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16 avril 2020 4 16 /04 /avril /2020 06:36
La députée de gauche palestinienne Khalida Jarar détenue pour la énième fois par les Israéliens

La députée de gauche palestinienne Khalida Jarar détenue pour la énième fois par les Israéliens

Sur le site de l'AFPS: http://www.france-palestine.org
Actions pour soutenir les prisonniers politiques palestiniens

- filmez une courte vidéo de vous (moins d’une minute) dans laquelle vous exprimez une ou plusieurs des revendications énumérées pour la campagne. Affichez-la sur vos réseaux sociaux. Utilisez le hashtag #FreeOurPrisoners #COVID_19 et marquez Addameer dans votre message sur Facebook, Twitter et Instagram.

Envoyer aussi vos vidéos à l’AFPS afin que nous puissions les regrouper sur le site internet de l’AFPS et les transmettre à Addameer.

- écrivez et/ou appelez les bureaux du Comité international de la croix rouge (CICR) pour leur demander de s’assurer que les prisonniers palestiniens sont protégés et de faire pression pour qu’ils puissent téléphoner à leurs familles.

Bureau du CICR à Jérusalem : jer_jerusalem@icrc.org / Tél : 0041-22-7346001, Fax : 0041-22-7332057
Bureau du CICR à Ramallah : ram_ramallah@icrc.org, Tél : 02-2414030-1, Fax : 02-2414034
Bureau du CICR à Tel Aviv : dwaites@icrc.org, Tél : (+972) 35 24 52 86, Fax : (+972) 35 27 03 70
Bureau du CICR à Genève : press@icrc.org, Tél : +41 22 734 60 01ICRC
Bureau du CICR à New York : nyc_newyork@icrc.org

Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens pour assurer leur sécurité face à la rapidité de l’épidémie, particulièrement les détenus fragiles et susceptibles de céder plus facilement à la maladie comme les enfants, les femmes, les personnes âgées, les malades et les blessés.

Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens enfermés sous le régime de la détention administrative, détenus indéfiniment, sans preuve ni jugement.

Nous demandons la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens en fin de peine et/ou qui devraient être libérés sous caution, en raison de la surpopulation carcérale.

Nous demandons à l’administration pénitentiaire israélienne d’assurer la protection des prisonniers en appliquant les mesures préventives nécessaires contre le COVID-19.

Nous demandons également à l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) de maintenir la connexion entre les prisonniers et leurs familles grâce à des téléphones non surveillés ou à des appels vidéo, d’autant plus que les visites des familles sont suspendues et que l’IPS continue de refuser d’installer des lignes fixes dans les prisons.

Appel Addameer

Nous lançons un appel à nos alliés, à nos partenaires, à nos amis, à nos camarades pour qu’ils se joignent à notre campagne, urgente, pour libérer tous les prisonniers palestiniens afin de les protéger de COVID-19, en particulier à cause des restrictions accrues de leurs droits par l’administration pénitentiaire israélienne (IPS).

À la lumière des récents événements détaillés ci-dessous et parce que nous savons que la torture, la violence physique, la négligence médicale et les conditions carcérales inhumaines sévissent depuis longtemps dans les prisons israéliennes, nous sommes très préoccupés par la sécurité et le bien-être des prisonniers et des détenus palestiniens.

Début mars 2020, l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) a suspendu toutes les visites des familles et des avocats des prisonniers palestiniens, faisant de cette mesure une précaution contre le COVID-19. En outre, toutes les procédures devant les tribunaux militaires sont reportées indéfiniment et les Palestiniens en détention préventive ou phase d’interrogatoire ne sont pas présentés au tribunal pour la prolongation de leur détention, ce qui aggrave encore les violations de leur liberté et de leur droit à un procès équitable et rapide. Les représentants légaux des prisonniers palestiniens ne peuvent pas communiquer directement avec eux et ne sont autorisés à leur téléphoner qu’en cas de besoin, ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas évaluer avec précision la santé et la sécurité des détenus.

Par ailleurs, le 18 mars 2020, les avocats d’Addameer ont été informés que quatre détenus palestiniens pourraient avoir été exposés au coronavirus au cours de leur interrogatoire par un Israélien employé du centre de Petah Tikva, lui-même testé positif. Les quatre détenus ont été envoyés en quarantaine, à la clinique de la prison d’al-Ramleh, avant que deux d’entre eux soient rendus à leurs familles en Cisjordanie sans avoir été testés, et que les deux autres soient renvoyés dans des prisons israéliennes. Les Palestiniens continuent d’être arrêtés quotidiennement, chez eux, en Cisjordanie, pour être placés placés en quarantaine.

