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4 décembre 2019 3 04 /12 /décembre /2019 06:54

 

Après la démission forcée d’Evo Morales, des élections se tiendront le 20 mars prochain dans le pays andin. Le temps pour le gouvernement « de facto », issu du coup d’État, de s’installer. Par Maïté Pinero ex-correspondante de l’Humanité à Cuba.

Sous pression, menacés à travers leurs familles, sénateurs et députés du Movimiento Al socialismo (MAS) majoritaires dans les deux assemblées, ont résisté pendant dix jours. Le 23 novembre - lendemain des obsèques des victimes de la répression à Senkata, où alors qu’ils observaient une minute de silence, les cercueils des victimes étaient la cible de tirs - ils ont accepté la démission d’Evo Morales et de nouvelles élections. Elles auront lieu le 20 mars 2020, ce qui laisse le temps au gouvernement « de facto » de s’installer. 

José Luis Fernando Camacho, le dirigeant des Comités civiques de Santa Cruz, organisateur des violences qui ont accompagné le coup d’État, le premier à entrer au palais présidentiel pour y déposer la bible, celui qui était aux côtés de Jeanine Añez lorsque l’état-major de l’armée lui a remis son écharpe, s’est déclaré candidat. La droite traditionnelle, dont le représentant Carlos Mesa, arrivait en seconde position le 20 octobre, se voit supplanté après avoir servi de marchepied à l’extrême droite. 

Les organisations ouvrières, la Cob (Confédération ouvrière de Bolivie), paysannes, comme la CSUTCB  (Confédération syndicale unique des travailleurs des champs de Bolivie) qui, le 10 novembre, avaient appelé fédérations départementales et Unions régionales à encercler La Paz, ont levé les blocages en échange de la suppression du décret exonérant l’armée de toute responsabilité pénale dans la répression. 

Les paysans ont regagné leurs communautés où, en 2003, était né un grand mouvement populaire, contre le FMI, la Banque mondiale, les multinationales pour exiger la nationalisation du gaz. Le 6 juin 2005, la mobilisation obtenait la démission du déjà président Carlos Mesa et, le 22 janvier 2006 voyait l’intronisation du président Evo Morales, (53, 7% des suffrages) un Aymara, syndicaliste paysan, cultivateur de coca. 

 

UN REGIME STABLE, REUSSI

 

En quatorze ans de pouvoir, la Bolivie était devenue un État plurinational, arborant deux drapeaux dont la Wiphala, reconnaissant et promouvant les langues indigènes (Aymara, Quechua, Guarani). Au référendum de janvier 2009, 58,7% des suffrages approuvaient la constitution de « l’État unitaire social de droit communautaire plurinational ». La nationalisation du gaz (1 er mai 2006) permettait de financer un système unique de santé gratuit, de réduire l’extrême pauvreté de 38 à 15% et la mortalité infantile (soins gratuits aux femmes enceintes), de délivrer la « renta dignidad » (pensions de retraite), de déclarer le pays libre d’analphabétisme et de devenir, après Cuba, celui consacrant le plus haut pourcentage du PIB à l’éducation. Les banques étaient obligées de consacrer 60% de leurs ressources à l’investissement productif et à la construction de logements sociaux. 

Le système économique bolivien était salué comme le plus réussi et le plus stable : inflation éliminée,  taux de chômage le plus bas d’Amérique du sud, augmentation du salaire réel, diminution de moitié de la dette extérieure.  Entre 2006 et 2019, le PIB passait de 9 milliards à plus de 40 milliards.

Pour la première fois, la conception que les Amérindiens ont de la terre, transmise par les générations passées et que nous devons transmettre aux générations futures, s’imposait : le Parlement votait une loi (2010) qui reconnait des droits à la Pacha Mama, la terre mère.

La découverte de gisements de lithium (70 % des réserves mondiales) encore inexploités et que le gouvernement envisageait de nationaliser assurait une nouvelle prospérité. Comment l’oligarchie bolivienne, les multinationales  et l’administration Trump pouvaient-elles laisser passer une telle manne ?

Aujourd’hui, à Cochabamba, El Alto, Sucre, Potosi, en dehors de toute enquête officielle, la population compte ses morts, ses disparus, ses emprisonnés. On attend les rapports des missions dépêchées, très tard, par la Commission des droits de l’homme de l’ONU, la Commission interaméricaine des droits de l’homme qui se disent submergées par les témoignages.

 

MILLE DEMONS

 

Le mouvement associatif argentin a envoyé à La Paz une mission de quarante personnes (juges, avocats) parmi lesquelles le fils de Perez Esquivel, prix Nobel de la paix. Agressés dès l’aéroport, menacés par le ministre de l’Intérieur, Arturo Murillo (« qu’ils prennent garde, nous les suivons, nous les surveillons ») la mission a écourté son séjour. Cependant, au cours d’une première conférence de presse, la mission s’est avouée « traumatisée » par les témoignages et les preuves recueillies. « Ils ont ouvert la boite de Pandore et mille démons en sont sortis » a déclaré le chef de la délégation.

Le coup d’État a mis en chasse des meutes racistes qui ont donné libre cours à leur soif de vengeance contre les indigènes qui leur avaient ravi les richesses et le pouvoir pendant 14 ans. Le châtiment infligé à Patricia Arce, la maire de Vinto, obligée de marcher pieds nus sur des tessons de bouteille, tondue et aspergée de peinture rouge, est un exemple de leur sauvagerie. Traque à la pollera, les jupes froncées des femmes, viols de mineurs dans les casernes, opposants précipités des hélicoptères, les premiers témoignages bouleversent les Argentins qui n’ont pas oublié les crimes de la dictature. 

Les hôpitaux publics refusent de soigner les blessés, ce qui vient corroborer le témoignage d’Aiver Guarana, seul médecin à soigner les blessés à Senkata, le 19 novembre, et qui n’avait vu arriver aucune ambulance, aucune équipe de secours. Des accusations pour lesquelles, il fut aussitôt arrêté. 

REPARTITION DU BUTIN 

Traque et arrestations des responsables et militants du Mas se poursuivent, gage sans doute des « garanties démocratiques » des futures élections. 

Les putschistes disposent de trois mois pour les préparer sur mesure, à la taille de leurs appétits. En attendant ce « gouvernement de transition » s’arroge des pouvoirs régaliens : relations diplomatiques rompues avec le Venezuela, rétablies avec les Etats-Unis et Israël, renvoi des médecins cubains, retrait de l’Alba, l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, traité de commerce et de solidarité qui promeut l’intégration et la paix dans le continent.

Les privatisations sont entamées. Les directions de soixante-huit entreprises publiques ont déjà été remplacées. Le butin est en voie de répartition. Jeanine Anez a signé le nomination de Mario Renato Nava , gérant du « grupo empresarial de inviertos nacionales Vida SA » entreprise appartenant à José Luis Camacho, à la tête du Sin (servicio de impuestos nacionales) chargé de collecter les impôts.  

 

LES MENSONGES DE L’OEA

 

Preuves et accusations se multiplient contre l’Organisation des Etats Américains, (OEA) financée à 60% par les États-Unis. Son secrétaire général, Luis Almagro, conspué sous les cris de « assassin » a dû quitter l’université d’Asunción (Paraguay) où il devait prononcer une conférence.

