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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 08:01
photo Jean-Marc Nayet

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Très forte intervention hier de Jean-Claude Lefort, ancien député (PCF) du Val de Marne, ancien président de l'AFPS, et beau-père de Salah Hamouri qui alerte sur des logiques de répression de toute forme de résistance palestinienne dont sont victimes tous les prisonniers politiques palestiniens. 

Jean-Claude Lefort a exposé comment l'arrestation de Salah, après qu'il ait fait 7 ans de prison pour rien déjà entre 2004 et 2011, ses 20 ans et ses 27 ans, s'inscrivait dans un projet méthodique pour briser les Palestiniens qui résistent politiquement: Salah venait d'obtenir son diplôme d'avocat pour défendre les prisonniers politiques, alors que les Israéliens avaient tout fait pour compliquer ses études, puis pour le forcer à rejoindre la France (en empêchant sa femme et son bébé de vivre à Jérusalem). 

Jean-Claude Lefort a salué aussi l'implication solidaire des Finistériens, en montrant les progrès faits par la présidence française, sous l'effet des rapports de force et de la pression de la population et des élus, dans le soutien à Salah Hamouri, affirmant avoir du côté de Macron une écoute plus importante qu'avec Sarkozy ou Hollande. 

Il a alerté sur le caractère ultra-explosif de la situation au Proche-Orient, particulièrement en cas de reconnaissance de Jérusalem annexée illégalement comme capitale des Israéliens par l'Amérique de Trump. 

Jean-Claude Lefort a insisté sur la dimension de cohésion nationale et républicaine que conditionnait un engagement résolu de la France pour la défense de notre compatriote franco-palestinien arrêté et détenu de manière arbitraire sans procès et sans avoir rien fait, dans le plus grand des scandales démocratiques. 

Dans l'immédiat intensifions notre campagne pour sortir Salah Hamouri de prison avant les fêtes! 

Les prochaines réunions publiques avec Jean-Claude Lefort pour la libération de Salah Hamouri auront lieu à Carhaix jeudi et à Brest vendredi, après celle de Quimper lundi.  

 

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:24

Notre ami et camarade élu PCF-Front de Gauche à Plouigneau va présenter un voeu au Conseil Municipal de Plouigneau jeudi pour la libération de Salah Hamouri.

S'il est voté, ce sera le 5e dans le pays de Morlaix après Morlaix-Communauté, Guimaëc (sur présentation de Jeremy Lainé, adjoint PCF), Plourin les Morlaix, Morlaix, avant Brest, Quimper... Sachant que Carhaix a également voté un voeu pour la libération de Salah.

La liste finistérienne des élus qui s'engagent personnellement pour la libération de Salah Hamouri et pour demander à Emmanuel Macron qu'il agisse fermement en ce sens auprès des autorités israéliennes atteint aujourd'hui le nombre de 127 personnes, élus signataires.

 

VOEU POUR LA LIBÉRATION DE L'AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI

Considérant que :

-Salah Hamouri, 32 ans, a été arrêté à son domicile de Jérusalem-Est le 23 août par l’armée d’occupation Israélienne (comme souvent, les autorités militaires ne donnent aucun motif à cette arrestation) .

-C’est une décision militaire (les territoires palestiniens occupés sont toujours placés sous la coupe d’un gouverneur) qui l'a condamné à six mois de détention administrative.

-Le seul reproche qui lui est fait est de résister à l’occupation et à la colonisation.

-Ce franco palestinien, avocat spécialisé dans la défense des Droits de l'Homme, militant de l'organisation de défense des prisonniers et des droits de l'Homme Addameer, a déjà perdu 7 ans de sa vie de 2005 à 2011 en détention dans les prisons israéliennes suite à des accusations non fondées.

-Salah Hamouri vit à Jérusalem, le gouvernement israélien lui interdit de se rendre en Cisjordanie, et ce gouvernement interdit aussi à sa femme et à leur jeune enfant (qui sont en France) de le rejoindre en Palestine occupée.

L'acharnement contre Monsieur Salah Hamouri, qui vise à travers lui la lutte légitime du peuple palestinien pour le respect de ses droits et sa liberté, pour le respect des décisions de l'ONU n'a que trop duré. Aujourd'hui, face à un tel arbitraire, notre compatriote ne peut compter que sur les autorités françaises pour retrouver la liberté.

De nombreuses personnalités réclament la libération de Salah Hamouri : l'historien israélien Michel Warschawski, Pierre Joxe, ancien ministre, Christiane Hessel, la veuve de Stephane Hessel, Jean Ziegler, Rony Brauman, Richard Falk, Michel Tubiana, président d'honneur de la LDH.

De nombreux conseils municipaux, communautaires, départementaux, ont déjà adopté des vœux pour la libération de Salah Hamouri et dans notre territoire, un collectif « Liberté pour Salah Hamouri » s'est monté pour réclamer cette libération comptant 17 groupes (associations de solidarité, syndicats, organisations politiques).

Le Conseil Municipal de Plouigneau demande au Président Emmanuel Macron et au gouvernement français d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de notre concitoyen.

Libérez Salah Hamouri! - visuel AFPS

Libérez Salah Hamouri! - visuel AFPS

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:00
Liberté pour Salah Hamouri- Tournée finistérienne de Jean-Claude Lefort: à Plourin-les-Morlaix, salle du Cheval Blanc, le mardi 5 décembre, à 18h

Notre Collectif "Liberté pour Salah du Pays de Morlaix" et les groupes locaux de l'AFPS du Finistère organisent une tournée de 4 réunions publiques début décembre. 

JEAN-CLAUDE LEFORT, député honoraire du Val-de-Marne, ex-président de France Palestine Solidarité est un infatigable défenseur des droits du peuple palestinien. Il est aussi le beau-père de Salah Hamouri avec qui il était venu en 2012 à Brest et Quimper.
 
