La possibilité d’une guerre nucléaire ? Personne n’y croit aujourd’hui, estime le philosophe Jean-Pierre Dupuy. Pourtant, dans « La guerre qui ne peut pas avoir lieu », il démontre que rien de solide n’empêchera le monde de sombrer dans une telle catastrophe.
L’auteur a eu la charité de prévenir son éditeur : le livre, son livre, « ne marchera pas ». Il ne figurera jamais parmi les bestsellers ; les ventes sont condamnées à rester confidentielles et l’on comptera sur les doigts de la main les comptes rendus. On n’invitera pas l’auteur à la télévision. Pourquoi ? Non pas que l’ouvrage soit mal écrit, verbeux, incompréhensible, trop long, trop court… C’est le contraire. Simplement, le sujet traité, la possibilité d’une guerre nucléaire, dans le monde actuel, « tout le monde s’en fout », estime le philosophe Jean-Pierre Dupuy. « Le sujet dont je traite ne passionne pas les foules », ajoute-t-il, parce que chacun est convaincu que la probabilité d’une guerre nucléaire est voisine de zéro. La bombe atomique n’a pas été utilisée pendant la guerre froide, une période d’affrontement idéologique extrême entre grandes puissances. Pourquoi le serait-elle aujourd’hui ? C’est une arme trop dévastatrice, est-on tenté de répondre. L’humanité n’a pas envie de se suicider. Dans les années soixante, des études étasuniennes évaluaient à 600 millions le nombre de morts qu’elle provoquerait. C’était avant l’entrée dans l’arsenal nucléaire de la bombe à hydrogène autrement plus puissante. Désormais, c’est en milliards qu’il faudrait compter. « Les chiffres sont si énormes qu’ils ne disent rien à personne », observe l’auteur avant de renvoyer à la « banalité du mal » d’Anna Arendt.
Les dirigeants politiques connaissent le prix d’un conflit nucléaire. Et les stratèges également, qui ont créé le concept de dissuasion sur lequel repose la paix mondiale depuis Hiroshima. En gros, le détenteur de la bombe atomique sait que s’il utilise l’arme atomique, il sera forcément la cible d’une riposte du pays agressé aussi dévastatrice sinon davantage. Donc, il s’abstient d’employer l’arme nucléaire. Le monde peut dormir tranquille.
L’histoire récente fourmille de ces escalades hasardeuses maîtrisées par miracle
Jean-Pierre Dupuy entend démontrer qu’aucun de ces arguments ne tient la route. À ses yeux, la menace d’une guerre nucléaire, loin d’avoir disparu, est « la plus importante » à laquelle nous restons confrontés. Donald Trump, qu’il cite avec gourmandise en exergue du livre, ne dit pas autre chose :
« Le monde n’a pas de défi plus important à relever (…). Personne ne veut en parler. Je crois, affirmait Trump dans une interview (mais le Trump du début des années 1990, bien avant son élection), qu’il n’y a rien de plus stupide que de croire que cela n’arrivera jamais juste parce que tout le monde sait que les armes nucléaires ont un immense pouvoir de destruction et qu’on va donc se garder de les utiliser. Quelle connerie [bullshit] ! »
Si une guerre nucléaire est déclenchée, prévient Jean-Pierre Dupuy, il ne faut pas croire que ce sera le fruit empoisonné de la décision d’un chef d’État. Aucun n’est assez fou pour désirer l’apocalypse. Lors de la crise de Cuba, qui vit les États-Unis et l’Union soviétique à deux doigts de s’affronter au début des années soixante, ni le président John Kennedy ni Nikita Khrouchtchev ne voulait d’un conflit nucléaire. Aujourd’hui, ni Donald Trump ni son homologue nord-coréen Kim Jong-un ne souhaite en venir au pire. Ils peuvent se traiter de « vieillard gâteux et impuissant » pour l’un, de « petit homme fusée » pour l’autre, ils savent jusqu’où ne pas aller.
Ce sera « par hasard », à la suite de la mauvaise interprétation d’un phénomène, ou d’un incident mineur déclenchant une cascade de conséquences non maîtrisées, que l’arme nucléaire sera utilisée. L’histoire récente fourmille de ces escalades hasardeuses maîtrisées par miracle. Jean-Pierre Dupuy en rappelle quelques-unes, dont certaines peu connues. En 1962, par exemple, un sous-marin soviétique croisant au large des côtes de Cuba fut repéré et encerclé par des bâtiments étasuniens — qui ignoraient qu’il était porteur d’engins nucléaires. Pour le contraindre à faire surface, ils lui envoyèrent des grenades sous-marines, conformément à un protocole de crise conclu entre les deux superpuissances. Sauf que le commandant du sous-marin ignorait tout du deal et que les communications avec Moscou étaient interrompues. Dans sa coque, où la température dépassait maintenant les 50 C, le commandant pouvait riposter en lançant ses engins nucléaires contre la flottille. Le commissaire politique donna son feu vert. Mais pas un troisième personnage, un officier d’un rang un peu moins élevé que le commissaire mais qui, hiérarchiquement, était au-dessus du commandant du sous-marin (il était chef d’état-major d’une flottille de sous-marins). Le submersible fit donc surface et l’incident en resta là. Que se serait-il passé en l’absence du troisième homme, qui se trouvait là un peu par hasard ? Peut-être a-t-on échappé à une guerre nucléaire ce jour-là.
Peut-on laisser des logiciels et des processus automatisés décider de l’avenir de milliards d’individus ?
Plus près de nous, il y a un an, un autre incident a manqué se terminer en catastrophe. Le 13 janvier 2018, les habitants de l’archipel d’Hawaï ont vécu 38 minutes d’enfer lorsqu’un message d’alerte a été diffusé (radio, internet…) leur annonçant qu’un missile balistique se dirigeait vers eux et qu’il ne s’agissait pas d’un exercice d’alerte. On imagine l’angoisse des habitants au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. Il s’est avéré plus tard que le déclenchement de l’alerte ne résultait pas d’une erreur grossière. Il avait été pris sur le fondement de vidéos mal interprétées. On était passé à deux doigts d’une catastrophe ! « On s’en est sorti grâce à la chance », a résumé à propos de ce type d’incidents l’ancien secrétaire étasunien à la Défense Robert McNamara, qui n’était pourtant pas un pacifiste.
Peut-on laisser des logiciels et des processus automatisés décider de l’avenir de milliards d’individus ? La doctrine nucléaire est à bout de souffle, conclut Dupuy et, de la même façon que les systèmes de déclenchement du feu nucléaire échappent de plus en plus à l’homme, la doctrine qui les sous-tend se délite peu à peu. Croit-on vraiment qu’un chef d’État dont le pays vient de subir une attaque nucléaire va riposter et ajouter du malheur au malheur ? Imagine-t-on qu’un bouclier antimissile peut sérieusement stopper 100 % des attaques de missiles alors qu’un seul d’entre eux peut rayer une capitale de la carte ?
Autant de questions embarrassantes qui passionnent le philosophe. Et qui devraient interpeller le citoyen. Le livre sera peut-être un succès — malgré le pessimisme de son auteur.
En fabricant artificiellement un véritable bréviaire de la mémoire historique, telle qu'elle l'entend, la majorité de l'Assemblée européenne annonce une chasse aux sorcières d'un type nouveau, pour faire simple, contre l'idéologie nazie et l'idéologie dite "communiste" inspirée de l'URSS d'hier en les mettant sur le même plan de rejet et de surveillance.
Qui remettait en cause les forfaits du stalinisme des années de plomb qui ont dévoyé l'idéal communiste ? Peu de gens, et surtout pas les communistes d'aujourd'hui. Mais cette façon de mélanger deux idéologies a pour but de créer la confusion et, surtout, de donner une interprétation négationniste de l'histoire.
Qu'on le veuille ou non ce sont les troupes soviétiques qui ont libéré Auschwitz et ce sont aussi elles qui ont changé le cours de l'histoire à Stalingrad en stoppant les troupes allemandes qui ont assassiné plus de 20 millions de soviétiques. Qu'on le veuille ou non ce sont les communistes allemands, et ensuite les autres, qui ont rempli les camps d'extermination nazis, ne l'oublions pas, et ce souvent aussi des communistes qui ont fait les frais des camps de Staline en Sibérie, sans compter des compagnons de Lénine qui ont été exécutés par le tyran.
Nous n'avons pas fini de décrypter les raisons qui ont permis le dévoiement de la révolution d'octobre mais nous avons fait le tour des horreurs nazies qui ont provoqué des dizaines de millions de morts dans le monde entier.
Cette manière expéditive de mettre dans le même sac deux idéologies bien différentes, particulièrement opposées, en les classant dans le pot du "totalitarisme" a pour but de créer en Europe un relais d'une guerre froide que Trump a déjà bien engagé aux USA.
En essayant de laver le cerveau des nouvelles générations, l'Assemblée européenne se livre à une entreprise de falsification grave de l'histoire.
