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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 15:31
Jaurès dans son grand meeting pour la paix au pré Saint Gervais en 1913

Jaurès dans son grand meeting pour la paix au pré Saint Gervais en 1913

Clemenceau, Jaurès, la CGT et… Valls !

Jean-Paul Scot Historien et auteur de Jaurès et le réformisme révolutionnaire (Seuil)

Manuel Valls avouait en 2008 dans Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche : « J’ai mis du temps à admettre que j’aurais plus facilement applaudi le Tigre que le fondateur de l’Humanité. Maintenant, j’assume. » À Jaurès, il préfère toujours Clemenceau qui avait refusé de « se laisser abuser par l’idéologie binaire de la lutte des classes ». D’abord un rappel.

1er mai 1906 : la CGT lance la grève générale pour les 3x8 ; les travailleurs sont appelés à arrêter le travail au bout de huit heures. Depuis la catastrophe de Courrières où 1 100 mineurs ont péri en mars, le climat social est très lourd. Clemenceau, le ministre de l’Intérieur, a décrété l’état de siège, fait arrêter des militants CGT et envoyé l’armée pour briser la grève générale reconduite par référendum des mineurs du Nord-Pas-de-Calais. Depuis avril, la grande presse agite le spectre du Grand Soir, des bourgeois fuient Paris, des capitaux passent à l’étranger. Clemenceau prétexte un complot syndical et fait arrêter la direction de la CGT. Pourtant, 200 000 grévistes manifestent à Paris et plus encore en province : les chasseurs à cheval chargent place de la République, des centaines de travailleurs sont blessés et arrêtés. Mais des grèves se poursuivent dans de grandes usines.

Lors d’une fameuse joute oratoire à la Chambre des députés du 12 au 19 juin, Clemenceau, devenu président du Conseil, se flatte d’avoir sauvé l’« ordre républicain » et la « liberté du travail ». Il dénonce les syndicalistes « qui agissent contre la classe ouvrière », reproche aux socialistes de ne pas soutenir son programme de « réformation sociale ». Ce à quoi Jaurès réplique qu’« il s’agit de savoir quel sens précis nous mettons sous ces mots » de réformes. Le tribun socialiste met en cause « la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes ». Il démonte la rhétorique officielle sur la violence ouvrière « visible », accuse la « violence cachée » du patronat et démasque le « maintien de l’ordre public » en faveur des « classes dirigeantes ».

Désormais, pour Jaurès, le programme républicain des radicaux est « achevé » car « c’est la question économique, c’est la question sociale, c’est la question de la propriété qui apparaît au premier plan ». Certes, Jaurès critique fermement les tactiques de l’« action directe » et de la « grève générale » d’une CGT dirigée alors par des anarcho-syndicalistes, mais, affirme-t-il, une « nouvelle époque » s’ouvre, celle de « l’unité d’action du socialisme et du mouvement ouvrier » dans le respect de leur autonomie. Quant à Clemenceau, il continuera à briser, par la répression et la manipulation policière, les grèves des ouvriers du bâtiment et les manifestations des vignerons du Midi en 1907. Fier d’être « briseur des grèves », il interdira encore de manifester le 1er mai 1910 à Paris, bien que la CGT se soit engagée à assurer « l’ordre légal » par un rassemblement pacifique au Champ-de-Mars.

