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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 06:15

 

ça y est...! Papandréou le collabo a réussi a faire voter au Parlement un gigantesque plan de saignée sociale refusé par 85% des Grecs et des dizaines de milliers de manifestants et de grévistes brutalisés par la police la semaine dernière.   

Rassurez-vous? Aucun espoir que ce plan d'hyper-austérité qui plonge le pays dans une recession plus noire encore, après que le premier plan d'austérité décidé début 2010 ait été responsable des 4,5% de recession (croissance négative du PIB) enregistrés cette année,  réduise un peu la dette de 350 milliards d'euros des Grecs... Il s'agit simplement de faire accepter le nouveau prêt d'urgence de 12 milliards que les Etats européens et le FMI accordent aux Grecs pour qu'ils remboursent les intérêts exhorbitants de leur dette et ne se déclarent pas insolvables en demandant une restructuration de la dette, voire une annulation d'une partie d'entre elle.  Cela aurait été sans doute alors un vent de panique dans les milieux bancaires et assurantiels générant un relevement des taux d'intérêt des emprunts accordés aux autres pays européens endettés fortement, une aggravation de la crise de la dette en Europe et des attaques contre l'euro.

 

L'autre solution qui n'a jamais été envisagée aurait été que la BCE revoit ses missions, qu'elle crée de la monnaie pour solder la dette grecque et devenir un instrument de coopération plutôt que de police néo-libérale au service d'une politique déflationniste qui sert essentiellement les intérêts du capital et des rentiers au détriment de l'emploi et de l'activité économique.   

 

Ce qu'on impose au peuple grec pour ne pas mettre les puissances financières en colère (et ainsi se faire agresser par l'hydre hideuse et incontrôlable du pouvoir financier créée par une dérégulation et une financiarisation de l'économie encouragées politiquement par les gouvernements apprentis sorciers européens, y compris sociaux-démocrates, dans les années 80-90)  ni revoir les dogmes libéraux qui président au fonctionnement du FMI et de l'Union européenne est purement et simplement criminel.  

Jugez plutôt les mesures délirantes de ce nouveau plan d'austérité de 28 milliards d'euros d'économie à faire d'ici 2014 qui vise à réduire le budget de l'Etat à 44% du PIB contre 53% du PIB en 2009.  

Des médicaments des personnes âgées qui ne seront plus remboursés qu'à 50%. Privatisations du secteur de l'eau, de l'électricité, du gaz, des Télécom, du rail, de la loterie nationale. Suppression de 86000 emplois publics. Nouvelle baisse des salaires des fonctionnaires. Augmentation de la TVA et baisse du seuil de revenus pour payer l'impôt sur le revenu (des travailleurs pauvres gagnant 450 euros y seront désormais astreints).    

Rappelons qu'en 2010,  l'équivalent de 2 mois de salaire par an avait déjà été retiré aux fonctionnaires, la TVA avait été augmentée de 2 points, des hausses de taxe sur l'alcool, le tabac, les carburants avaient été imposées, et la durée de cotisation pour les retraites avait été augmentée de 3 ans.   

 

Papandréou avait dit préférer "restructurer le pays" (en commençant par le démolir) plutôt que de "restructurer la dette". Je vous propose d'écouter une nouvelle drôle et brillante petite chanson engagée de "La Parisienne Libérée" invitée sur le plateau de "Arrêt sur Images" qui explicite ce beau programme !   

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 19:10

Depuis sa transformation en Société Anonyme en mars 2010, combattue auparavant par 2 millions de français qui ont voté contre lors d'un référendum d'initiative populaire, la recherche de rentabilité n'a plus de limite à la Poste.

Dans sa quête aux gains de Productivité, à la distribution, aux guichets, le personnel est la variable d'ajustement et les "usagers-clients" subissent directement cette politique d'abandon du service public.

Dans cette optique, une restructuration qui concerne les bureaux de Morlaix, Plourin, Plougonven, Plouézoch, Taulé, Saint Martin des Champs, La Boissière, se profile pour janvier 2011.

Cette réorganisation, si elle voit le jour en l'état, aura de graves conséquences. Qu'on en juge:

- un tiers d'heures d'ouverture en moins pour Taulé et Plourin

- fermeture tous les après-midi pour Plouezoch et Plougonven

- Avancée d'un quart d'heure de la Fermeture de la Boissière.

-Suppression de trois emplois à temps plein.

-Fermeture du bureau de Morlaix entre 12h et 13h30.

 

Indignez-vous!  faîtes connaître votre refus, manifestez auprès de vos élus, du Directeur de la Poste.

 

Le PCF sera de toutes les initiatives pour combattre ces projets qui privilégient l'argent avant le bien commun!  

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 22:00

Réunion publique organisée par la section PCF de Morlaix le 4 juillet à Plourin les Morlaix.   

 

 I. Introduction par Daniel Ravasio:

 

Réforme territoriale: halte au massacre.

 

Le Préfet du Finistère a lancé une consultation sur le projet de schéma départemental de la coopération intercommunale concocté par ses services. Toutes les communes, les communautés de communes et d’agglomération, les syndicats intercommunaux vont devoir rapidement se prononcer (sans consultation de la population).  Cette consultation s’intègre dans la réforme des collectivités locales votée de justesse en décembre 2010.

 

Revenons donc pour entamer notre réunion, notre débat sur cette réforme.

Le gouvernement a pour objectif prioritaire de faire des coupes sombres dans les dépenses publiques jugées excessives, budgétivores, responsables de la dette publique … et j’en passe. Pour ce faire il a trouvé un outil terriblement efficace, tout en mettant au pas la démocratie locale : la réforme des collectivités territoriales. Le remodelage administratif et politique devrait prendre effet d’ici 2 à 3 ans. Que prévoit-elle ?

 

Suppression progressive de l’essentiel des communes et à terme de tous les départements transformés, avant leurs disparitions, en rouages captifs et dociles de l’État.

-Regroupement autoritaire en intercommunalité.

 -Transfert de compétences à la majorité simple.

Incitation financière illusoire pour la transformation des intercommunalités en « commune nouvelle ».

Financements croisés quasiment interdits (alors qu’ils représentent 5 % des dépenses globales).

Obligation pour les collectivités de financer leurs projets à 50 % sur leurs fonds propres.

-Compétence générale supprimée sauf pour les communes… qui n’auront plus les moyens de l’exercer.

 

-Constitution de féodalités avec des super-régions et métropoles.

 

Avec cette réforme le gouvernement prétend s’attaquer au « mille feuille » des institutions. En réalité elle se traduira par la création des super-territoires qui seront des monstres éloignés des citoyens, des « archipels » du profit financier !

 

Éloignement le plus possible des citoyens des lieux de décision.

 

-Création de conseillers territoriaux cumulant des pouvoirs rendant impossible leurs fonctions avec la proximité des citoyens et transformés en élus techniciens.

 

- 5660 conseillers généraux et régionaux seraient remplacés par 3471 conseillers territoriaux élus sans contraintes de parité (alors que lae scrutin de liste avec proportionnelle oblige et permet donc cette parité) et de non – cumul des mandats.

 

-Au nom d’un développement de la coopération intercommunale rationalisation (quel bon mot bien à la mode !) de la carte des syndicats intercommunaux par regroupement dans des structures plus larges (départementales voire régionales).

-Absence de moyens supplémentaires pour un exercice élargi de la citoyenneté.

 

Retour d’un État qui ne paye rien et commande tout. L’arbitraire est de retour avec le « Grand Paris », des préfets omnipotents, la « RGPP » qui réduit à peau de chagrin les services déconcentrés de l’État. Le monde associatif, sportif et culturel est en détresse financière.

 

Division par deux des agents de la fonction publique territoriale. Alors qu’ils sont les acteurs irremplaçables des services publics de proximité, alors que les collectivités sont des amortisseurs des désastres sociaux provoqués par la crise.

 

C’est un boulevard pour la privatisation des services publics, « leur externalisation ».

- C’est une catastrophe pour les personnels et les petites communes.

 

L'étranglement financier des collectivités locales est un coup de grâce qui sonne l’agonie financière de ces collectivités Comment : en supprimant la taxe professionnelle. Créée par Jacques Chirac, la taxe professionnelle, un impôt légitime qui responsabilise les entreprises, a été sommairement jugée « impôt imbécile » Au lieu de la moderniser, notamment par la taxation du capital financier, au lieu de s’assurer d’abord de la santé financière des comptes publics, elle est supprimée à la hussarde. Là aussi, les citoyens seront les principales victimes ! Que l’on juge sur pièces : la taxe professionnelle représente 50 % des ressources fiscales des communes. Les ménages contribuent pour les autres à 50 %. Avec la réforme, les recettes fiscales proviendront pour les 2/3 des ménages et seulement pour 1/3 des entreprises. On en rigole encore au MEDEF !

Une bonne réforme des institutions, c’est aller dans le sens du progrès:

 

- Plus de démocratie locale : Priorité à plus de pouvoirs aux citoyens et au vivre ensemble

- Plus de moyens pour satisfaire les droits humains et plus de justice sociale

-  Sortir de l’asphyxie financière par des moyens financiers solidaires et une fiscalité modernisée et progressive responsabilisant la sphère de l’économie et de la finance

-  Encourager les collectivités à promouvoir un nouveau mode de développement, une écologie populaire

-  Mettre au coeur des politiques locales les mutualisations, les partenariats, les coopérations, un aménagement du territoire fondé sur la solidarité, affirmant le besoin d’un développement harmonieux de la ruralité, complémentaire d’une construction urbaine, économe en ressources naturelles, imprimant un nouveau type de développement à tous les territoires

Plus de services publics par un plan de reconquête, de développement, d’amélioration et de financement, de création de services publics

 

C'est UNE LUTTE HISTORIQUE : Il ne faut pas laisser passer cette entreprise de démolition des richesses, des talents, des innovations et des sagesses de notre démocratie de proximité !

 

II. Explication du projet préfectoral et synthèse du document de schéma de coopération intercommunale (par François Plassart).

 

La loi du 16 décembre 2010 prévoit d'achever la carte communale des EPCI, de rationaliser la carte communale des EPCI, de supprimer et de transférer les compétences des syndicats inter-communaux (voirie, gestion des collèges, des centres de secours, des transports scolaires...). Le Finistère était plutôt en pointe sur le passage à un maillage de tout le territoire par des communautés de commune de plus de 5000 habitants. Aucune commune avait refusé son intégration à une communauté de commune à part Ouessant et Molène, îles qui ont des intérêts spécifiques: le Préfet les laisse décider souverainement de leur intégration ou non à une EPCI et accepte tacitement qu'elles gardent leur statut. De même, il fait des concessions pour avancer sur d'autres dossiers sur les 2 EPCI de moins de 5000 habitants du Finistère: Yeun Elez et communauté de communes des Monts d'Arrée. En revanche, le préfet exige la dissolution des syndicats locaux d'électrification, de gestion de la distribution de l'eau (avec une concession éventuellement qui consisterait à créer deux syndicats départementaux d'harmonisation de la gestion de l'eau dans le Finistère Nord et le Finistère Sud), et la départementalisation de ces compétences. D'ailleurs, la réforme territoriale avait été lancée avant l'heure, dès 2007, par le Préfet, pour ce qui est de la gestion de la compétence électricité.

 

III. Enjeux de cette application de la réforme territoriale aux communautés de commune (par Ismaël Dupont).

 

Quelles sont les principales critiques que l'on peut faire au contenu même de cette réforme?

