MSC, comme directeur financier depuis Genève. Dans le même temps, il s’engage pleinement dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Surtout, il a soigneusement caché ses liens familiaux avec la compagnie maritime, évoquant simplement l’existence d’un « lointain cousin ». En réalité, la compagnie maritime est fondée et dirigée par des cousins de sa mère, la famille Aponte. Ensemble, ils passeront même leurs vacances sur le yacht familial. Avait-il prévenu sa hiérarchie de sa proximité avec MSC ? Oui, jure l’Élysée. Grâce à une lettre signée en 2019 par Emmanuel Macron lui-même, Alexis Kohler a bénéficié d’un classement sans suite par le Parquet national financier (PNF). Le protégé du président espère alors que la tempête est derrière lui. Le secrétaire général de l’Élysée, réputé bosseur, poursuit ses activités, se plonge dans les dossiers industriels, dont il raffole.

Mais un dossier va lui causer de gros problèmes, celui de Veolia-Suez. L’ami d’Emmanuel Macron se retrouve à nouveau pris dans les mailles judiciaires avec le PNF. Ce dernier enquête depuis juin sur l’offre publique d’achat (OPA) de Veolia sur Suez, suspectant plusieurs responsables et le secrétaire général de l’Élysée de « trafic d’influence ». Rien que ça. En résumé, Alexis Kohler est soupçonné d’être intervenu à plusieurs reprises dans ce projet de fusion, jusqu’à faire pression sur des représentants syndicaux pour obtenir d’Engie (dont l’État est actionnaire) qu’il ne s’oppose pas à la vente des parts de Suez à Veolia. Cette affaire est loin d’être réglée puisque l’intersyndicale de Suez envisage désormais de déposer une plainte pour « diffusion d’information trompeuse ».

Soutien indéfectible du président

Malgré ces démêlés judiciaires, l’énarque bénéficie toujours du soutien indéfectible du président de la République. Kohler doit même jouer un rôle important dans sa future campagne présidentielle, en faisant le lien avec les grands patrons. L’objectif étant de les convaincre d’investir via le versement de dons.

Au-delà de sa dimension pénale, l’affaire Kohler jette une lumière crue sur une faille de notre démocratie, celle des allers-retours permanents d’énarques entre le public et le privé, générant à leur tour des conflits d’intérêts. Le cas Kohler souligne combien le gouvernement, qui s’autoproclame défenseur du « nouveau monde », s’assoit sur ces problématiques qui pourrissent depuis longtemps la vie politique française. La Macronie révèle également au grand jour son vrai visage : une start-up qui se croit tellement intouchable qu’elle ne saurait être tenue de rendre des comptes. Bien sûr, ce brouillage permanent entre les affaires publiques et privées fait le bonheur des grands groupes, puisqu’ils bénéficient de relais importants au sein de l’appareil d’État. Et, on le sait, les patrons du CAC 40 ne sont jamais rassasiés dès lors qu’il s’agit de privatiser les politiques publiques.

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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 06:22

 

 

 

 

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4 janvier 2022 2 04 /01 /janvier /2022 06:39

 

Le Ministre de l'Education a présenté aujourd'hui le nouveau protocole sanitaire dans les écoles. Le choix de le rendre public à moins de 24h de la rentrée est en soi une provocation. Sa publication dans la presse plutôt que de le construire avec le corps enseignant chargé de le mettre en œuvre en dit long sur la considération du ministre pour les professeurs.

Sur le fond, ces annonces sont à mille lieues des besoins dans ce contexte d'épidémie galopante.

Le Ministre confirme qu'il faudra attendre un cas positif pour qu'une classe soit testée. Pourquoi ne pas faire comme l'Allemagne qui teste les enfants deux à trois fois par semaine ? Alors que jusqu'à présent la France ne testait qu'une classe sur trente !

Le Ministre confirme par ailleurs le recours aux professeurs retraités pour prendre le relai des enseignants malades. Ce choix a valeur d'aveu. Il montre à quel point nous manquons de professeurs pour faire classe. Il éclaire d'un jour cruel le choix de Ministre de supprimer 7900 emplois dans l'Éducation nationale depuis 2017, soit l'équivalent de 175 collèges.

Enfin, il ne propose rien de neuf pour équiper les bâtiments scolaires de capteurs de CO2 et se défausse une fois de plus sur les collectivités territoriales.

Au final, Jean-Michel Blanquer finit son quinquennat comme il l'a commencé : sans considération pour les enseignants, sans ambition pour les élèves, sans égards pour leurs parents.

La France mérite mieux. Je veux changer radicalement de chemin pour l'école.

Dans l'immédiat, en se donnant vraiment les moyens de maintenir les écoles ouvertes dans ce contexte d'épidémie : tests systématiques plusieurs fois par semaine, masques FFP2 pour les enseignants et le personnel scolaire, capteurs de CO2 dans toutes les classes avec prise en charge du coût par l'État.

Et pour les 5 prochaines années, porter une vraie ambition pour l'école en limitant à 20-25 le nombre d'élèves par classe et en recrutant 90.000 enseignants titulaires.

Fabien Roussel, candidat à l’élection présidentielle,
Paris, le 2 janvier 2022.

