Fermeture de 4 classes dans les écoles morlaisiennes :
Madame Sandrine Le Feur, depuis la Lune où vous semblez perchée, faites vos comptes …
Il ne manque pas de saveur, le communiqué de presse du 13 septembre où Sandrine Le Feur, députée macroniste de Morlaix (LREM), répond au communiqué de l'opposition de gauche morlaisienne qui mettait en cause ses votes à l'Assemblée pour le budget de l'éducation et son manque de soutien aux écoles publiques morlaisiennes touchées par des fermetures de poste.
Il serait même réjouissant comme monument de tartufferie s'il ne témoignait pas d'une indifférence complète et tragique au sort des enfants des écoles concernées, celles de Émile Cloarec et Gambetta au premier chef.
C'est en effet que Sandrine Le Feur, telle l'élève de Pangloss du Candide, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
La gauche (le gouvernement PS en réalité) fatiguait, selon ses dires, les enfants avec la réforme des rythmes scolaires. Macron renforce sans doute leur capacité de concentration et d'apprentissage avec des classes en triple ou quadruple niveaux à plus de 30 élèves !
Alors que des logiques d'austérité et de désinvestissement dans le service public d'éducation président à une réduction de moyens (comparativement aux effectifs scolaires) pour l'Education nationale, que ne saurait cacher la mesure d'affichage des CP à 14 élèves dans les zones urbaines les plus sinistrées socialement. Une mesurette de discrimination positive cache-misère qui était déjà la technique d'affichage de Nicolas Sarkozy dont Jean-Michel Blanquer était un des plus zélés serviteurs. Avec un art consommé du paradoxe ou de l'antiphrase qui n'est pas sans rappelé la novlangue de 1984 de George Orwell, alors que l'inspection académique s'engouffre dans chaque brèche pour récupérer des postes, indifférente aux profils spécifiques des écoles, Sandrine Le Feur nous reproche de « faire des comptes d'épiciers », d'être « prisonniers d'une logique comptable ».
Ceux « qui se disent de gauche », « prisonniers d'une logique comptable » ?
Ben voyons !
Est-ce depuis le camp de ceux qui suppriment l'ISF, diminuent l'impôt sur les sociétés, assomment les retraités, les chômeurs, les précaires, les services publics, accélèrent la privatisation et le démantèlement de la SNCF, de la sécurité sociale, qu'on va décider de ce qui est de gauche et de ce qui ne l'est pas ?
Est-ce une logique comptable que de compter les élèves dans une classe pour voir que le compte n'y est pas en terme de condition de vie collective, de travail pour l'enseignant, et de capacité à prendre en compte les besoins spécifiques des élèves, pour fermer des postes ?
Sandrine Le Feur peut bien justifier la fermeture de 4 classes dans les écoles publiques morlaisiennes dont elle semble se moquer éperdument. Ce qu'elle ne peut pas faire, c'est tordre le cou à la logique et faire passer ceux qui défendent l'intérêt des enfants et des apprentissages avant les logiques de rigueur budgétaire et de réduction des dépenses publiques comme des pinailleurs obsédés des chiffres.
Mais si elle veut qu'on parle chiffres.
Parlons-en !
A l'école Gambetta, par exemple, il y avait 88 élèves en tout l'an passé, 91 cette année.
De quoi justifier la fermeture d'une classe et d'un poste, sans doute, surtout quand l'école compte de nombreux élèves en dispositif Ulis et des enfants dont le français n'est pas la langue maternelle en grand nombre !
Une CE2-CM1-CM2 à 37 élèves, si on envisage l'inclusion de 7 élèves en dispositif ULIS, avec des locaux absolument inadaptés où les élèves n'ont pas d'espace pour se mouvoir. Il faut voir les élèves dans leur classe Madame Le Feur.
Ce que les chiffres de l'inspection académique ne révèlent pas à ceux qui n'ont ni imagination ni expérience du terrain, c'est le quotidien des élèves et de leurs enseignants dans ces conditions.
Un CP-CE1 à 24 élèves, dont 3 élèves en ULIS et 3 enfants qui commencent tout juste à apprendre le français.
Une maternelle avec 30 élèves inscrits sur 3 niveaux, 26 présents pour le moment, mais entre 3 et 10 inscrits qui pourraient arriver à partir de janvier. Les gamins vont sans doute finir à 32 en 2019.
