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10 janvier 2023 2 10 /01 /janvier /2023 07:05
Brésil - Les bolsonaristes échouent à putscher Lula - Lina Sankari, Christophe Deroubaix, L'Humanité, 8-9-10 janvier 2023
Les bolsonaristes échouent à putscher Lula

Les partisans de l’ancien président ont envahi, ce dimanche, le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême. La gauche dénonce les complicités du gouverneur et des autorités chargées de la sécurité. Absent de la capitale au moment des faits, Lula annonce que les responsables et ceux qui les financent seront poursuivis. L'armée se tient prête.

Dimanche 8 Janvier 2023, L'Humanité

Il y a du trumpisme dans la méthode. L’investiture du président Luiz Inacio Lula da Silva, il y a une semaine, n’aura pas empêché les groupes séditieux de rêver d’un coup d’État, refusant la défaite du président sortant, le fasciste Jair Bolsonaro dans les urnes, le 30 octobre dernier. À Brasilia, des centaines de bolsonaristes, qui contestent toujours le résultat des élections, ont envahi, ce dimanche, le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême.

Le président Lula, en visite dans la ville dévastée par les inondations d’Araraquara (Sao Paulo), était absent de la capitale aujourd’hui. Dans les bâtiments conçus par l’architecte Oscar Niemeyer, riches en œuvres d’art, les dégâts semblent toutefois importants. Parallèlement, des manifestants vêtus de jaune et vert, bloquaient l'avenue du 23 mai de la capitale économique São Paulo.

Lula, qui a validé un décret pour l'intervention fédérale, s'est exprimé dans les heures qui ont suivi. Le chef de l’ Etat a souligné la responsabilité politique à son prédecesseur, notant : «il y a plusieurs discours de l'ancien président qui encouragent cela». Qualifiant les putschistes de «vandales», de «nazis» et de «fascistes fanatiques», il a également annoncé que les responsables de la tentative de putsch et ceux qui les financent seraient poursuivis. 

Connivence des autorités du District fédéral

Gleisi Hoffmann, la présidente du Parti des Travalleurs (PT), la formation de Lula, a mis en cause la responsabilité du gouverneur du District Fédéral, Ibaneis Rocha, et du secrétaire à la sécurité du District Fédéral, Anderson Torres. Ce dernier a été démis de ses fonctions. Dans la région capitale, les bolsonaristes ont largement emporté les élections au Congrès et du gouverneur ; un point d’appui non négligeable pour les putschistes.

Dans plusieurs vidéos diffusées sur les vidéos sociaux, on voit des bolsonaristes discuter sur la Place des trois pouvoirs avec la police militaire de la capitale qui dépend du préfet. «C’est un crime annoncé contre la démocratie, contre la volonté des urnes et pour d’autres intérêts», a réagi la responsable politique sur Twitter. 

Alors que la gauche semble assister sidérée à cette action, certains militants n’ont pas tardé à questionner la lenteur de la réponse étatique. «L’inaction de l’État est stupéfiante. Il n’y a tout simplement aucune réaction à la hauteur, jusqu’à présent, contre la tentative de l’extrême droite. La tactique d’apaisement s’avère être un échec», s’est indigné le journaliste et fondateur du site Opera Mundi, Breno Altman.

En réaction, le nouveau ministre de la Justice Flavio Dino a pour sa part immédiatement annoncé l’envoi de renforts.  «Cette tentative absurde d’imposer la volonté par la force ne prévaudra pas», a-t-il insisté. « La facilité avec laquelle les envahisseurs avancent est un signe de connivence des autorités», abonde la philosophe Marcia Tiburi en exil en France et toujours menacée par l’extrême droite.

Selon la Folha de São Paulo, l'armée aurait mis ses troupes en alerte en attente d'un déclenchement d'une opération de Garantie de la loi et l’ordre (GLO), un instrument prévu par la Constitution fédérale.

Respect de la constitution

Le sénateur Rogério Carvalho (PT) émet quant à lui la proposition que les forces de sécurité du district fédéral soient fédéralisées, c’est à dire qu’elles passent sous l’autorité de l’état fédéral et donc du gouvernement «pour garantir l’intégrité des représentations institutionnelles du Brésil». «Nous ne pouvons pas avoir plus de sympathie pour les criminels», a-t-il ajouté. De son côté, l'ambassade américaine au Brésil a condamné cette tentative de putsch et appelé à «la fin immédiate de ces attaques».

Dans un tweet rédigé en portugais, Emmanuel Macron a pour sa part demandé à ce que «la volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques (soient) respectées !», ajoutant «le président Lula peut compter avec le soutien inconditionnel de la France».

À l’heure où ces lignes étaient écrites, ni Jair Bolsonaro ni son entourage n’avaient réagi à l’invasion des institutions. L’ex-président n’a jamais félicité son adversaire et a quitté le pays pour la Floride quelques jours avant l’investiture de Lula, signant là le peu de cas qu’il faisait du respect de la Constitution et de la transition démocratique. Depuis la défaite de Jair Bolsonaro, certains de ses partisans réclamaient une intervention de l’armée et faisaient le siège devant les casernes. 

L’échec du putsch ne signe pas la fin de la menace

Brésil Lors de leur tentative de coup d’État manqué, les bolsonaristes ont testé la résistance de la démocratie. Le président Lula da Silva, qui a placé son mandat sous le signe de la réconciliation, est appelé à des réformes d’ampleur au sein de l’armée et de la police militaire.

Publié le Mardi 10 Janvier 2023 - L'Humanité

Entre Noël et le carnaval, le Brésil plonge ordinairement dans la léthargie. Réveil douloureux, dimanche, alors que le pays assistait, stupéfait, à l’invasion de la place des Trois-Pouvoirs, à Brasilia, par des centaines de putschistes bolsonaristes, saccageant sur leur passage le palais présidentiel, le Congrès, la Cour suprême et les œuvres d’art offertes par les pays du monde entier qu’ils recelaient. L’une des journées les plus sombres de l’histoire du pays, qui a emporté avec elle trente-huit années de construction démocratique. La barbarie culturelle et politique aura duré quatre heures avant que 400 personnes ne soient interpellées.