Alors quand celui-ci est de nouveau emprisonné par l'arbitraire de l'Etat israélien, Jean-Claude et sa fille Elsa portent haut et fort la voix de Salah Hamouri et de tous les prisonniers politiques palestiniens partout en France...
Demain, MARDI 5 DECEMBRE à 18 H, il est notre invité pour une réunion publique, salle du Cheval Blanc à Plourin lès Morlaix. On vous y attend très nombreux...
 
 

 

Le calendrier de ces réunions est le suivant

Quimper le lundi 4 déc. - 20h 30, Halles St François

 
Morlaix le mardi 5 décembre – 18 h Salle du Cheval Blanc 
à Plourin les Morlaix

 

Carhaix le jeudi 7- 20h salle de la justice de paix, mairie de Carhaix.

 
Brest le vendredi 8 décembre - à 20h, maison du peuple
 
Attention pour la réunion à Plourin, nous avons décidé de la mettre à 18 h pour éviter un télescopage trop important avec la soirée Ciné-Débat proposée les ami-es d’Amnesty à 20h 30 à La Salamandre sur les réfugiés. En espérant que pour nombre d’entre vous cela vous permettra … d’aller aux deux initiatives !

Pour encourager les énergies militantes, nous proposons qu’à la fin de notre réunion avec Jean-Claude Lefort, ceux et celles qui le souhaitent puissent se restaurer avant de partir ou au contraire rester pour partager un moment de convivialité avec notre invité.

Pour cela, nous lançons donc un premier appel aux cuisinier-es volontaires pour la fabrication de quelques quiches, cakes et autres gourmandises… Merci à tous

Liberté pour Salah Hamouri- Tournée finistérienne de Jean-Claude Lefort: à Plourin-les-Morlaix, salle du Cheval Blanc, le mardi 5 décembre, à 18h
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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 16:00
Entouré de Sylvie Bozoc, Claude Bonnard et Anne Cousin, Alain Diverrès présente la plaque en bronze. À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville.

Entouré de Sylvie Bozoc, Claude Bonnard et Anne Cousin, Alain Diverrès présente la plaque en bronze. À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville.

À l'initiative d'un collectif citoyen, une plaque commémorative du passage de tirailleurs sénégalais à Morlaix en 1944 sera dévoilée le 4 décembre. Histoire de rappeler cet épisode oublié de la ville. 

C'est dans le quartier de la Madeleine, au bar des Deux Rivières, que Claude Bonnard, Alain Diverrès, Anne Cousin et Sylvie Bozoc, les citoyens à l'origine du projet de plaque commémorative, nous reçoivent. Dans le même lieu où séjournèrent les tirailleurs sénégalais à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'idée de leur rendre hommage est née là, au printemps dernier, alors qu'Alain Diverrès montait une pièce de théâtre sur cet épisode méconnu de l'histoire locale d'après-guerre.

70 morts au Sénégal


C'est la Morlaisienne Anne Cousin, auteur d'un livre publié en 2011 sur le retour tragique des troupes coloniales, de Morlaix à Dakar, qui en retrace les grandes lignes. « En novembre 1944, 2.000 tirailleurs sénégalais, ex-prisonniers de guerre, séjournèrent dans la Cité du viaduc, avant d'être renvoyés par navire au Sénégal. 300 d'entre eux refusèrent de partir sans le paiement de leur solde militaire et furent regroupés du 4 au 11 novembre, ici, à l'ancienne Corderie. De retour au camp militaire de Thiaroye, au Sénégal, les 1.700 autres revendiquèrent également ce solde. S'en suivit un massacre qui fit 70 morts.»

Pourquoi pas une plaque ?


De leur passage morlaisien, Alain Diverrès, comédien du Théâtre de la Corniche, a retenu une anecdote : « Des tirailleurs avaient sacrifié leur ration de nourriture pour l'offrir à une veuve et ses enfants.

 

 Cette idée de partage de pauvres, à d'autres encore plus pauvres, j'ai trouvé ça extraordinaire ». Il en a fait une pièce, jouée en juin dernier, axée sur la généreuse capacité d'accueil des Morlaisiens. Au moment de la représentation, une suggestion fut lancée : « S'il y a des sous dans le chapeau après la pièce, il faudrait en faire une plaque. Il restait des sous, alors on l'a fait ».

« Réparer l'oubli »


Pour la création, ils ont ouvert une souscription volontaire (*) et sollicité la sculptrice de Huelgoat, Sylvie Bozoc, qui s'est imprégnée du livre d'Anne Cousin et des photos d'anciens tirailleurs faites par Hervé de Willancourt. « J'ai fait des croquis, il fallait proposer quelque chose de cohérent, sans tomber dans la caricature " bananière " », indique Sylvie Bozoc, qui s'est alors attaquée au modelage en terre du bas-relief. La plaque de bronze a ensuite été coulée à Plouédern. « L'idée de cette plaque, c'est de réparer l'oubli », glisse Claude Bonnard, qui donne rendez-vous lundi 4 décembre, à 18 h 30, au bar des Deux Rivières, pour un moment d'hommage ouvert à tous.

Au programme : dévoilement de la plaque, partage d'une soupe, suivie d'échanges avec trois auteurs : Anne Cousin, Kris (scénariste de la BD « Plus près de toi » illustrée par Fournier), et Martin Mourre, auteur d'une thèse sur Thiaroye en 1944. * Il leur reste encore à rassembler la moitié de la somme de 1.000 €. Bulletins de souscription au Bar des Deux Rivières, 1, place de la Madeleine.
 

Tirailleurs sénégalais: une plaque pour ne pas oublier  (Le Télégramme): inauguration publique le lundi 4 décembre à 18h30 en présence de Martin Mourre, Kris, Anne Cousin

L'inauguration de la plaque se fera le lundi 4 décembre vers 18h.

 

L'auteur du livre "Thiaroye 1944", Martin Mourre sera présent ainsi évidemment que Anne Cousin. 

 

Thiaroye 1944

 

Martin Mourre, Thiaroye 1944. Histoire et mémoire d'un massacre colonial, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2017, 240 p., préface d'Elikia M'Bokolo, postface de Bob B. White, ISBN : 978-2-7535-5345-3.