Un peu de réflexion maintenant. L’histoire ne se répète certes pas, mais elle nous laisse des héritages et des… dettes. C’est à ­Clemenceau que nous devons ce culte obsessionnel de l’« ordre public »… ainsi que le sinistre traité de Versailles, ferment de tous les nationalismes et fauteur de la Deuxième Guerre mondiale. Jaurès, lui, nous a légué son amour de la paix et de l’internationalisme, ainsi qu’une conception révolutionnaire de la démocratie sociale bien oubliée aujourd’hui. Le Parti socialiste devait « compléter la démocratie politique par la démocratie sociale ». La « souveraineté du peuple » exprimée par la proportionnelle intégrale devait être complétée par la « souveraineté du travail ». Les élus des travailleurs devaient assumer « une part de responsabilité, de contrôle, de direction » en participant aux conseils d’administration de toutes les entreprises, privées, coopératives et publiques, avec autant de pouvoir que les actionnaires. L’orientation de l’économie nationale devait être confiée à un Conseil démocratique du travail élu par tous les travailleurs et remplaçant le Sénat « bourgeois et réactionnaire ». Mais les socialistes ont occulté dès 1920 la stratégie jaurésienne de l’« évolution révolutionnaire ». Et les communistes ont longtemps oublié la conception de Jaurès d’un socialisme démocratique sans dictature du prolétariat.

Nous avons oublié également son analyse des contradictions inhérentes au réformisme qui « affirme et nie tout à la fois le régime capitaliste ». Sans trop simplifier l’histoire, nous pouvons dire que nous avons hérité de la CGT et du PCF les conquêtes sociales du Front populaire et de la Libération, les luttes contre les guerres coloniales, la défense du modèle social français et la résistance face au capitalisme mondialisé. Et nous devons aux dirigeants socialistes, à Léon Blum la non-intervention en Espagne et la guerre ­d’Indochine, à Guy Mollet, l’enlisement dans celle d’Algérie, à ­François Mitterrand la non-application du programme de la gauche unie et le oui à l’Europe de Maastricht, à François Hollande… On ne peut pas servir à la fois deux maîtres, le capital et le travail, quand la démocratie dépend fondamentalement du rapport des forces entre les classes sociales.

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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 05:55
Hébron

Hébron

Palestine : l’archéologie au secours de la mémoire

Une équipe française d’archéologie révèle les vestiges oubliés de la Palestine et sensibilise les Palestiniens à leur histoire.

Nicolas Ropert, France Inter, mercredi 22 juin 2016

>>Ecouter l’émission

Nous sommes en Palestine et vous venez d’entendre Bertrand Riba, un archéologue français qui travaille pour l’Institut Français du Proche-Orient. Il dirige une équipe de quatre Français et de neuf Palestiniens qui fouillent dans la région d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Les vestiges, vieux de 15 siècles, se trouveraient à l’endroit décrit dans la Bible où Saint Jean-Baptiste a réalisé ses premiers baptêmes. Mais travailler dans les territoires palestiniens occupés par Israël est un combat de tous les jours. Le correspondant de France Inter et RFI en Cisjordanie, Nicolas Ropert leur a rendu visite.

En contre-bas du village palestinien de Taffouh, l’équipe retourne délicatement la terre avec des pioches et des truelles. Sandrine Bert Geith, archéologue franco-suisse, montre un petit morceau trouvé dans le sol.

Le site n’a pas été fouillé depuis la fin des années 1940. Il est plutôt bien conservé mais l’occupation israélienne complique le travail des archéologues, confie Bertrand Riba.

Malgré tout, ces fouilles menées conjointement avec le ministère palestinien du tourisme et des antiquités permettent de sensibiliser les palestiniens à leur histoire. Étudiant en marketing, Basheer Fisal Khamasy, n’avait jamais participé à une telle expédition.

C’est la première fois que je fais ce travail. Ça me plait beaucoup. On fait du beau boulot et ce n’est pas très difficile. La Palestine a beaucoup de vestiges comme ceux-là parce que c’est une région chargée d’histoire. Donc il faut en prendre soin. Les palestiniens l’ont compris ici.

