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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 15:11
Manifestation du Front Populaire à Concarneau (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Manifestation du Front Populaire à Concarneau (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Jeunes communistes après la Libération de Concarneau (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Jeunes communistes après la Libération de Concarneau (archives Pierre Le Rose - PCF 29)

Communistes de Beuzec dans les années 30 (photos archives Pierre Le Rose. PCF 29)

Communistes de Beuzec dans les années 30 (photos archives Pierre Le Rose. PCF 29)

Célébration communiste d'hommage à La Résistance et à Marc Bourhis et Pierre Guéguin, Concarneau (photo archives Pierre Le Rose. PCF 29)

Célébration communiste d'hommage à La Résistance et à Marc Bourhis et Pierre Guéguin, Concarneau (photo archives Pierre Le Rose. PCF 29)

Lire aussi, ces articles de janvier 2016: 

La Résistance et les communistes à Concarneau (à partir des notes et archives de Pierre Le Rose)

Pierre Le Rose: une trajectoire communiste en Finistère

Pierre Le Rose, un homme multicarte... Voyage dans l'histoire

Correspondance de Marcel Cachin avec Pierre Le Rose

"A propos d'une ignominie: être dignes des 27": Pierre Le Rose rend hommage à Pierre Guéguin et Marc Bourhis, fusillés de Chateaubriant concarnois (L'Unité, journal communiste de Concarneau, novembre-décembre 1979)

 

Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot

manuscrit d'Alphonse Duot présent dans les archives de Pierre Le Rose écrit en 1964
(recopié pour le Chiffon Rouge et l'intérêt des lecteurs et passionnés d'histoire d'aujourd'hui par Ismaël Dupont)

Depuis 1944, on a tenté dans les livres et dans la presse d'écrire une histoire objective des combats pour la libération de notre ville dans lier ces combats à celui permanent des patriotes qui pendant quatre ans sacrifièrent tout pour la libération du territoire national. Il nous apparaît nécessaire de combler quelques lacunes qui laissent dans l'ombre par exemple l'action des F.T.P.F pendant l'occupation dont les trois compagnies du bataillon La Tour d'Auvergne de Quimper participeront aux combats pour la libération de Concarneau. 

D'où venaient les F.T.P.F? 

Quelle a été leur action? 

Tout d'abord, un point d'histoire. Après la déclaration de la guerre le 3 septembre 1943, le Parti Communiste Français est dissous, les municipalités communistes dissoutes et remplacées par des délégations spéciales. La municipalité communiste-socialiste de Concarneau dont le maire P. Guéguin est aux armées est dissoute. Une délégation spéciale le remplace dirigée par M. Scalar (en mai 40, arrestation de Jos Le Coz Scouazec gérant de "la Bretagne").  En juin 40, c'est l'invasion, le jeudi 18, les troupes nazies font leur entrée dans une ville déserte, les habitants s'étant calfeutrés chez eux pour ne pas assister à ce drame qui les laisse accablés, désemparés. Au cours des semaines qui suivent c'est le retour au foyer de ceux qui ont pu échapper aux camps de prisonniers, parmi eux des militants du PCF qui n'ont rien perdu de leur courage malgré la défaite. Parmi eux Alain Le Lay, le plus brave, le plus estimé de toute la population. Il faut faire quelque chose. "La France ne sera jamais un peuple d'esclaves" viennent de proclamer M. Thorez et J. Duclos. Alors commence un combat où les meilleurs devaient tomber.   

Parallèlement au travail de propagande qui ne s'arrêtera pratiquement jamais, la section du Parti aidé par les J.C entreprend dès l'arrivée des nazis dans l'été 40 des actions de sabotage. René Lijour paie de sa personne et entraîne les jeunes. Trolez, Y. Le Gall, Ch. Tocquet entre autres participent au déboulonnage des voies ferrées, à la destruction des lignes téléphoniques. Des soldats nazis sont victimes de cette ardeur vengeresse et plus d'un trouvera dans le port une fin prématurée. La nuit est quelquefois trouée d'explosions insolites qui réveillent les Concarnois. C'est la grue de la gare qui saute, ou bien un transformateur ou un poteau supportant la haute tension. Les explosifs sont pris à l'ennemi. Les chantiers sont mis en coupe réglée. Des groupes prennent le titre de "terroristes patriotes".

Pendant ce temps, Alain Le Lay va, vient, visite les sections et organise le combat. La liaison avec Paris est assurée par Venise Gosnat dit Père Georges. Mais les armes manquent cruellement, cela gêne l'action des premiers F.T.P¨.F.

Cependant la police de Vichy vient d'arrêter l'ancien maire (notre camarade) Pierre Guéguin et l'instituteur Marc Bourhis. Transférés au camp de Chateaubriand, ils périront le 22 octobre de la même année dans la sablière tragique avec 48 autres patriotes. La population est saisie d'une émotion intense et dès la nouvelle connue, une manifestation spontanée se déroule au cimetière devant les tombes des familles.

La haine de l'ennemi s'accentue et les actions des F.T.P.F sont mieux comprises et soutenues par la population qui n'a jamais été neutre comme l'a déclaré dans un rapport Y. Aubert qui a remplacé Scalar à la tête de la délégation spéciale, le développement du mouvement F.T.P.F le prouvera par la suite.

En 42 a eu lieu une grève des ouvrières des usines pour obtenir de l'huile et des conserves: utilisation des délégués prévus par la Charte du travail de Vichy.

Au printemps 42, "Père Georges" prend contact directement avec René Lijour, lui annonce que des armes vont arriver par mer à bord d'un sous-marin anglais qui attendra aux Glénans que les résistants viennent en prendre livraison.

Le mot de passe est donné. Contact pris avec Bodéré Guillaume et son camarade Baudry agent de liaison qui sera fusillé plus tard au Mont-Valérien. Les deux résistants se font connaître du sous-marin qui est bien à l'endroit prévu. Les deux résistants se font connaître du sous-marin qui est bien à l'endroit prévu. Les containers sont pris en charge et débarqués sur la côte bigoudène où Lijour, Eugène Le Bris et Fauglas viendront les prendre pour les entreposer à la ferme Daoudal à Melguen. Ce camarade sera également fusillé au Mont-Valérien.

Des parachutages seront également annoncés. René Lijour et plusieurs camarades dont les noms échappent après 20 années d'histoire se rendront plusieurs fois sur les lieux sans succès. Mais le combat continue. Carduner de Pont-Minaouet tente de faire sauter le pont du même nom. Il sera arrêté lui aussi et mourra. Madame Le Breton sera arrêtée et déportée.

Joseph Berthou syndicaliste et résistant du même groupe sera arrêté à cette époque et fusillé à Thouars. Eugène Le Bris se rendra à Nantes où son camarade *** arrêté doit être jugé. D'une audace folle, il pénétrera dans le bureau du juge Le Bras au moment de l'interrogatoire de son camarade. Il délivrera celui-ci après avoir abattu le juge. Mais ses imprudences ont compromis sa sécurité et celle du groupe insuffisamment cloisonné.

En septembre 42, ils seront arrêtés tous deux. Quelques jours plus tard, alors que Concarneau vit encore sous l'émotion de la découverte d'un immense trafic de marché noir entre les établissements Provost-Barbe et l'organisation Todt, une grande rafle de la police de Vichy fidèle collaboratrice de la Gestapo permet l'arrestation de presque tous les membres de l'organisation. La date de l'arrestation d'Alain Le Lay nous est imprécise après si longtemps mais il mourra à Auschwitz, comme Théophile Louarn.

