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Malaise chez les agents de Pôle emploi, chargés d’appliquer une réforme « violente, injuste et inexplicable »
L’application de la réforme de l’assurance chômage s’annonce rude pour les demandeurs d’emploi. Elle le sera également pour les agents de Pôle emploi, qui s’interrogent sur le sens de leur métier et l’opacité du mode de calcul de l’indemnisation.
Alors que les vœux de nouvelle année emplissent les boîtes mails des quelque 54 500 agents de Pôle emploi, l’année 2022 ne s’annonce pas réjouissante pour nombre d’entre eux. C’est même le contraire. La réforme de l’assurance chômage, reportée puis finalement mise en place en fin d’année dernière, ajoute un poids sur les bras d’agents déjà au bout du rouleau.
La réforme de l’assurance chômage a été mise en oeuvre en deux étapes, en octobre puis en décembre 2021, après plusieurs mois de reports successifs [1]. À l’automne, le nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) entre en vigueur. Ce nouveau SJR se base sur une période de 24 mois et prend en compte les périodes d’inactivité. Cela entraîne mécaniquement une baisse de l’allocation chômage. La ministre du Travail, Élisabeth Borne prétend « encourager le travail », aux dépens de ceux qui alternent les périodes d’activité et d’inactivité, que celle-ci leur soit imposée ou non. Puis, au 1er décembre, le gouvernement met en place le second volet. Il faut désormais avoir travaillé plus de six mois dans les deux dernières années pour prétendre à son droit à l’indemnisation (contre quatre mois précédemment). La dégressivité des allocations supérieures à 4500€ – pour les salaires élevés – est accélérée (elles baissent au bout de six mois et non plus huit).
De plus, l’exécutif a annoncé à l’automne dernier un durcissement des contrôles de la recherche d’emploi pour les bénéficiaires de l’assurance chômage. « Les demandeurs d’emploi qui ne démontreront pas une recherche active verront leurs allocations suspendues », déclarait Emmanuel Macron, dans son allocution du 9 novembre. Branle-bas de combat à Pôle emploi : il faut augmenter de 25% le nombre de contrôles. Le but affiché est de « redynamiser » la recherche d’emploi. Pour Daniel Mémain, syndicaliste de Sud en Occitanie, c’est surtout un moyen « de stigmatiser les chômeurs ».
Pour appliquer cette réforme complexe, les agents sont censés avoir reçu une formation spécifique. « La majorité d’entre nous n’a eu qu’une formation en ligne, seul face à un écran. On n’a pas pu poser de questions à des formateurs ou être en interaction les uns avec les autres. Je considère ça comme de l’information, pas de la formation », déplore Daniel Mémain. Selon lui, seuls les agents chargés du calcul de l’indemnisation ont été formés dans de bonnes conditions.
Luc*, conseiller indemnisation dans le Finistère, travaille depuis plusieurs dizaines d’années dans ce domaine. Les nouvelles règles de calcul le rendent perplexe : « Un changement tel qu’il nous est imposé, d’une telle force, d’une telle ampleur, je n’en ai jamais vu. Je trouve cette réforme violente, injuste et techniquement inexplicable. Si quelqu’un m’appelle aujourd’hui pour me demander des explications sur son taux d’allocation, il me faudrait au moins deux heures pour tout lui expliquer. » Face à cette complexité, il se sent dépossédé de son expertise : « C’est très déstabilisant, d’avoir autant d’années de carrière en visant l’excellence et le professionnalisme, et d’arriver à se dire qu’on ne sait plus faire grand-chose. »
Cette souffrance est partagée par nombre de ses collègues. Daniel Mémain voit des conseillers indemnisations « désemparés » face à des mesures « difficiles à comprendre, difficiles à appliquer, et quasi impossibles à expliquer ». « Ils délivrent des décisions qu’ils savent injustes, mais ils ne peuvent rien y faire. Dans beaucoup de cas, c’est le logiciel qui leur donne le montant de l’indemnité. » Un montant variable, dont le mode de calcul est souvent opaque, tant les paramètres pris en compte sont nombreux depuis la réforme.