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 05:45
Les sommets de 120 ans de haine anti-CGT par Michel Pigenet (Humanité Dimanche, 16 juin 2016)
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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 05:40
Photogramme tiré du film "Grèves d'occupations" réalisé par le collectif Ciné Liberté en 1936 (Ciné Archives - fonds audiovisuel du PCF, carte cadeau avec le coffret DVD "La vie est à nous" sur les films du Front Populaire)

Photogramme tiré du film "Grèves d'occupations" réalisé par le collectif Ciné Liberté en 1936 (Ciné Archives - fonds audiovisuel du PCF, carte cadeau avec le coffret DVD "La vie est à nous" sur les films du Front Populaire)

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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:34

Histoires d'images, images d'Histoire réalisé en 2014 par Moïra Chappedelaine-Vautier (54 mn)

http://www.tebeo.bzh/replay/354-histoires-dimages-images-dhistoires/8880334

En 1950, en pleine reconstruction, les ouvriers de Brest se mettent en grève. Elle durera plus d’un mois et sera sanglante. Edouard Mazé, ouvrier brestois de 26 ans laissera la vie lors de la manifestation du 17 avril, des dizaines de ses camarades seront blessés et l’un d’eux Pierre Cauzien sera amputé cinq jours plus tard.

La ville est en état de siège. René Vautier, jeune cinéaste de 20 ans, se rend clandestinement à Brest, à l’appel de la CGT, pour tourner un film sur les raisons de la colère. La trace de ces événements est aujourd’hui ténue et portée par des témoins dont la parole s’éteint petit à petit. Ce film se propose de retrouver les traces de ces évènements, recueillir la parole des témoins, fouiller leurs archives personnelles, exhumer les photogrammes oubliés, ouvrir les dossiers officiels jusqu’alors protégés, fouiller au fond des mémoires individuelles pour comprendre. En 1950, un homme est mort… Mais qui s’en souvient encore ?

René Vautier sur la mort d'Edouard Mazé, tué par les forces de l'ordre établi en 1950: un documentaire de Tébéo raconte le contexte de ce conflit social à Brest
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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 06:56
Jean-Yves Eveillard présentera son dernier livre "Les Voies romaines" (éditions Skol Vreizh) à Carhaix vendredi 24 juin salle des Halles à 18h30

Accompagnés de Paolig Combot, président de l'association Ar Falz, et de Jean-René Le Quéau, directeur des éditions Skol Vreizh, Jean-Yves Eveillard, historien, maître de conférence à l'UBO, fera une présentation public de son livres sur "Les voies romaines" en Bretagne le vendredi 24 juin à 18h30.

Ce livre sorti au printemps 2016, magnifiquement documenté et illustré comme à l'accoutumé chez Skol Vreizh, fait le point sur l'état actuel des connaissances sur les voies romaines en Bretagne: légendes médiévales, et redécouverte progressive dans les siècles et les décennies passées, documents antiques (textes, bornes) permettant de les attester, cartes contemporaines des principales voies romaines de Bretagne, vestiges retrouvés à proximité des voies, structure des chaussées et de la voirie d'époque gallo-romaine.

Dans ce livre, un éclairage est fait en particulier sur Vorgium (Carhaix), la principale ville d'Armorique, capitale des Osismes située près des mines d'argent de Huelgoat et Poullaouen, véritable nœud routier dont les ports se trouvaient au Yaudet en Ploulec'h et à Plestin-les-Grèves. Il est possible que l'empereur romain Septime Sévère dans les années 185 à 189 de notre ère ait visité l'Armorique et circulé sur la voie entre Corseul, la capitale des Coriosolites (Côtes d'Armor) et Vorgium, la capitale des Osismes. C'est un des scoops du livre, à recommander absolument à tous les férus d'archéologie et d'histoire, d'histoire régionale et d'histoire antique.

***

Sur les traces des voies romaines en Bretagne !


Depuis des siècles, les voies romaines sont sujet d’étonnement et de curiosité. On cherche à savoir par où elles passaient, comment elles se présentent aujourd’hui, comment on peut les retrouver, quelle était leur largeur, comment elles ont été construites et dans quel but, ce qu’on trouvait sur leur passage, etc.

