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14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 05:49

 

La publication du dernier rapport du GIEC sur le réchauffement climatique en voie d’accélération a suscité beaucoup de commentaires avec souvent des propositions bien trop parcellaires pour engager une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre (GES). Car la croissance des émissions de CO2 résulte surtout de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, les principaux combustibles utilisés dans le monde pour produire de l’électricité, faire circuler les voitures et les camions, faire voler les avions, chauffer les bâtiments et alimenter les cuisines en énergie.

 

En France, des partis politiques et des associations approuvant le rapport du GIEC souhaitent, « en même temps », une sortie rapide du nucléaire pour produire de l’électricité sans vouloir comprendre que notre production électrique en fonctionnement est « décarbonée » à hauteur de 90% avec 72% d’électricité d’origine nucléaire, 13% d’origine hydraulique, 5% d’origine éolienne et photovoltaïque. Fermer rapidement des centrales nucléaires en bon état de marche et rigoureusement contrôlée par l’Autorité de sûreté nucléaire(ASN), reviendrait à gaspiller beaucoup d’argent en surinvestissant dans l’éolien et le photovoltaïque pour une production intermittente d’énergie, ce qui demanderait une utilisation accrue du gaz et du fioul très émetteurs de CO2.

L’Allemagne nous montre la voie à ne pas suivre

L’Allemagne nous montre la voie à ne pas suivre dans ce domaine. En sortant du nucléaire civil d’ici 2022, notre voisin a relancé l’utilisation du charbon et du lignite très émetteurs de CO2. Car l’éolien et le photovoltaïque, s’ils peuvent parfois dépasser 45% de la production électrique du pays quand il y a du vent et du soleil, peuvent aussi tomber sous la barre des 5% de l’électricité consommée outre Rhin quand il y a trop peu de vent et pas de soleil. Ajoutons que l’électricité d’origine nucléaire n’est jamais montée à 25% du mix énergétique de l’Allemagne pour plus de 75% encore récemment en France. Rappelons aussi que le prix de l’électricité payé par les ménages allemands est deux fois plus élevé que pour les ménages français désormais alors qu’il était équivalent au début de ce XXIème siècle.

Le constat qu’il est possible de faire depuis des décennies est le suivant : le capitalisme mondialisé sur fond de quasi disparition des tarifs douaniers, de pratique permanente du dumping social, fiscal et environnemental, augmente les émissions de gaz à effet de serre à production constante. Malgré cela, la France et les autres pays de l’Union européenne continent de mandater la Commission européenne pour négocier des accords de libre échange fondés, dans le monde fini qui est le notre, sur la théorie des avantages comparatifs conceptualisée par le déjà spéculateur David Ricardo au début du XIXème siècle.

Le bilan carbone des délocalisations industrielles

Alors que 800 salariés licenciés « sans cause réelle et sérieuse » par la firme américaine Goodyear ont intenté un procès à leur patron et qu’il se déroule actuellement à Amiens, une note de l’INSEE publiée le 14 février 2018 indiquait que la France avait perdu 530.000 emplois entre 2006 et 2015 dans l’industrie manufacturière. La seule industrie du pneu avait perdu 11.700 emplois en France durant ces dix années (1). On a fermé et cassé des usines en France pour en construire les mêmes dans des pays à bas coûts de main d’œuvre. Ca permet d’augmenter le taux de profit via les économies faites sur les salaires des nouveaux exploités. Mais le bilan carbone de chaque voiture, de chaque tonne de pneus, de chaque sèche-linge de la marque Whirlpool délocalisés augmente considérablement. Il y a le bilan carbone de la construction de la nouvelle usine quand on sait que chaque tonne de béton utilisée largue 900 kilos de CO2 dans l’atmosphère. Il y a ensuite l’alimentation de cette nouvelle usine en électricité comme dans le cas de Whirlpool  en Pologne où 80% de la production électrique est issue du de combustion du charbon. S’ajoute à cela l’exportation des produits finis en camions sur de longues distances d’un bout à l’autre de  l’Europe.

La nourriture voyage plus que les consommateurs

Dans ces transports de marchandises, la nourriture parcourt souvent des milliers de kilomètres dans des camions frigorifiés entre le lieu de production et le lieu de consommation. Là encore c’est la conséquence d’une fuite en avant dans le dumping social, fiscal et environnemental. Alors que l’on pourrait produire des tomates de serres et autres denrées autour de nos grandes villes, elles viennent presque toujours du sud de l’Espagne, du Maroc, d’Italie  ou des Pays Bas tandis que des salariés sous-payés et parfois même clandestins sont exploités dans les serres de certains de ces pays.

Ajoutons que l’Union européenne promeut la surexploitation des transporteurs routiers ce qui, au-delà du bilan carbone désastreux, rend la circulation dangereuse. Dans le numéro 1457 de Courrier international  du 4 au 10 octobre 2018, trois articles racontent le quotidien des chauffeurs des pays d’Europe centrale et notamment des Polonais sous payés et privés de repos. Car déclare le président, Polonais lui aussi, de l’organisation patronale en évoquant les consommateurs de son propre pays: «nous ne pouvons réduire le temps de travail des chauffeurs que si les consommateurs renoncent aux oranges de Sicile, car il est impossible de faire le trajet en deux jours». Ils ont bon dos les consommateurs polonais !

Un salaire horaire de 1,57€ en Bulgarie

Un autre article de ce dossier nous indique que le salaire horaire minimum des chauffeurs routiers est de 1,57€ en Bulgarie, de 2,50€ en Roumanie, de 2,76€ en Slovaquie et de 2,85€ en Pologne alors qu’il est de 8,84€ en Allemagne, pays frontalier de la Pologne. Du coup 60% des camions des pays d’Europe centrale sont affrétés par des entreprises allemandes. Mais on commence à manquer de chauffeurs en Pologne. Qu’à cela ne tienne, des chauffeurs Ukrainiens sont de plus en plus nombreux à prendre le volant d’un bout à l’autre de l’Union européenne, en étant encore plus mal payés que les autres. Les autres dorment dans la cabine de leurs camions, économisent aussi sur les 8€ par jour que leur verse le patron au titre des frais de déplacement!

Alors que la campagne pour les élections européennes du printemps 2019 commence à se mettre en place, il faudra voir comment les candidats des différentes listes concilieront, ou pas, la lutte contre le réchauffement   climatique et le développement sans limite du transport routier, lequel est devenu une nouvelle forme d’esclavage depuis les élargissements de 2004 et de 2007

 

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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 08:25

 

Le Moyen-Orient connaît une tragédie humaine et politique. Violences, destructions, terrorisme, dictature, corruption, réfugiés, souffrances humaines... traduisent une situation à bien des égards apocalyptique mais qui ne peut en aucune manière constituer un inéluctable destin. Ce Moyen- Orient tend aujourd'hui à se confondre avec le monde musulman.

Ces sombres perspectives conjuguent des éléments de crise qui s'inscrivent dans la longue durée provoquant un engrenage de violence dont les solutions d'avenir peinent à émerger.

 

  1Une crise d'une ampleur considérable

Sans établir de hiérarchie dans l'énumération des éléments de crise, les dimensions internes et internationales s'imbriquent tout en faisant du Moyen-Orient un champ privilégié des relations internationales de 1945 à 1989.

 

  1 - 1 Une crise de longue durée

La décolonisation n'a pas été suivie par un processus de construction de l'État et de structures de pouvoirs dans ces différents pays. De plus, on note dans la plupart d'entre eux une inadéquation entre l'État territorial et les réalités des espaces post-impériaux ou post-coloniaux. Le refus de prendre en compte les pluralités ethniques, confessionnelles, les affiliations, les allégeances transfrontalières ont alimenté des tensions.

 

Pour y faire face, des régimes autoritaires stabilisateurs se sont mis en place depuis le début du XXe siècle. Ces formules ne sont nullement la conséquence d'une culture moyen-orientale mais bel et bien le fruit de la modernité. Ils survivent grâce à de puissants appareils sécuritaires destinés à juguler les insurrections locales.