Avant, seuls les jours travaillés sur une période de 12 mois étaient comptabilisés pour créer le salaire journalier de référence (SJR). Dorénavant, le mode de calcul prend en compte le revenu mensuel moyen sur une période de 24 mois ou de 36 mois (pour les demandeurs d’emploi de plus de 53 ans), et inclut entre autres les périodes d’arrêt, les jours non travaillés, les moments d’inactivité, les congés maternité… Au moment de la réforme, Luc a essayé, avec d’autres collègues, de calculer l’impact que cela aurait pour les bénéficiaires d’aides : « Sur des dossiers classiques, on a observé une baisse de 25 à 30 % de la base de calcul. » Cette base de calcul est celle du salaire brut retenu, à partir de laquelle le taux d’indemnisation est ensuite estimé.
En parallèle de la réforme, les conseillers indemnisations se voient progressivement attribués un portefeuille de demandeurs d’emplois. « Avec le conseiller référent indemnisation, le demandeur d’emploi bénéficie d’un interlocuteur clairement identifié et spécialiste de l’indemnisation, capable d’apporter des informations très qualifiées et de rassurer le demandeur d’emploi sur l’état de ses droits », explique Pôle emploi. Mais ce changement augmente l’appréhension de certains professionnels. Ils craignent pour leur sécurité, car certains bénéficiaires pourraient les rendre directement responsables de la baisse de leurs allocations. « Ils ont très peur d’être stigmatisés, même si c’est le système informatique qui décide de l’indemnisation et qu’ils n’ont plus la main dessus », explique Chantal Rublon, responsable régionale de la CGT Pôle emploi en Bretagne. De son côté, le service public affirme que les expériences menées en agences « ne montrent pas du tout un quelconque risque pesant sur les conseillers référents indemnisation ».
La peur et la fatigue n’épargnent pas les autres agents. Toutes deux conseillères en placement en Ille-et-Vilaine, Sonia* et Agnès* font face à de plus en plus de tension et d’incompréhension de la part des demandeurs d’emploi. Parfois chargées de l’accueil dans leurs agences respectives, elles doivent répondre à de nombreuses questions sur le montant de l’allocation chômage. « Certains ont fait plusieurs dizaines de kilomètres pour venir jusqu’à l’agence, témoigne Agnès. Sauf que je ne peux pas leur répondre sur ces questions, je ne veux pas m’y risquer. C’est trop sensible et ce n’est pas mon domaine. Alors, ça génère de l’agressivité, des paroles virulentes. Pour nous aussi, c’est une souffrance. »
Toutes deux ont en tête le meurtre d’une employée à Valence, en janvier 2021. Un an après, Sonia n’oublie pas : « J’ai peur des réactions de certains. Souvent, quand je travaille au rez-de-chaussée, je cherche à me mettre dans un bureau avec une issue. » Elles ont conscience que cette nouvelle réforme, avec les baisses d’allocation qu’elle implique, va exacerber ces tensions. « Je pense que beaucoup de demandeurs et demandeuses d’emploi ne se rendent pas encore compte de la catastrophe à venir. » Les agents, eux, l’entrevoient déjà.
Aujourd’hui, ils sont beaucoup à être en souffrance. Leurs syndicats sont quasi unanimes : il faut agir, et vite. Dans une déclaration commune du 9 décembre, sept syndicats – CGT, FO, SNAP, SNU, STC, et même les syndicats habituellement plus proches de la direction comme la CFDT et CFE-CGC – dépeignent une situation « de plus en plus critique » face aux injonctions, plans et projets qui s’additionnent, sans répit pour les salariés. Contactée, la direction de Pôle emploi assure vouloir recruter « 900 CDI supplémentaires » pour mettre en œuvre le Contrat d’engagement jeune [2]. « J’avais choisi ce métier pour aider les autres, me sentir utile dans mon travail, raconte Sonia. Après plus de dix ans de métier, je n’y trouve plus beaucoup de sens. Je n’ai plus le recul pour poser un diagnostic, on me dit tout ce que je dois faire. J’ai l’impression d’être devenue une opératrice de saisie. »
Emma Bougerol
Lire aussi:
Fabien Roussel, le candidat communiste à la présidentielle, a présenté 180 propositions. Au volet social, la hausse généralisée des salaires, la baisse des factures et du temps de travail, des « réformes heureuses pour les classes populaires » financées par la mise à contribution de la rente inouïe du capital.