Notre préoccupation croissante pour les prisonniers et les détenus palestiniens pendant l’épidémie est nourrie par la négligence médicale systématique à l’intérieur des centres de détention et d’interrogatoire israéliens. En 2019, cinq prisonniers palestiniens sont morts en captivité, dont trois à la suite d’une négligence médicale délibérée, tandis que des centaines d’autres souffrent de maladies chroniques non traitées. En outre, les conditions déplorables, notamment le surpeuplement, l’insalubrité et la mauvaise nutrition, font des prisons des lieux dangereux de reproduction du virus. Les prisonniers ont signalé que de nouvelles restrictions s’appliquent aux achats effectués à la cantine de la prison et qu’ils ne reçoivent pas de produits d’hygiène et d’assainissement adéquats, ce qui les expose encore plus au risque de contagion.

Cela s’explique également par le refus continu de l’IPS d’installer des téléphones fixes dans les prisons, comme le stipulent les dernières négociations obtenues au moment des grèves de la faim. Le refus d’installer des lignes fixes est clairement une tentative d’éloigner davantage les prisonniers de leurs familles et, à plus grande échelle, de fragmenter la population palestinienne.

Compte tenu des nouvelles règles mises en place pendant la pandémie COVID-19, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) reste la seule entité autorisée à communiquer directement avec les prisonniers palestiniens et à leur rendre visite. Pourtant, le CICR n’a pas fourni aux familles ou au public de mises à jour sur les conditions des prisonniers pendant la pandémie COVID-19, en particulier ceux en quarantaine.

Nous appelons donc toutes les personnes de conscience à se joindre à nous pour exiger la liberté de tous les prisonniers.

 
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16 avril 2020 4 16 /04 /avril /2020 06:26
17 avril - journée internationale pour la libération des prisonniers politiques: liberté pour Marwan Barghouti et les prisonniers politiques palestiniens! (MJCF)
17 avril - journée internationale pour la libération des prisonniers politiques: liberté pour Marwan Barghouti et les prisonniers politiques palestiniens! (MJCF)
Action du MJCF Paris

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Action du MJCF Paris

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Prisonnier·e·s politiques / Palestine 🇵🇸

👉 Les prisonnières et prisonniers politiques sont actuellement plus de 5000 dans les geôles israéliennes.

👉 En arrêtant systématiquement les leaders politiques, c’est l’organisation de toute forme de résistance qui est empêchée. Plus largement, toutes les militantes et tous les militants politiques sont visés. C’est une façon pour Israël d’interdire aux Palestiniennes et Palestiniens de s’organiser collectivement et démocratiquement.

Liberté pour les prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s ! Vive la Palestine libre ! 🇵🇸

" Marwan Barghouti est un symbole : celui d'un peuple entier qu'on enferme, mais aussi celui de la lutte contre la colonisation. Il représente l'espoir d'une paix juste et durable. Le leader palestinien, emprisonné depuis 2002 a été condamné à la perpétuité cinq fois. En popularisant le combat de Marwan Barghouti, c'est tous les prisonniers et toutes les prisonnières politiques palestiniennes et palestiniens détenu·e·s dans des conditions inhumaines que nous mettons en lumière. En exigeant sa libération, c'est celle de tout le peuple palestinien que nous revendiquons. "

Les Jeunes Communistes

Action du MJCF Paris

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Action du MJCF Yvelines

Action du MJCF Yvelines

Action du MJCF Yvelines

Action du MJCF Yvelines

Action du MJCF Yvelines

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13 avril 2020 1 13 /04 /avril /2020 05:04
Vendredi, 10 Avril, 2020 - L'Humanité
Pandémie : l'Union européenne fait déjà payer l'addition aux peuples

Après deux semaines d’échanges houleux, les ministres des Finances de la zone euro trouvent un accord, mais sur la ligne imposée par l’Allemagne et les Pays-Bas. La mutualisation des dettes est renvoyée aux calendes grecques et les prêts aux Etats, hors dépenses de santé, serviront à surveiller strictement les politiques des Etats membres. 