A Corentin Caër, memes tra, une maternelle avec une trentaine de gamins et un triple niveau.
Alors voilà, la gauche « fatiguait » les élèves avec la réforme des rythmes scolaires (qui avait un but diamétralement opposé, faut-il le rappeler) et la majorité de droite de Macron dégrade sans le moindre scrupule leurs apprentissages dans les écoles les plus populaires avec des classes à effectifs surchargés à triple niveau où l'on conjugue souvent les difficultés mais où l'école est si essentielle pour la réussite des enfants.
Il est beau votre nouveau monde, Madame Le Feur!
En tout cas, il ne semble pas fait pour tout le monde.
Ismaël Dupont, conseiller municipal d'opposition à Morlaix, membre de la commission Enseignement.
le 18 septembre 2018
Fermeture de classes. La réponse de Sandrine Le Feur à la gauche
Publié le 13 septembre 2018
Dans un communiqué, la gauche morlaisienne disait « s’insurger » des fermetures de classe à Morlaix, évoquant Jean-Jaurès, Corentin-Caër, Gambetta et Émile-Cloarec. Et interpellait vivement Sandrine Le Feur, la députée, la jugeant « silencieuse » sur le sujet. Cette dernière a souhaité répondre, également par le biais d’un communiqué :
« La gauche « s’insurge » ? Il eut été salutaire qu’elle s’émeuve de la fatigue des enfants, lorsqu’elle imposait, à marche forcée, des rythmes scolaires inadaptés ! », démarre l’élue de la quatrième circonscription, qui enchaîne : « Il est assurément paradoxal que des élus, qui se disent de gauche, nous livrent, une nouvelle fois, une analyse reposant exclusivement sur une logique comptable. Cette lecture des réalités scolaires ne regarde que les fermetures et passe habilement sous silence les créations de postes (un poste supplémentaire à Pleyber-Christ, un autre à Plouégat-Moysan), prévus dans la carte scolaire de ce printemps. Et de nouveaux ajustements à la rentrée pour ouvrir un quatrième poste à Guerlesquin et un sixième à Plouezoc’h ».
Progression du taux d’encadrement
Sandrine Le Feur de prendre la défense du gouvernement, rappelant que « l’éducation, en particulier dans le premier degré, est une priorité. Je salue la réactivité des services académiques, injustement montrés du doigt par ces élus de gauche qui vont jusqu’à soupçonner la direction académique d’opérer une « purge » ».
L’élue de rappeler, enfin, que « plus que le nombre de classes, c’est le taux d’encadrement des élèves qui importe. À cet égard, il est utile de rappeler que, pour la deuxième année consécutive, le taux d’encadrement des élèves a progressé dans le Finistère, désormais l’un des départements de France où le nombre d’enseignants par élèves est le plus élevé ». De conclure : « L’éducation de notre jeunesse est un sujet trop important pour le réduire à des comptes d’épicier ».
https://www.letelegramme.fr/finistere/morlaix/fermeture-de-classes-la-reponse-de-sandrine-le-feur-a-la-gauche-13-09-2018-12077795.php
Lire aussi:
Fermeture de classes. La gauche s’insurge (Le Télégramme – 13 septembre 2018)
Les huit élus d’opposition de gauche à Morlaix s’insurgent contre la fermeture, à la rentrée, de quatre classes dans les écoles publiques morlaisiennes. « Voilà l’école de la réussite de tous dans le « nouveau monde ». C’est une sinistre plaisanterie ! », écrivent-ils.
Dans son communiqué, l’opposition tient à manifester « sa solidarité vis-à-vis des enfants, des parents d’élèves, des enseignants et personnels des établissements touchés par la purge sans précédent que l’inspection académique, et par là le ministère, a infligé à quatre de nos écoles publiques : Jaurès, Corentin-Caër, et surtout Gambetta et Émile-Cloarec ». Concernant cette dernière, qui aura des classes à quadruple niveau, « du délire », elle pointe le risque de condamner l’école publique de Ploujean, « que la mairie a soutenu, depuis des années, dans un contexte difficile et qui est importante à conserver dans ce village de Morlaix ». Estimant que toute la place est faite à l’école privée, les élus de gauche rappellent qu’à Gambetta, il y aura aussi une classe à triple niveau, avec 33 enfants.