Notice publiée le 04 mai 2017

Présentation de l'éditeur

Ce livre prend pour objet les représentations d'un massacre colonial, la répression sanglante de tirailleurs sénégalais, ces soldats ouest-africains de l'Empire français, survenue au camp de Thiaroye, à proximité de Dakar, le 1er décembre 1944. Plus de soixante-dix ans après les faits, cet événement reste un sujet de controverse historiographique. Ce qui a longtemps été considéré par l'armée française comme une mutinerie, apparaît plutôt comme une tuerie organisée par les officiers coloniaux présents à Dakar.
C'est ce que démontre un long et patient travail sur les archives de ce drame. De plus, cet ouvrage retrace les réappropriations passées et actuelles de cet événement au Sénégal, à travers diverses temporalités permettant de lire la trajectoire de la nation sénégalaise postcoloniale en suivant la mobilisation d'imaginaires historiques. Aujourd'hui, au Sénégal, les représentations attachées à l'événement du 1er décembre 1944 apparaissent comme un des paradigmes de la mémoire coloniale.
Décrire ces usages du passé sur plusieurs décennies permet alors d'envisager l'articulation entre des mémoires dominantes – officielles ou non –, des formes particulières de rappel du passé et le rôle de ce passé dans certaines dynamiques identitaires.

Auteur

Martin Mourre

Martin Mourre est docteur en histoire de l’École des hautes études en sciences sociales et en anthropologie à l’université de Montréal. Ses recherches portent principalement sur l’histoire politique et mémorielle du Sénégal au XXe siècle. Il s’intéresse également à une sociohistoire des armées ouest-africaines depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui.

Une plaque sur l'ancienne corderie de la Madeleine (brasserie Coreff ensuite) pour rendre hommage aux Tirailleurs Sénégalais ayant séjourné à Morlaix en 1944 et aux martyrs de Thiaroye: participez à la souscription citoyenne!

 

http://www.editions-harmattan.fr/vspace.gif

http://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/f/9782296550018f.jpg 
 

RETOUR TRAGIQUE DES TROUPES COLONIALES

Morlaix-Dakar, 1944
Anne Cousin
Préface de Anne Guillou

 

On estime à 31000 le nombre de morts issus des colonies dont 14000 tirailleurs sénégalais. Fin 1944, l'armée de libération "blanchit" ses troupes, les Africains sont rapatriés. 2000 tirailleurs vont embarquer de Morlaix à bord du Circassia pour Dakar. Un vent de révolte va souffler. Certains refusent de partir en l'absence du règlement de leurs soldes. Ceux qui arrivés à Dakar feront valoir leurs droits seront payés avec des balles.

 

Lire aussi: 

Comment les autorités françaises ont spolié, humilié, massacré les tirailleurs Sénégalais parqués à Morlaix à l'automne 1944.

Tirailleurs sénégalais: la patrie bien peu reconnaissante (L'Humanité, 30 décembre 2016)

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 05:03
photo Ismaël Dupont

photo Ismaël Dupont

photo Ismaël Dupont

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Une rencontre extraordinaire avec Maha Hassan, accompagnée notamment de Jean-Laurent d'Amnesty International, et d'Anne Cousin, son amie qui écrit un roman en français avec elle, à la MJC ce soir.

Morceaux choisis des paroles fortes de Maha Hassan, cette écrivaine syrienne vivant à Morlaix depuis deux ans qui à tant à dire, raconter, analyser des souffrances de son pays, des pouvoirs de la littérature, de sa vie au confluent des cultures et des drames de l'histoire:

" J'ai commencé par là, venue à la littérature grâce à la politique de mon père, analphabète, mais qui fréquentait beaucoup de camarades communistes instruits, qui m'amenait à ses réunions, ce qui me permettait de lire des brochures clandestines avec des portraits de Lénine, de Marx, que je gardais et étudiais précieusement, mais aussi parfois des petits livres de Tolstoï, Tchékov, Pouchkine... Puis ça a été la rencontre avec les textes de Marx, Sartre, Camus. La politique de mon père, cela a permis aussi que l'on considère qu'il était légitime qu'une femme étudie, lise. C'était une éducation plutôt libérale pour une fille en Syrie. J'étais l'aînée, acceptée dans un milieu d'hommes, plutôt anti-conformiste. L'engagement politique, cela a été un pass pour un autre monde. J'ai commencé par là, l'envie de raconter l'histoire, les histoires des femmes autour de moi, les histoires de mes grand-mères d'origine kurde, arménienne, arabe, analphabètes mais magnifiques conteuses. Dans cette société, écrire ou penser, c'est un crime, un péché. Dans ce contexte, j'ai écrit: je suis née pour conter, pour écrire. J'ai faite mien le titre d'un livre de Gabriel Garcia Marquez: "Vivre pour la raconter." Après, il y a eu de la censure sur mes livres, une interdiction de publier mes romans, c'était insupportable. Il fallait l'autorisation du ministère de l'information et des services secrets pour publier. Je ne savais pas pourquoi on me censurait. La raison fondamentale sans doute: une fille kurde qui veut publier, avec un père communiste, c'est forcément suspect. J'avais tous les péchés. J'aurais voulu continuer ma vie en Syrie, mais c'était l'écriture, la publication, auxquelles je tenais plus que tout. En 2004, avec la répression du début de rébellion kurde, les choses étaient devenues très compliquées et dangereuses pour nous. Je suis né pour écrire, si quelqu'un m'empêche d'écrire ou de publier, c'est une prison pour moi. Je suis la fille de l'exil, des schizophrénies d'une vie partagée entre langue arabe et mémoire kurde, Orient et Occident".

"Avant la guerre, avec mes amis, mes voisins, on ne faisait pas de différence entre kurdes, arabes, sunnites, chiites, musulmans, alaouites, chrétiens. Aujourd'hui, c'est autre chose. Le conflit a généré des fractures communautaires ou les a aggravées. Pourtant, du temps d'Hafez al-Assad, les langues kurde et arméniennes étaient interdites, les spécificités culturelles réprimées, à tel point que les enfants des villages kurdes forcés d'apprendre un arabe écrit classique comme à la télévision parlait davantage l'arabe châtié des médias officiels que comprenaient à peine les arabes parlant le dialecte des campagnes ou des quartiers".

