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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 19:07
Rassemblement de solidarité avec le peuple ukrainien et pour la Paix le 5 mars 2022 à Brest place de la liberté (photo Eug)

Rassemblement de solidarité avec le peuple ukrainien et pour la Paix le 5 mars 2022 à Brest place de la liberté (photo Eug)

Appel  à rassemblement en solidarité avec le peuple ukrainien et pour la paix

Samedi 25 février à 14h30 place de la Liberté, Brest

En Ukraine et partout dans le monde, il n’y a d’autres solutions que la Paix !


 
Depuis le 24 février 2022, date du début de l'agression de la Russie contre l'Ukraine, ce conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, des destructions terribles, l'exode de millions d'ukrainiens. En Ukraine et partout dans le monde, il n’y a d’autres solutions que la Paix !

Les conséquences sociales, économiques et écologiques de cette guerre et des autres guerres en cours risquent de devenir de plus en plus terribles pour l'ensemble des populations des pays concernés et pour l’ensemble de la planète.

Il est urgent d'arrêter ces massacres et de stopper en Ukraine une escalade militaire susceptible de conduire à une extension mondiale de la guerre pouvant dégénérer en apocalypse nucléaire.

La seule issue possible c'est l’arrêt des combats et la construction d'une solution diplomatique et négociée dans le cadre des institutions internationales et dans le respect de la Charte des Nations unies.

 Les négociations en pleine guerre ont permis de trouver un accord pour l'exportation des céréales. Ce chemin diplomatique doit prévaloir pour que cessent les combats. Les logiques de guerre n'aboutissent qu'à des échecs.

Notre appel  à la paix ne se limite pas à l'Ukraine. Pour tous les conflits dans le monde, nous appelons les gouvernements à refuser la logique de la confrontation et de la guerre, à s'opposer au péril nucléaire en signant le Traité d' Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN)

 La paix, la coopération et l’amitié entre les peuples sont nécessaires pour faire face aux défis actuels, arrêter la course aux armements et mobiliser les ressources du monde entier pour la justice, la solidarité et la transition écologique.

En ce week-end mondial d'action contre la guerre venons en grand nombre témoigner notre solidarité avec les populations ukrainiennes et exiger un cessez le feu immédiat préalable à une résolution négociée du conflit.

Premiers signataires:

Collectif finistérien pour l'interdiction des armes nucléaires (Mouvement de la Paix, Université Européenne de la Paix, Agir pour un Environnement et un Développement Durable, Association France Palestine Solidarité, Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre, CGT, FSU, Solidaires, Europe Écologie Les Verts, Ensemble !, La France Insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Union Démocratique Bretonne) et Iroise-Ukraine, Amnesty International, Ligue des droits de l'Homme, Confédération Nationale du Travail, Union Pirate,  Brest Nouvelle Citoyenneté, Génération.s, Parti Socialiste, Radicaux de Gauche, Union Communiste Libertaire, La Liste Citoyenne , Mouvement des Jeunes Communistes de France.

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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 09:58
Chili. Enfin la vérité sur la mort du poète Pablo Neruda ? - L'Humanité, Lina Sankari, 15 février 2023
Chili. Enfin la vérité sur la mort du poète Pablo Neruda ?

Le troisième panel d’experts doit rendre ses conclusions ce 15 février sur les circonstances du décès du poète. Sa famille confirme la présence d’un bacille meurtrier, accréditant la thèse de l’empoisonnement par les sbires de Pinochet.

Mercredi 15 février 2023, L'Humanité
 

À propos de son Chant général, Pablo Neruda avait l’habitude de dire qu’il n’y a pas « de matériel antipoétique lorsqu’il s’agit de nos réalités ». « Les faits les plus obscurs de nos peuples doivent être brandis en pleine lumière », ajoutait-il lors de la sortie de ce qui se révéla l’un de ses plus grands gestes lyriques.

Cinquante ans après son décès, la lumière pourrait bientôt surgir de sa dépouille. Celle qui permettrait d’éclairer les circonstances de sa mort, le 23 septembre 1973, douze jours après le coup d’État au Chili contre Salvador Allende. Ce 13 février, la famille du poète a révélé une partie des résultats de l’étude menée par le troisième panel de scientifiques du centre d’ADN ancien de l’université McMaster (Canada) et du département de médecine légale de l’université de Copenhague (Danemark), dont les conclusions devraient être rendues aujourd’hui. Des traces de la bactérie Clostridium botulinum ont été retrouvées dans ses os, favorisant la thèse de l’empoisonnement par les sbires du général Augusto Pinochet. « Il ne fait aucun doute que Neruda a été tué ! » tranche le neveu du prix Nobel, Rodolfo Reves.

Un bateau militaire devant la demeure de Neruda

Officiellement, le certificat rédigé par la junte mentionne un décès des suites d’un cancer de la prostate. Les experts qui, mis sous pression, ont déjà repoussé plusieurs fois la publication de leur rapport, sont pourtant formels : le bacille en cause, généralement présent dans le sol, n’a pas pénétré le cercueil mais était déjà présent dans le corps du poète avant qu’il ne rende son dernier souffle. « La balle mortelle de Neruda a été retrouvée, celle qu’il avait dans son corps. Qui a tiré ? Cela se saura bientôt », appuie Rodolfo Reves.

Après une longue bataille judiciaire, la dépouille de Pablo Neruda avait été exhumée en 2013. Son chauffeur et garde du corps, Manuel Araya, a toujours eu l’intime conviction de l’assassinat de celui qui fut également diplomate. « Nous, nous craignions pour sa vie car on le savait en danger. L’ambassadeur du Mexique voulait le faire sortir du pays », livrait-il à l’Humanité en 2013.

Dix jours avant son décès, un bateau militaire se poste devant la demeure de Neruda à Isla Negra, avant d’accoster et de demander combien de personnes sont employées par l’écrivain. Il reviendra à plusieurs reprises. « Pablo Neruda était un symbole à abattre. Il fut sénateur, candidat à la présidence, prix Nobel, communiste. Il était connu, reconnu et apprécié du peuple », témoigne Manuel Araya.

Des bactéries utilisées par le biochimiste de la police secrète de Pinochet

Le 22 septembre 1973, le garde du corps se rend avec Matilde, l’épouse de Neruda, dans leur demeure pour rassembler quelques affaires. L’après-midi même, on les informe qu’une injection a été pratiquée à la clinique Santa Maria à Santiago où le poète est hospitalisé. « Lorsque nous revenons à la clinique, Neruda est rouge, il me dit que tout son corps le brûle », confie-t-il. En quittant le centre médical, deux véhicules attendent Manuel Araya, qui échoue au commissariat. La suite des événements ne laisse d’interroger. Sergio Draper, le médecin qui a pratiqué l’injection, assure que Neruda est mort dans ses bras. Une version qu’il dément lors de son témoignage : il explique subitement ne pas avoir été présent à la clinique au moment du décès.