 

Le Moyen-Orient est également orphelin de cette pensée de la modernité qui n'a pas tenu ses promesses. Pendant plusieurs décennies, il y a eu des mobilisations considérables autour de formules politiques universelles : occidentalisme, panarabisme, socialisme arabe, anticolonialisme, qui ont progressivement sombré même si les acquis ne sont guère négligeables.

 

Enfin pour faire main basse sur les richesses régionales, les puissances capitalistes ont apporté à ces États autoritaires un soutien militaire, financier, sécuritaire et symbolique gage de durabilité contribuant à fossiliser des situations et à affaiblir ces États. Les guerres successives et les violences massives, ont accéléré ce processus. Leurs récurrences : Afghanistan, Iran/Irak, Liban, guerre du Golfe ou Palestine... ont assommé ces sociétés.

 

 

​​​​​​​  1 - 2 Un baromètre du changement des relations internationales

Le Moyen-Orient est un baromètre des changements mondiaux. Il y a 25 ans, l'URSS agonisante était absente de la région tandis que les États-Unis sortaient triomphants de la guerre du Golfe. Or aujourd'hui, la Russie joue un rôle majeur tandis que les États-Unis sont sur la défensive. Les codes qui réglaient les relations durant la guerre Froide ont disparu alors que les voies vers une résolution des conflits n'apparaissent guère.

Depuis 1945, le Moyen-Orient est un champ privilégié des relations internationales. Sa force d'attractivité s'explique par la réunion de plusieurs facteurs qui attirent la puissance. On distingue:

  • Un effet de proximité géographique de toutes les grandes puissances
  • Il condense dans un espace réduit une grande diversité de peuples, de religions, de cultures en situation de cohabitation et de rivalité entre ottomans, persans et arabes.
  • Il dispose de ressources pétrolières considérables
  • Il attire les convoitises en raison de la décomposition concomitante des empires russe, ottoman, perses ou coloniaux
  • Il faut ajouter le conflit israélo-palestinien qui constitue également pour toute la période un facteur d'attractivité pour les puissances.

 

Or tout cet ordre est en voie de dissolution. Le Moyen-Orient n'a plus le même effet attractif et cette configuration n'est pas toujours facile à intégrer.

D'abord, la fin de la Guerre Froide et l'émergence d'un monde post-bipolaire ont contribué à l'autonomisation d'États. De ce fait, on assiste à une atomisation du jeu moyen-oriental dans lequel la puissance pei​​​​​​​ne à s'exercer.

De plus, depuis la fin de la bipolarité, la substance des conflits a changé. Ils n'opposent plus tendantiellement des États entre eux mais le choc s'opère entre des États et des lambeaux de sociétés. L'intermédiation sociale est plus forte que la confrontation militaire et cela neutralise le jeu de puissance. La nature profondément sociale des nouveaux conflits leur confère un caractère de rhizomes. La menace est mobile, elle apparaît là où on ne l'attend pas donnant à ces crises une grande fluidité.

  1 - 3 - De nouvelles voies dans le chaos

La solidité apparente du monde arabe a vite volé en éclat dans les années 1990. L'épuisement du panarabisme après la reconnaissance d'Israël par l'Égypte, les transformations des régimes baathistes en pouvoirs coercitifs, l'intégration du Moyen-Orient au système monde ont peu à peu confronté cet ordre traditionnel à des défis fondamentaux.

Le Moyen-Orient évolue alors dans un système d'incertitudes qui instaure la tyrannie au quotidien et dans lequel on peut dire que le néolibéralisme et l'islamisme ont laminé la pensée progressiste de gauche.

 

La nouvelle orthodoxie économique néolibérale a réduit les prestations sociales et détruit les services publics (santé, éducation...) ainsi que toutes formes de solidarité. Une part considérable de la population est exclue et vit dans la misère. Les infrastructures tombent en ruine. Ce système provoque aussi des dégâts environnementaux. Ces économies sont également fragilisées par les crises systémiques qui affectent les puissances capitalistes. Même les pays du Golfe ont subi la crise de 2008 avec les fluctuations des prix du pétrole.

 

L'islamisme est un phénomène ancien qui émerge au début du XXe siècle notamment avec les Frères Musulmans. Longtemps réprimé par ces régimes autoritaires en dépit d'une collusion croissante, il bénéficie du soutien des États-Unis et des théocraties du Golfe dans la lutte antisoviétique notamment en Afghanistan leur permettant de remporter une première victoire et de voir émerger des générations toujours plus radicales.

L’islamisme est une syntaxe politique dominante (cela ne veut pas dire majoritaire) qui divise profondément ces sociétés. Il diffuse un modèle marqué par la obscurantisme totalitaire et un nihilisme eschatologique. Sur les bases du chaos, il a gagné une large adhésion et a suscité des formes d’engagement.

 

​​​​​​​  1 - 4 Le conflit israélo-palestinien : centre de gravité de la conflictualité

Le conflit israélo-arabe a été structurant pour le Moyen-Orient des années 1950 à la fin de 1970 mobilisant les États et les opinions publiques arabes. Ils se sont indignés des nettoyages ethniques, des exodes, des destructions de villages, des massacres, des confiscations de terres et de la colonisation ininterrompue. Ces mouvements n'ont pas empêché Israël de briser le processus de paix, de poursuivre son expansionnisme colonial et de devenir une puissance d'occupation au diapason d'une opinion publique radicalisée.

Avec le soutien des États-Unis et des puissances occidentales européennes, cet État s'est consolidé culturellement, est devenu une puissance économique globale, s'est doté d'une bureaucratie, d'une armée redoutable et s'est renforcé diplomatiquement à l'exception de son environnement régional.

Avec le retour de la droite et de l’extrême droite au pouvoir une radicalisation brutale a amplifié le  caractère religieux et identitaire du projet sioniste. Les lois discriminatoires à l'égard des  non-juifs se sont multipliées. Elles aboutissent au texte raciste et ultranationaliste de 2017 qui proclame qu'Israël est l'État nation du peuple juif.

Sur le court terme, la situation géopolitique est favorable à Israël. L'épicentre de la conflictualité s'est déplacé dans le Golfe opposant l'Iran à l'Arabie Saoudite marginalisant de fait la question palestinienne. Cela favorise la colonisation d'autant que l'Autorité Palestinienne soumise à la domination de la puissance occupante est durablement affaiblie.

Pour autant, Israël est confronté à une crise profonde. L'annexion progressive de la Cisjordanie et l'abandon du projet de deux États au profit d'un seul selon un système d'apartheid suscitent des divisions et des réticences dans toutes les communautés juives. L'impossibilité de bâtir une paix durable, l'isolement international et l'extrême hétérogénéité sociale ne trouveront pas de résolution sans règlement de la question palestinienne.

La conjonction de ces différents éléments a provoqué une véritable implosion du Moyen-Orient.

 

2 - Mouvements populaires et engrenage de violences

 

Les printemps arabes de 2011 font apparemment figure de parenthèse dans un mouvement de retour de l'autoritarisme et de généralisation de guerres tragiques. Ces mouvements dessinent progressivement un nouvel ordre arabe dans le bruit et la fureur.

 

​​​​​​​ 2 - 1 Les printemps arabes et le retour de l'autoritarisme

 

L'espoir a eu son heure, loin des fractures entre chiites/sunnites, entre l'Iran/Arabie Saoudite. Les mouvements révolutionnaires de 2011 ont révélé la vitalité et les attentes des sociétés arabes. Cette gestation d'en bas était celle des ouvriers et des étudiants. Les contestations ont éclaté partout en Iran, Tunisie, Égypte, Syrie, Bahreïn, Yémen, Libye... et les nouveaux médias ont permis à la contestion de se répa​​​​​​​ndre rapidement.

Ces soulèvements ne sont pas venus de nulle part. Ils sont l'aboutissement des changements structurels, de la stagnation économique et du manque de liberté. Les sociétés ne tolèrent plus l'impéritie de ces États incapables de fournir le minimum de services publics. Ces sociétés n'acceptent plus l'autoritarisme avec la corruption, la torture, les tensions interconfessionnelles, la collusion entre le pouvoir et les islamistes, l'arbitraire policier... Partout on réclame des réformes démocratiques.