Samedi 5 Février 2022 - Julia Hamlaoui - L'Humanité
Au rang de ses « différences » avec une partie de la gauche, il en est une que le candidat du PCF met régulièrement en avant : il rejette absolument le « revenu universel ». « Nous voulons passer d’une France des bas salaires, du chômage et des allocations à une France du travail et d’un revenu élevé qui en est issu », explique le député du Nord, qui défend un « droit universel au travail » avec un nouveau service public dédié. Mais sans création d’emplois, « ça ne marchera pas », prévient d’emblée Fabien Roussel, qui a fait de la réindustrialisation une priorité, avec notamment un « moratoire » sur les délocalisations. Pour « travailler tous », il s’agit aussi de « travailler moins », avec la semaine de 32 heures et la retraite à 60 ans. De quoi, en outre, « restituer aux salariés les gains de productivité qu’ils réalisent ».
Nous défendons un “droit universel au travail” avec un service public dédié. sans création d’emplois, ça ne marchera pas. Fabien Roussel, candidat PCF
Le candidat propose aussi d’investir dans les services publics à hauteur des besoins, avec la création de 500 000 postes de fonctionnaires. Le secteur associatif ne serait pas en reste avec « 100 000 emplois d’utilité publique ». Quant aux revenus, sont défendues la hausse du Smic à 1 500 euros net « tout de suite », une revalorisation des pensions à 1 200 euros minimum, une augmentation de 30 % dans la fonction publique, mais aussi la mise en place de « conférences salariales dans toutes les branches ». Concernant les écarts de salaires entre les hommes et les femmes – « toujours de 16 % en moyenne » –, le candidat prend l’engagement de les éliminer « en six mois dans le public et en un an dans le privé », quitte à recourir à des administrateurs judiciaires.
C’est autour d’un « pacte pour la jeunesse » que Fabien Roussel avait fait sa rentrée en septembre dernier. Celui-ci figure désormais en bonne place dans son programme. L’objectif ? Un « système zéro jeune au chômage », décrit le communiste, qui ne veut « pas d’une solution à 500 euros avec un emploi précaire pour six mois comme le propose Macron », mais « une convention de sécurisation individuelle qui assurera soit un emploi, soit une formation ». Outre l’ouverture de nouveaux droits comme l’accès au RSA avant 25 ans, un « revenu étudiant » entre 850 et 1 000 euros, ou la gratuité du permis de conduire, un dispositif de prérecrutement dans la fonction publique serait créé.
La pandémie n’a pas vidé tous les porte-monnaie : les cinq premières fortunes de l’Hexagone ont doublé pendant la crise, selon le dernier rapport d’Oxfam. « Que les gros paient gros et les petits paient petit », aime à répéter le prétendant du PCF à l’Élysée, qui cite régulièrement un autre rapport. Celui de la commission des Finances de l’Assemblée montrant que, déjà, « en 2017, les 358 198 foyers redevables à l’ISF ont déclaré un patrimoine net taxable de 1 028 milliards d’euros ». « 1 000 milliards d’euros et il n’y aurait pas d’argent pour répondre aux besoins du pays ? » s’impatiente le député, qui prévoit de rétablir et tripler l’impôt sur la fortune. En parallèle, celui sur le revenu, avec 15 tranches, serait rendu plus progressif, tout comme la fiscalité des donations et successions.