 

C'est une remise en cause de la démocratie locale, de la décentralisation et de la spécificité française et républicaine d'un territoire maillé par 36000 communes dans lesquels des élus proches de leurs concitoyens cherchent à répondre au mieux à leurs besoins en intervenant auprès d'autres échelons de l'Etat.  

 

 

D'abord la méthode employée pour mettre en oeuvre rapidement cette réforme grâce à des pouvoirs exhorbitants confiés au Préfet pour vaincre les résistances au niveau des élus locaux dont on réduit considérablement les prérogatives et les marges de manoeuvre témoigne d'une forme d'autoritarisme jacobin en cohérence avec le contenu de cette réforme des collectivités territoriales qui revient en arrière par rapport aux réformes de décentralisation menées depuis le début des années 80.

Les collectivités deviennent de simples rouages de l'Etat: le préfet les transforme et réduit les compétences des communes en les consultant pour la forme mais sans leur reconnaître aucune forme de souveraineté pour décider de leur avenir. Les conseils communautaires et municipaux n'ont qu'un avis consultatif à émettre par rapport au schéma de coopération intercommunale remis par le préfet. Si pas ils n'émettent pas d'avis au bout de 2 mois jusqu'à la fin juillet, cela vaut pour accord... Exemple: pour le regroupement départemental des syndicats mixtes d'électrification, une seule réunion de la Commission Départementale de Coopération Intercommunale (CDCI) présidée par le préfet: compte rendu biaisé pour servir les intérêts de la réforme.

 

Cette réforme, c'est la casse d'une démocratie de proximité qui n'est pas achevée ni irréprochable dans son fonctionnement actuel, mais qui est moins en crise que la démocratie à l'échelon national, les citoyens faisant davantage confiance à leurs élus locaux, réputés plus abordables, plus dévoués à l'intérêt général. La droite veut manifestement éloigner la population des instances et des espaces de décision et déssaisir les élus locaux d'une partie de leurs missions.

S'y substitueront des super-élus techniciens ou managers ayant moins de compte à rendre directement à leurs concitoyens et aux décisions et actions moins connues du grand nombre, et plus sûrement encore des administrateurs de collectivités aux dimensions hypertrophiées et aux règles de fonctionnement toujours plus complexes et inaccessibles au profane.

 

Ces réformes des compétences des communes et communautés de commune ne s'accompagnent pas d'une véritable démocratisation de leur fonctionnement. Le projet de loi relatif à l'élection des conseillers territoriaux abaisse de 3500 hab à 500 hab le seuil de population des communes auxquelles est applicable le scrutin de liste pour les élections municipales. Il prévoit une fausse élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires par un système de fléchage sur les listes communales. Nous aurions préféré deux élections séparées, avec des élus communautaires ne représentant plus leurs communes mais l'intérêt général de l'ensemble du pays sur lequel s'applique la gestion de la communauté de commune et élus sur un projet politique cohérent, connu, et partagé. Dans le projet de loi, il existe des objectifs acceptables pour limiter la sous-représentation et la sur-représentation des centres urbains dans les conseils des EPCI (Etablissements Publics de Coopération intercommunale): mais l'équilibre déliquat à trouver et les mesures avancées sont d'une efficacité douteuse.

Nous proposons nous une véritable transformation de la démocratie locale qui passe par des moyens financiers de fonctionnement restaurés pour la démocratie locale et les élus locaux (VS. Suppression de la taxe professionnelle- coût de 7 milliards d'euros pour les collectivités, 50% des recettes fiscales des communes- transferts de compétence non compensés), une valorisation du rôle et du travail des élus (statut plus protecteur, droit à la formation et à la reconversion...), l'instauration de la proportionnelle à toutes les élections (dans la réforme des collectivités territoriales, scrutin uninominal à un tour par circonscription -canton- pour 80% des élus territoriaux, les 20% restant se partagageant entre les candidats et les partis ayant fait les meilleurs scores derrière), la limitation du cumul des mandats (aller vers un mandat unique?) et le respect de la parité, le droit de vote et d'éligibilité pour tous les résidents étrangers. Nous voulons surtout instituer un partage des décisions entre élus et citoyens en systématisant le recours à la démocratie participative: ateliers et panels de citoyens tirés au sort ou volontaires, budgets participatifs, association à l'élaboration des décisions budgétaires.

 

On peut parler aussi d'une réforme territoriale néo-libérale qui remet en cause la qualité des services publics de proximité et offre un boulevard pour de nouvelles externalisation ou privatisation des missions d'intérêt général assurées jusqu'ici dans le cadre de la fonction publique.

 

On peut, pour rappeler les motivations de cette réforme des collectivités territoriales, en faire un petit historique. Objectifs de la RGPP: faire des économies d'argent public en rationalisant et optimisant les fonctionnements des services publics, des collectivités; en diminuant le nombre de fonctionnaires dans le but de désendetter, de diminuer les impôts, de transférer au privé supposé gérer de manière optimale certaines activités de service, et d'accroître la compétitivité de l'économie française.

Le total des dépenses des collectivités locales représente environ 200 milliards d'euros – 20% de la dépense publique- et a augmenté beaucoup plus fortement depuis 2000 que le budget de l'Etat et de la Sécurité sociale sous l'influence des transferts de compétence liées aux décentralisations Raffarin et à l'autonomie budgétaire relative et contrainte (car moins d'aides directes de l'Etat qui diminue lui même ses impôts directs et les impôts des entreprises) des collectivités locales. Depuis 2007, effectifs de la fonction publique territoriale augmentent de 5,2% là où les effectifs de la fonction publique d'Etat diminuent. Un des buts de la réforme des collectivités territoriales proposée par le comité Balladur en 2009 (et entérinée en novembre 2010 au Sénat par une courte majorité de 4 voix) est de réduire l'emploi public, la dépense publique, et le champ d'intervention du service public.

 

Avec les pertes de ressources pour les communes liées à la dissolution des syndicats mixtes locaux à compétence unique qui rapportaient des recettes telles que l'électrification et la gestion de la distribution de l'eau, comment vont-elles payer leurs agents?

 

La création dans le cadre de la réforme territoriale de grandes structures (EPCI, métropoles aux compétences élargies, sociétés publiques départementales de gestion de l'énergie) laisse à penser que les collectivités recouriront plus facilement sans doute à des externalisations d'activité confiées à des opérateurs privés, à des DSP... On peut certes négocier des contrats plus avantageux à un niveau supérieur d'organisation territoriale mais on est également sans doute plus en congruence avec les intérêts financiers, plus sensible à l'action des lobbies. Le futur des régies directes municipales et intercommunales de gestion de l'eau est très compromis et il est frappant que départementalise la gestion de la distribution qui rapporte de l'argent tandis que l'on garde au niveau des EPCI la gestion de l'assainissement qui coûte de l'argent.

 

En créant des EPCI et des syndicats de coopération départementale surdimensionnés, des usines à gaz, on risque de donner plus de champ à une technocratie moins efficace que les élus de proximité, ce qui pourra donner lieu à des décisions coûteuses et moins directement en phase avec les besoins sociaux, mais aussi à des dépenses de personnel plus fortes. De plus, des structures plus lourdes, s'exerçant sur un plus vaste territoritoire, ont tendance à coûter plus chères. Si on fait des économies dès lors, ce ne sera pas tant, comme l'a dit François Plassart lors d'une réunion de préparation, des économies de fonctionnement que des économies de non fonctionnement (délais d'intervention qui découragent la demande, besoins non satisfaits faute d'interlocuteurs disponibles et de réponse rapide...).

 

IV. Le débat.

 

Martine Carn fait remarquer que les communes ont 3 mois pour donner leur avis et que le principe « Qui ne dit mot consent ». Cette procédure accélérée n'est pas innocente: elle vise à empêcher les conseillers municipaux déjà débordés de prendre le recul de la réflexion et du débat sur ce texte. Une inquiétude forte sur la gestion de l'eau, assurée par un syndicat public à Plougonven et Plourin. Si cette distribution d'eau part dans une grande firme, les citoyens vont voir le coût de leur facture d'eau tripler ou quadrupler. Or, actuellement, les régies publiques de l'eau fonctionnent très bien. Comme pour les syndicats de l'électricité, dont les budgets additionnés au niveau du département équivalent au budget du Conseil Général, il semble que de gros prédateurs s'intéressent à ces marchés. Les élus sont remontés contre ce projet préfectoral qui passera de toute façon quoiqu'ils en pensent, d'autant qu'ils s'inquiètent sur la périnnité des recettes de leurs collectivités. Cette année, l'Etat a versé en dotation la même somme qui était prévue dans le cadre de la taxe professionnelle, mais qu'en sera t-il l'an prochain?

 

François Plassart fait remarquer que les communautés de commune vont être obligées de prendre des compétences des syndicats mixtes avec des charges supplémentaires: elles aussi vont sans doute être contraintes de réduire de moitié leur personnel.

 

Jean Luc Le Calvez rappelle que ce sont les élus communistes au Sénat qui ont pris la tête de la fronde contre la réforme des collectivités territoriales et qu'ils ont été écoutés au-delà de leur camp.

 

Daniel Ravasio rappelle pour exemple qu'à Saint Thegonnec, la gestion de l'eau est assurée par un syndicat intercommunal à cheval sur deux communautés de commune: qui va prendre en charge cette compétence?

 

Martine Carn rappelle que le citoyen n'aura plus dans quelques mois de référent au niveau de la commune quand il aura un souci. Le but est aussi de supprimer de multiples communes rurales ou de réduire leurs compétences à la plus simple expression: état civil, arbitrage pour prévenir les conflits de voisinage, ramassage des chiens et des chats crevés. Comment vont se débrouiller les communes qui ont investi dans des maisons médicales? Celles qui perdent leur bureau de poste?

 

Marie-Hélène Le Guen nous dit que tout ce tient: la reconversion forcée des employés de la fonction publique territoriale, la loi du licenciement des fonctionnaires en cas de refus de 3 propositions d'emplois, l'objectif de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. On face de nous: il y a des gens qui pensent et qui ont un agenda précis pour transformer le service public en champ de ruine sur lequel pourront se faire des affaires. Ils procèdent avec méthode, progressivement.

 

Alain David affirme que les choses se sont organisées de manière méthodique ces dernbières années, le but étant qu'aucun aspect de la vie de la société ne doit échapper aux organismes financiers. Aujourd'hui, 75% des investissements sont gérés par des collectivités locales qui ont aussi la compétence des services à la personne en pleine expansion à assurer. C'est une masse de pognon qui échappe pour l'instant, mais peut-être pas pour longtemps, aux intérêts financiers. Le processus de la réforme territoriale a débuté par la mise sous tutelle de toutes les collectivités locales liée à la suppression de la taxe professionnelle, qui leur enlève le pouvoir de gérer leurs propres recettes, désormais constituées essentiellement de dotations de l'Etat. Il y a eu de fortes oppositions chez les élus locaux, au Sénat et à l'Assemblée, quand la réforme des collectivités territoriales s'est mise en place mais ceux qui qui étaient bec et ongle contre ces textes sont-ils prêts à les remettre en cause quand ils seront au pouvoir. C'est moins sûr.