"Pour moi l'écriture, c'est comme la toile de Pénélope, sans cesse on remet le travail sur le métier, on défait et refait ce que l'on a déjà fait, pour se découvrir soi-même, pour découvrir la liberté. C'est un exercice permanent. Cela permet de se libérer de ses peurs, d'apprivoiser ses douleurs, de se faire le porte-parole d'opprimés, les femmes notamment. Cela permet de se regarder soi-même il y a quinze ans, vingt ans, de prendre pitié de soi, d'avoir peur pour soi, rétrospectivement. L'écriture, c'est aussi une maladie: c'est pas facile, on vit avec les fantômes des gens, les douleurs des gens. Je suis finalement satisfaite et fière d'être née dans cette société compliquée qui me permet d'exprimer ce que beaucoup de femmes ont ressenti, n'ont pu écrire. Pour moi, l'écriture est un acte pour mieux se connaître à chaque moment".

"J'ai connu plusieurs exils dans ma vie, plusieurs fois je me suis sentie étrangère: 
Un père venu d'un village vers la grande ville d'Alep. 
Etre kurde dans un pays où cette identité est niée, où parler kurde est interdit, porter en arabe, cette langue si belle et que j'aime, dont j'ai fait mon passeport mais qui n'est pas encore tout à fait la mienne aujourd'hui, la parole et les histoires du peuple kurde. Car l'identité kurde n'est pas l'identité arabe, la mémoire kurde est spécifique, même si je n'ai jamais été pour le nationalisme et la mise en avant communautariste en Syrie. 
Etre une femme libre dans un pays et une société qui les opprime. 
Devoir quitter ma ville, mon pays, mes parents, pour avoir la liberté de m'exprimer et ne pas être inquiétée par la police de Bachar al-Assad en tant que kurde, fille de communiste, intellectuelle, femme libre... 
Vivre en Hollande en se disant française. 
Vivre à Paris à proximité de beaucoup d'amis mais sans m'y sentir si bien, vraiment. 
Je sens que la Bretagne, elle m'accueille. Les bretons sont un peu comme les kurdes, francs, authentiques, accueillants. La Bretagne, c'est trop riche pour moi, on s'y sent bien "

"Eve, c'était la première révoltée contre le texte, contre le désir de Dieu. C'est elle qui a persuadé Adam de goûter du fruit défendu, celui de l'arbre du savoir. Je ne suis pas féministe mais je sens que la femme a un sens profond de la révolte. La littérature que j'écris, c'est celle qui porte la douleur, les malheurs, le désir de liberté et de bonheur de la femme orientale. J'aimerais que ma littérature porte un message de paix et d'amour et même temps qu'elle fasse comprendre la misère des femmes arabes et de Syrie, soumises à la claustration, à la loi patriarcale, à la répression des désirs, à une éducation qui nie parfois leur droit au bonheur et à l'individualité, au viol, aux crimes d'honneur".

" Hafez-al-Assad, dont le portrait sévère, sans sourire, était partout, pour les Syriens, c'était comme un Dieu terrible, on le craignait plus que Dieu, on osait même pas penser du mal de lui. C'était Big Brother. J'avais trente ans quand il est mort. Quand on nous l'a annoncé au travail, je ne pouvais pas y croire, j'avais peur, peur d'exprimer quelque émotion, soulagement, peur qu'on considère que j'étais pour quelque chose dans cette mort, cette calamité nationale, lui qui devait être éternel, indestructible, comme la Syrie elle-même. On n'imagine pas comment la dictature était intériorisée, s'exerçait sur les esprits et les émotions".

"Comment des Margot, des belles filles, peuvent abandonner des droits conquis de haute lutte pour les libertés démocratiques, pour la liberté des femmes, l'avortement, l'égalité juridique, pour aller faire un pseudo djihad en Syrie et arriver là-bas, être traitées comme des moins-que-rien, des créatures du diable, dans le cadre d'une morale du moyen-âge, vivre à l'ombre de mecs incultes et violents, qui ont mené leur vie de petits caïds auparavant en France ou en Europe, avec les nanas, le shit, les boîtes de nuit, et qui voudraient maintenant l'austérité et la religion totalitaire pour tous? Cela me dépasse complètement cela m'abasourdit, c'est un mystère et une grande souffrance. Pourquoi les valeurs de la République Française ne peuvent pas suffire à prémunir contre les séductions du djihadisme et ses "valeurs" du Moyen-Age? Qu'est-ce qu'on a raté dans notre société pour en arriver là? C'est peut-être le problème de la France, autant et plus que le problème de l'Islam". Je pose les questions mais je ne donne pas les réponses".

"Oui je pourrais parler de la Bretagne dans mes romans, de cette beauté, de cette liberté, de cet accueil que je trouve ici, mais pour l'instant, quand la guerre est devant moi, je ne peux pas tourner le dos. Et quand c'est la femme qui fait la guerre, car les kurdes font la guerre à Daesh, il faut que j'essaie de comprendre et faire comprendre ce que ça signifie".

 

 

Propos recueillis lors de la réunion du 2 décembre 2017 par Ismaël Dupont. 