Malgré les demandes, dont celle du Celag (Centre d’études latino-américain de géopolitique), l’OEA est incapable d’annoncer la date à laquelle serait publié son rapport définitif sur les élections du 20 octobre. Son rapport préliminaire ne mentionnait que des « irrégularités », devenues fraude massive dans la bouche d’Almagro. Des organismes internationaux dont le Center for economic and Policy research, basé à Washington, contestent le panel retenu et ses conclusions. Ils affirment que même si les quelques milliers de voix contestées étaient reportées sur le candidat adverse, Evo Morales arriverait largement en tête.

Ces conclusions sont reprises par James Galbraith, Mark Weisbrot, qui figurent parmi les personnalités des universités de Harvard, Cambridge, Sao Paulo, l’Unam de Mexico, Chicago, Austin, New-Delhi qui le 2 décembre, ont publié une tribune libre dans The Guardian pour demander à l’OEA « de retirer les accusations qui ont servi de justification au coup d’État ».

Les signataires s’adressent au Congrès des États-Unis afin qu’il ouvre  « une enquête sur le rôle de l’OEA et s’oppose au coup d’État soutenu par l’Administration Trump ». Ils recommandent aussi aux journalistes de rendre compte des conclusions des experts indépendants au lieu de se limiter à répercuter les accusations de l’OEA. 

Ils remarquent que « personne n’a crié à la fraude, le 16 novembre, quand, en Louisiane, le candidat démocrate John Bel Edwards, en seconde position toute la nuit  durant le dépouillement, a finalement gagné les élections avec 2,6% d’avance, résultat obtenu après dépouillement de la région de nouvelle Orléans ». 

 

L’UNION EUROPEENNE EN ACCUSATION

 

Le rôle du « ministère des colonies », l’OEA, n’est pas le seul mis à découvert. L’Union européenne est mise en accusation. Elle avait financé l’achat du système électronique permettant le comptage des votes, ses observateurs étaient présents mais n’ont rien dit quand les premières accusations ont surgi. 

Le représentant de l’UE, Léon de La Torre et les ambassadeurs occidentaux étaient présent lors de massacres de Cochabamba et de Senkata. Ils n’ont rien dit non plus, s’entretenant aimablement avec Jeanine Añez et faisant pression sur le Parlement. 

L’UE a permis à l’Administration Trump de tirer les ficelles tout en demeurant en coulisses. Elle a fait le sale boulot, cela s’est vu, cela se sait. 

Le Parlement européen a refusé d’inclure les termes de coup d’état dans l’ordre du jour de sa réunion sur la situation en Bolivie. Sa responsable des relations extérieures, Fédérica Mogherini a justifié la reconnaissance du gouvernement de Jeanine Anez, arguant qu’il fallait « éviter un vide du pouvoir ». 

Le vote du Parlement intervient quelques semaines après celui de la motion anticommuniste qui falsifie l’histoire en rendant le camp socialiste responsable de la seconde guerre mondiale. Discrétion sur la répression en Bolivie, sur l’expulsion de journalistes, la censure des médias, mais le Parlement vote le 27 novembre une résolution qui condamne Cuba pour l’arrestation d’un délinquant multirécidiviste, José Luis Ferrer. La résolution prévient que « le dialogue politique et de coopération avec Cuba peut être suspendu si les violations des Droits de l’homme continuent ». Comme en écho, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, accusait le 2 décembre Cuba et le Venezuela  de « séquestrer »  les manifestations en Colombie, au Chili, Equateur et Bolivie. Il prévenait que « l’Administration aidera les gouvernements à éviter que ces manifestations deviennent des soulèvements ». 

Aujourd’hui en Amérique Latine, les responsables politiques, les analystes commencent à débattre sur la tragédie bolivienne, recherchent et énumèrent les causes : les erreurs du gouvernement ? Sa sous-estimation de la virulence de l’oligarchie, de l’impérialisme? La structure du Mas ? 

En Europe, le rôle de l’Union, de nos gouvernements, ne fait pas encore partie du débat. Il n’en reste pas moins qu’en Amérique Latine au moins, le visage de la vieille Europe des lumières s’efface. A sa place, se dessine celui de démocraties hypocrites et menteuses qui s’érigent en modèle, donnent des leçons au monde entier et couvrent un régime raciste et ses crimes de lèse humanité. Ailleurs pour le moment. 

En Bolivie, le jeune candidat du Mas à la présidentielle, Andronico Rodriguez, 29 ans, est retourné parmi les siens, chez les paysans producteurs de coca, dont il est l’un des responsables syndicaux. C’est là, à Cochabamba,  que tout avait commencé... Sur ces terres que la Pacha Mama a dotées d’un éternel printemps.

 

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 20:17
Inquiétude pour la liberté d’expression et le droit de critiquer la politique de l’État d’Israël ! - la résolution Maillard à l'ordre du jour de l'assemblée nationale le 3 décembre
Inquiétude pour la liberté d’expression et le droit de critiquer la politique de l’État d’Israël !
La « résolution Maillard » sur l’antisémitisme à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 3 décembre à 15h
 

Les associations, partis et syndicats membres du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI) ont appris le 12 novembre que la conférence des Présidents de l’Assemblée Nationale a mis la « résolution Maillard » sur l’antisémitisme à l’ordre du jour de la séance du 3 décembre à 15h sous le n° 2403.

Présentée comme une nouvelle version, elle ne diffère de la précédente que par la suppression du « soutien sans réserve » remplacé par « soutien » tout court, sans toutefois préciser quelles seraient les éventuelles réserves.

Rappelons que la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) [1] s’est opposée à l’adoption de la définition IHRA en France en insistant « sur la vigilance à ne pas faire d’amalgame entre le racisme et la critique légitime d’un État et de sa politique, droit fondamental en démocratie ».

En approuvant la définition de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) (sans la moindre réserve exprimée), en en faisant un instrument pour la formation et l’éducation, ainsi que pour la répression et la justice, l’Assemblée Nationale mettrait en péril la liberté d’expression, le droit effectif de critiquer la politique de l’État d’Israël, en particulier ses colonies de peuplement en territoires palestiniens, sa politique d’apartheid en Israël même, ses assassinats extrajudiciaires comme ceux perpétrés mardi 12 novembre tant à Gaza qu’à Damas.
Au moment où le gouvernement prétend combattre tous les communautarismes, l’adoption de cette résolution produirait l’effet inverse.

Le CNPJDPI demande à tous les parlementaires de ne pas signer cette nouvelle version de la « résolution Maillard » et, si elle était maintenue au vote, de voter contre.

Il appelle tous les démocrates à se faire entendre de leurs élu-e-s en se rassemblant le lundi 2 décembre, par exemple près de leurs permanences. À Paris un rassemblement se tiendra près de l’Assemblée Nationale, Place du Président Édouard-Herriot, à partir de 11h.