Comment le temps de réaction a pu être aussi long dans des lieux aussi stratégiques? C’est la question posée immédiatement par l’ensemble des forces démocratiques sidérées par les images de la police militaire, sous autorité du district fédéral, laissant la marée auriverde défier la zone de sécurité, entre selfies et discussions aimables avec les partisans de l’ex-président Jair Bolsonaro. « L’inaction de l’État est stupéfiante. Il n’y a tout simplement aucune réaction à la hauteur, jusqu’à présent, contre la tentative de l’extrême droite. La tactique d’apaisement s’avère être un échec », s’est indigné, dans un premier temps, le journaliste et fondateur du site Opera Mundi, Breno Altman. Pour sa part, Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT), la formation du chef de l’État Luiz Inacio Lula da Silva, a mis en cause la responsabilité du gouverneur du district fédéral, Ibaneis Rocha, et du secrétaire à la Sécurité et ex-ministre de la Justice, Anderson Torres: « C’est un crime annoncé contre la démocratie, contre la volonté des urnes et pour d’autres intérêts », a-t-elle fustigé.

D’importantes transactions financières depuis les États-Unis

À l’issue des élections générales, les bolsonaristes se sont retrouvés en position de force dans le district fédéral extrêmement conservateur, dans la capitale économique de São Paulo et dans l’ensemble du Sud-Est. Au fil de la journée, ils se sont pourtant désolidarisés un à un des putschistes, craignant que le coup de force de dimanche ait des airs de chant du cygne. « Je veux d’abord m’adresser au président Lula pour m’excuser pour ce qui s’est passé aujourd’hui dans notre ville… Ce qui s’est passé (…) est inacceptable », s’est excusé le gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha. Affilié au Mouvement démocratique brésilien (MDB), ce proche de Jair Bolsonaro a été suspendu de ses fonctions par la Cour suprême pour une durée de quatre-vingt-dix jours. C’est également le cas de l’ex-ministre de la Justice bolsonariste, Anderson Torres, limogé par Ibaneis Rocha lui-même. Autre figure de l’extrême droite à prendre ses distances: Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral de Jair Bolsonaro, qui a regretté ce « jour triste pour la nation brésilienne ».

Depuis plusieurs semaines, des informations circulaient au sein du PT selon lesquelles d’importantes transactions financières étaient en cours, depuis les États-Unis notamment. Des avions et des cars auraient également été affrétés afin de faire affluer les bolsonaristes vers la capitale fédérale. D’aucuns redoutaient que le coup de force n’ait lieu le jour de la passation de pouvoir, le 1er janvier. Ce ne fut pas le cas. De la même manière que les manifestations devant les casernes n’ont pas donné lieu à un soulèvement de l’armée. Si de nombreux parallèles ont été dressés avec l’action des trumpistes contre le Capitole, le 6 janvier 2021, le philosophe et professeur à l’université pontificale catholique de Rio de Janeiro Rodrigo Nunes souligne des différences de taille entre les deux coups de force. « La différence la plus importante est le timing. L’invasion du Capitole avait pour objectif d’empêcher la certification de Biden, afin d’éviter que sa victoire ne devienne un fait accompli. » Jusqu’à dimanche, les bolsonaristes, en position de force au Congrès à l’issue des élections d’octobre, ont laissé passer toutes les échéances: de l’annonce des résultats à leur certification jusqu’à l’investiture. La réaction unanime à l’international afin de valider l’élection puis de condamner la tentative de putsch (lire notre encadré) réduit la marge de manœuvre des cadres bolsonaristes pour qui le coût politique pourrait se révéler élevé. Même importante, leur capacité de mobilisation reste insuffisante. Et ce d’autant plus avec une base, certes violente, fanatisée par les réseaux sociaux et mue par la certitude d’une prophétie autoréalisatrice, mais désorganisée.

En visite dans la ville dévastée par les inondations d’Araraquara (São Paulo), Lula était absent de la capitale au moment des faits. Le président, qui a fait de la réconciliation nationale le maître mot de son mandat, a immédiatement pointé la responsabilité de Jair Bolsonaro: « Il y a plusieurs discours de l’ancien président qui encouragent » la sédition. Qualifiant les putschistes de « vandales », de « nazis » et de « fascistes fanatiques », Lula a également annoncé que les responsables de l’intervention de dimanche et ceux qui les financent seraient poursuivis.

syndicaux et citoyens ont appelé à des manifestations nationales

Une demande forte de sa base qui rejette toute idée d’amnistie. « Ce qui se passe à Brasilia n’est ni un mouvement de masse ni un mouvement spontané. C’est organisé par des bandits qui défendent des intérêts objectifs: l’exploitation minière illégale, l’accaparement illégal des terres, la libéralisation (du port) d’armes, les milices et d’autres choses qui ont toutes reçu l’assentiment de Bolsonaro », argumente Gleisi Hoffmann, signifiant qu’au combat démocratique se superpose celui de classes. Minoritaire au Parlement, la gauche sait le danger de la situation. L’histoire récente de la destitution de Dilma Rousseff et de l’emprisonnement de Lula, par la volonté d’une justice aux ordres, le démontre. Dans ce rapport de forces, les mouvements syndicaux et citoyens ont appelé de manière concertée à des manifestations nationales pour la défense de la démocratie, qui devaient se dérouler ce 9 janvier en fin d’après-midi.

Lula est paradoxalement en position de force face à un Jair Bolsonaro qui, depuis sa défaite à la présidentielle, est obsédé par l’idée de minimiser les charges qui pourraient être retenues contre lui. Deux jours avant l’investiture de Lula, l’ex-président a quitté le Brésil pour la Floride de son ami Donald Trump. Si Jair Bolsonaro tire les fils en coulisses, il ne prend pas la direction explicite du putsch. Les cadres intermédiaires ont à charge d’organiser le coup de force. De cette masse, en attente de dirigeants plus extrêmes, pourrait toutefois naître des « loups solitaires » tentés par des actions meurtrières contre les partisans de gauche dont la campagne électorale n’a pas été exempte. De plus, alerte Rodrigo Nunes, la situation « pourrait déboucher sur un scénario digne du putsch bolivien, dans lequel la persistance de l’anomie sociale amène les militaires à s’exprimer en faveur d’un départ du gouvernement pour ne pas être obligés de tirer sur la population ».