 

Maha Hassan - Shéhérazade à Morlaix. L'écrivaine syrienne se raconte à la MJC le samedi 2 décembre à 18h

 

Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
Festival des Solidarités: une rencontre extraordinaire avec l'écrivaine  Maha Hassan à la MJC de Morlaix ce samedi 2 décembre 2017
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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 13:58
photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Jean-Luc Le Calvez

photo Jean-Luc Le Calvez

photo Jean-Luc Le Calvez

photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

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Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

photo Pierre-Yvon Boisnard

photo Pierre-Yvon Boisnard

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Daniel, secrétaire section du PCF Morlaix, avec Julia, syndiquée FSU  (photo I Dupont)

Daniel, secrétaire section du PCF Morlaix, avec Julia, syndiquée FSU (photo I Dupont)

Daniel, secrétaire section du PCF Morlaix, avec Julia, syndiquée FSU  (photo I Dupont)

Daniel, secrétaire section du PCF Morlaix, avec Julia, syndiquée FSU (photo I Dupont)

photo I Dupont

photo I Dupont

photo I Dupont

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Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

Manif pour la défense de l'hôpital de Morlaix et du service de cardiologie - Morlaix 2 décembre 2017 - photo Jean-Luc Le Calvez

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

photo Jean-Marc Nayet - manif pour l'hôpital de Morlaix, 2 décembre 2017

1000 à 1500 personnes pour défendre l'hôpital de Morlaix, la cardiologie, les conditions d'accueil des patients et de travail des personnels contre les logiques de pure rentabilité et d'austérité. Malgré l'opération de déminage des deux derniers jours par la direction de l'hôpital, la mobilisation citoyenne a été au rendez-vous et c'était insispensable! Le combat continue et doit encore s'amplifier.  
 
Morlaix. Un millier de manifestants pour défendre l’hôpital
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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 08:17
Morlaix-Wawel présent pour vendre des céramiques palestiniennes au marché des créateurs le dimanche 3 décembre (10h-17h)

VENTE DE CERAMIQUES

Nous vendrons nos céramiques, le dimanche  3 décembre (10h à 18h) au marché de Noël à Traon Nevez (Le Dourduff) Ces céramiques sont achetées en Palestine (Hébron) et l’argent de la vente est utilisé pour l’achat de matériel scolaire pour les élèves et les étudiants (y compris les réfugiés syriens) du camp palestinien de Wavel (Liban).

Grâce à votre solidarité, nous finançons, depuis 2010, l’achat de fournitures scolaires. Nous agissons également, suivant les résolutions de l’ONU, pour la reconnaissance de l’état palestinien et pour le retour des réfugiés Merci pour votre générosité

Jean-Marc Nayet

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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 15:51
Morlaix. Cardiologie. La manifestation citoyenne maintenue à 10h samedi

Les syndicats entendent maintenir la pression contre la fermeture du service de soins intensifs, malgré l’annulation de cette décision à la dernière minute.

L’intersyndicale CFDT-Sud-CGT de l’hôpital a décidé de « maintenir la pression contre la fermeture du service de soins intensifs de l’hôpital de Morlaix ». La manifestation citoyenne prévue ce samedi, à 10 h, au départ de la Manu, est maintenue.

eudi, la direction a annoncé qu’elle renonçait à fermer le service pour le mois de décembre faute de praticiens suffisant pour assurer les gardes. Des cardiologues ont accepté de travailler davantage, en attendant des renforts brestois en janvier et, peut-être, l'installation de cardiologues en fin de spécialisation en février.

Morlaix. Cardiologie. La manifestation citoyenne maintenue à 10h samedi
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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 14:31
Le Télégramme, 26 novembre 2017 (pages Lannion-Tregor)

Le Télégramme, 26 novembre 2017 (pages Lannion-Tregor)

Publié dans les pages Lannion-Tregor du Télégramme le samedi 26 novembre ce nouvel article sur la démarche et l'essai de Maryse Le Roux avec la parution de "La fin du chemin". 30 livres ont été vendus à la fête de l'Huma Bretagne.

Prochaines rencontres:

A la librairie Dialogues Morlaix, vendredi 1er décembre, 17h (dédidace) - 18h (présentation par Maryse Le Roux et Ismaël Dupont)

A la Manu, local de Skol Vreizh, toute la journée le samedi 2 décembre, avec les autres auteurs de l'année de Skol Vreizh:

Samedi 02 décembre (10h-17h) aux éditions Skol Vreizh (41 quai de Léon - La Manu)
Les éditions seront exceptionnellement ouvertes et vous pourrez y rencontrer de très nombreux auteurs qui auront le plaisir de dédicacer leurs ouvrages : Francis Favereau, François de Beaulieu, Anne Guillou, Maryse Le Roux & Ismaël Dupont, Hervé Lossec, Yann-Bêr Kemener & Anna Magron, Saskia Hellmund, Daniel Leloup, Hervé Jaouen (14h-16h), Patrick Hervé...
Il y aura également un coin "Bonnes affaires / Levrioù marc'hadmad" à partir de 2€
Lectures à 11h & 15h - Intermèdes musicaux par Lizig Cloarec à la harpe - Exposition des tableaux d'Anna Magron

A la librairie L'Ivresse des mots à Lampaul-Guimiliau le vendredi 8 décembre à 18h.

Au plaisir de vous rencontrer lors de ces prochaines présentations du bouquin!

La fin du chemin - 1920-2000 Des indépendantistes en Bretagne, Skol Vreizh, 2017 -18€

La fin du chemin - 1920-2000 Des indépendantistes en Bretagne, Skol Vreizh, 2017 -18€

Présentation et dédicace de La fin du chemin à la librairie Dialogues de Morlaix le vendredi 1er décembre, Skol Vreizh le samedi 2 décembre, à l'Ivresse des mots à Lampaul-Guimiliau le vendredi 8 décembre
Rencontre- débat sur "La fin du chemin" à la fête de l'Humanité Bretagne, à l'espace librairie, samedi 26 novembre 2017

Rencontre- débat sur "La fin du chemin" à la fête de l'Humanité Bretagne, à l'espace librairie, samedi 26 novembre 2017

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1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 14:30
photo de Maha Hassan - Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

photo de Maha Hassan - Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

Maha Hassan : Shéhérazade à Morlaix

Saviez-vous qu'à Morlaix vivait une grande conteuse et romancière de langue arabe, Maha Hassan ?

Maha Hassan est née à la littérature porteuse des histoires de sa grand-mère paternelle analphabète.

Halima, sa grand-mère spirituelle, une kurde syrienne, originaire d'un village du nord de la Syrie mais vivant à Alep pendant la jeunesse de Maha.