Quant aux entreprises, le candidat propose d’appliquer la même logique avec un nouvel impôt sur les sociétés progressif et modulé en fonction de critères économiques, sociaux et environnementaux. Face à l’évasion fiscale, un « prélèvement à la source des bénéfices des multinationales » serait mis en place et une COP fiscale proposée. Mais le candidat entend également s’attaquer aux « vraies charges » qui pèsent sur les PME. Non pas les cotisations sociales comme le répètent la droite et le Medef, mais « les taux d’intérêt élevés », les primes d’assurance « insupportables » ou encore les factures d’électricité qui s’envolent. Pour « reprendre la main », la nationalisation de deux banques (BNP et Société générale), d’une compagnie d’assurances (Axa) mais aussi d’EDF et d’Engie est prévue.
Règle des 3 %, réduction du déficit et de la dépense publique… « Ces traités européens sont morts, rendus caducs par la pandémie. Nous devons donc en réécrire de nouveaux », assure Fabien Roussel, qui affiche l’objectif de « sortir de la soumission à l’oligarchie financière ». Au-delà du « refus de payer la dette liée au Covid », il souhaite remettre la main sur la Banque centrale européenne, aujourd’hui indépendante. « La BCE a fait tourner la planche à billets : 1 800 milliards d’euros ont été injectés dans l’économie entre 2020 et 2021, dont 290 milliards pour la France. Mais ils sont passés par les marchés financiers, on ne fait pas ce que l’on veut avec », déplore le parlementaire, estimant indispensable « que la BCE prête directement aux États pour investir dans la transition écologique, les services publics, la réindustrialisation ».
Un « pacte pour le climat et l’urgence sociale » à l’échelle de l’Europe fait aussi partie des mesures mises en avant par le PCF sur la question environnementale. « Comme le proposent les chercheurs du Giec, nous voulons consacrer 6 % du PIB pour le climat, soit pour la France 140 milliards d’euros, et 900 milliards pour l’Union européenne », détaille Fabien Roussel, qui sur ce terrain se distingue de ses concurrents de gauche par sa position tranchée sur le nucléaire. « Nous voulons une énergie électrique décarbonée, pilotable, stable. Il n’y a pas à tortiller, c’est ou l’hydraulique ou le nucléaire, pour nous ce sera les deux », s’exclame-t-il, plaidant pour un « mix énergétique » comprenant 6 nouveaux EPR. Changement de modèle agricole – favorisant le bio, les circuits courts, avec un objectif de 500 000 agriculteurs d’ici à 2030, une nouvelle PAC – et développement des transports en commun (investissement de 50 milliards d’ici à 2030 et gratuité pour les jeunes et les salariés) figurent également en bonne place parmi les 180 propositions. « S’il y a le feu à la planète, martèle le candidat, il faut y mettre les moyens, mais cela ne doit pas se faire contre les classes populaires. »
C'était ce jeudi 3 février à Brest, la jeunesse mobilisée pour l'accès de tous à la fac, et une Université de qualité, avec des vraies moyens.
Mobilisation de la jeunesse pour des conditions d'études dignes ce jeudi 3 février après les annonces indignes d'Emmanuel Macron ouvrant la voie à des études supérieures à l'Université plus chères, à la fin du principe de la gratuité de l'enseignement supérieur!
Voir l'article de l'Humanité avec l'interview de notre camarade sénateur communiste Pierre Ouzoulias, déjà venu à Brest sur la question de Parcoursup à l'invitation du PCF:
Selon Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine, le chef de l’État ne se soucie que de la préservation des élites. Un projet émancipateur et démocratique pour l’enseignement supérieur implique d’assurer la réussite de toutes et tous.
Faut-il s’étonner des déclarations d’Emmanuel Macron devant France Universités ?
Oui et non… On y retrouve l’essentiel de son programme de 2017 : un projet de transformation néolibérale de l’université, que Frédérique Vidal a appliqué de façon scrupuleuse pendant cinq ans. C’est un échec absolu, qui a conduit l’enseignement supérieur dans une situation catastrophique. À commencer par la précarité des étudiants, source de souffrances terribles, et bien entendu la faiblesse structurelle du financement des universités. Cela fait dix ans que le budget moyen par étudiant baisse chaque année, il est aujourd’hui l’un des plus bas de l’Union européenne. Le président prend-il en compte cet échec patent ? Non. Il revient de façon dogmatique à son programme de 2017. En fait, l’université ne l’intéresse pas. Comme pour beaucoup des membres des élites françaises, ce qui lui importe, c’est que celles-ci continuent à se perpétuer grâce aux grandes écoles. L’université, ça ne compte pas.