 
Lire aussi dans Le Chiffon Rouge:

Pablo Neruda - La Chanson désespérée ou la romance de Santiago du Chili (1924)

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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 09:20

Besoin d'espoir? De combativité? De joie? De lutte collective pour changer la société, défendre le travail et les travailleurs contre le capital et réduire les inégalités? Bienvenue auprès du parti communiste.

Merci Mikaël pour cette pépite du parti communiste japonais: pouvoir travailler 8 heures par jour, avoir une sécurité sociale, la paix, l'égalité des droits et être débarrassés des armes nucléaires!

WE ARE 共産党! - We are the Communist party
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12 février 2023 7 12 /02 /février /2023 08:37
Mahsa Amini -  La jeune femme de 22 ans avait été arrêtée le 13 septembre 2022 par la police des mœurs, pour une mèche qui dépassait de son foulard. Depuis le 16 septembre, les contestations n’ont jamais cessé et touchent toutes les catégories sociales.

Mahsa Amini - La jeune femme de 22 ans avait été arrêtée le 13 septembre 2022 par la police des mœurs, pour une mèche qui dépassait de son foulard. Depuis le 16 septembre, les contestations n’ont jamais cessé et touchent toutes les catégories sociales.

Azadeh Kian, sociologue : « En Iran, le mouvement révolutionnaire s’installe dans la durée »

Malgré sa féroce répression, le soulèvement populaire qui a éclaté il y a plus de quatre mois en Iran ne faiblit pas. Les viols, les tortures, les exécutions et arrestations n’arrêtent pas les mobilisations et renforcent la contestation du régime. Moins visible et plus disparate, elle continue en fait de gagner du terrain, explique la sociologue franco-iranienne Azadeh Kian. Entretien

Publié le Samedi 11 Février 2023

Le mouvement de mobilisation iranien a éclaté le 16 septembre, après la mort en détention de la jeune Mahsa Amini. La jeune femme de 22 ans avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police des mœurs, pour une mèche qui dépassait de son foulard. Depuis, les contestations n’ont jamais cessé et touchent toutes les catégories sociales.

La crise économique que connaît le pays s’est accélérée en 2018 avec les sanctions réimposées par les États-Unis, après leur sortie unilatérale de l’accord sur le nucléaire. Cette dégradation a accru les tensions sociales. L’ampleur des mobilisations est inédite depuis la révolution islamique de 1979 et elles tiennent malgré la répression.

Selon l’organisation Iran Human Rights, outre les 4 hommes déjà exécutés, au moins 26 manifestants ont été condamnés à mort ; 18 000 personnes auraient été arrêtées. De plus en plus d’Iraniens réclament un changement de régime. Azadeh Kian, universitaire spécialiste de l’Iran et du genre, voix très écoutée de la diaspora, analyse ce qui se joue actuellement dans ce pays pivot de la région.

Depuis le décès de Mahsa Amini, lors de son arrestation par la police des mœurs, d’importantes protestations ont éclaté dans l’ensemble du pays. Quelle analyse tirez-vous de ce mouvement ?

Azadeh Kian Ce soulèvement inédit peut être désormais qualifié de révolution. À la différence des mouvements précédents de 2009 qui s’insurgeaient contre de nombreuses fraudes et la réélection du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad et de 2018-2019 contre l’augmentation du prix de l’essence, il s’agit cette fois de pans entiers de la société qui protestent.

Toutes les catégories sociales ont manifesté. Depuis les ouvriers qui travaillent dans divers secteurs industriels jusqu’aux classes populaires et moyennes qui sont dans la rue. Les profils des Iraniens qui font partie des 18 000 personnes arrêtées indiquent qu’ils sont issus pour une part importante de milieux populaires. Les quatre jeunes qui ont été exécutés font ainsi partie de la classe ouvrière.

Icon Quote LA CRISE SOCIALE EST UNE MOTIVATION IMPORTANTE. LA COLÈRE EST GÉNÉRALE ET NI LE POUVOIR NI LA POPULATION N’ACCEPTENT L’IDÉE D’UN CHANGEMENT INTERMÉDIAIRE. » Azadeh Kian, sociologue

C’est un mouvement général qui parcourt l’ensemble du pays et des professions. Pour la première fois, les commerçants de bazar, qui sont historiquement des alliés du clergé et du régime, ont démontré leur mécontentement. Ils ont même répondu à l’appel à la grève nationale.

Des sportifs, des cinéastes, des artistes, des actrices, des célébrités… s’engagent. La colère est tellement répandue au sein du pays que des minorités ethniques comme les Kurdes, les Baloutches, les Azéris ont rejoint les manifestations avec les mêmes mots d'ordre

Le choix de la répression par les autorités iraniennes a-t-il un impact sur les mobilisations ?

Azadeh Kian À mes yeux, il s’agit d’un mouvement révolutionnaire qui s’installe dans la durée. Ce soulèvement continue malgré une forte répression, des exécutions et des arrestations. Une nouvelle fois, une femme, qui a été arrêtée parce qu’elle manifestait contre le voile obligatoire, va être exécutée.

Bien évidemment, l’approche sécuritaire du régime a engendré un ralentissement des manifestations de rue. Mais elles ont lieu désormais de manière spontanée. À Téhéran, tous les soirs, dans de nombreux quartiers, comme dans d’autres villes iraniennes, les mobilisations continuent. Des gens descendent dans la rue avec des slogans hostiles au régime. À cela s’ajoutent des rassemblements hebdomadaires à Zahedan, le chef-lieu de la province du Sistan-Baloutchistan, et au Kurdistan.

Autre phénomène, des mécontentements économiques ont pris le relais. L’Iran dispose de la deuxième réserve gazière au monde. Seulement, ils sont incapables de distribuer le gaz à l’ensemble de la population, alors que les températures ont atteint les -20 °C dans le nord et le nord-ouest du pays. Cela a provoqué d’importants mécontentements car les habitants n’ont pas pu se chauffer. En réponse, le pouvoir leur a envoyé l’armée et la police.

La situation économique et sociale explique-t-elle aussi ce mécontentement général ?

Azadeh Kian La détérioration de la situation économique du pays a provoqué énormément de mécontentement. La crise est une motivation importante pour beaucoup de ces personnes qui descendent dans la rue. Le taux d’inflation atteint désormais officiellement les 46 % et celui des produits de consommation courante, les 70 %.