Pour sauver le marché capitaliste, tout est bon, y compris la chasse aux communistes, en faisant semblant de s'attaquer aux résurgences du nazisme qui revient à la mode, au cœur même de l'Allemagne et dans toute l'Europe, notamment dans des pays comme la Pologne où le le Parti communiste et pourchassé et où les quelques israélites qui restent dans le pays ne sont pas à la fête.
S'acharner contre la mémoire communiste en prenant en exemple l'épouvantail des moustaches de Staline alors que partout ce sont les enfants plus ou moins directs du nazisme qui bousculent la démocratie parlementaire dans toute l'Europe, c'est déclarer la guerre tant à la vérité historique qu'à la liberté conscience dans une Europe qui n'est pas à l'abri du retour des monstres qui n'ont rien de communiste.
L’ARAC DENONCE UN VOTE DANGEREUX AU PARLEMENT EUROPEEN QUI MANIPULE L’HISTOIRE ET LA MEMOIRE
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Le Parlement européen a adopté (pour : 535 – contre : 66 –abstentions : 52), le 19 septembre 2019, une résolution sur« l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ».
Cette résolution est grave et abjecte. Elle constitue l’aboutissement de la stratégie de révisionnisme historique prônée par l’Union Européenne.
Ce texte assimile fascisme et communisme. Il explique que l’origine de la seconde guerre mondiale serait… le pacte germano-soviétique.
Non le pacte germano-soviétique n’est pas la cause de la seconde guerre mondiale.
Les causes de la seconde guerre mondiale doivent être recherchées dans la complicité silencieuse qui a permis le développement du fascisme et du national-socialisme contre le mouvement ouvrier, la collusion des grands monopoles allemands avec Hitler. Elles sont à chercher dans le silence assourdissant qui a conduit les états d’Europe à abandonner l’Espagne Républicaine aux mains du fascisme, dans la lâcheté qui a conduit aux accords de Munich le 28 septembre 1938 entre Daladier, Chamberlain, Hitler et
Mussolini.
Cette résolution cherche à effacer la contribution décisive des communistes et des peuples de l’Union Soviétique à la défaite du fascisme nazi.
Cette résolution occulte la gravité de la barbarie nazie et la renaissance du fascisme aujourd’hui.
Il est important d’avoir une rigueur historique, nous la devons aux millions de victimes, à tous ceux et avant tout les communistes et le peuple Russe qui se sont battus pour arrêter et vaincre Hitler.
Mettre sur le même plan et en les assimilant, le fascisme, le nazisme, le stalinisme et le communisme est une grossière simplification de la réalité.
Le fascisme favorisé et mis en avant a été le moyen trouvé par les capitalistes pour écraser les mouvements révolutionnaires des années 30 et sauver leurs systèmes. Le fascisme est la créature du capitalisme,
le moyen du repartage entre impérialistes du monde dans la guerre la plus violente de l'histoire.
Les communistes, au contraire, dans chaque pays d’Europe, ont organisé et animé une résistance héroïque contre le fascisme. Ils ont pu le faire grâce au large soutien populaire dont ils disposaient.
Présenter la Russie comme n’ayant souffert que du stalinisme (point 15 de la résolution), c’est nier l’ampleur des souffrances et des pertes subies par ce peuple, et par les soldats de l’Armée rouge (21 millions de morts), pour arrêter l’expansion nazie et permettre la libération de l’Europe.
Cette résolution, d’une extrême gravité, vise à ouvrir la voie l’interdiction des partis communistes, des forces progressistes et du mouvement syndical comme ce fut cas dès 1933 en Allemagne.
Avec
ce texte, le Parlement Européen veut empêcher toute révolte, toute contestation démocratique.
Le vote de ce texte est scandaleux et dangereux. Ceux qui l’ont voté portent une lourde responsabilité devant l’Histoire, ils font comme dans les années 30 le lit du fascisme.
Nous
n’acceptons pas la réécriture de l’Histoire sous peine de voir se reproduire les mêmes dangers. Réfléchir au passé pour construire le présent, implique d’avoir le courage et l’intelligence de regarder l’histoire de chaque peuple.
Mesdames et Messieurs les représentants des Etats, des journaux et des organisations progressistes du monde entier
Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,
Bienvenue à cette 84ème édition de la fête de la fête de l’Humanité dans cet espace dédié au dialogue et au débat entre les peuples du monde.
Merci à vous d’honorer ce rendez-vous si précieux qui vise à consolider les liens qui nous unissent par delà les pays et les continents, par delà nos langues, nos coutumes et nos singularités.
Des liens forgés au fil d’une formidable histoire qui n’a pas dit son dernier mot, celle de l’internationalisme bâti aux cours des deux derniers siècles entre les organisations ouvrières, progressistes, socialistes et communistes qui ont essaimé dans chaque recoin du globe.
Un internationalisme qui vise comme l’écrivait Jean Jaurès, l’illustre fondateur de notre journal, à « réconcilier tous les peuples par l’universelle justice sociale ». « Alors vraiment, mais seulement alors, précisait-il, il y aura une humanité réfléchissant à son unité supérieure dans la diversité vivante des nations amies et libres. »
Alors que l’égoïsme des nations rivales s’affirme partout, nos journaux, l’Humanité chaque jour, l’Humanité Dimanche chaque semaine et notre site internet, font entendre une toute autre voix, celle de la solidarité, des luttes mondiales pour la paix, la démocratie, la justice sociale et environnementale.
Ces combats mis bout à bout forment la cohérence d’un monde de fraternité qu’il nous tarde de voir accoucher et pour lequel nous œuvrons inlassablement.
Nos journaux vont vivre la voix des peuples du monde, loin des regards ethno-centrés ; font entendre la complexité des points de vue, à rebours des facilités répandues qui masquent souvent mal le sentiment de supériorité occidental. Ils refusent de suivre les injonctions diplomatiques pour faire vivre une voix indépendante, solidaire, combattive.
Je tiens devant vous à remercier les journalistes des services internationaux de L’Humanité qui sont chacune, chacun, des ambassadeurs de nos titres, des journalistes aussi méticuleux dans leur travail qu’engagés à faire vivre la solidarité internationaliste.
Que vive est se développe des journaux comme les nôtres, que vive avec eux la fête que nous organisons chaque année, est un enjeu qui dépasse le cadre de nos lecteurs, amis et sympathisants. Je sais combien dans vos pays respectifs l’Humanité est lue, observée, attendue pour mener, avec sa spécificité de journal, les grands combats qui sont devant chacun d’entre nous.
Permettez-moi tout d’abord d’avoir avec vous une pensée pour un ami, un camarade cher à nos cœurs, cher au cœur de millions d’africains qui nous a quittés il y a quelques semaines, Amath Dansoko. Le Mandela sénégalais comme on l’appelait là-bas, personnage central de la vie politique sénégalaise, dirigeant communiste et homme d’Etat, aura consacré son existence à la défense des intérêts de son peuple. Amath était un visiteur régulier de la fête de l’Humanité où il s’attachait à nouer des liens avec les militants communistes français et les organisations sœurs de nombreux pays. C’est avec émotion que nous célébrons aujourd’hui son souvenir en saluant l’ensemble de ses camarades du Parti de l’indépendance et du travail du Sénégal.
Chers amis,
Nous sommes, en quelque sorte, rattrapés par notre ambition internationaliste. Le capitalisme s’est depuis plusieurs décennies globalisé, fixant les enjeux de son dépassement à un niveau mondial.
Son emprise s’accélère à une vitesse inédite, et avec elle les désordres, les inégalités, les injustices.
Les entreprises transnationales d’une puissance de frappe supérieure à bien des Etats, dont les fameux ogres numériques à base nord américaine, répondent aujourd’hui d’un impérialisme économique violent et destructeur, adossé à des puissances étatiques dont la principale, les Etats-Unis, redouble d’ardeur, sous la présidence de M. Trump, dans sa volonté hégémonique.
Le capitalisme est entré dans une nouvelle phase de son développement, qui génère de nouvelles contradictions. Il porte plus que jamais en lui la nuée qui menace de se transformer en orage.
Financiarisé à l’extrême, profitant des paradis fiscaux qui pullulent pour voler les richesses produites par le travail, il ne veut plus répondre d’aucun des compromis que les peuples, avec et grâce à nos organisations respectives, étaient parvenus à lui imposer.
Dans sa folle dynamique, il saccage absolument tout, jusqu’à désormais menacer les conditions d’existence mêmes de notre commune humanité.
Les puissances rivales se réengagent dans une course frénétique aux armements, dont l’armement nucléaire, et les Etats-Unis poussent à l’escalade en sortant unilatéralement des traités qui encadraient depuis la guerre froide leur production.