Au nom de la Cour suprême, le juge Alexandre de Moraes a ordonné l’évacuation sous vingt-quatre heures des campements érigés dès le lendemain de la présidentielle à proximité des casernes et le déblocage des routes. Les événements appellent cependant une profonde réforme de la police militaire et de l’armée. « L’armée n’a jamais été purgée des éléments qui ont été à la base de la dictature. Bolsonaro, qui n’était qu’un officier subalterne, en est une triste illustration et les hommages rendus, pendant sa présidence, avec toute la hiérarchie militaire, aux responsables de la dictature et au tortionnaire de (l’ex-présidente) Dilma Rousseff en disent long », souligne l’historien Pedro Da Nobrega, qui rappelle l’immixtion des généraux dans le dernier processus électoral. En Colombie, le président Gustavo Petro a lui-même commencé à remplacer des généraux, une action indispensable pour parachever la transition démocratique et parvenir à la paix. Selon Gleisi Hoffmann, « il est plus que temps pour les forces armées de montrer qu’elles sont du côté du Brésil et non d’un mouvement politique partisan (…) et de putschistes ».

Du Capitole à la place des Trois-Pouvoirs, la diagonale de l’extrême droite

Les relations entre les clans trumpiste et bolsonariste, incarnées par l’ancien conseiller Steve Bannon et Eduardo Bolsonaro, le fils de l’ex-président, sont-elles allées jusqu’à une aide dans la préparation de l’assaut à Brasilia ?

Publié le Mardi 10 Janvier 2023 - L'Humanité

On ne savait plus s’il parlait de Bolsonaro ou de Trump. Sans doute des deux, d’ailleurs. Il y était question du vol d’une élection, de machines à voter détournées à cette fin, de l’instrumentalisation de la justice et des médias et, finalement, de patriotes qui devaient récupérer leur bien. En un peu plus d’une minute, Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, cochait toutes les cases du « bingo » trumpiste. Au lendemain des attaques contre les lieux de pouvoir au Brésil, Eduardo Bolsonaro, l’un des fils de l’ancien président, a partagé cette vidéo enregistrée fin novembre, alors que Bannon recommandait à Bolsonaro père de ne pas reconnaître les résultats du second tour de l’élection présidentielle.

Le brésil, terreau propice à Une version « tropicale » du trumpisme

On aurait pu penser que le fondateur de The Movement, organisation visant à unir les nationaux-populistes du monde entier, parmi lesquels figure Marine Le Pen, dont il s’est vanté d’être le conseiller informel, en profitait pour refaire le match de l’élection perdue par Donald Trump. En fait, il joue la même partie mais sur un autre terrain. L’attention portée par Steve Bannon au Brésil n’est ni récente ni circonstancielle. Il a identifié dans le plus grand pays d’Amérique latine un terreau proche de celui des États-Unis, qu’il juge propice à une version « tropicale » du trumpisme. Les deux pays se caractérisent par d’immenses inégalités sociales qui sont souvent le calque d’inégalités raciales sur fond d’histoire esclavagiste (jusqu’en 1865 aux États-Unis et 1888 au Brésil) tandis que les évangéliques constituent le noyau dur du bolsonarisme comme du trumpisme. S’ajoute désormais à cette liste un assaut contre le cœur du pouvoir, deux ans et deux jours après l’attaque du Capitole à Washington.

Ce lien transcontinental ne se limite pas à la relation d’un ancien conseiller et d’un fils d’un président battu, dont la première rencontre, à New York en 2018, s’était soldée par un parfait accord dans la lutte contre le « marxisme culturel ». Il illustre la proximité des deux clans et des deux mouvements. Selon le Washington Post, Eduardo Bolsonaro, toujours lui, a été reçu à plusieurs reprises par Donald Trump dans sa résidence floridienne de Mar-a-Lago. Il a également rencontré Jason Miller, ancien porte-parole de campagne de Trump, désormais patron du réseau ultraconservateur Gettr. Lors de la première rencontre à la Maison-Blanche entre Trump et Bolsonaro, c’est le fils qui accompagne son père, pas l’ambassadeur. Celui qui est surnommé « Zéro trois », car il est le troisième fils du leader d’extrême droite, noue des relations personnelles avec Ivanka Trump. Le rejeton se trouve au même endroit le 5 janvier 2021, soit à la veille de l’assaut du Capitole. Une attaque que son président de père refusera de condamner, arguant d’un « manque de confiance » dans les élections qui a « conduit à ce qui se passe là-bas ». Anticipant une défaite annoncée, il ajoutait qu’il pourrait « se passer la même chose » au Brésil puisque « la fraude existe » aussi. Hier matin, toute la fachosphère états-unienne se rangeait derrière les assaillants bolsonaristes. Sans surprise. Demeure une question: a-t-elle participé d’une façon ou d’une autre à la préparation de cette attaque ?

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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 07:51
La Guerre de Poutine en Ukraine – Patrick Le Hyaric nous en parle le vendredi 20 janvier de 18h à 20h à l’invitation de la section PCF Quimper  (Halles Saint-François)
La Guerre de Poutine en Ukraine – Patrick Le Hyaric nous en parle le vendredi 20 janvier de 18h à 20h à l’invitation de la section PCF Quimper  (Halles Saint-François)

Les Conférences de Quimper Rouge

Prezegennou Kemper Ruz

INVITATION

LA GUERRE DE POUTINE EN UKRAINE

Pourquoi cette agression contre l'Ukraine? Quels en sont les enjeux? Comment agir pour arrêter cette guerre, faire la paix? Le rôle de la France, de l'Europe? Parlons-en ensemble.

LES CAMARADES DE LA SECTION PCF DE QUIMPER ONT LE PLAISIR DE VOUS INVITER A LA RÉUNION PUBLIQUE, CONFERENCE-DEBAT, QU'ILS ORGANISENT AVEC

PATRICK LE HYARIC

Journaliste, ancien directeur de "L'Humanité", Vice-président de la Gauche Européenne et Verte nordique au Parlement européen de 2009 à 2019

VENDREDI 20 JANVIER de 18h à 20h

HALLES SAINT-FRANCOIS A QUIMPER

Entrée RUE ASTOR

Les prochaines conférences de Quimper Rouge, Prezegennou Kemper ruz à venir AVEC:

Gérard Le Puill, journaliste, sur les questions environnementales, alimentaires et agricoles

Marie-Aline Lagadic, auteure avec sa fille Klervi du "Chant des sardinières"; elles évoqueront les luttes ouvrières dans les conserveries de poissons, dans le pays bigouden et en Cornouaille

Bernard Vasseur, philosophe, écrivain, qui questionnera la sortie du capitalisme, l'avenir du communisme

Contact: pcf.quimper@orange.fr

La Guerre de Poutine en Ukraine – Patrick Le Hyaric nous en parle le vendredi 20 janvier de 18h à 20h à l’invitation de la section PCF Quimper  (Halles Saint-François)
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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 07:34
Zehra Doğan et Naz Oke à la fête de l'Humanité de Bretigny-Plessy Paté en septembre 2022 (village du livre)

Zehra Doğan et Naz Oke à la fête de l'Humanité de Bretigny-Plessy Paté en septembre 2022 (village du livre)

« Le Kurde n’a d’autre ami que les montagnes »

Par Zehra Doğan  Artiste journaliste kurde. Traduction : Naz Oke, Daniel Fleury

 Lundi 26 Décembre 2022 - L'Humanité
 

L’une des pionnières du mouvement des femmes kurdes, Evîn (Emine Kara), l’artiste Mir Perwer et Abdurrahman Kızıl, un habitué du Centre Culturel, ont perdu la vie suite à l’attaque perpétrée au Centre Kurde Ahmet Kaya à Paris. Des témoins affirment que le meurtrier a été déposé par une voiture dans la rue où se trouve le centre culturel, et qu’il s’est dirigé directement vers sa cible.

