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Edito (8/1/20)
« Venezuela : une inquiétante dérive »
« Virale sur les réseaux sociaux, les images de Juan Guaido, président de l‘Assemblée nationale vénézuélienne, tentant en vain, dimanche 5 janvier, d’enjamber les grilles du Parlement, repoussé par les boucliers des forces de l’ordre (…)
donc,
« seule une pression diplomatique des démocraties incluant les Etats-Unis et l’Union européenne pourrait aider les acteurs vénézuéliens à sortir de l’impasse en négociant une transition (…) blablabla blablabla
La vérité : l’opération clownesque de Guaido tentant d’escalader les grilles de l’Assemblée nationale n’était qu’une ridicule et basse opération de propagande comptant sur l’irresponsabilité de journalistes imbéciles, complices ou incompétents.
Le 5 janvier, personne n'a empêché Guaido de pénétrer dans l’hémicycle pour l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale !
La preuve ici (en particulier dans les deux vidéos présentées à partir de la 8e minute) :
Dans cette vidéo, nous revenons sur l'élection du député d'opposition Luis Parra comme nouveau président de l'Assemblée Nationale du Venezuela. Nous vous proposons quelques clés pour comprendre ce qui s'est passé dimanche 5 janvier 2020 à Caracas.
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Maurice Lemoine (journaliste)
Nous avions adoré ses œuvres d'art bouleversantes présentées à Morlaix (Traon Nevez à Plouézoc'h et le Roudour de Saint-Martin des Champs), son engagement, ses combats et son courage. Zehra Dogan, la journaliste et militante kurde embastillée par Erdogan, soutenue par Naz Oke en France, et récemment libérée, fait l'objet d'un très beau portrait ce week-end par la journaliste de l'Humanité Rosa Moussaoui, à l'occasion de la sortie de son livre, Nous aurons aussi des beaux jours. Écrits de prison (Éditions des femmes-Antoinette Fouque, 2019, 15 euros).
L’artiste et journaliste kurde a passé près de deux ans dans les geôles d’Erdogan. Ses lettres témoignent du quotidien carcéral des femmes exposées à l’arbitraire d’un régime autoritaire et belliciste.
Comment, privée de crayons, de peinture, de pinceaux, donner visage à ces femmes aux yeux grands ouverts ? Derrière les murailles de sa prison, Zehra Dogan changeait en pigment tout ce qui lui tombait sous la main : du sang, la chair d’une olive, le suc d’une grenade ou d’une griotte, les déjections d’un oiseau de passage. « De tout cela j’arrive à obtenir des couleurs. Alors, s’il te plaît, en prononçant le prénom de Zehra, n’imagine pas une Zehra désespérée et triste. Ici, je suis très heureuse. » Au fil des lettres échangées par l’artiste et journaliste kurde avec son amie Naz Oke, fondatrice en France du magazine Kedistan, un récit prend corps, vivant, alerte, sensible. Les Éditions des femmes publient cette correspondance (1) qui brosse le portrait d’une militante décidée, d’une jeune femme curieuse, parfois candide, à l’intelligence effervescente. Pilier de l’agence de presse féministe Jin News prise pour cible par le régime de Recep Tayyip Erdogan après le putsch manqué de 2016, Zehra Dogan fut l’une des premières journalistes à recueillir les témoignages de femmes yézidies ayant échappé à Daech. Dans la fureur répressive déchaînée par le despote d’Ankara contre les Kurdes, c’est un dessin figurant le désastre semé par l’armée turque à Nusaybin qui lui valut d’être arrêtée et accusée de « propagande pour une organisation terroriste ». Verdict : cinq mois de prison, une parenthèse de liberté sous surveillance, avant de retrouver encore sa geôle, pour vingt mois. Au total, six cents jours d’incarcération et le ciel retrouvé au début de l’année 2019, avant l’exil à Londres. Sur ses codétenues, qu’elle aime à écouter, à dessiner, elle pose dans l’épreuve commune un regard sororal.