Des millions d’Iraniens sont tombés dans la pauvreté et le taux de chômage dépasse les 20 %. De même, la monnaie a perdu plus de 30 % de sa valeur depuis le mois de septembre. Cela est plutôt dû aux sanctions, à la mauvaise gestion de l’économie et à la corruption généralisée du pouvoir. Ce contexte social explique la colère des habitants. Des grèves ont eu lieu récemment avec notamment 900 ouvriers de l’industrie du pétrole qui ont manifesté.

Un dialogue entre le soulèvement et les autorités iraniennes peut-il s’amorcer ?

Azadeh Kian En réponse à ce mouvement, un certain nombre de réformistes sont réapparus dans les médias iraniens. Ils tentent de jouer le rôle d’intermédiaire entre les manifestants et le gouvernement ultraconservateur d’Ebrahim Raïssi (président élu en août 2021 – NDLR). Mais ni le pouvoir politique ni le guide suprême, Ali Khamenei, ni la population ne les écoutent. Cette dernière leur reproche de ne rien avoir fait lorsqu’ils étaient au pouvoir avec les présidents Mohammad Khatami (1997-2005) et Hassan Rohani (2013-2021).

La colère est donc générale. Elle porte sur des aspects politiques, socioculturels, sur la corruption de l’élite au pouvoir et son incapacité à gérer les affaires du pays. Devant l’absence de dialogue et de propositions de Raïssi aux manifestants, l’exaspération ne cesse de croître et pousse les contestataires à juger que ce régime n’est pas réformable. Car la mauvaise gestion d’un certain nombre de catastrophes est l’une des causes de ces révoltes. Ispahan risque de se voir vidé de ses habitants à cause de la sécheresse et de la mauvaise gestion des ressources en eau.

Ni le pouvoir ni la population n’acceptent l’idée d’un changement intermédiaire. Au sein du régime, plusieurs cadres, dont les gardiens de la révolution, le guide et un certain nombre de hauts dirigeants qui possèdent une bonne partie de la richesse nationale ne veulent aucunement d’une évolution politique.

Ces protestations ont-elles permis d’obtenir des avancées ?

Azadeh Kian De nombreuses revendications ont émergé depuis le 16 septembre concernant les libertés individuelles, l’égalité entre les femmes et les hommes en tant que fondement principal de la démocratie ou encore le port du voile. Un certain nombre sont devenues des acquis réels et de principe instaurés au sein de la population.

Icon Quote LA DÉTESTATION VIS-À-VIS DU RÉGIME POSE LA QUESTION DE SON MAINTIEN À MOYEN TERME. CERTAINS AYATOLLAHS CONDAMNENT LES EXÉCUTIONS. AZADEH KIAN, sociologue

Le slogan « Femme, vie, liberté » s’est imposé et démontre que, pour les jeunes et pour l’avenir de l’Iran, il s’agit déjà d’une conquête. Bien évidemment, la répression, les intimidations et les arrestations se poursuivent afin d’y mettre un terme. Mais ces menaces engendrent une détestation beaucoup plus grande et forte vis-à-vis du régime.

Ce qui, je pense, pose ouvertement la question du maintien de ce pouvoir à moyen terme et qui a engendré plusieurs défections et des protestations de la part d’ayatollahs qui condamnent les exécutions et la répression. De nombreux militaires auraient également refusé d’ouvrir le feu sur les manifestants. D’autres membres du régime ont quitté le pays avec un certain nombre de capitaux.

Le régime iranien est-il directement menacé ?

Azadeh Kian L’ampleur de la contestation fait que les autorités se sentent menacées. La répression en est l’illustration. Un sondage réalisé au début des protestations montrait que 87 % des personnes interrogées étaient favorables à ce mouvement et partageaient ses revendications.

Pour la première fois, il existe de fortes demandes pour séparer la religion de l’État, même de la part de chefs religieux de la minorité sunnite, comme Molavi Abdul Hamid. Chaque vendredi, il met en avant la citoyenneté iranienne et non religieuse comme fondement national. La revendication de mettre fin à l’islam politique apparaît.

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29 janvier 2023 7 29 /01 /janvier /2023 07:34
L'enrichissement record des milliardaires en temps de crise et de guerre - L'Humanité, 28 janvier 2023
L'enrichissement record des milliardaires en temps de crise et de guerre

Un rapport annuel d'Oxfam démontre l'enrichissement indécent des plus riches. Depuis 2020, les 1 % les plus aisés ont capté les deux tiers des richesses produites à travers la planète. Un profit sans précédent et d’autant plus révoltant que de nouvelles mesures d’austérité se préparent pour le plus grand nombre.

L'Humanité - Publié le Samedi 28 Janvier 2023
 
En plein 53e Forum économique de Davos, où débarquent en jets et en masse grands patrons, oligarques et dirigeants politiques pour «améliorer l’état du monde», Oxfam propose un nouveau rapport baptisé «La loi du plus riche», toujours plus accablant, sur l’insoutenabilité des inégalités. Dans cette publication désormais annuelle, l’ONG s’efforce de trouver les plus impressionnantes comparaisons pour montrer l’indécence des grandes fortunes.
Et cette année est un bon cru, Oxfam en a concocté plusieurs très efficaces. Ainsi, après deux années de crise sanitaire et économique, le patrimoine de Bernard Arnault vaut celui de 20 millions de Français, soit près d’un tiers de la population du pays. Ou encore, si une personne avait gagné 2 millions d’euros à chaque édition du Loto depuis l’armistice de 1918, elle n’aurait même pas la moitié de la fortune du PDG de LVMH. «Les milliardaires ont été les premiers gagnants de la réponse au coronavirus. À eux seuls, les 10 premiers milliardaires français ont engrangé 189 milliards d’euros depuis 2020, assez pour couvrir les factures de gaz, d’électricité et de carburant de tous les ménages français pendant deux ans», renchérit Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France et coauteur du rapport, principalement sur son volet français.

Perenco et la guerre en Ukraine

Ce chapitre souligne notamment que, si on savait que le gouvernement était l’ami des nantis et des grosses entreprises, même ses quelques mesures «sociales» profitent avant tout aux plus riches. Comme le bouclier énergétique, par exemple : quand l’État dépense 100 euros pour plafonner le prix du gaz et de l’électricité, il distribue dans les faits 7 euros aux 10 % les plus précaires, contre 14 euros aux 10 % les plus riches, puisque ce sont ceux qui consomment le plus. Le résultat est le même sur la subvention sur les carburants et toutes les aides non ciblées affectionnées par le gouvernement. Si on ajoute les mesures spécifiquement destinées aux plus riches : fin de l’ISF, mise en place de la flat tax, baisse des impôts proportionnels… on comprend que la concentration des richesses bat tous les records.