Paris le 13 novembre 2019

Signataires membres du Collectif pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens

Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) – AFD International – AILES Femmes du Maroc – Alternative Libertaire (AL) – Américains contre la guerre (AAW) – Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF) – Association des Tunisiens en France (ATF) – Association France Palestine Solidarité (AFPS) – Association Nationale des Élus Communistes et Républicains (ANECR) – Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) – Association pour les Jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) – Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) – Association Universitaire pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP) – Cedetim / IPAM – Collectif des Musulmans de France (CMF) – Collectif Faty Koumba : Association des Libertés, Droits de l’Homme et non–violence – Collectif inter-Universitaire pour la coopération avec les Universités Palestiniennes (CICUP) – Collectif Judéo–Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP) – Collectif Paix Palestine Israël (CPPI Saint–Denis) – Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche–Orient (CVPR PO) – Comité Justice et Paix en Palestine et au Proche–Orient du 5e arrt (CJPP5) – Confédération Générale du Travail (CGT) – Droit-Solidarité – Ensemble ! – Europe Écologie les Verts (EELV) – Fédération Syndicale Unitaire (FSU) – Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) – Forum Palestine Citoyenneté – Génération Palestine – La Courneuve–Palestine – le Mouvement de la Paix – les Femmes en noir (FEN) – Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté, section française de la Women’s International League for Peace and Freedom (WILPF) (LIFPL) – Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) – Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) – Organisation de Femmes Égalité – Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF) – Parti Communiste Français (PCF) – Parti de Gauche (PG) – Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM) – Socialistes pour la Paix (SPP) – Sortir du colonialisme – Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES/FSU) – Une Autre Voix Juive (UAVJ) – Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens (UTIT) – Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) – Union syndicale Solidaires

 

[1La CNCDH est une structure de l’État qui assure en toute indépendance, auprès du gouvernement et du parlement, un rôle de conseil et de proposition dans le domaine des droits de l’homme, du droit et de l’action humanitaire et du respect des garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques. La CNCDH est aussi le rapporteur national indépendant pour la lutte contre le racisme sous toutes ses formes.
Elle est composée de 64 membres, issus des principales ONG œuvrant dans le domaine des droits de l’Homme, des représentants des principales confédérations syndicales et de personnalités qualifiées. Sont aussi membres un député désigné par le président de l’Assemblée nationale, un sénateur désigné par le président du Sénat, un représentant du Conseil Économique social et environnemental et le Défenseur des Droits.

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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 20:14

29 novembre: Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien "La France doit exiger la protection internationale du peuple palestinien"

 

 

En ce 29 novembre, journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien organisée par l’ONU, le Parti communiste français (PCF) alerte une nouvelle fois sur l’urgence et la gravité de la situation dans les territoires palestiniens et sur la nécessité d’agir en faveur d’une solution politique pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Le PCF appelle les citoyen·e·s, ses militant·es et élu·e·s à se mobiliser le 29 novembre pour l'exigence d'une action immédiate de la France pour une paix juste et durable, dont la reconnaissance par la France de l’État palestinien dans les frontières de 1967, aux côtés d'Israël et avec Jérusalem-Est pour capitale, donnerait le signal tant attendu.

 

***

 

La France doit exiger la protection internationale du peuple palestinien

«La France déplore…», «la France condamne…», «la France rappelle le droit...», mais quand la France va-t-elle enfin agir pour que le peuple palestinien soit placé sous protection internationale?

Pendant ce temps, la situation s’aggrave.

Cette semaine les bombardements israéliens sur Gaza, où la population vit dans une prison à ciel ouvert, ont repris ajoutant de nouvelles victimes aux dizaines de morts déjà comptabilisés depuis le début du mois de novembre.

Au même moment, le gouvernement israélien a expulsé le directeur de l’organisation Human Rights Watch pour Israël et les territoires palestiniens, Omar Shakir, pour son soutien à la campagne de «boycott, désinvestissement, sanctions» (BDS).

Et, toujours cette semaine, un nouveau prisonnier politique palestinien est mort dans les geôles israéliennes suite au manque délibéré de soins médicaux.

Alors que les États-Unis avaient déjà unilatéralement déclaré Jérusalem "capitale d’Israël"  ainsi que la souveraineté israélienne sur le Golan au mépris des résolutions et des Accords d'Oslo, Washington a maintenant annoncé ne plus considérer, pour sa part, comme illégales les colonies israéliennes installées en Cisjordanie et vient ainsi de se placer lui-même hors du cadre légal international.

Les réactions des Nations unies et de quelques pays européens, dont la France, sont une nouvelle fois insuffisantes. Il y a urgence!

En soutien à B. Netanyahou, les États-Unis  accélèrent la mise en œuvre de leur «deal» qui consiste à ne reconnaître qu'un seul État gouverné par l’extrême droite israélienne, excluant de fait les Palestiniens et niant leur droit à vivre en paix dans leur propre État souverain, indépendant et démocratique.

Le gouvernement français doit faire preuve de courage politique et reconnaître l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, comme l’ont déjà fait les deux chambres du Parlement il y a maintenant cinq ans. La France doit agir concrètement pour l’arrêt immédiat du blocus criminel de Gaza et de la colonisation de la Cisjordanie.

Sans attendre, la France doit cesser sa coopération militaire avec Israël et œuvrer à la suspension de l’accord UE-Israël tant que Tel Aviv ne respectera pas ni les droits humains ni les résolutions des Nations unies.

En France, le gouvernement est maintenant tenu de mettre en œuvre l’étiquetage des produits issus des colonies israéliennes en territoires palestiniens, comme l’a réaffirmé récemment la Cour de justice de l’Union européenne. En outre, les entreprises françaises doivent rompre toutes relations d’affaires, commerciales ou financières avec ces colonies.

Le Parti communiste français (PCF) rappelle que de la paix entre Israéliens et Palestiniens dépend le respect du droit au retour des réfugiés, qui est un droit inaliénable appartenant à chaque Palestinien, ainsi que la libération de l’ensemble des prisonniers, au nombre de près de six mille hommes, femmes et enfants, parmi lesquels des membres du Conseil législatif palestinien, dont Marwan Barghouti et Khalida Jarrar.

Le Parti communiste français – avec ses militant·e·s, ses élu·e·s et parlementaires – sera toujours aux côtés des Palestiniens pour exiger le respect de leurs droits et aux côtés des forces progressistes israéliennes qui luttent contre la mise en place d'un État d’apartheid, la poursuite de la colonisation, l’occupation coloniale et le soutien aux colons porté par le gouvernement israélien d’extrême droite.

A LIRE: Appel conjoint du Parti populaire palestinien (PPP) et du Parti communiste d'Israël (CPI) aux partis communistes et ouvriers signé notamment par le Parti communiste français.

29 novembre: Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien La France doit exiger la protection internationale du peuple palestinien
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27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 07:07
La chronique cinéma d'Andrea Lauro - Patricio Guzmán: Transformer la mémoire personnelle en mémoire collective n’est pas impossible
La chronique cinéma d'Andrea Lauro - Patricio Guzmán: Transformer la mémoire personnelle en mémoire collective n’est pas impossible

Patricio Guzmán 

Transformer la mémoire personnelle en mémoire collective n’est pas impossible


Pour pouvoir parler de l’importance de Patricio Guzmán, et de son travail de documentariste, il faut nécessairement exposer en quelques lignes ce qui furent deux événements fondamentaux dans l’histoire du Chili : la montée au pouvoir d’Allende et le Coup d’État du 11 septembre 1973.