Paysannes et bergères arrachées au grand air des montagnes et des hauts plateaux, combattantes aguerries ou mères de famille, elles affrontent ensemble l’arbitraire : « Nous avons une conviction commune et c’est elle qui nous tient unies. Nous partageons les mêmes valeurs de lutte. » Plusieurs fronts, un seul combat. Il faut en finir d’un même mouvement avec l’entrelacs des dominations que perpétuent le capitalisme et le patriarcat, répète l’artiste dans une langue crue : « Ce monde masculin pue des aisselles. Il vocifère de sa bouche putride. Il vomit sur nous ses guerres, son exploitation et la vie toxique qu’il nous impose en l’appelant “liberté”. Et chaque fois, c’est par les femmes qu’il commence. Parce que la guerre qu’il mène contre nous n’est pas une guerre des sexes, mais une guerre idéologique. » Ces missives disent toute l’obscurité d’un quotidien carcéral insupportable : la discipline déployée pour maintenir dans des cellules puantes une hygiène élémentaire ; les blessures infectées exposant les prisonnières privées de soin à l’amputation, l’inquisition de l’administration pénitentiaire. Dans cette grisaille et dans la promiscuité, Zehra Dogan décèle pourtant partout la vie : un chat, un chant, le babillage du bébé d’une détenue, le chuchotement de quelque confidence. « Que des femmes dont les éclats de rire rendent cette vie en gris chatoyante. Nous avons une amie qui s’appelle Halise. Avant notre arrivée à la prison, elle avait eu l’idée de décorer à la main les murs en utilisant de la peinture à l’eau qu’elle avait trouvée au quartier, relate-t-elle. Elle et ses amies ont aussi dessiné des papillons, des animaux. Une enquête disciplinaire a été ouverte contr e Halise qui en a endossé la responsabilité, mais peu importe, le lieu est maintenant de toutes les couleurs. » Par une meurtrière, le clair de lune prolonge à la nuit tombée ses lectures, troublées par les éclats de voix des soldats. Elle reconstitue en pensée les musiques qu’elle aime ; le dessous d’un lit lui tient lieu d’atelier. Elle dessine et peint allongée à même le sol, sous l’œil de ses compagnes d’infortune : « Si ça se trouve, quand je sortirai, je ne pourrai plus dessiner autrement. » De réminiscences enfantines en digressions politiques ou philosophiques, elle laisse voguer ses « étranges pensées quotidiennes », s’interroge sur l’union libre ou sur les empires sumériens. Par ses introspections, elle s’ouvre des horizons : « Je voudrais, en t’écrivant, me libérer un peu. »
Le récit de Zehra Dogan, ceux de ses codétenues, qu’elle rapporte, jettent une lumière cruelle sur la guerre sans merci livrée au peuple kurde : bombardements, villages incendiés, langue interdite, militants torturés et l’ombre de la prison, toujours. Cette guerre ne connaît pas de trêve. Galvanisé par sa croisade dans le nord de la Syrie, prêt à déployer ses troupes en Libye, Erdogan porte toujours le fer et le feu dans ses frontières. L’armée d’Ankara multiplie ces jours-ci, au Kurdistan du Nord, les « zones de sécurité spéciale » interdites aux civils ; des maires sont destitués les uns après les autres ; les rafles se poursuivent dans les rangs de militants suspects de sympathies pour le PKK. « On me demande toujours pourquoi les femmes de mes dessins sont tristes. Je ne le fais pas exprès, écrit la prisonnière. Je les dessine et je me rends compte après coup qu’elles sont tristes. Quelle femme témoin de ce qui se passe sur ces terres pourrait être heureuse ? » Une conviction tenait debout la détenue, dans sa claustration, elle guide aujourd’hui la femme libre : « Le monde auquel nous aspirons verra le jour. »
Cette semaine, l’écrivain Joseph Andras brosse pour L’Humanité les portraits de poètes en lutte. Ce lundi, le Salvadorien Roque Dalton, né en 1935, poète traqué, dramaturge et romancier communiste, farouche opposant aux régimes militaires de son temps.
L’écrivain Joseph Andras brosse pour l’Humanité les portraits de poètes en lutte. Aujourd’hui, le Salvadorien Roque Dalton, né en 1935, poète traqué, romancier et dramaturge communiste, farouche opposant aux régimes militaires de son temps.
Qu’est-ce que la poésie ? Question par trop usée, à laquelle il est bon de répondre qu’on ne peut y répondre puisqu’elle est précisément ce que l’on ne saurait dire. Posons-la autrement : qu’est-ce que la poésie pour la bourgeoisie ? Puis convoquons la réponse qu’un poète proposa un jour : « (L)e poète, pour la bourgeoisie, ne peut qu’être :/serviteur,/bouffon,/ou ennemi. » On se figure sans peine les deux premiers ; on lit plus avant pour embrasser la proposition dans son entier : le poète en butte aux détenteurs des moyens de la production sociale n’est salué qu’en « persécutions, prisons, balles ». Pareil sort peut brider la rime. Il est donc des ministres de la Culture pour promouvoir la poésie.