Sur les dix dernières années, en moyenne, pour 100 euros de richesse créée en France, 35 euros ont été captés par les 1 % des Français.es les plus riches, 32 euros par les 9 % suivants. Les 50 % les plus précaires n’ont reçu que 8 euros. La logique préexistait au Covid, mais la crise n’a fait qu’aggraver cette tendance. La réponse publique à la crise du coronavirus a provoqué la hausse la plus importante jamais enregistrée de la fortune des milliardaires.

En France, ils ont ainsi gagné près de 220 milliards d’euros entre mars 2020 et mars 2021. Il y a ceux qui ont bénéficié des aides et ceux qui, en plus, ont su profiter des crises. En 2022, le milliardaire Rodolphe Saadé, PDG et actionnaire majoritaire de l’entreprise de fret maritime CMA CGM, a ainsi vu sa fortune augmenter de 28,5 milliards d’euros, son patrimoine a été multiplié par 5 ! De même, Carrie Perrodo, actionnaire majoritaire de l’entreprise pétrolière Perenco, a vu sa fortune augmenter de près de 40 % en 2022 grâce en particulier à la guerre en Ukraine. Depuis 2020, la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 2,7 milliards de dollars par jour !

Une fracture entre fortunes décuplées et factures impayées

De l’autre côté de l’échelle sociale, les conséquences sont encore plus visibles. «En France, la fréquentation des Restos du cœur a augmenté de 12 % en six mois. Quatre Français.es sur dix ont le sentiment de devoir restreindre leur alimentation, tandis que deux Français.es sur dix n’ont pas réussi à payer l’ensemble de leurs factures en 2022», pointe le rapport d’Oxfam. L’explosion des prix de l’énergie et des biens de première nécessité a frappé en particulier les plus précaires : + 20 % pour les pâtes, + 29 % pour le steak haché, + 34 % pour les légumes frais. Et jusqu’à + 120 % pour l’huile de tournesol. Dans le monde, plus de 820 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim ; 60 % d’entre elles sont des filles et des femmes.

Et ce n’est malheureusement pas fini, alarme Oxfam, selon qui les trois quarts des gouvernements dans le monde s’apprêtent à prendre de nouvelles mesures d’austérité en réduisant leurs dépenses de santé, d’éducation ou de protection sociale afin d’économiser plus de 7 500 milliards d’euros. En France, le gouvernement est aussi en train de faire payer la facture de la crise à ses premières victimes. La baisse des indemnités de chômage, juste votée, vise une économie de 4 milliards d’euros et le nombre de chômeurs indemnisés va baisser de 12 %. Quant au report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, il doit rapporter 13 milliards d’euros…

Création d’index, pour que rien ne change

Oxfam souligne que les femmes sont les premières victimes de l’inflation. «Les inégalités économiques entre les femmes et les hommes persistent et les réponses de l’État ne sont pas à la hauteur. Les femmes gagnent toujours en moyenne 28,5 % de moins que les hommes, tout temps de travail confondu, et 15,8 % de moins que les hommes à travail égal», elles souffrent davantage des hausses des prix. Pour lutter contre ces inégalités, le gouvernement a lancé un index pour l’égalité professionnelle. Sauf que, selon celui-ci, tout va bien : la moyenne des notes est de 86/100, et 9 entreprises sur 10 en France ont un score satisfaisant n’appelant pas à prendre des mesures correctrices. Car l’évaluation ne mesure aucunement les causes structurelles de cette inégalité. Le gouvernement vient d’annoncer sur ce même modèle un index seniors, pour demander aux employeurs redonner de «toute leur place aux seniors». Attendons-nous à un déluge de bonnes notes !

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 13:41

 

L'Humanité publie ce texte de femmes et hommes de culture et de la création, qui, aux côtés d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022, sa première signataire, lance un appel à soutenir cette démarche de citoyens d'Europe demandant l’arrêt de la politique de colonisation israélienne et aux autorités françaises et européennes d'agir en ce sens. 

 

Pour nous, écrivaines, écrivains, universitaires, artistes, créateurs et créatrices de diverses disciplines, l'égalité entre tous les êtres humains et le respect de l’autre sont des valeurs fondamentales auxquelles nous sommes très fortement attachés. L’acquisition de territoires par la force, les déplacements de population et la colonisation sont à l’exact opposé de ces valeurs. L’idéologie suprémaciste et raciste qui les accompagne est un poison que nous devons combattre partout où il sévit.  

La colonisation de la Palestine par l’État d’Israël, qui n’a jamais cessé depuis des décennies, va encore s’accentuer avec le nouveau gouvernement israélien, qui donne une large place et des pouvoirs importants à des partis et des personnalités ouvertement racistes, et met au premier rang de son projet l’accélération de la colonisation des terres palestiniennes. La population palestinienne, menacée dans ses moyens d’existence, subit la violence conjuguée de l’armée d’occupation et des colons.  

Aujourd’hui, dans ce contexte de plus en plus tragique, nous demandons avec force aux autorités françaises et européennes d’agir contre cette colonisation et l’occupation militaire sans fin qui l’accompagne, ainsi que pour la protection du peuple palestinien. Alors que l’établissement de colonies dans un territoire occupé constitue un crime de guerre, l’Union Européenne continue d’entretenir des relations commerciales avec les colonies israéliennes établies en Palestine occupée.  

En tant que citoyens, nous pouvons et devons agir : l’Initiative Citoyenne Européenne #StopColonies, officiellement homologuée par la Commission européenne, vise à obtenir de celle-ci que l’Europe mette fin à tout commerce avec des colonies établies par une puissance occupante dans un territoire occupé, quel qu’il soit. 

Nous avons une occasion unique d’envoyer un signal clair et la perspective d’un résultat concret. Pour aboutir, il faut réunir un million de signatures. 