 

L’Eurogroupe se joue à 19 et, à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. Ou alors, parfois aussi, ces derniers temps, les Pays-Bas, mais c’est tout comme... C’est sous leurs propres applaudissements, nous font-ils savoir, que les ministres des Finances de la zone euro ont, jeudi, dans la nuit, achevé une visioconférence concluante. Au bout de quinze jours de déchirures au sein de l’Union européenne - et seize heures de discussions infructueuses dans la nuit de mardi à mercredi ( vous pouvez en lire ici le récit ) -, ils ont réussi à adopter un plan «de sauvetage» pour soutenir les Etats membres face à la pandémie du nouveau coronavirus et ses conséquences économiques, financières ou sociales.

Dans le détail, les aides se répartissent sur trois piliers: un mécanisme de co-financement du chômage partiel, baptisé SURE («Soutien d’urgence pour contrer les risques en matière d’emploi»), pour un montant de 100 milliards d’euros, un programme de distribution de 200 milliards d’euros de liquidités aux entreprises par la Banque européenne d’investissement (BEI) et le recours au Mécanisme européen de stabilité (MES) qui pourra établir, pour les Etats membres en difficulté, des lignes de crédit jusqu’à un total de 240 milliards d’euros.

Selon Olaf Scholz, le ministre allemand des Finances, «c’est un grand jour pour la solidarité européenne». «Il est important que nous tous apportions une réponse commune qui permette à nos États de surmonter les défis sanitaires mais aussi les défis économiques suscités par la pandémie de Covid-19», communique-t-il. Bruno Le Maire, son homologue français, en fait également des tonnes. «Chacun a été très marqué par les 16 heures de négociations de la nuit derrière, décrit-il. Passées l’émotion et la fatigue, chacun a vu qu’il n’était pas possible de continuer comme ça. C’était soit un accord, soit un risque de dislocation européenne. L’Europe décide et se montre à la hauteur de la gravité de la crise.»

En réalité, derrière ces narrations grandiloquentes destinées à convaincre de la centralité du «couple franco-allemand», les conceptions toujours marquées, malgré la pandémie, par l’obsession austéritaire l’ont emporté, sans contestation possible. Pour une solidarité substantielle - sans même parler de l’indispensable bouleversement d’un système qui contraint les Etats à se vendre sur les marchés financiers -, il faudra repasser, et pas avant un bon moment ! Dans l’accord conclu, aucune trace de «corona bonds» ou «euro bonds», ces obligations émises à l’échelle de l’Union européenne qui permettraient une forme de mutualisation des dettes publiques entre les Etats membres et qui étaient réclamées par l’Italie, l’Espagne et sept autres pays. Pas plus de signe tangible d’un fonds commun «de relance», contrairement à ce qu’affirme Bruno Le Maire. Le sujet est renvoyé au niveau du Conseil européen, et donc des chefs d’Etat et de gouvernement. Ce qui correspond à la demande d’Angela Merkel qui ne compte pas s’engager sur cette voie avant l’automne. Par ailleurs, et plus essentiellement encore, loin des récits dans les médias dominants, ce vendredi matin, les aides potentielles du Mécanisme européen de stabilité (MES) seront accordées avec des conditions de contrôle sur les politiques économiques ou sociales et de surveillance budgétaire, à l’exception stricte des fonds utilisés pour financer les systèmes de santé. Ce qui était exactement, là aussi, la position du gouvernement des Pays-Bas et de ses soutiens autrichiens, suédois ou danois.

Après avoir annoncé sur tous les tons que l’Italie refuserait de solliciter le MES - par défiance à l’égard d’un système intrinsèquement lié aux programmes austéritaires qui, depuis une décennie, ont dévasté les Etats lors de la crise dite «des dettes publiques» -, Roberto Gualtieri, le ministre des Finances italien, tente de sauver la face, en promettant que le combat n’est pas fini. «On a mis sur la table les obligations européennes et retiré de la table les conditionnalités du MES, estime-t-il. Nous confions une proposition ambitieuse au Conseil européen, nous nous battrons pour la réaliser.» En miroir, Wopke Hoekstra, son collègue des Pays-Bas qui, rappelons-le, doivent leur bonne santé budgétaire à un système fiscal pillant les ressources des autres Etats membres ( lire aussi), rentre dans le détail avec une délectation non feinte: «Nous mettons en place un paquet conséquent qui va aider les pays à financer les coûts de santé, aider les entreprises et les salariés. Avec des conditions légitimes, il aidera également à reconstruire nos économies nationales à long terme. Le MES peut accorder une aide financière pour les dépenses médicales. Il sera également disponible pour du soutien à l’économie, mais avec des conditions. C’est juste et raisonnable.»