 

Ismaël Dupont rappelle qu'en effet cette réforme renforce les logiques de concurrence entre les territoires, que ne désapprouve pas les socialistes tout à leur obsession de la compétitivité dans le cadre de l'adaptation à la mondialisation libérale. De plus, elle renforce le bipartisme par le mode d'élection honteux et anti-démocratique des conseillers territoriaux (80% d'entre eux seront élus lors d'un scrutin uninominal à un tour qui renforcera mécaniquement l'UMP et le PS et les 20% de sièges de conseillers territoriaux restant à répartir à la proportionnelle iront encore à 50 ou 60% à l'UMP ou au PS, les autres partis et sensibilités politiques n'ayant qu'à récolter les restes). Il faut je pense subordonner des accords électoraux avec le PS à l'abrogation de la réforme territoriale et des institutions étouffantes de la Vème République, à l'acceptation de la proportionnelle aux élections.

 

Alain David: Ce qu'on cherche à gommer avec cette réforme, c'est la spécificité française du pluralisme politique et de la possibilité de l'alternative. Le bipartisme, c'est: on change de dirigeants mais on ne change pas de politique.

 

Martine Carn: La population n'a pas été mise au courant de cette réforme. Il n'y a pas d'information dans les journaux régionaux que lisent les gens, ou alors biaisée. Mais il est vrai qu'entre les gens victimes de la crise qui sont englués dans leur problème et auxquels personne ne prête attention et les autres, complètement déploitisés, qui ne songent qu'à agrandir leur terrasse ou s'acheter une voiture plus puissante que le voisin, c'est difficile de faire bouger les gens.

 

A la fin de la réunion, l'assemblée prend plusieurs décisions pour organiser la riposte contre cette réforme des collectivités territoriales, sensibiliser la population et les élus à ses enjeux: 1) conférence de presse avec les élus locaux communistes et sympathisants des pays de Morlaix, Saint Pol, Lanmeur 2) envoi d'une lettre d'explication et d'argumentaire aux élus de la région 3) diffusion d'un tract assorti peut-être d'une pétition pour alerter la population sur les risques de destruction des services publics de proximité liés à cette réforme.

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 12:54

bateau-gaza

 

 

Rassemblement à lundi 4 juillet 18H devant la Mairie  de Morlaix pour protester contre cette décision et alerter la population!

 

 Communiqué du collectif national "Un Bateau pour Gaza".
 

La Grèce et l’UE complices du blocus de Gaza

 

Paris le 01 juillet 2011,

Le gouvernement grec vient d’annoncer qu’ « aucun bateau ne partira  d’un port grec vers Gaza ». La campagne Un bateau français pour Gaza  dénonce cette décision et appelle à une mobilisation de toutes celles  et ceux qui soutiennent la flottille. Nous partirons quels que soient les obstacles. La Grèce a donc cédé aux pressions israéliennes. Benjamin Netanyahou  a remercié hier le premier ministre grec Georges Papandréou ainsi que  tous les responsables politiques du monde d'avoir récemment pris position en paroles et en actes contre cette flottille qui était une provocation ». Israël sous traite sa politique à la Grèce. Elle n’a pas pris cette décision seule, l’Union européenne est aussi  responsable et tout aussi complice. Le blocus de la bande de Gaza  s’étend maintenant jusqu’à ses portes.  Il est inconcevable que l’Union européenne cautionne de façon aussi  ouverte la politique illégale d’Israël dans la bande de Gaza. Il est  inconcevable qu’elle puisse nier de façon aussi insultante une  mobilisation populaire d’une ampleur inédite dans des dizaines de  pays en faveur du droit et de la justice. La liberté de circulation  et de navigation est bafouée et encore une fois la voix citoyenne est  bâillonnée.
La décision grecque est une décision injuste et scandaleuse. Le danger vient de l’occupation pas de ceux qui défendent le droit international.

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 12:46

Par Bernard Vera  30 juin 2011

 

Le débat qui s’ouvre, aujourd’hui, avec l’examen de la proposition de loi de nos collègues socialistes instaurant un nouveau pacte territorial est important. Il pointe en effet très clairement les manquements de l’Etat à ses missions régaliennes et dessine des pistes pour trouver des solutions à la crise que nous traversons.

 

En effet, cette crise économique et sociale est également une crise de confiance entachant notre pacte républicain comme en témoigne la colère et les inquiétudes des élus locaux. Car au travers de la politique menée par le gouvernement, ce sont les fondements même de notre République, les principes d’égalité, de liberté et de fraternité qui sont remis en cause par les lois successives.

 

Au principe de solidarité nationale, depuis cinq ans, la majorité a opposé celui de la concurrence entre les territoires, du repli identitaire, de la casse des mécanismes d’assurance collective notamment dans le domaine de la santé et des retraites. Madame la Ministre, votre politique, comme en témoigne la loi de finances rectificative que nous venons d’adopter, est une politique qui bénéficie exclusivement aux plus fortunés.

 

Nous partageons évidemment l’ensemble des constats de l’exposé des motifs de la proposition de loi : l’impact très négatif de la mise en œuvre de la RGPP et du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, de la mise en concurrence des territoires et de leur habitants, de l’assèchement des ressources des collectivités territoriales et des transferts de charges non compensés mettant les collectivités dans des situations intenables.

 

A l’inverse des politiques menées par le gouvernement, nous estimons en effet nécessaire de penser la politique de manière durable et non dans des logiques comptables à la recherche d’économies de courts termes. Cette stratégie s’avère finalement bien plus coûteuse pour la collectivité puisque la perte d’ingénierie publique a conduit à des échecs avérés, notamment lorsqu’un grain de sable ou un flocon de neige, ont enrayé le fonctionnement à flux tendu des services déconcentrés de l’Etat.

 

Nous partageons également la volonté inscrite dans la proposition de loi de permettre aux collectivités territoriales de mener les politiques pour lesquelles elles ont été élues, en disposant pour cela des ressources adéquates. Cela passe notamment par une révision de la dotation globale de fonctionnement mais également par une révision de fiscalité locale.

 

Mais, il nous semble également urgent de revenir sur la réforme des collectivités qui conduit inexorablement à dévitaliser les échelons de proximité que sont les communes et les départements au profit des intercommunalités et des régions.

 

Nous partageons également, l’exigence de mise en œuvre d’une péréquation territoriale pour incarner le principe de solidarité et pour permettre l’égalité de tous devant les services publics, facteur de cohésion sociale sur l’ensemble du territoire. Mais cette péréquation doit se faire prioritairement par l’impôt en revenant notamment sur l’ensemble des cadeaux fiscaux accordés aux catégories les plus favorisées. Il est nécessaire de réorienter l’argent vers l’intérêt général.

Nous pensons qu’un changement politique majeur ne pourra s’engager sans en passer par un préalable indispensable : s’affranchir des contraintes insoutenables du traité de Lisbonne qui enferme la France dans l’étau de l’austérité et d’un modèle économique ultralibéral.

Permettez-moi d’illustrer mon propos en reprenant quelques articles de cette proposition de loi :

Concernant l’école : l’article 10 stipule qu’il est nécessaire de maintenir le nombre de postes d’enseignants et d’améliorer les conditions d’exercice des métiers. Nous considérons pour notre part qu’il faut plus d’enseignants et mieux formés. Nous estimons également qu’il est nécessaire de reposer la question de la finalité de l’éducation qui ne consiste pas seulement à favoriser une insertion des jeunes dans la vie professionnelle, uniquement dictée par le marché de l’emploi, mais doit surtout viser à l’épanouissement d’adultes en devenir en pleine possession de leur citoyenneté ?

La question du logement est également un révélateur important de ces dysfonctionnements puisque la formation d’un marché spéculatif nourri chaque jour davantage l’exclusion sociale. Pourtant l’Europe, indique aujourd’hui qu’il faut en ce domaine limiter l’intervention de l’Etat et ne reconnaître le droit au logement non pas comme un droit universel, mais une simple assistance auprès des plus démunis.

Concernant l’agriculture, s’il est nécessaire d’encourager une transition écologique comme le préconise très justement cette proposition de loi, une politique forte doit être menée en direction des territoires, de la diversification des cultures. Et surtout il est indispensable d’instaurer une véritable régulation des prix et des échanges dans le secteur agricole, afin de garantir des prix rémunérateurs.

 

Concrètement, tous les indicateurs confirment qu’il ne s’agit pas de réguler le capitalisme ou de l’accompagner mais qu’il s’agit de sortir de la financiarisation de l’économie et parallèlement dégager d’urgence de nouvelles ressources pour financer des politiques de progrès pour tous, ce qui ne consiste évidemment pas, à répartir équitablement le poids de l’austérité imposé par l’Union européenne.

 

Bien entendu nous partageons aussi la volonté de combattre la désertification des services publics sur le territoire national, en zones rurales mais également urbaines, puisque partout des hôpitaux, des tribunaux, des bureaux de poste ferment, nous estimons qu’il convient de revenir sur les fondements de la politique gouvernementale qui consistent à instaurer une concurrence libre et non faussée au service des usagers consommateurs.

 

Or, l’expérience nous prouve qu’il s’agit là d’une impasse : les opérateurs ferroviaires de proximité, ou encore ceux des télécommunications, s’implantent prioritairement dans des zones rentables, laissant des pans entiers du territoire sinistrés. La question est donc bien celle de la conception même de services publics et de leur maîtrise publique.

 

A ce titre, tout le monde semble être d’accord pour moderniser l’État, mais moderniser l’État ce n’est pas l’amputer de ses missions pour les confier à d’autres échelons territoriaux ou au secteur privé, c’est en revanche redéfinir l’intérêt de la nation et être en capacité de répondre concrètement aux besoins fondamentaux de nos concitoyens.

 

Moderniser l’Etat, c’est sortir du dogmatisme qui conduit à penser que le privé est toujours plus performant que le public. Aujourd’hui encore, nous avons la démonstration de l’absence de fondement de cette théorie. Les partenariats publics privés, s’avèrent, selon une étude récente, plus coûteux que les marchés classiques.

 

Pour porter un nouveau pacte territorial et républicain, il faut donc s’attaquer à la répartition des richesses entre revenu du capital et revenu du travail, sortir de la dictature de la finance et de la libéralisation de l’économie. Il faut notamment créer un pôle public financier pour mettre enfin les banques au service de l’économie réelle et des territoires.

 

Vous le savez, nous avons toujours considéré qu’il fallait poser la question du service public en terme de réponse à des besoins fondamentaux. Pour simple exemple, il est évidemment nécessaire de disposer de structures de soins de proximité, mais ils est tout aussi indispensable que le service rendu y soit de qualité et accessible, ce qui ne semble pas aujourd’hui d’actualité puisque la loi HPST a supprimé toute référence à un service public hospitalier.

Comme pacte territorial, nous proposons donc comme préalable : l’abrogation de la réforme des collectivités, et de la RGPP, ainsi que des lois de privatisation.

 

Parallèlement, nous proposons la modernisation de la décentralisation en fonction du principe de proximité permettant d’optimiser les décisions publiques dans le sens de la satisfaction de l’intérêt général, tout en définissant le rôle respectif de l’État et des différents échelons territoriaux en France et en l’Europe.

Au rapport d’autorité que l’État instaure avec les collectivités conduisant à la défiance, nous voulons renforcer le développement des coopérations.

L’autonomie des collectivités territoriales doit également être réaffirmée, la démocratie participative encouragée et accompagnée d’une réforme de la fiscalité locale faisant, enfin, participer les actifs financiers des entreprises.

 

Permettre une nouvelle répartition des richesses empreinte de justice et un nouveau partage des savoirs et des pouvoirs, réaffirmer au final la primauté du politique sur l’économique, des peuples sur les marchés, voilà notre projet politique et la raison pour laquelle nous voterons contre le renvoi en commission.