 

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4 janvier 2022 2 04 /01 /janvier /2022 06:17

 

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3 janvier 2022 1 03 /01 /janvier /2022 06:52
Fabien Roussel sur Europe 1 ce lundi 3 septembre à 8h13

Bon courage ce matin aux élèves, parents et personnels des écoles, collèges et lycées 💪

Retrouvez Fabien Roussel 2022 à 8h13 sur Europe 1 !

Ci-dessous un communiqué sur la rentrée des classes 👇

******************************

COMMUNIQUE DE PRESSE

Sur la forme comme sur le fond, Blanquer à mille lieues des besoins de l’École (Fabien Roussel)

Le Ministre de l'Education a présenté aujourd'hui le nouveau protocole sanitaire dans les écoles. Le choix de le rendre public à moins de 24h de la rentrée est en soi une provocation. Sa publication dans la presse plutôt que de le construire avec le corps enseignant chargé de le mettre en œuvre en dit long sur la considération du ministre pour les professeurs.

Sur le fond, ces annonces sont à mille lieues des besoins dans ce contexte d'épidémie galopante.

Le Ministre confirme qu'il faudra attendre un cas positif pour qu'une classe soit testée. Pourquoi ne pas faire comme l'Allemagne qui teste les enfants deux à trois fois par semaine ? Alors que jusqu'à présent la France ne testait qu'une classe sur trente !

Le Ministre confirme par ailleurs le recours aux professeurs retraités pour prendre le relai des enseignants malades. Ce choix a valeur d'aveu. Il montre à quel point nous manquons de professeurs pour faire classe. Il éclaire d'un jour cruel le choix de Ministre de supprimer 7900 emplois dans l'Éducation nationale depuis 2017, soit l'équivalent de 175 collèges.

Enfin, il ne propose rien de neuf pour équiper les bâtiments scolaires de capteurs de CO2 et se défausse une fois de plus sur les collectivités territoriales.

Au final, Jean-Michel Blanquer finit son quinquennat comme il l'a commencé : sans considération pour les enseignants, sans ambition pour les élèves, sans égards pour leurs parents.

La France mérite mieux. Je veux changer radicalement de chemin pour l'école.

Dans l'immédiat, en se donnant vraiment les moyens de maintenir les écoles ouvertes dans ce contexte d'épidémie : tests systématiques plusieurs fois par semaine, masques FFP2 pour les enseignants et le personnel scolaire, capteurs de CO2 dans toutes les classes avec prise en charge du coût par l'État.

Et pour les 5 prochaines années, porter une vraie ambition pour l'école en limitant à 20-25 le nombre d'élèves par classe et en recrutant 90.000 enseignants titulaires.

Fabien Roussel, candidat à l’élection présidentielle,

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2 janvier 2022 7 02 /01 /janvier /2022 07:20
Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Forfait urgences - L'Humanité, 29 décembre 2021
Il y a urgence ! Le billet du Dr Christophe Prudhomme. Forfait urgences
Mercredi 29 Décembre 2021 - L'Humanité

Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93. Il publie, chaque semaine, une chronique dans nos colonnes.

Une des nouvelles inventions du gouvernement est d’instaurer un forfait de passage aux urgences de 20 euros que devra régler immédiatement tout patient qui ne sera pas hospitalisé et qui ne bénéficiera que d’une consultation.

Ce nouveau dispositif est présenté comme une simplification d’une facturation il est vrai complexe, mais comme cela est le cas pour tous les soins avec la part Sécurité sociale et la part mutuelle, qui fait qu’il est très difficile de comprendre ce qui restera à la charge de l’assuré. Les principaux problèmes avec cette mesure sont d’une part sa date d’application, le 1 er janvier 2022, d’autre part le travail administratif supplémentaire que cela va nécessiter du fait de l’obligation de l’encaissement immédiat.

En pleine épidémie, avec une tension hospitalière qui devient intolérable pour les personnels, la priorité est-elle d’ajouter des tâches, qui plus est administratives, à du personnel déjà débordé ? Par ailleurs, cette « taxe » risque de provoquer des tensions avec un certain nombre de patients non informés qui considéreront qu’il s’agit d’une punition, alors que pour la très grande majorité d’entre eux, ils ne viennent pas par plaisir aux urgences mais bien parce qu’ils n’ont pas trouvé de solution en ville du fait de la baisse continue du nombre de médecins généralistes.

Il est clair que les personnels ont autre chose à faire que de recouvrer ce forfait. Alors, si la solution est de créer des postes administratifs pour encaisser cette taxe, où est l’intérêt ? En résumé, ce gouvernement reste dans une logique financière et administrative de gestion des hôpitaux à mille lieues des besoins réclamés avec force par tous les personnels mobilisés depuis 2019 autour de trois revendications : des postes, de meilleurs salaires et l’arrêt des fermetures de lits. Mais visiblement, il reste sourd à ces demandes, comme nous l’ont montré les dernières annonces du premier ministre, qui n’a cité aucune mesure concrète pour l’hôpital et qui est resté sur la ligne condescendante du remerciement aux soignants pour leur mobilisation. Nous en avons assez d’être ainsi méprisés et nous exigeons un vrai plan de remise à niveau de l’hôpital.

