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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 05:06
Des Syriens arrivent de Turquie au camp de réfugiés de Friedland, en Allemagne, le 4 avril 2016

Des Syriens arrivent de Turquie au camp de réfugiés de Friedland, en Allemagne, le 4 avril 2016

Information de L'Express, 23 août 2016: révoltant! Va t-on rétablir l'esclavage ou les ateliers nationaux, nouveaux bagnes pour les pauvres?

Le gouvernement allemand souhaite offrir 100 000 emplois dans des structures d'accueil pour faciliter l'intégration des migrants qui ne possèdent pas de titre de séjour.

C'est une proposition qui choque. L'Allemagne veut créer 100 000 emplois pour les migrants sur son sol d'ici trois ans, payés 80 centimes d'euro l'heure. L'objectif est de faciliter leur intégration et leur permettre d'apprendre l'allemand à travers le monde de l'entreprise, relate France Bleu ce mardi. De tels mini-emplois existent déjà pour les chômeurs longue durée dans le pays, mais ils sont rémunérés 1,05 euro de l'heure, ce qui est déjà minime. Les recrutements ont déjà débuté.

"Ni un salaire, ni un vrai travail"

Les réfugiés seront logés gratuitement dans des centres d'accueil, qui les feront travailler dans la structure: restauration, nettoyage... "Ce n'est ni un salaire, ni un vrai travail, comme remplacer des vendeurs ou autre, mais des tâches qu'ils n'effectueraient sans doute pas en temps normal. Plutôt un travail d'utilité publique", explique la directrice générale de l'association des villes allemandes Gudrun Heute-Bluhm, interrogée par France Bleu.

"Ces activités ont été conçues pour des chômeurs de longue durée qui ont besoin d'une structure d'accueil où on les prend en charge au quotidien. Cela concerne des personnes qui n'ont pas travaillé depuis longtemps, ce qui n'est pas le cas des réfugiés, qui, eux, insistent pour trouver un emploi", conteste une députée des Verts, Brigitte Pothmer, auprès de France Bleu.

Les mini-jobs allemands, pénalisants pour l'emploi?

Les réfugiés qui n'ont pas de permis de séjour définitif ne peuvent pas trouver de véritable emploi. Mais ils perçoivent une aide financière, comme en France.

En 2011, 20% des salariés allemands étaient payés à un niveau inférieur au Smic horaire français et 40% avaient un salaire mensuel net inférieur à 1000 euros. En 2012, l'Agence allemande pour l'emploi (BA) a chiffré à 7,4 millions le nombre de "mini-jobs", des contrats à temps partiel rémunérés 450 euros par mois maximum, dont plus d'un tiers concernaient des salariés ayant plusieurs emplois. Selon le BA, ils pénaliseraient parfois la création de vrais emplois.

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 19:00
Nada Kiswanson

Nada Kiswanson

Me Kiswanson travaille sur d'éventuels crimes commis par Israël à Gaza lors du conflit de 2014

Victime depuis six mois de menaces de mort répétées, l'avocate jordano-suédoise Nada Kiswanson a décidé d'interpeller les autorités néerlandaises. Etablie à la Haye, aux Pays-Bas, elle espère "susciter une réponse du gouvernement", alors qu'une enquête de police s'avère toujours infructueuse.

Représentante en Europe de l'organisation palestinienne de défense des droits de l'homme Al-Haq, elle a plaidé à Bruxelles en faveur de la campagne mondiale de boycottage de produits israéliens engagée en 2005. Mais ce qui, selon elle, dérange ceux qui tentent de l'intimider, c'est son travail auprès de la Cour pénale internationale (CPI).

En janvier 2015, l'Autorité palestinienne décidait d'adhérer à cette Cour établie en 2002 par traité. Quelques semaines plus tard, sa procureure générale, Fatou Bensouda, annonçait l'ouverture d'un examen préalable à une éventuelle enquête - sur des crimes commis depuis le début de l'opération "Bordure protectrice" lancée par l'armée israélienne dans la bande de Gaza en juin 2014. L'initiative suscitait une réaction immédiate d'Israël, qui déniait à la juridiction - dont il n'a pas ratifié le traité - toute compétence pour enquêter.

La procédure n'en est qu'à ses débuts et, du côté de la Cour, on laisse du temps au temps, comme du côté de l'Autorité palestinienne, qui, jusqu'ici, a essentiellement brandi la menace de la CPI pour obtenir des avantages diplomatiques.

A la Haye, la représentation palestinienne n'a pas souhaité commenter le cas de la militante. Sur le fond, le dossier de la CPI est essentiellement alimenté par plusieurs ONG palestiniennes, dont Al-Aq, qui récoltent pièces à conviction et témoignages. Basée à La Haye, Nada Kiswanson se charge de les transmettre à la Cour.

Mais l'avocate ne cesse de recevoir des menaces de mort derrière lesquelles elle pointe la responsabilité des services secrets israéliens. Elle en veut pour preuve "la sophistication des attaques". Lors des premières menaces, reçues par téléphone ou SMS, la jeune femme, mère d'une petite fille de 2 ans, ne s'inquiète pas vraiment. Mais lorsqu'en février, elle est piégée par un mystérieux interlocuteur qui se fait passer pour un fonctionnaire du ministère de la santé sondant les habitants sur le virus Zika, et auquel, confiante, elle fournit son adresse, elle commence à s'inquiéter.

"Une menace pour nous tous"

La police néérlandaise ouvre alors une enquête, mais les menaces continuent. En Suède, le même interlocuteur promet à un membre de sa famille de "l'essuyer de la surface de la Terre" si elle ne cesse pas son travail. Quelques semaines plus tard, un bouquet de fleurs est déposé sur le palier de son domicile, accompagné d'un carton alarmant: "Chère Nada, nous apprécions votre travail et nous allons prendre soin de vous".

Enfin, dans son quartier, les habitants reçoivent des tracts les invitant à se méfier de leur "voisine fondamentaliste". "Nous sommes habitués aux descentes de police, aux interdictions de voyager, à l'emprisonnement. Mais qu'ils aillent si loin et de façon si sophistiquée, nous ne l'attendions pas", affirme Me Kiswanson. En mars, Amnesty International, qui soutient la militante, voit son ordinateur piraté et décide de fermer temporairement ses bureaux à La Haye, suivi de plusieurs ONG.