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 12:31
Le Sénat a voté en février 2010 le projet de loi relatif à la réforme des collectivités territoriales. Loin de ne concerner que les élus locaux, cette réforme initiée par Nicolas Sarkozy aura, si elle aboutit, de nombreux effets sur la vie des Français : moins de services publics de proximité, moins de démocratie, des élus moins nombreux et moins proches. Avec elle, les collectivités territoriales deviendraient de simples échelons administratifs, privées de financement et de la capacité d’agir pour satisfaire les besoins des populations. Couplée avec la suppression de la taxe professionnelle, elle offrirait aussi aux grands groupes privés un énorme marché qui pour l’essentiel leur échappait jusqu’à présent. Elle signerait de fait la fin de la décentralisation au profit d’un dirigisme autoritaire de l’Etat.

 

 

 

Intervention au Sénat de Marie-France Beaufils, sénatrice communiste du groupe communiste et républicain  / 7 juin 2011

 

 

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je ne doute pas que le Gouvernement se serait bien passé de ce nouveau projet de loi sur la répartition des conseillers territoriaux. Je pense même que, s’il avait pu éviter de soumettre au Sénat cette modification imposée par la décision du Conseil Constitutionnel, il n’aurait pas hésité un instant, tant il doit avoir en mémoire les débats qui se sont déroulés dans notre hémicycle à propos de la création de ce conseiller territorial.

Il doit se souvenir qu’il n’avait pas de majorité pour supprimer les conseillers généraux et régionaux, pour créer ces conseillers hybrides qui finiront par perdre leurs deux têtes, faute de savoir vers quel horizon se tourner, ou par laisser l’une d’entre elles s’atrophier au profit de celle qui embrassera la plus grande vision !

Ainsi, sans une révision constitutionnelle, telle que la préconisait d’ailleurs le rapport du comité Balladur, les départements vont dépérir, s’évaporer. Ils deviendront les administrations déconcentrées des régions, grâce à la mise en place, dès 2014, des schémas d’organisation des compétences et de mutualisation des services entre les départements et la région.

La réforme de l’intercommunalité instituera également une nouvelle répartition des compétences et réduira les pouvoirs des départements. Les élus deviendront peu à peu de simples administrateurs exécutant des politiques publiques nationales de solidarité et des politiques régionales dans les domaines qui leur seront dévolus.

D’ailleurs, avec la diminution de plus de 400 conseillers généraux siégeant dans les assemblées départementales, et des réductions fortes de près de 50 % dans certaines d’entre elles, les élus départementaux ne disposeront plus des moyens nécessaires à la mise en œuvre des politiques publiques de proximité, au plus près des préoccupations de leurs concitoyens.

De surcroît, siégeant aussi à la région, ces élus ne disposeront plus du temps nécessaire à l’écoute et aux montages concertés des solutions à apporter aux besoins et aux attentes exprimés par les habitants de leur département.

En éloignant les élus départementaux de leurs concitoyens, l’objectif affiché par le Gouvernement est, bien entendu, de réduire les dépenses publiques, quitte à réduire la démocratie locale. La proximité incite en effet les élus à mieux répondre aux besoins qui s’expriment. Il est, bien sûr, plus difficile de dire « non », les yeux dans les yeux, à des citoyens forts de leurs attentes et de leurs arguments, que de leur répondre par l’intermédiaire d’un personnel territorial en charge d’assurer la mise en œuvre des politiques définies et n’ayant pas le pouvoir d’amender ces dernières et encore moins d’y déroger.

 

Mais cette disparition progressive de nos départements ne va pas pour autant renforcer nos régions.

 

Leurs élus, ces futurs conseillers territoriaux, ne seront plus des élus régionaux, élus sur des programmes d’action de dimension régionale ; ils seront des représentants de cantons.

L’article 5 de la loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales précise que le conseil régional est dorénavant « composé des conseillers territoriaux qui siègent dans les conseils généraux des départements faisant partie de la région. ». C’est clair !

Ainsi, nous revenons sur les lois de décentralisation de 1982, qui transformèrent nos régions en collectivités locales de plein exercice, alors qu’elles avaient été instituées sous la forme d’établissements publics, gérés par des assemblées composées, entre autres, de représentants des départements.

Le même article de la loi de réforme des collectivités territoriales renvoie à l’article 4131-1 du code général des collectivités territoriales qui prévoit que « les régions sont administrées par un conseil régional élu au suffrage universel direct. »

Mais le fait que ceux qui siégeront au conseil régional représenteront désormais les départements crée une réelle ambiguïté juridique entre les deux alinéas de l’article 5 de la loi du 16 décembre 2010 et fait peser un doute sur la compatibilité entre les notions d’élu au suffrage universel direct et de représentant des conseils généraux.

Pour lever cette ambiguïté, il suffira alors de biffer le premier alinéa de l’article L. 4131-1 du code général des collectivités territoriales.

Ainsi, on le voit, la création et le mode d’élection de ce conseiller territorial constituent, en fait, une machine de guerre contre la décentralisation. Elle a pour vocation non seulement de réduire l’action des départements, mais aussi de transformer nos assemblées régionales en limitant leur représentation de la souveraineté populaire.

Si l’on ajoute à cela l’encadrement des compétences des départements et des régions, leur spécialisation et la suppression de leur compétence générale, hormis quelques exceptions comme pour la culture et le sport, on aboutit à la mise en place d’établissements publics territoriaux, véritables administrations déconcentrées qui seront certes gérées par des assemblées d’élus, mais qui ne disposeront que du pouvoir de mettre en œuvre des politiques décidées ailleurs !

 

Cette recentralisation autoritaire entraînera, de facto, un amoindrissement de la démocratie locale. En effet, en supprimant l’élection à la proportionnelle pour les assemblées régionales, le pouvoir UMP tente de réduire la présence des diverses sensibilités politiques en opposition à sa politique qui existent dans notre pays, afin de favoriser le pouvoir d’un homme et de son parti. Il espère ainsi reprendre les directions régionales que les citoyens lui ont retirées par leur vote.

De plus, chacun reconnaît que ce mode de scrutin est un puissant frein à la présence des femmes parmi les futurs élus.

Pour le Conseil Constitutionnel, rien dans cette loi n’interdit aux femmes de se présenter et d’être élues. De ce fait, la lettre du deuxième alinéa de l’article 1er de la Constitution semblerait ne pas être remise en cause. Mais chacun sait qu’avec cette loi le plafond de verre qui freine l’accession des femmes à des postes de responsabilités électives sera renforcé. Ne pas le reconnaître est hypocrite. Ainsi, l’esprit de notre loi fondamentale est, sans contestation possible, largement ignoré.

 

Pour finir, permettez-moi de revenir sur le principal argument avancé par le pouvoir pour justifier la création de ce conseiller territorial. Je veux bien entendu parler de cette billevesée qu’est l’annonce d’une prétendue baisse des dépenses grâce à la réduction du nombre d’élus !

Selon l’étude d’impact, la baisse ne représenterait que 0,5 % des dépenses de fonctionnement. Outre le fait que c’est peu, c’est faire fi d’autres réalités !

 

En effet, cette baisse relative cache en fait une hausse considérable des coûts pour les régions, qui verront leur nombre d’élus doubler, puisqu’il y aura désormais, avec cette loi, 3 493 conseillers régionaux au lieu de 1 757 actuellement. Quand on sait qu’avec la réforme des finances locales les régions ne lèvent plus d’impôts, on comprend que cette hausse aura des incidences non négligeables sur leur budget et, par conséquent, sur leurs projets.

Mais l’étude d’impact manque de sérieux car, outre les frais d’investissement nécessaire pour construire les nouveaux hémicycles qui accueilleront les nouveaux élus, il faudra aussi d’autres locaux de réunion, d’accueil, et des bureaux.

Il y aura aussi de fortes hausses des frais de fonctionnement qui ne sont pas mentionnées dans l’étude d’impact : coûts de secrétariat, de télécommunications et de déplacements, sans compter les défraiements pour les suppléants dont il a été question lors de nos débats sur la réforme des collectivités locales.

A minima, il y a donc mensonge par omission de la part du Gouvernement sur le coût de cette réforme !

Aussi, après la volonté affichée de réduction du millefeuille institutionnel sous-tendant artificiellement cette réforme, qui s’est finalement soldée par la création de nouvelles strates institutionnelles, voici que la recherche d’économies sur les dépenses d’élus va se solder par des dépenses en hausse !

 

Ainsi, la preuve est faite que là n’était pas l’objectif de cette réforme ! L’objectif du Gouvernement est clair : c’est la casse de nos institutions locales et de nos services publics locaux, la recentralisation, la réduction de la dépense publique, l’ouverture au privé de nouveaux secteurs d’activité et la mise à mal de la démocratie locale, laquelle fonde pourtant notre République. Les élus l’ont bien compris et, monsieur le ministre, vous en avez d’ailleurs été témoin dernièrement sur le terrain.

Aussi, vous comprendrez pourquoi nous sommes vent debout contre cette réforme des collectivités territoriales, et plus précisément contre ce texte qui fera disparaître les conseillers généraux et régionaux.

En le rejetant, le Sénat rendrait possible une autre réforme. Il n’y a aucune urgence à légiférer, encore moins avec engagement de la procédure accélérée ! Et si en 2012, demain, une autre majorité se rassemble à gauche, nous agirons pour l’abrogation pure et simple de l’ensemble de cette réforme...

 

M. Didier Guillaume. Exactement !

 

Mme Marie-France Beaufils. ... destructrice de nos institutions locales ; le conseiller territorial disparaîtra avant même d’avoir vécu. C’est en tout cas ce à quoi nous nous emploierons !


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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 12:07

Les situations que nous vivons aujourd'hui nous imposent une réflexion de fond pour demain. Au pied du dernier col de l'ultime étape, allons-nous rester l'arme au pied à l'écoute de voix prophétiques? Ou allons-nous retrouver le chemin de nos aînés? Ceux-ci se sont engagés fermement, souvent au risque de leur vie, au sein du Conseil National de la Résistance. Dans lequel hommes et femmes de progrès, syndicalistes, chrétiens, gaullistes, communistes ont contribué ensemble à la construction du social à la française: Solidarité Nationale, Sécurité Sociale, services publics, fonction publique ont été gravés dans les FONDAMENTAUX de la République. Ceci a été possible par l'élection d'une majorité de députés progressistes au seul service du progrès. Nos camarades syndicalistes ont largement contribué à ces avancées de société à partir d'idées ancrées dans un programme syndical démocratiquement élaboré.

 

Aujourd'hui, serions-nous incapables d'imposer aux prétendants à nos suffrages d'inscrire dans leur programme nos idées novatrices? En connaissance de cause, car gratifié du titre de personne âgée, je prendrai comme exemple la perte d'autonomie. Un grand débat national a été orchestré par Sarkozy à ce sujet. Ce début sera suivi d'un vote à l'Assemblée Nationale. Ma CGT a rendu publiques ses exigences pour un droit universel: construire PARTOUT et POUR TOUS le droit au bien vieillir, exigences avancées dans le cadre de l'Assurance maladie, d'un grand service public sanitaire et social. Le financement étant assuré par une autre répartition des richesses créées.

 

Citoyen militant, j'ai interpellé tout azimuth. Je n'ai rencontré d'espoir que dans la dynamique du Front de Gauche à l'écoute du mouvement social.