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31 décembre 2021 5 31 /12 /décembre /2021 06:47

 

Rappel des faits La crise liée au Covid met en évidence les tares du capitalisme globalisé et des politiques économiques et industrielles induites. Une rupture s’impose pour répondre aux défis humains et environnementaux.

 

VÉRONIQUE RICHES-FLORES

Économiste, présidente de RF Research, diagnostic économique et financier international, conseils et stratégie

 

 

 

MARIE-CLAIRE CAILLETAUD

Ingénieure, déléguée CGT au Conseil économique, social et environnemental

 

 

 

 

AYMERIC SEASSAU

Membre du comité exécutif du PCF, en charge du travail et des entreprises

À l’occasion de cette crise sanitaire, on a pu constater les fragilités de la production française. D’aucuns ont parlé de relocaliser plusieurs secteurs stratégiques. Pourtant, les plans de licenciement se multiplient. Pourquoi ce décalage entre les discours et la réalité du terrain ?

Véronique Riches-Flores

La relocalisation n’est plus un sujet tabou. C’est déjà un progrès par rapport à une situation pas si lointaine où l’évocation de cette nécessité était considérée comme une hérésie rétrograde. Sur ce point, la crise sanitaire a été plutôt salutaire, pointant du doigt les anomalies jusque-là dissimulées d’une situation d’extrême dépendance de l’économie française à l’égard de l’étranger et les dangers susceptibles d’en résulter, en période de crise notamment. La relocalisation industrielle s’est ainsi imposée comme un axe important du plan de relance du gouvernement de septembre 2020 autour de secteurs cibles dans des domaines aussi variés que la santé, l’agroalimentaire, l’électronique, les intrants industriels et les télécommunications. Ce programme compte aujourd’hui un peu plus de 600 projets labellisés. Le résultat est assez honorable en à peine plus d’un an mais, comme vous le soulignez, très largement insuffisant. L’industrie française n’a toujours pas retrouvé son niveau de production d’avant la crise sanitaire et les plans de licenciement sont monnaie courante. Il y a plusieurs explications à ces décalages. Le premier est lié au temps imparti pour passer d’un modèle à un autre. Les entreprises n’ont pas forcément les moyens d’opérer sur le territoire national si leurs fournisseurs ne suivent pas. Il faut pour cela le temps que se développent de multiples activités de proximité, de nouveaux fournisseurs, voire celui de trouver une main-d’œuvre formée. La période n’est, par ailleurs, pas des plus propices pour l’investissement dans un environnement soumis tout à la fois aux aléas sanitaires et, au-delà, à bien des sujets d’incertitudes sur les développements futurs en matière de demande, de coûts, de transition environnementale ou démographique. Enfin, entreprises et consommateurs n’ont pas totalement intégré ces nécessaires changements et ce qu’ils pourraient apporter à l’économie française. Les réflexes de consommation, les logiques de développement sont encore très profondément ancrés dans le modèle d’un monde global qui ne favorise pas la relocalisation.

Marie-Claire Cailletaud

La crise sanitaire a mis en évidence notre extrême vulnérabilité due à la désindustrialisation massive du pays. Nos gouvernants n’ont pas eu d’autre choix, face à la réalité, que de parler de réindustrialisation, relocalisation et même planification et nationalisation. Dans le même temps, les grands groupes ont accéléré leur recomposition et multiplié les licenciements, comme par exemple Sanofi et Nokia, avec plus de 1 000 postes d’ingénierie et de recherche supprimés. Airbus a supprimé 5 000 emplois alors que ses dividendes ont augmenté et que son carnet de commandes est plein pour plusieurs années. La crise a désta­bilisé momentanément le processus de production et montré la fragilité des chaînes de valeur internationales. Mais la stratégie des grands groupes dans une économie mondialisée et hyperfinanciarisée n’a pas changé. Elle se résume à faire remonter le maximum de dividendes à ses actionnaires, y compris en étranglant les sous-traitants comme dans l’automobile. La réorganisation doit leur permettre d’éviter des ruptures qui mettraient en péril cette rentrée d’argent. Cette crise a produit un effet d’aubaine, d’accélération des transferts financiers de l’État vers les entreprises industrielles, avec des montants faramineux, justifiés aux yeux de l’opinion publique par la situation sanitaire. Cela a conduit, non pas à maintenir l’activité, mais à garantir la rentrée de dividendes aux actionnaires. En accentuant encore plus la déconnexion entre l’accumulation du capital et la réponse aux besoins humains.

Aymeric Seassau

Cette crise pandémique a en effet révélé la crise profonde du capitalisme mondialisé. Il a manqué des masques, de l’oxygène médical, etc. Le pays a pris conscience du manque d’outils de production dans ces domaines. Pour ne prendre qu’un exemple, l’usine de masques de Plaintel, dans les Côtes-d’Armor, capable de produire jusqu’à 4 millions de masques par semaine, avait fermé en 2018… faute de commandes de l’État ! Dans ce contexte, les aides de Bercy ont profité aux actionnaires plutôt qu’aux travailleurs. Les chiffres sont désormais connus. L’Insee relève 45 000 emplois perdus dans l’industrie pendant la crise pandémique. Déjà en 2019 Mediapart titrait « Macron en naufrageur de l’industrie » pour caractériser son action. 165 emplois industriels sont perdus en moyenne chaque jour en France depuis 2001 et le déclin continue. La reconquête industrielle est une bataille d’intérêt général. Une bataille sociale (c’est le seul secteur où un emploi génère deux à quatre emplois indirects), une bataille de souveraineté pour répondre aux besoins des populations, une bataille au service de la transition écologique.

