Bobby SANDS, né le 9 mars 1954, mourait il ya 36 ans après une grève de la faim.
Bobby Sands est un personnage connu pour son combat en Irlande du Nord dans les années 80, où il mena une grève de la faim jusqu’à son propre décès. Républicain irlandais et membre de l’IRA, sa lutte à l’encontre du gouvernement londonien et sa perte firent de lui un véritable martyr, avec un impact médiatique fort… Retour sur la vie de Bobby Sands…
Une Jeunesse très vite marquée par le conflit anglo-irlandais
Bobby Sand nait à Newtownabbey en Irlande du Nord, en 1954. Son enfance se déroule dans un climat conflictuel opposant sans cesse catholiques et protestants au travers d’actes de violences.
Très influencé par cette situation, c’est à 18 ans qu’il rejoint l’IRA (en 1972) et connait sa première arrestation de 1972 à 1976, période durant laquelle il est emprisonné.
A sa sortie de prison, Bobby Sands décide de s’impliquer d’avantage dans les actions de l’IRA, devenant ainsi l’un des principaux leaders activistes du mouvement.
Il est cependant arrêté très rapidement, en 1977, pour détention d’arme à feu et attentat.
Bien que l’accusation d’attentat soit rapidement rejetée par le tribunal en charge de son dossier, il est toutefois condamné à 14 ans de prison pour port d’arme prohibé à la prison de Maze (aussi nommée Longh Kesh).
Bobby Sands souhaite être reconnu comme un prisonnier politique
Dans ce centre pénitentiaire, Sands commence alors à écrire des textes politiques engagés, ainsi que quelques poèmes. De nombreux textes de sa composition sont même publiés tout au long de sa détention dans l’An Phoblacht, le journal officiel de l’IRA.
La vie carcérale à Maze est particulièrement difficile, et les tensions entre les prisonniers et les surveillants sont palpables. Dès le début, les prisonniers tentent de protester avec le « Blanket Protest (1976-1981) » et le « Dirty Protest (1978-1981) ». Il s’agit d’une technique de protestation où les prisonniers refusent de se vêtir de l’uniforme de prisonnier et vivent nus, enveloppés dans seulement une couverture. A ce refus de porter l’uniforme s’ajoute ensuite une véritable guerre à l’hygiène, où les prisonniers refusent de se laver, urinent et défèquent partout afin de placer la prison dans un état sanitaire déplorable.
Bobby Sands participe également à cette lutte, mais semble vouloir aller plus loin pour se faire entendre.
Sands organise une Grève de la Faim sans précédent
Conscient du puissant levier médiatique que peut être celui de la grève de la faim, Bobby Sands décide d’organiser une grève de la faim le 1er mars 1980, afin de sensibiliser l’opinion publique aux actions de l’IRA et à l’attitude du gouvernement londonien vis à vis de l’Irlande du Nord. Bobby Sands est alors accompagné par d’autres membres de l’IRA, fermement décidés à aller jusqu’au bout pour se faire entendre, acceptant la possibilité de mourir.
Durant cette grève, la mort d’un député républicain du Fermanagh et du Sud du Tyrone éveille cependant bien des convoitises, et Bobby Sands ne peut s’empêcher de briguer ce poste. Les catholiques proposent alors Sands comme candidat, et est finalement nominé le 9 avril 1981 où il l’emporta sur Harry West.
Face à cette victoire inattendue, le gouvernement londonien décide de contrer Bobby Sands en votant une loi électorale visant à interdire aux prisonniers toute possibilité de rôle politique et de présentation à des élections durant leur incarcération (cette loi est connue sous le nom de Representation of the Peole Act).
Perdant ainsi son siège de député, Bobby Sands décide de poursuivre sa grève de la faim et continuer à protester. Son état se détériore sur une soixantaine de jours, où il perd beaucoup de poids, et connait un fort affaiblissement. Il décède le 5 mai 1981, après 65 jours de grève.
L’annonce de son décès fait la Une des journaux, et provoque alors un immense tollé en Irlande du Nord et dans le reste du Monde, faisant de Bobby Sands et de ses compagnons, de véritables martyrs.
A l’annonce de sa mort, de nombreuses émeutes éclatèrent dans tous les quartiers nationalistes de l’Ulster, et notamment sur Falls Road, à Belfast, où un « murals » (ces fresques à la mémoire des activistes républicains ou loyalistes) lui rend d’ailleurs hommage.
Margaret Thatcher, la « dame de fer » , Premier ministre en Angleterre, déclara cyniquement à la Chambre des Communes : « Monsieur Sands était un criminel condamné. Il a fait le choix de s’ôter la vie. C’est un choix que l’organisation à laquelle il appartenait n’a pas laissé à beaucoup de ses victimes. ».
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