Voici la liste des membres du groupe Lijour arrêtés en septembre et octobre 1942:

(Notes annexes: 

courant 42: 

Tollec Fanch. Interné Rennes. Libéré

Touchard Fanch. Interné Rennes. Libéré

Kerledou André. Interné Rennes. Libéré

Louarn Victor. Déporté

Jourden Esprit. Mort en déportation

Berthou Joseph. Fusillé à Thouars

Carduner. Mort à Dachau

Daoudal. Fusillé au Mont-Valérien (le dépôt d'armes des T.P se trouvait chez ce camarade). 

Le Lay Alain. ? 

25 septembre 1942: 

Serre Jacques

Le Caignec Eugène père

Touchard Fanch

Kerledou André fils

Dréano Joseph

Rioual Arthur

Guiffant Louis

Loch Mathias

Rossignol Jean

27 septembre:  

Le Bris Eugène fusillé (affaire Le Bras, juge de Nantes)

Lijour Lucie déportée

Breton Françoise déportée

Bodéré Marie-Jeanne internée

Baudry (agent de liaison) fusillé au Mont-Valérien

Huon frères internés

Thomas Yves: déporté

Fin septembre: 

Tocquet Charles. interné

Louarn Théo. Mort en déportation

Trichard Yves. Tué au combat 

Le Gall Yves. Mort en déportation. 

Le Gall Joseph. Interné

Péron Louis. Interné

Dolliou Charles. Interné

Trolez Jean. Déporté

Bourbigot Jean. Déporté.

Thomas Yves. Mort en déportation

6 octobre:

Le Caignec F.: interné à Compiègne. Evadé en décembre 43

Tous ces camarades firent parti du groupe T.P (Terroristes Partisans) par la suite appelé groupe Lijour, 1er responsable dès 1940 et même avant. Le Lay Alain par la suite.)

 

C'était un coup très dur porté aux T.P et à la Résistance, mais René Lijour avait réussi à s'échapper et à disparaître dans la nature et quelques camarades avaient passé entre les mailles du filet, mais l'organisation était détruite. Pendant quelques mois seule la propagande nazie fonctionna. Remi Nédellec était en contact avec Quimper et les tracts nous parvenaient. Le cheminot François Le Beux du dépôt de Quimper nous en fournissait également. Il nous faisait rire en nous racontant les bons tours qu'il faisait aux nazis, expédiant les wagons qui leur étaient destinés dans les directions les plus insolites. Il devait mourir tragiquement lors d'une attaque de l'aviation anglaise en février 1944.

Une caisse de secours aux familles des déportés et fusillés fut créée et alimentée par des dons en argent et en espèce.

Et bientôt le contact fut rétabli avec René Lijour. Mme Duot qui avait déjà servi d'agente de liaison avant la rafle de septembre 42 reprit du service et assura le contact.

Du coup les choses prirent une autre tournure. Les conseils de René Lijour et ses indications nous permirent d'envisager la reprise du combat armé.

Mais il fallait élargir le combat à d'autres que les communistes et pour cela créer le Front National et sa force militaire les F.T.P.F. Je posai la question à Robert Jan qui avait également fait partie du groupe Lijour et qui quoique en contact avec Le Bris n'avait pas été arrêté. Nous convînmes de la nécessité d'accélérer la réorganisation de la résistance aux Nazis d'autant qu'après Stalingrad, l'espoir était revenu dans la population et le moment favorable pour une telle opération. Je contactai Louis Trichard frère d'Yves Trichard qui devait être tué dans les combats de la Libération.

Ce dernier me conseilla de voir Pierre Le Rose dont il me dit beaucoup de bien. Dans les circonstances de l'occupation et de la clandestinité, il était hasardeux de contacter une personne inconnue sans avoir reçu de solides garanties, aussi je me fis donner l'accord de P. Le Rose pour cette entrevue avec Le Trichard. Au premier contact je sentis tout de suite que ça allait marcher. J'avais eu de la chance, j'avais saisi le bon chaînon. Nous convînmes de la création d'un groupe de Jeunesse communiste et du travail à faire. Il commença sans tarder et tracts et journaux sortirent de notre presse clandestine, une simple pierre humide (ils insistaient sur les problèmes de ravitaillement de la population).  De là devait sortir le journal "L'étincelle" appelant la population à renforcer et soutenir la Résistance.

L'étincelle: journal de la Résistance communiste de Concarneau, Mai 1944- Juin 1944: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose

Des journaux destinés aux jeunes, les appelant à la lutte armée. Celle-ci fut immédiatement envisagée avec les moyens dont nous disposions. Le groupe des 8 jeunes communistes se transforma en commando F.T.P.F. Il y avait là outre P. Le Rose dit Michel ou Pierre Humide, Dédé le Craz dit Fredo, Yves Le Moal dit Losse (à moelle évidemment) et gloire locale actuelle de la gouache et de l'aquarelle. Nous étions arrivés fin 43 et ce groupe où se trouvait également le regretté Henri Joncourt, tué depuis en Algérie, commença ses actions de commando. Au même moment Fanch Caignec faisait son apparition imprudente à mon avis à Concarneau. Il venait de s'évader du camp de Compiègne où il était en instance de départ pour les camps de la mort. Je craignais pour sa sécurité mais la police de Vichy commençait à sentir tourner le vent et ne voulu pas l'inquiéter. Il nous fut d'un grand secours pour le recrutement de nouveaux éléments qui permirent un développement extraordinaire des F.T.P.F. Tout ceci était fait malgré tout avec un maximum de prudence et le cloisonnement était sévère. Nous pratiquions l'organisation en triangle qui nous permit cette fois d'arriver à la Libération sans trop de casse.

Pour René Lijour j'étais Arsène, pour P. Le Rose dit Michel, j'étais Henri flexible, pour le regretté Félix Delorn j'étais Maurer. J'ai souvent souri en le trouvant en conversation avec un jeune, et en l'entendant me parler confidentiellement d'un certain Henri flexible mystérieux et grand mamitou de la résistance. Toute modestie mise à part. 

Puis tout devint plus facile, relativement s'entend. J'eus le contact avec l'état major F.T.P.F du Finistère par Louis Stéphan dit commandant André, prisonnier évadé qui avait repris le combat. Nous nous rencontrions le plus souvent dans la nature, dans le champ d'un fermier ami comme chez Fanch Touchard de Colguen, avec des responsables régionaux. Jacob Quillen assistait parfois à ces entrevues où nous faisions le point sur la situation et étudions l'état et l'organisation de nos forces. André vint également me voir chez moi et sur mon lieu de travail. Le problème qui se posait était l'armement de toutes nos recrues. Les parachutages de Kernabat auxquels participaient nos F.T.P.F ne nous permettaient pas d'équiper les 2 compagnies que nous avions recrutés et la récupération d'armes sur l'ennemi était assez limitée. Ici j'ouvre une parenthèse pour dire que nous avons passé des journées, Félix Delorn et moi, à enregistrer les adhésions à notre mouvement. Pour trouver à chacun un nom de guerre, désigner les chefs de groupe. Félix était passionné pour ce travail. Il avait encore une autre corde précieuse à son arc, il réparait avec art toutes les armes endommagées qu'on lui envoyait. Parfois de la fenêtre de notre PC de la rue de l'Alma nous voyiions passer une patrouille nazie dans la rue des Ecoles que nous dominions. Nous avions quelques alertes de ce genre. 

Un jour de printemps 44, nous fûmes surpris de voir à Concarneau Jos Le Coz qui avait été libéré d'un camp d'internement de la zone Sud. Je vis immédiatement René Lijour qui m'incita à la plus grande prudence, Jos pouvant à son insu servir d'appât pour la Gestapo. Pourtant il pouvait nous être d'une grande utilité connaissant pas mal de monde, de jeunes en particulier. Je gardais le contact avec lui et nous rendit les services qu'on attendait de lui sans que je lui ai révélé les détails de notre organisation. Après tant d'années, avec le recul nécessaire pour juger objectivement la situation en ces temps là, il ne m'en voudra pas de ces "cachotteries".