Les recherches accumulées, ces dernières années grâce à des méthodes renouvelées (photographie aérienne, décapages de chaussées…), permettent de présenter aujourd’hui une synthèse à jour sur ces voies romaines de la Bretagne, Loire-Atlantique incluse.


Depuis son mémoire de maîtrise en 1965, puis sa thèse sur la voie Rennes-Carhaix présentée en 1972, Jean-Yves Éveillard n’a cessé de s’intéresser à ce sujet, en se tenant au courant des découvertes des archéologues, en multipliant les déplacements sur le terrain, en écrivant de nombreux articles, en encourageant des chercheurs amateurs passionnés avec lesquels il est constamment en contact.

C’est donc avec un grand plaisir qu’il fait partager cette somme de connaissances dans un livre qui aborde tous les aspects : l’historiographie des voies bretonnes, les documents antiques (bornes milliaires, Table de Peutinger), les méthodes de la recherche, les tracés, la structure des chaussées, y compris dans les villes, le franchissement des cours d’eau et enfin, la vie de la route.

Format : 21 X 24 cm, 112 pages, impression quadri, papier couché, couverture cartonnée - 25 euros

Jean-Yves Eveillard présentera son dernier livre "Les Voies romaines" (éditions Skol Vreizh) à Carhaix vendredi 24 juin salle des Halles à 18h30
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17 juin 2016 5 17 /06 /juin /2016 06:33
1986, la fin de l'autorisation administrative de licenciement (Stephane Sirot, L'Humanité - 10 juin 2016)

1986, la fin de l’autorisation administrative de licenciement

HISTORIEN STÉPHANE SIROT

VENDREDI, 10 JUIN, 2016

L'HUMANITÉ

Cette année, la droite française, de retour aux affaires, s’empresse de faire plaisir au CNPF : pour « créer des emplois », elle supprime l’autorisation administrative de licenciement. Trente ans plus tard, on attend toujours ses effets bénéfiques. Le projet de loi travail reprend cette antienne.

Le 3 juillet 1986, l’autorisation administrative de licenciement est supprimée par la loi. Désormais, la réalité du motif économique invoquée par l’employeur ne sera plus contrôlée par l’inspection du travail.

Ce texte s’inscrit dans un contexte défavorable à la gauche politique et syndicale, sur fond de montée en puissance des idées dites néolibérales. Aux États-Unis, Ronald Reagan accomplit son second mandat, tandis qu’en Angleterre Margaret Thatcher est au pouvoir. En France, le premier septennat de François Mitterrand est ponctué par une cohabitation qui suit le succès de la droite aux législatives de mars 1986 : Jacques Chirac dirige un gouvernement qui privatise à l’envi et prête une oreille attentive aux revendications du CNPF d’Yvon Gattaz. Parmi celles-ci figure la fin de l’autorisation administrative préalable au licenciement économique, introduite par la loi du 3 janvier 1975. La rhétorique selon laquelle les protections des uns créent le chômage ou la précarité des autres et que l’insuffisante flexibilité du marché du travail décourage l’embauche, de nos jours si familière, est déjà à l’œuvre.

Pour convaincre, le CNPF use d’une « expertise » commandée à un bureau d’études qui lui est proche, soutenant que 370 000 emplois seraient créés en cas d’assouplissement des règles du licenciement. Ses résultats convainquent ceux qui veulent bien l’être, ce que suggère alors l’intervention à l’Assemblée nationale du député socialiste du Nord Michel Delebarre, ministre du Travail du gouvernement sortant, pour lequel « les insuffisances méthodologiques de cette enquête sont telles qu’elle est à la prévision économique ce que le doigt mouillé est à la météorologie nationale ».

Au Conseil des ministres du 14 mai 1986, cela n’empêche pas le ministre des Affaires sociales et de l’Emploi, Philippe Séguin, de justifier son initiative en s’appuyant sur le raisonnement patronal. Il prétend ainsi qu’il s’agit de « mettre fin aux effets pervers sur l’emploi de cette procédure, sans remettre en cause les garanties des salariés », alors que, a contrario, la loi de 1975 « constitue un frein non négligeable à l’embauche ».