Selon vous, quelles sont les trois grandes mesures à prendre pour une politique de réindustrialisation de notre pays ?

Marie-Claire Cailletaud

La première nécessité est d’avoir une vision stratégique sur le long terme. C’est le rôle d’un État stratège, qui devrait mettre en place une programmation pluriannuelle de l’industrie afin de planifier sur le long terme les politiques publiques de recherche et d’innovation, de formation, de financements, de services publics et d’infrastructures. Dans cette transformation du système productif, l’anticipation est essentielle afin de permettre aux travailleurs, grâce à la formation initiale et continue, de reprendre leur rôle central dans le système productif. À partir de là, et si nous voulons retrouver notre indépendance (qui ne signifie pas autonomie), il est indispensable de reprendre la main sur les filières stratégiques identifiées (énergie, transports, communications, eau, santé…) par une véritable appropriation sociale de ces secteurs. Enfin, rien ne se fera dans le sens de l’intérêt général sans démocratie et en particulier sans démocratie dans l’entreprise. Au contraire, c’est en donnant du pouvoir dans les entreprises à celles et ceux qui font le travail que l’on arrivera à contrebalancer le poids des actionnaires et que se posera la question du sens et de la finalité du travail, c’est-à-dire ce que l’on produit, pourquoi et comment.

Aymeric Seassau

Il y a urgence à s’outiller d’un arsenal législatif pour empêcher les délocalisations et les licenciements boursiers. Le PCF a porté plusieurs projets de loi dans ce sens ces dernières années. Il faut désintoxiquer le pays de la finance ! 2021, en pleine crise pandémique, s’annonce comme une nouvelle année mondiale record dans le paiement de dividendes, notamment en raison des versements faramineux aux actionnaires des sociétés minières. Notre monde marche sur la tête. À l’inverse, nous voulons mettre l’économie et la production au service de la réponse aux besoins humains plutôt qu’à ceux de la finance en définissant des filières nationales stratégiques. Fabien Roussel, le candidat présenté par le PCF à l’élection présidentielle, propose notamment d’agir dans deux directions. La première est de constituer un pôle public bancaire pour financer les entreprises et les activités utiles sur de nouveaux critères d’efficacité sociale et écologique face à ces pôles privés de la mondialisation capitaliste que sont les multinationales et les marchés financiers. La seconde est d’ouvrir de nouveaux pouvoirs aux salariés dans leur entreprise pour pouvoir agir et proposer des alternatives. L’actualité sociale le démontre quotidiennement sur tout le territoire national : en défendant leurs emplois, les travailleurs en lutte formulent des projets alternatifs à la hauteur des crises sociale et environnementale.

Véronique Riches-Flores

De mon côté, je pense que les impératifs climatiques constituent une chance pour redynamiser notre industrie qu’il faut saisir, non seulement parce qu’il s’agit de préserver le potentiel de développement et d’emplois de l’économie française, mais parce qu’il nous faut agir très vite face au dérèglement climatique. La réglementation du commerce international ne permet pas les discriminations entre produits mais n’interdit pas d’informer les consommateurs sur l’empreinte carbone ; l’obligation d’informer sur le kilométrage parcouru par un jean avant d’arriver sur le territoire, par exemple. La traçabilité de l’empreinte carbone des produits de consommation aiderait la prise de conscience et finirait par inciter les distributeurs à jouer un jeu plus local, comme cela commence d’ailleurs à être le cas. À une approche ciblée, bien compréhensible, compte tenu de certains enjeux de sécurité ou de souveraineté spécifiques (dans les médicaments par exemple), une approche holistique est véritablement nécessaire pour enclencher un mouvement d’ampleur. Renaissance industrielle et transition environnementale ne sont pas les objectifs les plus naturellement compatibles. C’est pourtant tout l’enjeu et de nombreux experts ont travaillé pour aider à y parvenir.

Avec les défis environnementaux et climatiques, la transition écologique et une nouvelle production décarbonée énergétique sont à l’ordre du jour. Comment les mettre en œuvre ?

Marie-Claire Cailletaud

La réponse aux défis environnementaux et aux besoins sociaux implique de produire et consommer autrement. C’est d’un véritable changement civilisationnel que l’on parle. Cela va nécessiter de transformer notre système productif dans une économie beaucoup circulaire, avec des circuits raccourcis et des coopérations entre pays. Le débat démocratique devrait permettre d’orienter la production pour répondre aux besoins et non pas, comme c’est le cas à l’heure actuelle, créer des besoins artificiels via la publicité et ainsi générer désirs et frustrations, gaspillage environnemental et social. Ainsi nous produirons des biens et des services durables, réparables, utiles socialement et compatibles avec ce que nous apporte la nature. Cette transformation va nécessiter de produire plus d’électricité dans un bouquet énergétique qu’il nous faut décarbonner. L’énergie, moteur du développement, occupe une place centrale, et ne peut être laissée aux mains du marché, qui conduit à une explosion des prix. Il est nécessaire de conforter des filières de production d’électricité bas carbone et pilotables. Cette situation rend l’utilisation de l’énergie nucléaire incontournable, comme l’indique le Giec. Et, donc, plutôt que de donner des coups de boutoir dans cette filière, les progressistes devraient au contraire unir leurs efforts à ceux des travailleurs du secteur, afin de construire un grand pôle public de l’énergie bâti autour d’un mix énergétique évoluant vers le nucléaire et les énergies renouvelables.