Dans le courant de 43 lors d'une attaque de l'aviation anglaise contre un convoi nazi ancré sur rade de Concarneau, un gros cargo chargé de matériel militaire de toute sorte avait été touché gravement. Les nazis essayèrent de le remorquer jusqu'à Lorient afin de le réparer, mais il coula dans les parages des Glénans. Nous pensâmes à tirer profit de cette affaire et contactâmes Charlot Le Cras qui, scaphandrier en ce temps là, était chargé par la société qui l'employait de visiter l'épave pour étudier les possibilités de récupération. Il fut convenu que tout ce qui était armement léger serait récupéré par nous, Charlot se faisait fort de nous le procurer. En effet à quelques temps de là il nous prévint que sa mission était accomplie, qu'un lot de mitraillettes et de munitions nous attendait signalé au-dessus de l'épave par une bouée reliée par un filin au paquet d'armes bien arrimé. 

Felix et notre gentil camarade Auguste Le Rose dit "la poitrine" qui possédait un canot se rendirent sur les lieux, trouvèrent la bouée, tentèrent de soulever la charge sans résultat. Ils revinrent plusieurs fois et abandonnèrent devant l'inutilité de leurs efforts. C'était une occasion manquée d'armer nos F.T.P.F dont l'effectif se montait maintenant à deux compagnies. Entre temps, j'eus la visite des responsables régionaux du Parti et des F.T.P.F. Le "père Henri" cheminot du dépôt d'Auray et Leduc, entrepreneur à Plestin-les-Grèves, capitaine F.T.P.F à qui il arriva une aventure invraisemblable. Arrêté par les nazis, ils lui firent un simulacre d'exécution, puis ... le relâchèrent. S'ils avaient su qui ils tenaient entre leurs mains, les choses évidemment auraient tourné autrement. Nos réunions clandestines avec Pierre Le Rose se poursuivaient. Nous discutions outre de l'organisation armée, du contenu de nos journaux polycopiés qui étaient diffusés dans la population. Les actions de commandos inquiétaient et gênaient l'ennemi et ses complices. Vint le 6 juin et le débarquement allié. L'ennemi aux abois, ses lignes de communication coupées à tout instant par la Résistance. Il fallut entrevoir des actions plus larges et transformer la guerilla en insurrection. Les groupes de commandos avaient vécu. Il fallait mettre sur pied de véritables unités militaires. Pierre me posa le problème de l'armement dont nous disposions qui permettait d'équiper une compagnie. Mais vu les effectifs dont nous disposions, c'est deux compagnies que nous aurions dû équiper. Mais nous dûmes limiter nos ambitions au nombre d'armes dont nous disposions. Ainsi naquit la 5ème Cie F.T.P.F du bataillon La Tour d'Auvergne. Le reste des effectifs en réserve fut appelé provisoirement Milice Patriotique, son rôle initial faute d'armes étant destiné au barrage des voies de communications par abattis d'arbres, etc...

Il fallut songer sérieusement à la libération tant attendue. Rétablir la légalité et la démocratie.

Un comité local de libération fut constitué avec à sa tête Alphonse Duot ancien premier adjoint de Pierre Guéguin. Si je m'en souviens bien, les premières réunions eurent lieu à la campagne. Le bois de Kerneac'h vit se dérouler une de nos réunions où nous discutâmes des points d'un programme que nous voulions établir pour l'avenir de Concarneau. Les noms des participants à ces réunions champêtres m'échappent mais je me souviens parfaitement de l'ultime réunion qui eut lieu au Café Lancien des Sables Blancs où le programme fut mis au point et adopté. Il y avait là Alphonse Duot adjoint au maire, futur maire de la Libération, François Herlidan du parti socialiste, Le Bris du parti radical, Julien Larsouneur, syndicaliste et responsable clandestin des syndicats, R.Jan, Felix Delorm, P. Le Rose et moi-même.

(Note d'Alphonse Duot en marge: Le programme attachait une importance particulière à un retour à la légalité républicaine par le moyen de l'insurrection (mise en place du conseil municipal et aux problèmes du ravitaillement - au concours de la population - en opposition aux conceptions gaullistes: Phily; seuls les gens aux brassards dans la rue. Insister sur les efforts pour élargir le CLL et le Conseil Municipal. Les problèmes de l'Union des groupes armées). 

Ceci se passait le dimanche après-midi, 6 août. Le 8 août, Quimper était libéré. Une compagnie F.T.P.F de Concarneau (la 5ème) avait pris part aux combats pour la libération de cette ville.

Le jeudi 10 dans la matinée, si mes souvenirs sont exacts, 2 destroyers prennent position près de la bouée du cochon et se mettent à tirer sur les fortifications allemandes, le port, la ville et ses environs. Dans les rues, c'est l'affolement. Tout se vide en un instant. Je vais aux nouvelles, croisant sur mon chemin Robert directeur de l'hospice qui n'a pas l'air dans son assiette. J'arrive au coin de la rue Bayard et du Boulevard Bougainville suivi par mon oncle Dédèle et Jean Flâtrès. Mal nous en prend. Un des bateaux a dirigé son feu sur nous. Je rebrousse chemin à toute vitesse précédé de Jean Flâtrès. Nous faisons un petit pas de course et nous nous plaquons au sol. Il était temps. Un obus de fort calibre vient d'éborgner le coin de l'usine Azéma et le mur qui lui faisait face dans la rue Bayard. Des éclats volent dans tous les coins. Je sens un choc à la fesse droite. Un éclat miniature m'a touché. Je me retourne, la rue est noire de fumée et sent la poudre. J. Flatrès et moi prenons nos jambes à notre cou et détalons. Mais mon oncle un peu plus haut est blessé; fracture ouverte de la jambe. Il perd du sang en abondance. Nous le transportons chez lui, établissons un garrot et une gouttière faite de planches de barils de rogue. Le Dr Crescence arrive aussitôt et le fait transporter à l'hôpital. Il boitera le reste de sa vie.

Le 12 août, 2 compagnies F.T.P.F, la 3ème et la 5ème, prennent position au nord de Concarneau conjointement avec une compagnie F.F.I de Rosporden commandée par le capitaine Mercier. Le 13 août, le capitaine OTTO, commandant la garnison allemande, décrète l'état de siège et fait placarder un avis selon lequel il incendiera la ville si la Résistance attaque. Des habitants commencent à évacuer. Les troupes nazies sont bloquées. Elles ne peuvent plus s'enfuir que par la mer. Le 16 dans la journée les chars américains arrivent. Ils sont accompagnés d'une ou deux batteries d'artillerie.

Le lendemain matin 17 les chars et l'artillerie bombardent les positions allemandes en ville. Quelques éléments d'infanterie amorcent une attaque soutenue par les chars. Deux Cie F.T.P.F et des éléments de la milice patriotique participent à l'action et pénètrent prudemment en ville ou l'on se bat autour de la Kommandantur. Louis Guillerme, Georges Le Coz, René Rioual détruisent un petit poste aux abords du Q.G allemand. G. Le Coz est blessé par éclats de grenade et nous aurons malheureusement à déplorer la perte de Doumard (?) de la 3e Compagnie tué aux Sables-Blancs. Mais les chars américains se replient et les F.T.P.F sont obligés de décrocher. 

Cette action aura permis malgré tout de faire quelques dizaines de prisonniers et de récupérer du matériel qui va permettre d'équiper la milice patriotique qui devient du coup 7ème Cie F.T.P.F. Des éléments de cette Cie ont attaqué avec les Américains la casemate du quai Est mais se sont également replié.

Quelques jours plus tard, notre agente de liaison Lisette Jaffrézic faisant preuve d'un grand courage ira distribuer aux allemands des tracts les appelant à la reddition.