Ce poète refusait que l’on prononçât son nom sa mort venue. Respectons sa volonté puisqu’il n’en manquait pas : se lancer, gueule refaite, dans une guérilla en Amérique centrale pour instaurer le socialisme autorise quelques fantaisies.
On ne naît pas révolutionnaire, on le devient pour ne pas mourir en vain. Ainsi notre homme, fils unique d’une infirmière et d’un bagarreur dont l’histoire conte qu’il aurait traficoté avec Pancho Villa dans quelque interlope affaire d’armes à feu, découvrit-il au Chili que le monde a mauvaise mine car l’humanité n’y existe pas : on n’y connaît que puissants et sans-le-sou. L’étudiant en droit se fit chrétien social à la faveur de ce séjour – de quoi provoquer l’ire de Rivera qui l’eût voulu marxiste. Départ pour l’Union soviétique (l’occasion de rencontrer Nâzım Hikmet en exil), retour au Salvador natal au mitan des années 1950 : il prit alors sa carte au Parti communiste tandis que Cuba rampait en dedans sa forêt. Marxiste, le jeune poète l’était désormais – mais l’être seul, songea-t-il, n’est d’aucun secours : il faut une organisation. « (L)es exclus, les mendiants, les drogués,/les Guanacos fils de la grande pute,/ceux qui purent revenir de justesse/ceux qui furent plus chanceux,/les éternels non identifiés,/les bons à tout faire, à tout vendre,/à manger n’importe quoi/[…] mes compatriotes,/mes frères. »
En ce temps, un militaire libéral avait pris la place d’un collègue tortionnaire ; trois ans plus tard, une junte renverserait le premier avec le concours du second. Le Salvadorien fut arrêté, à plusieurs reprises, et expulsé, pareillement ; il fit grève de la faim et frôla la peine capitale. Ses contemporains s’accordent à brosser un maigrichon rieur, séducteur et bouillonnant, bon footballeur et bon danseur. Se moquant de tout, lui compris. Sérieux sans contredit sous ses dehors cabots. La poésie, pensait-il, « est comme le pain, pour tous ». L’exilé se rendit au Mexique, à Cuba (pour prendre toute la mesure des responsabilités échues au métier d’écrivain : ne pas se voir comme « un Baudelaire marxiste » mais comme « fils d’un peuple d’analphabètes et de pieds-nus »), puis en Tchécoslovaquie (pour apprendre l’assassinat du Che, ange noir crevé d’avoir cru que le courage suffisait). « Au nom de ceux qui lavent les vêtements des autres/(et expulsent de la blancheur la crasse des autres)/[…] J’accuse la propriété privée/de nous priver de tout. »
Au Chili, Allende jurait qu’un socialisme démocratique était possible. Empanadas, vin rouge et costumes d’alpaga. Humanisme, dépassement sélectif du système. Au même endroit par d’autres chemins, avait naguère résumé le barbudo défunt. À l’invitation du gouvernement, le poète s’y rendit l’année qui verrait Pinochet prendre place au palais, bottes souillées du sang de Santiago. Ainsi s’éteignit, un temps, l’espoir d’une transformation radicale sans recours au feu. L’année précédant le coup d’État, un colonel avait supplanté un général à la tête du Salvador ; le poète n’avait pas attendu la défaite d’Allende pour reconnaître le bien-fondé du renversement du pouvoir oligarchique par la lutte armée – peut-être celle-ci renforça-t-elle à ses yeux celui-là. Il fit grief au Parti communiste salvadorien de son manque d’ambition révolutionnaire et souffrit de l’arrestation d’Heberto Padilla, poète tout aussi, soumis à l’autocritique publique par le régime castriste (« La “lune de miel de la Révolution” qui nous avait tant séduits est bien finie », se souviendrait Simone de Beauvoir dans Tout compte fait). Fin 1973, en âge de 38 ans, il rejoignit son pays sous nom d’emprunt – dentition, mâchoire et nez bricolés presqu’à neuf – pour intégrer l’ERP, l’Armée révolutionnaire populaire, fondée un an plus tôt.
On ne sait parfois qui, des capitalistes ou des révolutionnaires, est le plus grand ennemi de la révolution ; c’est que les seconds déploient force entêtement à négliger l’unité des premiers. Deux tendances s’affrontèrent au sein de l’armée : le poète redoutait, lui, l’échec de la guérilla sans l’appui des masses. Accusé d’être un révisionniste, un nuisible indocile, un intellectuel petit-bourgeois et un agent de la CIA comme de Cuba (rien moins), il fut exécuté par ses frères le 10 mai 1975. L’homme à la manœuvre basculerait à droite, allant, deux décennies plus tard, jusqu’à prodiguer ses conseils pour mater le Chiapas zapatiste – si le monde manque de vertu, au moins n’est-il pas dénué de logique.