Nous, écrivaines et écrivains, universitaires, artistes, créateurs et créatrices de diverses disciplines, signataires de cette tribune, soutenons l'Initiative Citoyenne Européenne #StopColonies, et appelons les citoyennes et citoyens à la signer et à la faire largement signer dans leur entourage : https://stopcolonies.fr  


Premiers signataires : 

Annie Ernaux,  écrivaine, prix Nobel de littérature 2022

Maguy Marin, chorégraphe 

Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien 

Adeline Rosenstein, metteuse en scène 

HK, chanteur 

Bernard Cavanna, compositeur 

Maïa Sandoz, metteure en scène 

Yannis Youlountas, réalisateur 

Dominique Vidal, journaliste et historien 

Nawal Ait Benalla Lagraa, chorégraphe 

Rony Brauman, médecin, essayiste, ex président de MSF 

Remo Gary, chanteur 

Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste 

Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice 

Philippe Delaigue, metteur en scène 

Jean-Loup Chiflet, écrivain 

Marie Alié, comédienne 

Gérard Morel, artiste de spectacle 

Alain Gresh, journaliste 

Mercedes Dassy, chorégraphe 

Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités 

Pierre-Yves Macé, compositeur 

Bertrand Badie, professeur émérite des Universités 

Hanna El Fakir, réalisatrice radio 

Dominique Ziegler, auteur - metteur en scène 

Daniel Muringer, artiste chanteur musicien compositeur 

Stéphane Bérard, artiste 

Samir Abdalla, cinéaste 

Elisa Firouzfar, comédienne 

Jean-Luc Coudray, écrivain 

Ahmad Dari, artiste palestinien 

Julien Blaine, poète 

Talu Raisson, comédien·ne, musicien·ne 

Habib Ben Tanfous, chorégraphe 

Ronny Trocker, réalisateur 

Philippe Tancelin, poète-philosophe/universitaire 

Philippe Coudray, auteur de bande dessinée 

Pierre Barbancey, journaliste 

Stéphanie Latte-Abdallah, politiste et anthropologue, CNRS 

 

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14 janvier 2023 6 14 /01 /janvier /2023 06:48
Damas 227-Palmyre, gravure à l’eau -forte, 2021.Najah albukai

Damas 227-Palmyre, gravure à l’eau -forte, 2021.Najah albukai

 
Najah Albukaï, "Graver la mémoire", de Denis Lafay, éditions El Viso, 250 pages, 48 euros
Dessins de la terreur

Édition Denis Lafay évoque le parcours et l’œuvre éprouvante de Najah Albukaï sorti de l’enfer des geôles syriennes. Des gravures qui témoignent de l’innommable.

Publié le Mardi 10 Janvier 2023
 

Les comparaisons viennent vite devant les dessins et gravures de Najah Albukaï. L’Enfer de Dante, les planches des Désastres de la guerre de Goya, mais ce que le poète italien a imaginé, ce que le peintre a vu, l’artiste syrien, aujourd’hui en France, l’a vécu dans sa chair pendant des mois d’emprisonnement, de sévices et de tortures, en même temps que d’autres hommes dans les geôles de son propre pays.

Sous le titre Najah Albukaï. Graver la mémoire, le livre du journaliste Denis Lafay, publiant un long entretien avec le neuro­psychiatre Boris Cyrulnik, préfacé par l’historienne de l’art et membre de l’Institut Laurence Bertrand Dorléac, n’est pas de ceux qu’on parcourt pour des émotions ­esthétiques. Chaque image ici reproduite est une épreuve, un témoignage de l’horreur, de ce que des hommes dans les ­ténèbres de l’humanité peuvent faire subir à d’autres hommes. On devrait dire, bien sûr, à des femmes aussi, mais ce dont Najah Albukaï témoigne, c’est de ce qu’il a vu. L’entassement des corps, l’épouvantable promiscuité dans la crasse et la vermine, les corps pendus comme dans des boucheries, les supplices comme celui dit de la chaise allemande, importé dans la Syrie des Assad père et fils par le nazi Aloïs Brunner.

Une logique de déshumanisation

Né en 1970, à Homs, fils d’un fonctionnaire et d’une mère au foyer, cadet de trois frères qui deviendront cardiologue, archéologue, tapissier d’art, suivi par une sœur professeure de français, le jeune garçon montre très tôt des dispositions artistiques exceptionnelles. À 3 ans, il impressionne sa famille et les voisins en dessinant sur un mur blanchi à la chaux. La famille est unie, tolérante, cultivée mais ce n’est pas sans nuages. Il n’a que 4 ans quand son père, disparu pendant deux jours, revient avec la tête à demi rasée par les nervis du régime sur un simple soupçon. Il le verra par la suite dépérir, ravagé par la maladie. Adolescent, un homme respecté du quartier lui fait découvrir la musique mais c’est aussi un prédateur sexuel. Dans le climat de tension de la Syrie, après le coup d’État d’Hafez Al Hassad et l’instauration d’un régime policier exacerbant les rivalités ethniques ou religieuses, il parvient à intégrer l’École des beaux-arts de Damas. Il rencontre son épouse, poursuit sa formation artistique en France avant de revenir enseigner en Syrie. La suite recoupe l’histoire des printemps arabes. Il s’engage, est arrêté une première fois. « Il est, écrit Denis Lafay, jeté dans un camion ou croupissent d’autres jeunes rougis de sang, noircis de crasse, défigurés par les châtiments. » Ce sera le premier séjour dans un centre d’emprisonnement et de torture connu et ­redouté : le centre 227. À partir de là, entre corruption, pots-de-vin, libérations arrachées et aussitôt remises en cause, tentatives avortées de fuite hors du pays, il vit un calvaire de plusieurs années, toujours avec le soutien de sa femme et sans doute celui du dessin. Dans la logique de déshumanisation qui frappe chacun, il s’accroche : « Je suis un artiste. » Il parvient à dessiner, avec n’importe quoi, comme avait pu le faire à Buchenwald Boris Taslitzky, à qui on ne peut que penser.

Depuis 2015, Najah Albukaï, qui a réussi à quitter la Syrie, vit en France et travaille également pour partie en Espagne. Il poursuit ce que l’on doit, au-delà d’un témoignage, appeler une œuvre exceptionnelle.

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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 07:10
Fabien Roussel à Morlaix le 5 décembre 2022

Fabien Roussel à Morlaix le 5 décembre 2022

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, vient officiellement de s’adresser, par courrier, à Emmanuel Macron. À l’occasion des dix ans de l’assassinat des trois militantes kurdes à Paris, il rappelle que « les commanditaires de ce triple meurtre ne sont toujours pas identifiés tandis que les juges d’instruction n’ont pas accès aux dossiers établis par la Direction générale de la sécurité intérieure ». Il demande au chef de l’État « de lever le secret-défense qui rend impossible la manifestation de la vérité dans cette douloureuse affaire ».

Dans un premier temps, la Commission du secret de la défense nationale avait accepté la déclassification, mais les documents fournis étaient « caviardés », comme l’a révélé maître Antoine Comte. Une seconde demande, après la réouverture du dossier en mai 2019, avait été refusée sous prétexte qu’il n’y avait aucun élément nouveau. Mais après la tuerie de la rue d’Enghien, dans le 10e arrondissement, le 23 décembre, l’argument ne tient plus.