C’est complètement faux. Le budget moyen par étudiant a baissé sous ce quinquennat, comme sous le précédent. Il y a entre 40 000 et 45 000 nouveaux étudiants chaque année. Pour les accueillir, il aurait fallu construire deux universités par an : pas une seule ne l’a été. Les établissements n’arrivent plus à faire face à cette montée du nombre d’étudiants.
C’est un enseignement supérieur à plusieurs niveaux que l’on voit poindre. Au niveau supérieur, les grandes écoles : on ne regarde pas à la dépense et on ne parle jamais d’employabilité, au contraire, il s’agit de donner une culture générale la plus vaste possible. Ensuite, il y a les universités qui fusionnent pour affronter la compétition internationale : celles-là, on les finance. Et puis il y a les sous-universités, dont on exige qu’elles adaptent leur offre pédagogique aux demandes du marché. C’est absolument contraire à l’idée de l’université républicaine, où l’enseignement supérieur a pour but l’émancipation, individuelle et sociale, pour tous, sur tout le territoire. Avec un objectif : permettre à une classe d’âge d’atteindre le plus haut niveau de formation possible. Le projet libéral, c’est, à l’inverse, de sélectionner l’élite en organisant la concurrence de tous contre tous. C’est Parcoursup : on parle d’égalité des chances, jamais d’égalité des droits. C’est à chacun de se faire le promoteur de sa propre réussite. Sauf que ceux qui réussissent le mieux dans ce système sont ceux qui en ont déjà les clés : les classes sociales supérieures. Même l’inspection générale de l’éducation nationale l’a reconnu : les déterminismes sociaux faussent les chances dès le début.
Quand toute la société française est choquée par l’image des étudiants qui font la queue aux soupes populaires, qui peut admettre qu’on dise que la solution, c’est l’augmentation des droits d’inscription ? C’est invendable ! La crise sanitaire a permis une prise de conscience de la situation des étudiants. Macron ne veut pas le voir, pour lui, un cursus, c’est comme un produit de luxe : plus il est cher, plus il a de la valeur… Le précédent de « Bienvenue en France » le prouve, en appliquant déjà ce principe aux étudiants hors Union européenne.
Il faut d’abord affirmer un projet : jamais nous n’avons été confrontés à des enjeux tels que le changement climatique et environnemental. La seule façon de s’en sortir, c’est d’investir massivement dans la connaissance, la recherche, l’éducation. C’est une priorité absolue, fondamentale. Donc, il faut mettre de l’argent. Le Conseil d’analyse économique, qui n’est pas une officine de gauchistes, a montré qu’il faut entre 5 et 8 milliards d’euros pour accueillir les étudiants qui arrivent. Cet investissement peut parfaitement être financé par un grand emprunt national : on sait que chaque euro investi dans l’enseignement supérieur et la recherche entraîne des bénéfices au moins équivalents.
Si on veut qu’un étudiant réussisse, il faut se soucier, avant même la pédagogie, des conditions matérielles de son cursus : logement, alimentation, santé. Si la nation veut qu’une classe d’âge aille le plus haut possible dans son cursus, alors elle fait confiance à cette jeunesse et lui assure les moyens matériels d’y parvenir. Ce n’est ni un salaire ni une aide sociale : c’est une aide à la réussite, un engagement de l’État pour permettre à chacune et chacun d’aller au bout de ses ambitions.
Malheureusement, je pense que nous n’avons même plus la possibilité de le faire dès la première année de mandat. Si on le fait, la sélection se fera sur la capacité à dormir dans la rue pour obtenir les premières places… En revanche, il faut, dès la première année de mandat, une loi de programmation qui dise : « Dans les cinq ans, je m’engage à créer tant de places dans l’enseignement supérieur. » On doit aussi restaurer le bac professionnel en quatre ans, afin d’assurer la poursuite d’études de ces jeunes. Enfin, il faut promouvoir l’autonomie pédagogique et scientifique des universités, les sortir de la vision utilitariste de Macron, qui veut faire entrer les entreprises dans les universités pour leur dicter ce qu’elles doivent faire en fonction de leurs besoins.