À lire l’ONU, le corps du poète aurait été dévoré par des bêtes errantes aux abords d’un volcan.
« Ne prononce pas mon nom quand tu apprendras que je suis mort./Des profondeurs de la terre je viendrai chercher ta voix. »
Appel contre la nouvelle loi imposée par le chef d'état indien Modi et pour le rassemblement de protestation le 4 janvier à 12h sur le Parvis des Droits de l'homme, la Place du Trocadéro.
Pour les redacteurs de ce texte relayé notamment par par l'écrivaine Shumona Sinha, cette loi est anticonstitutionnelle car pour la première fois depuis l'indépendance de l'Inde, elle recourt à la classification des citoyens indiens sur la base de la religion. Les musulmans y sont particulièrement visés, faisant suite au nettoyage ethnique à leur encontre (1200 musulmans sont assassinés lors de l'attentat de 2002 à Gujarat tandis que Modi était chef du gouvernement local de l'état de Gujarat à l'époque, qui a ouvertement félicité les assassins militants du RSS/BJP). La romancière précise que "les Indiens protestent massivement à travers le pays contre cette loi, contre la politique suprémaciste de Modi qui est membre à vie du RSS, milice fasciste vénérant Hitler, parti-mère du BJP qui est au pouvoir. Les opposants, militants, citoyens subissent de violentes représailles par la police du gouvernement Modi, ils sont gravement blessés, éborgnés, tués sur la voie publique, les campus universitaires sont attaqués par la police, les étudiants surtout de la confession musulmane ainsi que les campus connus pour le mouvement de gauche/communiste sont directement visés et subissent de la violence policière inédite".
Résumé latino-américain *, 26 décembre 2019.
Afin de contrer les partisans de Morales, le nouveau ministre bolivien de l'Intérieur a engagé des agents de contre-insurrection israéliens, arguant que ces derniers sont compétents pour "contrôler les groupes terroristes".
L'influence d '"Israël" en Amérique latine ne date pas aujourd'hui. Si le Venezuela et l'Argentine y ont échappé, c'est parce que la présence de dirigeants de gauche et la vague du chavisme ont entravé les actions des agents de sécurité israéliens.
En ce sens, le journaliste américain Wayne Madsen a écrit dans un article publié le 17 décembre sur le site Alt World qu'avec le renversement des gouvernements progressistes à travers l'Amérique latine et leur remplacement par des régimes néo-fascistes à droite, des conseillers israéliens la contre-insurrection, mieux connue sous le nom de «trafiquants de la mort», est revenue en Amérique latine. Les gouvernements de droite au Brésil, en Bolivie, en Colombie, au Pérou, en Équateur, au Honduras, au Paraguay, au Guatemala et au Chili, désireux de mettre fin à la vague de protestations, ont invité les Israéliens à retourner dans leur pays pour donner des conseils. Certains de ces pays cherchent à dépeupler les régions indigènes d'une manière aussi systématique que le régime israélien l'a fait avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.
Pendant la vague socialiste en Amérique latine, les gouvernements progressistes ont soutenu les Palestiniens et évité les relations étroites avec "Israël". Certains dirigeants progressistes, comme Hugo Chavez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie, ont rompu les liens avec "Israël" en raison de leurs crimes contre le peuple palestinien à Gaza. Dans le contexte du récent renversement de Morales par un coup d'État militaire de droite et des sanctions américaines à l'encontre du successeur de Chavez, Nicolás Maduro, les commerçants israéliens de contre-insurrection sont fréquemment vus dans les capitales d'Amérique latine, où la droite, et même l'extrême À droite, est arrivé au pouvoir. En utilisant une logique presque talmudique, le gouvernement israélien estime que pour combattre les gouvernements pro-palestiniens qui ont des relations amicales avec l'Iran,
L'héritage de la sécurité israélienne en Amérique latine est un record tristement célèbre qui se traduit par un soutien aux dictateurs génocidaires tels que la dictature argentine ou guatémaltèque. Avec l'avènement du «printemps socialiste» en Amérique latine, les marchands de la mort israéliens y ont fortement réduit leurs activités ou ont cherché de nouvelles perspectives en Afrique, dans les Balkans et en Asie du Sud. Après le renversement de Morales comme le dernier des premiers dirigeants du «printemps socialiste» à tomber en Amérique du Sud, les commerçants de contre-insurrection israéliens ont vu un nouveau marché ouvert lorsque le nouveau ministre bolivien de l'Intérieur, Arturo Murillo, a salué l'aide israélienne de développer les capacités de son escadron de la mort nouvellement formé, le "Groupe antiterroriste", qui, selon lui, vise à combattre les «terroristes». Dans leur langue, les «terroristes» dans ce cas sont des Boliviens fidèles au président déchu Morales, ainsi que des autochtones: les Aymara (l'ethnie Morales) et les Quechua, Chiquitan, Guaraní et Moxenos, explique Wayne Madsen.