 

Retraités, personnes âgées: ne sommes-nous pas la majorité des électeurs de ce pays? Travaillons ensemble pour créer une nouvelle dynamique populaire allant dans le sens de nos intérêts; construire une société de progrès POUR TOUS LES AGES.

 

Je vote Front de Gauche.

 

Jean Dréan.     

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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 05:42

Etre éditorialiste politique du quotidien payant le plus lu de France, Ouest France, vous donne certaines obligations: ne pas insulter l'intelligence des lecteurs, respecter leurs diversités d'opinion et ne pas prendre le ton du bon pasteur qui ramène au bercail ses moutons égarés en prenant les électeurs pour des insensés en puissance qu'il faut à tout prix dissuader de voter pour une gauche de transformation sociale irresponsable et calamiteuse.

La plaisanterie avait pris un tour dantesque il y a un mois lorsque Michel Urvoy signait un tonitruant éditorial ayant pour titre un ovni rhétorique juxtaposant les figures de rhétorique contraires, pléonasme et oxymore: "Social de gauche, social de droite". L'éditorial commençait par faire une concession au bon peuple en colère en utilisant des catégories inoffensives pour le capital et teintées de paternalisme compassionnel pour désigner les précaires, ses victimes: "L'attention portée aux plus fragiles-les agriculteurs hier, les handicapés avant-hier, les femmes demain- et les débats acharnés sur l'ISF ou le RSA le montrent: la présidentielle se jouera en partie sur la justice sociale et l'équité fiscale".

Mais, attention à se garder de toute préconisation démagogique (en d'autres temps, on aurait dire "démocratiques") qui conduirait à alourdir les impôts pour réduire les inégalités, aboie aussitôt Urvoy pour nous remettre dans le droit chemin. "La droite, dit-il, rappelle très justement que l'on n'a jamais consacré une telle part de la richesse- près d'un tiers, un record dans l'OCDE, à la solidarité". Mais n'est-ce pas les victimes de la mondialisation libérale et du capitalisme financier, des licenciements boursiers, des délocalisations, de la désindustrialisation, du désinvestissement scolaire, de la précarisation des contrats de travail, du temps partiel imposé, des bas salaires, qui peuvent se maintenir avec peine à flot grâce à l'impôt et aux cotisations sociales dont les classes moyennes paient la plus grande part?

Après ces précisions utiles visant à montrer que la France sarkozyste reste un Etat socialiste avancé qui ne pourrait avancer plus loin dans ce sens sans aller à sa ruine et se rapprocher de la Corée du Nord, Urvoy enchaîne par un morceau choisi des "Idées politiques pour les nuls" : il y a "deux conceptions de la justice sociale: pour la droite, c'est plutôt aide-toi et l'Etat t'aidera à t'intégrer par le travail; pour la gauche, globalement, la collectivité doit t'assister au maximum". 

Mais attention, le principe de réalité s'applique aussi à gauche: trop socialiser, trop ponctionner de richesses privées et de produits de l'activité économique, nous dit cet agent de la fabrique du consentement qu'est Urvoy - un parmi tant d'autres voix autorisées des médias, d'autant plus dangereux qu'il se dit de gauche - c'est se condamner à réduire la taille du gateau à partager: "Dépenser plus et alourdir la dette serait une catastrophe. Taxer et imposer davantage serait suicidaire pour la consommation et pour l'avenir du "made in France" dans le monde. Il faut doncx répartir autrement les recettes et les dépenses".

En somme, pour reprendre une expression de notre camarade Alain David, le débat est bien bordé.

Hier encore, en première page du Ouest France du 29 juin 2011, Michel Urvoy profitait d'un commentaire sur la déclaration de candidature de Martine Aubry pour commettre un nouvel éditorial de rappel à l'ordre, commençant par un satisfecit à l'encontre d'une nouvelle candidate à laquelle il préférait il y a quelques semaines Dominique Strauss-Khan, l'incarnation d'un prétendu réalisme économique "de gauche": "Raisonnable dans ses promesses- "tout ne sera pas possible tout de suite" - elle intègre la crise et évite tout propos qui viendrait dégrader la notation de la France".  

 

Où va t-on si les socialistes ne se contentent plus maintenant, après avoir versé des larmes sur la dureté du capitalisme à gouvernance libérale et la précarisation du grand nombre avant de se résoudre après coup à l'inaction et aux politiques vertueuses et réalistes de privatisation et de réduction des impôts et des dépenses publiques pour ne pas mettre en danger  les fragiles équilibres qui président à la compétitivité de l'économie et à la croissance, où va t-on disais-je si les socialistes ne peuvent plus même se payer le luxe de leurs belles intentions, des belles promesses de relever le niveau de vie de classes populaires en répartissant mieux les richesses et en limitant les profits financiers? Un homme politique responsable, selon Urvoy, ne promettrait rien, ne dirait rien, mieux même, ne penserait rien qui pourrait affoler les banques, les fonds d'investissement, les sociétés d'assurance, les investisseurs et les créanciers de l'Etat.  

Mais pourquoi, dès lors, ne pas faire écrire le programme de la gauche par les salariés des agences de notation? Remarquez, avec le Pacte Euro plus, on y vient: maintenant que les budgets votés par les Parlements seront soumis en amont à la censure de technocrates européens vérifiant leur compatibilité avec les lois d'airain de la réduction des dépenses publiques et de l'augmentation des profits financiers. Curieux comme cette crise systémique du capitalisme financier qui a creusé la dette des Etats européens a donné de nouveaux moyens de mise au pas assumée des démocraties par les puissances du capital et leurs héraults appointés. 

Mais restons dans la politique politicienne, dans la politique spectacle où l'on guette les signes des stratégies de communication, comme nous y invite Urvoy: Martine Aubry est toujours "devancée dans les sondages par François Hollande qui affiche, depuis près de deux ans qu'il y travaille, une motivation à toute épreuve et un projet réfléchi" . Quel est le projet réfléchi de François Hollande, que sa calvitie précoce et sa fadeur qu'on aurait tort de prendre pour du désintéressement et de la modestie ne rendent pas plus sage pour autant?

Diminuer le poids de l'impôt de solidarité sur la fortune, alléger l'impôt sur les successions? Inviter, comme il nous l'a promis en nous annonçant "du sang et des larmes" après 2012 si l'on voulait sortir vivants de la crise de la dette et de la zone euro, à s'astreindre à de nouvelles potions amères d'austérité quand les profits financiers des entreprises du CAC 40 et les revenus des couches les plus favorisées de la société n'ont jamais connu une telle augmentation depuis une dizaine d'années?  

Mais rassurons-nous, il y a au PS, nous dit Urvoy, au-delà des positionnements stratégiques oppourtunistes pour capter les voix des différentes sensibilités socialistes, "une vraie similitude de projets", "si vraie que Martine Aubry, souvent cataloguée plus à gauche, s'apprêtait à soutenir Dominique Strauss-Khan".

Et elle avait raison pour Urvoy, car la seule, la vraie question, c'est de savoir comme faire gagner la gauche, vous savez celle du "social de gauche" qui ne doit tout de même pas être trop socialiste pour faire gagner la gauche et le pays... Electeurs potentiels du Front de Gauche et de Europe Ecologie les Verts, réfléchissez à deux fois à vos responsabilités avant d'enclencher la machine à perdre en étant trop exigeants sur votre adhésion à des projets, en votant selon vos préférences: "pour l'opposition, y compris pour les écolologistes et pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, la question primordiale sera de choisir celui ou celle qui peut atteindre le second tour". Et bien sûr, cela, ce sera les sondages qui nous le diront à quelques semaines des présidentielles.

On est bien loin ici de la révolte des Indignés espagnols et grecs contre la dictature des marchés, le vérouillage du système politique par un bipartisme sans véritable alternative au néo-libéralisme qui détruit les solidarités collectives et dépossède le citoyen de sa souveraineté. Et bien non, monsieur Urvoy, la question que nous nous poserons avant de voter au premier tour, ce n'est pas "qui est le mieux placé pour arriver au second tour, battre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen?" mais "quel projet politique et quelle dynamique collective sont à même d'offrir des perspectives de débouché politique aux luttes sociales et aux volontés, qui percent partout dans une Europe de plus en plus brutalisée par les marchés et son oligarchie, d'une transformation d'un système capitaliste mondialisé et financiarisé qui plonge les sociétés et la nature dans des crises mortifères au court terme?".      

 

Ismaël Dupont.  

 

  

  

  

  

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 10:21

Le lundi 27 juin, j'entendais éberlué sur France Info vers 17h30 un spécialiste des maladies du coeur et de l'hyper-tension artérielle nous expliquer qu'en dépit d'une réduction de 50% en 25 ans des mortalités dûs à l'hyper-tension artérielle grâce à une meilleure prévention et prise en charge, le gouvernement avait décrété, contre toute évidence scientifique et médicale, mais en toute responsabilité gestionnaire et économique, qu'il ne fallait plus considérer l'hyper-tension artérielle comme une maladie mais comme un simple facteur de risque. Il est vrai que les victimes d'arrêt cardiaque ne coûteront plus grand chose à la Sécu, c'est aussi un critère à prendre en compte au moment des choix...

 

 En conséquence, tout à ses comptes d'apothicaire pour rétablir des équilibres financiers à l'assurance-maladie sans augmenter les cotisations sociales patronales ou salariales pour ne pas peser sur la compétitivité de l'économie, le gouvernement décide que les soins, consultations de spécialistes et l'achat des médicaments ne seront plus remboursés principalement par la Sécurité Sociale pour les nouveaux patients atteints de ces pathologies mais par les mutuelles, s'ils ont bien évidemment les moyens de se les payer, ce qui devient de plus en plus compliqué car les tarifs des mutuelles et des assurances-santé privées augmentent logiquement proportionnellement au déremboursement croissant des achats de médicaments, des consultations et des soins. 23% des Français renoncent actuellement à des soins pour raisons financières.

 

Mais n'est-ce pas une des motivations cachées de ces déremboursements justifiés explicitemment par les déficits des caisses de Sécurité Sociale, qui ne peuvent pas être comblées en rendant le coût du travail encore plus élevé qu'il ne l'est pour ne pas handicaper notre pays dans la mondialisation, que de donner des nouvelles parts de marché au secteur assurentiel privé lié souvent aux réseaux des cliniques, qui nourrit l'économie financière et spéculative partout dans le monde et dont Sarkozy (dont le frère aîné Guillaume, ne l'oublions pas, est le patron de Médéric) et son gouvernement sont des fondés de pouvoir? On aboutira bientôt si l'on continue sur cette pente à une sécurité sociale remboursant de moins en moins bien les soins des pauvres (qui n'effectueront plus du tout de consultations et d'analyses-diagnostics de prévention...) tandis que les français les plus aisés mettrons de plus en plus d'argent pour faire face à leurs dépenses de santé en recourant à l'assurance privée. Nous serons peut-être, si aucun sursaut républicain n'a lieu d'ici là, dans une décennie ou deux dans la situation des Etats-Unis où Medicaid, l'assurance maladie des pauvres, est en train de refuser de financer les greffes d'organe pour les plus défavorisés.