Dans un même mouvement, la biodiversité s’effondre, le réchauffement climatique s’abat sur la planète, ses glaciers se décomposent et provoquent une montée spectaculaire des eaux, les villes deviennent suffocantes, et les forêts s’exposent aux flammes destructrices. Ce sont désormais des cyclones d’une intensité toujours plus forte qui ravagent des pays entiers. Le dernier Dorian, a littéralement dévasté l’archipel des Bahamas avant de menacer la Caroline du Sud. Et ce sont toujours les populations les plus fragiles qui subissent les terribles conséquences de ces phénomènes directement liés au réchauffement climatique. 2500 personnes sont à l’heure actuelle ont portées disparues aux Bahamas. Notre solidarité à leur égard est total et nous saluons les équipes de Secours Populaire français et des autres associations humanitaire qui se ont immédiatement déployées sur place.
En arrière plan s’étend la nébuleuse des extrême droites coalisées, accélérant la course aux armements comme le saccage de notre environnement, amplifiant partout la double exploitation de l’homme et de la nature.
Additionnées ces menaces n’en forment qu’une qui pèse sur la possibilité que se réalise un jour l’humanité.
Face à l’urgence de la situation et l’extrême gravité des périls, il est vain de vouloir prioriser nos combats. J’ai la conviction qu’il faut, avec nos organisations respectives, les mener tous de front, lier le combat pour la paix à celui pour la dignité humaine, le combat pour la justice sociale au combat pour la justice environnementale.
Karl Marx écrivait dans le Capital, je le cite, que « chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses ressources durables de fertilité ».
Oui, nous l’affirmons, la lutte pour la défense de notre environnement et contre le réchauffement climatique est indissociablement lutte pour libérer les individus de l’emprise du capital, pour libérer les travailleurs de leur asservissement.
Lutter efficacement contre le réchauffement climatique, c’est mettre cet enjeu au cœur de nos réflexions, de nos actions pour la justice sociale, c’est démontrer dans nos actes que justice sociale et environnementale sont indissociablement liées, s’est faire surgir la dimension de clase des injustices environnementales et des effets du réchauffement climatique.
Observons comment la jeunesse du monde s’empare de la lutte contre le réchauffement climatique, multipliant les initiatives qui, peu à peu, l’une après l’autre, interrogent les modes de productions et d’échanges, jusqu’à mettre en procès le capitalisme lui même.
Ici même, hier, une grande marche réunissant de nombreux collectifs, de nombreux jeunes, a déferlé dans les allées de la fête pour appeler au respect des conclusions de l’accord de Paris et des recommandations du GIEC.
Non, il n’y aura pas de lutte sérieuse contre le réchauffement climatique sans solidarité internationaliste des peuples.
Il n’y aura pas de lutte conséquente contre le réchauffement climatique sans transferts de technologies des pays riches vers les pays les plus pauvres, des anciennes puissances colonisatrices vers les anciens pays colonisés, pour qu’ils puissent assurer souverainement leur développement sans être contraints à recourir massivement à la combustion des énergies fossiles.
Il est urgent et nécessaire de conjurer la menace en exigeant collectivement que les sommes colossales englouties par le surarmement soient utilisées pour assurer la transition énergétique et écologique. C’est nécessaire, c’est vital !
Chers amis, chers camarades,
Les traditions politiques et philosophiques qui nous unissent aujourd’hui comme chaque jour dans nos causes communes, font face à l’offensive mondiale des extrêmes-droites et des obscurantismes fanatiques.
Pas un continent n’est aujourd’hui épargné par la contagion infectieuse des idées nationalistes, xénophobes et inégalitaires qui s‘enracinent dans le terreau des inégalités sociales et des mutilations démocratiques.
Les puissances d’argent s’accommodent évidemment partout de cette tendance nouvelle, pariant parfois sur leur développement pour conserver leurs privilèges.
La vieille Europe inquiète. Chaque année qui passe confirme la virulence du virus nationaliste, et chaque scrutin l’implantation des forces d’extrême-droite qui gouvernent désormais des puissances majeures du continent. Les résultats des dernières élections locales en Allemagne qui ont vu ressurgir les monstres du passé sonnent comme un dernier avertissement.
Malgré leurs contradictions, les forces d’extrême-droite discutent, s’entre-aident, construisent un projet politique appuyé par une frange toujours plus large des classes possédantes, appuyée par un redoutable appareil médiatique.
Nous ne pouvons plus aujourd’hui laisser le venin néo fasciste s’emparer des classes populaires, de la jeunesse, paralyser ainsi l’ensemble de la société et condamner la perspective d’une unité populaire.
C’est à la riposte que l’actualité nous oblige, chacune, chacun, individuellement et collectivement.
Une riposte contre tous les actes et propos racistes ou antisémites ; une riposte contre le nationalisme qui pervertit l’idée même de nation ; une riposte pour promouvoir l’égalité entre les êtres humains, entre les femmes et les hommes ; Une riposte pour fédérer le monde du travail et de la création, unir les forces sociales qui œuvrent au dépassement du capitalisme.
Mais nous l’affirmons : le combat contre les extrêmes droites et obscurantismes ne pourra faire l’économie d’un combat résolu contre ses causes.
Elles trouvent leur force propulsive dans le désarroi général que le capital en marche provoque en broyant les existences, en bloquant les perspectives politiques, en humiliant les peuples.
Cette offensive ne tombe pas du ciel. Elle s’appuie sur des structures et institutions que le capital s’est taillé sur mesure, au premier rang desquelles l’Union européenne telle qu’elle a été ficelée par les traités de Maastricht et de Lisbonne.
Mettant toute son énergie à imposer de violentes cures d’austérité dans tous les pays pour préserver les intérêts du capital, refusant la délibération démocratique des peuples qui la compose, instillant la concurrence entre nations et rejetant violemment toute forme de propriété sociale ou de service public, elle porte en elle la violence qui s’exprime dans toutes les sociétés européennes.
Cette construction européenne n’est au fond que l’expression des intérêts conjugués des classes possédantes de chacun des états qui composent l’Union, une machine à dépasser leurs contradictions pour garantir l’hégémonie des doctrines libérales les plus bornées.
Il y a pourtant urgence à dépasser cette funeste construction oligarchique pour fonder une Union des peuples et des nations libres, souverains et associés, mettant en partage leurs savoirs, leurs potentiels industriels, leur capacité d’accueil des réfugiés. Une union promouvant avec les peuples du monde des accords commerciaux coopératifs et égalitaires, indexés non pas sur le taux de profit des multinationales mais sur l’emploi, le travail, les salaires, la défense de l’environnement, les droits sociaux, l’éducation et la formation.
Oui la lutte contre les droites extrêmes et les obscurantismes est une urgente obligation.
Elle l’est ici comme elle l’est en Amérique latine où l’impérialisme américain n’hésite plus à renouer, comme il ya cinquante ans, avec les pires forces factieuses pour continuer de plier les peuples du continent à son emprise, en Colombie où le fragile accord de paix a été déchiré par le nouveau président Ivan Duqué et où les progressistes et militants syndicaux sont à nouveaux pourchassés et assassinés. Au Brésil bien sûr qui vit des heures sombres, où on brûle la forêt comme on jette libertés et droits sociaux au feu.
Cette fête de l’Humanité avec ses dizaines de milliers de participants s’affirme comme un puissant maillon de la chaine internationale de solidarité pour libérer notre camarade Lula.
Avec vous, nous crions, nous crierons : Lula livre !
Oui, libérez Lula pour libérer le peuple brésilien du sinistre Bolsonaro, nostalgique du fascisme et vulgaire provocateur ; pour libérer l’Amazonie des griffes de l’agro-business et de la bourgeoisie compradore, pour donner aux paysans sans terre, aux habitants des favelas l’avenir auquel ils ont droit.
Nous sommes fiers et honorés d’offrir avec cette fête de l’Humanité une puissante caisse de résonnance à ce combat décisif en accueillant cet après midi notre amie Dilma Roussef, la présidente du Brésil renversée par un complot mafieux, par l’alliance d’une justice corrompue et des intérêts des grands groupes capitalistes sous férule nord américaine.
Non l’Amérique latine n’est pas à vendre et ses peuples résistent avec vaillance à la contre offensive impérialiste. Ils résistent au Venezuela que d’aucun jurait perdu, mais dont le peuple refuse de tourner la page de la révolution bolivarienne et de s’offrir à l’oligarchie locale.
Ils résistent à Cuba, cette vaillante île dont nous célébrons cette année les 60 ans de la libération. 60 ans de combats internationalistes, 60 années de résistance du David des Caraïbes face au Goliath nord-américain. Cuba qui continue d’écrire son histoire à l’encre du socialisme, de l’impertinence, du courage, et continue de faire vivre, dans tout le continent sud américain, la voix de la paix et du dialogue, de l’écologie comme du droit à l’éducation, à la santé, à la culture. Nous sommes honorés d’accueillir parmi nous celui qui fut son ministre de la culture, dans un pays qui en regorge, pendant plus d‘une décennie, notre ami Abel Prieto. Et avec lui, avec vous, nous exigeons la fin de l’infâme blocus qui pèse toujours sur Cuba alors que M. Trump en promet un nouveau, plus dur, plus violent qui viserait à étouffer littéralement le peuple cubain et sa souveraineté.