Elle nous ramènera plusieurs prisonniers. Le 17 toujours à l'issue de la reddition des allemands en position au Dorlett à Kernéac'h et Kéraudron nos hommes ont vite fait de récupérer les armes. La police vichyste qui a abandonné ses (?) mais pas son état d'esprit arrive un peu tard pour le même travail et pour des fins moins patriotiques. Cependant, elle a arrêté Eugène Le Rose qui avait récupéré un fusil mitrailleur. En compagnie de Louis Moalie, de Felix Debour, de Jo Beux, nous tentons de transporter une mitrailleuse lourde et son armement, lorsqu'une patrouille d'agents se jette sur nous.

Les agents Le Doux et Le Grand me mettent un revolver sur la figure menaçant de me descendre si je mets mon projet à exécution. Je leur crie mon indignation et j'ordonne à Moalic d'enlever le ressort récupérateur de l'arme afin qu'elle ne puisse pas servir contre nous. Un camion à cheval qu'ils sont allés chercher emporte une arme qui nous aurait été précieuse. A la lecture d'un rapport de l'époque je précise qu'il y avait plusieurs armes et munitions, une centaine d'allemands s'étant rendu à ces endroits. Quelques heures plus tard en ville où les rues sont désertes nous nous heurteront encore à une patrouille d'agents conduite par le commissaire Jouarnic. Nous leur rappelons les reproches précédents et la même scène honteuse recommence. Le Doux, Le Grand et Trolez me mettent leur revolver sur la figure. Ils sont blêmes de rage et sans l'imminence d'un revirement de la situation j'ai l'impression qu'ils iraient jusqu'au bout de leur geste. Nous rejoignons la Milice Patriotique qui s'organise. Yves Furic en a pris le commandement en l'absence de Felix Delorm qui avait été chargé de cette tâche. Quelques jours plus tard il sera remplacé par Albert Autret de Quimper. Félix et moi-même deviennent ses adjoints. Nous prenons position à la ferme de Kéraudron derrière les talus et la chicane qui barre la route à hauteur du château d'eau. Le fermier nous fait don d'un fusil-mitrailleur et de munitions qu'il a subtilisées. Paul Choisnet et Moalic sont alternativement servants. Je suis pourvoyeur. Quelques rafales partent par ci par là. C'est assez calme.

Et soudain l'enfer fond sur nous. Les Allemands tirent de toutes leurs pièces des obus de tous calibres, fusants et percutants, arrosant Kerneac'h, Kéraudron, Minven où tout le bétail sera anéanti. Cela dure 4 heures. Nous décrochons et remontons le long des talus vers le poteau vert où se trouve notre cantonnement. La 5ème Cie qui était derrière nous fait comme nous et se met à l'abri. Nous n'avons aucune perte ni aucun blessé. C'est miracle. Mais mon mitrailleur qui marche devant moi fusil à l'épaule déclenche malencontreusement la gâchette de son arme. Une rafale s'ensuit passant à quelques centimètres de ma tête. J'en frémis encore. 

Le problème de la subsistance se pose. Henri Serre employé à la Mairie de Beuzec et qui fait partie de notre troupe y pourvoira le premier jour. Ensuite nous nous débrouillerons. Théodore Vidarment se défendra très bien dans son rôle de pourvoyeur de nourriture. Nous sommes plus de 200 à la Cie. 

Le lendemain 18, reddition du capitaine Otto commandant de la place. L'artillerie américaine - il y a une batterie juste aux abords de notre cantonnement - et les chars - ils sont 5 ou 6 - recommencent le bombardement de la ville. Vers 18h, des groupes d'habitants commencent à arriver évacuant Concarneau. Dans la soirée un sérieux bombardement allemand a lieu provoquant des incendies en ville. Cattegrain, Rödel, quelques maisons particulières sont en flammes. Nous regardons navrés ce spectacle. Un appui sérieux des chars nous permettrait d'éviter la destruction de la ville dont les allemands semblent avoir décidé le sort.

Louis Moalic a toujours sur le coeur l'histoire de la mitrailleuse lourde. Profitant de l'évacuation de la population, il se glisse en ville, entre au commissariat revolver au poing, se fait remettre l'arme qu'il charge sur un camion rempli d'évacués. Il la camoufle ainsi que les munitions avec des objets divers. Il est accueilli par les F.T.P.F avec stupéfaction et respect. C'est un beau coup. L'arme servira sur le front de Lorient pendant tout le siège. C'est à cette époque que se situe également la fin d'un individu qui faisait une navette constante entre nos lignes et probablement la Kommandantur. Une balle perdue a mis fin à sa carrière. 

Le 20 les chars et l'artillerie américains se replient. Les F.T.P.F soucieux d'éviter à la ville un sort tragique amorcent une attaque. Tout le bataillon est dans l'affaire, mais l'artillerie nazie se déchaîne clouant les compagnies au sol. Le repli est ordonné. Des patrouilles seront envoyées ici ou là. Quelques accrochages sans dégâts se produiront.

Charly interprète à la Kommandantur nous harcèlera avec un camion équipé de plaques de blindage et sur lequel est monté un canon à tir rapide. Il arrosera sans répit les talus de Kéraudron, de Kernéac'h et de la Maison Blanche. Au cours de ces incursions, Louis Tudal sera grièvement blessé à la cuisse.  

Quatre jours se passent ainsi en escarmouches. Dans la nuit du 24 au 25 de fortes explosions venant de la ville se font entendre. Nous sommes saisis d'angoisse à la pensée que les allemands sont en train de la détruire. Quelques instants plus tard nous subissons un court mais violent bombardement. Puis c'est le silence, à l'aube une patrouille de la 7ème Cie F.T.P.F commandée par le gentil Paul Sabersmann, ukrainien déserteur de l'organisation Todt et audacieux diable, pénètre dans la ville vide de ses habitants. Plus tard nous voyons quelqu'un monter la côte qui mène à nos positions et qui fait de grands gestes des bras. C'est un pompier. Germain Bourdon si je ne m'abuse, mais mes souvenirs sont flous.

Alors c'est la descente en masse sur une route jonchée de débris, les fils à haute tension cisaillés par la mitraille et pendant lamentablement. Nous nous attendions à trouver une ville à moitié en ruines. Apparemment il n'en était rien, mais le port avait souffert. 

Nous primes immédiatement notre cantonnement à l'hôtel de la Mer. Le lendemain avec une voiture de notre Cie, je filai vers une destination connue de moi seul.

René Lijour m'accueillis avec un sourire quand je lui annonçai que l'épreuve était terminée et que je venais le chercher. Il avait attendu longtemps ce moment de joie un peu amère car depuis 2 ans il n'avait plus de nouvelles de sa femme Lucie déportée à Ravensbrück. Ce n'est que beaucoup plus tard qu'il aurait l'occasion de serrer dans ses bras celle qui fut si courageuse au moment décisifs.     

Quelques jours plus tard Concarneau, sa population retrouvée, arborait un air de fête. Les Libérateurs de la ville allaient recevoir un hommage mérité. En défilant avec les camarades de la 7ème Cie F.T.P.F sous les acclamations de la foule en délire, mes pensées allaient à mes camarades de combats, qui levés avant le jour nous avaient montré le chemin de la lutte et l'exemple du sacrifice. Grâce à eux nous connaissions enfin des heures de joie. 