Ces révoltes ont aussi été révélatrices de la force des États. Certains se sont adaptés, d'autres ont échappé de justesse à la tourmente alors que d'autres se sont effondrés comme les dictatures de Moubarak et de Ben Ali.

La Tunisie fait aujourd'hui exception dans le sombre tableau du Moyen-Orient. En dépit de la désaffection de l'électorat aux derniers scrutins, le pays continue à poursuivre une trajectoire dans un espace politique pluriel, connaît des mouvements sociaux dynamiques et une réelle activité intellectuelle créative. Certes tout n'est pas au beau fixe. Les anciens partisans de Ben Ali ou les islamistes d'En Nahdha font craindre le retour d'un ordre autoritaire et ultraconservateur. La question sociale que la crise économique ne permet pas d'endiguer nourrit un climat de violence que les élections présidentielles et législatives de 2019 risquent d'attiser. À la différence de ses voisins, la Tunisie n'est pas entrée dans un cycle de fragmentation, de violence et de répression que l'on observe ailleurs.

Ces mouvements ont suscité aussi de nouvelles peurs chez les dirigeants arabes marquants un brusque retour de l'autoritarisme.

Cinq ans après le coup d’État d'Al-Sissi, l'Égypte fait l'objet d'une violence chronique des djihadistes qui ne sont plus contenus dans le Sinaï. La violence de la répression des opposants, la remise en cause des libertés ont suspendu le temps politique. Pourtant le pays gronde mais a peur comme le pouvoir qui se défie de plus en plus de sa société.

En Turquie, le pouvoir isalmo-conservateur de RT Erdogan s’inscrit dans cette matrice des régimes autoritaires.  Ce phénomène s'est accentué depuis 2012 avec la guerre en Syrie et le mouvement de Gezi. Depuis, les purges succèdent aux purges qui s'accélèrent depuis la tentative avortée du coup d’État de 2016. Journalistes, intellectuels, démocrates turcs et kurdes, élus, hantent désormais les prisons dans des conditions particulièrement abominables. Les modifications constitutionnelles acquises il y a un an établissant un régime hyper présidentiel accentuent la dictature. À l’intérieur, on assiste à une paramilitarisation croissante de l'appareil d'État tandis qu'à l'extérieur il apporte son soutien aux djihadistes syriens qui ont entrepris le nettoyage ethnique des zones kurdes. Ce régime va continuer à distiller sa haine et durcir sa politique de répression contre les Kurdes.

Mais ne nous y trompons pas, ce régime de guerre et de terreur plonge la Turquie au bord du gouffre économique et n'est soutenu que par la moitié de la population. Les démocrates turcs et les Kurdes n'ont pas dit leur dernier mot. Le dernier scrutin, même s'il a permis l'élection de R.T. Erdogan, a marqué un net recul de l'AKP qui ne dispose d'une majorité qu'avec l'extrême droite.

R.T. Erdogan a échoué dans sa tentative d'éliminer le HDP, seule force progressiste et pacifiste, qui dépasse à nouveau les 10% et peut compter sur un groupe parlementaire qui constituera un point d'appui dans les luttes courageuses qui se développent. Comme le souligne H. Bozarslan, "l'erdoganisme est un des exemples les plus radicaux des anti-démocraties du XXIe siècle".

  2 - 2 Guerres tragiques et nouvel ordre arabe

Après les printemps arabes, la situation dégénère. L'accablement prévaut devant des guerres qui délitent l'Irak, la Syrie et menacent toute la région.

On ne dira jamais assez combien l'intervention américaine en Irak a eu des effets profondément déstabilisateurs sur l'ensemble de la région. La relégation et l’absence d’intégration des sunnites sous le gouvernement d'Al-Maliki ont contribué à l'émergence de milices, d'inspiration salafiste, dont l'EI. En 2014, Daesh contrôle 1/3 de l'Irak, menace le Gouvernement Régional du Kurdistan tandis qu'Al-Baghdâdi proclame le califat. La prise de Mossoul dote l'EI de moyens considérables lui permettant de devenir, après l'invasion de la Syrie, une véritable puissance. Cette offensive accroît les violences communautaires, généralise la confessionnalisation des oppositions, fragmente les territoires et nourrit la théorie du choc des civilisations. En août 2014, une coalition internationale se forme conduite par les États-Unis à laquelle se greffent sur le terrain des milices pro iraniennes ainsi que des peshmergas kurdes. Cette guerre provoque la ruine du pays, l'effondrement de l'État et le délitement de la société.

En dépit de la victoire de la coalition et l'esquisse de reconstruction de l'État irakien, la violence demeure alors que le terreau sur lequel a émergé Daesh est toujours présent. La situation économique est catastrophique en dépit des ressources pétrolières considérables. Chômage, corruption, impossibilité d'accueillir les réfugiés, bradage des services publics, ont suscité depuis trois ans des mouvements populaires qui se poursuivent notamment dans le Sud chiite. Ils témoignent du rejet de la classe politique mais aussi des ingérences étrangères qu'elles soient iranienne ou saoudienne. Cette contestation a permis à la coalition conduite par Moqtada al-Sadr et les communistes d'arriver en tête du scrutin législatif. Les difficultés pour constituer un gouvernement tendent à nouveau la situation.

Le soulèvement populaire syrien de 2011 visait à renverser le régime sanguinaire de Bachar al- Assad. Les États-Unis, les pays du Golfe et la Turquie ont vu dans l'insurrection qui se confessionnalisait rapidement l'opportunité d'arracher la Syrie à l'influence iranienne et à réajuster l'équilibre régional. Pour ces raisons, ils ont organisé, financé et armé une myriade de milices djihadistes. L'afflux d'armes et d'argent destiné aux insurgés a fait glisser le centre de gravité de l'insurrection vers le djihadisme. En difficulté, le régime syrien a évacué le Kurdistan permettant au PYD de prendre le contrôle du Rojava et d'en proclamer l'autonomie démocratique expérimentant un programme progressiste, ouvert à toutes les communautés. En 2015, à la demande du régime aux abois, les Russes et les Iraniens intervenaient faisant reculer dans un fracas de violence contre les populations (bombardements, usage d'armes chimiques) les formations djihadistes notamment dans la Syrie utile. Aujourd'hui le régime est en passe de remporter le conflit ouvrant une nouvelle phase diplomatique et politique. Mais s'il est une chose de remporter une victoire militaire, il en est une autre de bâtir une paix durable. D'autant qu'il existe des tensions entre Damas, la Russie, l'Iran et  la Turquie. Damas entend par exemple reconquérir l'intégralité de son territoire heurtant la politique d'annexion turque qui établit de véritables "djihadistans" dans les territoires qu’elle occupe. La situation de Chypre montre tous les dangers de l'expansionnisme turc.

La marginalisation des puissances occidentales, leur absence de relais régionaux ne leur permettent plus de peser. Elles sont réduites à miser sur la faillite diplomatique russe ou conduisent des expéditions punitives illégales et sans lendemain.

La Syrie est désormais divisée en trois zones d'influence : Damas épaulé par les Russes et les Iraniens dans la Syrie utile, les Turcs au nord-est et les États-Unis au nord-ouest protégeant de fait ce qu’il reste de l’espace kurde. À l’exception d'Idlib, les grandes opérations militaires sont terminées car on imagine mal ces puissances entrer en conflit direct. Pour ces raisons le conflit semble gelé.

Mais la Syrie de l'après Daesh devient le terrain d'affrontement des rivalités régionales comme en témoignent les bombardements israéliens qui font craindre un embrasement.

L'après Daesh place aussi la question kurde dans une position périphérique hypothéquant en partie les acquis de ces dernières années.

Ces guerres refaçonnent les relations régionales. Les grandes puissances traditionnelles : Égypte, Irak et Syrie sont aujourd'hui hors-jeu. La prolifération des États affaiblis, en déshérence, crée un environnement propice à la compétition, à l'intervention favorable à de nouveaux acteurs. Les pays du Golfe, riches et répressifs, prospèrent et tentent de tirer parti des États fragilisés et du désarroi de la communauté internationale.