La raison pour laquelle le ministre de l'Intérieur Murillo a choisi des Israéliens comme conseillers à la sécurité a été révélée dans une interview à Reuters. Il a déclaré: «Ils sont habitués à traiter avec les terroristes. Ils savent comment les gérer. » Murillo, bien sûr, a évoqué la répression brutale du peuple palestinien par "Israël", un record de traitements inhumains que les sociétés militaires et de renseignement israéliennes ont réussi à emballer, avec du matériel et des conseillers, comme un produit d'exportation. L'engagement de Murillo d'établir un État de surveillance de style israélien en Bolivie a été clairement exprimé dans son avertissement à un groupe de militants argentins des droits de l'homme qui sont arrivés en Bolivie pour voir des violations des droits de l'homme de première main contre des membres du «Mouvement vers Socialisme »(MAS), dirigé par Morales,
Murillo a mis en garde les Argentins et les autres militants étrangers, déclarant: «Nous recommandons que ces étrangers nouvellement arrivés fassent attention. Nous vous observons Nous vous suivons. Il n'y a aucune tolérance pour le terrorisme, la sédition ou les mouvements armés. Tolérance zéro ». L'avertissement est presque une copie conforme de l'avertissement émis par Israël aux travailleurs humanitaires internationaux qui ont tenté d'aider les habitants de Gaza, a déclaré Madsen.
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* Source: Al Manar
En exil en Argentine et ciblé par un mandat d’arrêt émis par le nouveau pouvoir, Evo Morales a été nommé par le Mouvement pour le socialisme (MAS) directeur de la campagne pour la prochaine élection présidentielle. Avec Janette Habe Maître de conférences à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, Sarah Pick Membre du comité directeur de France Amérique latine et Maité Pinero journaliste et romancière
Le départ forcé d’Evo Morales de la présidence de la Bolivie est-il le résultat d’un coup d’État ou l’engagement d’un processus de « transition démocratique », comme le présentent les détenteurs du pouvoir civil et militaire actuel en Bolivie ainsi que certains médias ?
Janette Habe
Le fait qu’il y ait eu un coup d’État en Bolivie est indéniable et les affirmations des secteurs qui ont mis en cause sa réalité sèment la confusion. Il y a une polémique à ce propos en France mais également en Amérique latine, parmi les secteurs écologistes les plus mobilisés contre l’extractivisme. Ils mettent en cause le fait qu’il s’agisse d’un coup d’État parce que Evo Morales n’avait pas respecté le résultat du référendum de 2016, qu’il avait perdu, alors qu’il sollicitait un quatrième mandat présidentiel. Mais ni l’armée ni la police n’étaient alors intervenues. En Amérique latine, il y a plusieurs manières de nommer un coup d’État. L’une d’entre elles, c’est de parler de « pronunciamento » lorsque l’armée se « prononce » – intervient – contre le gouvernement en place. C’est exactement ce qui s’est passé. Evo Morales a démissionné le pistolet sur la tempe, lorsque l’armée le lui a « suggéré ». Les erreurs politiques d’Evo Morales ne doivent pas empêcher d’appeler un chat un chat, un coup d’État un coup d’État.