Son père, ouvrier d'une fabrique de tissus à Alep, était lui aussi analphabète.

Il n'y avait pas un livre dans la maison de Maha pendant sa jeunesse.

C'est pourtant grâce aux engagements de son père et à ses camarades du Parti Communiste que la jeune Maha va acquérir très jeune le goût des lectures complexes en commençant à tenter de comprendre les brochures communistes clandestines que font circuler les amis de son père.

« Mon père ne nous a pas éduqués dans le nationalisme. Il ne voulait pas que l'on se reconnaisse d'abord comme kurdes. Nous étions tous syriens, avec une société à construire ensemble, la culture ou religion d'origine était secondaire. La question kurde n'était pas sa priorité ».

Les lectures de Maha vont renforcer ses convictions universalistes.

Maha a un tel appétit d'apprendre qu'à partir de 15-16 ans, après les traductions arabes de Tchékov et Pouchkine, elle découvre Hegel, Marx et Nietzsche.

« Je pleurais quand je n'arrivais pas à comprendre des passages de la dialectique de Hegel ».

Ainsi parlait Zarathoustra était, dit-elle, un livre qui parlait aux lettrés kurdes du fait de la valorisation d'une origine culturelle indo-européenne de l'espace persique auxquels ils pensaient se rattacher.

Mais le grand initiateur est surtout Sartre, pour qui elle éprouve un amour immodéré, jusqu'à lire L'être et le néant à dix-huit ans dans une traduction arabe.

Quand elle arrive à Paris en 2004, Maha ne pense qu'à Sartre, lui parle intérieurement en se promenant dans ses endroits préférés : « J'attendais qu'il me réponde par les rêves, comme mes personnages de roman qui se découvrent pendant la nuit, mais il n'en a rien été ».

Plus tard, elle sera déçue d'apprendre certains aspects du grand ego qu'avait Sartre et le dénouement de sa relation d'amitié avec Camus, un autre des familiers de la jeune Maha Hassan, dont elle lut avec passion une grande partie de l’œuvre dans sa jeunesse.

Mais c'est sans doute l'auteur de La plaisanterie , Milan Kundera qui eut le plus d'influence sur elle et la naissance de sa vocation d'écrivain, par sa prodigieuse liberté, sa faculté à prendre de la hauteur face à la peur et aux mesquineries produites par une dictature policière pour affirmer les droits de l'individu vivant et de l'esprit.

Comme un de ses personnages de roman, Maha Hassan eut l'impression de « respirer Kundera » en circulant dans le quartier de Montparnasse.

Le responsable de l'Institut du Monde Arabe ne crut pas sans doute lui faire un tel plaisir quand il lui dit qu'elle écrivait comme l'écrivain tchèque. C'était faux, sans doute. C'était pour l'encourager.

Pendant des mois, néanmoins, Maha s'exerça pour s'amuser à écrire un chapitre selon ses façons spontanées, un chapitre narré comme un pastiche de Kundera.

Le premier écrit publié de Maha Hassan (elle a dix-neuf ans) est une nouvelle à dimension érotique à peine voilée, « Le marié du doigt », traitant entre autre de manière déguisée de la masturbation des femmes, nouvelle qui paraît dans une grande revue intellectuelle de Beyrouth, Al Naqid, « Le Critique » où son nom apparaît au côté de celui de Samih Alqasim, un grand écrivain. le magazine publie aussi Mahmoud Darwich. Maha ouvre de grands yeux et n'en revient toujours pas ! Jusque dans son exil morlaisien, elle garde cette revue qui la fait rentrer en deux temps trois mouvements dans la cour des grands.

Pour elle qui avait confié à dix-neuf ans le manuscrit à un ami se déplaçant au Liban, c'est complètement inespéré. Évidemment, la nouvelle est interdite de publication par le régime syrien, ainsi que les autres du recueil.

Sans doute en raison de la folle audace d'une écriture qui explore les tabous de la sexualité et de la condition féminine. Pour d'autres raisons aussi, peut-être.

Pour justifier l'interdiction des Chants du néant (2009, qui paraîtront finalement au Liban), un roman qui pose pour la première fois la question existentielle propre aux kurdes, ce qu'a relevé la censure du régime des al-Assad, c'est le caractère subversif d'une note faisant référence à la tradition de la kabbale qualifiée de « soufisme » des Juifs.

Dans la Syrie des Al-Assad, le Juif est l'ennemi par excellence et tabou, le régime appuyant une partie de son entreprise de légitimation sur son statut de résistant à l’État d'Israël.

Autant dire que Maha Hassan sera relativement déboussolée au départ d'être invitée pour plusieurs mois à une résidence d'écrivaine dans l'immeuble d'Anne Frank à Amsterdam après qu'Human Rights Watch lui ait décerné le prix Hellman-Hammett en 2005 réservée aux écrivains persécutés, un prix attribué après les excès du maccartysme aux Etats-Unis.

Un immeuble plein de fantômes, d'éclats de rire et de frissons de peur, pour travailler, dans un voisinage invitant à se questionner plus que tout autre sur la question de l'identité et du piège nationaliste et xénophobe des identités exclusives, identifiées à des appartenances collectives héritées et enfermantes. Maha Hassan réfléchit d'ailleurs aujourd'hui à un livre qui aurait pour titre «le péché d'identité ».

Maha Hassan et Ismaël Dupont après l'entretien - 29 novembre 2017, place Allende - Morlaix

Maha Hassan et Ismaël Dupont après l'entretien - 29 novembre 2017, place Allende - Morlaix

Maha Hassan qualifie elle-même son écriture de « littérature bâtarde ». Ce n'est pas de la littérature kurde, parce qu'elle écrit en arabe. Ce n'est pas de la littérature arabe « pure » parce qu'elle porte une mémoire collective kurde avant même d'avoir appris à parler. Ce n'est pas de la littérature arabe non plus parce qu'elle a découvert la littérature et la philosophie européennes avant Naguib Mahfouz ou d'autres grands écrivains arabes, parce que ses références intellectuelles sont autant occidentales qu'orientales.