Le ministère israélien des affaires étrangères n'a pas souhaité réagir "à ces allégations absurdes". Côté néérlandais, on s'abstient de tout commentaire. Dans un entretien au quotidien néérlandais NRC, le greffier de la Cour, Herman von Hebel, a dénoncé "une attaque contre une ONG" qui "mine indirectement le travail de la Cour". Chef de la coalition des ONG pour la CPI, un lobby qui regroupe près de 2500 organisations, William Pace a, lui, estimé que les menaces proférées contre Nada Kiswanson "ne sont pas seulement contre la CPI, mais contre le droit international et la justice" et qu'"une attaque sur l'un de nos membres est une menace pour nous tous".

S. MS, correspondante du Monde à La Haye

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 17:52
L'Europe de la lâcheté: l"'édito de Maurice Ulrich dans l'Humanité du 23 août 2016

L'Humanité, mardi 23 août 2016

"L'Europe de la lâcheté"

L'éditorial de Maurice Ulrich : "Angela Merkel, Matteo Renzi et François Hollande souhaitent rendre plus hermétiques les frontières de l'UE. Pendant ce temps, chaque jour en Syrie, en Méditerranée, victimes des bombes ou de la faim, meurent des enfants dont on ne verra jamais les visages."

Les images du petit Omram en sang ont fait le tour du monde la semaine passée. Sans doute n’est-ce pas vain. L’émotion de centaines de millions d’hommes et de femmes dans le monde participe, croyons-le, espérons-le, de la construction d’un monde commun, et nous revient en mémoire cette citation qui inspira Hemingway : « Nul homme n’est une île complète en soi-même. Tout homme est une part du continent, une part du tout. Et si tu entends sonner le glas, ne demande pas pour qui il sonne, il sonne pour toi. » Mais on le sait bien, l’image qui révèle la violence peut aussi masquer la réalité des chiffres : à ce jour, 4,3 millions de Syriens ont fui leur pays. 42 % d’entre eux sont en Turquie, 27 % au Liban. Combien en a accueillis la France ? Quelques dizaines.

De quoi ont discuté hier Angela Merkel, Matteo Renzi et François Hollande ? De la mise en place rapide, selon les mots de l’AFP « d’un corps européen de gardes-frontières pour renforcer les frontières externes de l’UE et les rendre plus hermétiques ». Ah oui, l’Europe est en train de bâtir un plan. Le nombre de réfugiés par pays sera décidé en fonction de divers critères comme le taux de chômage, le revenu par habitant, mais pour un objectif qui est une honte : l’accueil de 120 000 migrants supplémentaires. Pendant ce temps, chaque jour en Syrie, en Méditerranée, victimes des bombes ou de la faim, meurent des enfants dont on ne verra jamais les visages. On sait bien sûr que l’accueil ne peut suffire, qu’il faut d’autres politiques de paix, de développement que celles d’aujourd’hui, menées au nom de sordides calculs d’influence, de marchandages, au gré des flux financiers et de la spéculation mondiale.

Mais la lâcheté de l’Europe d’aujourd’hui, sa démission face à cette crise qui n’est pas celle des migrants mais une crise du monde, son refus d’affronter les replis identitaires et les extrêmes droites qui en prospèrent d’autant mieux, nous mènent à une impasse. Il nous faut aujourd’hui penser le monde et, pour paraphraser Paul Éluard, si l’écho des voix de ses enfants martyrs faiblit, nous périrons.

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 16:54

Intervention militaire turque en Syrie : Erdogan hors du Rojava! (PCF)

Communiqué du PCF

MERCREDI, 24 AOÛT, 2016

En violation de la légalité internationale, l’armée turque vient de pénétrer sur le territoire fédéral du Rojava (Kurdistan de Syrie). Dans son sillage, elle réinstalle des centaines de djihadistes qui en avaient été chassés.
Le dictateur Recep Tayyip Erdogan prétend y déloger l’organisation Etat islamique (Daesh) qu’il a soutenue depuis le début de la guerre civile en Syrie. Son seul objectif est en réalité de briser la résistance héroïque des Kurdes, qui après Kobanê, ont, souvent seuls, combattu Daesh tout en tentant d’unifier leur territoire pour y bâtir une société libre et démocratique.
Les Kurdes de Syrie ont besoin de toute notre solidarité.

Le Parti communiste français appelle solennellement la France et l’Union européenne, et ses Etats-membres, à agir pour exiger que la Turquie se retire immédiatement du Rojava.
L’intégrité et l’autonomie du Rojava doivent désormais être garanties par les Nations unies pour ouvrir un chemin vers la paix pour les populations de Syrie et de tout le Proche-Orient.


Parti communiste français,

Intervention militaire turque en Syrie: Erdogan hors du Rojava! (PCF)

Syrie : Erdogan lance l’offensive contre Daech et surtout contre les Kurdes

MERCREDI, 24 AOÛT, 2016

HUMANITE.FR

Si ce mercredi la Turquie intervient sur le sol syrien, c’est avant tout pour empêcher la progression du YPG, qui vient de conquérir la totalité de la ville d’Hassake. Le but d’Erdogan est de conquérir ces bastions de Daech pour ne pas les laisser aux Kurdes.

La Turquie a lancé ce mercredi matin une offensive avec avions de combat et forces spéciales, officiellement pour chasser Daech de la ville de Jarablos ville syrienne au bord de la frontière.
L'artillerie turque a ouvert le feu dès lundi en direction de Manbij et a également visé Jarablos pour tenter d'ouvrir un corridor aux rebelles, explique un responsable turc. Environ 1500 membres de « l’armée syrienne libre » ont traversé la frontière pour attaquer la ville.
L'opération turque a pour but de "mettre un terme" aux problèmes à la frontière turque et vise le groupe jihadiste Etat islamique et les milices kurdes, a déclaré officiellement ce mercredi à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'armée turque, soutenue par les forces de la coalition internationale antijihadiste, a lancé l’opération, "Bouclier de l'Euphrate", avec des avions de combat et ses forces spéciales pour chasser l'EI de Jarablos, localité frontalière de la Turquie.
"Le plan, c'est de prendre la ville et de poursuivre vers le sud (...) pour empêcher les Kurdes de faire mouvement vers le nord et de prendre d'autres villages" expliquent sur place des combattants cités par l’agence reuters. Le vrai but de l’opération est bien de couper l’avancée des Kurdes qui enchainent les succès militaires.