« Mépris » pour l’école de la République
« N’est-ce pas du mépris ?, s’interrogent-ils. Le mépris du travail de l’équipe enseignante, le mépris des familles qui continuent à faire le choix de la mixité sociale et de l’école de la République, le mépris des enfants de ce quartier populaire ». Selon eux, l’éducation, et l’école, maternelle et primaire, doivent être des priorités absolues (…). Si le Président Macron faisait moins de cadeaux fiscaux aux grosses entreprises et aux plus riches, il trouverait des moyens pour donner des ambitions et des capacités à remplir ses missions à l’école publique (…). Qu’en pense notre députée, extrêmement silencieuse sur ce sujet, comme sur la suppression des emplois chez Hop ! Morlaix, la crise à l’hôpital et tant d’autres dossiers ? A-t-elle été élue pour voter des budgets qui détériorent profondément les services publics ? »
Quatre classes supprimées dans les écoles publiques morlaisiennes, des écoles fragilisées, avec des classes à gros effectifs et à plusieurs niveaux.
Voilà donc l'école de la réussite de tous dans le « nouveau monde » de Macron ?
Une sinistre plaisanterie !
L'opposition de gauche à Morlaix tient à manifester sa solidarité vis-à-vis des enfants, des parents d'élèves, et des enseignants et personnels des quatre écoles touchées par la purge sans précédent que l'inspection académique (avec les moyens réduits alloués par le rectorat, et en dernier ressort, par le ministère de l'éducation – éducation sélective et à géométrie variable plus que nationale désormais...) a infligé à quatre de nos écoles publiques : Jaurès, Corentin Caër, et surtout Gambetta et Emile Cloarec à Ploujean, ces deux dernières écoles qui sont grandement fragilisées par ces décisions de l'inspection académique.
Malgré la mobilisation des parents et personnels pour des moyens permettant la réussite de tous les enfants dans des écoles populaires, maintenir les suppressions annoncées des 3 postes dans les écoles de Jaurès, Corentin Caër et Gambetta ne suffisait pas.
Morlaix n'était pas assez sacrifié comme cela !
Il a fallu que l'inspection académique aille plus loin et ferme une des trois classes à Emile Cloarec, prenant le risque de condamner l'école publique de Ploujean, qui dispose pourtant d'installations excellentes, que la mairie a soutenu depuis des années dans un contexte difficile et qui est importante à conserver dans ce village de Morlaix.
A croire qu'on veut laisser toute la place à l'école privée ! Comment les parents vont-ils pouvoir s'accommoder de classes à quadruple niveau ! C'est du délire.
Et à Gambetta, une classe à triple niveau avec trente-trois gamins, dont beaucoup pour qui l'école peut-être le vecteur essentiel de réussite, est-ce bien raisonnable ?
N'est-ce pas du mépris ? Le mépris du travail de l'équipe enseignante, le mépris des familles qui continuent à faire le choix de la mixité sociale et de l'école de la République, le mépris des enfants de ce quartier populaire.
Pour les élus de gauche à Morlaix, l'éducation, et l'école maternelle et primaire, sont des priorités absolues pour une société qui fonctionne bien, avec des futurs citoyens libres, éclairés, responsables et intégrés, capables de choisir leur destin.
Si Macron faisait moins de cadeaux fiscaux aux grosses entreprises et aux plus riches, il trouverait des moyens pour donner des ambitions et des capacités à remplir ses missions à l'école publique, pour intégrer les ULIS dans des conditions convenables, faire progresser tous les jeunes.
Qu'en pense Madame la députée Sandrine Le Feur, extrêmement silencieuse sur ce sujet là comme sur la suppression des emplois chez Hop ! Morlaix, la crise à l'hôpital et tant d'autres dossiers ? A t-elle été élue pour voter des budgets qui détériorent profondément les services publics et pour enfiler des perles?
Les 8 élus d'opposition de gauche au conseil municipal de Morlaix:
Elisabeth Binaisse, Jean-Pierre Cloarec, Ismaël Dupont, Hervé Gouédard, Sarah Noll, Valérie Scattolin, Claire Thomas, Jean-Paul Vermot