Sarah Pick
Le départ du président Morales est, en effet, un coup d’État maquillé en démission dans un contexte de crise électorale. Profitant des mobilisations liées à la contestation des résultats du scrutin du 20 octobre, du mécontentement croissant d’une partie de la population, ainsi que de l’audit de l’OEA (Organisation des États américains) invalidant les élections, la droite, derrière Carlos Mesa, et l’extrême droite, sous la bannière fascisante de Fernando Camacho, ont organisé des actions de plus en plus violentes et racistes, dont le but était de prendre le pouvoir par la force, loin d’un prétendu souci de démocratie. Quelques heures après le rapport de l’OEA, Evo Morales, sous pression, avait proposé d’organiser de nouvelles élections sous le contrôle de personnalités indépendantes. Pourtant, la droite et l’extrême droite ont rejeté cette proposition de sortie de crise qui aurait pu pacifier le pays. En effet, elles ne souhaitaient pas être de nouveau confrontées à des élections générales contre Morales, élections qu’elles n’ont jamais réussi à gagner depuis 2005. N’ayant pas non plus accepté les politiques de nationalisation et de redistribution du MAS, nourrissant un sentiment de revanche à l’encontre des peuples indigènes et des classes populaires, ces secteurs étaient prêts à entraîner le pays dans une guerre civile et à le jeter dans les bras de l’extrême droite pour démettre Morales. C’est pourquoi, tandis que des commandos fascistes descendaient dans les rues, l’armée et la police ont appelé au départ du président en dépit de sa proposition d’organiser un nouveau scrutin. Evo Morales décida de démissionner afin d’éviter un bain de sang au peuple bolivien. Malgré son départ, le pays n’a pas retrouvé la paix. Depuis le coup d’État, la CIDH (Commission interaméricaine des droits de l’homme) dénonce de graves violations des droits humains.
Maïté Pinero
Quand les chefs de la police et de l’armée ordonnent au président de démissionner, que des milices brûlent les bureaux de vote, les domiciles des ministres et menacent leurs familles, que les militaires – dispensés de responsabilité pénale – répriment à grand renfort de blindés et d’hélicoptères, que cette répression cause 33 morts, des centaines de blessés, plus d’un millier d’arrestations, que des journalistes sont expulsés, attachés à un arbre et fouettés, il s’agit d’un coup d’État. La vraie question est plutôt : pourquoi cela fait-il encore débat ? Un rideau de fer médiatique a couvert la violence, l’agression de la maire Patricia Arce, tondue, aspergée de peinture rouge, réduite à un exemple isolé. Rien sur les autres témoignages comme celui de Viktor Borda, ex-président de l’Assemblée législative, qui a démissionné pour éviter que son frère, aspergé d’essence, soit brûlé vif.
Le MAS s’est entendu avec les forces politiques au pouvoir actuellement pour l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Quelle est la situation du rapport de forces localement et quelles sont ses lignes de tension ?
Sarah Pick Le premier objectif du gouvernement putschiste a été de s’assurer qu’Evo Morales ne soit pas en mesure de se représenter. À cette fin, un mandat d’arrêt a été émis contre lui juste avant sa démission, l’accusant de sédition et terrorisme. Le gouvernement de facto a également cherché à rendre illégal son parti. Cependant, suite aux importantes mobilisations populaires, une partie du MAS (très largement majoritaire au Parlement) a pu négocier avec le gouvernement et obtenir la garantie de pouvoir se présenter aux prochaines élections à condition qu’Evo Morales ne soit pas candidat. Privé de son leader, le MAS doit désormais se trouver très rapidement un nouveau candidat. Si l’issue des élections, repoussées à février 2020, reste incertaine, leur tenue et les conditions dans lesquelles elles vont se dérouler le sont aussi. Il est à craindre qu’aucune élection ne soit organisée si la droite n’est pas sûre de gagner, par tous les moyens (report du scrutin, arrestations, militarisation, fraude…).
Maïté Pinero L’extrême droite raciste et fondamentaliste a supplanté la droite traditionnelle et présente son candidat, Camacho, leader de l’oligarchie et des Comités de Santa Cruz. En attendant les élections du 20 mars, le gouvernement « de transition démocratique » détruit l’œuvre du précédent. L’oligarchie a déjà récupéré les directions de 68 entreprises publiques et, selon le ministre de l’Économie, la spoliation va s’accélérer. Même renversement en politique étrangère : relations diplomatiques rompues avec le Venezuela, rétablies avec les États-Unis et Israël, renvoi des médecins cubains, retrait du pays de l’Alba, le traité de coopération. Le Movimiento al socialismo est décapité, le président exilé, six ministres privés de laissez-passer, toujours réfugiés à l’ambassade du Mexique à La Paz. Résultat d’une alliance entre syndicats ouvriers et paysans, organisations communautaires, le MAS a perdu des maillons, puisque même un dirigeant de la COB, la centrale ouvrière, avait aussi demandé la démission d’Evo Morales. Tout un symbole, le MAS a regagné ses bases chez les paysans de Cochabamba et y a tenu un mini-congrès qui a élu Evo Morales chef de campagne. Menacé d’arrestation, pourra-t-il revenir pour la diriger ? Le mouvement doit renouer ses alliances dans un contexte de persécution : le gouvernement menace de supprimer le droit de vote à Cochabamba si les organisations paysannes n’acceptent pas sa militarisation.