Enseignement supérieur Des organisations de jeunes et d’étudiants appellent ce jeudi à une journée d’action contre la sélection et la précarité, le projet d’Emmanuel Macron dessinant les contours de facultés à l’anglo-saxonne.
Emmanuel Macron veut-il vraiment rendre l’université payante ? La question a surgi sous les feux de l’actualité, le 13 janvier. Ce jour-là, le président de la République participait aux 50 ans de la Conférence des présidents d’université, qui actaient en même temps sa transformation en France Universités. Et il a prononcé cette phrase : « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants. »
Le tollé fut immédiat, de la gauche à la droite. Tous dénoncent la volonté du président de la République, plus que probable candidat à sa propre succession, de rendre l’université payante en se préparant à faire exploser les droits d’inscription.
La réponse des premiers concernés, les jeunes et les étudiants, a pris la forme d’un appel à une journée de mobilisation, ce jeudi, contre la précarité, la sélection et l’augmentation des frais d’inscription. Organisations syndicales (Unef, FSE, Solidaires étudiants, l’Alternative, la Voix lycéenne) ou politiques (UEC, Génération.s, Jeunes écologistes, Jeunes insoumis, MJS) demandent « un plan d’urgence (…) à destination des étudiants et des lycéens pour de meilleures conditions d’études et de vie ». À Paris, une manifestation partira à 13 heures de Port-Royal, et d’autres initiatives se dérouleront dans plusieurs villes universitaires.
Emmanuel Macron, lui, a fait marche arrière. « Je n’ai jamais dit ça », s’est-il défendu, une semaine après son discours. Pourtant, ce qu’on peut connaître de son projet pour l’enseignement supérieur le contredit. Pour en dégager les grandes lignes, on peut se reporter à celui du candidat Macron en 2017, comparer ce qui a été accompli, et en déduire ce qu’il reste à faire.
Le plus parlant dans ce domaine, c’est sans doute la note de Gary-Bobo, comme on a appelé ce court texte daté de novembre 2016. Signée de Robert Gary-Bobo, professeur d’économie à l’Ensae (École nationale de la statistique et de l’administration économique), elle était adressée à Thierry Coulhon, à l’époque conseiller éducation, enseignement supérieur et recherche d’Emmanuel Macron – et nommé en 2020 par ce dernier président du Hcéres, le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Robert Gary-Bobo y listait les « réformes souhaitables » pour l’enseignement supérieur, ainsi que des « éléments d’une stratégie » pour y parvenir.
Au menu : « Parachever l’autonomie » des universités, initiée par les lois Pécresse (2007) et Fioraso (2013), en renforçant les pouvoirs des présidents appelés à devenir de véritables managers du supérieur et en leur laissant toute liberté sur les ressources humaines, la sélection des étudiants et les droits d’inscription. Sur ce dernier point, Gary-Bobo affirme qu’il « n’y a rien à attendre du budget de l’État qui soit à la hauteur des besoins ». Pour offrir aux universités le financement dont elles ont besoin, y compris pour prendre leur place dans le paysage international, il faudrait donc prendre dans la poche des familles, avec des frais d’inscription atteignant entre 4 000 et 8 000 euros par an… dans un premier temps.
Prévenant le rejet d’une telle mesure dans un pays attaché à l’égalité des droits pour tous, la note suggère fortement de pousser les familles à recourir à l’emprunt pour financer les études de leurs enfants. Au grand bénéfice du secteur bancaire, d’autant que, anticipant sur la possibilité que de nombreux emprunteurs fassent défaut, de tels prêts seraient garantis… par l’État. Ainsi serait lancé, dans le style vulgaire qui caractérise son texte, ce que Robert Gary-Bobo nomme « la pompe à finances » pour l’enseignement supérieur, au détriment des familles et des jeunes appelés à s’endetter lourdement avant même leur entrée sur le marché du travail.