 

Rappelons que dans un rapport paru en 2000, l'Organisation mondiale de la santé avait placé le système de santé français au premier rang de ses 191 membres pour la qualité des soins dispensés. 10 ans plus tard, notre système de santé a regressé et est devenu plus inégalitaire sous l'effet d'une gouvernance néo-libérale agressive de la santé publique justifié par l'impératif de la réduction des dépenses publiques et du retour à l'équilibre des caisses de l'Etat et de l'assurance-maladie, comme si la préservation d'un système de santé performant n'avait pas un coût qu'une société riche devait par devoir de civilisation assumer par des moyens de solidarité.

 

Dans le Télérama du mercredi 23 mars, on pouvait lire un très intéressant dossier au titre particulièrement parlant « L'hôpital public, grand corps malade », qui commencait par une interview passionnante du diabétologue de la Pitié-Salpêtrière, le docteur André Grimaldi, auteur chez Fayard en 2009 de L'hôpital public malade de la rentabilité où le spécialiste aux premières loges pour constater la casse du service public de la santé par l'ultra-libéralisme du pouvoir nous en décrivait les moyens et les mécanismes.

Pour André Grimaldi, nous sommes entrés depuis une dizaine d'années dans l'ère de l' « hôpital entreprise » mais cette révolution culturelle qui vide de contenu et prive de moyens financiers le service public de la santé s'est accéléré avec l'arrivée au pouvoir de Sarkozy. Désormais, nous disait-il, « c'est le monde des assureurs et les grands gestionnaires de compagnies de cliniques privées (Médéric, Axa, la Générale de Santé, Korian...) qui ont l'oreille de l'Elysée. Ce secteur financier, industriel et commercial de la santé est un lobby très influent aux plus hauts sommets de l'Etat ».

  

En réduisant les moyens de fonctionnement de l'hôpital public, en le forçant à moins bien prendre en charge les patients (déficits de personnel, courtes hospitalisations quand elles ne sont pas rentables, perte de possibilité de prises en charge de proximité pour certaines pathologies avec la mutualisation des moyens et le regroupement entre différents hôpitaux qui éloigne le service public de santé du citoyen, départs vers le privé des médecins constatant qu'ils n'ont pas assez de moyens pour bien fonctionner, recrutement massif de personnels d'origine étrangère...etc), ce qui l'on vise, c'est autant le service des intérêts financiers que la réduction des dépenses publiques. En demandant à l'hôpital public de s'auto-financer à travers des tarifications à l'activité, on le met en déficit: il va donc supprimer de l'emploi, des activités.

« On dira, conclut André Grimaldi, que la clinique privée d'en face fait le travail et qu'elle est moins chère pour la Sécu ». Actuellement, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) qui regoupe 1200 établissements de santé privés en France prétend déjà que le privé coûte un tiers moins cher à la Sécurité Sociale que le public. Mais ces chiffres, nous dit André Grimaldi, sont absolument « frauduleux »: « ils ne prennent pas en compte les honoraires (ni bien sûr les dépassements d'honoraires) facturés par les médecins libéraux. Moins cher pour la Sécurité sociale, peut-être, mais trois fois plus cher pour le malade. Et puis les cliniques commerciales ont des tarifs souvent plus faibles parce qu'elles choisissent les pathologies les plus rentables. Qui assure les urgences 24h sur 24? L'hôpital public, bien sûr, car cela ne serait d'aucune rentabilité pour le secteur privé ou alors il ferait le tri, garderait les fractures et les appendicites et renverrait les polytraumatisés. Quand on pense que les cliniques privées font payer leurs chambres individuelles jusqu'à 150 euros par jours... ».

Les gouvernements de droite ont placé l'hôpital public dans une position paradoxale et impossible: d'un côté, on lui demande de s'auto-financer, de fonctionner comme une entreprise et donc de mettre le paquet sur les activités les plus rentables en délaissant des besoins médicaux et sociaux dont la satisfaction « coûte trop cher » (comme ces jeunes mères que l'on peut renvoyer maintenant de la maternité 3 jours après la naissance de leurs enfants, ou ces patients que l'on a pas les moyens d'accueillir en chambre individuelle et d'encadrer par des visites régulières d'infirmières et de docteurs); d'un l'autre côté, il est hors de question que les cliniques prennent en charge des soins et des patients « non rentables » et c'est donc à l'hôpital d'accomplir toujours comme il le peut, et souvent en rechignant car les directeurs d'hôpitaux ne sont plus nécessairement des médecins au service de la santé publique mais des managers qui gèrent leur entreprise comme des usines de petits pois en visant les gains de rentabilité, cette fonction d'offre de service public à fonds perdu là où les cliniques s'arrogent les activités les plus rentables (demandant le moins de matériel médical coûteux, de rapport soins/ temps d'hospitalisation). Ainsi, comme dans le cadre de l'offre d'éducation, l'Etat au service du monde de l'entreprise et de la finance, et non de l'égalité républicaine et de la solidarité des citoyens, encourage de plus en plus le partenariat et la « complémentarité » entre le public et le privé.

Voici ce que dit sur ce sujet André Grimaldi: « -Quel avenir voyez vous pour l'hôpital public? -On va lui réserver tout ce qui n'est pas rentable. A Paris et en Ile de France, il y a 37 hôpitaux. Dans un scénario noir, on peut imaginer n'avoir à terme que 4 ou 5 établissements publics de grand renom – des instituts de pointe à l'américaine-, tout le reste étant privatisé. On se dirige vers plus de partenariat public/ privé: M. Jean-Loup Durousset, le président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée (FHP) a osé proposer que s'installe une maternité privée à l'hôpital public de la Pitié-Salpêtrière, sa propre maternité... On devine la logique de ces partenariats public / privé. Quand tout va bien, c'est rentable: parfait pour le privé. Quand ça se complique et que le patient nécessite des soins spécialisés prolongés: on passe au public. Il y a aussi les partenariats public/ privé pour faire construire gratuitement un hôpital par une banque en échange d'un loyer mensuel. Pour l'immense hôpital Sud Francilien d'Evry Corbeil Essones qui vient d'être terminé, le loyer sera de 30 millions d'euros par an pendant 40 ans. Soit 1,2 milliard d'euros, au bout du compte. Près du double de ce qu'aurait coûté le recours au marché public! »

 

 Ce qui dégrade actuellement la qualité du service de santé rendu par l'hôpital public, c'est le sous-instissement de la nation pour garder un système de santé public de qualité et la logique d'alignement sur le fonctionnement de l'entreprise privée et de restructurations au nom de la rentalité que la loi Bachelot HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) de 2009. Un des outils de conversion brutale vers l'hôpital entreprise est la tarification à l'activité, la T2A dans le jargon des technocrates et des techniciens de la santé, mise en place un peu avant, en 2005, qui reforme le mode de financement des hôpitaux et les met en concurrence. Ce mode de financement, affirme André Grimaldi

« fait entrer l'hôpital public dans une logique purement gestionnaire. Ainsi, une consultation, pour être rentable, devrait durer 12 minutes! En effet, si vous calculez le ratio entre ce que l'assurance maladie rembourse à l'hôpital et le coût des médecins et des infirmiers, vous arrivez à 12 minutes. Une stupidité car tout dépend du patient et de la pathologie. Autre exemple: tous les services de cancérologie de France se sont mis à faire sortir les malades et à leur demander de revenir pour comptabiliser 2 séjours au lieu d'un, un premier pour faire un bilan et un second pour mettre en place le cathéter qui permettra de faire la chimiothérapie. L'assurance maladie paie ainsi deux fois l'hôpital ». Comme quoi les mécanismes libéraux de réduction des déficits publics ont des conséquences concrètes souvent très contre-productives... « Ainsi, poursuit André Grimaldi,  avec la tarification à l'activité; les médecins se retrouvent face à un dilemme: ils sont déchirés entre donner le juste soin pour le patient au moindre coût pour la Sécu ou défendre leur structure en augmentant les soins inutiles. Un vrai conflit éthique... La T2A est un moyen pour mettre pression sur les hôpitaux. Le pouvoir exige qu'ils reviennent à l'équilibre en 2012 – le déficit de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris en 2009 était de 96 millions d'euros, ce qui n'est tout de même pas énorme pour un budget de 6,4 milliards. Alors, on supprime du personnel, en commençant par les CDD, puis on ne remplace pas les gens qui partent en retraite... ».

   

Les regroupements administratifs d'hôpitaux, que l'on sait bientôt suivis de la suppression de services dans des hôpitaux locaux de proximité, puis de la suppression de ces hôpitaux tout court au nom de la sécurité des patients et de la modernisation nécessaire des équipements par la concentration ou la mutualisation des moyens, sont un autre outil pour faire des économies d'échelle dans les dépenses de santé publique en réduisant les postes et en éloignant le citoyen du service public de santé. Récemment, le sénateur socialiste de Lanmeur Jean-Luc Fichet et les syndicats de l'hôpital de Morlaix ont alerté l'opinion sur les risques que faisait peser sur la pérénnité et l'intégrité de l'hôpital de Morlaix qui emploie 2200 personnes la convention signée avec l'hôpital universitaire de Brest pour mutualiser les moyens et se reconcentrer sur des activités spécialisées complémentaires dans le cadre de la loi HPST (Hôpital Patients Santé Territoires). Dans le Ouest France du 4 juin, Agnès Le Brun, maire de Morlaix et, en tant que directrice départementale de l'UMP, propagandiste de la Réforme néo-libérale, et Richard Bréban, directeur du centre hospitalier de Morlaix, ont dénoncé une prise de position visant à alimenter « des fantasmes » irrationnels sur la fermeture d'activités, de postes, ou de l'hôpital lui-même, en se justifiant d'avoir pris les devants par rapport aux exigences en termes de concentration des moyens de l'Agence Régionale de Santé chargée de chapotée les plans d'économie dans la fonction publique hospitalière qui n'auraient pas manqué de surgir tôt ou tard... Là encore, on a eu droit aux pirouettes rhétoriques désinvoltes d'Agnès Le Brun (chez qui la communication maquille trop souvent la justification des renoncements à la politique volontariste au service de l'intérêt général) face à l'inquiétude légitime des citoyens et des salariés: « Au lieu de se serrer la ceinture, on va se serrer les coudes. Il est temps de fermer la boîte à fantasmes ». En même temps, le directeur de l'hôpital laisse entendre qu'il y aura probablement des suppressions d'emplois dans les services cuisine de l'hôpital de Morlaix et que les médecins exerceront à la fois sur les hôpitaux de Morlaix et de Brest.

 

Dans quelques années, si la droite ou une gauche libérale sont encore au pouvoir, on nous dira sans doute qu'il est trop coûteux pour la collectivité de payer leurs déplacements, comme les déplacements des patients, des fournitures et des matériels que l'on achemine sans cesse de services brestois en services morlaisiens, et l'on en concluera qu'il est plus raisonnable de fermer l'hôpital de Morlaix... On le voit, le passage de l'hôpital de Morlaix d'hôpital de référence à une position de vassalité par rapport au CHRU de Brest pourrait n'être qu'une étape vers des suppressions d'activités bien plus préjudiciables à l'emploi et à l'économie de la ville, comme aux besoins de santé des habitants de la région morlaisienne. Et Lanmeur, qui sait aussi son hôpital menacé, s'inquiète aussi de ces regroupements qui ne vont pas l'épargner longtemps.

 

A Landerneau, comme à Morlaix, la secrétaire de la section CFDT-Santé déclare dans le Ouest France de ce 29 juin 2011 que les personnels et les syndicats n'ont été aucunement consultés pour faire avancer le projet de concentration hospitalière avec le CHRU de Brest qui se traduit pour le coup par une perte d'autonomie de l'hôpital de Landerneau et des menaces sur la pérennité des services de maternité et de chirurgie.