En 1970, malgré la forte opposition des États-Unis d’Amérique, Salvador Allende - leader du Parti unidad Popular - devint le premier président marxiste élu démocratiquement par le peuple. Son gouvernement accorda beaucoup d’importance aux politiques sociales et culturelles : il augmenta les salaires et les pensions minimales, réduisit les loyers, encouragea l’alphabétisation, favorisa les paysans et les petits entrepreneurs par des dégrèvements fiscaux, accorda le vote aux jeunes de 18 ans et aux analphabètes et redistribua la richesse au profit des plus pauvres. L’hostilité du gouvernement américain vis-à-vis de Allende est indiscutable : les USA, avec Richard Nixon à leur tête, considéraient en effet sa croissance politique comme extrêmement dangereuse, et pas seulement pour des raisons liées à l’idéologie, mais aussi pour les intérêts économiques énormes des États-Unis dans cette région.


En 1969 Patricio Guzmán, à l’époque des faits presque trentenaire, s’installe en Espagne de Santiago du Chili - sa ville natale - pour fréquenter l’École de Cinéma madrilène. Durant son adolescence, il eut la chance d’assister aux projections de certains documentaires que le public suivait avec un grand intérêt dans les salles de cinéma : C’est ainsi que la graine de la passion pour le genre documentaire commença à germer en lui. Entre 1965 et 1969, il réalisa quatre courts métrages, et ce n’est qu’en 1971, année de son retour au pays, qu’il dirigea le long métrage

El Primer Año, qui analysait les douze premiers mois du gouvernement Allende. Le réalisateur français Chris Marker (La jetée, court qui inspira Terry Gilliam pour L’Armée des 12 Singes), qui se trouvait de passage à Santiago lors de la sortie du film de Guzmán, offrit de le montrer en France et en Belgique, et deux ans plus tard, il livra au cinéaste chilien les bobines pour tourner la trilogie La Bataille du Chili. On était en 1973.

 

A l’aube du 11 septembre de cette même année, le général Augusto Pinochet, à la tête de l’armée, prit le pouvoir par un coup d’État militaire. La Moneda, le Palais présidentiel, fut attaquée par la terre et bombardée par des chasseurs de fabrication britannique. Salvador Allende est mort au cours de ce siège, mais les causes de son décès semblent toujours controversées : suicide ou meurtre? Entrer dans les méandres d’un mystère encore non résolu, ou dans le champ miné du rôle que les Américains ont joué dans ce Coup d’État, c’est trop nébuleux : en revanche c'est très clair ce qui s’est passé pendant les dix-sept années de dictature de Pinochet. La junte militaire, en organisant l’élimination de toutes les forces de l’opposition, transforma le stade national de Santiago en un immense camp de concentration où se produisirent des viols, des tortures et des interrogatoires inhumains. Environ 130 000 personnes subissaient des tortures, et le nombre de morts est un ballet de chiffres macabre, entre 3 500 et 17 000 (dont environ 3 000 disparus).


Guzmán lui-même fut capturé, menacé d’être fusillé et conduit dans le tristement célèbre Estadio Nacional, mais grâce à l’aide de sa femme et de ses amis, il réussit quinze jours plus tard à fuir cet enfer et, portant les pellicules de La Bataille du Chili, il commença à voyager à travers l’Europe.


Avec son ami Marker, il se mit à trouver des fonds pour le montage du film, mais l’aide économique ne vint pas du vieux continent, mais de Cuba. Guzmán partit donc pour La Havane où, plusieurs années plus tard, il termina sa trilogie sur la fin de la présidence d’Allende. La Batalla de Chile: la lucha de un pueblo sin armas, qui est divisée en trois parties - La insurrección de la burguesía (1975), El golpe de estado (1976), El poder popular (1979) - est considéré par beaucoup de critiques comme le plus beau documentaire chilien de tous les temps. Il a remporté de nombreux prix tant en Europe qu’en Amérique latine, il a été distribué dans 35 pays et a été défini par la revue américaine Cineaste « l’un des dix meilleurs films politiques du monde ». L’amour pour son pays et pour le Cinéma firent en sorte que Guzmán - bien qu’il ne revint jamais au Chili - continue à réaliser des œuvres de très grande envergure tant culturelle que politique, telles que : Chile, la memoria obstinada chile, 1997, qui traite de l’amnésie des gouvernants chiliens; El Caso Pinochet, 2001, axé sur la détention de l’ancien dictateur dans la prison de Londres; Salvador Allende, 2004, basé sur des vidéos de l’époque et sur des interviews de personnes qui avaient connu le président chilien depuis son enfance.

 

 Mais au-delà de l’indiscutable valeur historique, qu’est-ce qui rend les documentaires de Guzman si importants et spéciaux? Oui, parce que malgré l’existence des nombreux docu-films, les œuvres du réalisateur chilien restent gravées dans l’esprit comme une marque au feu. La forte empathie que le spectateur vit en assistant à ses travaux est certainement engendrée par un élément particulier : la poésie. Cet ingrédient, si étranger dans les films qui traitent des horreurs des dictatures, se rencontre principalement dans Nostalgia de la luz, 2010, et dans El botón de nácar, 2015. Deux merveilleuses œuvres dans lesquelles Guzmán revient explorer le passé politique de son pays en recourant à l’allégorie et à la métaphore, qui sont les seules formes acceptables tant pour le gouvernement que pour une bonne partie du peuple chilien. Sa voix off-champ raconte ses pensées profondes, et ses réflexions philosophiques accompagnent des images parfois déchirantes, parfois d’une beauté à couper le souffle.


Nostalgia de la luz parle de la distance entre le ciel et la terre, entre la lumière du cosmos et les êtres humains. Là-haut dans le désert d’Atacama, à trois mille mètres d’altitude, où la transparence de la voûte céleste permet de voir jusqu’aux confins de l’univers, des astronomes du monde entier se réunissent pour observer les étoiles. En bas, au contraire, où l’aridité du sol a préservé pour toujours des restes humains - momies, explorateurs, mineurs et os de prisonniers politiques - un groupe de mères désespérées enlève des pierres à la recherche des restes de leurs enfants.

 

Dans El botón de nácar, le langage de Guzmán devient encore plus allusif, obstinément lyrique, la splendeur de la nature ressort en nette opposition à la cruauté féroce de l’être humain. L’extermination des indigènes par les colons laisse en effet le pas à des atrocités bien plus proches de nos jours, lorsque des hommes et des femmes qui s’opposaient au régime, jetés à la mer par des hélicoptères et des avions comme des sacs-poubelles, ils trouvèrent dans l’Océan l’inhumation indigne.

 

Guzmán a fait du genre documentaire une métaphore de ses obsessions, et ses enquêtes sur : massacres de tribus entières, révolution chilienne, coup d’État de Pinochet et ses conséquences néfastes, sont une analyse claire et passionnée qui remue les consciences et entrave la dangereuse amnésie des peuples.

 

Grâce à la totalité de son œuvre, le réalisateur chilien réussit à démontrer que transformer la mémoire personnelle en mémoire collective n’est pas impossible.

 

...et son dernier film, La cordillera de los sueños (Œil d'or à Cannes 2019), nous attend dans une salle de cinéma.