Les Kurdes première cible

Les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) se sont emparés de la quasi-totalité d'Hassake, ville proche de Jarablos dans le nord-est de la Syrie, où ils ont infligé une sévère défaite aux forces progouvernementales d’Assad. Les kurdes se sont en outre emparés de cinq villages voisins, et souhaitent s’organiser en un régime fédéral afin de préserver leur autonomie.
Cette progression des Kurdes est la principale crainte de la Turquie qui est prête à accepter n’importe qui sauf eux. Erdogan multiplie les déplacements diplomatiques pour rebattre les cartes de la région. D'autant plus que les Etats-Unis et dans une moindre mesure la France soutiennent les Kurdes syriens, meilleurs remparts contre Daech.
« Nous pensons que le PKK [ndlr. les kurdes], Daech et Assad ne devraient pas faire partie de l’avenir de la Syrie » a-t-il clairement annoncé. Et maintenant que Damas combat à son tour les forces des YPG, Ankara ne voit plus Assad comme une priorité. Lire Après le putsch manqué, Erdogan ne diabolise plus Damas.

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24 août 2016 3 24 /08 /août /2016 15:26
La France accusée de ventes d'armes contre les populations civiles (Claude Geslin, Médiapart - 23 août): les armes françaises parties prenantes de l'agression de l'Arabie Saoudite contre le Yemen

La France accusée de vente d'armes utilisées contre des populations

23 AOÛT 2016 | PAR LAURENT GESLIN

Depuis lundi se tient à Genève la seconde conférence internationale du Traité sur le commerce des armes (TCA), qui cherche à bannir les exportations de matériel militaire vers des pays ou des groupes susceptibles de commettre des crimes de guerre. Plusieurs organisations internationales dénoncent les livraisons de Paris à l'Arabie saoudite.

Lundi 22 août s’est ouverte à Genève la seconde conférence internationale du Traité sur le commerce des armes (TCA). Ce dernier est censé empêcher les ventes d’armes susceptibles d’être utilisées pour commettre des violations des droits de l’homme ou des crimes de guerre. Tous les pays ayant ratifié la convention de l’ONU (130 États signataires, plus de 80 ratifications) se sont engagés à présenter un rapport annuel détaillant leurs exportations et leurs importations. Cependant, malgré la précision toute relative de ces données (voir ici notre reportage sur le document livré par la France), 27 % des États signataires n’avaient toujours pas remis ce rapport avant l’ouverture du sommet. Quant à la Moldavie et à la Slovaquie, elles ont annoncé n'avoir pas l'intention de divulguer ces données.

Trois ans après l’adoption du texte par l’ONU, le 2 avril 2013, et après son entrée en vigueur le 24 décembre 2014, l’heure est venue de tirer un premier bilan de l'efficacité du TCA. Et force est de constater que les organisations internationales font grise mine. « Nous dénonçons les livraisons d’armes des États-Unis, de la France et d’autres pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, etc.) aux États de la coalition menée par l’Arabie saoudite qui combat au Yémen », explique Rob Perkins, chercheur de l’organisation anglo-saxonne Control Arms. « Sur le terrain, ces fusils, ces véhicules blindés et ces munitions tuent des civils. Pourtant, Paris a autorisé en 2015 des ventes à hauteur de 16 milliards d’euros vers l’Arabie saoudite. » Les pays exportateurs qui marchandent avec Riyad se rendent donc coupables de « la pire des hypocrisies », a déclaré Anna Macdonald, directrice de Control Arms, lors d’une conférence de presse rapportée par l’AFP.

En parallèle de ces réunions, les violences se poursuivent au Yémen. Lundi 15 août, un hôpital où intervenait l’ONG Médecins sans frontières (MSF) était bombardé à Abs, à une quarantaine de kilomètres de la frontière saoudienne, causant la mort d’au moins 11 personnes. Depuis l’automne 2014, les combats font rage entre la rébellion houthiste, soutenue par les forces fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, et les troupes du chef de l’État Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées par une coalition d’une dizaine de pays sunnites (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Jordanie, Égypte, etc.).

Après l’échec des négociations de paix du 6 août dernier au Koweït et alors que, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le bilan des affrontements entre le 19 mars 2015 et le 15 juillet 2016 s’élèverait à 6 571 morts et 32 856 blessés, Médecins sans frontières a annoncé le 18 août l’évacuation de son personnel de six hôpitaux du nord du pays.

« Depuis des mois, nous tentons d’alerter la communauté internationale sur la façon dont est menée la guerre au Yémen. Les crimes perpétrés par les forces de la coalition devraient être examinés par la Cour pénale internationale », estime Aymeric Elluin, chargé des questions « Armes et justice internationale » à Amnesty international. « Des mosquées, des écoles, des hôpitaux sont pris pour cible, avec des armes livrées par la France. » Plusieurs dizaines de chars Leclerc des Émirats arabes unis seraient notamment engagés sur le terrain. Une information confirmée par Stéphane Mayer, président de l’entreprise d’armement Nexter Systems, qui lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en mars dernier, soulignait que l’implication des blindés français avait « fortement impressionné les militaires de la région ».

Les affaires de Paris sont donc au mieux, portées par Jean-Yves Le Drian qui troque régulièrement sa casquette de ministre de la défense contre celle de représentant commercial. En août dernier, il était ainsi à Koweït City pour signer le contrat d'achat de 30 hélicoptères Caracal (vingt-quatre destinés à l'armée, six à la garde nationale), pour plus d'un milliard d'euros. En 2015, le Qatar avait aussi acheté 24 Rafale, pour un montant de 6,3 milliards d'euros, selon l'Élysée.

Qu’importe au fond que les destinataires de ces équipements n’aient qu’une conception toute relative des droits de l’homme. « Les véhicules blindés Sherpa, vendus par Paris à l’armée égyptienne, ont par exemple été utilisés par la police égyptienne lors de la répression de manifestations en 2013 », continue Aymeric Elluin.« L’opinion publique française est peu sensible à ces questions, car l’exécutif communique énormément. À chaque fois qu’un président est en voyage d’affaire, il annonce triomphalement la signature de juteux contrats censés favoriser l’économie hexagonale et créer des emplois. Sur le domaine militaire, les députés de l’Assemblée nationale ont renoncé depuis longtemps à demander des comptes au chef de l’État. »

De l’autre côté du Rhin, le gouvernement allemand ne rechigne pas non plus à exporter ses canons, même si l’emballage médiatique de l’opération est un peu plus discret.« C’est une honte que l’Allemagne compte parmi les plus importants exportateurs d’armes au monde », s’insurgeait en janvier 2015 le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel, cité par Le Monde diplomatique, avant de concéder quelques semaines plus tard que les exportations allemandes avaient doublé entre 2014 et 2015, passant dequatre à huit milliards d’euros.