L'Arabie Saoudite occupe une position dominante dans ces configurations aux côtés des Émirats Arabes Unis mais en rivalité avec le Qatar qui joue sa partition. L'Arabie Saoudite poursuit une double politique confessionnelle et hégémonique sans succès apparent pour le moment. Depuis l'accession au pouvoir de Mohammed ben Salman, le pays vit à l'heure du changement. Des réformes préparent l'après-pétrole et vont de pair avec un autoritarisme brutal qui vaut au prince héritier un prestige international. Parallèlement il conduit une politique étrangère aventureuse et agressive conduisant les pays du Golfe à conduire une opération militaire contre le Yémen et les houthis en particulier censés bénéficier de l'appui iranien. Si les lignes de force ne bougent pas montrant les limites de l'intervention saoudienne, la catastrophe humanitaire est d’une ampleur inégalée.

 

​​​​​​​  3 - Le Moyen-Orient : une poudrière

 

Le Moyen-Orient est devenu une poudrière. Le volume des armes exportées n'a jamais été aussi important nourrissant les conflits. Tous les budgets militaires sont en constante augmentation depuis 20 ans. 40% des armes vendues dans le monde le sont au Moyen-Orient en provenance des États- Unis, de la France, de la Grande Bretagne et de l'Allemagne pour l'essentiel. Ces armes favorisent l'internationalisation des conflits et se retrouvent souvent entre les mains de groupes non-étatiques.

La régionalisation des conflits est un autre facteur de dangers supplémentaires qui aggravent l'armement des groupes affiliés et la fragmentation territoriale mais surtout la souffrance humaine.

Désormais l'Arabie Saoudite et Israël affirment que l'Iran est pour eux une menace existentielle se traduisant par un rapprochement de ces deux États. Ce rapprochement ne peut s'expliquer sans la nouvelle orientation stratégique de Trump. : installation de l'ambassade américaine à Jérusalem, rupture de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien qui avait contribué à stabiliser la région. Tous entendent déplacer le centre de gravité des conflits régionaux vers l'Iran.

 

Cette politique peut conduire à une déflagration. Trump fait le pari que les difficultés de Téhéran à maintenir l'ordre islamique permettront un changement de régime. Les sanctions visent à  accroître la pression. La politique de ce trio ambitionne aussi de contrer la politique milicienne de l'Iran dans des pays confessionnellement mixtes qui aggravent aussi la fragmentation des sociétés.

Dans cette perspective, les États-Unis travaillent à la mise en place d'une alliance de type "OTANArabe" qui comprendrait actuellement l'Égypte, la Jordanie et cinq pays du Conseil de Coopération du Golfe.

En dépit de ses difficultés, le régime iranien dispose encore d'une base sociale solide et la politique de sanction aura pour conséquences d’accroître les souffrances des populations mais aussi de raidir le régime, de mobiliser autour de lui l'opinion nationaliste et accentuera la répression contre les démocrates. Les risques d'engrenage sont donc réels. Des conflits par procuration se déroulent déjà au Liban, en Syrie et au Yémen et Israël intensifie ses interventions directes.

Depuis 2011, des voix se sont levées pour critiquer la politique américaine au MO, aux conséquences désastreuses. Aujourd'hui, il faut faire face à l'arrogance de Trump et au poids de l'armée américaine dans la détermination des politiques étrangères. Cela ne doit pas nous aveugler aussi sur la brutalité et le cynisme des pouvoirs russe, iranien et turc.

 

Au MO la lecture schmittienne qui considère que les ennemis de nos ennemis sont nos amis est une illusion. Elle témoigne d'une incompréhension des évolutions et d'une lecture campiste désastreuses.

Les systèmes démocratiques ne leur opposent pas de résistance et ne sont pas pressés de faire face aux tragédies du MO. Leur politique erronée et leur aveuglement aggravent la situation. Certes, la résolution pacifique des conflits est déterminante mais cela passe aussi par la résistance à ces régimes.

 

QUELQUES PROPOSITIONS

  • Revenir sur notre proposition de grande conférence internationale pour le MO sous l’égide de l’ONU pour la résolution globale des conflits.
  • Campagne sur la dictature d'Erdogan et renforcement du soutien au peuple kurde
  • Dénoncer la loi d'apartheid qui est entrée en vigueur en Israël en mobilisant diverses forces israéliennes et palestiniennes
  • Combattre la politique américaine de remise en cause de l’accord nucléaire, l’agressivité et la politique de sanction à l’égard de l’Iran
  • Dénoncer à l'image des opinions publiques canadiennes et espagnoles les ventes d'armes aux pays du Golfe.
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12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 19:30
COMMUNIQUE DE PRESSE,
 LE MOUVEMENT DE LA PAIX  POUR  L’ABOLITION DES ARMES NUCLÉAIRES:
 
 PLUS DE BOMBES ATOMIQUES POUR LA SURVIE DE L’HUMANITE
GAGNONS LA RATIFICATION DU TIAN     (Traité d’interdiction des armes nucléaires)  
 
 POUR SE RENDRE  AU RASSEMBLEMENT DE L’ILE LONGUE
 LE 14 OCTOBRE 2018:
 POUR LES  PERSONNES PRÉFÉRANT UN TRANSPORT COLLECTIF, IL RESTE QUELQUES PLACES  DE DISPONIBLES DANS  UN DES CARS VENANT DE RENNES ET  QUI PASSERA  A  MORLAIX DIMANCHE A 9 H PRÉCISES, RENDEZ- VOUS PARKING DU GÉANT, A SAINT MARTIN DES CHAMPS,  CÔTÉ  DU GARAGE  CITROËN
 
 INSCRIPTION OBLIGATOIRE TEL 06 37 63 88 95.
 
 ( Prix par personne 10 Euros ou 2 euros pour les personnes sans ressources)
 ( APPORTEZ VOTRE PIQUE NIQUE) 
 
 LE MOUVEMENT DE LA PAIX

Le PCF s'engage pour le désarmement nucléaire et la Paix
 
Le 14 octobre, soyons nombreux à soutenir l'interdiction des armes atomiques et une politique de paix
 
Selon un sondage IFOP-Le Mouvement de la Paix- La Croix-Planète de juin 2018, 76% des français interrogés sont favorables à un processus d'élimination totale des armes atomiques. Nous sommes les plus nombreux à considérer que la France doit maintenant signer et ratifier le Traité international d’interdiction des armes nucléaires, adopté sous égide de l’ONU en juillet 2017. Et pourtant, bien que l'ICAN, la coalition qui a fait signer ce traité adopté par 127 pays, ait reçu le prix Nobel de la Paix en 2017, la France refuse de ratifier le traité et fait tout l'inverse, engageant des milliards d'euros chaque année pour le renouvellement de notre force de frappe nucléaire et le programme de missiles M51 à longue portée, alors que l'argent public fait défaut, parait-il, pour les écoles, l'université, les hôpitaux, la réduction des inégalités. 
 
Dans la logique de nos engagements pour la paix et le désarmement nucléaire depuis des décennies, le PCF Finistère appelle à manifester très nombreux le dimanche 14 octobre à Crozon à partir de 10h , au port du Fret, face à l'île Longue, à l'occasion de la journée nationale pour la Paix et la ratification du traité d'interdiction des armes nucléaires. Il faut mettre ces questions qui sont complètement absentes du débat public alors qu'elles engagent des dépenses colossales et compromettent l'avenir de l'humanité au centre de l'attention. 

Nous sommes révoltés face à l’augmentation incessante des dépenses militaires qui sont passées de 1144 milliards de dollars en 2001 à 1739 milliards en 2017 (Sipri en USD taux de change 2016) et favorisent un commerce des armes immoral et dangereux, alors que le budget des Nations unies pour les opérations de paix est de seulement 8,7 milliards et que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des moyens importants tout comme la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD).

C'est aux citoyens de mettre au premier plan les exigences de Paix, de développement, de réductions des inégalités et de défense de la culture face à la barbarie, la haine xénophobe et sectaire et la violence qui montent dans le monde.

Pour le désarmement nucléaire, pour que la France signe le Traité d'interdiction, tous à Crozon, port du Fret, le dimanche 14 octobre (Mouvement de la Paix)
Pour le désarmement nucléaire, pour que la France signe le Traité d'interdiction, tous à Crozon, port du Fret, le dimanche 14 octobre (Mouvement de la Paix)
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10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 16:07
Gaza: une jeunesse blessée - le reportage choc d'envoyé spécial sur France 2 jeudi 11 octobre à 21h

Ne ratez pas l'émission "Gaza, une jeunesse blessée" demain soir sur France 2 à partir de 21h. Il s'agit d'un reportage de l'émission "Envoyé spécial" (présentée par Élise Lucet).