 

Lire aussi:

1970-1973 : Salvador Allende par Neruda (J'avoue que chez vécu)

Portrait - Andréa : un italien à Morlaix

Heimat, l’œuvre monumentale du réalisateur allemand Edgar Reitz - la critique cinéma d'Andréa Lauro pour le Chiffon Rouge

COMMUNIST'ART: Elio Petri, le cinéaste renégat - par Andréa Lauro

COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)

 

 

 

La chronique cinéma d'Andrea Lauro - Patricio Guzmán: Transformer la mémoire personnelle en mémoire collective n’est pas impossible
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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 16:30
Saskia Hellmund - La Chute du Mur vue de l'est - Mardi 26 novembre, 18h, Mardi de l'éducation populaire du PCF Morlaix, 2 petite rue de Callac à Morlaix

Conférence : « La Chute du Mur vue de l’Est »

 

Saskia Hellmund, historienne diplômée d’une thèse franco-allemande et originaire de la RDA, fera participer l’audience en direct à cet évènement d’envergure mondiale.

Les manifestations contre le régime est-allemand, les dangers, les incertitudes, les bouleversements pour la population, les conséquences de la réunification pour l’Allemagne de l’Est… l’analyse des faits historiques dévoilera une autre vision de la fin de la guerre froide, jusqu’alors inconnue en France.

La chute du Mur a été un moment de grande émotion, mais également un choc pour les Allemands de l’Est. Devoir s’adapter du jour au lendemain à une autre façon de vivre, à d’autres valeurs et exigences, faire face aux fléaux de la société actuelle comme l’insécurité et le chômage : la nouvelle liberté acquise a eu une face cachée. Perdre son pays, ses habitudes et voir dévaloriser ses origines ont été des expériences traumatisantes.

De plus, l’expérience est-allemande offre de nombreux parallèles avec le vécu identitaire breton.

Saskia Hellmund est auteure de deux livres : « La fille qui venait d’un pays disparu », éditions Les points sur les i, Paris 2015, et « Pays perdu, pays choisi », éditions Skol Vreizh, Morlaix 2017.

Après avoir enseigné sa langue maternelle à la Sorbonne, elle a posé sa plume dans le pays de Morlaix. Depuis 2018, elle travaille comme chargée de cours à l’UCO de Guingamp.

Saskia Hellmund vient de terminer un roman qui parle de la situation actuelle en Allemagne de l’Est : « La tentation du retour ».

 

 

 

 

Saskia Hellmund - La Chute du Mur vue de l'est - Mardi 26 novembre, 18h, Mardi de l'éducation populaire du PCF Morlaix, 2 petite rue de Callac à Morlaix
Notez bien dans vos agendas nos prochains Mardis de l'éducation populaire, conférences publiques ouvertes à tous:
 
Mardi 26 novembre 18h (2 petite rue de Callac à Morlaix) :
 
  A l'occasion des 30 ans de la chute du Mur de Berlin et de la fin de la RDA, conférence-débat avec Saskia HELLMUND, qui nous parlera de la RDA « ex Allemagne de l’Est » où elle est née et a vécu sa jeunesse et étudié, sur la base des deux livres qu'elle a déjà publiés:
 
- La fille qui venait d'un pays disparu
 
- Pays perdu, pays choisi. Journal d'une jeune Allemande de l'est (chez Skol Vreizh)
 
 
Mardi 10 décembre 18h (2 petite rue de Callac à Morlaix):
 
Conférence-débat avec le journaliste à l'Humanité et essayiste, spécialiste des questions d'environnement, d'agriculture et d'écologie, Gérard Le Puill sur le thème: comment faire face à l'urgence climatique et l'urgence sociale? 
 
Auteur de:  Devant l'urgence climatique, bousculons les politiques (éditions du Croquant)
 
Produire mieux pour manger tous d'ici 2050 et après
 
L'écologie peut encore sauver l'économie
 
Réinventons l'économie dans un monde fini
 
Mardi 14 janvier 18h (2 petite rue de Callac à Morlaix):
 
Conférence-débat avec le journaliste au Monde Diplomatique Maurice Lemoine, auteur de Venezuela, chronique d'une déstabilisation autour de la situation et de l'histoire récente au Venezuela et de la stratégie américaine et capitaliste pour déstabiliser les gouvernements progressistes et anti-impérialistes en Amérique latine. 
 

 
Nos derniers mardis de l'éducation populaire:
 
Janvier 2018, le philosophe Jean-Michel Galano sur la philosophie de Karl Marx
 
Mars 2018, Greg Oxley sur la Révolution Française
 
Avril 2018, l’écrivaine Maha Hassan sur la littérature, la révolution et la guerre en Syrie
 
Mai 2018, le journaliste Gérard Le Puill sur l’agriculture et le réchauffement climatique
 
Mai 2018, encore, l’ingénieur Yann Le Pollotec sur la révolution numérique
 
Juillet 2018, Marie-Noëlle Postic et Lucienne Nayet sur l’antisémitisme et son histoire
 
Novembre 2018: l’essayiste, romancier et journaliste Valère Staraselski sur le thème: « Aragon, entre littérature et politique, la liaison délibérée ».
 
Décembre 2018: la sociologue et romancière Anne Guillou, auteur chez Skol Vreizh en 2018 de « Une embuscade dans les Aurès »: La Guerre d’Algérie (1954-1961), blessures intimes.
 
Janvier 2019: Dominique Noguères, vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme, avocate, sur l'enjeu de la justice et des réformes de la justice
 
Février 2019: conférence de l’historien Pierre Outteryck  sur la belle figure de Martha Desrumaux, résistante, déportée, dirigeante du mouvement ouvrier, communiste et cégétiste, du Nord
 
Mars 2019. Retour de Palestine avec nos trois camarades de l'AFPS, en mission de solidarité au camp de réfugiés de Jalazone: François Rippe, Thierry Seigland, Yann Crenn
 
Avril 2019: Maryam Madjidi, écrivaine prix Goncourt du premier roman, prix étonnants voyageurs 2018, sur "Marx et la poupée" et sa jeunesse de réfugiée iranienne, fille de militants communistes chassés par la dictature islamiste en Iran.
 
Mai 2019: l'historien Jean-Paul Sénéchal sur le Front Populaire dans le Finistère
 
Juin 2019: 1917-1920: Histoire du mouvement ouvrier et révolutionnaire confronté à la guerre, en chansons, avec Roger Héré, Patricia Paulus, Jean-François Vérant. "De la première guerre mondiale à la création du PCF, éléments d'histoire et de contexte". 
 
Juillet 2019: Bérénice Manac'h sur "Le livre de Nella": une jeunesse dans une famille de réfugiés italiens communistes et dans l'URSS de Staline
 
Mardi 15 octobre à 18h, un visionnage collectif du film de Gilles Ballastre « Main basse sur l'énergie » suivi par un débat animé par Bernard JASSERAND sur les enjeux du démantelement du service public de l'énergie et de l'énergie en France en général.
 
 
Prochains mardis de l'éducation populaire du PCF Morlaix: Saskia Hellmund sur les 30 ans de la chute du Mur de Berlin et de la fin de la RDA le 26 novembre, Gérard Le Puill sur l'urgence climatique le 10 décembre, Maurice Le Moine sur le Venezuela le mardi 14 janvier
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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 05:46

 

Un rapport du Pentagone alerte sur la résurgence de Daech dans le Nord-Est syrien, à la suite de l’invasion turque. Les djihadistes pourraient reprendre des villes en Syrie et en Irak. Un danger qui menace l’Europe.