Selon un rapport du gouvernement allemand cité par le quotidien Die Welt, Berlin aurait ainsi livré au premier semestre 2015 du « matériel » à l’Arabie saoudite, douze panzers Fuchs au Koweït, ainsi que des « fournitures » aux combattants kurdes en Irak. Avec la multiplication des zones de conflit, les exportations d’armes se portent bien, elles pourraient atteindre 100 milliards de dollars d’ici à 2018. Alors autant fermer les yeux sur la moralité des acheteurs, surtout si ces derniers sont de bons clients.

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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 05:53

Dirigeante syndicale de la Disk, Arzu Çerkezoglu dénonce les coups d’État dans son pays. Exprimant de vives craintes pour les libertés publiques et les droits des salariés, elle appelle à l’unité des forces progressistes, politiques, syndicales et associatives, face à Erdogan.

Deux semaines après la tentative de coup d’État avortée, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, continue son OPA sur l’armée. Un nouveau décret place désormais l’institution militaire sous la tutelle du ministère de la Défense. Une révision constitutionnelle pourrait donner au chef de l’AKP (Parti de la justice et du développement) la maîtrise de l’état-major ainsi que des services de renseignement. Environ 10 000 personnes font l’objet de poursuites et sont en détention préventive, dont des journalistes. Plus de 50 000 Turcs ont été limogés. « Le grand ménage » des sympathisants du prédicateur exilé Fethullah Gülen – accusé par Ankara du putsch avorté – se poursuit également dans les domaines de la justice, l’éducation et les médias. Dans cette ambiance délétère, le pouvoir a néanmoins admis pour la première fois hier que la purge post coup d’État avait pu donner lieu à des « erreurs »... Dans ce contexte, la secrétaire générale de la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie (Disk), Arzu Çerkezoglu, est particulièrement exposée. Au mois de juin, elle a été arrêtée à l’aéroport d’Istanbul et incarcérée alors qu’elle devait participer à une réunion en Allemagne. Elle a été libérée grâce aux pressions internationales et, comme on pourra le constater à travers cet entretien accordé à l’Humanité, continue plus que jamais son combat.

Avez-vous été surprise par la tentative de coup d’État, le 15 juillet ?

ARZU ÇERKEZOGLU Si l’on tient compte du processus en cours depuis un an en Turquie – je veux parler des élections de juin qui n’ont pas plu au pouvoir et des nouvelles élections organisées en novembre, l’état de guerre non déclarée… – rien ne nous étonne ! Nous sommes dans un processus hors du commun. Le parti au pouvoir, l’AKP, pensait obtenir une majorité nécessaire lors du scrutin du 7 juin 2015 pour instaurer un système présidentiel, mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Dès le 8 juin, l’AKP a joué un jeu dangereux. Dans un pays normal, y compris la Turquie avant la venue au pouvoir de l’AKP, au vu des résultats des élections, il était possible de former une alliance pour permettre d’avancer. Mais, à partir du 8 juin, c’est comme si les hommes au pouvoir avaient appuyé sur un bouton. Une nouvelle phase a alors commencé, qui s’est caractérisée par des massacres, des assassinats, une atmosphère de chaos politique, dans laquelle on a entraîné les Turcs. De nouvelles élections ont été convoquées qui n’avaient pas lieu d’être. Vingt jours avant les élections de novembre, le 10 octobre, nous avons organisé une manifestation à Ankara, un grand rassemblement pacifique et pacifiste avec d’autres forces syndicales et soutenu par le HDP (Parti démocratique des peuples, qui soutient la lutte des Kurdes – NDLR). La participation était monstre. Un événement qui aurait pu avoir un grand impact sur le résultat du scrutin parce qu’il délivrait un message de paix. Mais il a été saboté par un attentat dans lequel nous avons perdu une centaine de nos camarades. D’ailleurs, quelques jours après, celui qui était alors premier ministre, Ahmet Davutoglu, a annoncé que l’AKP gagnait des voix. C’est dire… On connaît la suite. L’AKP a eu une majorité suffisante et a généralisé l’état de guerre.

À partir de là et vu l’atmosphère de tension, de non-démocratie, nous étions dans le processus dont j’ai parlé.Quelle en a été la traduction concrète ?

ARZU ÇERKEZOGLU Bien avant la tentative de coup d’État, les arrestations se sont multipliées : des universitaires, des journalistes… La presse a été muselée. Sous prétexte d’insultes au président, des poursuites ont été déclenchées. Toute critique a été verrouillée. Il s’agit en réalité de nous faire taire. Il y a eu régulièrement des attentats qui n’ont jamais été élucidés. Et des centaines de personnes ont été tuées au Kurdistan. Avec ces méthodes, en réalité, ils ont fait prisonniers tous les peuples de Turquie.

Il faut également souligner que nous avons vécu un processus de coups d’État issus des contradictions internes du pouvoir. Ceux qui sont responsables de cette situation depuis une quinzaine d’années sont entrés en conflit. Il est invraisemblable que les trois institutions, l’armée, la police et la justice, soient entrées dans un conflit interne suivi d’une épuration de dizaines de milliers de personnes. Il n’y a pas de précédent dans l’histoire de la Turquie. Pour la première fois, l’Assemblée nationale a été bombardée. À la suite de l’échec du coup d’État, le gouvernement essaie de trouver des solutions pour faire perdurer son pouvoir antidémocratique. Voilà aussi pourquoi nous ne sommes pas vraiment surpris de ce qui se passe.

Pourquoi l’AKP et la confrérie Fethullah Gülen sont-ils entrés en conflit ?

ARZU ÇERKEZOGLU Ce sont deux entités très semblables qui ont travaillé en parfaite coopération depuis des années. Ce qui montre l’infiltration de Fethullah Gülen au sein du pouvoir. Même des préfets nommés il y a à peine trois mois sont maintenant en état d’arrestation, car considérés comme putschistes ! Idem pour le haut commandement de l’armée. Le propre aide de camp de Reçep Erdogan a été arrêté. Il s’agit donc de gens auxquels le président avait confié sa sécurité personnelle. Il est question d’une infiltration hors du commun. Il s’agit de milliers de policiers, de juges, de fonctionnaires, de personnes directement responsables des décisions d’État.

