Encore un livre bouleversant et si terriblement éclairant sur la Syrie, la force de résistance et la dignité de son peuple, l'horreur de la volonté d'anéantissement des populations rebelles et hostiles à sa dictature sanguinaire par les forces du régime de Bachar-al-Assad, les tortures contre les prisonniers du régime animalisés par leurs geôliers, la volonté d'affamer les villes et villages rebelles de la Ghouta, les obus à répétition, les gaz chimiques.
Il faut lire "A l'est de Damas, au bout du monde" (Témoignage d'un révolutionnaire syrien) écrit par Majd al-Dik avec l'aide de Nathalie Bontemps.
Dans la Ghouta orientale où Majd al-Dik, est né et a grandi, sa famille est tout entière accaparée par sa survie.
La Syrie défavorisée où il voit le jour supporte, depuis le coup d'Etat de 1970, la politique autoritaire, faite de marginalisation sociale, de répression et de terreur, que mène la dynastie Assad contre sa population.
Participant aux protestations dès le premier jour en mars 2011, Majd al-Dik raconte les marches pacifiques avec ses compagnons de lutte, et leurs aspirations démocratiques, qui se heurtent vite à la violence inouïe du régime.
C'est à sa sortie de prison, à l'automne 2011, que Majd est témoin des débuts de la lutte armée, et qu'il s'engage dans les aides médicales. En 2013, sa Ghouta natale délivrée par les forces révolutionnaires subit un terrible siège : bombardements quotidiens, malnutrition, situation médicale dramatique, essor du commerce de guerre...
Il se lance néanmoins dans l'action civile en créant des centres d'enseignement alternatif pour la petite enfance et en documentant les crimes du régime, notamment l'attaque chimique du 21 août 2013. Alors que les rapports entre les différentes factions d'opposition se modifient et que de plus en plus de combattants rejoignent les formations religieuses, financées par l'extérieur, qui disposent d'armes, l'Armée libre s'affaiblit. Pourtant, la société civile (médecins, enseignants, humanitaires, citoyens journalistes) continue à assurer de son mieux la permanence de la vie.
Majd-al-Dik, 23 ans, a été arrêté par les forces de sécurité de Bachar à l'occasion d'une manifestation anti-régime à Douma (il les filmait pour témoigner sur Facebook) à l'automne 2011. Il passe 37 jours en prison, où il est torturé quotidiennement, avant d'être relâché. Il retrouve sa petite amie, alaouite, à Damas, mais ne se sent pas en sécurité dans les quartiers tenus par le régime et décide d'aller ouvrir un centre pour l'éducation et la sauvegarde des enfants dans la Ghouta, tenu à bout de bras pendant 2 ans avec des moyens de fortune, et dans l'horreur des ratissages et des bombardements, des enfants affamés, gazés, devenant orphelins les uns après les autres. Ce témoignage modeste d'un jeune homme venant d'un milieu très populaire, forcé à travailler très jeune, mais qui grâce à son intelligence, sa volonté et son ouverture d'esprit a su conquérir des études de droit juste avant la guerre, puis s'est formé à la psychologie et à la pédagogie dans des équipes humanitaires, est une leçon de vie et d'héroïsme, une nouvelle preuve que réduire les révolutionnaires syriens à des bandes d'islamistes sectaires téléguidés de l'étranger est un discours de disqualification mensonger qui dissimule avec beaucoup de mauvaise foi au nom du péril islamiste la réalité des atrocités et des crimes contre l'Humanité commis par Bachar-al-Assad et ses séides avec la complicité d'une minorité de privilégiés, de fonctionnaires, de membres de l'appareil répressif d'Etat, de minorités qui soutiennent le régime.
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