Les images de caméras de sécurité montrent également que le meurtrier est entré de manière planifiée dans le centre culturel et les deux établissements où se trouvaient des Kurdes. Evîn a été exécutée, l’assassin s’y étant pris en deux fois. 

Il n’est donc pas acceptable et cela interroge, que la presse française traite d’emblée, et ce dès les premiers instants, ces assassinats comme une «agression individuelle d’un déséquilibré raciste», thèse reprise deux heures plus tard sur place par le ministre de l’Intérieur français et réitérée par communiqué des autorités judiciaires deux jours plus tard, après que l’assassin ait été placé en observation psychiatrique. Comment ces éléments de langage ont-ils été communiqué à la presse dès la première heure ? Est-ce là du «journalisme» ?

Le gouvernement français et la quasi totalité de la presse ont considéré qu’il s’agissait d’une attaque raciste et ont classé l’affaire dans cette catégorie, refusant d’élargir le champ de l’enquête avec les moyens donnés à une caractérisation terroriste. La police française n’était pas là au moment de l’attaque, et l’agresseur a été neutralisé par des témoins au péril de leur vie. Il s’est écoulé quarante minutes avant l’arrivée des policiers. Ceux-ci ont été plus prompts ensuite, dès le premier jour, avec des gaz lacrymogènes, contre la légitime protestation du peuple kurde. C’est cette approche provocatrice qui provoque colère et suspicion aujourd’hui.

Même s’il ne s’agissait que d’une «attaque raciste», ces assassinats ne pourraient être acceptés comme comme un simple fait divers particulièrement violent. Le fait que quelqu’un commette un tel crime en France, qui se définit comme le «pays de la liberté et de la démocratie», montre à quel point les politiques nationalistes et provocatrices du système étatique sont effrayantes.

Le fait que le meurtrier ait des antécédents d’agression raciste et que pourtant la police et le gouvernement français aient alors «simplifié» son crime, le réduisant à un «délit»permettant de libérer son auteur, , le fait qu’à ce moment là les migrants blessés aient été menacés d’expulsion, démontrent que le racisme est présent en France, et pas seulement dans la tête d’un soit disant déséquilibré, et que de telles attaques sont gérées «simplement». L’attaque d’une Mosquée à Bayonne, le meurtre raciste d’un sportif en plein Paris, par des activistes d’extrême droite sont par exemple traités comme «droit commun».

Comment l’administration en France a-t-elle laissé croître des meurtriers racistes à partir de ses citoyens, comment a-t-elle conduit à des modes de pensée encore plus à droite avec la pauvreté, la faim, les problèmes de santé, les politiques sexistes et belliqueuses ?

C’est dans un tel contexte que des services de renseignements des États fascistes ou des velléités terroristes n’ont aucune difficulté à entrer en contact avec des personnes altérées et déséquilibrées.

Le MIT, l’organisation fasciste des renseignements turcs, en Europe, se concentre toujours sur ce type de personnes, et en fait «des gâchettes» de leur propre cause, en utilisant leurs points les plus faibles. C’est le cas pour nombre de manipulations qui ont conduit aux assassinats politiques en Europe ces dernières années contre le mouvement kurde, et même pour les «attentats» en Turquie.

Le jour du massacre, une réunion devait avoir lieu au Centre culturel kurde Ahmet Kaya. Cette réunion avait pour objectif d’organiser les actions et activités à venir, afin d’appeler le gouvernement français à enfin condamner l’État turc, à l’occasion du 10ème l’anniversaire de l’assassinat à Paris des dirigeantes du mouvement des femmes kurdes Sakine Cansız, Leyla Şaylemez et Fidan Doğan. Pour cette raison, présenter le meurtrier comme un «déséquilibré» aux «sentiments racistes», inconscient de ses actes, revient à couvrir le crime réitéré, et à ouvrir les portes à toutes sortes de futur projets semblables.

Avec ce deuxième attentat en France, contre le peuple kurde, cette fois, l’Etat turc aurait perpétré un crime par la main d’un citoyen français. En agissant ainsi, à travers une gâchette française, il garde l’invisibilité, à mon sens, en pointant les flèches sur l’Etat français. La politique récente du MIT turc va dans ce sens. Il procède de la même façon, au Kurdistan du Sud, qui fait partie de l’Irak.

L’État turc fait ainsi éliminer les Kurdes, qui ont été forcés de quitter le Kurdistan du Sud, en Turquie, pour des raisons politiques, en formant et utilisant comme tueurs à gages, des personnes dont ils ont en quelque sorte saisi les faiblesses. Parfois l’instabilité psychique de ces personnes, parfois leur pauvreté, et bien sûr, des sentiments racistes et fascistes permettent cela. C’est ainsi que mon amie Nagihan Akarsel, a été criblée de balles. 

Faut-il encore souligner que l’Etat turc met tous ses moyens contre le peuple kurde sur tous les fronts ? Il mène une guerre qu’il nomme «opérations militaires», un euphémisme... Il s’efforce d’anéantir la culture kurde, par interdictions, de la langue maternelle à la musique, de la littérature aux fermetures d’associations et centres culturels.Il tente de faire taire les intellectuel.les, politiques, militant.es, journalistes kurdes et leurs soutiens, par menaces, perquisitions, emprisonnement... Il essaie de briser les prisonnier.es en les maltraitant, les isolant, les déportant, empêchant leur libération. Il va jusqu’à éliminer des personnalités kurdes, particulièrement des femmes combatives et déterminées, même à l’extérieur du pays...