 

Alphonse Duot

ancien responsable du Front National

Adjt au commandant de la 7ème Cie F.T.P.F

    

     

                                   

 

 

  

Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
Contribution à l'histoire de la libération de Concarneau - par Alphonse Duot, ancien responsable du Front National de lutte pour la Libération et l'indépendance de la France, adjoint au commandement de la 7ème Compagnie F.T.P.F: un document exceptionnel des archives Pierre Le Rose
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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 14:38
"Les communistes et la Résistance": un appel d'anciens résistants, membres du PCF, à l'occasion d'un hommage à Venise Gosnat à Concarneau le 12 octobre 1975 au CAC (mémoire de la résistance finistérienne, Archives Pierre Le Rose)
"Les communistes et la Résistance": un appel d'anciens résistants, membres du PCF, à l'occasion d'un hommage à Venise Gosnat à Concarneau le 12 octobre 1975 au CAC (mémoire de la résistance finistérienne, Archives Pierre Le Rose)

 Venise Gosnat fut un des responsables du Parti Communiste, et fut probablement un des acteurs de la relation avec le Komintern. Pendant la guerre, il est inter-régional du PCF clandestin en Bretagne. Il fut longtemps adjoint de l’emblématique maire communiste d’Ivry sur Seine, Georges Maranne, qui fut le premier magistrat de la ville de 1925 à 1965 (à l’exception de la période de la guerre)

Les Communistes et la Résistance! 
(un appel d'anciens résistants, membres du PCF)

Octobre 1975, à Concarneau  

Le dimanche 12 octobre prochain, à partir de 10 heures au Centre des Arts et de la Culture de Concarneau, Georges Gosnat, membre du comité Central du Parti Communiste Français, député d'Ivry-Vitry sera à Concarneau pour présider une Exposition-Vente de livres sur la Résistance. 

Georges Gosnat est le fils de VENISE GOSNAT, l'un des principaux dirigeants communistes clandestins en Bretagne pendant l'occupation. A ce poste, où plusieurs d'entre nous 'ont connu en ces années difficiles, il fallait tenir haut et ferme le drapeau du Parti à la tête de la lutte pour la libération de la France, pour reconquérir l'Indépendance Nationale. 

Un livre de Jean Chaumeil exalte la vie de Venise Gosnat, forgeron, adjoint au maire d'Ivry, le "Vieux Georges" pendant l'Occupation. 

Nous appelons les jeunes, les hommes et les femmes de l'agglomération concarnoise et du Finistère-Sud à assister à la réception avec Georges Gosnat, lui-même résistant, membre communiste des gouvernements d'Union pour l'Indépendance de la France qui suivirent la Libération jusqu'en mai 1947. Notre camarade signera le livre à la mémoire de son père et d'autres livres de souvenirs et d'histoire sur la Résistance. 

Il est bien que Concarneau organise cette manifestation car cette ville a payé un lourd tribu au combat libérateur:

- le 1er fusillé de Bretagne, François Péron de Penmarc'h est tombé dès 1940 dans le bois de Keriolet

- Onze fusillés, deux massacrés, onze morts en déportation, huit résistants tués au combat, parmi lesquels le Maire communiste et conseiller général de Concarneau, le secrétaire de section du Parti, plusieurs jeunes communistes

- Cinquante-et-un tués à la guerre parmi lesquels le conseiller d'arrondissement communiste. 

Concarneau et le Sud-Finistère se souviennent!

Répondez nombreux à cette invitation: venez à Concarneau le 12 octobre.   

 

Signataires:

- Guillaume Bodéré, de Léchiagat

- Yves Bodigou, de Pont-L'Abbé

- Yves Cotty, de Moëlan-sur-Mer, dirigeant clandestin du P.C.F, déporté à Buchenwald de 1943 à 1945

- Yves Faou, de Châteaulin

- Robert Jan, F.T.P, membre du Comité Local de Libération, Conseiller général et conseiller municipal de Concarneau

- Jean-Désiré Larnicol, de Léchiagat, dirigeant clandestin du P.C.F, interné de la Résistance

- Jean Le Berre, dirigeant du PCF dans la clandestinité

- Jean Le Brun, déporté, maire du Guilvinec

- Théo Le Coze, de Quimper, né à Concarneau, dirigeant clandestin du PCF dans les Côtes-du-Nord

- Joseph Le Dantec, membre des JC avant-guerre et dans la clandestinité, F.T.P

- Paul Le Gall, F.T.P, membre du Comité Central du P.C.F, secrétaire de la Fédération du Finistère-Sud

- Michel Le Goff, de Trégunc, militant clandestin du P.C.F, F.T.P

- Louis Le Quillec, de Concarneau, Président du Comité de Libération de La Feuillée, beau-frère de Jean Garnier, communiste fusillé en Ille-et-Vilaine

- Pierre Le Rose, dirigeant du P.C.F et des J.C en 1943-1944, F.T.P, membre du comité départemental de Libération

- Christophe Poulichet, de Scaër, maire et Conseiller Général

- Pierre Salaün, de Scaër, interné à Châteaubriant et Vanves

- Daniel Trellu, de Bénodet, lieutenant-colonel Chevalier dans les F.T.P 

  

Archives Pierre Le Rose/ PCF 29 

 

Congrès du PCF à Strasbourg en 1947: au premier rang à gauche, Daniel Trellu, Pierre Le Rose, deux places après avec Marie Lambert, résistante et députée communiste du Finistère à la Libération (photo Pierre Le Rose, Archives Pierre le Rose - PCF 29)

Congrès du PCF à Strasbourg en 1947: au premier rang à gauche, Daniel Trellu, Pierre Le Rose, deux places après avec Marie Lambert, résistante et députée communiste du Finistère à la Libération (photo Pierre Le Rose, Archives Pierre le Rose - PCF 29)

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 13:20

Vidéo sur la chaîne vidéo de la ville.

Interventions d'Ismaël Dupont, élu du Front de Gauche (avec Valérie Scattolin): 

- I.  Intervention sur le budget primitif 2017 de 11' à 16' -

Austérité, absence de projet, mise sous dépendance de la culture par rapport à la communication, vidéo surveillance...

Réponse très cassante d'Agnès Le Brun, très maîtresse d'école distribuant les bons et les mauvais points: "une lecture très superficielle des documents qui vous amène à dire des bêtises..." - Et le reste à l'avenant.  

J'avais également fait une erreur factuelle, mais l'erreur est humaine et mes propos étaient placés sur le signe du questionnement - en prenant des lignes de budgets de fonctionnement section par section, service par service, comme incluant les charges de personnels (aucun tableau détaillé n'était fourni sur ce point).   

Lors du dernier Conseil Communautaire du 19 décembre, Agnès Le Brun se positionnant en victime d'une attitude irrespectueuse a menacé de quitter le conseil parce que Jean-Luc Fichet lui disait qu'elle racontait des "bêtises" sur la transmission d'une étude (très incomplète) sur la liaison ville haute- ville basse... Mme Le Brun se permet pourtant des propos très limites et condescendants avec d'autres élus qui sont perçus comme un crime de lèse majesté quand elle en encaisse de très comparables ... 

- II.  30'15: Contre l'imposture et l'hypocrisie du: " au conseil Municipal, on ne fait pas de politique... Il est absurde de mélanger des considérations de politique nationale à des positionnements sur des choix municipaux"

"Je trouve un peu fort de café que chaque fois vous insistiez la larme à l'oeil sur les baisses de dotation d'Etat alors que vous soutenez en même temps un candidat qui propose une austérité trois fois pire que celle qui a été imposé avec la plus grande rigueur et des conséquences catastrophiques pour les collectivités et les services publics par le gouvernement Hollande". 

"La baisse de dotations, ce n'est pas la grêle, ce ne sont pas des événements météorologiques aléatoires, c'est la résultante de choix politiques nationaux vis-à-vis desquels vous ne pouvez pas vous placer en situation d'extériorité alors que vous faites vous aussi des choix idéologiques en soutenant le candidat et le projet de François Fillon, après celui de Sarkozy".   

- III.  48' : Vous n'avez pas la culture de la propagande!!! il suffit de voir le dernier Morlaix Mag pour voir que Monsieur Guilcher que j'estime beaucoup au demeurant est en couverture du journal municipal comme morlaisien de l'année... Qu'un journal qui est tout entier consacré à la communication de la majorité et où l'opposition a une expression congrue pour son expression qui est lue avant, de manière à ce que le groupe de majorité puisse s'adapter et polémiquer en retour en connaissant les points d'attaque de l'opposition, là où la réciproque n'est pas vraie. 