Oui l’offensive des extrême-droite est une plaie mondiale qui trouve des ramifications jusqu’au Proche-Orient où le gouvernement israélien s’enfonce chaque jour dans la compromission avec l’obscurantisme, le suprématisme et le racisme.
La manière dont le silence fut entretenu durant tout l’été en France sur les nombreux raids meurtriers des forces israéliennes à Gaza et en Cisjordanie nous fait honte.
Ce silence est une carte blanche laissée à M. Netanyahu pour amplifier l’ignoble colonisation des terres palestiniennes l’expropriation des paysans et habitants, espérant mettre un terme définitif à une solution à deux Etats en voulant annexer désormais le tiers de la Cisjordanie en la purgeant de sa population.
Les quelques officines qui exercent un chantage à l’antisémitisme sans relâche sur nos journaux et sur notre fête en raison de leur soutien à la cause palestinienne, devraient se faire modeste et rougir de honte.
C’est bien M. Netanyahou qui pactise avec les évangélistes millénaristes et nord américains qui rêvent d’une terre sans juifs, avec les gouvernements européens, dont celui de M. Orban en Hongrie, portés par un antisémitisme viscéral qu’ils continuent de prodiguer à haute dose dans leur société, avec les monarchies théocratiques et islamistes du Golfe.
Nous l’affirmons ici, l’ami des juifs comme des arabes, des israéliens comme des palestiniens c’est la paix, la seule paix adossée au droit international.
Une inaccessible paix tant que continueront à croupir dans les geôles israéliennes les milliers de prisonniers politiques palestiniens, tant que notre ami Marwan Barghouti restera embastillé.
Nous avons l’honneur d’accueillir parmi nous M. Walid Assaf, Président de la commission de résistance contre la colonisation et le mur de séparation. Soyez assurés, M. le Ministre de notre totale et irréductible engagement aux cotés de votre peuple.
Chers amis,
Au cœur des actuelles contradictions s’affirment de nouvelles voix, de nouveau choix. Ces contradictions sont autant d’interstices dans lesquelles s’écrivent l’histoire, se cimentent les luttes.
Les puissances capitalistes occidentales redoublent d’agressivité à mesure qu’est contestée leur hégémonie. Les peuples du monde aspirent partout à décider souverainement de leur destin, à un monde multipolaire dont l’Assemblée générale des Nations Unies forme l’embryon.
Ce sont ces peuples et ces nations qui ont approuvé il y a deux ans le Traité visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète, signé par 133 états. Ils tracent ainsi un chemin d’humanité alors que les braises du conflit entre l’Inde et les Pakistan, deux puissances nucléaires, reprennent feu, alors que l’Iran est poussé par l’incurie diplomatique des pays occidentaux à renouer avec l’enrichissement d’uranium au-delà des limites fixées et adoptées à Vienne il ya quatre ans.
Dans ce monde nouveau est observé, jalousé, contesté l’incroyable développement de la Chine qui a produit des efforts surhumains pour permettre à plus d’un milliard d’êtres humains de sortir en quelques années de la grande pauvreté.
Oui la Chine est indispensable à l’existence d’un monde multipolaire, à un équilibre des forces gage de paix et de stabilité mondiale. Elle trace sa route en relevant de nombreux et colossaux défis, dont celui de la transition écologique d’un modèle de développement unique.
Si des débats, des désaccords parfois, peuvent voir le jour, ils ne sauraient gommer l’estime pour un peuple qui a su vaillamment tourner la page de plusieurs siècles d’humiliation par les puissances occidentales. Nous sommes très attentifs au projet de route de la soie et vigilants à ce qu’il soit l’indispensable projet de coopération, respectueux de l’environnement et des peuples souverains dont le monde a besoin et que nous appelons de nos vœux.
Chers amis, chers camarades,
Dans les désordres du monde, les plus fragiles, les plus vulnérables, les plus exploités font l’objet de toutes les humiliations et vexations. Ce sont ces exilés qui parcourent le globe, poussés par la seule et invincible volonté de vivre et qui, pour une infime minorité d’entre eux, demandent refuge à des pays européens qui tournent le dos aux principes moraux et politiques les plus élémentaires.
L’ONU prévoit le déplacement de 280 millions d’êtres humains liés à la montée des eaux d’ici quelques années si rien n’est fait pour conjurer le réchauffement climatique. A ceux là s’ajoutent les millions de déplacés par les guerres de proie atroces qui ravagent les pays africains comme le Proche et Moyen-Orient
Les démagogues de France et de toute l’Europe jouent sur les manipulations et les peurs au sujet des migrants.
Le cas du continent africain est éclairant à ce sujet. Les causes principales qui poussent des familles ou des jeunes sur les routes de l’exil sont connues : conflits, dictatures, chômage et absence de perspective.
Mais savez-vous qu’il n’y a pas plus de migrations en Afrique que dans le reste du monde ? La migration touche moins de 3 % de la population du continent. Et l’immense majorité, plus de 90 % des migrants africains reste en Afrique ! Voilà la réalité située bien loin des idées reçues !
L’Afrique est un continent qui est confronté à des défis immenses bien sûr, mais qui bouge, qui lutte avec de formidables atouts, à commencer par sa jeunesse.
C’est elle qui bouscule les scénarios établis, comme en Algérie ou au Soudan. Qui aurait pu croire il y a quelques mois encore que Bouteflika seraient démis par leurs peuples ? Que le peuple algérien se fédérerait au-delà de ses particularismes, de ses divisions entretenues, pour ébranler un système de pouvoir jugé confiscatoire ? Oui nous saluons de cette fête de l’Humanité le peuple algérien et toutes les forces démocratiques qui concourent à écrire les nouvelles pages d’un peuple vaillant, libre, déterminé à faire vivre la justice sociale et l’égalité.
Nous saluons le peuple soudanais parvenu à s’extirper des griffes de son dictateur sanguinaire et soutenons de toutes nos forces son aspiration à la liberté. Cette si fragile aspiration au moment où le pouvoir militaire cherche avec l’appui des monarchies du Golfe à rejouer la partie.
Ces deux événements majeurs sont le signe d’une profonde aspiration à gagner des espaces de liberté, de démocratie et de droits en Afrique, des jeunesses africaine à prendre la main sur leur destin. Les dictateurs peuvent s’en inquiéter et les progressistes se solidariser pour chasser les autocrates au Togo, au Cameroun, en Côte d’ivoire au Tchad, au Congo ou à Djibouti…
A ce propos, permettez-moi de faire un salut fraternel à notre ami et camarade Mohamed Kadamy, ici présent, leader du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie à Djibouti, réfugié politique en France depuis deux décennies. Il a été mis en examen ici même le 13 février dernier, à la demande des autorités Djiboutiennes. Pour d’obscures raisons, les autorités françaises seraient tentées de livrer un opposant, protégé par le statut de réfugié politique. Ce serait un insupportable coup porté aux droits humains et au statut de réfugié. Notre solidarité doit s’amplifier avec Mohamed Kadamy pour le protéger face à un régime dictatorial.
Chers amis,
L’Afrique est au carrefour de l’impérialisme mondial et victime du libre-échange imposé à marche forcée. Les fameux Accords de Partenariats Economiques mis en place par l’Union européenne vont fragiliser toujours plus les économies locales, laissant libre court à la loi du plus fort.
Il faut faire face à ce chaos libéral qui déstructure les sociétés africaines, et qui impose un modèle économique cruel, de pillage du sol et du sous-sol, de prédation des ressources et d’exploitation des hommes. Il favorise la pauvreté, les inégalités et amplifie les maux que nous connaissons ici, et qui en Afrique s’en trouvent démultipliés, avec la destruction des écosystèmes, de la biodiversité, et des niveaux de pollutions jamais atteints. Dorénavant, sur le continent africain on meurt davantage des conséquences de la pollution de l’air que de la faim.
Le chaos libéral vient nourrir un terreau favorable aux conflits et aux déstabilisations. Il est le terrain de jeu des multiples entrepreneurs de la violence qui essaiment, de la Centrafrique à la République Démocratique du Congo, de la Libye au Golfe de Guinée.
Le Sahel en est le symptôme le plus évident. Après la guerre destructrice contre la Libye, l’intervention militaire française comme seule réponse au Mali et dans la sous-région tourne à l’échec. Certes, la présence militaire vise une domination politique et donc économique. Mais à quel prix ! Le Mali se fragilise de plus en plus, le Burkina est dans la tourmente.
Il apparaît évident que l’opération Barkhane ne peut être la solution. Des voix diverses et de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander de créer les conditions du départ de la présence militaire française. Les solutions sont ailleurs, singulièrement dans la réponse aux immenses défis sociaux, économiques, environnementaux.
Oui, les pays de la bande sahélienne ont besoin de sécurité. Il faut pour cela sécuriser la vie, mettre en place une protection sociale solidaire et un système de retraites adaptés aux réalités africaines, un nouveau modèle agricole, lutter contre l’évasion fiscale, développer des services publics, développer des industries qui bénéficient du transfert de technologies pour pouvoir répondre aux immenses besoins des populations.