Ex ministre au sein du gouvernement d’Alexis Tsipras au premier semestre 2015 et bon connaisseur, par la force des choses, des arcanes de la machine de guerre austéritaire que reste l’Eurogroupe, Yanis Varoufakis réagit avec colère, loin des auto-congratulations et du storytelling béni-oui-oui. «L’Italie et les autres sont ligotés, écrit-il sur les réseaux sociaux. Ils ont accepté les prêts du MES, ce qui va les mener à une stricte austérité dans les prochaines années, de pitoyables prêts pour les entreprises de la BEI, un programme pseudo-fédéral contre le chômage et quelques miettes de charité... En contrepartie, ils seront condamnés à la récession permanente.» Le tacle est sévère, mais il n’y a pas faute. 

Thomas Lemahieu
Pandémie : l'Union européenne fait déjà payer l'addition aux peuples - L'Humanité, 10 avril 2020
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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 07:00
Tartous, 2010

Tartous, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Damas, 2010

Alep, 2010

Alep, 2010

Retour en Syrie... 2010-2020...

Témoignage

(Épisode 1)

Dix ans, une révolution avortée et une guerre atroce sont passées sur ce pays dont la liberté et l'espoir ont été durablement confisqués, dont l'identité a été profondément chamboulée et altérée dans cette décennie de barbarie, de détresse et de deuil.

A l'été 2010, il y a bientôt dix ans, j'ai eu la chance de visiter pendant cinq semaines une partie de la Syrie avec ma famille. Damas, Bosra, Qanawat et le djebel druze, Tartous, Lattaquié, Hama, Apamée, le Krak des Chevaliers, les châteaux croisés de Marqab et de Saône, Alep, St Siméon, Serguilla, Maarat-al-Nouman, la frontière turque au nord, le monastère de Mar Moussa, la ville des Mille et une nuits de Raqqa, Palmyre, le village chrétien de Maaloula où l'on parle encore l'araméen, la langue de Jésus, Résafé, Ougarit, la ville du premier alphabet connu...

Un voyage touristique dans une dictature... C'est vrai … Mais faut-il s'interdire de rencontrer les peuples et les cultures d'une bonne moitié de la planète ?

Nous savions que le régime était dictatorial, policier, qu'il avait commis de nombreux crimes, notamment lors de l'occupation du Liban et contre les Frères Musulmans (en 82 à Hama, Alep, etc), les Kurdes et les opposants de gauche, notamment au début des années 1980 lors du règne de Hafez-al-Assad, mais nous voulions aussi découvrir un peuple, une histoire et une vieille culture métissée extrêmement riche du Proche-Orient, et il se disait à l'époque que Bachar-al-Assad avait à cette époque au moins partiellement « libéralisé » le régime, ce qui était évidemment une stratégie de communication éphémère, un leurre, la parenthèse d'ouverture n'ayant duré en réalité que quelques mois.

Nous avons trouvé là-bas des paysages et des villes antiques extraordinaires, une cuisine succulente, une histoire et une culture d'une extrême richesse et ancienneté, ouvertes à une grande diversité d'influences et d'héritages, et surtout des gens très accueillants, ouverts et chaleureux, dans un pays très jeune.

Nous avons été invités dans de nombreuses familles, à Tartous, Hama, Raqqa, Maraat al-Nouman, et eu des échanges amicaux avec plusieurs Syriens, sans doute plus que dans la plupart des autres pays que nous avons eu la chance de découvrir.

Bien sûr nous essayions de ne pas trop parler politique pour ne pas embarrasser nos interlocuteurs s'ils n'évoquaient pas eux-mêmes la question, conscients que c'était un sujet risqué pour eux, et où la liberté d'expression pouvait se payer cher. Nous avons sympathisé avec des gens qui ont certainement dû ensuite se retrouver, par contrainte, déterminisme ou choix, rattachés ou affiliés à des camps opposés dans la guerre civile. Pendant les premières années de la guerre, et toujours maintenant, même si on s'habitue au pire, nous avons eu honte de notre impuissance, et de l'inaction de la France et des démocraties, laissant Bachar-al-Assad commettre les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité les mieux renseignés, les fameuses "lignes rouges" étant franchies à de nombreuses reprises en toute impunité ...