En Turquie, où le MIT est structurant dans une société fasciste avec son propre système administratif, la plupart des tireurs recrutés étaient soit mentalement instables, soit pauvres, pétris d’une idéologie fasciste. Le régime les désigne «au nom de la Patrie et la Nation». Il en fait de même sur les terrains étrangers où se réfugient les opposant.es.

L’auteur de l’assassinat de l’universitaire et journaliste Nagihan Akarsel, membre du mouvement des femmes kurdes, tombée à Sulaymaniyah en octobre dernier, a lui aussi ce profil. Dans les aveux du tireur, on peut observer comment le MIT a profité de ses sentiments fascistes. Ogün Samast, qui a tué le journaliste arménien Hrant Dink à Istanbul en 2007, est un jeune homme qui a également un profil raciste, nationaliste et étatiste. On ne peut considérer le massacre de Hrant Dink uniquement comme un «meurtre commis par un jeune nationaliste». Ogun Samast n’était qu’un tueur à gages, derrière lui se trouvait une terrible organisation d’État, terroriste.

Toujours l’année dernière, et encore à Sulaymaniyah, Ferhat Bağışkondu a survécu à une attaque. Son auteur, nommé Zımnako est un schizophrène, et il n’est pas citoyen turc. Le considérer tout simplement comme «schizophrène» et fermer les yeux sur le fait qu’il fut formé par le MIT durant une longue période, serait tomber dans le panneau que l’ État turc a planté pour se couvrir. En général, toutes les attaques de ce type contiennent des délires racistes, mais le fait que cette personne soit un «tueur désigné» ne doit jamais être oublié.

La motivation générale de tous ces crimes est le racisme. Et là, il est anti-kurde. Mais clore le problème seulement ainsi est une lecture politique erronée et totalement incomplète, qui ignore tous les précédents et autorise toutes les suites.

La structure fasciste turc, qui a été organisée en Europe comme une extension des gouvernements successifs turcs, est impliquée depuis les années 1970, dans de nombreux crimes, du trafic de drogue à la contrebande d’armes, des crimes de haine aux meurtres. Les agressions, assassinats et attentats organisés par le MIT se sont produits et se poursuivent dans de nombreux pays européens depuis les années 80.

Les forces de renseignement turques, qui mènent de nombreux actions criminelles et terroristes, par l’intermédiaire de leurs propres citoyens fascistes, mènent actuellement des activités majeures dans de nombreux pays d’Europe. Disposant d’un réseau aussi large, il ne leur est pas trop difficile de repérer les profils qui peuvent leur être utiles, et de les préparer à être auteurs d’attentat, comme celui du 23 décembre à Paris...

Classer une enquête sous le sceau du «meurtre commis par un déséquilibré raciste», dès la première heure, diffuser en boucle ces éléments de langage, ne pas donner les moyens d’une enquête pour terrorisme est, pour l’Etat français, une manière d’éloigner des soucis géo-politiques et diplomatiques.

Ce n’est pas la première fois dans son histoire, que l’Etat français enterre des assassinats politiques commis sur son sol, impliquant une main étrangère alliée. Les exemples sont nombreux.

La France n’a fait aucun effort décisif pour résoudre l’assassinat de Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez. Ces militantes de la lutte pour la liberté des femmes qui ont été obligées de quitter l’oppression qu’elles subissaient dans leur propre pays, et qui sont venues sur d’autres terres pour poursuivre leur lutte librement, se sont retrouvées encore, face à la mort. Si un second triple assassinat fut commis le 23 décembre, c’est pour moi parce que ces meurtres de Sakine, Rojbin et Leyla n’ont pas été résolus, par manque de courage politique. De fait, à mes yeux, le gouvernement français, en partage une responsabilité, du fait de cette cécité volontaire, qui conduit à ne pas prendre au sérieux les alertes lancées par la communauté kurde. 

Le monde entier a les yeux tournés vers cette situation. La France donne un signal à ses alliés, mais ouvre la possibilité d’autres crimes, en refusant d’enquêter pour remonter la piste des commanditaires.

Le mois dernier, Emmanuelle Macron a rencontré un groupe de femmes à l’Elysée, pour «soutenir» la révolution des femmes en «Iran». Il semble ignorer que le slogan «Jin Jiyan Azadî», scandé aujourd’hui par les femmes du monde entier, fut justement crée par le Mouvement des femmes kurdes, bien auparavant, et repris à juste titre par les opposant.es en Iran. L’Etat français «soutient» en même temps la révolution des femmes en Iran, et ferme les yeux sur l’assassinat des trois militantes avec parmi elles les créatrices de ce slogan. Cela a permis l’assassinat d’une autre femme kurde, notre camarade Evin, (Emine Kara), qui combattit contre Daech en Syrie.

Un artiste kurde, le musicien Mir Perwer a été lui aussi assassiné à Paris, «capitale de l’art et de la liberté». Mir Perwer, torturé par l’Etat turc, était en exil. Un artiste est assassiné dans la la capitale de l’art...

Des milliers de Kurdes, leurs ami.es et soutiens sont descendus dans les rues, à Paris, à Marseille et d’autres villes, pour élever la voix, contre le fascisme, et non pas seulement pour les Kurdes, mais aussi pour tous les peuples.

Avec ces assassinats du passé, cet attentat du 23 décembre, l’État turc a porté en Europe les agressions et attaques qu’il intensifie de plus en plus contre le peuple kurde et tous les opprimés du Kurdistan. L’Etat turc, à ce jour, n’a pas condamné les meurtres mais par contre a montré du doigt le PKK dans les manifestations de Paris. Il démontre ainsi, que les Kurdes en demande de liberté constituent une cible, peu importe où ils se trouvent.

Les annonces de l’intensification des attaques contre le peuple kurde en Syrie et en Irak, de la poursuite de l’utilisation d’armes chimiques contre la guérilla, de la poursuite des politiques d’occupation, est accompagnée par cette politique de terreur de la Turquie.

Le coprésident du PYD, Salih Muslim a publié le tweet suivant après l’attaque de Paris : «Nous restons dans nos villages, dans nos plaines, ils détruisent et brûlent, ils tuent, nous fuyons vers nos montagnes, on nous tue avec des armes chimiques. N’y a-t-il peut-être pas de place pour les Kurdes dans ce monde ?»

Les pays européens qui veulent donner une réponse démocratique à cette question doivent montrer au plus vite leurs réactions sincères contre la guerre qui se poursuit depuis de longues années au Kurdistan.