- IV. 1'31 - 1'37 : longue intervention argumentée contre la remise en cause des acquis (conquis) sociaux des personnels de la mairie par la révision à la baisse du dispositif sur les Congés Exceptionnels. Illustration du climat de malaise social à la ville de Morlaix lié à la gestion des personnels. 

- V. 1'41- 1'44: Réponse à l'argument des 1540 heures, nous sommes pour le passage aux 32 heures, argument de la remise en cause du droit à la formation, exigence de présentation d'un document de bilan social avec des chiffres lisibles et suffisamment détaillés pour faire un vrai bilan exhaustif et raisonné de la gestion des personnels.   

Toute l'opposition (les 8 élus) vote contre le nouveau dispositif des congés exceptionnels refusé par les syndicats représentés au Comité Technique (CGT - CFDT)  

- VI. 1'49 - 1'51: intervention sur le renouvellement des conventions des Moyens du Bord et La Salamandre, avec des clauses restrictives assez inquiétantes. Eloge de La Salamandre et de Multiples... 

- VII. 1'57: reprise d'intervention sur La Salamandre et Les Moyens du Bord, en réponse des interventions d'Agnès Le Brun et de Georges Auregan. 

Ordre du jour du Conseil Municipal, le mercredi 14 décembre à 18h30 en mairie de Morlaix: 

- dérogations au travail du dimanche pour les commerces de détail

- vote du budget primitif 2017

- vote des taux d'imposition 2017

- demande de subventions pour des travaux dans le cadre de la dotation d'équipement pour les territoires ruraux pour l'année 2017: sécurisation cheminement piéton Langolvas (167 000€), travaux du Théâtre de Morlaix (50 600€), salle multifonctions théâtre de Morlaix (47 500€), aménagement d'une aire de jeu à la Vierge Noire ( 70 000€), réfection et amélioration des réseaux aérauliques de la piscine de la Boissière (50 000€).

- marché des travaux d'éclairage public

- avenant au contrat de maîtrise d'oeuvre pour la réhabilitation du musée de Morlaix

- projet éducatif local

- subventions aux associations et structures conventionnées pour l'année 2017 (proposition de maintien des subventions à leur niveau de 2016)

- rapport annuel d'activité du SIVOM

- rapport annuel du SDEF (syndicat départemental d'équipement du Finistère)

- convention avec l'association recherche travail (ART)

- Dispositif d'effacement de graffitis, tags, et inscriptions

- Chapelle St Joseph derrière l'église Saint Matthieu confiée à "L'Oeuvre St Joseph" de Philippe Abjean

- Droits à congé exceptionnels pour les personnels

- Renouvellement de conventions pour les associations Les Moyens du Bord, La Salamandre, Le Théâtre du pays de Morlaix.

 

Question orale écrite par Jean-Pierre Cloarec et signée par les 8 élus d'opposition: 

Jean-Philippe Bapcérès, Elisabeth Binaisse, Jean-Pierre Cloarec, Ismaël Dupont, Hervé Gouédard, Sarah Noll, Valérie Scattolin,Jean-Paul Vermot, 

 

Encore une question de communication!

Le lundi 7 novembre dernier, plus de 40 automobilistes se sont retrouvés à la sortie de la gare sans leurs véhicules , ceux-ci ayant été mis en fourrière pour cause de démarrage de chantier.
Les 2 panneaux d'avertissement disposés à l'entrée du parking n'étaient pas éclairés , aucune
barrière , plots de chantier, panneau lumineux ou autre système visible n'interdisaient l'accès au stationnement longue durée en contrebas du pont Bellec.
Nombre d'usagers y laissent leur véhicule pendant plusieurs jours , voire une semaine et plus en raison de déplacements familiaux , professionnels ou autres .
Le parking longue durée à l'emplacement de l'ex-école Léon Blum, n'est connu que de quelques habitués (la signalisation est la aussi défaillante) du fait de son seul accès sous la voie ferrée en empruntant la rue Général Le Flo.
A cette date, le nouveau parking au nord des voies était encore en travaux
Pénaliser de cette manière les usagers de la gare soit 230€ de frais par voiture , ne peut être accepté sans se soucier du défaut de communication.D'autres faits d'enlèvement sans motif de véhicules, en particulier rue Gambetta ,nous ont été rapportés .Ce problème d'information risque fort de ne pas favoriser l'image de l'attractivité de notre ville .
Nous avons voté cette année ,le remboursement d' amendes indues suite à un défaut d'affichage concernant un feu d'artifice en centre ville , de la même manière il nous semble essentiel d'opérer de même pour les automobilistes concernés par cette opération .
Quelle est votre position sur cette affaire?

Le Télégramme, 15 décembre 2016: article de Sophie Prévost sur le conseil municipal de Morlaix du 14 décembre

Le Télégramme, 15 décembre 2016: article de Sophie Prévost sur le conseil municipal de Morlaix du 14 décembre

Conseil Municipal de Morlaix du mercredi 14 décembre 2016: revue de presse et vidéo sur le site de la Mairie: interventions d'Ismaël Dupont
Conseil Municipal de Morlaix du mercredi 14 décembre 2016: revue de presse et vidéo sur le site de la Mairie: interventions d'Ismaël Dupont
Ouest-France, 15 décembre 2016: article de Anaïg Dantec sur le Conseil Municipal du 14 décembre

Ouest-France, 15 décembre 2016: article de Anaïg Dantec sur le Conseil Municipal du 14 décembre

Ouest-France, 16 décembre: débat au Conseil Municipal du 14 décembre sur les congés exceptionnels

Ouest-France, 16 décembre: débat au Conseil Municipal du 14 décembre sur les congés exceptionnels

Prochain Conseil Municipal de Morlaix le Jeudi 19 janvier. 

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 13:11
Ouest-France, 21 décembre 2016

Ouest-France, 21 décembre 2016

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 12:40
Antoine et Claudie ont lu des textes très forts de Mahmoud Darwich et Leïla Shahid

Antoine et Claudie ont lu des textes très forts de Mahmoud Darwich et Leïla Shahid

Alain Diverres a raconté avec brio des contes palestiniens drôles et cruels

Alain Diverres a raconté avec brio des contes palestiniens drôles et cruels

Une soirée Palestine toute en contes et poésies

AFPS Morlaix, lundi 19 décembre 2016

Une soirée Palestine toute en contes, poésies et témoignages organisée dans un bar de Morlaix au coin d’un feu de cheminée par nos ami-e-s du théâtre de la Corniche et l’Afps du Pays de Morlaix (Finistère).

Ce sont trente personnes qui sont venues vendredi 16 décembre pour écouter d’abord Antoine et Claudie nous lire en duo de larges extraits de l’intervention faite par Leila Shahid au moment de son départ de Bruxelles subtilement articulés avec des poèmes de Mahmoud Darwich...

Puis le talent d’Alain, conteur de son état a permis de dresser des ponts entre la culture palestinienne et la culture bretonne pour notre plaisir à tous.

Nous avons poursuivi par une restitution à plusieurs voix de notre séjour en Palestine et la présentation de notre projet de solidarité avec le centre Al Karama pour personnes handicapées du camp de réfugiés de Jalazone.

Le temps de quelques poèmes et contes palestiniens supplémentaires, et la soirée s’est naturellement prolongée autour d’un pot de l’amitié. L’occasion de passer un bon moment entre ami-e-s du peuple palestinien et pour ceux qui ne l’avaient pas encore fait d’acheter le très beau Carnet de Voyage en Palestine de Thierry Seigland que nous vendons justement pour commencer à financer ce projet.