La jeune fille issue d'un quartier et d'une famille populaires d'Alep où l'on ne connaissait pas les livres s'est ouverte au monde libérateur de la littérature grâce à la générosité d'un libraire qui lui prêtait des livres traduits qu'elle n'avait pas les moyens de payer.

Après la parution de sa nouvelle dans une grande revue libanaise, elle écrit un livre moins scandaleux pour les autorités syriennes, mais qu'elle aime beaucoup aussi, L'infini, qui paraît en 1995 chez un éditeur de Lattaquié.

C'est pour ses derniers livres, publiés en arabe au Liban, chez les éditions El-Rayyes, dirigé par le responsable du magazine qui l'avait fait connaître à 19 ans, en 1993, pour sa nouvelle détonante, et qui attendait d'elle une confirmation de son talent, que Maha Hassan commence à être reconnue dans le petit monde littéraire des pays arabes.

Elle fait des salons en Tunisie, en Palestine, en Egypte, aux Emirats. Ceux qui paient ne sont pas toujours les pays où l'on trouve le plus de lecteurs, mais les rois du pétrole ou autres princes en quête de reconnaissance internationale.

Deux de ses romans ont été sélectionnés dans la liste finale du prix Booker Arabe.

Maha Hassan a néanmoins le sentiment que le fait d'être kurde rend pour elle la reconnaissance littéraire moins aisée dans le monde arabe.

Ses premiers livres sont considérés comme féministes, parlant de condition féminine, de sexualité, de conservatisme religieux, de politique. En 2000, ses livres sont interdits de parution en Syrie.

Dans les romans, écrits depuis son exil français et publiés au Liban reviennent le sujet des crimes d'honneur contre les femmes (« Les filles des prairies », Banât al-barârî – 2011).

Dans Cordon Ombilical (2010), on a le portrait de deux femmes partagés entre Orient et Occident, interrogeant les notions d'identité kurde, d'appartenance, de relation à l'autre.

Dans les Tambours de l'amour (2012), son avant-dernier roman publié, Maha Hassan construit le premier récit romanesque de la révolution syrienne prenant en comptant l'an un de la révolte démocratique du peuple syrien contre Bachar-al-Assad et son régime d'oppression, révolution qui comme plus tard la guerre syrienne malgré toute sa barbarie, va révéler à eux-mêmes et à la liberté des jeunes femmes et jeunes hommes qui vont se défaire de leurs peurs et des corsets sociaux pour affirmer leur désir d'engagement, de dignité, de vie.

Ce roman est sur le point d'être publié en Italie où il bénéficie déjà d'une très bonne critique.

Maha Hassan m'a dévoilé hier la trame narrative de son dernier roman, le premier qui sera écrit en français, grâce au concours de Anne Cousin et de l'association Tro-coat, qui a fait la rencontre de Maha et lui a proposé cette collaboration pour écrire en français à la suite d'un travail en atelier d'écriture et de leur présentation première lors d'un débat avec l'écrivain yéménite ami de Maha Ali Al Muqri à la librairie « A pleine voix » à Morlaix, tenue par Laurent Baudry.

C'est une fresque historique très ambitieuse et palpitante, avec des situations romanesques fascinantes, où une moderne Shéhérazade et sa fille traversent quarante ans d'histoire de la Syrie. Une première partie met en scène deux femmes en quête de bonheur et d'émancipation d'un quartier traditionaliste d'Alep que la loi des hommes domine, deux femmes qui vivent avec leur mari commun derrière le QG des moukhâbarât, les forces de sécurité du régime, cruelles et despotiques, qui y torturent à tour de bras. La deuxième partie nous plongera dans l'actualité de la guerre en Syrie, où vont s'affronter des jeunes qui se connaissaient dans le camp djihadiste et dans le camp des peshmergas, ce qui donne à Maha Hassan l'occasion d'explorer ce qu'il y a de nouveau dans la condition féminine kurde dans le fait de combattre, et de combattre les partisans d'une forme religieuse dévoyée, portant la haine des femmes, obscurantiste, totalitaire, ultra-violente.

Entendre et imaginer le déploiement de ce roman à travers quelques indications de cette magnifique et profonde conteuse qu'est Maha Hassan ne donne qu'une envie : que ses précédents romans soient vite publiés en français.

Pour y lire ses histoires d'amour, de libération féminine, de relation à la tradition, aux identités, à la tyrannie du régime syrien. Pour y découvrir ses personnages riches et attachants.

Quand elle était étudiante, Maha a fait le tour des partis révolutionnaires et contestataires, kurdes ou communistes.

Son père avait très peur qu'elle s'engage trop en politique même s'il ne s'est pas opposé à ce qu'elle fasse des études, comme pour sa sœur cadette, étudiante en droit elle-aussi, car les moukhâbarât n'hésitaient pas à violer et violenter les filles rebelles ou soupçonnées de l'être. Malgré la défense de son père, Maha était une fille têtue et a mené ses expériences en femme libre et courageuse, affrontant la pression du groupe et des hommes, malgré la peur, omniprésente dans le régime d'oppression de la Syrie d'Hafez-al-Assad puis de Bachar-al-Assad.

Son premier rendez-vous contraint avec les services de sécurité date de ses dix-huit ans, quand, pour financer ses études, elle s'apprête à postuler pour un poste d'institutrice remplaçante et que les renseignements font chantage sur elle dans un bureau de l'éducation nationale et lui demandent de donner des informations sur les amis de son père (les communistes sont pourchassés, emprisonnés, torturés par Hafez-al-Assad). Elle refuse et son certificat de nomination est déchirée sous ses yeux.

C'est à la suite d'un énième entretien forcé avec les moukhâbarât au moment de la révolte kurde au début des années 2000 et de sa répression par le régime qu'elle décide de quitter la Syrie, puis de gagner la France où elle obtient l'asile politique en 2004, d'abord logée pendant quelques mois à la maison des journalistes, avant de rencontrer Philippe, son amoureux breton, et d'arriver à Morlaix avec lui il y a deux ans.

