Le rouge sur le mur a perdu son éclat
Mille trous de punaises rappellent les combats
Les tracts, les affiches et même les lampions
Qu'on avait accrochés un soir de réveillon
Dans cette pièce froide sous un néon tremblant
On invente demain, on bâtit le présent
On bâtit le présent
On se retrouve ensemble aux petites aurores
A battre le pavé, et puis le battre encore
Et pour chaque passant il faut trouver les mots
Qui arrêtent le pas, le regard aussitôt
Il faut pour chaque lutte faire entendre la voix
De ceux que l'on fait taire, de ceux qui n'en ont pas
De ceux qui n'en ont pas
Je les ai vu pleurer pour des enfants lointains
Qui meurent sous les coups, les balles, le dédain
Je les ai vu pâlir au près de la misère
Celle de tous les jours, celle qu'on voudrait taire
Je les ai vu partir de grands éclats de rire
À faire s'envoler les noirs avenirs
Les noirs avenirs
On s'interpelle au joli nom de camarade
C'est un peu d'habitude, c'est un peu de bravade
Après chaque repas fleurit une chanson
Musique de Ferrat, paroles d'Aragon
Ce n'est pas un cliché, ni de la nostalgie
C'est une histoire commune, une histoire d'aujourd'hui
Une histoire d'aujourd'hui
Éric Pellerin, Bernard Hugues, Marie Pellerin et Philippe Paris (absent de la photo) forment le noyau dur de La Souris Noire. Ils chantent parfois avec des comédiens. Ouest-France
Le groupe formé par Eric et Marie-Christine Pellerin fête un bel anniversaire. Et comme on n'a pas tous les jours 20 ans, La Souris s'offre plusieurs dates.
Marie et Eric Pellerin ont installé un studio de répétition au sous-sol de leur maison. C'est là qu'ils retrouvent régulièrement leurs amis musiciens de La Souris Noire. Dans cet espace aménagé comme un salon, sous l'oeil des Tontons flingueurs, Eric compose et arrange.
Il y a vingt ans, quand le groupe a été fondé par Marie-Christine et Eric, il n'avait pas encore ce nom, emprunté à un polar. À l'époque, les musiciens décrochent une date au club Le Fado, au bas de la rue Gambetta. « On avait simplement envie de faire de la musique », se souvient le couple qui avait déjà formé Les Enfants de Mutin à Sizun.
C'était avant de s'associer à Bernard Hugues, dit Nounours, à la contrebasse, et Bernard Rivallin à l'accordéon, qui a quitté l'aventure trop tôt, puis à Philippe Paris à la guitare.
Le sang et la sueur
Depuis quelques semaines, La Souris prépare les dates qui marqueront son 20e anniversaire. Le 24 avril, le groupe jouera L'heure de la gamelle à l'Afpa. En mai, il donnera un concert lors du festival Les Originales, un autre est prévu à l'automne au Tempo.
La Souris Noire a débuté en reprenant des standards de la chanson française des années 1940-1950, dont Prévert et Caussimon. Des tubes anciens qui plongent les auditeurs dans une époque qui sent le sang et la sueur.
Des chansons à texte, un genre qu'ils affectionnent particulièrement et qu'ils défendent aujourd'hui à travers le festival Les Originales, qu'ils ont créé il y a deux ans.
Aujourd'hui, le répertoire de La Souris Noire se compose de créations... originales. « Marie me donne un petit coup de main à l'écriture, mais elle sait me dire quand cela ne va pas, sourit celui qui a écrit récemment pour Francesca Solleville, marraine de la première édition des Originales. Je corrige, je fais du prêt-à-porter. »
Le couturier des mots offre à Marie des chansons qui lui siéent parfaitement et auxquels elle donne corps par son interprétation.
Porte-voix des déshérités
« Nous avons beaucoup travaillé sur commande et sur des thèmes aussi variés que le bagne de Brest ou le Tour de France. » Des chansons réalistes, des portraits croqués avec humour. « Aujourd'hui, c'est souvent l'actualité qui m'inspire, poursuit Eric, des choses qui font mal : les migrants, la condition de l'homme, l'humanité. »
La Souris Noire se fait le porte-voix des déshérités, elle collabore avec des chanteurs ou comédiens. « Le premier comédien avec qui nous avons joué, c'est Claude Bonnard ».
Les maux d'aujourd'hui sont aussi ceux qu'ils chantent dans L'heure de la gamelle.« Ils ont vendu l'usine à un Empereur de Chine », écrit par exemple Eric dans La longue route. Avec humour, tendresse et poésie, on peut encore dénoncer les injustices. C'est cela, la chanson d'auteur.
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