Janette Habel La démission d’Evo Morales et son départ au Mexique tout d’abord, puis en Argentine, font que le MAS est désarmé. De plus, il est profondément divisé. Le fait qu’il participe aux élections alors que le gouvernement de facto est issu du coup d’État a créé beaucoup de confusion. Une partie du MAS voulait imposer le retour d’Evo Morales. D’autres, plus pragmatiques, ne souhaitaient pas son retour. Ce sont ces derniers qui ont négocié avec le gouvernement intérimaire. Finalement, cette décision a été adoptée parce qu’il n’y avait pas tellement de choix. Le fait qu’Evo Morales n’ait pas respecté le résultat du référendum de 2016 a été, à mon avis, une grave erreur qui a non seulement facilité l’offensive de la droite mais a exacerbé les tensions sociales très fortes au sein des organisations indigènes et paysannes, la base sociale d’Evo Morales. De fait, la droite conservatrice espère gagner les prochaines élections. Luis Fernando Camacho, surnommé le Bolsonaro bolivien, est candidat à la présidentielle, c’est un homme d’affaires, militant d’extrême droite, pentecôtiste dont on dit qu’il est lié à une église évangélique très réactionnaire. « Nous étions dans un moment de faiblesse », a reconnu le vice-président, Garcia Linera. Le MAS est dans une situation difficile. Il a désigné Evo Morales comme directeur de la campagne électorale du MAS, bien qu’il soit réfugié en Argentine. Ce pouvoir intérimaire qui émane de secteurs d’extrême droite, racistes, n’incite pas à beaucoup d’optimisme pour la suite. L’armée et la police ont le pouvoir.
Quelle a été l’implication de la communauté internationale et de la France dans la garantie de l’État de droit et de la démocratie en Bolivie ?
Sarah Pick La communauté internationale n’a pas été garante de l’État de droit et de la démocratie en Bolivie. Au contraire. Si elle avait été prompte à dénoncer le refus du président Morales de reconnaître les résultats du référendum de 2016, elle a refusé de reconnaître le coup d’État à son encontre : un deux poids, deux mesures qui joue la carte de la déstabilisation pour défendre ses intérêts économiques. Au lieu de qualifier les événements de coup d’État, la France et l’Europe se sont prononcées en faveur du gouvernement intérimaire. Quant à l’OEA, sous influence des États-Unis, depuis plusieurs mois, elle cachait mal son impatience de voir partir Evo Morales. Déjà en mai 2019, son secrétaire regrettait de ne pas posséder les outils institutionnels pour empêcher Evo Morales de se présenter aux élections. L’audit de l’OEA, rouage important dans le coup d’État, a été depuis remis en cause par différents organismes, comme le CEPR (Center for Economic and Policy Research), qui en réfutent les conclusions et les accusations de fraudes à l’encontre de l’ancien président indigène.
Janette Habel Le New York Times a caractérisé ce qui s’est passé en Bolivie comme un coup d’État. L’ancien président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero a dénoncé « le scandaleux coup porté au président bolivien. Demander à un président élu constitutionnellement de quitter le pouvoir ne peut être un acte de démocratie ». Certains gouvernements latino-américains ont fait de même. Le gouvernement français n’a pas condamné le coup d’État. L’ambassadeur de l’Union européenne (UE) Leon de la Torre s’est réuni avec la présidente autoproclamée Jeanine Añez en proposant la médiation de l’UE afin que « la Bolivie puisse organiser le plus tôt possible des élections crédibles ». Quant à la stratégie américaine, elle vise à déstabiliser les gouvernements progressistes en Amérique latine. On l’a vue à l’œuvre au Brésil avec Lula et Dilma Rousseff. Elle est plus habile que celle utilisée par le passé. On se souvient des agissements de la CIA lors du coup d’État militaire au Chili. Il s’agit aujourd’hui pour Washington d’instrumentaliser des procédures qui peuvent être institutionnelles ou juridiques pour atteindre ses objectifs. C’est une stratégie qui est, pour ainsi dire, plus « intelligente » qu’auparavant.