L’Agence France Presse appelle cela un « un organisme indépendant chargé des enquêtes internes » alors que ce n’est rien d’autre que l’Inspection générale du Pentagone, le ministère américain de la Défense. Cet organisme, en réalité, pire qu’un drone, survole et évalue tout ce qui se passe dans le cadre des opérations militaires états-uniennes. Ce qui se passe au nord-est de la Syrie ne pouvait échapper à son attention. D’autant plus que Donald Trump a annoncé, le 6 octobre, le retrait des 1 000 soldats américains déployés dans cette région, ouvrant la voie à une offensive militaire turque visant les forces kurdes, alliées de la coalition internationale dans la lutte contre les djihadistes de l’organisation dite de l’« État islamique » (EI).

L’EI a exploité l’incursion turque et le retrait des forces américaines

Fortement critiqué, y compris dans son propre camp, le président américain a changé de cap à plusieurs reprises, finissant par annoncer, après avoir affirmé que tous les soldats yankees rentreraient, le maintien d’une « force résiduelle » en Syrie pour « protéger » des champs de pétrole. On imagine bien que les États-Unis ne comptent pas sur le pétrole syrien pour leurs besoins (d’autant qu’avec l’exploitation du pétrole de schiste, ils deviennent le premier producteur d’or noir sur la planète), mais entendent garder un pied en Syrie pour peser, voire surtout influer sur les développements politiques ultérieurs.

Cette inspection générale vient de publier un rapport, citant des informations fournies par l’agence de renseignement militaire du ministère de la Défense, la Defense Intelligence Agency (DIA). Elle se rend compte que « l’EI a exploité l’incursion turque et le retrait des forces américaines qui s’en est suivi pour reconstituer des capacités et des ressources en Syrie ». L’inspecteur général qui signe le texte ajoute que l’EI  « va vraisemblablement utiliser le vide sécuritaire dans le nord-est de la Syrie pour prendre l’Occident pour cible parce qu’il aura sans doute plus de temps et d’espace pour préparer des attentats et soutenir ses 19 branches dans le monde ». À long terme, l’EI  « cherchera probablement à reprendre le contrôle de certaines localités syriennes et à étendre sa sphère d’influence dans le monde », ajoute l’inspecteur, citant des réponses écrites de la DIA à ses questions. Cela montre également que l’utilisation politico-médiatique de l’annonce de la mort d’Abou Bakr Al Baghdadi lors d’une opération militaire américaine, le 26 octobre, ne devrait pas empêcher l’EI  de se reconstituer. Selon la DIA, l’EI  s’était préparé à résister à la mort d’Al Baghdadi et devrait pouvoir « poursuivre ses opérations, maintenir sa cohésion mondiale et conserver sa posture actuelle ». Pire, toujours selon le rapport, l’EI  « a activé des cellules dormantes pour multiplier les attentats contre les Forces démocratiques syriennes » (FDS), la coalition arabo-kurde sur laquelle les alliés se sont appuyés pour chasser au printemps l’organisation djihadiste du « califat » territorial qu’elle avait instauré en 2014, entre la Syrie et l’Irak.

La Turquie a formé, financé et armé des milices djihadistes

Précision ultime, le rapport précise que les forces américaines en Syrie continuent d’armer les combattants des FDS, mais qu’elles ont cessé de les former ! La réalité de ce rapport apparaît dans les chiffres publiés par le Centre d’information du Rojava, qui estime que le nombre d’attaques revendiquées par Daech depuis l’invasion turque a augmenté de 300 %. Ce qui signifie une capacité pour les cellules dormantes d’empêcher la sécurisation des transports entre les différentes villes du nord-est de la Syrie.

Il s’agit aussi et surtout de la duplicité de la Turquie. Celle-ci a formé, financé et armé des milices djihadistes dont les membres sont déjà passés par Daech ou le Front al-Nosra (ex-al Qaida en Syrie), alors que certains groupes évoluaient dans la province d’Idleb, au nord-ouest de la Syrie, et sont maintenant projetés dans les zones à majorité kurde pour procéder à un nettoyage ethnique, soit en tuant, soit en déplaçant des dizaines de milliers de civils. Reste la question récurrente : pourquoi aucun État n’empêche la Turquie d’imposer sa loi sanglante dans cette région ?

Pierre Barbancey

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 09:16

 

En quelques semaines, les États-Unis de Donald Trump auront lâchement abandonné les Kurdes à leurs ennemis historiques, soutenu le coup d’État d’extrême droite en Bolivie et déchiré définitivement l’accord de Paris sur le climat. Ces coups de poignard dans le dos du droit international et de la paix trouvent une nouvelle cible : le peuple palestinien abandonné, humilié, emmuré, bombardé à Gaza, et privé de toute liberté comme de ses besoins les plus élémentaires.

L’ancien patron de la CIA, le sinistre évangéliste Mike Pompeo, adepte d’une « diplomatie de droit divin », est ainsi envoyé en service commandé pour entériner le fait colonial, approuver le processus de vol des terres, des maisons et de l’eau des Palestiniens, légitimer le nettoyage ethnique de la population arabe de Cisjordanie, et pousser à la création d’un grand Israël d’inspiration messianique tant espéré par les extrêmes droites des deux pays.

« D’obstacle à la paix » pour chacune des administrations nord-américaines, celle de Reagan comprise, voici la colonisation de la Palestine désormais reconnue et encensée. Il s’agit d’une rupture historique, non seulement dans la reconnaissance du fait colonial unanimement condamné depuis les indépendances, mais également pour la doctrine nord-américaine au Proche-Orient, qui, jusqu’ici, reposait sur une condamnation – plus ou moins hypocrite – de la colonisation. Quel précédent cette infamante reconnaissance va-t-elle créer dans les relations internationales ?

La colonisation-annexion fut pourtant maintes fois condamnée par l’Assemblée des Nations unies et plus récemment par une résolution du Conseil de sécurité de décembre 2016 (1), exigeant « de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».

Ce coup de force contre le peuple palestinien est destiné à sauver le piètre soldat d’extrême droite Netanyahou et à rassurer la même extrême droite fondamentaliste à un an de l’élection aux États-Unis. Il ne peut rester sans réponse. L’opiniâtreté avec laquelle l’administration états-unienne saborde toutes les conquêtes du droit international et la morgue avec laquelle elle s’assoit sur la dignité des peuples doivent trouver face à elles une réponse ferme et résolue. On ne peut laisser, même par un silence forcément complice, les États-Unis se placer hors des lois internationales pour mieux dicter la loi américaine du talion.

La France doit prendre des initiatives pour isoler les États-Unis lors de la réunion à venir du Conseil de sécurité et pousser au respect du droit international incluant l’autodétermination du peuple palestinien.

La Cour de justice de l’Union européenne a, ces derniers jours, produit un acte de droit d’une cruciale importance contre la politique expansionniste du gouvernement israélien en exigeant l’étiquetage des produits issus des colonies. Fondé sur l’éthique et la demande de respect du droit international, cet arrêt va bien au-delà de la simple question commerciale. Ceci doit donner de la force aux institutions européennes pour le faire respecter et produire les actes politiques en conséquence. Toute autre attitude s’apparenterait à une humiliation.