De tels propos sont repris par le rapporteur de la loi à l’Assemblée nationale, le député RPR Étienne Pinte. Tout en reconnaissant que « la part des facteurs psychologiques et matériels au refus d’embauche ne peut être déterminée avec certitude », il n’en soutient pas moins que l’emploi « souffre des effets pervers des difficultés que rencontrent les chefs d’entreprise à licencier », car « l’intervention de l’administration dans la procédure de licenciement entraînerait des conséquences dissuasives sur l’embauche ». En effet, « un chef d’entreprise hésitera à accroître ses effectifs en période favorable s’il sait dès le départ qu’il ne pourra pas les diminuer aussi aisément en cas de difficultés ». Au demeurant, l’argument ignore que, dans la conjoncture de crise de l’époque, quelque 90 % des demandes d’autorisation étaient satisfaites.

La voie à une sorte de cogestion des plans sociaux

La loi s’inscrit aussi dans un processus de transfert d’une partie des prérogatives de l’État aux « partenaires sociaux ». Elle en appelle à eux pour négocier des procédures de consultation des représentants du personnel dans les entreprises. L’accord national interprofessionnel du 20 octobre 1986, paraphé par le CNPF, la CFDT, FO et la CFTC, est ainsi repris par la loi du 30 décembre, dite deuxième loi Séguin, ouvrant la voie à une sorte de cogestion des plans sociaux, les élus des salariés se trouvant partie prenante tant des décisions douloureuses que des mesures de reclassement et de sauvegarde de l’emploi.

Quid des 370 000 postes prédits par le CNPF ? Un quart de siècle plus tard, lors du débat sur le collectif budgétaire de l’année 2012, Étienne Pinte lui-même souligne qu’« ayant été le rapporteur des deux lois sur la suppression de l’autorisation administrative de licenciement, je me dois de rappeler que ces textes n’ont donné lieu à aucune création d’emploi (...) Il y a eu, tout au plus, un maintien de l’emploi ».

En dépit de sa duplicité manifeste, l’idée d’une relation entre facilitation des débauchages et soutien à l’emploi et donc, in fine, baisse du chômage, continue d’avoir ses thuriféraires. En ce printemps 2016, elle est d’ailleurs au cœur de l’argumentaire des promoteurs du projet de loi travail.

Si l’histoire ne repasse jamais les mêmes plats, ils peuvent avoir comme un goût de réchauffé. Parfois à front renversé : le jeune député socialiste Michel Sapin, pourfendeur en 1986 du projet de loi Séguin, occupe aujourd’hui un poste clé dans le gouvernement Valls.

Un vieux refrain célèbre. « Si les débats ne se perdaient pas trop souvent dans les méandres des idéologies, il se trouverait beaucoup de monde pour en convenir : la procédure d’autorisation administrative de licenciement telle qu’elle est aujourd’hui mise en œuvre a des effets pervers sur l’emploi. Et c’est précisément parce qu’elle est de nature à compromettre sa politique en faveur de l’emploi que le gouvernement a décidé de redéfinir cette procédure. Car le seul véritable enjeu de ce débat… c’est bel et bien l’emploi… La bataille pour l’emploi passe par une modernisation de notre appareil industriel et de nos méthodes de production, mais aussi et surtout par une adaptation de nos comportements et de nos règles, y compris celles qui sont relatives. » Philippe Séguin, ministre des Affaires sociales et de l’Emploi, Assemblée nationale, 29 mai 1986.