Depuis son père et sa mère sont décédés en Syrie, sa mère des suites du bombardement de sa maison par la rébellion islamique à Alep. Ils ont été enterrés à la va-vite dans un jardin public, dans le quartier de Khaledia. La maison familiale n'existe plus.

Maha a demandé en vain un visa humanitaire pour sa mère et sa sœur au plus fort de la guerre. Beaucoup de ses voisins, de ses amis, sont morts aussi, la plupart victimes des assassinats et tortures du régime. Un de ses voisins a été torturé à mort parce que son frère s'était engagé dans l'armée rebelle.

Ses frères et sœurs sont en Suède, en Finlande, au Pays-Bas, en Allemagne dans un camp pour réfugiés, en Turquie.

Sa mère a été interrogée par les services de sécurité du régime après le départ de Maha : elle leur a dit, pour protéger tout le monde, car sa fille était morte.

Morte à une partie d'elle-même peut-être, mais si vivante dans son désir d'être heureuse, de créer, de construire une littérature d'émancipation éclairant le monde pour le transformer.

Maha connaît la douleur d'avoir été contrainte de quitter son monde, son pays et de le voir disparaître dans la plus fratricide et barbare des guerres. Néanmoins, elle n'en condamne pas pour autant une révolte démocratique qui, au départ, voulait seulement dénoncer la barbarie de la police de Bachar-al-Assad qui avait torturé affreusement des adolescents, exiger plus de justice, de démocratie, de liberté d'expression, moins de corruption et de clientélisme, plus d'égalité. Une révolte laïque où l'on trouvait des jeunes et moins jeunes de toutes les origines culturelles de la Syrie. Pour elle, la guerre a aussi réveillé les Syriens, la révolution a libéré beaucoup de femmes, allant jusqu'à parler de « baiser de la guerre ».

Elle a espéré, espéré, les six années précédentes, que le régime criminel allait enfin tomber, qu'il allait cesser d'assassiner le peuple syrien en toute impunité. En vain, aujourd'hui, elle constate que la guerre est un affrontement d'intérêts internationaux, que Daesh est devenu l'ennemi premier, que Bachar, le boucher de Damas, est revenu au centre du jeu, même pour les Américains et les Français.

Quant aux Kurdes, ils ont agi de manière pragmatique en cherchant à faire progresser leur volonté d'indépendance ou d'autonomie en se protégeant des agressions du régime comme des islamistes djihadistes. Néanmoins, dans sa famille, son frère, kurde, lui aussi, combattait la répression du régime avec ses amis arabes.

Aujourd'hui, Maha vit en exil d'elle-même, ni là-bas, ni tout à fait ici, malgré le plaisir qu'elle a à sentir la sollicitude, la franchise et la vie sereine des Bretons et à vivre à Morlaix avec son ami.

Chaque nuit, chaque sieste ou presque la ramène par ses rêves en Syrie.

Dans la journée, elle a des moments d'absence, où elle retrouve Alep et ses amis et parents.

La littérature est un des moyens qui lui reste pour éprouver son existence.

Littérature de l'exil, littérature de l'affirmation vitale et des naissances à soi, à l'amour et à l'autre, par-delà la tradition patriarcale, le despotisme, la guerre.

Péché d'identité... Tout dernièrement, Maha a découvert que sa grand-mère maternelle était arménienne, qu'elle avait été adoptée à cinq ans par sa famille kurde alors que ses parents allaient à l'abattoir ou avaient déjà été massacrés par les génocidaires turcs et leurs alliés.

Cette grand-mère d'origine chrétienne arménienne avait donné à son premier fils le nom de Mohamed, vivant toute sa vie dans la dissimulation et la culpabilité par rapport à ses origines.

Cette vie tragique est un roman dont le continent reste à explorer... Comme la littérature de Maha Hassan pour le lecteur français.

Entretien avec Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

Maha Hassan parlera de son parcours et de la tragédie syrienne samedi 2 décembre à 18h à la MJC avec Anne Cousin et un membre d'Amnesty International.

Romans publiés :
Titres traduits de l'arabe:

- Bonjour la guerre

- Les Tambours de l’Amour, éditions El-Rayyes, Beyrouth, Liban, 2012.
- Les filles de prairies (roman), éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2011.
- Cordon ombilical, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2010. (sélectionné sur la liste du prix du roman arabe «Booker»).
- Chants du néant, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2009.
- Le tableau de la couverture. Les murs de déception sont plus hauts, éditions Nashiron, Syrie, 2002.
- L’infini- récit de l’autre, éditions Al-Hiwar, Syrie, 1995.

Maha Hassan, citoyenne morlaisienne, se bat pour la liberté de pensée, de s’exprimer. Lors de cette rencontre, elle parlera de l’écriture retrouvée en France. Maha défend le droit des exilés, victimes des guerres. Primée par Human Right Watch, elle est attentive à la condition des femmes et se questionne sur le départ des jeunes vers la Syrie alors qu’ils vivent librement ici en France.

Maha Hassan, citoyenne morlaisienne, se bat pour la liberté de pensée, de s’exprimer. Lors de cette rencontre, elle parlera de l’écriture retrouvée en France. Maha défend le droit des exilés, victimes des guerres. Primée par Human Right Watch, elle est attentive à la condition des femmes et se questionne sur le départ des jeunes vers la Syrie alors qu’ils vivent librement ici en France.

Maha Hassan parlera de son parcours et de la tragédie syrienne samedi 2 décembre à 18h à la MJC avec Anne Cousin et un membre d'Amnesty International.
Rencontre avec Maha Hassan, écrivaine kurde d’Alep

S’EXILER POUR VIVRE, LE DESTIN D’UNE FEMME D’ALEP À MORLAIX

Le samedi 02 décembre 2017

18h

À 18h à la MJC de Morlaix – suivi d’un moment convivial autour d’un verre

Organisée par Amnesty International et Anne Cousin

Dans le cadre du Festival des Solidarités

MJC de Morlaix
7 place du Dossen

Morlaix 29600

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