Ces trois dernières années, ils sont effectivement entrés en conflit sur les questions de pouvoir, mais aussi de profits de toutes sortes. Ils ont pourtant poursuivi cette coexistence. Il y a toujours eu des tendances différentes au sein du pouvoir, c’est partout le cas, mais pas comme ça. Même si on n’a pas vraiment les détails du conflit qui les oppose, on sait par contre qu’ils peuvent le surmonter et s’allier à nouveau si le besoin s’en fait sentir pour garder le pouvoir. Par exemple, on a assisté à ce procès retentissant concernant la filière dite Ergenekon (réseau politico-criminel, impliquant des officiers de l’armée, des universitaires, des journalistes, des membres de l’extrême droite, qui aurait eu pour but le renversement de l’État AKP, mais qui s’apparente également à une manipulation pour discréditer également la gauche – NDLR). À l’époque déjà, des soldats et des officiers avaient été limogés. Ils sont réhabilités et appelés à occuper les postes laissés vacants avec l’arrestation de ceux soupçonnés d’avoir participé au putsch. En tant que syndicalistes, de toute manière, nous ne pouvons ni accepter ni tolérer la suspension d’une action démocratique de la part du gouvernement.

Mais ce gouvernement avait-il vraiment une action démocratique jusque-là ?

ARZU ÇERKEZOGLU Si l’on regarde tout ce qui s’est passé depuis treize ans et la réaction du gouvernement après la tentative de coup d’État, rien ne nous amène à être optimistes. L’état d’urgence a été instauré, ce qui met hors-jeu l’Assemblée nationale et, d’une certaine manière, correspond au bombardement par les putschistes. L’idée développée maintenant du rétablissement de la peine de mort ne correspond-elle pas à la même idée que les putschistes, en 1980, qui déclaraient à propos des condamnés : « Si on ne les pend pas, vous voulez qu’on les nourrisse ? » Que penser également de la suspension de la Cour européenne des droits de l’homme ?

En réalité, ce que Erdogan a appelé « riposter au coup d’État par la démocratie » revient en fait à répondre par un nouveau coup d’État. C’est la première fois que l’état d’urgence est décrété sur l’ensemble du territoire turc. Celui instauré de 1987 à 2002 était régional. Tout le monde se souvient de l’état d’urgence comme synonyme de morts, de disparus et de déportation de population. Le pouvoir dit que ça ne se passera pas comme ça, mais il récidive sans arrêt, notamment avec la politique mise en œuvre à l’Est (au Kurdistan – NDLR). Le premier décret pris a été d’étendre la garde à vue de quatre jours à un mois. Ce qui confirme nos inquiétudes. Il est clair que l’état d’urgence ne sera pas comparable à la démocratie mais à un régime répressif. Les Turcs n’ont pas besoin de choisir entre deux dictatures ou entre deux coups d’État. Pas non plus entre la torture, la peine de mort ou l’état d’urgence. Ils n’ont pas besoin que l’Assemblée nationale soit écartée. Non, ce dont ils ont besoin, c’est la démocratie, la paix, la laïcité. Ils ont besoin d’un système démocratique où ils peuvent avoir la croyance qu’ils veulent et exprimer leurs idées telles qu’elles leur paraissent justes.

Quelles conséquences cela peut-il avoir pour les salariés, leurs droits, leurs conditions de travail ?

ARZU ÇERKEZOGLU Les victimes des coups d’État et des périodes non démocratiques ont toujours été les syndicats, notamment le nôtre, la Disk, et la classe ouvrière. Après le coup d’État de septembre 1980, nous avons été interdits pendant onze ans. Juste avant, le président de la Disk avait été assassiné et ses assassins n’ont jamais été condamnés sous prétexte de prescription. En revanche, avec l’état d’exception, 52 de nos dirigeants ont été jugés et tous les droits syndicaux avaient été suspendus. Aujourd’hui, les droits des salariés sont menacés et ils vont nous empêcher de nous défendre. Il existe déjà une multitude de projets de lois préparés par le gouvernement et le patronat, qui suppriment les dernières défenses sociales. Or, ils peuvent maintenant légiférer par décret, sans passer par l’Assemblée nationale, sous prétexte d’état d’urgence. Ils veulent une généralisation de la sous-traitance, l’annulation des primes d’ancienneté et balayer les dernières miettes de la sécurité de l’emploi et de la sécurité au travail. Chaque jour, trois à quatre ouvriers meurent sur leur lieu de travail par manque de protection. Les droits sociaux ont reculé. En revanche, quand l’AKP est arrivé au pouvoir, il y avait trois milliardaires, et maintenant ils sont 42 !

Comment entendez-vous mener la bataille dans ces conditions ? Avec qui ?

ARZU ÇERKEZOGLU La question essentielle est la création du front démocratique. Le pays se dirige vers un régime personnel, antidémocratique. C’est pour cela que la Disk avec d’autres organisations de travailleurs et les forces démocratiques du pays se sont battues contre cette tentative de dictature et que l’idée d’un front démocratique est apparue. Nous commencions à avoir des réunions dans ce sens quand il y a eu la tentative de coup d’État. Aujourd’hui, il y a encore plus besoin de cette unité des forces progressistes, des associations alévies, mais aussi des partis de l’opposition comme le HDP et le CHP et aussi des révolutionnaires socialistes. On a besoin de leur union. Ceux qui ont conscience de leurs droits et ceux qui luttent au péril de leur vie. Le front démocratique n’en est qu’à sa phase de départ. Mais les évolutions politiques depuis le 15 juillet nous poussent à accélérer les choses, à oser de nouveaux pas. Les limites de l’état d’urgence seront définies par notre résistance dans la rue. Nous sommes donc obligés de réaliser cette union.

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20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 07:41
photo d'Aminata Traoré - Francine Bajande

photo d'Aminata Traoré - Francine Bajande

Aminata Traoré est une habituée des allées et des tribunes de la Fête de l’Humanité, dont elle dit apprécier « les rencontres et les échanges toujours réconfortants ». Elle se souvient d’y être intervenue pour la première fois, il y a une dizaine d’années, devant l’impressionnant public de la grande scène. Le Forum pour un autre Mali, qu’elle coordonne, y tenait l’an dernier un stand, au diapason de l’internationalisme dont vibre le village du monde. « La particularité de la Fête est de mettre le curseur sur les questions brûlantes en France tout en donnant aux militants étrangers la possibilité de faire des rapprochements », remarque l’essayiste. Au mois de juin, Aminata Traoré annonçait sa candidature au poste de secrétaire générale des Nations unies à l’occasion de la conférence du PCF sur la paix et le progrès. Sans le moindre doute, « cette candidature de témoignage et de combat pour une ONU des peuples » trouvera, à la Fête de l’Humanité, une singulière résonance.