Vous pouvez déjà en regarder un extrait : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/video-tirer-dans-les-jambes-des-manifestants-palestiniens-non-armes-une-strategie-deliberee-de-l-armee-israelienne-un-de-ses-anciens-soldats-l-affirme_2977623.html

Vous pourrez également regarder l'émission en direct demain soir sur le web : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/envoye-special-du-jeudi-11-octobre-2018_2950391.html

Site de France Info- France 2 Envoyé spécial
Depuis six mois, des manifestations hebdomadaires à Gaza font des milliers de blessés, la plupart touchés aux jambes. S'agit-il d'une stratégie délibérée de l'armée israélienne ? A Tel Aviv, "Envoyé spécial" a posé la question à Nadav Weiman, un ancien soldat qui s'élève aujourd'hui contre ces méthodes.

"Nous, nous ne tirions pas sur des manifestants non armés, explique cet ancien spécialiste en élimination de l'armée israélienne, ce n'était pas autorisé. Mais ces dernières semaines, ces derniers mois, l'armée a tiré sur des dizaines, des centaines de Palestiniens non armés, et certains ont été tués."

Depuis six mois, selon Médecins sans frontières, 5 000 Palestiniens auraient été blessés par les balles de soldats israéliens lors des "marches du retour", ces manifestations hebdomadaires dans la bande de Gaza. La plupart ont été touchés aux jambes. S'agit-il d'une stratégie délibérée ? L'armée réfute tout abus. Mais en Israël, des voix s'élèvent contre ses méthodes. A Tel Aviv, "Envoyé spécial" a posé la question à Nadav Weiman, qui représente une organisation de 1 200 anciens soldats. Ancien sniper, il a eu à tirer sur des Palestiniens. 

Des snipers postés à 60 ou 70 mètres

Le journaliste d'"Envoyé spécial" 

lui montre des images tournées près des barbelés posés devant la grille qui sépare Israël de la bande de Gaza. On y voit un homme visiblement désarmé s'affaisser au sol, touché par une balle à la jambe. "Depuis la butte, la ligne de tir est bien dégagée, commente-t-il. Un sniper, ça tire à 200, 300, 400, 500 mètres. Là, il tire à 60 ou 70 mètres. Ça veut dire que dans sa lunette, il peut choisir de tirer sur le genou, la cheville, le tibia... Il est tellement proche qu'il peut tirer où il veut. Ça veut dire aussi qu'il voit très clairement que cet homme n'a pas d'arme, que c'est juste un manifestant."

"Le meneur de la manifestation, on peut lui tirer dessus, dans la jambe"

Mais l'ancien soldat va plus loin. "Dans nos règles d'engagement, il est dit que le meneur de la manifestation, on peut tirer dessus – dans la jambe. (...) Personne ne remet ça en cause, ce sont les instructions de l'armée." Les soldats israéliens seraient formés pour tirer sur le leader d'une manifestation, même s'il ne porte pas d'arme ? "Oui", affirme Nadav Weiman. 

"Ces gens qui manifestent côté Gaza ne sont pas une menace, poursuit-il. Vous pourriez les éloigner avec des balles en caoutchouc, plus de gaz lacrymogène... les forces israéliennes auraient bien d'autres possibilités."

Extrait de "Gaza, une jeunesse blessée", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 11 octobre 2018.

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10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 11:10
Salvini frappe le symbole d'une politique d'accueil possible (communiqué du MRAP - 9 octobre 2018)

Salvini frappe le symbole d’une politique d’accueil possible

Le maire de Riace, en Calabre, Domenico Lucano dit Mimmoa été arrêté et inculpé sous des prétextes très minces, rassemblés après des mois d’enquête à charge et qui ne trompent personne. Avec lui, quinze autres personnes ont été interpellées.

En effet cette bourgade de 2000 habitants et son maire, réélu pour la troisième fois, sont depuis longtemps la bête noire de tous ceux qui font carrière sur la haine envers les migrants. Salvini l’avait déjà insulté plusieurs fois. Il passe avec cynisme à la répression directe contre ce symbole de la solidarité.

Il est vrai que, depuis un premier accueil de 300 Kurdes échoués sur sa côte en 1998, cette commune a d’abord donné l’exemple d’un accueil humaniste des naufragés de la Méditerranée. Mais elle a aussi, depuis, développé une véritable politique positive de développement fondée sur l’intégration des migrants. Dans cette région frappée par l’exode rural, dans une Italie dont la démographie est négative et qui compte plusieurs millions d’Italiens eux-mêmes émigrés dans le monde entier, la petite ville de Riace a vu son école s’agrandir, ses commerces rouvrir, un nouvel artisanat s’implanter et une équipe de football se créer. Cette réussite a même été saluée par le magazine Fortune qui, en 2016, a retenu son maire parmi les 50 meilleurs dirigeants du monde.

En l’arrêtant, le pouvoir italien ne fera qu’augmenter la notoriété de cette expérience. Des milliers d’Italiens sont déjà venus manifester à Riace. Le MRAP s’associera à toute initiative de solidarité.

 

Paris, le 9 octobre 2018
Retrouvez cet article sur le site du MRAP

 

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10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 07:53

 

Comme sous Hollande, la présidence Macron aligne sa politique moyen-orientale sur les intérêts de Riyad. Un choix immoral – les ventes d’armes utilisées dans la sale guerre du Yémen – et irresponsable – il accentue une dépendance énergétique et géopolitique désastreuse.

Régulièrement, depuis un an et demi, des responsables d’ONG humanitaires ou travaillant sur les droits humains sont reçus à l’Élysée pour évoquer la tragédie engendrée par la guerre au Yémen ou se plaindre des abondantes ventes d’armes françaises à des dictatures, notamment aux pays du golfe Persique et à l’Égypte. À chaque fois, ils sont très bien accueillis par des conseillers qui écoutent attentivement leurs points de vue et semblent même « approuver [leurs] messages d’alertes et [leurs] recommandations », selon un humanitaire qui a participé à plusieurs de ces rendez-vous.

Pourtant, invariablement, dans les jours et les semaines qui suivent, ces émissaires constatent qu’ils n’ont pas été entendus et surtout pas considérés. Comme s’ils avaient parlé à des sourds. Un point de contentieux géographique revient régulièrement dans leur bouche : l’Arabie saoudite. La monarchie théocratique absolue paraît intouchable.

Elle peut bombarder sans précaution des civils au Yémen ; elle peut emprisonner indéfiniment des militants de la démocratie et des droits des femmes et exécuter un nombre croissant de condamnés ; elle peut pratiquer un islam des plus rigoristes qui n’a rien à envier aux théories de Daech ; elle peut appauvrir sa population pendant que ses élites se gorgent de yachts et de châteaux à l’étranger ; elle peut kidnapper le chef de gouvernement d’un pays ami, le Liban ; elle peut tout cela, la France ne hausse jamais la voix. Pis, elle flatte Riyad ou lui déroule le tapis rouge à la moindre occasion. Que ne ferait pas Paris pour se concilier les bonnes grâces de l’Arabie saoudite ? Apparemment tout.

Le phénomène n’est pas entièrement nouveau, mais il a pris de plus en plus d’importance ces dernières années, d’abord sous la présidence de François Hollande, puis sous celle d’Emmanuel Macron — Nicolas Sarkozy, lui, préférait le Qatar. La nomination toute récente d’un fidèle macronien, Sylvain Fort, pour gérer le pôle communication de l’Élysée risque encore d’accroître cette inclination pour les Saoud : l’agence qu’il a fondée, Steele & Holt, a été chargée, après son départ pour l’Elysée, d’assurer la communication du royaume et du prince héritier en France afin d’y améliorer leur image et, précise Le Monde, d’accompagner la signature d’un accord de partenariat avec l’Opéra de Paris.