C’est bien ce programme qui a été mis en œuvre par Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Sur le quinquennat, 220 000 étudiants supplémentaires se sont inscrits à l’université ; seules 84 000 places de plus ont été créées. Et ces places sont largement en trompe-l’œil : sans construction de nouveaux locaux (ou de nouvelles universités), sans recrutement d’enseignants-chercheurs…
Conséquences : une dégradation des conditions d’études, la précarisation des enseignants (le 26 janvier a été « le jour du dépassement » pour le Snesup-FSU, l’université ne fonctionnant plus depuis ce jour que grâce à des heures de personnels non statutaires) et la mise en péril des finances des établissements.
Sur le plan des structures et de la gouvernance, on a assisté durant cinq ans à un mouvement sans précédent de fusions entre établissements, sur le modèle de ce qui se fait dans l’industrie, dans le but d’atteindre une « taille critique » face aux universités les mieux placées dans les classements mondiaux.
Ce mouvement s’est accompagné de changements profonds dans la gouvernance, ces structures mêlant souvent universités et grandes écoles, voire écoles privées, leurs instances étant désormais dominées par des « personnalités extérieures » souvent issues du monde économique. C’est sans doute là ce qu’Emmanuel Macron entendait en appelant, le 13 janvier, à faire tomber les barrières entre universités et grandes écoles.
De même, sa demande pressante à ce que l’université délivre désormais des diplômes professionnalisants, qu’Anne Roger, cosecrétaire générale du Snesup, stigmatise comme une « vision court-termiste, qui demande à l’enseignement supérieur de couvrir les besoins immédiats de tel ou tel secteur économique, et tant pis si ensuite, les jeunes sont en difficulté pour évoluer, s’adapter ».
L’augmentation des droits d’inscription ? « Le plan Bienvenue en France, rappelle Adèle Labich, secrétaire générale de la FSE, a déjà fait passer les droits d’inscription pour les étudiants étrangers hors Union européenne à près de 4 000 euros en master et près de 3 000 euros en licence. » Pour la jeune syndicaliste, « cela ressemble à ce qui s’est passé en Angleterre, où ils ont augmenté les droits des étudiants étrangers, et ensuite ceux des autres ». Vice-présidente de l’Unef, Maryam Pougetoux rappelle que « l’an dernier, pendant la crise du Covid, nous avions alerté sur la mise en place de prêts étudiants garantis par l’État ».
« Ce ne sont pas juste quelques mesures, c’est un modèle qui se met en place », alerte Adèle Labich. Précisément le modèle décrit par Robert Gary-Bobo et dont Emmanuel Macron a repris les grandes lignes devant France Universités, ce « Medef des universités », comme ironise Anne Roger. Un modèle où « la logique de l’offre doit prendre le pas sur la logique de la demande », selon Macron, et dont les systèmes de gestion de flux d’étudiants, comme Parcoursup (ou son petit frère dont la mise en place pour les masters a été repoussée), ont pour fonction d’obliger les jeunes à accepter ce qu’on veut bien leur offrir. Au péril de leurs projets, de leur avenir, et de celui du pays tout entier.
Sondage Opinion Way du 4 février - Fabien Roussel en progression, à 4% d'intention de vote, à égalité avec Taubira et Jadot et devant Hidalgo. La remontada est en cours!
Message de Ian Brossat, directeur de campagne :
"Ça monte doucement mais sûrement !
Allez, Fabien Roussel !
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Rendez-vous ce dimanche à Marseille pour le grand meeting de la France des Jours Heureux avec quelques belles surprises."
Une chronique (de 2017) qui garde toute son actualité car notre Sécu est toujours menacée de mort.
Le PCF a été à l'origine de la construction de ce bel outil et fait sa pérénité, de son amélioration un axe de sa bataille, un point essentiel du programme de Fabien ROUSSEL.