Aminata Traoré, la lutte sans frontières

Elles font la Fête

ROSA MOUSSAOUI

VENDREDI, 19 AOÛT, 2016

L'HUMANITÉ

L’ancienne ministre de la Culture du Mali est une habituée des allées de la Fête. Elle y présentera cette année son plaidoyer pour une autre ONU.

En quittant le tumulte de la route de Koulikoro, après avoir longé l’hippodrome, il faut prendre sur la gauche. Et déjà, dans ce coin de Missira, on a le sentiment d’entrer dans un havre de paix, un quartier populaire familier et chaleureux. Ici, pas de poussière ni de flaques d’eau aux allures de mares à la saison des pluies. Pas d’égouts à ciel ouvert. Les rues sont pavées de pierres, ombragées çà et là par les arbres qui veillent sur les concessions. Ce joli pavage ne doit rien à la municipalité, ni à l’État. C’est l’œuvre des habitants et l’idée en revient à Aminata Traoré. L’ancienne ministre de la Culture du Mali s’est démenée, au tournant des années 2000, pour trouver des financements, mobiliser les jeunes, mener le projet à bien. Le chantier, pensé et mené collectivement, a changé le visage du quartier, resserré les liens entre les habitants, redonné confiance aux plus jeunes. Au point que l’initiative a inspiré les rues voisines, qui se sont, à leur tour, couvertes de pavés. Des rues de Missira aux rendez-vous altermondialistes qu’elle arpente depuis le premier Forum social mondial, à Porto Alegre, Aminata Traoré agit dans son lieu et pense avec le monde. Ses essais, l’Étau, le Viol de l’imaginaire, l’Afrique humiliée, implacables réquisitoires sur la mondialisation capitaliste et les logiques néocoloniales, elle les a rédigés là, dans la cour du centre Amadou-Hampâté-Bâ, qui abrite une petite bibliothèque ouverte aux gamins du quartier. Lieu de débat politique, centre de formation, carrefour de création, siège du Forum pour un autre Mali, le centre fait face au Djenné, la demeure familiale en briques de terre cuite dont Aminata Traoré a fait une charmante maison d’hôte aménagée et décorée avec le concours d’artistes et d’artisans maliens.

Une témoin à charge dénonçant le pillage des ressources de l’Afrique

Son franc-parler, ses prises de position tranchées, sans concession, ne lui ont pas valu que des amitiés, depuis sa démission du gouvernement, en 2000. Pourtant, même ses détracteurs reconnaissent une irréprochable constance politique à celle qui se définit comme une « femme africaine de gauche ». Dans Bamako, le film du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako en forme de procès du FMI et de la Banque mondiale, Aminata Traoré joue son propre rôle, témoin à charge dénonçant le pillage des ressources de l’Afrique, le nœud coulant de la dette, le démantèlement des services publics au gré des plans d’ajustement structurel, le destin mortel des jeunes chômeurs contraints à l’émigration. « Je m’élève en faux contre l’idée selon laquelle la principale caractéristique de l’Afrique serait sa pauvreté. Elle est plutôt victime de ses richesses ! » lance-t-elle, avant d’appeler à « un sursaut » puisant dans les ressources politiques, humaines, culturelles d’un continent qui est bel et bien « entré dans l’histoire ». Aminata Traoré est une enfant de Modibo Keita, premier président du Mali, renversé en 1968 par un coup d’État, mort dans les geôles de la dictature. Ce panafricaniste, tiers-mondiste convaincu, était jugé trop indocile par une ex-puissance coloniale complice du putsch. De cette grande figure de l’émancipation africaine, Aminata Traoré a hérité l’esprit d’indépendance. Dès les premiers jours de l’intervention militaire française « Serval », au mois de janvier 2013, elle mettait en garde contre le risque de « mise sous tutelle » du Mali. À ceux qui l’accusaient, un an plus tôt, de soutenir les putschistes ayant renversé Amadou Toumani Touré en pleine offensive des rebelles touareg et des djihadistes, elle répondait, impassible : « On ne peut reprocher aux militaires de ne pas savoir défendre un pays ouvert au marché dans les pires conditions par des élites qui en profitent pour s’enrichir. » « Le naufrage est d’abord celui de ces élites qui revendiquent un modèle économique rimant avec le désengagement et le délitement de l’État, la ruine des paysans, la clochardisation des troupes et le chômage endémique », insistait-elle. À Paris, sa critique têtue du déploiement militaire français agace. Au printemps 2013, alors qu’elle doit participer, en France et en Allemagne, à une série de conférences, on lui refuse le renouvellement de son visa de circulation. C’est un refus de visa, encore, qui l’empêche de prendre part, cet été, au Forum social mondial, à Montréal, comme 230 autres participants, des Africains et des Latino-Américains, pour la plupart. Terrible illustration des murs érigés entre le Nord et le Sud.

Aminata Traoré est une habituée des allées et des tribunes de la Fête de l’Humanité, dont elle dit apprécier « les rencontres et les échanges toujours réconfortants ». Elle se souvient d’y être intervenue pour la première fois, il y a une dizaine d’années, devant l’impressionnant public de la grande scène. Le Forum pour un autre Mali, qu’elle coordonne, y tenait l’an dernier un stand, au diapason de l’internationalisme dont vibre le village du monde. « La particularité de la Fête est de mettre le curseur sur les questions brûlantes en France tout en donnant aux militants étrangers la possibilité de faire des rapprochements », remarque l’essayiste. Au mois de juin, Aminata Traoré annonçait sa candidature au poste de secrétaire générale des Nations unies à l’occasion de la conférence du PCF sur la paix et le progrès. Sans le moindre doute, « cette candidature de témoignage et de combat pour une ONU des peuples » trouvera, à la Fête de l’Humanité, une singulière résonance.