Le président de la République peut s’affranchir de l’avis de la Commission et permettre la transparence. « Dans un tel contexte, une instruction libérée de toute entrave reste la meilleure garantie à l’exigence de justice et de vérité à laquelle nous sommes tous attachés. Elle passe sans aucun doute par la levée du secret-défense », écrit encore Fabien Roussel. Depuis des décennies, le PCF soutient la lutte des Kurdes et dénonce la répression dont ils sont l’objet, notamment en Turquie, mais également en France.

Kurdes. Fabien Roussel à Emmanuel Macron : « Levez le secret-défense » - Lundi 9 Janvier 2023 - Pierre Barbancey, L'Humanité
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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 07:05
Brésil - Les bolsonaristes échouent à putscher Lula - Lina Sankari, Christophe Deroubaix, L'Humanité, 8-9-10 janvier 2023
Les bolsonaristes échouent à putscher Lula

Les partisans de l’ancien président ont envahi, ce dimanche, le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême. La gauche dénonce les complicités du gouverneur et des autorités chargées de la sécurité. Absent de la capitale au moment des faits, Lula annonce que les responsables et ceux qui les financent seront poursuivis. L'armée se tient prête.

Dimanche 8 Janvier 2023, L'Humanité

Il y a du trumpisme dans la méthode. L’investiture du président Luiz Inacio Lula da Silva, il y a une semaine, n’aura pas empêché les groupes séditieux de rêver d’un coup d’État, refusant la défaite du président sortant, le fasciste Jair Bolsonaro dans les urnes, le 30 octobre dernier. À Brasilia, des centaines de bolsonaristes, qui contestent toujours le résultat des élections, ont envahi, ce dimanche, le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême.

Le président Lula, en visite dans la ville dévastée par les inondations d’Araraquara (Sao Paulo), était absent de la capitale aujourd’hui. Dans les bâtiments conçus par l’architecte Oscar Niemeyer, riches en œuvres d’art, les dégâts semblent toutefois importants. Parallèlement, des manifestants vêtus de jaune et vert, bloquaient l'avenue du 23 mai de la capitale économique São Paulo.

Lula, qui a validé un décret pour l'intervention fédérale, s'est exprimé dans les heures qui ont suivi. Le chef de l’ Etat a souligné la responsabilité politique à son prédecesseur, notant : «il y a plusieurs discours de l'ancien président qui encouragent cela». Qualifiant les putschistes de «vandales», de «nazis» et de «fascistes fanatiques», il a également annoncé que les responsables de la tentative de putsch et ceux qui les financent seraient poursuivis. 

Connivence des autorités du District fédéral

Gleisi Hoffmann, la présidente du Parti des Travalleurs (PT), la formation de Lula, a mis en cause la responsabilité du gouverneur du District Fédéral, Ibaneis Rocha, et du secrétaire à la sécurité du District Fédéral, Anderson Torres. Ce dernier a été démis de ses fonctions. Dans la région capitale, les bolsonaristes ont largement emporté les élections au Congrès et du gouverneur ; un point d’appui non négligeable pour les putschistes.

Dans plusieurs vidéos diffusées sur les vidéos sociaux, on voit des bolsonaristes discuter sur la Place des trois pouvoirs avec la police militaire de la capitale qui dépend du préfet. «C’est un crime annoncé contre la démocratie, contre la volonté des urnes et pour d’autres intérêts», a réagi la responsable politique sur Twitter. 

Alors que la gauche semble assister sidérée à cette action, certains militants n’ont pas tardé à questionner la lenteur de la réponse étatique. «L’inaction de l’État est stupéfiante. Il n’y a tout simplement aucune réaction à la hauteur, jusqu’à présent, contre la tentative de l’extrême droite. La tactique d’apaisement s’avère être un échec», s’est indigné le journaliste et fondateur du site Opera Mundi, Breno Altman.

En réaction, le nouveau ministre de la Justice Flavio Dino a pour sa part immédiatement annoncé l’envoi de renforts.  «Cette tentative absurde d’imposer la volonté par la force ne prévaudra pas», a-t-il insisté. « La facilité avec laquelle les envahisseurs avancent est un signe de connivence des autorités», abonde la philosophe Marcia Tiburi en exil en France et toujours menacée par l’extrême droite.

Selon la Folha de São Paulo, l'armée aurait mis ses troupes en alerte en attente d'un déclenchement d'une opération de Garantie de la loi et l’ordre (GLO), un instrument prévu par la Constitution fédérale.

Respect de la constitution

Le sénateur Rogério Carvalho (PT) émet quant à lui la proposition que les forces de sécurité du district fédéral soient fédéralisées, c’est à dire qu’elles passent sous l’autorité de l’état fédéral et donc du gouvernement «pour garantir l’intégrité des représentations institutionnelles du Brésil». «Nous ne pouvons pas avoir plus de sympathie pour les criminels», a-t-il ajouté. De son côté, l'ambassade américaine au Brésil a condamné cette tentative de putsch et appelé à «la fin immédiate de ces attaques».

Dans un tweet rédigé en portugais, Emmanuel Macron a pour sa part demandé à ce que «la volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques (soient) respectées !», ajoutant «le président Lula peut compter avec le soutien inconditionnel de la France».

À l’heure où ces lignes étaient écrites, ni Jair Bolsonaro ni son entourage n’avaient réagi à l’invasion des institutions. L’ex-président n’a jamais félicité son adversaire et a quitté le pays pour la Floride quelques jours avant l’investiture de Lula, signant là le peu de cas qu’il faisait du respect de la Constitution et de la transition démocratique. Depuis la défaite de Jair Bolsonaro, certains de ses partisans réclamaient une intervention de l’armée et faisaient le siège devant les casernes. 

L’échec du putsch ne signe pas la fin de la menace

Brésil Lors de leur tentative de coup d’État manqué, les bolsonaristes ont testé la résistance de la démocratie. Le président Lula da Silva, qui a placé son mandat sous le signe de la réconciliation, est appelé à des réformes d’ampleur au sein de l’armée et de la police militaire.

Publié le Mardi 10 Janvier 2023 - L'Humanité

Entre Noël et le carnaval, le Brésil plonge ordinairement dans la léthargie. Réveil douloureux, dimanche, alors que le pays assistait, stupéfait, à l’invasion de la place des Trois-Pouvoirs, à Brasilia, par des centaines de putschistes bolsonaristes, saccageant sur leur passage le palais présidentiel, le Congrès, la Cour suprême et les œuvres d’art offertes par les pays du monde entier qu’ils recelaient. L’une des journées les plus sombres de l’histoire du pays, qui a emporté avec elle trente-huit années de construction démocratique. La barbarie culturelle et politique aura duré quatre heures avant que 400 personnes ne soient interpellées.