Véronique Riches-Flores

Les défis climatiques sont considérables et sans précédent. Les relever sera coûteux et bouleversant, c’est pourquoi ils requièrent des efforts sans précédent tant sur le plan de l’action et de la réglementation que sur celui de vision politique. Cette dernière fait encore largement défaut, or nous n’arriverons pas à faire face à des problématiques de long terme sans nous projeter dans le temps long. On ne parle pas ici de la transition mais des multiples transitions à mener de front, parfois contradictoires, d’ailleurs qui concernent tous les aspects de notre vie : les transports, l’urbanisation, l’agriculture, la recherche. Ce sont tous ces leviers qu’il faut actionner.

Aymeric Seassau

Si nous voulons produire mieux et produire plus près, il faut s’attaquer au cancer financier qui ronge les activités humaines et revoir les traités européens. Le court-termisme capitaliste conduit à un épuisement des hommes comme de la planète pour atteindre les insoutenables taux de profit à deux chiffres devenus la norme. S’épargner ce diagnostic, c’est rester dans l’impasse. D’autant qu’il faudra des investissements publics massifs dans nos infrastructures si nous voulons changer de modèle de production, de consommation, de transports. C’est vrai pour l’énergie si nous voulons un mix énergétique basé sur le renouvelable et le nucléaire à la hauteur de la crise climatique et répondant aux besoins des populations. C’est vrai pour les transports si l’on veut favoriser un couple ferroviaire/maritime et fluvial le moins polluant. Or la France est en queue de classement européen sur l’investissement dans le ferroviaire et nos ports ne sont pas connectés aux corridors ferroviaires européens. Transports, énergie… Autant de secteurs essentiels pour la transition écologique et qui ont été victimes de vagues de libéralisation successives. Sauver la planète, c’est d’abord la mettre à l’abri des dévastations du marché.

 

Une chute sensible

Parmi les personnes en emploi selon les critères de l’OIT, 13,3 % travaillaient en 2018 dans un secteur industriel en France. Même si sa part dans le PIB a fortement diminué dans les dernières décennies, l’industrie représente encore plus de 12,5 % (source : Insee). Le secteur industriel français comptait plus de 4,5 millions d’emplois salariés en 1989, plus que 3 millions, trente ans plus tard… soit une diminution de 30 %. On parle donc de désindustrialisation.

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30 décembre 2021 4 30 /12 /décembre /2021 06:32
Jean Dréan (photo Le Télégramme)

Jean Dréan (photo Le Télégramme)

UN APPEL A LA RAISON DES ABANDONNES DU POUVOIR POLITIQUE

Le grand âge pour un autre choix de société: l'humain d'abord de la naissance à la fin de vie.

 

La loi grand âge est en gestation de longue date:

- Sarkozy a trahi la parole donnée aux personnes âgées sur l'autonomie

- Hollande et son équipe disloquée ont voté une coquille vide, ouvrant largement la catastrophe en cours.

- Macron a fait un choix qui le caractérise bien: casser le social, remplir les coffres de ceux qui l'ont hissé au pouvoir.

Ces étapes successives ont conduit au sursaut du comité d'éthique.

EHPAD: la Honte de la France!

EHPAD: la souffrance au travail!

EHPAD: la maltraitance institutionnelle!

Le maintien à domicile est un véritable calvaire.

L'appel au secours poignant des diverses associations en est le témoignage, couplé avec des actions de revendication en préparation pour un meilleur financement du secteur de l'aide à domicile. 

Les prochaines élections présidentielles prennent une voie inquiétante.

Pas un mot dans la multitude de tribunes: les vieux aux oubliettes! 

Demain pourtant, plus de vieux que de jeunes dans notre pays.

Le feuilleton offert par les forces se prétendant de progrès et en capacité de mettre en place le dernier étage du chef d’œuvre du conseil national de la Résistance, la Sécurité Sociale solidaire garantissant le droit à la santé et à l'autonomie pour tous, est lamentable. 

Les artistes à l’œuvre sont dans l'incapacité d'unir leurs voix.

La soif de pouvoir les aveugle jusqu'à l'obstination indécente.

L'union des gens de progrès est une nécessité absolue pour mettre en place la société du grand âge.

Il y a une urgence absolue!

Résidents - maintien à domicile - aidants familiaux - personnels/

Des millions de citoyens en capacité de voter sont en attente dramatique. 

Voir tous les appels des associations de Bretagne (15 appels).

Il y a urgence, vraiment urgence.

Après 6 ans en EHPAD, je confirme: la situation s'aggrave. A devenir invivable. 