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20 août 2016 6 20 /08 /août /2016 06:54
Ethiopie: la colère réprimée à huis clos (Libération, 20 Août 2016)

Libération, 20 août 2016 - Célian Macé

Ethiopie : la colère réprimée à huis clos

Verrouillage des pouvoirs, accaparement des terres, désespoir des jeunes… Le régime tente de museler les manifestations qui se multiplient depuis huit mois, au prix de centaines de morts.

Des lézardes sont apparues sur la belle façade de l’Ethiopie, longtemps vantée comme un modèle de développement économique et un pilier de la stabilité régionale. Malgré une répression féroce - Human Rights Watch a recensé plus de 400 morts et des dizaines de milliers d’arrestations depuis le début de la contestation, en novembre -, le régime d’Addis-Abeba est incapable d’empêcher des émeutes d’éclater à intervalles irréguliers dans les régions Oromia et Amhara. Le week-end des 6 et 7 août, près de 100 personnes supplémentaires sont mortes sous les balles des policiers, selon Amnesty International. Mais rien ne semble pouvoir calmer la colère des manifestants, qui atteint un niveau jamais vu depuis vingt-cinq ans et la chute du dictateur militaro-marxiste Mengistu Haile Mariam. La plupart de ceux qui défilent, semaine après semaine en levant leurs poings croisés en signe de pacifisme, sont des jeunes excédés par l’autoritarisme du régime, qui n’a jamais desserré, en deux décennies, sa main de fer étouffant la société éthiopienne.

L’étincelle, en novembre, a été un conflit foncier.«Comme souvent en Ethiopie, la question de la terre est centrale. C’est un sujet sur lequel on s’écharpe depuis des siècles,explique Alain Gascon, géographe, professeur émérite à l’Institut français de géopolitique de l’université Paris-VIII.La pression démographique est telle que les lopins de terre diminuent. En 2008, la taille moyenne d’une exploitation était de 0,8 hectare.» Le projet d’extension de la capitale et l’expulsion de dizaines de milliers de fermiers oromos ont mis le feu aux poudres.«Un paysan éthiopien à qui l’on prend sa terre, il est toujours prêt à se battre, poursuit le chercheur.Surtout quand il voit se construire dessus des immeubles dans lesquels il ne pourra jamais habiter, ou quand son terrain est vendu à des gros investisseurs.» Devant l’ampleur du soulèvement, le gouvernement du Premier ministre Haile Mariam Dessalegna annoncé, en janvier, l’annulation du plan d’agrandissement d’Addis-Abeba. Un recul rarissime, mais qui n’a pas mis fin pour autant aux manifestations.

Les revendications du mouvement sont désormais bien plus larges.«L’Ethiopie vit une crise de régime. La révolte est dirigée contre l’autoritarisme de l’Etat, contre l’oligarchie qui a profité du développement économique, contre l’exclusivité ethnique des postes clés du pouvoir, détaille René Lefort, chercheur indépendant, spécialiste de la corne de l’Afrique.C’est finalement assez comparable au tout début de la révolution en Syrie.»

Depuis le renversement de Mengistu en 1991, les leviers du pouvoir, en particulier sécuritaire, militaire et économique, sont aux mains des Tigréens. Car c’est cette minorité ethnique (6 % de la population) qui, à travers le Front de libération des peuples du Tigré (FLPT), a chassé le dictateur. Depuis, cette organisation domine largement le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), le parti au pouvoir qui occupe… 100 % des sièges au Parlement. La contestation se nourrit donc du ressentiment des peuples oromo (35 % de la population) et amhara (27 %) contre cette caste tigréenne qui s’accroche farouchement à ses privilèges.

«Dans cette crise, la grille de lecture ethnique ne suffit pas, met toutefois en garde Jean-Nicolas Bach, politologue au Laboratoire des Afriques dans le monde, à Sciences-Po Bordeaux.Même si les marches se construisent, bien sûr, en fonction des liens identitaires. Ce n’est pas le cadre ethno-fédéral si particulier à l’Ethiopie qui est remis en cause. Les manifestants font d’ailleurs souvent référence à la Constitution et demandent qu’elle soit appliquée. Le plan d’extension d’Addis-Abeba est jugé anticonstitutionnel par les Oromos, car il remet en cause les équilibres territoriaux prévus dans le texte fondamental.»

Quant aux Amharas,«leurs revendications portaient à l’origine sur un morceau de leur territoire qui a été rattaché en 1991 à la région du Tigré», détaille l’historien Ezekiel Gebissa, de la Kettering University, dans le Michigan (Etats-Unis).«Encore une fois, on est à l’intersection des deux thèmes cruciaux pour l’Ethiopie : la terre et l’identité régionale. Il est impossible de séparer les deux problématiques.»

Pour la première fois cet été, les Oromos, historiquement opprimés, et les Amharas, ancienne élite de l’Ethiopie, ont donc manifesté simultanément dans leurs régions respectives, les deux plus grandes du pays. Cette démonstration de solidarité est inédite.«L’effacement de l’antagonisme Oromos-Amharas est quelque chose de fondamental,insiste René Lefort.C’est pour cela que le régime a si peur. Il a bien conscience que la révolte est en train de dépasser le simple cadre régional et de menacer ses fondements.»

La répression a été d’autant plus brutale. Non seulement les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule, mais elles traquent les étudiants oromos«chez eux, dans les écoles, et jusque dans les hôpitaux», notait Human Rights Watch dans un rapport publié en juin.«J’ai vécu ici toute ma vie et je n’ai jamais vu ça. Chaque famille a au moins un de ses enfants qui a été arrêté, témoignait dans ce document un fermier oromo de 52 ans.Cette génération est en train d’être décimée. Mes quatre fils ont disparu, ma fille de 12 ans a trop peur pour aller à l’école. Moi-même, je crains d’être arrêté à tout moment.» De nombreux cas d’arrestations extrajudiciaires, de tortures et de disparitions forcées ont été documentés par l’ONG.