Les dirigeants européens qui critiquent le régime fasciste de l’État turc dans la presse, avec une mine fâchée, devraient également cesser de vendre des armes aux Turcs par la petite porte. Ils devraient cesser d’alimenter le feu de la guerre, juste parce que la poursuite de l’exploitation du pétrole, de l’eau et des terres au Kurdistan est dans leur propre intérêt. Ils devraient de toute urgence retirer de leur liste d’organisations terroristes, le PKK, qui mène depuis des années dans les montagnes un combat légitime.

Mais, malheureusement, l’Europe des discours démocratiques continue elle-même à criminaliser les Kurdes. Nombre de politiques, d’activistes kurdes, sont «rendus» à la Turquie, des médias, des associations kurdes sont fermées, inquiétées. Les Editions Mésopotamie, qui publie des livres kurdes ont été objet d’une descente de police, le 8 mars 2018, en Allemagne, dont l’histoire est pourtant marquée d’une tâche noire avec ces livres brûlés sur les places à l’époque hitlérienne. Le fait que ce raid ait coïncidé avec la visite du ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Çavuşoğlu, venu en Allemagne à l’époque pour des pourparlers n’était certainement pas un hasard. Le 2 février 2019, une autre date, d’autre perquisitions, confiscations de biens encore dans les locaux des Editions Mésopotamie et de Mîr Müzik. Le 31 janvier 2022, leurs activités sont officiellement interdites en Allemagne, par décision du Tribunal administratif fédéral. Aujourd’hui en Allemagne, il n’y a plus de maison d’édition qui peuvent imprimer de la littérature kurde.

Lorsqu’on entend des médias français dénoncer le fait que des drapeaux kurdes, qualifiés de «drapeaux d’une organisation terroriste», soient brandis dans des manifestations, on peut s’attendre à une politique identique de l’Etat français, qui a déjà oublié que ces drapeaux ont donné leurs vies pour éliminer les auteurs des attentats qui ont endeuillé les populations françaises.

Nombre de politiques kurdes sont criminalisés. Le slogan «Jin Jiyan Azadî» résonne partout au monde, particulièrement en Allemagne, qui est le terrain le plus large des actions, mais les femmes kurdes auxquelles appartient ce slogan, les activistes, qui luttent pour la liberté, sont arrêté.es, placé.es en garde-à-vue, sous surveillance étroite, leur passeport confisqué.

Il n’y a pas un seul jour que nous ayons des nouvelles semblables provenant de différents pays occidentaux. Il y a seulement quelques jours, le 22 décembre, à Nuremberg, de nombreux kurdes ont subi des perquisitions à leur domicile, un militant, Tahir Koçer a été arrêté.

La réal-politique orchestrée par les Etats occidentaux, qui s’accommodent des alliés douteux lorsque des intérêts sont en jeu, et qui oublient et sacrifient ceux qui hier les ont sauvés, qui les laissent avec les enfants de Daech, érigent des murs et des frontières contre les réfugié.es, empêche que justice soit faite, et que les crimes cessent.

Devant cette situation le dicton kurde bien connu prend encore plus de sens : «Le Kurde n’a d’autre ami que les montagnes».

« Le Kurde n’a d’autre ami que les montagnes » - par Zehra Doğan (Tribune dans L'Humanité du 26 décembre 2022) 
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26 décembre 2022 1 26 /12 /décembre /2022 07:19
« Les Kurdes ont besoin de protection » - Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France - Entretien avec Pierre Barbancey, L'Humanité, 26 décembre 2022
« Les Kurdes ont besoin de protection »

Porte-parole du Conseil démocratique kurde en France, Agit Polat revient sur la tuerie de la rue d’Enghien, à Paris, survenue à l’heure où une soixantaine de femmes kurdes auraient dû se réunir sur les lieux du drame.

Publié le Lundi 26 Décembre 2022

Il y a une vingtaine de jours, vous aviez alerté les autorités françaises pour demander un renforcement de la protection de vos associations. Pour quelles raisons ?

Avant tout, à partir de l’évaluation de la situation géopolitique, et des déclarations des représentants turcs, particulièrement des ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, ainsi que de Recep Erdogan lui-même. On sentait bien que les menaces étaient en train de se renforcer. Et bien sûr, à l’approche de l’anniversaire des assassinats d’il y a dix ans, on éprouvait une tension plus forte. D’autant que la Turquie est dans une impasse totale d’un point de vue politique. Elle n’a pas pu gagner sa guerre contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan – NDLR) au Kurdistan irakien, elle n’a pas pu lancer son opération terrestre au Rojava, au Kurdistan syrien, et a été empêchée de mettre ses menaces à exécution contre la Grèce. J’ai donc alerté les autorités françaises face à cette situation particulière.

Mais votre demande est restée lettre morte ?

Visiblement. Nos locaux de la rue d’Enghien sont des lieux sous surveillance. Mais ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de surveillance mais de protection. On est surveillés, mais pas protégés. C’est la deuxième fois qu’on se fait assassiner, qu’on n’est pas protégés. On ne peut plus accepter ça. Les autorités ont une responsabilité, elles auraient dû prévenir ces assassinats.

Quels sont les éléments qui vous font dire que ce qui s’est passé vendredi n’était pas fortuit, que cet homme est venu pour tuer des Kurdes ?

Dans un premier temps, il s’en est pris particulièrement à notre association. L’une des personnes tuées, Emine Kara, était une figure emblématique du mouvement des femmes kurdes. Et comme les trois militantes tuées il y a dix ans à Paris, elle aussi a été prise pour cible. Selon nos informations, Emine Kara a d’abord été blessée. Puis l’homme a tiré sur d’autres personnes, l’une était à côté d’elle et une autre sur le trottoir. À ce moment-là, le tueur s’aperçoit qu’Emine Kara n’est pas morte. Il revient et lui loge une balle dans la tête. C’est une exécution. C’est un fait concret. De même, il s’est rendu dans un restaurant kurde. Les Kurdes étaient pris pour cible, et plus particulièrement Emine Kara. Le garde des Sceaux a déclaré que toute la France était en deuil. Ce qui signifie que c’est aussi une attaque contre la France. Or, ces dernières semaines, on a constaté une prise de position ferme de Paris contre une éventuelle opération militaire turque au Rojava. Il s’agit d’une ligne stratégique nouvelle France-États-Unis contre l’expansionnisme turc. L’attaque contre notre centre, vendredi, est aussi à examiner sous cet angle : à Paris, et contre les Kurdes.

Ce qui voudrait dire que l’attaquant était au courant que cette responsable allait se trouver là à ce moment-là ?