Dans l'attente d'un engagement confirmé.

Bien à vous.

Jean Dréan

En Maison de retraite à Quimper

 

A Coeur ouvert n°2 - Journal de l'atelier citoyen santé Bretagne du PCF - Interview de Jean Dréan, mai 2019

A Coeur ouvert n°2 - Journal de l'atelier citoyen santé Bretagne du PCF - Interview de Jean Dréan, mai 2019

Lire aussi:

Cocos, confinés, et actifs: Jean Dréan, le militant infatigable d'une société plus humaine avec les personnes âgées et les EHPAD

Appel de Jean Dréan: pour le droit à bien vieillir, stop à la maltraitance institutionnelle vis-à-vis des personnels et des usagers des maisons de retraite! (janvier 2018)

Né en 1933, Jean Dréan, l'homme à la haute stature solide de breton taillé dans le roc et au collier de barbe à la mode des certitudes anciennes, personnalité haute en couleurs que nombreux, de tous bords, connaissent et apprécient à Morlaix et à Plouigneau, vient d'intégrer une maison de retraite à Quimper pour accompagner son épouse dont les problèmes de santé s'opposaient à un retour à la maison.

Cela a été un choix douloureux pour ce pilier de la section communiste et de la CGT de Morlaix, un franc-tireur plein de crânerie, d'esprit d'indiscipline d'humour malicieux et d'intelligence, un obstiné prêt à soulever ciel et terre pour que son parti, sa CGT, ses parlementaires et ministres œuvrent enfin pour la prise en compte des enjeux du vieillissement et la mise en place d'une civilisation de la personne âgée basée sur la Sécurité Sociale Universelle et le partage des richesses.

Jean Dréan a encore toute sa lucidité, sa vivacité d'esprit, sa mémoire et des tonnes d'histoires plus ou moins exemplaires, mais souvent drôles et passionnantes, à nous raconter. Voici déjà quelques unes d'entre elles, écrites une nuit sans sommeil à la maison de retraite.

Chacun sait ce qu'il gardera de cet homme généreux et rebelle qui a su rester curieux et ouvert pour les jeunes et la nouveauté, mais son vécu n'est pas connu de tous et intéressera sans nulle doute. Il éclaire en particulier ses attaques verbales courageuses il y a quelques mois face à une Marine Le Pen méprisante et ses menaçants nervis du service d'ordre du Front National venus sonder le terrain d'une région traumatisée par la crise de l'agro-alimentaire sur le marché de Guerlesquin: s'il devait n'en rester qu'un, ce serait encore lui, n'en doutons pas, qui ferait barrage aux héritiers du fascisme et de l'OAS.

Le vécu d'un modeste citoyen engagé

Notre génération a connu des turbulences: les camps de concentration, le goulag, Oradour, la torture en Algérie, Dien Bien Phu la capitulation. Aujourd'hui tout le monde musulman est en ébullition: parfois sanguinaire, cruel, barbare. On viole, on égorge à tour de bras. Dans une indifférence coupable. Certes avec quelques réactions.

Aujourd'hui le camarade Ismaël me sollicite pour expliciter une tranche de vie, certes modeste, mais trop souvent absente de l'évolution de notre Pays, de son histoire. Le refus des guerres coloniales, le traité d'Evian. Son contenu, entre autre la coopération découlant de ce traité.

Pour expliciter, comprendre un temps soit peu mon engagement citoyen de toujours, quelques rappels.

Durant la guerre 39-45, quoique très jeune, j'ai pratiqué la débrouillardise, le chapardage, le hors la loi. Il fallait survivre: on allait mon frère et moi traire les vaches pendant la nuit, étrangler les poules. Père cheminot – il entretenait les voies près de Rosporden – il a modestement participé au sabotage de son outil de travail. Ma mère était garde-barrière: les trains ravitaillant la troupe allemande à Brest s'arrêtaient devant chez nous: des cheminots complices nous indiquaient les wagons intéressants à piller: nous récupérions de l'huile, des matières premières que nous échangions ensuite avec les paysans, parfois contre des cochons que nous envoyons en boîte de conserve à des camarades de résistance parisiens. En 44, mes parents nous envoyaient mon frère et moi avec nos deux chiens ravitailler le maquis avec une brouette: en arrivant dans les bois auprès des résistants, quelle n'a pas été ma surprise en voyant que leur commandant était mon instituteur, Mr Le Corre. Celui-ci n'a même pas eu besoin de me faire promettre de garder le secret. L'ennemi: le boche. Les cheminots résistants de toujours ont été les premiers a déclencher la Grève insurrectionnelle.

1947: ils ont continué la lutte. Soutien aux mineurs en grève en bloquant les trains de charbon. Les champions de la trahison permanente entraient en action: Jules Moch créait les CRS pour gazer les mineurs en grève.

1949: entrée à la SNCF, école d'apprentissage.

1953: adhésion à la CGT. Participation à la grève historique contre les prétentions d'une droite revancharde. Le fameux président du Conseil Laniel prétendait casser le statut de cheminot, massacrer le service public ferroviaire (déjà!). Un mois d'une grève dure. Le pays paralysé. Démission de Laniel. Décrets abrogés. Interdit du droit de grève (j'étais hors statut), j'ai été licencié. Soupe populaire à Clichy. Adhésion au PCF (mon père était déjà communiste) puis réintégration à la SNCF.