La semaine dernière, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit«très inquiet» de la situation et a demandé à Addis-Abeba de permettre l’accès des observateurs internationaux aux régions Oromia et Amhara. Mais Paris, Washington et Bruxelles ne se sont pas donné la peine de condamner la brutalité déchaînée du régime.«Il y a un aveuglement extraordinaire sur l’Ethiopie, pointe René Lefort.Tout le monde est obnubilé par sa croissance [officiellement de 10 % depuis dix ans, mais certainement plus proche de 7 %, ndlr]et son développement à marche forcée.» Celui-ci est bien réel. La construction du gigantesque barrage de la Renaissance, le plus grand du continent, sur le Nil bleu, est le symbole national le plus connu de cet appétit pour les infrastructures modernes. Mais l’expansion du réseau de transport - avec un métro tout neuf à Addis-Abeba, une ligne de chemin de fer rénovée à destination de Djibouti, une nouvelle autoroute, l’une des compagnies aériennes les plus puissantes d’Afrique - en est aussi l’illustration.«Le chemin parcouru est impressionnant, rappelle Alain Gascon.Il y a aujourd’hui 30 universités en Ethiopie, des immeubles sortent de terre en permanence, le progrès est malgré tout indéniable.»

«Le risque, c’est que la crise stoppe les investissements dont le régime a besoin pour poursuivre le développement, analyse Jean-Nicolas Bach.L’Ethiopie est un marché gigantesque, de 100 millions d’habitants. En réprimant si durement, le gouvernement fait un mauvais calcul économique et politique. Il ne va bientôt plus avoir le choix : il doit au plus vite partager le pouvoir et mettre en place un système de redistribution économique.»

Le boom ne s’est pas pour autant accompagné d’une libéralisation du pays, qui reste extrêmement dirigiste, selon un modèle «à la chinoise». Le parti hégémonique reste incontournable, omniprésent à tous les niveaux de la société éthiopienne. Une situation devenue insupportable pour une partie de la jeunesse, de plus en plus éduquée et connectée, et très fortement touchée par le chômage.

La seconde raison du mutisme des chancelleries occidentales sur la répression en cours est la sacro-sainte stabilité régionale. A l’ouest, la Somalie plongée dans un conflit sans fin ; à l’est, le Soudan du Sud déchiré par une guerre civile ; au nord, l’Erythrée rivale qui rallume régulièrement les feux de la guerre d’indépendance… La puissante armée éthiopienne est utile quand il s’agit de chasser l’Union des tribunaux islamiques de Somalie (2006) ou de fournir des contingents aux missions de paix de l’Union africaine (dont elle est le premier contributeur). Ce partenariat stratégique dans la lutte contre le jihad en Afrique de l’Est explique l’indulgence de la communauté internationale envers Addis-Abeba.

Le cycle manifestation-répression qui secoue le pays depuis huit mois pourrait pourtant empirer.«Les mouvements d’opposition ne contrôlent pas la révolte. Elle se nourrit de la violence du parti au pouvoir, désormais ouvertement contesté dans les slogans, les chants, les discours publics, décrit Ezekiel Gebissa.Le plan du gouvernement, qui consiste à diriger le pays à travers un parti totalement verrouillé, sans aucun partage du pouvoir entre ethnies et groupes politiques, a définitivement échoué. Le problème est qu’il n’y a pas, pour le moment, d’alternative à ce système en Ethiopie.» Car le régime s’est bien gardé de préparer une transition. Il en a même soigneusement empêché toute possibilité. Au risque de voir se transformer la révolte en révolution.

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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 05:19
Celtic Glasgow... La classe internationale!

Celtic Glasgow... La classe internationale!

Les supporters, souvent d'origine irlandaise et prolétaire, du Celtic Glasgow, en connaissent un rayon en matière de colonialisme.

D'où leur implication civique et internationaliste, si peu commune dans le foot...

J'ai trouvé mon nouveau favori en ligue des Champions ou en coupe de l'UEFA!

Risquant une lourde amende, des centaines de supporters écossais ont agité des drapeaux de la Palestine en guise de protestation alors que leur équipe recevait les Israéliens du Hapoël Beer Sheva en match barrage de la Ligue des Champions.

Au cours de la rencontre du 17 août, remportée par les Ecossais sur le score de 5 buts à 2, des centaines de fans du Celtic Glasgow ont affiché des drapeaux de la Palestine, qui se mêlaient aux couleurs verte et blanche de leur club.

De nombreuses photos de l’action, préparée depuis plusieurs semaines par un groupe de supporters se revendiquant du mouvement politique Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), ont fleuri sur les réseaux sociaux.

Avant le coup de sifflet, des dizaines de fans de football soutenant la cause palestinienne s’étaient rassemblés devant le Celtic Park.

Ce n'est pas la première fois que le club rencontre des démêlées judiciaires en raison de sa prise de position dans le conflit israélo-palestinien, toute mise en avant d'idées politiques étant formellement interdite dans le football.

En 2014, le Celtic Glasgow avait été condamné à verser 16 000 livres (soit plus de 18 000 euros) à l'UEFA après le déploiement par un groupe de supporters de drapeaux palestiniens au cours d’un match contre l’équipe islandaise du KR Reykjavic pour protester contre l’opération israélienne «Bordure protectrice» à Gaza.

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18 août 2016 4 18 /08 /août /2016 05:00
Interdiction du journal turc Ozgur Gundem: "La répression d'Erdogan doit être condamnée" (PCF)

Interdiction du journal turc Özgür Gündem : "La répression d'Erdogan doit être unanimement condamnée"

Le Parti communiste français condamne avec la plus grande fermeté l'interdiction du journal turc Özgür Gündem intervenue hier, 16 août 2016. Chaque jour qui passe, chaque heure presque, la répression du pouvoir, qui a mis la justice au pas, agit comme un rouleau-compresseur sur la société turque.

Depuis des mois déjà, les droits les plus élémentaires ne sont plus respectés par le régime d'Erdogan lequel, en un mois, a accéléré ce mouvement en organisant l'une des plus lourdes périodes de purges de l'histoire du pays.

L'heure est à la mobilisation sans précédent d'une solidarité internationale populaire et, plus largement encore, des gouvernements de tous les continents attachés à la paix, à la démocratie et aux droits humains.

Le PCF exprime son soutien aux forces démocratiques des peuples de Turquie, particulièrement au HDP et au BDP, à leurs militant-e-s, dirigeant-e-s et élu-e-s, ainsi qu'aux forces syndicales et associatives, aux journalistes et universitaires poursuivis, et aux habitant-e-s des villes soumises à la répression policière et la présence militaire.

Le PCF presse le gouvernement français de condamner les atteintes aux libertés et droits perpétrées par le pouvoir d'Ankara, et d'agir pour une suspension des accords de coopération bilatéraux et européens avec la Turquie en vue de contraindre le régime à accepter le dialogue démocratique sans discrimination ni exclusion des forces politiques démocratiques progressistes ni de l'ensemble des composantes des peuples de Turquie.

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