Pour que les pays et les peuples africains aient les moyens concrets d’atteindre ces objectifs il s’agit, ici comme là-bas, de mettre en œuvre des logiques de coopérations radicalement différentes à celles qui prévalent aujourd’hui.
Chers amis, chers camarades
Je crois, à travers ces quelques mots, avoir tracé avec vous de nouveaux chemins d’humanité. Les enjeux soulevés sont nombreux, colossaux, inquiétants. Mais dans ses contradictions, le moment fait naître de nouveaux terrains de batailles et ouvre de nouveaux possibles. Ils s’ouvrent aux Etats-Unis avec de nouvelles forces démocratiques, ils s’ouvrent au Maghreb, en Afrique.
Ils s‘ouvrent par le dialogue qui s‘instaure au sein de l’assemblée générale des Nations-Unies, cette conquête décisive qui doit être protégée malgré ses failles et insuffisances.
C’est à l’indépassable unité populaire dans nos pays respectifs qu’il nous faut œuvrer face à la prédation oligarchique, aux prébendes actionnariales, aux désastres environnementaux.
C’est par le combat universel pour la liberté et la justice sociale, pour l’égalité que se fraieront les nouveaux chemins d’humanité.
C’est par la solidarisation patiente des travailleurs du monde entier que s’évanouiront les divisons instillées par le grand patronat et les forces d’argent.
Nous formulons le vœu que cette fête de l’Humanité puisse permettre de raffermir vos liens, nos liens pour qu’ensemble, nous pussions œuvrer à l’émergence du monde de justice, de paix, de fraternité qu’attendent de si nombreux peuples de notre commune humanité.
La situation espagnole m'inspire une pensée qui n'engage que moi. Sanchez, leader du PSOE, a, en fait, refusé de créer, contrairement aux socialistes portugais, dans un autre contexte, une coalition de gauche avec IU-Podemos. C'est clair, parce qu'il avait toutes les cartes en mains pour trouver une solution.
C'est un choix politique qui en dit long sur les pressions de la finance sur les gouvernances, dans toute l'Europe. Sanchez a pris un risque en faisant le pari de se retrouver seul à pouvoir gouverner l'Espagne en soufflant le chaud et le froid sur tous les dossiers, régionaux et sociaux. En fait il tente de faire en sorte qu'en Espagne on ait à choisir uniquement entre les conservateurs nostalgiques du Franquisme et lui. Cela rappelle ce que nous connaissons en France.
Bien sûr, il est hors de question de comparer, au-delà de cette constatation, la situation espagnole et française. Cela dit, l'Espagne n'est pas prête d'être gouvernée à gauche et les Catalans risquent bien de se retrouver bientôt avec un article 155 version Sanchez, si on se réfère à son dernier discours où il fustige les "privilégiés" de Barcelone.
C'est mal connaître cette région où le salaire moyen est à moins de 1000 euros. Bien sûr, il y a de la richesse, mais elle vient d'un patronat puissant et dominateur, à l'image de celle qui assiste au mariage de Valls, de capitaux étrangers qui se déversent sur Barcelone et la Costa Brava pour concentrer à la fois le luxe et la spéculation immobilière touristique et affairiste. Les Catalans n'en voient que peu de retombées qui sont partagées sans heurt avec ceux qui viennent du reste de l'Espagne pour survivre avec les miettes précaires en étant obligés, comme dans toute l'Espagne, de faire plusieurs petits boulots pour ne pas tomber dans la grande misère.
Ce que l'on peut espérer, c'est que la droite ne profite pas de la situation pour reprendre le pouvoir et que l'opposition de la gauche dite "radicale" renforce ses positions. C'est loin d'être gagné mais c'est la seule solution pour que l'Espagne ne rejoigne pas la cohorte des pouvoirs qui imposent aux citoyens la soupe libérale décomplexée et autoritaire.
Un petite lumière dans le paysage. Les Catalans indépendantistes, qui redoutent l'isolement, commencent à comprendre qu'il serait temps de s'intéresser à la situation sociale de la région et sortir d'une vision contreproductive de leur propagande (ici on est mieux que dans le pays d'à côté, entendu l'Espagne...).
Ils semblent vouloir donner un contenu plus réceptif aux aspirations populaires dans leur lutte pour une République qu'ils rêvent indépendante. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
On pourrait rêver dans la foulée d'un rapprochement entre toutes les gauches catalanes qui sont, ne l'oublions pas, les héritières d'un riche passé révolutionnaire, mais on n'en est encore très loin. En Espagne comme dans toute l'Europe, le temps des cerises est encore une vue de l'esprit, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas continuer à cultiver le jardin de cette belle idée partageuse qui n'aime ni les frontières ni les murs, fussent-ils virtuels.
Le PCF et le PTB, Parti des Travailleurs Belges, en pleine phase ascendante, entretiennent des relations très suivies. Le parlementaire charismatique du PTB, Raoul Hedebouw, était en meeting contre l'évasion fiscale avec Ian Brossat et Fabien Roussel à la frontière franco-belge avant les Européennes, il était présent à la fête de l'Humanité et a pu débattre avec les communistes, comme d'autres dirigeants du PTB. Et ce week-end, c'était Fabien Roussel qui étaient en déplacement en Belgique pour la "Manifiesta".
Ces échanges et cette relation de camaraderie entre les partis marxistes européens sont essentiels pour faire face à la double vague destructrice de l'ultra-libéralisme et du populisme d'extrême-droite.
Publication PCF Europe:
Fabien Roussel à la #Manifiesta en Belgique au côté de nos camarades du #PTB pour discuter des convergences entre la France et la Belgique notamment sur la lutte contre l'évasion fiscale, les retraites, le référendum aeroport de Paris, les services publics, les luttes sociales et écologiques... Bref des la nécessité de lutter ensemble contre ce système capitaliste pour remettre l'humain au coeur de la société ! #solidaritéinterntionale#PCFisback#convergencedesluttes
Pour la première fois depuis 2009, la Réserve fédérale a dû intervenir en urgence sur le marché monétaire, en y injectant 130 milliards de dollars. Les responsables tentent de rassurer en expliquant qu’il s’agit d’un mauvais concours de circonstances. Les raisons semblent beaucoup plus profondes : le système financier croule sous trop de dettes à court terme.
Tous y pensent. Forcément. L’intervention en urgence de la Réserve fédérale américaine mardi 17 septembre sur le marché monétaire a ravivé de mauvais souvenirs. « Cela ressemble au scénario d’août 2007, quand les banques n’arrivaient plus à trouver d’argent sur lesmarchés », relève l’économiste spécialiste du monde financier, Laurence Scialom, professeur à l’université Paris Ouest.
Spontanément, l’ancien banquier Jean-Michel Naulot fait lui aussi le rapprochement avec août 2007, considéré désormais comme le début de la crise financière. « Jean-Claude Trichet [alors président de la BCE – ndlr] s’était félicité par la suite des interventions spectaculaires mises en œuvre pour enrayer la crise de liquidité. Il avait débloqué alors 90 milliards d’euros », se rappelle-t-il.
La FED a décidé d’agir de façon encore plus spectaculaire mardi. En une seule journée, elle a débloqué 53 milliards de dollars pour assurer les financements sur le marché monétaire. Dans la soirée, elle a annoncé qu’elle allait remettre 75 milliards de dollars mercredi pour stabiliser le marché.
C’est la première fois depuis l’automne 2009 que la banque centrale américaine est obligée de s’engager sur le marché monétaire pour ramener les taux d’intérêts à des niveaux plus supportables sur le marché du « repo » (repurchase agreement). Ce marché permet aux intervenants financiers (banques, fonds, hedge funds) de trouver l’argent dont ils ont besoin le temps d’une nuit. En échange des fonds prêtés, ils déposent des titres en garantie, le plus souvent des bons du Trésor ou des obligations d’État. Considérés comme très peu risqués car à très court terme et garantis, ces prêts sur le marché du « repo » évoluent à des taux avoisinants ceux de la FED, autour de 2-2,25 %.
Sauf que mardi, tout s’est déréglé. Dès l’ouverture, les signaux rouges ont commencé à clignoter : les taux étaient à plus de 4 % et ont continué à s’envoler pour aller jusqu’à 10 %. Jusqu’à ce que la Fed annonce en catastrophe qu’elle apportait les liquidités nécessaires pour assurer les opérations de refinancement et prévenir une contagion qui commençait à gagner d’autres marchés, notamment celui des créances commerciales.
L’effet de son intervention n’a tenu que quelques heures. À la clôture, les taux sur le « repo » étaient à nouveau à plus de 4 %, obligeant la Réserve fédérale à faire une nouvelle annonce d’apport de 75 milliards de dollars de liquidités supplémentaires pour mercredi.
Une intervention d’une banque centrale sur les marchés, et encore plus quand il s’agit de la FED, est porteuse de doutes et d’inquiétudes. Les premiers messages envoyés se sont donc voulus très rassurants. Ce qui s’était passé mardi n’était lié qu’à une addition de facteurs techniques, un malheureux concours de circonstances, à en croire certains analystes.