Maïté Pinero L’Union européenne – et avec elle la France –, qui avait reconnu Juan Guaido, président autoproclamé du Venezuela en janvier 2019, a franchi un palier dans le reniement de la démocratie. Reconnaître un gouvernement « de facto » entérine un rapport de forces imposé par les armes et sanctifié par la Bible. Signe des temps, alors que nos ambassadeurs se posaient en médiateurs, pas un ministre pourchassé n’a cru trouver la sécurité dans une ambassade européenne, comme au Chili en 1973. Deux mensonges masquent le coup d’État. Le premier, c’est celui de « la fraude » électorale, prétexte de l’OEA, fraude démentie par trois instituts de recherche et une centaine d’experts. Silence de l’UE et de la France. Le second, c’est la dissimulation de la violence. La Commission des droits de l’homme de l’ONU, la CIDH, les juges et avocats argentins, horrifiés par les témoignages recueillis, réclament une enquête internationale. Silence de l’UE et de la France. La fraude à la démocratie a eu lieu, une autre se prépare. Pourquoi l’UE reviendrait-elle sur son attitude puisque le coup d’État a réussi ? La seule solution est de l’y contraindre, de lever le voile sur la nature du gouvernement « de facto » et les reniements de l’UE et de la France. Notre propre avenir est en jeu, car le scénario bolivien peut se reproduire partout. En plus du fait que la réputation de l’Europe des Lumières, jusqu’ici ancrée en Amérique latine, est en cendres. La reconnaissance du coup d’État est un coup d’État contre cette mémoire commune.
Entretiens croisés réalisés par Jérôme Skalski
Sortir de la nasse du repli national
Chaque pays européen vit sous le joug d’un marché aux voleurs qui demande à chaque peuple un sacrifice en fonction de données inégalitaires fondées sur le moins disant. Pour exemple, les Grecs sont les éternels punis et ceux qui, en Allemagne notamment, on la chance d’arriver jusqu’à la retraite se retrouvent souvent dépouillés.
Le mouvement social français a le mérite d’exister et c’est bien, mais il serait bon qu’il ne s’arrête pas aux frontières. Les « expert » de la Macronie cherchent dans les pays du nord de l’Europe les exemples qui pourraient rassurer Margot, mais cela ne convainc et c’est heureux. Il y a certes ici et là des mouvements sociaux mais c’est chacun à son rythmes, dans un contexte que ne connaissent pas les autres. Est-ce à dire qu’il faudrait que tout le monde suive le rythme français ?
Certainement pas, mais il existe une Confédération européenne des syndicats dans laquelle la CGT essaie de bousculer les choses. Il serait bon qu’elle ne reste pas la grande muette pour l’ensemble des citoyens européens hormis les spécialistes de la convivialité intersyndicale européenne qui confrontent leurs analyses et leurs points de vue.
Il ne s’agit pas de critiquer une direction syndicale ou une autre, mais de considérer qu’une lutte nationale dans un pays d’Europe doit déjà être connue et appréciée à sa juste valeur par les autres peuples et servir non pas de modèle mais de point d’appui pour des luttes convergentes.
La question des retraites est un exemple d’école pour ce genre d’exercice parce que notre pays qui avait une certaine avance sur bien d’autres sur le sujet est mis en demeure de se plier au moins disant européen. Donc si nous perdons, c’est toute l’Europe qui se trouve mise en demeure de rester au bas niveau et de mettre les vieux dans les mouroirs, de Malaga à Helsinki.
Les Français qui vivent à l’étranger se rendent compte du décalage entre les rythmes des mouvements sociaux et le vivent souvent eux-mêmes. Cela met de l’eau au moulin d’une préoccupation essentielle pour que les choses bougent dans un monde ficelé par les besoins de la finance et qu’il faut libérer. Ce qui s’est passé notamment en Grèce, lorsque le monde du travail de ce pays a été abandonné par les autres, chaque pays peut le vivre à un moment donné de son histoire. Certes il y a parfois des syndicats qui, comme les dockers, ont des liens privilégiés avec d’autres syndicats et qui peuvent comprendre les enjeux, mais cela reste limité à une corporation dépendante du commerce international à un niveau direct, donc limité.
Lorsque Marine Le Pen essaie de se placer en défenseur de la veuve et de l’orphelin, voire du retraité par les temps qui courent, il va sans dire, comme l’a bien fait sentir Philippe Martinez, que le mouvement social ne doit pas s’embarrasser des champions du repli, même s’ils ont le vent en poupe. Pour les initiés de la vie politique et sociale, cela s’entend, mais pour le citoyen dit « ordinaire » qui se pose des questions en n’ayant à sa portée que l’information officielle des médias en boucle, c’est un piège redoutable. Il faut donc faire le lien entre le bien être des citoyens français et les autres sous peine de se retrouver en forteresse assiégée avec de minces chances de gagner les combats essentiels.