Si on en juge par l’intensité des échanges qui ont eu lieu, il est évident que la culture reste une formidable médiation pour parler de la situation du peuple palestinien et de ses revendications.

Concernant le Carnet de Voyage en Palestine le premier tirage de 300 exemplaires étant pratiquement écoulé, nous avons dû en faire tirer une centaine de plus. Donc, pour vos derniers cadeaux de fin d’année, n’hésitez surtout pas à nous contacter pour passer commande...

Sur les prochains achats du carnet de voyage de Thierry Seigland en Palestine avec le groupe AFPS Nord-Finistère, 11€ sur les 15€ (déduit les frais d'impression) seront remis pour le projet de partenariat avec l'association en charge du handicap dans le camp de réfugiés de Jalazone près de Ramallah.   

AFPS du Pays de Morlaix
19, rue Waldeck Rousseau
29600-Morlaix
visitez notre site

Commandez le carnet de voyage de Thierry Seigland

Commandez le carnet de voyage de Thierry Seigland

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 12:06
Une soirée pour Asli Erdogan, écrivaine turque emprisonnée, à la Librairie A Pleine voix de Morlaix ce mercredi 21 décembre, 19h (Ouest-France)
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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 12:02
photo montage Le Télégramme

photo montage Le Télégramme

Ils ne sont pas en guerre. Mais entre le président de Morlaix communauté, Jean-Luc Fichet, et le maire de la ville centre, Agnès Le Brun, le courant peine de plus en plus à passer et les divergences apparaissent au grand jour. On en a encore eu l'illustration, lundi soir, lors du conseil d'agglomération, au moment d'évoquer les travaux à la gare et l'avenir de Langolvas.

 

« Garde ton sang-froid, s'il te plaît. Ce serait dommage d'obliger les élus de la majorité morlaisienne à quitter la salle ». 19 h 45, lundi soir, en plein coeur du conseil communautaire. Se tournant vers Jean-Luc Fichet, Agnès Le Brun vient de siffler la fin de l'échange musclé qui dure depuis quelques minutes entre les deux protagonistes. Le sujet de la discorde ? La future liaison entre la gare et le centre-ville. Mais, plus généralement, les rapports devenus de plus en plus crispés, ces derniers mois, entre le président de Morlaix communauté et le maire de la ville-centre.

« On n'est associé à rien »

Deux sujets cristallisent les tensions entre l'élu socialiste et la secrétaire départementale des Républicains. Le premier, c'est ce fameux pôle d'échanges multimodal. Si Morlaix communauté est aux manettes de ce projet aujourd'hui bien avancé qui va atteindre les 15 millions d'euros, la ville de Morlaix a conservé la gestion de la partie sud de la gare, celle qui donne sur la rue Gambetta.
 

Problème : les deux collectivités n'ont pas forcément la même vision des aménagements à réaliser. Et des timings qui, parfois, diffèrent. Conséquence, l'été dernier, Morlaix a quitté le groupement réunissant Morlaix communauté, Saint-Martin-des-Champs et l'Établissement public foncier régional. « Ça n'avançait pas et on n'était associé à rien », déplore Agnès Le Brun. « C'est incroyable de dire des bêtises pareilles ! La ville est présente à toutes les réunions, les échanges sont permanents », s'agace Jean-Luc Fichet.

« Si la ville veut continuer à vivoter avec Langolvas... »

Autre source de conflit : le parc de Langolvas. Alors qu'un accord semblait en bonne voie pour transférer la gestion du site, de la ville de Morlaix vers Morlaix communauté, l'affaire a capoté. « On a mis un terme aux discussions », confirme le président de l'agglomération, en déplorant les quatre millions d'euros réclamés par la Cité du viaduc pour l'acquisition du parc. « C'est une somme totalement aberrante pour un équipement au déficit important qui nécessite des investissements », lâche Jean-Luc Fichet, en jugeant « dommage de rater ce rendez-vous ».

« Il y avait possibilité de l'intégrer dans un circuit des grandes salles avec Brest et Quimper pour redynamiser cet outil qui fonctionne au ralenti. Maintenant, si la ville veut continuer à vivoter avec Langolvas... ». « Ce n'est pas parce qu'il est déficitaire qu'il ne vaut rien », répond le maire de Morlaix, pour qui Lango ne peut pas être comparé aux salles brestoises de l'Arena ou du Quartz. « On tire d'ailleurs beaucoup plus de bénéfices des comités d'entreprises qui louent le site, ou des assemblées générales et des forums qui ont lieu sur le parc ».

« Il se prend pour le king »

« Je n'ai jamais été contre l'intercommunalité. Par contre, je suis opposée à l'intégration forcée. Or, Morlaix communauté cherche à tout absorber », souligne Agnès Le Brun, en mettant en garde contre la supracommunalité. « Jean-Luc Fichet se prend pour le king de Morlaix », soupire le maire, en déplorant la méthode de gouvernance. « Sur plusieurs dossiers, on met la charrue avant les boeufs. Je ne dis pas que tout est nul. On n'est pas là pour faire obstruction, mais on ne peut pas, non plus, applaudir des deux mains quand on estime que quelque chose nous amène droit dans le mur ».

« On applique notre projet de territoire voté à l'unanimité »

« Il n'y a aucun problème de gouvernance », assure, de son côté, le président de Morlaix communauté. « La preuve, notre projet de territoire a été validé à l'unanimité*. On ne fait qu'appliquer ce qu'on a voté. Et on doit le faire tous en même temps », insiste Jean-Luc Fichet. « Dans l'état actuel, on peut continuer à travailler ensemble », approuve Agnès Le Brun, en avertissant tout de même le président : « À condition que vous nous respectiez et que vous ne franchissiez pas la ligne jaune ».


© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr

 

* Note Chiffon Rouge: En réalité non, seul dans l'assemblée, Ismaël Dupont (Front de Gauche) s'est abstenu. 

Article Ronan Tanguy, Le Télégramme (21 décembre 2016)

Article Ronan Tanguy, Le Télégramme (21 décembre 2016)

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 11:46

Une autre lecture des moments importants du dernier conseil communautaire, par rapport au compte rendu du Télégramme.  

Les deux articles se complètent assez bien même si des moments importants du Conseil Communautaire et des débats et délibérations impliquant pour la vie quotidienne des habitants de la Communauté n'ont pas fait l'objet de transcription. Exercice difficile avec une soixantaine de délibérations et 4 heures de Conseil.  

Conseil de communauté du 19 décembre 2016 à Morlaix: un voeu adopté à l'unanimité pour dire à la SNCF: "En gare de Morlaix, la modernité, c'est aussi des trains et des agents"

Conseil Communautaire du 19 décembre 2016: photos Pierre-Yvon Boisnard

 

Article Anaïg Dantec, Ouest-France (21 décembre 2016)

Article Anaïg Dantec, Ouest-France (21 décembre 2016)

Article Anaïg Dantec, Ouest-France (21 décembre 2016)

Article Anaïg Dantec, Ouest-France (21 décembre 2016)

Ouest-France, 21 décembre 2016: Morlaix-Communauté soutient l'institu franco-indien

Ouest-France, 21 décembre 2016: Morlaix-Communauté soutient l'institu franco-indien

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 08:01
Centrale à gaz de Landivisiau: les doutes de l'Europe (Ouest-France, 18 décembre 2016)
Centrale de Landivisiau : les doutes de l'Europe

Ouest-France, 18 décembre 2016

 

 

Jean-Laurent BRAS.

Le projet phare du Pacte électrique breton aura-t-il le feu vert de Bruxelles ? La Commission européenne vient de rendre public un rapport qui peut laisser présager un prochain avis négatif.