Repères

  • 3 janvier 1975 La loi instaure l’obligation pour un employeur envisageant un « licenciement, individuel ou collectif, fondé sur un motif économique, d’ordre conjoncturel ou structurel », de recueillir l’ « autorisation de l’autorité administrative compétente ».
  • 3 juillet 1986 La loi prévoit en son article premier qu’ « à compter du 1er janvier 1987, l’autorisation administrative de licenciement pour motif économique est supprimée ».
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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 06:16

Le 9 juin 1944 à Tulle, en Correze, sous les yeux de la population, 99 otages, des hommes de seize à soixante ans, sont pendus aux réverbères et aux balcons de la ville par les soldats de la Panzerdivision SS Das Reich. Avec le concours d'historiens et de témoins, retour sur le premier massacre de civils sur le sol français pendant la Seconde Guerre mondiale. Réalisation : Emmanuel Amara pour France 5.

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 06:57
Louis Renault n'a pas attendu l'occupation allemande pour être prêt à collaborer. En 1935, il rencontrait Hitler

Louis Renault n'a pas attendu l'occupation allemande pour être prêt à collaborer. En 1935, il rencontrait Hitler

Une explication historique de la montée irrésistible du fascisme et du nazisme que l'on entend bien peu aujourd'hui et qui ouvre des perspectives de compréhension, avec quelques échos renvoyant à notre présent...

Syndicats liquidés, communistes et sociaux-démocrates enfermés à Dachau ou Buchenwald, Gestapo omniprésente. Le régime nazi offrait des possibilités inespérées d'exploitation des ouvriers.

La célèbre formule "Plutôt Hitler que le Front Populaire" est quelque fois interprétée comme un ralliement du patronat français au fascisme face à "la peur des rouges". Une manière de la justifier ou de l'atténuer?

Annie Lacroix-Riz: Le modèle social nazi, qui permet de faire travailler les ouvriers 16 heures par jour six jours par semaine sans autorisation administrative, et les prive de partis, de députés, de syndicats et de droit de grève, a enthousiasmé le patronat international (Etats-Unis inclus, qui avaient tant investi dans le Reich depuis la décennie 1920). Il avait séduit d'emblée le patronat français qui, au surplus, se heurte à une forte résistance ouvrière entre 1934 et 1938. Il voit dans le modèle social allemand un motif de plus à ne pas faire la guerre au Reich, qui, lui, la fera. Car, l'occupant une fois sur place, tout ira mieux, comme le claironnent nombre de patrons à leurs ouvriers grévistes en 1936-1937, tel le président de l'imprimerie Lang: "Hitler viendra mettre de l'ordre en France!". Ce qui se fait chez Lang et ailleurs depuis l'été 1940, je l'ai montré dans Industriels et banquiers français sous l'occupation.

Le grand patronat français fait donc non seulement le choix de l'Allemagne mais aussi le choix de Hitler avant le Front Populaire?

Annie Lacroix-Riz: C'est un pan essentiel de l'histoire du fascisme français de l'entre-deux guerres. Car, fondamentalement, c'est son principal intérêt, le fascisme écrase les salaires et les salariés. Il a séduit les milieux d'affaires parce qu'il empêche les détenteurs de revenus non monopolistes de se défendre, qu'ils se soient battus auparavant ou pas: les ouvriers allemands ont été dociles... En France, ils se défendent, y compris sur le plan du Parlement, soumis à réélection tous les quatre ans, forcément sensible aux électeurs. En outre, le système parlementaire, même contrôlé par le capital financier, retarde l'exécution de ses décisions de plusieurs semaines, mois ou années. Les fonds de police attestent précisément comment, à partir de 1922, s'organise, sous la férule de la "synarchie", le mouvement fasciste en France, comment le capital financier finance les "ligues". A l'extérieur, l'impérialisme français a les mêmes goûts. Il est notoire, depuis le début des années 1930, que Skoda, c'est à dire Schneider, soutient Hitler et son auxiliaire en Tchécoslovaquie, le chef du "parti des Sudètes", Konrad Henlein. Pourquoi? Parce que seul un régime fasciste brisera le mouvement ouvrier, interdira les grèves, verrouillera les salaires en laissant grimper les prix industriels et les "opportunités" bancaires, donc les profits des grands groupes. Cette orientation s'accentue avec la crise. Elle donne au capital français, qui adore le fascisme italien (et adorera Franco), les yeux de Chimène pour le nazisme, en toute connaissance de cause sur son bellicisme, son racisme et son antisémitisme criminels.