Le 15 septembre, les entreprises américaines devaient payer leurs impôts, ce qui a réduit le volume des financements disponibles sur le marché, expliquent-ils. Dans le même temps, le Trésor américain a lancé de nouvelles émissions correspondant à 78 milliards de dollars, qui devaient être payées en début de semaine, ce qui a participé au siphonnage des liquidités existantes. De plus, le même Trésor américain aurait souhaité augmenter ses réserves, jugées trop basses, auprès de la Fed, ce qui aurait contribué à encore diminuer l’argent. Enfin, les attaques contre les infrastructures saoudiennes auraient provoqué un choc en retour sur les marchés.
L’ennui de toutes ces explications circonstanciées est qu’elles résistent mal aux faits : les tensions sur le marché monétaire n’ont pas commencé mardi ni même lundi. Depuis août, des observateurs commencent à s’inquiéter des problèmes de liquidités sur les marchés. Dès la semaine dernière – c’est-à-dire avant la date d’échéance des impôts pour les sociétés, les enchères du Trésor américain, ou les attaques contre l’Arabie saoudite –, des alertes clignotaient ici et là, des traders parlaient des difficultés rencontrées pour trouver des refinancements.
Les responsables politiques et nombre d’observateurs n’ont pas pris conscience de ce qui se joue actuellement. Pour eux, le critère de la bonne santé économique et financière se limite aux marchés actions. Or, ceux-ci volent de record en record, affichant « la plus grande déconnexion avec l’économie réelle depuis 2007 », comme le souligne Saxobank dans son dernier rapport trimestriel. Mais sur les autres marchés – monétaires, obligataires, des changes… – des frictions se nouent, loin du regard du public, et commencent à émerger, se traduisant par des volatilités accrues.
« Il semble qu’il y a quelque chose de sous-jacent dont on ne sait rien encore », confie Scott Skyrm, trader sur les marchés des « repos » au Wall Street Journal.« Les crises de liquidités, compte tenu de leur effet déflagrateur, se gèrent dans le plus secret. Ce n’est qu’après que l’on apprend ce qui s’est passé. Mais je pense que la Réserve fédérale, qui s'était engagée dans un resserrement monétaire, a eu des signaux de tensions dès décembre. D’où sa volte-face sur sa politique monétaire en janvier », poursuit Jean-Michel Naulot.
Alors que les banques centrales ont déversé plus de 6 000 milliards de dollars dans le système financier, que les marchés croulent littéralement sous l’argent, comment est-il possible que la liquidité vienne à manquer ? « Le problème, ce n’est pas un manque de liquidités, mais la question de sa circulation, de son affectation. Trop d’argent a été alloué à de mauvais endroits », relève Laurence Scialom.
Ce sont les raisons profondes des soubresauts actuels : la création monétaire laissée à la disposition du monde financier, totalement en roue libre, a conduit à un système basé sur la dette. Une dette, notamment privée, qui a pris des proportions encore plus astronomiques depuis la crise financière. Dans tous les secteurs, sur tous les marchés, des positions de plus en plus risquées ont été prises, en s’appuyant sur des effets de levier gigantesques. « Et c’est de la dette à très court terme », relève Laurence Scialom. C’est ce que traduisent aussi les difficultés sur le marché du « repo » : il s’agit de positions financières prises à très court terme, pouvant se déboucler très rapidement, et qui sont refinancées au jour le jour sur le marché, pas d’investissements « durs » dans l’économie réelle.
« L’augmentation des “repos” et des autres taux à court terme est révélatrice de la réduction du montant du bilan que les intermédiaires financiers souhaitent ou sont capables de fournir à ceux qui recherchent un financement à court terme », avertit Tony Crescenzi de la société de gestion Pacific Investment Management. D’autant qu’au même moment, ajoute Jean-Michel Naulot, « l’accroissement du déficit budgétaire américain, qui risque de dépasser les 1 000 milliards de dollars, crée des besoins de financement extraordinaires ».
Alors que les incertitudes sur l’économie mondiale grandissent, le choix des intermédiaires financiers qui ont de l’argent à placer est vite fait : ils achètent des bons du trésor et autres titres souverains américains, considérés comme le meilleur placement sans risque dans les temps compliqués. Ce qui participe à raréfier les possibilités de refinancement.
Ces convulsions sur le marché monétaire tombent au pire moment pour la FED. Mercredi et jeudi, les membres de la Réserve fédérale se réunissent pour définir la politique monétaire dans les mois à venir. Mis sous pression par Donald Trump depuis des mois, le président de la FED, Jerome Powell, avait déjà évoqué la possibilité de renouer avec une politique monétaire plus accommodante, et d’abaisser les taux afin de soutenir l’économie américaine dans ces temps incertains. Mais il va peut-être être condamné à faire plus, beaucoup plus.
Car l’intervention de la FED pour calmer la fièvre sur le marché monétaire a jeté le doute et le trouble dans les esprits. Inévitablement, la question de la confiance va se poser sur les marchés. Les investisseurs risquent de recommencer à traquer les actifs les plus risqués, les acteurs ou les sociétés jugées les faibles, au risque de provoquer une crise qu’ils redoutent.
Pour rétablir la confiance, la FED va devoir mettre tout son crédit dans la balance. Déjà certains prédisent le retour prochain – avant la fin de l’année, disent-ils – et inévitable du quantitative easing (programme de rachats de titres), seul moyen, selon eux, d’assurer la liquidité nécessaire pour refinancer les risques fous pris depuis des années et de préserver la stabilité du système financier. Mais il n’est pas sûr cette fois que cela suffise.
En créant l’amalgame entre la « protection du mode de vie européen » et les migrations, la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, donne des gages à l’extrême droite.
Qu’est-ce que le « mode de vie européen » ? De la Finlande à la Grèce, la pente est assurément glissante. Dans une tribune publiée lundi par plusieurs quotidiens du continent, la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soutenue par les trois principaux groupes de l’Assemblée – le Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D) et les libéraux de Renew Europe (RE) –, a justifié la création d’un poste de commissaire européen en charge de « protéger notre mode de vie européen ». Sous-entendu, des réfugiés et des migrants.
Les « adversaires de l’Europe » ?
Le portefeuille, qui revient au Grec Margaritis Schinas, est depuis sous le feu des critiques. Pourtant, se défend Ursula von der Leyen, « chaque jour ce mode de vie est contesté par des adversaires de l’Europe venant aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur de nos frontières ». Et de soutenir : « Nous ne devons pas laisser ces forces détourner à leur profit la définition du mode de vie européen. Elles veulent qu’on lui donne un sens opposé à son sens véritable, miner peu à peu nos fondations et semer la discorde entre nous. » Dans une tentative de corriger le tir, Ursula von der Leyen a brandi l’article 2 du traité de Lisbonne, qui définirait, selon elle, ce « mode de vie européen » par le respect de la dignité de la vie humaine, l’égalité, la solidarité, le pluralisme ou encore la tolérance… On ne sait, dans son esprit, si la concurrence libre et non faussée, le pacte de stabilité et le dumping social sont également constitutifs de l’identité continentale.
Ces dernières années, la montée progressive des extrêmes droites est allée de pair avec une remise en cause progressive du droit d’asile et une approche exclusivement sécuritaire de la question par les soi-disant gardiens du temple démocratique. Pourtant, même parmi les soutiens d’Ursula von der Leyen, il se trouve des voix pour demander la sortie de la politique migratoire du portefeuille de Margaritis Schinas afin d’« éviter les associations malheureuses », selon le Roumain Dacian Ciolos, président du groupe Renew Europe, ou à ce que le nom du poste soit modifié. Ne reculant devant rien, Jean-Claude Juncker, auquel Ursula von der Leyen doit succéder le 1er novembre, a pour sa part estimé qu’il « faudra changer (ce nom) » alors même que son mandat n’a cessé de valider l’idée d’une « crise migratoire » et d’une nécessaire protection des frontières. À gauche, l’eurodéputée écologiste Karima Delli juge que « cette nouvelle Commission ne peut pas faire ses premiers pas entachée par une sémantique d’extrême droite ». De fait, depuis la fin du XIXe siècle, l’extrême droite nourrit l’idée d’une protection des modes de vie ou des « écosystèmes humains que sont les nations », étant entendu que, de ce côté de l’échiquier, l’immigration est perçue comme un facteur de déséquilibre culturel.
Ces élections ont lieu de manière anticipée suite à l'échec de la formation d'un gouvernement de coalition après les élections organisées cinq mois plus tôt. A l'issue de ce scrutin, Benyamin Netanyahu sort battu des élections et en difficulté pour trouver une majorité - article et traduction Nico Maury
Voici les résultats portant sur 63,10% des bulletins.