1954: Appel sous les drapeaux. Mont Valérien. La guerre d'Indochine fait rage. Les fellaghas s'agitent. Le canal de Suez s'enflamme. Nationalisé par Nasser. La France et l'Angleterre se précipitent dans une action de représailles coloniale. Les Nations Unies condamnent. La France capitule.

L'Algérie à son tour s'enflamme: les forces progressistes appellent au refus. Avec trois appelés, trois cheminots, une nuit nous inondons les murs de la Caserne d'affiches fourrnies par les cheminots communistes des ateliers de la Garenne . « Paix en Indochine, Paix en Algérie ».

Le lendemain matin, le commanbdant sonne le tocsin. Tout le monde consigné. Arrivée de la police militaire. Silence dans les rangs. Dénoncés deux mois plus tard par des « nostalgiques des colonies » du contingent comme nous. Jugement sans sommation: cellule-prison. Le commandement était désorganisé en France: les cadres de l'armée opérant en Indochine, en Algérie. Surprise un matin. Appelé au commandement de la compagnie qui m'adresse un message très particulier: « vous disparaissez du paysage, je ne veux plus entendre parler de vous ».

Destination Centre de sélection de Guingamp. Comme Testeur. Pourvu du BEPC, je faisais passer des tests aux appelés. Inespéré et hasard de son engagement.

Dix ans plus tard m'a été explicité la vérité sur ce miracle. Ce jeune commandant, rappelé à l'époque, était tout simplement le fils d'un cheminot communiste. Il avait abusé de son autorité.

Le dénouement: Ho Chi Minh triomphait, Ben Bella franchissait la frontière tunisienne avec ses troupes. La France capitulait dans la débâcle et les attentats de l'OAS.

Toutes ces péripéties digérées, je répondais à un Appel des Accords d'Evian: coopération technique en Algérie. Détaché de la SNCF à la « SNCFA ». Mon épouse acceptait un détachement d'enseignement. Bien sûr, c'était une décision d'importance. L'aventure dans un monde sortant d'une guerre salie par la torture.

Quel accueil dans ce pays meurtri, saccagé, méprisé? Embarquement Marseille pour Annaba (ex Bône). Voyage superbe en première classe (les arabes étaient entassés dans les cales) !!! Débarquement le lendemain. Quelle surprise: un pays grouillant d'arabes!!! Du soleil. Puis train pour Souk Arhas. Gros centre ferroviaire. 600 cheminots. Accueil par un cadre cheminot algérien. Qui pour me saluer me tend la main gauche. J'ai appris quelques mois après par lui-même – sans rancoeur ni haine- qu'il avait été torturé par les Paras de Le Pen.

Seul européen parmi 600 cheminots algériens. Vraiment surpris et interrogatif sur la qualité des installations ferroviaires: ce qui était manuel en France était mécanisé là-bas. C'était l'effet du plan de modernisation de Constantine. J'ai dû me former rapidement en prenant des cours du soir pour me mettre à niveau par rapport à ces installations modernes. Le monde à l'envers: c'était moi qui était censé apprendre aux autres. Le plan de Constantine et ce chemin de fer moderne était surtout là pour acheminer le fer, le phosphate, le pétrole sur l'Europe. Pas pour le bonheur du peuple algérien.

Rapidement au boulot. Accompagnateur de 8 jeunes algériens. Jeunes surpris de voir un européen en bleu de travail, sac à outils sur le dos. Moi-même, j'étais surpris du niveau de connaissance de ces jeunes algériens, des musulmans qui n'hésitaient pas à puiser une bière dans le frigo présent en permanence dans le 4/4 sur rail qui servait à nous déplacer, frigo approvisionné par mes soins.

Là aussi surprenant. Aucune rancoeur, aucun rejet de l'ordre donné, de l'engagement volontaire.

Notre parcours de travail s'étendait sur 200 km le long de la frontière tunisienne. Des paysages superbes, le maquis, le sable des montagnes. Une multitude de Djellabas. Le terrain propice à la pénétration de fellaghas dans l'Algérie Française. Là aussi, je fus surpris par l'accueil dans un monde que nous avons bafoué, massacré, traité au Napalm. J'ai visité avec le commandant de la place de Tebessa des galeries de mine qu'ils utilisaient à la barbe du colon pour franchir la frontière (technique à la Hamas).

Je passerais sur les villages de montagne passés au Napalm, les défoliants pour dénuder les caches des fellaghas.

Rien d'exceptionnel pour une guerre de pacification. Accueil dénué de tout esprit de revanche. Ce qui prouve bien comme avec le camarade Ho Chi Minh du Vietnam qu'il eut été possible d'instaurer un climat de coopération économique profitable aux peuples. De quoi écrire un roman.

Je terminerai sur quelques anecdotes.