Je ne l’affirmerai pas. Mais une chose est sûre, ce jour-là, il était prévu qu’une réunion se tienne pour les préparatifs des manifestations du 7 janvier, qui marqueront les 10 ans de l’assassinat de nos trois camarades Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Söylemez, dans ce même quartier. Emine Kara devait donc être là. L’heure de la réunion a été décalée la veille. L’information a ainsi pu circuler, et cet homme est arrivé au moment où cette figure du mouvement des femmes kurdes était présente.

Comment considérez-vous la décision du parquet antiterroriste de ne pas se saisir de l’affaire ?

Ils disent que, à ce stade, ce ne sont pas que les Kurdes qui étaient visés, mais qu’il s’agit de motivations racistes. C’est en tout cas comme ça qu’ils souhaitent nous convaincre. Nous ne partageons pas une telle version. Ils disent également que, jusqu’ici, aucun lien n’a été établi entre cet homme et une puissance étrangère. En l’occurrence, je pense qu’il doit s’agir de la Turquie.

La commémoration, le 7 janvier, des 10 ans de l’assassinat des trois militantes kurdes sera-t-elle également un moment pour la recherche de la vérité et la levée du secret-défense dans ces dossiers ?

Il y a dix ans, l’assassin était un homme malade. Il est d’ailleurs mort en prison à cause d’un état de santé défaillant. Aujourd’hui, encore une fois, on invoque l’état de santé de celui qui a agi vendredi. Ce qui s’est passé ce 23 décembre est dans la continuité du triple assassinat du 9 janvier 2013. Si ces meurtres avaient été élucidés, ces nouveaux assassinats ne seraient pas survenus. Les autorités turques – car, pour nous, elles sont derrière – n’auraient pas pu procéder de cette façon-là. Les commanditaires n’ont pas été démasqués parce que le secret-défense n’a pas été levé par les autorités françaises. C’est la clé.

Rassemblons nous à Lorient le 26 décembre à 18h devant la FNAC de Lorient en soutien aux camarades kurdes suite à l'attentat de Paris !

Rassemblons nous à Lorient le 26 décembre à 18h devant la FNAC de Lorient en soutien aux camarades kurdes suite à l'attentat de Paris !

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26 décembre 2022 1 26 /12 /décembre /2022 07:10
l’actrice iranienne Taraneh Alidoosti (photo Page Wikipédia)

l’actrice iranienne Taraneh Alidoosti (photo Page Wikipédia)

Iran. Arrestation de l’actrice Iran. Arrestation de l’actrice Taraneh Alidoosti

La comédienne a été arrêtée par les autorités iraniennes. Militante du droit des femmes, Taraneh Alidoosti a soutenu à maintes reprises les mouvements de contestation qui ont suivi la mort de Mahsa Amini. Sur Instagram, la semaine dernière, elle dénonçait l’exécution de Mohsen Shekari pour son implication dans les manifestations.

Publié le Lundi 19 Décembre 2022 - l'Humanité

Vous l’avez peut-être vue dans les films d’Asghar Farhadi À propos d’Elly ou  le Client, oscar du meilleur film étranger. Plus récemment, elle était à l’affiche de Leïla et ses frères, sélectionné cette année en compétition à Cannes. La comédienne Taraneh Alidoosti est en prison depuis samedi. Militante du droit des femmes, elle a soutenu à maintes reprises les mouvements de contestation, nés à la suite du décès de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, le 16 septembre. Elle avait succombé après trois jours de coma et une arrestation par la police des mœurs à Téhéran pour «  port de vêtements inappropriés ».

« Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l’humanité. » Taraneh Alidoosti

« Taraneh Alidoosti a été arrêtée en raison de ses actions récentes en publiant de fausses informations et contenus, et pour incitation au chaos », précise Tasnim, l’agence semi-officielle de la République islamique. « Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l’humanité », avait dénoncé l’actrice de 38 ans sur Instagram, le 8 décembre, après la pendaison de Mohsen Shekari, condamné pour « guerre contre Dieu ».

Déjà en novembre, elle avait promis de rester dans son pays et de « payer le prix » qu’il faudrait pour défendre ses droits. Elle avait pris la décision d’arrêter de travailler pour soutenir les familles des victimes des manifestations. Selon une collaboratrice de Farhadi, elle serait à la prison d’Evin à Téhéran, tristement connue pour les mauvais traitements infligés aux détenues.

À l’instar de milliers d’Iraniens et d’une quarantaine d’étrangers détenus dans les geôles de la République islamique, le monde du cinéma paie un lourd tribut à la répression de la révolte populaire. En juillet, les cinéastes Mohammad Rasoulof, Mostafa Aleahmad et Jafar Panahi ont été emprisonnés pour une tribune contestant l’attitude des autorités lors d’une manifestation. Ils sont toujours en détention.

 

Iran. Arrestation de l’actrice Taraneh Alidoosti - Michael Mélinard, L'Humanité, 2022
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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 07:29
Le PCF mobilisé aux côtés des Kurdes suite à l'attentat de Paris - 23 décembre 2022
Le PCF mobilisé aux côtés des Kurdes suite à l'attentat de Paris
 
C'est avec une immense émotion que le Parti communiste français a appris l'attentat d'extrême-droite ce jour contre le siège du CDKF. Dix ans après le triple assassinat de militantes, une nouvelle fois les Kurdes sont frappés en plein Paris.
 
Le PCF adresse ses sincères condoléances aux familles et aux proches des trois personnes décédées et les assure de sa pleine solidarité dans cette épreuve. Nos pensées vont également aux blessés. Nous remercions les services de secours et les forces de l'ordre pour leur réactivité.
 
L'urgence est de protéger les Kurdes de Paris. Et toute la lumière doit être faite sur ce crime odieux.
 
Alors que l'auteur attaquait des réfugiés soudanais il y a 11 mois, ces meurtres montrent que l'extreme-droite, mue par sa haine raciste, tue dans notre pays. Cela révèle un climat nauséabond qui grandit en France, nourrit par des discours xénophobes et racistes, ouvertement tenus dans les médias et par des responsables politiques.
 
De plus, alors que le Conseil Démocratique Kurde en France (CDKF) est clairement visé dans un contexte de multiples menaces proférées par la Turquie, l'enquête doit déterminer si cette attaque a été commanditée.
Le PCF continue d'exiger la levée du secret défense sur l'assassinat de 2013 pour qu’enfin la justice soit faite et que la vérité éclate sur l’implication directe de l’Etat turc. Nous demandons que l’Etat français protège les kurdes de France qui subissent des menaces en raison de leur engagement pour les droits humains et ceux du peuple kurde. Aujourd'hui comme hier le PCF assure les Kurdes de son soutien dans leur lutte.
 