Le Front populaire est quelquefois accusé d'avoir précipité la défaite de la France face à l'Allemagne. Qu'en est-il?

Annie Lacroix-Riz: La caractéristique remarquable de l'entre-deux-guerres pour l'impérialisme français, et dans une certaine mesure aussi, pour l'impérialisme britannique, c'est que, de manière plus caricaturale qu'avant la Première Guerre Mondiale, de très fortes rivalités inter-impérialistes sont compensées par la tendance des impérialismes affaiblis ou dominés de céder aux exigences de l'impérialisme dominant. La Grande-Bretagne se soumet à l'impérialisme américain, et à l'impérialisme allemand aussi, comme la France. Londres tente le compromis européen jusqu'au bout, et sur l'Autriche, sur la Tchécoslovaquie après l'avoir fait sur l'Espagne (zone d'intérêts décisifs). Ce qui fait reculer l'impérialisme britannique, c'est qu'il n'arrive pas à trouver sur la question coloniale de compromis qui permettrait aux Allemands, comme il le leur avait déjà proposé (en vain) en 1912, de s'emparer des empires français, belge, portugais, en épargnant l'anglais. Le Reich veut tout. C'est ce qui explique que, à partir du printemps 1938, Anthony Eden qui a été un grand apaiseur jusqu'alors, se retourne (comme Churchill avant lui) et abandonne le Foreign Office à Halifax, symbole de l'aplatissement. C'est la ligne Chamberlain-Halifax qui, du côté français, l'emporte du début à la fin.

Entretien réalisé par Jérôme Skalski

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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 06:07
Rédaction de l'Humanité vers 1936

Rédaction de l'Humanité vers 1936

Le rédacteur en chef de l'Humanité, mort prématurément en 1937, incarne le renouveau et le déploiement de son journal dans cette période d'intense actualité politique et culturelle.

"Le corps de Vaillant a traversé Paris au milieu d'une foule formidable qu'on a reculé à évaluer", écrit Aragon de l'enterrement de son ami, un jour d'octobre 1937.

"Les fleuristes de Paris, ce jour-là, ont manqué de fleurs".

Près d'un million de personnes ont accompagné le rédacteur en chef de l'Humanité jusqu'au cimetière du Père-Lachaise parce qu'elles voyaient en lui une des grandes incarnations du Front Populaire, sa plume quand L'Humanité frôle alors les 400 000 exemplaires, un tribun passionné qui soulève les publics, un maire qui révolutionne Villejuif, sa ville de banlieue, un homme de culture qui anime l'effervescence à l'heure du mariage "du pain et des roses".

Il est de ces révolutionnaires sortis des tranchées qui ont fondé le Parti communiste, à Tours, en décembre 1920. Rien ne prédisposait cet élève du lycée Janson-de-Sailly, grandi au coeur du 16e arrondissement et de ses aises, baigné d'un milieu artiste, un peu snob et portant monocle, à éprouver ce qu'il nomme "une frénésie de se lever". La grande boucherie de 14-18, le catéchisme de pensée imprimé par l'armée et les intellectuels de guerre, les mutineries de 1917 écrasées dans le sang ont allumé en lui un feu inextinguible.

"Combien faudra t-il de trains rouges/ comment il en faudra de nombreux encore/ pour guérir tout le mal sonore/ fait par les clairons des trains tricolores" écrit-il.

Pourtant, dans le Parti communiste naissant, son enthousiasme a été douché par le sectarisme des premiers âges, les renvois à la base, les doigts impérieux pointés sur sa copie.