Comment le temps de réaction a pu être aussi long dans des lieux aussi stratégiques? C’est la question posée immédiatement par l’ensemble des forces démocratiques sidérées par les images de la police militaire, sous autorité du district fédéral, laissant la marée auriverde défier la zone de sécurité, entre selfies et discussions aimables avec les partisans de l’ex-président Jair Bolsonaro. « L’inaction de l’État est stupéfiante. Il n’y a tout simplement aucune réaction à la hauteur, jusqu’à présent, contre la tentative de l’extrême droite. La tactique d’apaisement s’avère être un échec », s’est indigné, dans un premier temps, le journaliste et fondateur du site Opera Mundi, Breno Altman. Pour sa part, Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT), la formation du chef de l’État Luiz Inacio Lula da Silva, a mis en cause la responsabilité du gouverneur du district fédéral, Ibaneis Rocha, et du secrétaire à la Sécurité et ex-ministre de la Justice, Anderson Torres: « C’est un crime annoncé contre la démocratie, contre la volonté des urnes et pour d’autres intérêts », a-t-elle fustigé.

D’importantes transactions financières depuis les États-Unis

À l’issue des élections générales, les bolsonaristes se sont retrouvés en position de force dans le district fédéral extrêmement conservateur, dans la capitale économique de São Paulo et dans l’ensemble du Sud-Est. Au fil de la journée, ils se sont pourtant désolidarisés un à un des putschistes, craignant que le coup de force de dimanche ait des airs de chant du cygne. « Je veux d’abord m’adresser au président Lula pour m’excuser pour ce qui s’est passé aujourd’hui dans notre ville… Ce qui s’est passé (…) est inacceptable », s’est excusé le gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha. Affilié au Mouvement démocratique brésilien (MDB), ce proche de Jair Bolsonaro a été suspendu de ses fonctions par la Cour suprême pour une durée de quatre-vingt-dix jours. C’est également le cas de l’ex-ministre de la Justice bolsonariste, Anderson Torres, limogé par Ibaneis Rocha lui-même. Autre figure de l’extrême droite à prendre ses distances: Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral de Jair Bolsonaro, qui a regretté ce « jour triste pour la nation brésilienne ».

Depuis plusieurs semaines, des informations circulaient au sein du PT selon lesquelles d’importantes transactions financières étaient en cours, depuis les États-Unis notamment. Des avions et des cars auraient également été affrétés afin de faire affluer les bolsonaristes vers la capitale fédérale. D’aucuns redoutaient que le coup de force n’ait lieu le jour de la passation de pouvoir, le 1er janvier. Ce ne fut pas le cas. De la même manière que les manifestations devant les casernes n’ont pas donné lieu à un soulèvement de l’armée. Si de nombreux parallèles ont été dressés avec l’action des trumpistes contre le Capitole, le 6 janvier 2021, le philosophe et professeur à l’université pontificale catholique de Rio de Janeiro Rodrigo Nunes souligne des différences de taille entre les deux coups de force. « La différence la plus importante est le timing. L’invasion du Capitole avait pour objectif d’empêcher la certification de Biden, afin d’éviter que sa victoire ne devienne un fait accompli. » Jusqu’à dimanche, les bolsonaristes, en position de force au Congrès à l’issue des élections d’octobre, ont laissé passer toutes les échéances: de l’annonce des résultats à leur certification jusqu’à l’investiture. La réaction unanime à l’international afin de valider l’élection puis de condamner la tentative de putsch (lire notre encadré) réduit la marge de manœuvre des cadres bolsonaristes pour qui le coût politique pourrait se révéler élevé. Même importante, leur capacité de mobilisation reste insuffisante. Et ce d’autant plus avec une base, certes violente, fanatisée par les réseaux sociaux et mue par la certitude d’une prophétie autoréalisatrice, mais désorganisée.

En visite dans la ville dévastée par les inondations d’Araraquara (São Paulo), Lula était absent de la capitale au moment des faits. Le président, qui a fait de la réconciliation nationale le maître mot de son mandat, a immédiatement pointé la responsabilité de Jair Bolsonaro: « Il y a plusieurs discours de l’ancien président qui encouragent » la sédition. Qualifiant les putschistes de « vandales », de « nazis » et de « fascistes fanatiques », Lula a également annoncé que les responsables de l’intervention de dimanche et ceux qui les financent seraient poursuivis.

syndicaux et citoyens ont appelé à des manifestations nationales

Une demande forte de sa base qui rejette toute idée d’amnistie. « Ce qui se passe à Brasilia n’est ni un mouvement de masse ni un mouvement spontané. C’est organisé par des bandits qui défendent des intérêts objectifs: l’exploitation minière illégale, l’accaparement illégal des terres, la libéralisation (du port) d’armes, les milices et d’autres choses qui ont toutes reçu l’assentiment de Bolsonaro », argumente Gleisi Hoffmann, signifiant qu’au combat démocratique se superpose celui de classes. Minoritaire au Parlement, la gauche sait le danger de la situation. L’histoire récente de la destitution de Dilma Rousseff et de l’emprisonnement de Lula, par la volonté d’une justice aux ordres, le démontre. Dans ce rapport de forces, les mouvements syndicaux et citoyens ont appelé de manière concertée à des manifestations nationales pour la défense de la démocratie, qui devaient se dérouler ce 9 janvier en fin d’après-midi.

Lula est paradoxalement en position de force face à un Jair Bolsonaro qui, depuis sa défaite à la présidentielle, est obsédé par l’idée de minimiser les charges qui pourraient être retenues contre lui. Deux jours avant l’investiture de Lula, l’ex-président a quitté le Brésil pour la Floride de son ami Donald Trump. Si Jair Bolsonaro tire les fils en coulisses, il ne prend pas la direction explicite du putsch. Les cadres intermédiaires ont à charge d’organiser le coup de force. De cette masse, en attente de dirigeants plus extrêmes, pourrait toutefois naître des « loups solitaires » tentés par des actions meurtrières contre les partisans de gauche dont la campagne électorale n’a pas été exempte. De plus, alerte Rodrigo Nunes, la situation « pourrait déboucher sur un scénario digne du putsch bolivien, dans lequel la persistance de l’anomie sociale amène les militaires à s’exprimer en faveur d’un départ du gouvernement pour ne pas être obligés de tirer sur la population ».