Les armes, le pétrole et l’Iran : voici le triptyque qui dicte la relation de la France avec le royaume wahhabite et la conduit à fermer les yeux sur une des autocraties les plus régressives et mortifères de la planète.

Sous François Hollande, son fidèle Jean-Yves le Drian était tout autant le ministre de la défense que celui de l’armement. Avec son cabinet, l’ancien baron socialiste de Lorient, fief de la Direction des constructions navales (devenue Naval Group), était connu comme le plus farouche promoteur des ventes d’armes françaises auprès des pays soucieux de s’équiper en missiles, avions et chars. Il fut le premier à parvenir à écouler les avions Rafale de Dassault à l’étranger. Surtout, il fait exploser les ventes d’armes auprès de l’Arabie saoudite, qui passent de 400 millions d’euros en 2013 à 600 millions en 2015 et à 1 milliard en 2016.

Passé en mai 2017 chez Macron et au Quai d’Orsay, il s’y est installé avec sa garde rapprochée et, selon les confidences de plusieurs proches du pouvoir, « il continue d’avoir un œil sur les ventes d’armements et reste un des interlocuteurs privilégiés de nos gros clients ». La diplomatie française n’est donc pas celle du respect des droits humains, comme on le proclame souvent, mais des intérêts de l’industrie canonnière. Sachant que Riyad ne manque pas de courtisans dans ce domaine, en premier lieu les États-Unis, Paris s’efforce donc de tout faire pour maintenir la relation au beau fixe. On ne tance pas l’Arabie saoudite sur les morts évitables de civils au Yémen, même si des armes françaises peuvent être employées à cet escient, comme ne l’a pas exclu la ministre des armées Florence Parly. On se tait quand les défenseures des droits des femmes sont emprisonnées arbitrairement depuis plus de 100 jours, contrairement au Canada (voir l’article de Mediapart).

Et quand l’ONU essaie péniblement de jeter un peu de lumière sur le sort des populations au Yémen par l’intermédiaire d’un groupe d’experts des Nations unies, Paris met des bâtons procéduraux dans les rouages onusiens, puis reste muet quand son président évoque à mots couverts la possibilité que l’Arabie saoudite soit coupable de crimes de guerre (lire sur Mediapart : Face aux possibles crimes de guerre de la coalition, Paris se tait).

De la même manière, quand Emmanuel Macron se vante d’avoir permis l’affranchissement de Rafic Hariri en novembre 2017 lors d’une escale à Riyad, « c’est après avoir bataillé ferme pendant plusieurs heures de discussion face au prince hériter Mohammed ben Salmane, qui manquait tellement de respect à l’égard de la France que le président a dû lui rappeler qu’il parlait à une puissance membre du Conseil de sécurité », racontait il y a quelques mois un diplomate mis au courant de l’échange.

 

« Pensons à tout ce que le pétrole nous fait accepter, oublier et tolérer ! »

Face à une telle servilité, pas étonnant que les ONG et les militants des droits humains aient le sentiment de prêcher dans le désert : ils parlent certes à des conseillers et à des membres de l’exécutif bien intentionnés, mais cette parole est ensuite balayée sans hésitation par les « adultes en charge » : Macron, Le Drian, les industriels, les adeptes de la (real)politik des affaires.

La France n’a jamais eu de photo de famille scellant un pacte « pétrole contre sécurité » avec la monarchie saoudienne à la manière de la rencontre entre Franklin Roosevelt et le roi Ibn Saoud en février 1945, mais les relations entre les deux pays ont toujours été bonnes. En 1979, c’est même Paris qui a sauvé le royaume d’une cruelle humiliation lors de la prise de La Mecque, avec l’appui clandestin du GIGN.

La France a certes des idées et pas de pétrole, mais elle a terriblement besoin d’or noir. De 1990 à 2012, la Russie était le principal fournisseur de Paris en hydrocarbures. Mais, depuis 2013, l’Arabie saoudite est passée au premier plan : en 2015, dernière année connue, Riyad a fourni 18,6 % du pétrole brut acheté par la France. Étant donné les tensions avec Moscou, il est évidemment devenu très compliqué de se fâcher avec les Saoudiens. Contrairement au marché des armes, où c’est l’acheteur qui est en position de force, le pouvoir sur le marché du pétrole appartient au vendeur. Paris est donc doublement perdant face à Riyad.

Outre cette double soumission économique, la France s’est insérée dans les alliances compliquées au Moyen-Orient du côté de l’Arabie saoudite contre l’Iran. Dès lors, elle est de fait emportée dans cette alliance de surenchère guerrière que forment Mohammed ben Salmane et Benjamin Netanyahou, dans un sidérant retournement où le foyer idéologique (et financier) du pire terrorisme islamiste est devenu le plus proche allié d’un État d’Israël livré à l’extrême droite et à ses délires d’apartheid.

Ce choix tricolore est purement politique. Il découle de la lente ascension des néoconservateurs français au Quai d’Orsay et à l’Élysée, entamée sous Sarkozy, poursuivie sous Hollande et maintenant Macron. Cette poignée de hauts fonctionnaires alignés sur la position bushiste de « l’axe du mal » n’a cessé de gagner en influence. Pour eux, l’Iran est une menace sur la paix mondiale bien supérieure à l’Arabie saoudite, en dépit du fait que 15 des 19 kamikazes du 11 septembre 2001 étaient saoudiens, en dépit de la propagation du rigorisme wahhabite sur le reste du globe, en Europe notamment, en dépit de l’absence de contre-pouvoirs d’aucune sorte face à la famille régnante.

La fixation sur l’acquisition potentielle de l’arme nucléaire par Téhéran est devenue un obstacle à toute évaluation rationnelle du danger. Lors des années de négociation qui ont conduit aux accords de Vienne sur le nucléaire iranien, les négociateurs français, de leur aveu même, se sont montrés bien plus durs et récalcitrants que les diplomates américains.

L’Iran n’est certes pas un parangon de vertu ni un modèle de respect des droits fondamentaux, mais c’est un pays avec des courants d’expression contradictoires, des élections, une population hautement éduquée et désireuse de rompre des décennies d’isolement. Surtout, ce n’est pas un pays où les humeurs d’un souverain, ou de son fils, sont capables de chambouler en une nuit la gouvernance des institutions, de menacer de guerre un voisin si celui-ci ne se soumet pas à une liste de desiderata, ou de bâtir des plans de développement sur la comète, qui serviront surtout à enrichir les banques étrangères. Tout ce que l’Arabie saoudite est sous la direction actuelle du prince héritier ben Salmane.

Ce choix de courtiser Riyad plutôt que de discuter paisiblement avec Téhéran et, ce faisant, de s’aligner sur la position des États-Unis version Trump, a conduit Paris à retirer immédiatement ses billes quand Washington a dénoncé l’accord sur le nucléaire en mai 2018. Alors que le ministre de l’économie Bruno Le Maire, dans un sursaut (gaulliste ?) avait promis que la France ne se laisserait pas dicter sa politique commerciale, les entreprises françaises qui étaient retournées en Iran (Peugeot, Total, Airbus) ont très vite fait leurs bagages pour complaire aux États-Unis, mais aussi à l’Arabie saoudite.

« Pensons à tout ce que le pétrole nous fait accepter, oublier et tolérer ! » En 2006, il y a donc plus de dix ans, un haut responsable politique français exprimait à haute voix sa colère contre une situation qui conduit à ne pas mettre « suffisamment en cause ces royaumes, ces émirats, ces régimes totalement corrompus et aucunement démocratiques, auxquels nous vendons des armements dont nos présidents se font les représentants de commerce, tandis que le statut de la femme se limite à l’arrivée de rares élues aux chambres de commerce de Riyad ou de Djeddah ».

Dans un fort credo écologique, il appelait à « sortir le plus vite possible du pétrole », ajoutant que cette révolution est « nécessaire à tout point de vue, pas seulement environnemental ». « La dépendance pétrolière, résumait-il, n’est pas uniquement une question écologique ni même une affaire de source d’approvisionnement. C’est un problème politique : tant que nous n’aurons pas pris nos distances, construit notre indépendance, repris notre liberté, nous serons faibles, mous et sans principes. »

Ce dirigeant français parlait d’or, dans un livre qui, d’ailleurs, revendiquait Le Devoir de vérité (Stock). Il se nommait François Hollande et est devenu, six ans après ces propos lucides, président de la République française, un président qui sera le plus assidu de la Ve République auprès de la monarchie absolue saoudienne. « Faibles, mous, sans principes… » Oui, en effet.