A chaque voyage retour nous avions la possibilité de ramener une voiture neuve entièrement détaxée. Personnellement et pour cause, j'alimentais le chef de la police de Souk Arhas et le patron des douanes, ceci prouvant s'il en était besoin la tendance à la mise en place d'une Mafia qui a conduit progressivement l'Algérie à sa situation d'aujourd'hui. Ces personnages me gratifiaient de leur carte de visite. Bien utile. Par exemple, au cours d'une ballade en montagne (50° à l'ombre), dépourvu de tout papier d'identité, j'ai été embarqué brutalement par une patrouille. Mis à l'ombre. Soudain me vient l'idée de demander au chef de poste d'appeler le numéro du chef de la police sans lui dire à qui ce numéro appartenait. Garde à vous au téléphone: mille excuses et retour à la maison avec la jeep de la patrouille. La raison: entre l'Algérie et la Tunisie existait un fort trafic de Kif. Quatre anglais étaient signalés dans la montagne. Il y eut confusion à notre dépens.

Je m'appelle Dréan. A 50 km de Souk Arhas, il y avait une ville s'appelant « Drean », le nom d'un martyr de l'ALN. Les contrôles de police étaient légion, à chaque entrée de localité. Un jour, je me trouvais dans une file de contrôle. Se présente un policier. Je lui confie mon passeport: il l'ouvre, se met au garde à vous et me fait déboîter de la file, le nom l'ayant certainement impressionné. Un autre jour, un tapis que j'avais commandé arriva au bureau de poste de Drean tandis que je l'attendis chez moi pendant quatre mois.

Mon épouse, institutrice détachée, pendant 5 ans, le temps de ma coopération, fit la leçon à 40 jeunes algériens (qu'elle avait troqué contre 8 élèves français dans son école de village des Côtes du Nord). Le matin 40, l'après-midi une foule aussi impressionnante. Un silence, une discipline tout aussi surprenante. De jeunes palestiniens sortant des grandes écoles américaines – interdits de rentrer en Palestine – enseignaient l'arabe aux jeunes algériens. Coopérants, nous avions droit au consulat d'acheter du Ricard, du Porto détaxé. Ces jeunes palestiniens se faisaient un plaisir d'en déguster à la maison. Bien que musulmans m ais fortement teintés laïques. Après deux ou trois coups, le débat sur le colonialisme ressurgissait. Cordialement. Mais prévoyant et réaliste. « Ce que vous avez fait dans vos ex colonies et ailleurs, vous le paierez cher, très cher, pendant longtemps ». Un constat sans haine. Aujourd'hui nous y voilà.

J'ai connu de retour en France 20 ans après des Algériens sans pays. Après guerre, les nombreux algériens engagés dans l'Armée Française contre les nationalistes vietnamiens en Indochine ont reçu l'ordre de déserter en Indochine. Condamnés en France. Pourchassés en Algérie. Des vies brisées.

Le plus sanguinaire. Le Parti Communiste Algérien (PCA), soutien du FLN pendant la guerre de libération, y compris avec des ressortissants européens, d'ailleurs désavoués par le PCF même si celui-ci demandait la clémence pour les militants anti-colonialistes arrêtés et condamnait tortures et exécutions clandestines, était fortement implanté chez les cheminots. J'avais lié connaissance avec eux. Boumediene exile Ben Bella. Prend le pouvoir. Constatant la disparition de plusieurs camarades du P.C.A dans les gares environnantes, je m'en inquiète auprès d'un camarade de l'UGTA. Réponse: t'occupe pas de ça, c'est pas ton affaire. Huit jours après, dix d'entre eux étaient retrouvés égorgés dans un oued. Une multitude de drames affreux. J'ai connu tous les 15 jours l'atterissage d'un Boeing américain à Annihi. Repartant avec 500 jeunes algériens pour l'Afghanistan traquer les russes. Que sont-ils devenus aujourd'hui? Irak, Syrie, Mali....

Jean Dréan

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29 décembre 2021 3 29 /12 /décembre /2021 20:03
Le 9 janvier 2013, Sakine Canciz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient assassinées au 147 rue La Fayette

Le 9 janvier 2013, Sakine Canciz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient assassinées au 147 rue La Fayette, dans le 10ème arrondissement.
L'enquête a démontré que les services secrets turcs étaient impliqués dans le triple assassinat politique de ces militantes des droits du peuple kurdes.
Depuis 9 ans, la justice n'est pas passée.
Depuis 9 ans, les familles des victimes n'ont jamais été reçues à l’Élysée.
Depuis 9 ans, la France a préféré privilégier ses relations avec la Turquie d'Erdogan à la justice.

Alors que tous les indices recueillis au fil de l’instruction pointent vers Ankara et son agence de renseignement (MIT), la justice française a décidé dans un premier temps de clore le dossier, suite à la mort du tireur, Ömer Güney - officiellement décédé en prison d’une tumeur au cerveau en décembre 2016, au prétexte que la disparition de « l’assassin présumé » entraînait l’extinction de l’action publique. 
Soyons nombreuses et nombreux le 8 janvier à 12h devant la Gare du Nord à la manifestation organisée par les associations kurdes pour exiger la justice pour ces trois femmes, ces trois militantes.
 

Le lien de l'événement Facebook https://facebook.com/events/s/manifestation-pour-les-trois-m/586426025690981/
#justice #PCF #Kurdes #Erdoganassassin

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