Défendre aujourd’hui le droit international, c’est défendre une solution à deux États sur les seules frontières reconnues à Israël, celles de 1967, et Jérusalem-Est comme capitale d’un État palestinien. C’est aussi la seule solution viable pour garantir la paix et la sécurité et une des conditions pour un Proche- et Moyen-Orient apaisé. L’Humanité reste à la disposition de ce combat pour un État palestinien. Que se lèvent à nouveau des forces respectueuses du droit, soucieuses de défendre la paix et la justice pour stopper le bras agité des assassins de la Palestine.

(1) Résolution 2334 du Conseil de sécurité 23 décembre 2016.

 

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20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 17:23
Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Ismaël Dupont, Plourin-les-Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Photo Pierre-Yvon Boisnard, Plourin les Morlaix, 19 novembre 2019

Hier soir, un peu plus de 70 personnes sont venues à la salle du Cheval Blanc à Plourin-les-Morlaix, gracieusement mise à disposition par le conseil municipal une nouvelle fois pour une conférence-débat organisée par l'AFPS pays de Morlaix dans le cadre du Festival de la Solidarité Internationale avec la courageuse et brillante anthropologue isréalienne, Eléonore Merza Bronstein, qui anime avec son mari Eitan Bronstein Aparicio l'association anti-colonialiste israélienne Decolonizer et a écrit un livre exceptionnel sur l'impact de la Nakba sur la société israélienne où se mêle leur parcours militant : "Nakba. Pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne en Israël".  

Éléonore a rappelé qu'il n'y avait aucune différence en terme idéologique entre Benny Gantz, le boucher de Gaza, et Benjamin Netanyahou. Actuellement, avec les encouragements de Trump, les Israéliens sondent le terrain à coup d'actes colonialistes unilatéraux contraires au droit international pour mesurer s'ils peuvent pratiquer une annexion pure et simple de la Cisjordanie. Pour Eléonore, un changement de politique ne viendra pas d'abord d'une évolution positive interne de la société israélienne mais de la pression internationale, de la montée en puissance de BDS. Le camp de la paix et l'opposition anti-colonialiste en Israël sont très minoritaires, peu organisés, menacés de mort souvent, ou de licenciement. On observe en ce moment un rétrécissement des libertés des juifs israéliens, des opposants à la politique coloniale. Les Palestiniens n'attendent pas d'avoir des leçons de stratégie de résistance mais ils demandent surtout aux militants de la gauche anti-colonialiste de travailler leur propre société, de s'adresser au monde pour montrer que tous les Israéliens ne cautionnent pas le colonialisme, l'occupation, les crimes de guerre, et les violations du droit international. L'Eurovision en Israël a été l'occasion d'une bataille contre la banalisation de l'Etat d'Israël en rappelant que Tel Aviv, la ville blanche, avait été bâti sur les ruines de 8 villages palestiniens. 

La société israélienne est bâtie sur 3 commémorations fédératrices d'une société en réalité très clivée, hiérarchisée et inégalitaire: une première fête nationale pour commémorer le génocide, le judéocide de la Shoah, une seconde pour commémorer le sacrifice des soldats tombés pour protéger Israël, et une troisième pour célébrer l'indépendance, c'est à dire la création d'Israël. L'armée est l'institution qui structure la société israélienne: les hommes font 3 ans de service militaire et restent des réservistes reprenant annuellement du service jusqu'à leur 50 ans, les femmes 2 ans. La recherche d'emploi est conditionnée par les états de service dans l'armée. Les arabes, les religieux, les gauchistes, et les inaptes n'ont qu'à bien se tenir. La Nakba est un mot auquel les Israéliens donnent peu sens, même si ça progresse un peu, et il est tabou d'en parler, même puni légalement de la commémorer le jour de l'Indépendance.

Pour Eléonore, en France, le CRIF ne représente que lui-même mais développe le discours qui correspond aux intérêts de la droite sioniste israélienne. Les débats sur Israël-Palestine sont passionnés du fait que la France accueille les deux plus fortes "communautés" musulmanes et juives d'Europe et qu'elle a un sentiment de culpabilité vis-à-vis de l'une comme de l'autre, du fait du passé colonial et des guerres coloniales et de la complicité de l’État français dans l'antisémitisme et le génocide. Aux Etats-Unis, les juifs très critiques vis-à-vis d'Israël et de la politique coloniale sont en revanche de plus en plus nombreux, et c'est un vrai motif d'espoir. 

Ce qui a mené Eleonore et Eitan à prendre une distance critique à affronter les mythes coloniaux israéliens: la double culture peut-être pour Elénore (mère juive alsaco-algérienne, père syrien expulsé du Golan), l'héritage universaliste et militant de parents communistes pour Éléonore, une prise de conscience éthique à l'armée pour Eitan, 100% israélien, dont la mère aussi était communiste.

Actuellement 16% des Israéliens sont pour un droit au retour des 7 millions de réfugiés Palestiniens, c'est à la fois peu et beaucoup compte tenu du conditionnement idéologique et médiatique, de l'apartheid et de la séparation de fait entre arabes israéliens, druzes et juifs, des fantasmes et des peurs sur des Israéliens qui seraient rejetés à la mer en cas de retour des Palestiniens, là où en revanche le gouvernement est prêt à accueillir les bras ouverts les 7 millions de "Juifs" dans le monde au nom du projet d’État pour les Juifs, censément laïc mais fondé sur une identité religieuse et une promesse messianique. En réalité, pour Eléonore, Israël n'a strictement aucune légitimité à parler au nom de tous les Juifs.

"Nous militants israéliens anticolonialistes, on milite aussi pour notre bien-être, pour vivre dans un monde un peu moins dégueulasse".  En France et aux Etats-Unis, de nombreux juifs s'activent aussi pour dénoncer la politique coloniale, l'occupation militaire, l'apartheid en Israël-Palestine. L'accès au pouvoir de Donald Trump reste une catastrophe pour la Paix et la cause du droit dans la région. Même si Obama aussi a accordé des armes à Israël comme jamais. 

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20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 06:39

Mexique, 16 novembre (Prensa Latina) L'ancien président bolivien Evo Morales a expliqué ici comment l'ambassade des États-Unis a éclos le coup d'État qui l'a renversé et a fait couler le sang.

Selon une interview publiée aujourd'hui par La Jornada sous le titre : Je suis tombé dans le piège ; le coup d'Etat a eu lieu à l'ambassade des États-Unis : Evo, explique que tout a commencé avec des discussions pour modifier la constitution pour une nouvelle réélection ..

Il y a eu le début d'une guerre sale basée sur des mensonges, dirigée par l'ambassade des États-Unis, a-t-il dit. Il a dit que près de deux mois avant les élections, j'ai convoqué le chargé d'affaires de l'ambassade des États-Unis et je lui ai montré comment des personnes occupant des postes d'ambassade se rendaient dans certaines régions pour faire chanter nos concitoyens.

Ils leur ont dit : Ne votez pas pour Evo, ne soutenez pas, si vous ne soutenez pas, si vous ne votez pas ou ne soutenez pas Evo, nous allons en faire des rues pavées, et le chargé d'affaires m'a promis qu'ils ne feraient pas de politique.

Mais ils sont restés impliqués et ont dépensé beaucoup d'argent pour faire chanter tous les secteurs sociaux, les travailleurs et les étudiants, afin qu'ils ne votent pas pour lui, explique Morales.