Le PCF appelle à participer à la manifestation organisée par le CDKF demain 24 décembre à 12h Place de la République à Paris.
 
Parti communiste français.
 
Paris, le 23.12.2022
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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 07:23
Emine Kara

Emine Kara

Parmi les trois victimes mortellement touchées par l’attaque de ce vendredi au Centre culturel kurde Ahmet-Kaya se trouvait Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France. La France avait rejeté sa demande d’asile alors même qu’elle était menacée par le régime d’Erdogan.
Ces derniers mois, elle a consacré toute son énergie à la solidarité avec la révolution des femmes d’Iran. Elle préparait avec ses camarades la manifestation du 7 janvier pour exiger la vérité et la justice sur les assassinats voilà 10 ans, à Paris, tout près des lieux de l’attentat d’aujourd’hui, des trois militantes kurdes Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Saylemez. Elle devaient se retrouver nombreuses, aujourd’hui, rue d’Enghien, à l’heure de l’attaque. Le report impromptu du rendez-vous, décalé d’une heure, a sauvé bien des vies.
Il reste la sidération, la colère, la tristesse, et, encore, encore, l’exigence que toute la lumière soit faite sur ce crime odieux.
Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité
Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, victime du massacre devant le  Centre culturel kurde Ahmet-Kaya
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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 07:19
Le tueur de la rue d’Enghien en mission contre les militants kurdes?
Le tueur de la rue d’Enghien en mission contre les militants kurdes?

Selon les informations recueillies par l’Humanité, l’homme aurait été déposé par une voiture devant le siège du Conseil démocratique kurde de France (CDKF) alors que devait se tenir une réunion d’une soixantaine de femmes kurdes, finalement décalée d’une heure au dernier moment. Un massacre a été évité. Qui aurait renseigné le tueur ?

Publié le Vendredi 23 Décembre 2022

La tuerie qui s’est déroulée ce vendredi rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de la capitale serait-elle le fait d’un homme un peu détraqué, dont les motifs devraient être recherchés dans le racisme et la xénophobie ? L’homme arrêté, William M., 69 ans, ancien conducteur de train, est connu de la justice pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021.

Selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, l’homme serait connu pour «  des faits en Seine-Saint-Denis où il serait passé récemment en jugement, aurait été condamné, mais à la suite de la condamnation un appel aurait été interjeté par le parquet ». Il est aussi  « lié à des faits qui se sont passés du côté de Bercy à Paris », a poursuivi la magistrate. Les faits visés concerne l’attaque d’un camp de migrant le 8 décembre 2021 dans le parc de Bercy (XIIe arrondissement), qui avait bléssé deux personnes à l’arme blanche.

Il avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour des dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire avant d’être remis en liberté le 12 décembre dernier.

Le CDKF avait alerté les services de renseignements français il y a 20 jours

Selon Gérald Darmanin, l’homme serait en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ni « fiché comme étant quelqu’un d’ultradroite » il a par ailleurs précisé que le suspect fréquentait un stand de tir et avait décalré de nombreuses armes en préfecture. Le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n’y a  «aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine», a très vite conclu la procureure. Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législation sur les armes, a-t-elle précisé. 

Or, de nombreux éléments laissent penser qu’il pourrait s’agir d’une attaque non pas dirigée contre de simples étrangers, mais au contraire d’un acte politique visant explicitement non seulement les Kurdes mais plus directement le Conseil démocratique kurde de France (CDKF).

Selon Agit Polat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France qui s’exprimait quelques heures à peine après l’attentat, « il est inadmissible que dans cette affaire le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu’on essaie de nous faire croire qu’il s’agit d’un simple militant d’extrême-droite, un récidiviste tout juste sorti de prison le 12 décembre. » Ce même responsable kurde révélait également: « Il y a à peine vingt jours de cela, lors d’un échange avec les services de renseignements français, j’ai moi-même fait part personnellement de mes craintes concernant notre sécurité. J’ai souligné la nécessité d’augmenter la sécurité au sein et autour de notre association.

Selon les éléments que nous avons pu recueillir, une voiture aurait déposé William G. devant le siège du CDKF. Il est descendu d’un véhicule, son arme à la main, à l’heure même où devait se tenir une importante réunion de femmes kurdes pour préparer les manifestations du 4 et du 7 janvier, commémorant le 10e anniversaire de l’assassinat de trois militantes kurdes (Fidan Dogan, Sakile Cansiz et Leyla Soylemez) en plein Paris, le 9 janvier 2013, et dont les commanditaires ne sont toujours pas identifiés.

Une réunion d’une soixantaine de militantes kurdes était prévue ce vendredi

Difficile de croire au hasard. Une soixantaine de militantes kurdes devaient être là, sur ces mêmes marches, ce vendredi, lorsque l’assassin a fait feu sur les quelques personnes présentes. L’assassin connaissait-il la date et l’heure de la réunion ? Il ne savait pas que celle-ci avait été décalée dans la matinée à cause de problèmes de RER et ne devait démarrer qu’une heure plus tard. Un massacre a été évité, bien qu’il se soit ensuite tourné vers le restaurant kurde, situé de l’autre côté de la rue puis vers un salon de coiffure attenant.

Le centre kurde n’était pas protégé par la police

Berivan Firat, porte-parole des relations extérieures du CDKF ne retient pas sa colère ni sa tristesse. « Nous sommes à la veille du 9 janvier. Il y a dix ans trois femmes Kurdes étaient assassinées. C’est encore une attaque visant des femmes. Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit seulement d’un acte raciste. Si les commanditaires des meurtres du 9 janvier 2013 avaient été démasqués (seul le tueur a été identifié mais aujourd’hui décédé, N.D.L.R.) , la tuerie d’aujourd’hui ne se serait pas produite. »

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24 décembre 2022 6 24 /12 /décembre /2022 06:30
Salah Hamouri: Macron a laissé faire - Pierre Barbancey, L'Humanité
Salah Hamouri: Macron a laissé faire - Pierre Barbancey, L'Humanité
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21 décembre 2022 3 21 /12 /décembre /2022 08:15

Quand les étudiants iraniens de l'université Sharif de Téhéran reprennent El pueblo unido jamás será vencido (« Le peuple uni ne sera jamais vaincu ») la chanson chilienne écrite par le groupe Quilapayún et composée par le musicien Sergio Ortega en 1973.

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