Une unité de 422 mégawatts

La centrale électrique à cycle combiné gaz de Landivisiau aurait dû entrer en service en octobre dernier. À ce jour, aucune date de mise en chantier n'est avancée et c'est la pertinence même du projet pourrait être remise en cause ! En 2011, dans le cadre du Pacte électrique breton , l'État et la Région ont lancé un appel d'offres pour la construction et l'exploitation, au nord-ouest de la Bretagne, d'une unité de production de 450 MW. Le projet, de 422 MW, présenté par le consortium Poweo-Direct Énergie/Siemens, aux portes de Landivisiau (Nord Finistère), a été retenu.

Un examen de conformité

Ce n'est que quatre ans plus tard, le 7 janvier 2015, que les autorités françaises ont communiqué à Bruxelles les termes de ce contrat. Pour s'assurer de leur conformité avec le traité sur le fonctionnement de l'Union, la Commission européenne a examiné deux points essentiels : la réelle nécessité de construire cette centrale et le respect des règles de concurrence dans la désignation du lauréat de l'appel d'offres.

20 millions d'euros par an

La centrale de Landivisiau est supposée fonctionner autour de 3 000 heures par an en équivalent pleine charge, soit 125 jours. Dans de telles conditions, la seule vente de l'électricité produite n'assurera pas la viabilité économique de l'équipement. Plusieurs centrales CCG (cycle combiné gaz) ont été mises en sommeil, dont celle de Montoir-de-Bretagne, en Loire-Atlantique. Pour amortir son investissement (plus de 300 millions d'euros), l'exploitant de Landivisiau aura donc besoin d'une subvention des collectivités : 20 millions d'euros annuels, sur une durée totale de 20 ans.

L'intérêt général contesté

Cette aide publique, dite « prime », est au coeur du débat et des interrogations de Bruxelles. L'Union européenne, bien que toujours très jalouse du respect des règles de la concurrence, admet que la sécurité de l'approvisionnement énergétique d'un territoire puisse justifier le versement d'une subvention à un opérateur privé. Mais, rappelle-t-elle, cette intervention ne peut se faire que dans le cadre d'un Sieg, un service d'intérêt économique général. Or, dans le cas breton, la Commission « doute que l'installation et l'exploitation de la centrale de Landivisiau soient susceptibles d'être qualifiées de Sieg. » Une remise en cause de la nécessité même de cette centrale. « Les autorités françaises, estime Bruxelles, n'ont fourni aucun élément montrant qu'il y a eu un problème de sécurité d'approvisionnement en Bretagne dans le passé, même pas en cas de températures exceptionnellement basses telles que celles enregistrées en hiver 2012 ».

Combustibles fossiles

Il y a quelques jours, la Commission européenne a rendu publiques les conclusions d'une enquête qu'elle vient de mener sur les « mécanismes de capacité », du type Landivisiau, destinés à couvrir la demande d'électricité.

« Ils ne doivent pas constituer une subvention déguisée en faveur d'une technologie spécifique, comme les combustibles fossiles, ou gonfler exagérément le prix de l'électricité pour les consommateurs »,prévient la Danoise Margrethe Vestager, membre de la Commission.

L'Europe a ouvert, en novembre 2015, une procédure d'examen de l'appel d'offres « Landivisiau ». Ses conclusions, promises pour la fin 2016, pourraient donc tomber dans les prochains jours ou semaines.

Un deuxième avis attendu

Pour les opposants à la construction d'une centrale CCG en Bretagne, brûler du gaz en pleine lutte contre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique serait une aberration.

Ils interprètent déjà la teneur du rapport d'orientation sur les mécanismes de capacité comme une indication sur ce que pourrait être le jugement de Bruxelles : « On imagine mal la Commission se déjuger, en émettant, pour la Bretagne, un avis contraire aux conclusions de son enquête générale sur les mécanismes de capacité. »

Dans cette hypothèse, le projet de Landivisiau, au point mort depuis deux ans, pourrait connaître une nouvelle chute de tension, voire disjoncter.

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 07:31
"Hystérisation: "Macron-la-finance" confond charisme et hurlements" (Jean-Emmanuel Ducoin, L'Humanité)
Hystérisation(s)
VENDREDI, 16 DÉCEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin. « Macron-la-finance confond charisme et hurlements. »

Rhétorique De certaines images politiques affleure souvent la démesure grandiloquente, sinon grotesque, des personnages qui les incarnent, comme la signification symbolique de notre époque. À quelques mois d’échéances électorales majeures « perdues d’avance », beaucoup pensent la gauche en déroute, qu’elle ne sait plus où elle va ni comment. Soit. Encore conviendrait-il de savoir de quelle gauche nous parlons. Dans la séquence actuelle, où les bonnes âmes consacrent à longueur d’antenne « l’union pour survivre » face à la droite extrême de François Fuyons et l’extrême droite de Fifille-la-voilà, la tentation faible des médias dominants et des « penseurs de gôche » tenant chroniques un peu partout consiste à encenser – la forme comme le fond d’ailleurs – le premier discours de Macron-la-finance. Le cirque du « petit prodige » transformé en « homme providence » recommence, alimenté par la rhétorique de l’ancien ministre de l’Économie lors de son meeting, porte de Versailles. Partant de l’adage intellectuel qui consiste à dire que plus nous nous crions haut et fort moins nous avons de choses sincères à exprimer, la harangue surréaliste du candidat d’En Marche !, prisonnier d’une exaltation surjouée jusqu’aux ultimes mots prononcés, se révèle une authentique plongée dans la supercherie des communicants, qui nous ont habitués à l’aspiration par le vide. Qu’avons-nous vu en vérité ? L’ex-ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a-t-elle tort en affirmant que les envolées de Macron-la-finance ressemblaient aux prêches vitaminés du personnage campé par Leonardo DiCaprio dans le film le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese ? Confondre à ce point charisme et hurlements, art oratoire et hystérisation de son propos, a quelque chose de confondant sinon d’inquiétant. Nous n’irons pas jusqu’à prétendre que le trader sommeille sous l’homme. En revanche, nous savons que sous le projet politique, mâtiné d’oraison funèbre pour le socialisme, nous apparaît clairement l’ambition d’une société de type capitaliste décrispé, où l’argent et la réussite par l’argent deviennent valeur cardinale. Il y a du Tapie chez lui, en plus classieux, en plus éduqué.

« Googlisation » Vous clamerez, et vous aurez raison, que nous étions déjà informés sur le profil de l’éphémère conseiller de Normal Ier. Souvenons-nous. Dans l’exercice de sa fonction à la tête de l’économie française, l’une des administrations les plus régaliennes qui soient, Macron-la-finance possédait déjà une double singularité. D’abord et avant tout, il se prenait pour ce qu’il n’était pas : un ministre de gauche. Ensuite, autant l’admettre, il regardait le peuple de gauche comme Tintin au Congo, avec mépris et défiance. Avec lui, la « libre parole », qualifiée de « moderne », avait déjà l’apparence non pas des trahisons – que peut-il trahir d’une famille dont il n’est pas membre ? – mais bel et bien d’une forme de condescendance nourrie à l’acide financier. S’il veut « façonner le capitalisme à l’image de nos ambitions », il tente de porter l’habit du « progressiste » mais souhaite néanmoins abolir les 35 heures, en finir avec le statut de la fonction publique (« plus adapté au monde tel qu’il va », « un statut plus justifiable », déclare-t-il) et, bien sûr, libéraliser à tout va l’économie française pour « l’adapter à la globalisation », etc. Là où un homme authentiquement de gauche proposerait prioritairement de réinvestir le champ des idées et des principes fondateurs du pacte républicain et de la citoyenneté afin de sécuriser la situation sociale, Macron-la-finance avance tout le contraire. Ne vient-il pas d’attaquer les syndicats en suggérant que ces derniers faisaient « trop de politique » ? Une critique tellement minable qu’on pourrait lui rétorquer que lui, pour le coup, n’en fait pas assez (de politique) en prônant la « googlisation » technocrate des idées. Façon Wall Street.

 

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