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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 22:32
Face à l’horreur, ni la peur ni la haine

Il est difficile de parler ou d’écrire quand, devant l’indicible, il ne devrait y avoir que le silence ou le cri. Et pourtant il faut parler, parce que parler c’est être libre. Or, en attaquant sauvagement et froidement un journal, satirique de surcroit, le fanatisme au front bas a montré une fois de plus qu’il n’a pas de pire ennemi que la liberté, de penser, de croire comme de ne pas croire et même d’en rire, d’être ce que l’on veut être et pas ce que l’on vous assigne d’être. Et si la liberté est sa hantise, c’est par la liberté, et surtout pas en la restreignant, qu’on finira par désarmer son bras.

Dans l’immédiat, nous n’avons que l’affliction, le recueillement, la solidarité totale avec celles et ceux qui ont perdu la vie, avec leurs proches, avec celles et ceux qui ont été terrorisés et meurtris. Mais nous aurons très vite le devoir d’aller au-delà. Nous vivons dans un monde fragile, heurté, instable, où la violence affleure en permanence. Guerres classiques, guerres civiles, guerres ethniques, guerre des civilisations nous répète-t-on même à l’envi. On veut nous habituer à un état de guerre permanent, où la menace est partout, où l’état d’exception est la règle, où les communautés s’enferment quand elles ne s’affrontent pas. La peur devrait être notre horizon, la peur de ne plus être chez soi, la peur de devenir minoritaire, la peur de perdre son identité. Or quand la peur domine, elle suscite l’angoisse, elle attise le ressentiment, elle fait flamber la violence, toutes les violences.

La meilleure façon de combattre les fanatismes est de commencer par ne pas attiser les haines. Il ne faut pas accepter cette idée que la guerre civile est à nos portes, que la société doit se recroqueviller, se calfeutrer, se défendre contre tout et n’importe quoi. Rien ne peut et ne pourra jamais justifier la barbarie. Mais veillons à ce que rien ni personne ne puisse, au nom de la possible barbarie, pousser au repliement, à la protection, à la peur de l’autre, au confort des identités. Veillons à ce que la peur ne nous submerge pas.

On nous dit que la question de l’identité est désormais la clé de voute de toute société politique. Il ne peut en être ainsi. Ce qui doit être notre horizon, c’est l’égalité, accouplée à la liberté et soutenue par la solidarité. Le problème de notre société n’est pas que les identités se perdent mais que les inégalités se creusent et que les discriminations prospèrent. Si nous lâchons pied sur cette question, alors les fanatismes de tous poils auront la vie belle. Alors, ce ne seront pas "des" civilisations qui seront en péril : ce sera "la" civilisation, c’est-à-dire, tout simplement, notre commune humanité.


Roger Martelli. Publié sur le site de Regards.

 


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