La coalition kakhol lavan (Blanc-bleu) de l'ancien général de Tsahal, Benny Gantz, arrive en tête des élections avec 25,66% (-0,47) des suffrages et 32 sièges (-3). Pour être très clair sur les intentions de Benny Gantz, ce dernier a appelé le Likoud à créer avec sa formation une coalition - sans Netanyahu.
Pour le Likoud de Netanyahu c'est la douche froide avec un score de 25,03% des voix (-1.43) et 31 sièges (-4). Avec ses partis alliée, il ne disposerait que de 55 sièges, un seuil insuffisant puisqu'il en faut 61 pour disposer d'une majorité à la Knesset. Il devra faire appel a un parti d'extrême droite pour disposer de cette majorité.
Pour les partis partenaires du Likoud, nous avons : le Shas (religieux) avec 7,65% des voix et 9 sièges (+1), le Yahadout HaTorah (religieux) avec 6,25% des voix et 8 sièges (=), Yamina (extrême droite) avec 5,73% et 7 sièges (+7).
Yisrael Beytenu (extrême droite) d'Avidgor Lieberman remporte 7,11% des voix et 9 sièges (+4). Ce parti se retrouve dans la situation de faiseur de rois.
Le Hadash moteur du rassemblement et de la gauche
La belle surprise vient de la Liste unifiée qui s'impose comme troisième force du pays et surtout, via le Hadash - leader de ce rassemblement - première force de la gauche en Israël.
La Liste unifiée, conduite par le député communiste Ayman Odeh, remporte 10,71% des voix et 13 sièges (+3). rappelons que lors des élections d'avril, cette liste était scindée en deux et n'avait remportée que 6 sièges pour le Hadash-Ta'al et 4 sièges pour le Ra'am et Balad. La dynamique semble être de nouveau au rendez-vous. Ainsi, unie, cette liste passe de 7,82% des voix à 10,71%.
Du côté des autres forces de gauche-centre-gauche. Le Parti travailliste, jadis principale force du pays, continue a être faible avec seulement 4,81% des voix et 6 sièges (=). Il était allié au parti Gesher (centre).
Du côté du Meretz, au sein de l'Union démocratique, il recueille 4,30% des suffrages et 5 sièges (+1). Le Meretz parvient à reprendre des couleurs puisqu'il passe de 3,63% en avril à 4,30%.
La gauche israélienne dispose de 24 sièges sur 120 à la Knesset et a reçu un soutien populaire de 19,82%. Un score alarmant.
Le premier ministre sortant n’a pas réussi son pari. Il est derrière son principal concurrent, Benny Gantz. La Liste unifiée conduite par le communiste Ayman Odeh est troisième. Une tourmente politique s’annonce.
Touché mais pas encore coulé ! À l’issue du scrutin législatif qui s’est déroulé mardi en Israël, Benyamin Netanyahou sait que son avenir est toujours plus incertain. Lui qui, incapable de former une coalition lui permettant de retrouver son poste de premier ministre, avait manœuvré au lendemain des élections du mois d’avril pour faire dissoudre le Parlement se retrouve dans une posture encore plus difficile. Autant dire que son thème de prédilection – « Moi ou le chaos » –, s’il interpelle encore beaucoup d’Israéliens, ne lui a pas permis de faire la différence avec son principal rival, Benny Gantz, qui conduisait la liste Bleu-blanc ; la somme des soutiens dont il pourrait bénéficier n’atteint pas les 61 députés requis (sur 120 que compte la Knesset) pour rester au pouvoir.
Belle percée de la Liste unifiée
Mercredi, en début d’après-midi, après le dépouillement de 92 % des bulletins, son parti, le Likoud n’emportait que 31 sièges (contre 35 en avril), alors que la liste Bleu-blanc en obtenait 32. Chaque tête de liste va bientôt faire savoir au président israélien, Reuven Rivlin, ses recommandations en vue de former un gouvernement. Le chef de l’État confiera alors à l’un des candidats le soin de réunir une coalition.
Benyamin Netanyahou devrait naturellement s’allier avec les partis religieux, qui devraient compter à présent sept (Shass) et neuf sièges (Judaïsme unifié de la Torah). À cela s’ajoutent les huit députés de Yamina, parti de droite radicale sous l’égide des anciens ministres Naftali Bennett et Ayelet Shaked. En tout : 56 sièges, pas assez pour rester premier ministre. De son côté, Gantz pourrait s’allier avec les partis dits de gauche – six pour l’Union démocratique (Meretz et l’ancien premier ministre Ehoud Barak) et cinq pour les travaillistes. Soit 43 députés.
Pour faire quasiment jeu égal avec Netanyahou, il faudrait que Gantz se tourne alors vers la Liste unifiée, conduite par le communiste Ayman Odeh – incluant toutes les formations arabes israéliennes –, qui crée la surprise en obtenant 13 sièges (troisième force au Parlement désormais). La campagne menée a porté ses fruits. L’électorat arabe s’est fortement déplacé (plus de 60 %, contre 49 % en avril) pour faire échec à Netanyahou. Et il est à penser que la stratégie d’Odeh, visant à mordre également sur l’électorat juif, a été gagnante. À quelques jours du scrutin, une centaine d’universitaires ont appelé l’électorat juif à voter pour la Joint List, expliquant que celle-ci est la « maison de tous ceux qui croient en une totale égalité civile et nationale pour les Arabes et les juifs, veulent en finir avec l’occupation, souhaitent la démocratie, la paix et la justice sociale ».
L’idée première était donc d’en finir une fois pour toutes avec le règne de Benyamin Netanyahou, qui s’est traduit pour les Arabes israéliens par des attaques répétées quant à leur statut, dans une société de plus en plus raciste, voire se transformant en apartheid. Sans parler de l’aggravation de la colonisation et des menaces de guerre toujours plus grandes. Lundi, on apprenait que le premier ministre sortant avait tenté de faire annuler le scrutin en arguant d’une nécessaire opération militaire contre la bande de Gaza.
Lieberman en embuscade
Israël est en train d’entrer dans une crise politique sans précédent. Car un homme pourrait faire la différence : Avigdor Lieberman. Son parti, Israël Beteinou, est crédité de neuf sièges. De quoi imposer une majorité. Or, s’agissant de Netanyahou, il a déjà prévenu qu’il ne s’associerait pas à une coalition comprenant des partis religieux. De l’autre côté, on le voit mal soutenir un Gantz qui s’allierait à la Liste unifiée. Celle-ci, en cas de négociations, ferait connaître ses exigences, notamment sur l’abrogation de la loi sur l’État nation et sur l’occupation des territoires palestiniens. Rusé, Lieberman a fait savoir que, pour lui, la seule solution « est la formation d’un large gouvernement d’union nationale et libérale avec Israël Beitenou, le parti Bleu-blanc et le Likoud ».
Pour l’heure, l’impasse est totale. Sauf à voir des députés du Likoud décider d’en finir avec Netanyahou en acceptant de rejoindre une coalition formée par Gantz mais en assez grand nombre pour éviter toute concession aux demandes de la Liste unifiée. Impasse donc, mais avec des lignes mouvantes.
Amérique latine. L’ancienne présidente, Dilma Rousseff, était l’invitée d’honneur de la Fête de l’Humanité. Après une intervention sur la Grande Scène, elle a électrisé l’Agora de l’Humanité, pleine à craquer. Entretien.
Madame la présidente, cela fait neuf mois que l’extrême-droite gouverne le Brésil. Le rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la cour interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des États américains, Edison Lanza, a fait part de ses inquiétudes en parlant d’« une attaque au Brésil ouvert, démocratique et pluriel construit depuis la Constitution de 1988 ». Quelle est la nature de ces agressions ?
Dilma Rousseff Elles couvrent un large spectre. Ces agressions touchent les femmes d’une manière extrêmement misogyne, comme l’ont démontré les déclarations du président Jair Bolsonaro contre Brigitte Macron et la responsable des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Le président traite de la torture, des assassinats politiques, de la dictature des militaires de façon préoccupante. Il défend clairement la haine et la violence. Il menace la Constitution lorsqu’il déclare qu’il suffit d’un chef et d’un général pour fermer le Parlement brésilien. Il dit que le grand problème du Brésil a été de ne pas avoir tué 100 000 prisonniers politiques. Quant aux droits sociaux, il a une posture très claire. Lui et son gouvernement disent ressentir de la peine pour les entrepreneurs car, à leurs yeux, ce serait eux les exploités de l’État. Ils défendent la réduction des droits des travailleurs, alors que leur précarisation est déjà importante. La protection de l’environnement, de l’Amazonie, des peuples indigènes est une absurdité pour Jair Bolsonaro. Toutes ces agressions témoignent de leur immense mépris pour le débat et les opinions différentes. Le gouvernement croit que la Constitution citoyenne de 1988 est responsable des « absurdités », selon son expression, des réalisations des gouvernements du Parti des travailleurs (PT). L’homophobie est très importante car Bolsonaro et son exécutif n’ont aucune considération pour les différences. Ils n’envisagent pas la société de manière égalitaire.