 

Ces réorganisations de l'hôpital public font de plus en plus peur qu'elles interviennent dans un contexte où la tarification à l'activité et le sous-investissement de l'Etat, associés au vieillissement de la population, lui donnent de moins en moins de moyens pour bien fonctionner et creusent le déficit des structures hospitalières qui suppriment des postes en conséquence et exigent toujours plus de productivité de la part de leurs personnels. Ainsi, toujours dans le Ouest France de ce mardi 28 juin 2011, Sud finistère rappelle en page départementale que « pour la première fois depuis de nombreuses années, les comptes sont dans le rouge. Au centre hospitalier de Cornouaille, le déficit s'élève à 550000 euros et à Morlaix, il est 277000 euros ». Comment les délégués Sud expliquent ce creusement des déficits?: « On diminue les missions d'intérêt général des hôpitaux qui doivent accueillir tout le monde. Cela ne concerne pas les cliniques qui réorientent les cas les plus lourds vers le public. Par ailleurs, dans le cadre de la tarification à l'activité, la convergence des tarifs est également défavorable aux établissements publics. Bref, on diminue les ressources alors que les dépenses augmentent ». La manière que trouve les hôpitaux de redresser un peu la situation est de faire des économies sur le personnel, notamment en précarisant les statuts (600 contractuels sur 2500 salariés à Quimper, 300 sur 2000 agents à Morlaix), et en demandant toujours plus aux salariés ce qui crée des accidents de travail, des arrêts de travail liés au stress et à la sur-activité, et surtout une prise en charge moins sereine et plus précipitée des patients par des personnels qui ont certainement le sentiment d'être fustrés de la possibilité d'un travail bien fait par le rouleau compresseur libéral qui transforme l'hôpital public.

 

Les cris d'alerte des salariés de l'hôpital public existent bien, même si elles ne trouvent pour l'instant aucune oreille attentive du côté du pouvoir. Le personnel infirmier du service de ranimation du CHRU de la Cavale Blanche s'est mis en grève pour protester contre leurs mauvaises conditions de travail et les dangers du manque d'effectifs affectés au service (il y a actuellement 1 infirmier pour 5 patients alors qu'il en faudrait deux pour 5 patients et 1 aide soignant pour 4 patients pour respecter la loi de 2002 sur la sécurité des patients à l'hôpital). Vendredi dernier, le 24 juin 2011, L'Humanité consacrait toute une page à montrer l'énorme malaise que révélait la démission du chef de service neurovasculaire de l'hôpital marseillais de la Timone, le professeur Nicoli, pour dénoncer le manque d'effectifs et de moyens, ainsi que la vestuteté des équipements dans les services de son hôpital qui empêche les soignants de faire leur travail correctement.

 

Le Front de Gauche, s'il arrivait au pouvoir ou était en mesure d'exiger une vraie politique de gauche au gouvernement issu des urnes en 2012, s'engage solennellement à mettre en oeuvre les propositions du Programme populaire et partagé que nous aurons à enrichir collectivement tout au long de l'année 2012:

  • Pour tout de suite: à mettre fin aux fermetures et aux démentèlements d'hôpitaux, de maternité, de centres de soin et d'IVG pour ne pas contredire l'impératif d'une proximité des soins même s'il faut mettre en réseaux les hôpitaux pour développer la prise en charge technique nécessaire et réduire les temps d'attente dangereux avant consultation ou opération. Le maillage du territoire national devra être assuré pour la réponse aux besoins de santé et non pas en fonction de logiques comptables. A abroger la loi Bachelot et la loi de 2003 instituant la tarification à l'activité. A investissir massivement pour redonner à l'hôpital public les moyens nécessaires à une politique de santé de qualité. Nous supprimerons aussi les ARS (Agences Régionales de Santé), qui ne visent qu'à restructurer les hôpitaux et leurs imposer des normes de performance indexées au critère de rentabilité.

  • A rétablir le remboursement intégral à 100% des dépenses de santé couvertes par la Sécurité Sociale en y incluant les lunettes et les soins dentaires, en supprimant les forfaits et les franchises, et en finançant la protection sociale à partir d'une cotisation à taux plus important sur les salaires et d'une contribution des revenus financiers des entreprises, des banques et des assurances.

  • A faire face à la pénurie de médecins français et aux déserts médicaux ruraux par une augmentation significative du nombre d'étudiants à leur entrée en étude de médecine et une suppression à terme du numerus clausus, à créer de véritables incitations à l'installation en zone rurales ou urbaines délaissées par les professionnels de santé tandis qu'il faudra parallèlement trouver des moyens de lutter contre les dépassements d'honoraire. Pour lutter contre la pénurie du personnel, nous lancerons un programme de formation de toutes les disciplines de la santé, libéré de l'influence des laboratoires pharmaceutiques.

  • Les réponses pour compenser le manque d'autonomie seront prises en charge par la sécurité sociale à 100% pour la partie « soins » et par le développement des services publics.

  • Nous libérerons la recherche pharmaceutique de la soumission aux marchés et aux laboratoires en mettant en place un pôle poublic du médicament avec au moins une entreprise publique qui interviendra sur la recherche, la production et la distribution des médicaments. Elle contrôlera le système de sécurité de tous les médicaments, leur mise sur le marché et leur prix et produira une partie d'entre eux. Elle sera doté de pouvoirs de sanction à l'égard des laboratoires qui manqueraient à leur devoir de sécurité sanitaire et elle relancera la recherche publique pour mettre au point des médicaments dits non rentables répondant à des besoins sociaux véritables, notamment pour ce qui est des soins des maladies dont sont victimes plus que les autres les peuples des pays du Sud.

  • Nous redonnerons à la santé publique et à la prévention les moyens qui leur font défaut.

Ismaël Dupont 

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 06:48

 

Morlaix a été le théâtre à la Libération d'un moment honteux de l'injustice faite aux tirailleurs sénégalais, prisonniers de guerre en France pendant cinq ans ou anciens combattants de la France libre dont on ne voulait plus sous les drapeaux. Dans un livre publié cet année chez L'Harmattan, Retour tragique des troupes coloniales (Morlaix-Dakar, 1944), petit essai enrichi par des documents tels que d'émouvantes photos et correspondances privées entre tirailleurs sénagalais et morlaisiens, la journaliste Anne Cousin rapporte et contextualise ces évènements qui révèlent tout à la fois la solidarité de beaucoup de familles françaises avec ces combattants africains démunis et parqués comme des animaux dormant sur la paille exposés au courant d'air dans la Corderie de la Madeleine et le manque de considération déshonorant dont ils ont été victime de la part de l'Etat français.

 

Ils étaient soudanais, gabonais, maliens, ivoiriens, sénégalais: on les avait recrutés avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale dans les rangs des tirailleurs sénégalais avec des méthodes alternant entre la promesse de gloire et d'une promotion sociale et l'enrôlement de force. 149 000 « Sénégalais » étaient mobilisés en métropole en 1940, dont 40000 engagés dans les combats en métropole. Ce sont ces soldats africains qui vont payer le plus lourd tribut de sang dans les combats extrêmement violents de l'été 1940 17000 (et 38%) d'entre eux environ vont mourir pour défendre le territoire français parce que l'état major les place en première ligne pour accomplir les missions les plus dangereuses ou les plus désespérées, parce que l 'armée allemande les considère comme appartenant à une race inférieure et n'a aucune pitié, aucun ménagement pour eux quand ils sont vaincus. « L'armée nazie traque fréquemment les hommes de couleur, rappelle Anne Cousin, comme à Chasselay dans le Rhône où le 25e régiment de tirailleurs sénégalais qui défendait Lyon sera anéanti, 180 d'entre eux seront écrasés par les chenilles des chars allemands ou froidement exécutés ».

 

Les prisonniers africains et coloniaux de l'armée française ne seront pas envoyés en Allemagne dans les stalags avec les autres prisonniers de guerre français. L'Allemagne nazie craint la « contamination raciale ». Ces 15000 tirailleurs sénégalais prisonniers, ajoutés 54000 Malgaches, Nord-Africains, Indochinois, Martiniquais, vont être dirigés au printemps 1941 vers 22 camps de rétention spécialement destinés aux hommes de couleur en zone nord, nommés frontstalags. « La majorité d'entre eux, écrit Anne Cousin, sont employés dans les usines, en agriculture, sur les routes et les chantiers de l'organisation Todt... Ils vivent dans des conditions très précaires, manquant souvent de nourriture, reclus dans des baraquements sans chauffage ». Comble d'ignominie, comme l'Allemagne à partir de 1943 a besoin de combattants, la surveillance des frontstalags se fera par l'armée pétainiste. L'armée coloniale française gardée comme des bêtes de somme par l'armée française...

 

Mais la France gaulliste n'est pas en reste d'ingratitude vis à vis de ses soldats coloniaux. Jugez plutôt. L'armée de de Lattre de Tassigny qui s'illustre en Italie, en Corse, dans le débarquement de Provence en août 1944 est composée en grande majorité d'Africains qui seront accueillis triomphalement par les populations du sud de la France. Les troupes d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire vont ensuite être engagées dans des combats très meurtriers dans les Vosges et en Alsace, dont témoigne le récent film Indigènes de Rachid Boucharef. « Mais, écrit Anne Cousin, à la veille de fouler le sol allemand, les troupes indigènes vont être rapatriées en octobre 1944 vers le sud de la France car l'armée de la France libre organise une opération de blanchiment, ce qui est parfois frustrant pour ces contingents noirs qui se sentent si près du but et laissés pour compte ». Ils sont remplacés par de 50000 jeunes recrues de la FFI (Forces françaises de l'Intérieur), d'anciens résistants, souvent jeunes et réfractaires du STO, qui s'engagent ensuite dans l'armée régulière pour abattre l'Allemagne. Au total, ce sont 20000 Africains qui sont retirés des unités de combat et regroupés dans le midi de la France en attente de rapatriement. « Cependant, rappelle Anne Cousin, par manque de transports maritimes disponibles, les combattants coloniaux vont attendre, vivant dans des conditions matérielles déplorables, car beaucoup d'entre eux n'ont rien perçu. Dans les régions, des familles françaises et marraines de guerre vont permettre à ces soldats malades et démunis, de survivre ».

 

 

Morlaix est libéré le 8 août par des troupes américaines motorisées et des groupes de résistants. Il faudra attendre mai 1945 pour voir le retour des 23 survivants des camps de concentration nazis raflés avec 37 autres otages en représailles de l'attentat commis contre le Foyer des soldats allemands le soir du 24 décembre 1943. En octobre 1944, le retour en Afrique des prisonniers coloniaux qui ont quitté leurs frontstalags et leurs camps de transit s'organise. Le port de Morlaix est choisi pour acheminer 2000 hommes vers Dakar pour un départ prévu le 4 novembre 1944. 2000 tirailleurs sénégalais arrivent donc à partir du 26 octobre à Morlaix, venus de La Flèche, Versailles, Rennes, Coetquidan, Cholet.