Au nom de la Cour suprême, le juge Alexandre de Moraes a ordonné l’évacuation sous vingt-quatre heures des campements érigés dès le lendemain de la présidentielle à proximité des casernes et le déblocage des routes. Les événements appellent cependant une profonde réforme de la police militaire et de l’armée. « L’armée n’a jamais été purgée des éléments qui ont été à la base de la dictature. Bolsonaro, qui n’était qu’un officier subalterne, en est une triste illustration et les hommages rendus, pendant sa présidence, avec toute la hiérarchie militaire, aux responsables de la dictature et au tortionnaire de (l’ex-présidente) Dilma Rousseff en disent long », souligne l’historien Pedro Da Nobrega, qui rappelle l’immixtion des généraux dans le dernier processus électoral. En Colombie, le président Gustavo Petro a lui-même commencé à remplacer des généraux, une action indispensable pour parachever la transition démocratique et parvenir à la paix. Selon Gleisi Hoffmann, « il est plus que temps pour les forces armées de montrer qu’elles sont du côté du Brésil et non d’un mouvement politique partisan (…) et de putschistes ».

Du Capitole à la place des Trois-Pouvoirs, la diagonale de l’extrême droite

Les relations entre les clans trumpiste et bolsonariste, incarnées par l’ancien conseiller Steve Bannon et Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ex-président, sont-elles allées jusqu’à une aide dans la préparation de l’assaut à Brasilia ?

Publié le Mardi 10 Janvier 2023 - L'Humanité

On ne savait plus s’il parlait de Bolsonaro ou de Trump. Sans doute des deux, d’ailleurs. Il y était question du vol d’une élection, de machines à voter détournées à cette fin, de l’instrumentalisation de la justice et des médias et, finalement, de patriotes qui devaient récupérer leur bien. En un peu plus d’une minute, Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, cochait toutes les cases du « bingo » trumpiste. Au lendemain des attaques contre les lieux de pouvoir au Brésil, Eduardo Bolsonaro, l’un des fils de l’ancien président, a partagé cette vidéo enregistrée fin novembre, alors que Bannon recommandait à Bolsonaro père de ne pas reconnaître les résultats du second tour de l’élection présidentielle.

Le brésil, terreau propice à Une version « tropicale » du trumpisme

On aurait pu penser que le fondateur de The Movement, organisation visant à unir les nationaux-populistes du monde entier, parmi lesquels figure Marine Le Pen, dont il s’est vanté d’être le conseiller informel, en profitait pour refaire le match de l’élection perdue par Donald Trump. En fait, il joue la même partie mais sur un autre terrain. L’attention portée par Steve Bannon au Brésil n’est ni récente ni circonstancielle. Il a identifié dans le plus grand pays d’Amérique latine un terreau proche de celui des États-Unis, qu’il juge propice à une version « tropicale » du trumpisme. Les deux pays se caractérisent par d’immenses inégalités sociales qui sont souvent le calque d’inégalités raciales sur fond d’histoire esclavagiste (jusqu’en 1865 aux États-Unis et 1888 au Brésil) tandis que les évangéliques constituent le noyau dur du bolsonarisme comme du trumpisme. S’ajoute désormais à cette liste un assaut contre le cœur du pouvoir, deux ans et deux jours après l’attaque du Capitole à Washington.

Ce lien transcontinental ne se limite pas à la relation d’un ancien conseiller et d’un fils d’un président battu, dont la première rencontre, à New York en 2018, s’était soldée par un parfait accord dans la lutte contre le « marxisme culturel ». Il illustre la proximité des deux clans et des deux mouvements. Selon le Washington Post, Eduardo Bolsonaro, toujours lui, a été reçu à plusieurs reprises par Donald Trump dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago. Il a également rencontré Jason Miller, ancien porte-parole de campagne de Trump, désormais patron du réseau ultraconservateur Gettr. Lors de la première rencontre à la Maison-Blanche entre Trump et Bolsonaro, c’est le fils qui accompagne son père, pas l’ambassadeur. Celui qui est surnommé « Zéro trois », car il est le troisième fils du leader d’extrême droite, noue des relations personnelles avec Ivanka Trump. Le rejeton se trouve au même endroit le 5 janvier 2021, soit à la veille de l’assaut du Capitole. Une attaque que son président de père refusera de condamner, arguant d’un « manque de confiance » dans les élections qui a « conduit à ce qui se passe là-bas ». Anticipant une défaite annoncée, il ajoutait qu’il pourrait « se passer la même chose » au Brésil puisque « la fraude existe » aussi. Hier matin, toute la fachosphère états-unienne se rangeait derrière les assaillants bolsonaristes. Sans surprise. Demeure une question: a-t-elle participé d’une façon ou d’une autre à la préparation de cette attaque ?

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 07:51
La Guerre de Poutine en Ukraine – Patrick Le Hyaric nous en parle le vendredi 20 janvier de 18h à 20h à l’invitation de la section PCF Quimper  (Halles Saint-François)
La Guerre de Poutine en Ukraine – Patrick Le Hyaric nous en parle le vendredi 20 janvier de 18h à 20h à l’invitation de la section PCF Quimper  (Halles Saint-François)

Les Conférences de Quimper Rouge

Prezegennou Kemper Ruz

INVITATION

LA GUERRE DE POUTINE EN UKRAINE

Pourquoi cette agression contre l'Ukraine? Quels en sont les enjeux? Comment agir pour arrêter cette guerre, faire la paix? Le rôle de la France, de l'Europe? Parlons-en ensemble.

LES CAMARADES DE LA SECTION PCF DE QUIMPER ONT LE PLAISIR DE VOUS INVITER A LA RÉUNION PUBLIQUE, CONFERENCE-DEBAT, QU'ILS ORGANISENT AVEC

PATRICK LE HYARIC

Journaliste, ancien directeur de "L'Humanité", Vice-président de la Gauche Européenne et Verte nordique au Parlement européen de 2009 à 2019

VENDREDI 20 JANVIER de 18h à 20h

HALLES SAINT-FRANCOIS A QUIMPER

Entrée RUE ASTOR

Les prochaines conférences de Quimper Rouge, Prezegennou Kemper ruz à venir AVEC:

Gérard Le Puill, journaliste, sur les questions environnementales, alimentaires et agricoles

Marie-Aline Lagadic, auteure avec sa fille Klervi du "Chant des sardinières"; elles évoqueront les luttes ouvrières dans les conserveries de poissons, dans le pays bigouden et en Cornouaille

Bernard Vasseur, philosophe, écrivain, qui questionnera la sortie du capitalisme, l'avenir du communisme

Contact: pcf.quimper@orange.fr

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