 

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9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 06:09
Bolsonaro: le fascisme en route vers le pouvoir au Brésil

La menace fasciste sur le Brésil avec le score hallucinant du candidat d'extrême droite Bolsonaro nous rappelle de mauvais souvenirs.....

Olivier Poujade, sur France Culture - avec la collaboration d'Eric Chaverou, 2 octobre 2018 

https://www.franceculture.fr/politique/jair-bolsonaro-le-trump-tropical-sabat-sur-la-democratie-bresilienne? 

Jair Bolsonaro, le Trump tropical s’abat sur la démocratie brésilienne

Comment Jair Bolsonaro en est-il arrivé là ? Comment le candidat d'extrême droite a-t-il pu séduire 27% des Brésiliens dans les sondages avant le premier tour d’élections générales dimanche prochain ? Malgré ses déclarations polémiques sur la dictature, les Noirs, les femmes ou les homosexuels.

A 63 ans, Jair Bolsonaro est la révélation de la campagne présidentielle au Brésil. Le candidat d'extrême droite du Parti Social Liberal (PSL) domine pour l'instant les intentions de vote. Plus de 147 millions de Brésiliens vont élire à partir de dimanche prochain leur président mais aussi les députés, gouverneurs et sénateurs, en votant sur des urnes électroniques.

 

Après 30 ans d’une carrière politique particulièrement discrète, ce député fédéral de l’état de Rio de Janeiro dont le premier mandat remonte à 1991 incarne la résurgence d’un Brésil raciste, homophobe, et la nostalgie de la dictature militaire. Il vient de sortir de sortir de l'hôpital après avoir frôlé la mort le 6 septembre, poignardé à l'abdomen par un ancien militant de gauche lors d'un bain de foule à Juiz de Fora, dans l'Etat de Minas Gerais (sud-est).

Un homme neuf et "propre"

Si l’impossibilité du grand favori Lula a permis à Bolsonaro de faire un bond de 10 points dans les sondages début septembre, son ascension a été constante depuis le scandale Lava Jato et les révélations d’une corruption généralisée au sein de la classe politique. Aujourd’hui encore, plus de la moitié des candidats dans ces élections générales sont encore sous le coup d’une procédure judiciaire. Jair Bolsonaro, lui, n’a jamais officiellement été pris la main dans le sac et il s’est donc construit une image d’homme neuf, "anti système" qui rejette les pratiques frauduleuses de la classe politique traditionnelle.

A titre informatif, en 2014, le député Bolsonaro dévoilait un patrimoine de 2 millions de reais, sa déclaration de biens s’élevait à 28 000 reais au début de sa carrière en 1990. Une évolution en adéquation avec ses revenus de député fédéral et la valorisation de son patrimoine d’après la revue brésilienne Congresso em Foco.

Religion et homophobie

C’est en 2008, à l’occasion d’un débat sur l’homosexualité dans les couloirs de l’Assemblée, que Jair Bolsonaro a senti le besoin de sortir de la "routine" de son mandat de député. Celui qui est aujourd'hui suivi par plus de 6,3 millions d'abonnés affirme ce jour-là que "Dieu l’a envoyé en mission".

Près d’un tiers des électeurs brésiliens qui se prononceront le 7 octobre sont de confession évangélique. Qu’ils soient baptistes, pentecôtiste ou protestants, selon un sondage publié par l’institut brésilien Ideia Big Data, près de 30% d’entre eux sont convaincus que Jair Bolsonaro est le candidat idoine pour défendre leurs positions à la présidence de la République.

Le slogan du candidat du Parti Social Liberal (PSL) est d'ailleurs clair : "Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous". En meeting à Paraíba, dans le Nord-est, en février 2017, il déclarait : "Cette histoire d'Etat laïc n'existe pas, non. L'Etat est chrétien et que celui qui n'est pas d'accord s'en aille. Les minorités doivent se plier aux majorités".

A propos de l'homosexualité, celui qui est surnommé par ses partisans "Bolsomito" (mélange entre Bolsonaro et "mito", qui signifie "messie" en portugais) a déclaré au magazine Playboy, en juin 2011 :

Je serais incapable d'aimer un fils homosexuel. Je ne serai pas hypocrite : je préférerais que mon fils meure dans un accident plutôt que de le voir apparaître avec un moustachu. 

Libéralisation du port d’arme

C’est une des mesures de son programme. L'ancien capitaine de l'armée brésilienne se bat déjà depuis quelques temps pour modifier la législation sur les armes à feu. Membre de l’influent front parlementaire sur la Sécurité Publique, favorable à la libéralisation du port d’arme et à l’abaissement de la majorité pénale. Il a fait polémique en apprenant à une fillette comment faire le geste d'une arme à feu.

En avril dernier, Jair Bolsonaro a mandaté l’un de ses fils, Eduardo, également député de Rio de Janeiro pour le Parti Social Libéral, pour présenter un projet de loi permettant à tout citoyen de posséder une arme à feu dans un avion.

Les solutions proposées par la famille Bolsonaro dans l’un des pays les plus violents au monde séduisent les jeunes blancs brésiliens de classe aisée. 60% de l’électorat de Jair Bolsonaro a entre 16 et 34 ans.

Attaques verbales tous azimuts. Florilège

"Bozo", comme le surnomment ses opposants, aime la méthode Trump : celle qui dit combattre le politiquement correct pour asséner des contre-vérités, en s’appuyant sur une rhétorique agressive et une posture d’opposition permanente. 

Quelques exemples choisis de la "pensée" bolsonariste. Des déclarations de ce père de 4 garçons et d'une fille, qu'il a qualifiée de "moment de faiblesse" :

"Je ne vais pas combattre ni même discriminer, mais si je croise deux hommes qui s’embrassent dans la rue, je frapperai." (2002)

"J’ai cinq fils… quatre sont des hommes et pour le 5e, je me suis planté, et une femme a vu le jour." (2017)

"Je suis allé à un quilombola (...). L'afro-descendant le plus léger pesait sept arrobes (ancienne unité de mesure, environ 80 kilos). Ils ne font rien! Ils ne servent même pas à la reproduction". (conférence au Club hébraïque de Rio de Janeiro, après sa visite dans une communauté quilombola, c'est-à-dire de descendants d'esclaves fugitifs, en avril 2017).

"L’erreur de la dictature a été de torturer et non pas de tuer." (2008)

En 2016, lors du vote d’impeachment au congrès contre la présidente Dilma Rousseff, Jair Bolsonaro a dédié son vote aux militaires de 1964 et au colonel Carlos Albertos Brilhante Ustra, ancien chef de la sécurité intérieure brésilienne et responsable pendant la dictature (1964-1985) d’avoir torturé des centaines de civils, dont la jeune opposante Dilma Rousseff.

En mai dernier, certains camionneurs en grève, soutiens déclarés de Bolsonaro, brandissait sur leurs pancartes le message "intervention militaire maintenant !"

"Non, pas lui !", manifestent des milliers de Brésiliennes

A huit jours du premier tour, des manifestations de Brésiliennes ont eu lieu samedi dans 62 villes du pays (mais aussi à Paris, Berlin ou Atlanta), selon le site internet d'informations G1. Soit près d'un demi million de personnes réunies sans incident selon les organisatrices, tandis que la Police militaire indiquait qu'elle ne fournirait aucun chiffre. Ce mouvement, "Les femmes unies contre Bolsonaro", a été lancé sur les réseaux sociaux via #EleNão.

"Je crois que l'on vient de se réveiller. C'est un mouvement contre la violence, contre le fascisme, le machisme, les préjugés, contre la régression, la barbarie. C'est tout cela que ce candidat représente pour moi.", a par exemple confié à Rio, à notre correspondante, Yvonne, venue avec sa fille. Une étudiante d'ajouter que Bolsonaro, qui "a déjà fait l'apologie du viol*" ne peut pas être le Président de "Notre Brésil". 