Il a dit qu'ils ont démontré avec des documents les nouvelles capacités des États-Unis d'agir en Bolivie où l'agence anti-drogue DEA n'est pas, parce qu'ils l'ont expulsé, ni d'autres d'intervention et d'espionnage, mais ils mettent en œuvre d'autres alternatives.

Pour Evo Morales, il est clair que la raison du coup est le lithium. Si le nom du coup d'État est à l'ambassade des États-Unis, le nom de famille est lithium, a-t-il dit.

Il a révélé que peu avant les élections présidentielles, Ivanka Trump s'est rendu dans la ville de Purmamarca, au nord-ouest de l'Argentine, à la frontière avec la Bolivie, partie connue sous le nom de triangle du lithium, car elle inclut également le Chili. Le triangle d'or blanc concentre 75 % du total de cet élément dans le monde.

Cependant, la Bolivie concentre presque tout le métal qui semble être l'un des éléments les plus importants pour l'avenir du monde.

Nous avons commencé à développer l'industrie du lithium, mais il y a des politiques de privatisation, dit-il. Il y a aussi les complots des grands monopoles qui veulent s'emparer du métal.

Il considère que le coup d'Etat a été préparé à l'avance. C'était un coup totalement différent. J'espère vraiment que ce ne sont pas toutes les forces armées qui ont participé, mais les commandants.

Ils utilisent les forces armées pour mettre des balles dans le peuple, a-t-il dénoncé.

Il a dit qu'après son arrivée au Mexique, il a tout entendu à travers des messages, des vidéos, des réseaux sociaux. J'ai vu comment le peuple s'organise, et pour les ponchos rouges, leur trajectoire de lutte contre le colonialisme, contre l'interventionnisme, contre le militarisme, est historique.

En Bolivie, ce que nous avons vu, ce que nous avons vécu, c'est que des institutions comme la police ne sont au service que de groupes oligarchiques.

Hugo Chávez avait dans sa Police, ses Forces armées et organisé les milices armées. Qui sait si certaines forces sociales sont la base pour devenir des milices, ou si le peuple a aussi son propre groupe organisé, armé et légal.

Les gens ne veulent pas des forces armées dans la ville, parce qu'ils sont complices du coup d'Etat, a-t-il souligné.

Mon pire crime est de nous libérer, non seulement dans la partie sociale et culturelle, non seulement dans la partie idéologique et politique, mais aussi dans la partie économique. La croissance de la Bolivie surprend tout le monde. C'est le péché d'Evo.

mv/lma

source :  https://www.prensa-latina.cu/index.php?o=rn&id=321503&SEO=denuncia-evo-morales-como-estados-unidos-dirigio-el-golpe-en-bolivia

Tag(s) : #Evo#Bolivia#GolpeDeEstado#EvoElMundoEstaContigo

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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 06:34

 

Le commandant en chef joue de ses prérogatives pour gracier trois officiers pourtant jugés coupables d’exactions contre des civils commises en Irak ou en Afghanistan.

L’hyperpuissance doit pouvoir jouer de sa force sans aucune entrave. En conséquence, ses soldats sont dotés d’un droit de vie ou de mort sur n’importe quel individu dès lors qu’ils sont déployés sur un des multiples théâtres d’intervention du Pentagone. C’est ce message qu’a envoyé Donald Trump en graciant, le 15 novembre, trois officiers accusés de crimes de guerre par les tribunaux militaires.

Le commandant en chef de l’armée américaine a usé de ses prérogatives pour faire libérer Clint Lorance, un officier qui purgeait une peine de 19 ans à la prison militaire de Fort Leavenworth après avoir été jugé coupable de l’assassinat délibéré de deux civils en Afghanistan. Il est intervenu de la même façon en faveur de Matthew Golsteyn, un officier des forces spéciales (Seal), reconnu coupable du meurtre d’un autre civil afghan désarmé. Enfin, il a ordonné que soit réhabilité Edward Gallagher, officier des Seal, lui aussi, qui avait été acquitté des accusations de plusieurs crimes de guerre commis en Irak en 2017, mais avait néanmoins été dégradé pour avoir posé avec le cadavre d’une des victimes qu’il venait de trucider à l’arme blanche.

Une volonté de rendre intouchables les expéditions américaines

« Quand nos soldats doivent combattre pour notre pays, je veux leur donner la confiance de combattre ! » a lancé le locataire de la Maison-Blanche. On ne saurait être plus clair sur la volonté de rendre intouchables, ou à tout le moins au-dessus du commun des lois de l’humanité, les expéditions militaires américaines et leurs exécutants. La décision suscite des réactions alarmées jusqu’au sein du Pentagone. Car aucun président de l’époque moderne n’a jamais usé ainsi de son pouvoir de squeezer la justice, fût-elle militaire. Gary Solis, un juge retraité de l’armée, cité par le New York Times, ne voit pas d’équivalent, « du plus loin » qu’il se souvienne. Même Nixon, dit-il, « ne pardonna pas » à un certain lieutenant Calley, coupable d’avoir co-organisé le terrible massacre de civils à My Lai durant la guerre du Vietnam.

Les trois hommes graciés par Trump ont été accablés devant les tribunaux militaires par les témoignages de leurs propres hommes. Clint Lorance a ordonné en juillet 2012 aux membres de son escadron de faire feu sur des villageois désarmés. Il a tenté de masquer son forfait à travers un rapport falsifié. Mais les soldats sous le choc l’ont immédiatement confondu. Jugé en cour martiale, il avait été placé depuis lors derrière les barreaux.

Le major Golsteyn a été jugé pour meurtre avec préméditation dans des exactions commises en 2010 en Afghanistan. Dans son dossier figure son aveu devant des enquêteurs de la CIA d’avoir tué un civil suspecté de fabriquer des bombes mais relâché faute de preuves. Donald Trump avait déjà tenté de le blanchir, quand il a été confondu pour meurtre en 2018, en dégainant un de ses tweets les plus sanglants : « Nous entraînons nos boys à être des machines à tuer. Pour ensuite les inculper quand ils tuent. »

Le refus d’adhérer à la Cour pénale internationale

Quant à Edward Gallagher, il fut accablé également par de multiples témoignages de soldats ayant servi sous ses ordres. Il apparaît ainsi qu’après avoir assassiné au couteau un civil afghan, il a menacé de réserver le même sort à d’autres membres des forces spéciales s’ils ne se taisaient pas. Le forcing de Donald Trump est destiné à pousser la logique de la toute-puissance états-unienne. En pleine cohérence avec le refus des administrations américaines successives – y compris celle de Barack Obama – d’adhérer à la Cour pénale internationale qui aurait pu juger des exactions commises par les troupes américaines en maints points de la planète.

C’est cette logique qui transpire dans le tournant national-libéral que veut impulser Trump depuis son accession au pouvoir. Il entend renforcer la domination multidimensionnelle des États-Unis en leur conférant une sorte de droit supérieur à celui des autres Terriens. Qu’il le fasse en se retirant des accords internationaux en faveur de la lutte contre le changement climatique, qui, dit-il, pénaliserait « de façon déloyale » la compétitivité des firmes américaines. Ou qu’il déclenche des guerres commerciales et économiques avec la Chine et le reste du monde.

Bruno Odent

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