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"On a créé une citoyenneté sociale" : la Sécu, histoire d'une révolution, par Mathilde Larrère >> Retrouvez toutes les chroniques de Mathilde Larrère sur...
https://www.facebook.com/arretsurimages.net/videos/1752639488095244/
Cher·e ami·e,
Nous sommes maintenant à 65 jours de l’élection présidentielle. Celle-ci revêt un enjeu majeur et son résultat déterminera la politique qui sera conduite dans le pays lors du prochain quinquennat.
Je connais ton implication au service de ta collectivité, de la solidarité, de l’ancrage d’un service public de qualité sur tout le territoire et pour l’émergence de politiques de progrès dans le domaine social et environnemental.
L’Association Nationale des Élu·e·s Communistes et Républicains porte la volonté que cette élection nationale réponde aux exigences d’une société où l’humain prend le pas sur la finance.
L’engagement de tou·te·s nos élu·e·s, en prise avec les réalités, sera un élément déterminant de la lutte contre l’abstention et pour que l’aspiration de millions d’électeurs et d'électrices à une politique de justice, d’égalité, de liberté soient le message délivré par les urnes.
Les candidats et candidates de la droite et de l’extrême droite rivalisent de propositions toutes synonymes d’une austérité renforcée, de nouvelles suppressions de milliers de postes d’agents publics. Leur philosophie c’est l’emploi précaire à vie, aussi bien pour la jeunesse que pour la nouvelle génération de salarié·e·s. Celles et ceux qui vivent de leur travail dont le pouvoir d’achat s’est considérablement dégradé sont inquiet·e·s pour leur avenir et conscient·e·s du danger de la spirale enclenchée.
Les collectivités, notamment les communes qui sont des espaces d’innovations, de proximité et d’écoute des besoins qui s’expriment, doivent faire face au désengagement de l’Etat, aux baisses de dotations, aux transferts de charges non compensés, aux inégalités sans cesse croissantes.
Dans la campagne présidentielle deux visions s’affrontent singulièrement.
L’une est dans une course de vitesse pour amplifier la politique actuelle, dévastatrice pour le travail, l’école, le logement, la santé, la transition écologique. E.Macron, le président sortant adhère à ce programme et table sur sa réélection pour le mettre en œuvre et déconstruire une à une les conquêtes sociales issues de la résistance et de la libération.
A l’opposé, une autre vision défend le principe d’une société qui combat les inégalités, fait du social et de la défense de l’environnement le cœur de ses priorités.
Fabien Roussel, membre de notre association, porte cette autre vision. Il est le candidat qui à gauche aborde spécifiquement le rôle irremplaçable des collectivités en lien avec la République. Il fait des propositions concrètes afin de redonner du pouvoir d’action et de décisions aux maires et aux élu·e·s dans leur ensemble. L’ensemble de celles-ci sont développés dans le programme la France des Jours heureux.
Depuis vendredi 28 février et jusqu’au 4 mars 18H des milliers d’élu·e·s sont sollicité·e·s pour apporter leur parrainage à un·e candidat·e.
À l'ANECR, nombre d’entre-eux partageant les propositions de Fabien Roussel ont apporté leur promesse de parrainage, ou ont déjà renvoyé le formulaire officiel au conseil constitutionnel.
Des règles strictes s’appliquent pour remplir le formulaire de parrainage et pour le renvoyer au conseil constitutionnel, j’attire ta vigilance sur le respect de celles-ci.
La campagne de la présidentielle avec les élections législatives qui suivront vont donner lieu à d’intenses débats avec nos concitoyens. Elles doivent être l’occasion de convaincre que l’argent existe pour mettre en œuvre un programme de changement audacieux au service de la jeunesse et de toutes les générations.
Ce projet c’est celui que défendent l’ANECR et ses élu·e·s au quotidien, avec pour préoccupation de redonner à tous nos concitoyennes et concitoyens confiance et espoir dans l’avenir.
Aussi, je t’invite, ainsi que tous les élu·e·s communistes et apparenté·e·s à s’engager dans la bataille afin de construire un pacte pour la France, un pacte qui mobilisera toutes les forces de la nation sur un projet transformateur et émancipateur.
Ian Brossat
Président de l’ANECR