*En plein hémicycle, Bolsonaro a dit à la députée de gauche Maria do Rosario : "Je ne te violerai pas, parce que tu ne le mérites pas". Il a ensuite précisé : "Elle ne mérite pas d'être violée parce qu'elle est très laide, ce n'est pas mon genre. Jamais je ne la violerais. Je ne suis pas un violeur, mais si je l'étais, je ne la violerais pas parce qu'elle ne le mérite pas". (interview au quotidien Zero Hora, décembre 2014).

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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 05:00
Manuela d'Avila, candidate communiste avec Fernando Haddad, le candidat du Parti des Travailleurs - photo L'Humanité

Manuela d'Avila, candidate communiste avec Fernando Haddad, le candidat du Parti des Travailleurs - photo L'Humanité

 
Ils préparent une revanche. Les messieurs bien mis qui font les hauts et les bas de la bourse brésilienne auraient préféré un candidat plus présentable. Leur favori, à la peine, ils reportent leurs espoirs de revanche sur un fasciste pur sucre, familier des militaires putschistes, amateur de privatisations et de répression : Jaïr Bolsonaro. Son populisme l’a placé en tête des intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle. Les oligarques de Rio et de Sao Paulo espèrent parachever avec lui une entreprise qui court depuis plusieurs années. Ella a débuté par la destitution de la présidente Dilma Rousseff par une coalition de parlementaires réactionnaires et de députés affairistes compromis dans des scandales. Elle s’est poursuivie par un mauvais procès fait à Lula et son emprisonnement pour empêcher le leader charismatique du Parti des travailleurs d’être réélu président. Un complot des pourris et des nantis pour reprendre le terrain gagné par les déshérités brésiliens, accaparer la quasi-totalité des cent quarante et une entreprises publiques, broyer les retraites dans leur capitalisation, comprimer les dépenses publiques et en premier lieu les budgets sociaux.
 
Ce projet au long-cours – comme le continent en a connu plusieurs – a d’abord trouvé un accueil complaisant parmi les décideurs occidentaux et les grands médias. Ces paysans sans terre et le petit peuple des favelas et des usines étaient devenus des acteurs politiques trop menaçants pour les latifundiaires et les financiers brésiliens ou internationaux qui mettent en coupe réglée le géant de l’Amérique latine. Et qu’importe finalement si leur champion a une sinistre allure…les affaires, dit-on dans ces milieux, étaient meilleures sous les généraux à visières et lunettes noires.
 
La partie n’est pas jouée cependant. Fernando Haddad, du PT, et sa colistière communiste se sont fait connaître dans la campagne. Ils progressent régulièrement et incarnent désormais le vote social, le choix démocratique, l’humanisme. Le Brésil n’a pas encore basculé dans un trou noir.
 
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6 octobre 2018 6 06 /10 /octobre /2018 05:48

📺 Mon intervention d'hier soir en session plénière au sujet de la situation humanitaire en #Méditerranée et de l'#Aquarius
L'occasion pour de dénoncer la criminalisation des #ONG, des citoyens et des élus (notamment Domenico « Mimmo » Lucano, maire de #Riace en Italie). 
Il faut donner à tous ceux qui le souhaitent les moyens d’aider les réfugiés et pour cela, il faut ouvrir directement l’accès aux fonds européens sans bureaucratie inutile.

Marie-Christine Vergiat 

Ancienne responsable de la LDH, Marie-Christine Vergiat siège avec les députés européens communistes Patrick Le Hyaric et Marie-Pierre Vieu au Parlement Européen, dans le sein du groupe de la GUE.  

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5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 15:50
Déclaration de Salah Hamouri libéré - 4 octobre 2018
DECLARATION DE SALAH HAMOURI

jeudi 4 octobre 2018

Cher·e·s ami·e·s,

Me voici enfin libéré, après 13 mois de détention, dans une sombre prison de l’occupation. 13 mois sans jamais connaître le motif de ma détention. 13 mois sans savoir quand je retrouverai la liberté.

Je connais bien les prisons de l’occupant et son système carcéral mais cette nouvelle détention m’a confortée dans le fait que l’occupation s’acharne à briser des hommes, des femmes et des enfants. La prison est un moyen d’isoler collectivement les Palestinien·ne·s. Dans ces prisons, tout est fait pour nous enlever notre humanité.

Nous sommes coupé·e·s du monde, coupé·e·s de nos proches.

L’occupation restreint l’accès à la presse, aux chaînes de télévision afin que nous ne puissions pas nous informer correctement sur ce qui se passe dehors. Nous ne pouvons pas non plus librement étudier ni recevoir des livres ni aucun courrier. Nous y sommes coupé·e·s de nos familles, une seule visite par mois nous permet de voir nos parents de premier degré uniquement, pendant 45 minutes, derrière une vitre, par l’intermédiaire de téléphones, nos conversations personnelles étant minutieusement écoutées et analysées, afin d’exercer des pressions sur nous.

Certain·e·s détenu·e·s se voient parfois privés de cette visite, arbitrairement. Pour ma part, j’étais privé de ma femme et mon fils pendant ces 13 longs mois, une véritable torture psychologique pour nous trois.

Mais dans la pénombre de cette prison, il m’arrivait des rayons de soleil qui me réchauffaient le cœur. Mes avocat·e·s et parents me tenaient informés durant les parloirs de la mobilisation en France, en Belgique et même plus loin dans le monde. De retour dans ma cellule, j’en informais mes codétenus.

Je tiens à vous remercier tous et toutes très chaleureusement pour votre mobilisation, vos actions diverses et variées, les rassemblements, les débats, les projections de film, les nombreuses affiches collées, pétitions signées, tracts distribués, les interpellations du gouvernement, les propositions de se constituer otage en échange de ma liberté, tout ce que vous avez fait m’a profondément touché. Je dois vous le dire aujourd’hui.

Merci aux citoyen·ne·s, aux militant·e·s des partis politiques, d’associations et de syndicats, aux avocat·e·s, aux artistes, aux intellectuel·le·s qui ont plaidé en ma faveur durant tout ce temps et qui n’ont absolument rien lâché.

Merci aux élu·e·s qui ont porté mon nom et l’exigence de liberté dans les villes, les départements, les régions, à l’Assemblée Nationale, au Sénat et jusqu’au Parlement européen, dans les hémicycles comme sur les frontons des édifices publics, qui m’ont fait citoyen d’honneur.

Sachez que c’est également un honneur pour moi d’être ainsi défendu par le peuple français et ses représentant·e·s.

Merci aux rares médias et journalistes qui ont parlé de ma détention, alors que la majorité de leurs confrères a préféré m’enfermer dans une seconde prison, celle du silence et de l’indifférence. Vous rendez honneur à votre profession, vous qui agissez malgré les pressions, préférant la vérité à votre confort personnel.

Enfin, merci au noyau dur de ce Comité qui a sans relâche organisé les évènements et fait vivre la campagne, aux côtés d’Elsa et de Jean-Claude. Vous avez toujours tenu la ligne, malgré les obstacles et les mauvais jours, je sais à quel point votre action a été importante aussi bien sur le plan politique qu’humain.

C’est votre action collective qui a permis de contraindre la diplomatie française à bouger, alors qu’elle aurait préféré laisser ce dossier dans un tiroir. C’est votre action collective qui a permis d’envoyer un message clair à l’occupant : les peuples solidaires du monde ne laisseront pas faire et ils marcheront le temps qu’il faudra aux côtés du peuple palestinien pour qu’il accède à ses droits légitimes de liberté et d’indépendance, comme tous les peuples du monde. C’est ensemble que nous écrirons cette page de l’histoire, nous Palestinien·e·s et vous solidaires du monde entier.

Encore une fois, mille mercis à toutes et tous.

J’espère pouvoir venir très prochainement en France, d’abord pour retrouver ma femme et mon fils dont je suis privé depuis maintenant 16 mois, et ensuite pour venir vous remercier et pour continuer le combat pour mes nombreux camarades encore incarcérés et pour défendre sans relâche les droits fondamentaux de mon peuple.

A très bientôt cher·e·s ami·e·s !

Salah Hamouri
Mercredi 3 octobre 2018, Jérusalem

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