Très vite, il écrit dans l'Humanité, explorant "Moscou la rouge", la Chine de "la Condition humaine de Malraux", l'Espagne de 1934. "Voir le monde et le changer", c'est sa devise. Il la garde même quand il est démis de ses responsabilités en 1928 par le secrétariat du Parti qui lui reproche des conceptions journalistes "trop ouvertes". Mais lui ne rompt pas, il écrit toujours, parfois un livre, parfois des poèmes, fait des passages par la case prison pour avoir attaqué Mussolini et le fascisme pour lesquels le gouvernement d'alors a des complaisances - il peint dans sa cellule...

Très vite, une complicité se noue avec un jeune dirigeant communiste, employé d'une compagnie minière, assoiffé de culture et d'une grande chaleur humaine, Maurice Thorez. Lorsque celui-ci prend la tête du PCF et bouscule les étroitesses par des articles retentissants dans L'Humanité, Paul Vaillant-Couturier trouve l'espace pour se déployer pleinement, réunir ses multiples talents, ses passions, son sens aigu de la presse. Peu à peu, il devient l'animateur incontestable du journal, l'ouvre aux bouleversements de son temps, aux problèmes de société, aux sports, relève le défi de la radio qui rentre désormais dans les familles. Il est aussi celui qui relie les gens de culture, les surréalistes et les auteurs classiques, les plus grands cinéastes et le théâtre d'agit-prop, les architectes les plus innovants et les peintres.

La revue Commune qu'il a créée en est un creuset qui même Jean Cassou et René Crevel, André Gide et André Malraux, Romain Rolland et Jules Romain, Louis Guilloux et Louis Aragon, Henri Barbusse et Jean-Richard Bloch.

Vaillant renifle les talents et leur offre libre cours. C'est le cas d'Aragon qu'il a protégé à l'Humanité. Les intellectuels doivent-être des "bousculeurs", affirme t-il, lui qui pousse des comédiens amateurs à fonder le groupe Octobre et leur conseille un certain Jacques Prévert...

Il sympathise avec l'aviateur Mermoz, pourtant penchant vers la droite extrême, parce qu'il pousse plus loin les progrès humains. Il aime passionnément la vie, la brûle même lui qui lance "le communisme n'est ni le temple du clergyman ni le bureau du sédentaire". Il roule toute la nuit pour une partie de chasse en Ardèche ou pour y pêcher la truite et revient à temps la nuit suivante pour cueillir à la sortie des rotatives son journal encore gras de son encre.

Alors que Thorez marie le drapeau rouge et le drapeau tricolore, la Marseillaise et l'Internationale, Vaillant s'attache à montrer combien le communisme est la continuation de la France, sa quintessence même. Il l'écrit avec brio, multipliant les références culturelles, et démontrant qu'il n'a pas de son pays la conception d'une identité étriquée, mais qu'il le voit comme la somme des alluvions qu'ont laissée les remous de l'histoire, des grands courants de la pensée du monde qui ont alimenté la fécondité nationale. Il l'unit à la grande cause universelle qu'il a toujours recherchée.

L'exact opposé de ce qu'il dénonce puissamment, dans les colonnes de l'Humanité, en la montée du fascisme. Ce dimanche d'octobre, tandis que paraissait son dernier éditorial et qu'il meurt à la chasse près de Rambouillet, Paul Vaillant-Couturier est devenu, avec Thorez, l'autre figure communiste du Front Populaire. C'est ce que signifie à son dernier cortège la foule immense des Parisiens.

Patrick Apel-Muller

Dans le numéro spécial de l'Humanité : 1936, le Front Populaire. Quand le peuple s'en mêle.

A vendre 8€ chez les (bons) marchands de journaux, un numéro fait d'articles historiques remarquables.

Paul Vaillant-Couturier: L'autre figure communiste du Front populaire (Patrick Appel-Muller)
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