Le 4 septembre, vous avez participé à un colloque où étaient présents le PT, le Parti communiste du Brésil, le Parti socialisme et liberté. À cette occasion, vous avez déclaré que « le Brésil et sa souveraineté sont attaqués ». Quels secteurs sont visés ?
Dilma Rousseff Ce jour-là, nous avons lancé un manifeste pour la défense de la souveraineté au Brésil. Elle est menacée, comme le sont les droits sociaux. Or, la souveraineté est la base de la nation brésilienne. Trois questions me paraissent fondamentales. D’abord, il y a la privatisation des entreprises nationales. La plus grande entreprise brésilienne, Petrobras, est la septième compagnie pétrolière au monde. Elle a développé sa propre technologie afin d’exploiter le pétrole en eaux profondes. Ses ressources garantissent l’indépendance énergétique du pays. Elles permettent des financements significatifs de la santé et de l’éducation. La vente de Petrobras va d’abord bénéficier aux grandes entreprises pétrolières privées. Sa privatisation compromet le futur de notre pays. Je pourrais aussi parler des privatisations de la Poste, du système électrique ou encore des grandes banques publiques.
L’autre attaque à la souveraineté est stratégique : il s’agit de l’environnement et des peuples indigènes. Le Brésil possède la plus grande forêt tropicale au monde. Durant des décennies, et particulièrement sous les gouvernements du PT, l’idée de nation brésilienne était intimement liée à la défense de l’environnement et à la protection de l’Amazonie. Nous avons destiné des ressources importantes pour lutter contre la déforestation, en mettant en place une opération de commandement de contrôle pour défendre l’Amazonie. Sans l’armée, la police fédérale, les patrouilles vertes, les ONG, il n’y a pas de combat effectif contre la déforestation. Chaque discours de connivence avec la destruction de l’environnement encourage la pollution des rivières, des forêts, ainsi que les violences faites aux peuples indigènes. On ne connaît le Brésil qu’en survolant l’Amazonie, en voyant ses immensités de vert et de bleu.
Enfin, lors de ce colloque, j’ai mis l’accent sur la question de l’éducation et ce pour trois raisons. Le Brésil est l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Nous sommes le dernier pays à avoir aboli l’esclavage, après 350 années d’existence de système. Nos gouvernements se sont engagés à réduire les inégalités : 36 millions de personnes sont sorties de la pauvreté grâce au programme Bolsa Familia. À la fin de mon mandat, le Brésil ne figurait plus sur la carte de la faim élaborée par l’ONU. Nous savions que cela ne suffisait pas, comme il ne suffit pas non plus de garantir de bons salaires, comme nous l’avons fait, pour réduire les inégalités.
Pour pérenniser la lutte contre les inégalités et maintenir les conquêtes obtenues, il est indispensable de garantir à la population exclue une éducation de qualité. Si vous voulez entrer dans l’économie des connaissances, le pays doit promouvoir les sciences basiques, les technologies, la recherche et l’innovation qui sont assurées par les universités fédérales. Or le gouvernement de Bolsonaro veut privatiser l’université publique fédérale, celle-là même qui permet aux pauvres d’accéder à l’éducation. Durant la dernière année de mon mandat, 37 % des étudiants étaient les premiers membres de leur famille à accéder à l’enseignement supérieur. Privatiser les universités est un crime pour le futur du pays. Troisième raison : sans la culture, un pays n’a pas de fondements. Sans culture, il n’y a pas de citoyenneté. Sans citoyenneté, il n’y a pas de démocratie.
Le président Jair Bolsonaro est un admirateur du président des États-Unis, Donald Trump, et privilégie ses relations avec Washington. Cette posture tranche avec vos mandats et ceux de votre prédécesseur, Lula, durant lesquels vous avez mis l’accent sur le multilatéralisme. Quelles sont les conséquences de ce rapprochement avec la première puissance mondiale ?
Dilma Rousseff J’aime à rappeler que le coup d’État parlementaire qui m’a renversée en 2016 avait un objectif : insérer le Brésil dans le néolibéralisme tant sur les plans social, économique, que géopolitique. Le néolibéralisme et le néofascisme sont des frères siamois. Au cours de nos gouvernements, le Brésil est passé de la place de douzième puissance mondiale à septième. Nous avons toujours favorisé l’élargissement des structures économiques.
Pour nous, le multilatéralisme était fondamental car lui seul prend en compte la diversité du monde. Pour nous, il ne fallait pas s’amarrer à n’importe quelle puissance développée et encore moins à cette traditionnelle soumission aux États-Unis. Nous avons priorisé l’Amérique latine, nos pays frères. Nous avons accéléré nos relations avec l’Afrique, assumant ainsi notre identité noire puisque le Brésil est la deuxième nation qui compte le plus de population noire, après le Nigeria. Nous avons participé à la création des Brics. Nous avons établi des relations d’égal à égal avec le Japon, l’Union européenne, les États-Unis. Personne ne respecte un pays qui s’incline devant un autre. Personne ne pardonne à celui qui, au nom d’intérêts étrangers, porte préjudice aux intérêts nationaux. Le fait de transférer l’ambassade du Brésil à Jérusalem est désastreux pour nos relations avec les pays du Moyen-Orient et pour notre position défendant l’existence de deux nations : Israël et Palestine. Traiter avec mépris notre partenaire argentin est inadmissible.
Croire que dans un monde si complexe, on pourrait ne pas développer des relations harmonieuses avec de nombreux pays, et je pense particulièrement à la Chine, est également une grave erreur. Nous ne pouvons pas « traiter avec brutalité la Bolivie et parler avec finesse aux États-Unis », selon la phrase du très grand compositeur brésilien Chico Buarque.
Cet été, le site en ligne The Intercept a révélé l’échange de messages entre le juge Sergio Moro, désormais ministre de la Justice, et les magistrats en charge de l’enquête Lava Jato. Ils démontrent que Lula a été condamné pour des raisons politiques et non juridiques. Comment expliquez-vous que le nécessaire combat contre la corruption soit devenu un levier de déstabilisation politique ?
Dilma Rousseff Après le coup d’État qui m’a écartée du pouvoir, il fallait emprisonner Lula pour que Jair Bolsonaro remporte la présidentielle. On l’a même empêché de s’exprimer. Jusqu’à il y a peu, il ne pouvait pas donner des entretiens car, s’il parlait, il aurait aidé le candidat du PT, Fernando Haddad, à gagner des voix. Nous avons également assisté à la création d’un climat de haine, de mensonges propices aux putschistes. L’opération Lava Jato de combat contre la corruption a été le principal outil contre l’ennemi. Le lawfare (guerre judiciaire – NDLR) consiste à utiliser la loi pour détruire des citoyens, mais également des candidats.
Je suis pleinement favorable au combat contre la corruption et je l’ai démontré durant mon dernier mandat. Mais l’opération Lava Jato est devenue un instrument politique pour ôter toute possibilité à la gauche de se maintenir au pouvoir et d’y revenir. Les révélations de The Intercept Brésil l’ont démontré. Le juge Sergio Moro n’a pas été impartial. Il a agi en faveur de l’accusation. Il a formulé des accusations à l’encontre de Lula alors qu’il n’avait pas de preuves. Il a incité des témoignages à charge. Il a poussé le tribunal supérieur fédéral à utiliser des enregistrements de conversations privées entre Lula et moi, en sachant qu’il n’en avait pas le droit. Il a cherché à démontrer que je protégeais Lula. Il a incité la Cour suprême à adopter une attitude incorrecte.
Malgré ces révélations, pourquoi Lula est-il encore en prison ?
Dilma Rousseff Lula reste en prison car, s’il sort, il modifiera l’actuel rapport de forces. Lula représente la lutte pour la démocratie. Il représente l’idée qu’un autre Brésil est possible, qu’un autre gouvernement peut exister. Un gouvernement qui aurait de la considération pour les mouvements sociaux, les organisations des femmes et des Noirs. Un gouvernement qui porterait les questions sociales, démocratiques, mais également celles liées à la souveraineté, en préservant nos ressources économiques, environnementales et la défense de l’éducation.
La loi dite de combat aux organisations criminelles comporte deux articles importants. L’un protège davantage celui qui corrompt que le corrompu. L’autre privilégie la dénonciation récompensée. Le ministre de la Justice, qui était juge lorsqu’il a fait condamner Lula, a utilisé cette loi, qui devait être modifiée. Elle est une arme de destruction politique et non une arme de justice. Ce recours à la justice est désormais une pratique courante dans toute l’Amérique latine. Il est aujourd’hui difficile de maintenir les accusations formulées contre Lula. Mais ils le gardent en prison. Cette situation est révélatrice de mon point de vue de la crise que connaît la justice au Brésil. L’opération Lava Jato a provoqué la destruction de l’un des ciments de la démocratie. Nous sommes tous censés être égaux devant loi. C’est la base de n’importe quelle Constitution. S’il est possible de condamner et de maintenir en prison un ex-président qui a le leadership de Lula, alors tout est possible. La situation est très critique. D’où l’importance de la solidarité.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.