 

On a prévu de les loger dans un cantonnement rue de Callac et dans la corderie de la Madeleine, au-dessus du cimetière Saint Charles et de la place Saint Nicolas. Les autorités militaires ont formellement défendu aux familles françaises d'héberger les troupes, mais « cette consigne ne sera pas respectée car les Morlaisiens vont vite constater que certains d'entre eux sont mal nourris et malades. Des familles vont leur donner alimentation et médicaments, prêter leurs cuisines, les héberger, les accueillir chaleureusement » ( Retour tragique des troupes coloniales, p. 39). Les Africains mangent souvent la soupe le soir dans les familles, ils jouent avec les enfants, sont soignés et on leur permet même souvent de se reposer au chaud sur des vrais matelas dans les maisons du quartier populaire de la Madeleine. Certains d'entre eux fraternisent avec la population morlaisienne et correspondront avec des familles pendant des semaines, mais beaucoup aussi sont excédés par les épreuves endurées pendant leur captivité sous surveillance française et l'ingratitude de la France. Surtout, ils craignent de se faire rouler comme les soldats africains de la première guerre mondiale, revenus au pays après tant de sacrifices sans soldes ni pensions d'anciens combattants.

 

Avant le départ prévu le 4 novembre, les tensions et les inquiétudes s'exacerbent parmi les tirailleurs sénégalais et des incidents éclatent. Ce qui allume la mèche est le constat d'une inégalité de traitement entre les anciens prisonniers venant de Versailles, qui ont reçu des rappels de solde de 7000 anciens francs (soit 10,67€) alors que les soldats africains d'autres centres de regroupement ont perçu seulement 2200 francs, soit 3,05€. Le 28 octobre, un capitaine venu du Mans à Morlaix pour régler le rappel de solde est séquestré quelques instants par les sénégalais et doit se justifier sur ces déséquilibres constatés. Il peine à convaincre que ceux qui ont reçu moins de rappels de soldes seront payés à leur arrivée à Dakar. Finalement, à l'aube du 5 novembre, 300 hommes refusent d'embarquer sur le Circassia, le navire appartenant à la marine britannique qui doit les ramener à Dakar.

 

Pendant 6 jours, ils sont cantonnés dans la Corderie de la Madeleine jusqu'à ce que 100 gendarmes surarmés les réveillent brutalement à 6heures du matin le 11 novembre, les obligeant à sortir dans le froid, puis à revenir dans le bâtiment pour fouiller leurs bagages dans le noir, avant de les obliger d'acheminer tous leurs bagages à pied jusqu'à la gare de Morlaix, distante de 1,5km. Les Sénégalais se révoltent contre ce traitement brutal qui revient à les traiter comme des criminels et des coups de poings, des coups de crosse et des coups de feu sont échangés, faisant 8 blessés sérieux, dont un gendarme. Dans l'édition du 18 au 25 novembre de l'hebdomadaire de tendance républicaine socialiste avec des sympathies communistes qui reparaît localement, L'Aurore, on s'émeut et s'indigne de la brutalité de l'armée vis à vis de ses Africains qui l'ont servi avec loyauté et qui ont tant sacrifié pour elle:

 

P. 49 de Retour tragique des troupes coloniales. Le journal L'aurore titre: « 11 novembre sanglant à Morlaix: cent gendarmes tirent sur des Sénégalais désarmés (…). Deux mille Sénégalais récemment délivrés de camps de concentration et groupés à Morlaix attendaient depuis quelques jours leur départ pour l'Afrique. Après plus de quatre ans de captivité, leur arriéré de solde était très important, aussi en attendaient-ils le paiement avec fébrilité. La plupart furent réglés sauf 325 d'entre eux, cantonnés (baugés conviendrait mieux) au quartier de la Madeleine. Le jour du départ arriva et ces 325 infortunés refusèrent d'embarquer avant d'avoir été alignés en solde, disant qu'ils ne voulaient pas être dupes comme leurs pères, qui en 1918 après avoir versé généreusement leur sang pour la France, étaient rentrés au pays sans solde, que depuis ils attendent toujours. Nos braves bamboulas restent inflexibles et inséparables dans leur résolution et le bateau partit sans eux. (…). Vendredi, l'arrivée insolite d'un fort contingent de gendarmes harnachés et armés en vrais guerriers excita quelque peu la curiosité populaire. (…). Vers cinq heures du matin, l'attaque commença. Des gendarmes pénétrant dans la bauge-dortoir intiment à tout le monde de sortir illico en joignant le geste à la parole empoignant les hommes en caleçon ou à demi vêtus pour les faire sortir de force. Ce réveil surprise ne fût pas du goût des Sénégalais qui, les premiers moments de stupeur passés, comprirent le genre de brimades et de provocations dont ils étaient l'objet. (…) Tout à coup dans la nuit claqua un coup de feu. Ce fut le commencement du drame: qui avait tiré? D'après la version officielle ce serait un Sénégalais? Mais nous nous refusons d'y croire, car ils étaient venus désarmés de leurs camps et ils ne possédaient que quelques baïonnettes-souvenirs dont ils n'avaient pas fait usage. (…) Ce fut la fusillade générale... Entre temps les maisons du voisinage furent assiégées par les gendarmes pour en faire sortir les Sénégalais que les habitants hébergent par charité (…). Triste aube du 11 novembre, disent les habitants de ce paisible et populaire quartier qui furent réveillés par le vacarme. »

 

Dans le rapport du commandant de la gendarmerie du Finistère sur les incidents du 11 novembre, il est bien précisé que « les conditions matérielles d'installation des Sénégalais dans une baraque de plus de cent mètres de long, ouverte à tous les vents, un parquet recouvert seulement d'une mince couche de paille étaient vraiment inadmissibles et ont pu entraîner l'explosion spontanée d'une irascibilité collective latente au moment de l'intervention des gendarmes ». Le commandant de gendarmerie dénonce aussi le racisme décomplexé du colonel Mayer, chef d'état major de la région, qui au téléphone, le 11 novembre à 13h, a tancé le capitaine de gendarmerie Wahart en ces termes: « Il ne s'agit pas de parlementer avec les Sénégalais- Ne pas hésiter à employer la force si nécessaire. Si les Sénégalais ne sont pas rendus à destination dans la soirée, le capitaine et le lieutenant de gendarmerie seront arrêtés pour refus d'obéissance et traduits devant un tribunal militaire ».

 

Les 300 tirailleurs sénégalais indignés ayant refusé leur embarquement vont donc parvenir au camp de Trévé près de Loudeac dans les Côtes d'Armor (Côtes du Nord à l'époque) le 11 novembre 1944, et ils vont rester encore en rétention jusqu'au 18 janvier 1945, avant d'être transférés à Guingamp.

 

Pendant ce temps, leurs compagnons tirailleurs sénégalais sont embarqués pour Dakar et un climat d'agitation règne sur le bateau, puisqu'à chaque escale – Plymouth, Cardiff, Casablanca- les soldats demandent à ce qu'on leur paye leurs arriérés de soldes, tandis qu'on leur répond invariabalement qu'il n'y a pas assez de liquidités sur le moment dans les caisses et que leur réglera ce qu'on leur doit un peu plus tard. A Casablanca, pour calmer un peu le climat, on oblige 400 tirailleurs à débarquer.

 

Le massacre de Thiaroye

 

Quand le Circassia arrive à Dakar le 21 novembre, les 1200 ex-prisonniers sont directement transférés au camp de transit de Thiaroye, ville proche de la capitale sénégalaise, avant de pouvoir regagner leurs pays d'origine. Là-bas, les tirailleurs sont très inquiets, craignant qu'on les disperse avant de leur verser leur dû, auquel ils devraient finalement renconcer, roulés dans la farine par une armée menteuse et manipulatrice comme la génération passée en 1918. A l'arrivée des tirailleurs à Thiaroye, le gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française envoie un télégramme au ministère des colonies à Paris disant qu'il y a urgence à satisfaire les légitimes réclamations des soldats démobilisés en disant sinon qu' « il n'est pas impossible que incidents graves se produisent malgrés précautions prises... ».

 

C'est pourtant ce qui arrive. Ne voyant pas venir leur solde alors qu'on leur demande maintenant de reprendre le train en partance pour Bamako au Mali, 500 tirailleurs refusent de prendre le train et retiennent le général Dagnan, commandant la division Sénégal-Mauritanie pendant une heure dans sa voiture. « Le général, raconte Anne Cousin, les informe qu'il va en référer aux autorités supérieures afin de régler les problèmes exposés. Fort de ces nouvelles promesses, on le laisse partir. Mais le général Dagnan considérant qu'il a été pris en otage et qu'un climat de rébellion existe dans le camp de Thiaroye, va demander au commandant supérieur de Boisboissel son accord pour faire « une démonstration de force » à l'égard de ces ex-prisonniers indisciplinés ».

 

Au petit matin, ajoute l'auteur, « plusieurs bataillons de régiment d'artillerie coloniale, pelotons de gendarmerie, et tirailleurs sénégalais du bataillon Saint Louis, ouvrent le feu sur leurs camarades qui sortent hébétés des baraquements. C'est avec un char M3, deux half-tracks, trois automitrailleuses que l'assaut est donné. Les rapports officiels font état de 24 morts et onze blessés qui ne survivront pas aux blessures, ce qui porte à 35 le nombre de tués et à 34 le nombre de blessés, 48 mutins seront arrêtés et présentés devant un tribunal militaire » (p.69). L'ancien président des anciens combattants et prisonniers de guerre du Sénégal, Doudou Diallo rapporte que ce massacre contre des hommes désarmés a eu lieu après un dernier ultimatum effectué quand ils sont sortis de leurs baraquements (« Embarquez dans les wagons où nous tirons »), mais les tirailleurs avaient appris à n'avoir plus peur des blancs ni de la mort, à placer la dignité au-dessus de tout, et ces ingrédients, ajoutés au cynisme et à la barbarie de l'armée française et de l'Etat colonial, rendaient inéluctables la décolonisation. Après la fusillade, Doudou Diallo raconte qu' « un commandant a voulu obliger un blessé à marcher à pied jusqu'à l'hôpital. L'homme a refusé: « Même l'ennemi nous ferait transporter » ». Devant le train, un autre tirailleur qui refusait d'embarquer a été abattu froidement...

 

Cette ignominie a été parachevée, au tribunal militaire permanent de Dakar, par une parodie de procès pour mutinerie en mars 1945 de 45 tirailleurs survivants dont on rendait responsable « leur contamination par la propagande allemande » (sachant que plusieurs d'entre eux, dont Doudou Diallo, s'étaient engagés dans la Résistance FFI) : 34 ont été condamnés, certains à des peines allant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.

 

Une loi du 16 avril 1946 adoptée grâce à la pression exercée par le député Léopold Sedar Senghor sur Vincent Auriol, permit d'amnistier et de libérer les condamnés mais les anciens combattants condamnés ne recevront jamais d'indemnités ni de réhabilitation. A l'indépendance des anciens Etats colonisés, les pensions d'anciens combattants seront gelées. En 2000, la retraite du combattant selon le GISTI (groupe d'information et de soutien des immigrés) s'élevait à 430 € pour un Français, 175€ pour un Centrafricain, 85€ pour un Malien, 57€ pour un Algérien, 16€ pour un Cambodgien ». C'est à Chirac que l'on doit d'avoir si tardivement, alors qu'il ne reste que très peu d'anciens combattants survivants, rétabli cette injustice en revalorisant les pensions des anciens soldats des colonies et en reconnaissant, par l'intermédiaire de Pierre André Wiltzer, ancien ministre délégué à la coopération, la tâche pour la République Française qu'a constitué la tuerie de Thiaroye.

 

Compte-rendu du beau livre d'Anne Cousin dont on ne saurait trop recommander l'achat (11 €) et la lecture réalisé par Ismaël Dupont.

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  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
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