En 2010, nous étions loin de nous imaginer que la révolte populaire et citoyenne, puis la révolution allait éclater 6 mois plus tard, ni qu'une guerre parmi les plus atroces de l'époque contemporaine, à rebondissements et renversements de fronts, une guerre qui dure déjà depuis 9 ans et qui n'est pas terminé, allait s'ensuivre, faisant, sur une population de départ de 24 millions, au moins 400 000 morts, 80 000 disparus, des dizaines de milliers de torturés dans les prisons de Bachar-al-Assad (un rapport d'Amnesty International en août 2016 établissait à 17 000 le nombre de prisonniers morts sous la torture dans les geôles inhumaines du régime entre mars 2011 et décembre 2015, plus 13 000 détenus victimes d'exécutions extra-judiciaires sur la même période), au moins 5,5 millions de réfugiés à l'étranger et 7 à 8 millions de personnes déplacées de l'intérieur en Syrie. Des centaines de milliers de personnes plongés dans l'extrême misère, dont les habitations et le cadre de vie ont été détruits, qui ont vu mourir de nombreux membres de leurs familles et des proches, et s'exiler de nombreux autres. Les millions de réfugiés syriens de l'intérieur et de l'extérieur, et ceux des villes aux habitations et infrastructures sanitaires en grande partie détruites, risquent encore de payer un prix exhorbitant avec l'épidémie du COVID-19. Quelques dizaines de médecins et de respirateurs artificiels pour les camps de réfugiés du nord de la Syrie, comment faire ?

Le pays que nous avons pu visiter en 2010 est aujourd'hui largement détruit, et pas simplement matériellement, on peut dire qu'il n'existe plus, et même si les bases de la société et de la culture sont toujours présentes sans doute, une partie des femmes et des hommes aussi, tous sont quelque part enfants de la guerre, modifiés par celle-ci, avec en plus pour ceux qui ont cru à la révolution et à une démocratisation la désillusion de l'espoir brisé, et du maintien au pouvoir d'un régime qui a fait la guerre à son peuple. Le pays, comme jadis le Liban, est aussi durablement clivé entre communautés, mémoires antagoniques, des procédés de déplacements forcés employés comme procédés de purification ethnique, confessionnel et politique, se sont multipliés et préparent de nouvelles tensions et drames à venir.

Ce n'est que trois semaines après notre voyage en Syrie, à l'occasion de la fête de l'Humanité, que nous avons rencontré et discuté avec un militant communiste syrien réfugié en France hostile au régime de Bachar-al-Assad (il y avait deux partis communistes au moins, l'un acceptant le simulacre de représentation légale dans une opposition compatible avec le régime, l'autre ayant complètement rompu avec le régime et étant persécuté, et les deux partis étaient présents à la fête de l'Humanité à quelques dizaines de mètres de distance), celui-ci nous ayant fait découvrir l'excellent essai de Caroline Donati « L'exception syrienne » sur la situation du régime syrien et de la société en 2009, et leur histoire proche et plus lointaine, que nous avons ouvert les yeux sur les violences et rapines de ce régime du temps de Bachar-al-Assad et sa fragilité due notamment à la fragilisation économique des classes moyennes avec la politique de libéralisation et de privatisation de secteurs clefs de l'économie, autrefois contrôlées démocratiquement, la politique de « modernisation », de « réformes structurelles », et de privatisation au profit d'un clan au pouvoir ayant marginalisé davantage le parti Ba’th et creusé les écarts entre une élite enrichie et « mondialisée » et une majorité appauvrie.

Bien sûr, si l'étincelle n'avait pas déclenché un soulèvement dans la Tunisie de Ben Ali, avec à peu près les mêmes causes et les mêmes revendications, ou sur la place Tahrir au Caire face au régime ploutocratique et policier de Hosni Moubarak, peut-être que le soulèvement de la société syrienne aurait été différé, ou pris d'autres formes. L'extrême violence de la répression des manifestations populaires laïques et multiconfessionnelles pour la dignité, le pain et la liberté, les snipers, l'emprisonnement, la torture et la mort pour mater des manifestants désarmés, a contribué à enclencher la militarisation du conflit en Syrie, les déserteurs de l'armée refusant de massacrer leur peuple n'ayant d'autre choix que celui de l'autodéfense et de prendre les armes contre le régime, les États du Golfe franchisant ensuite des groupes qu'ils armaient en fonction de leur propre agenda politique et de leurs intérêts idéologiques ou stratégiques.

C'est à l'été 2011 que commencent à se multiplier les désertions au sein de l'armée, sachant que le régime avait recours massivement à la conscription pour pouvoir contrôler les jeunes, les embrigader, et les enrôler dans son travail de police et de « pacification ». Les références et affiliations à différents groupes islamiques sunnites sont liées ensuite, pas forcément que à des projets idéologiques, mais à des besoins d'argent et d'armement pour pouvoir se battre, et donc à une logique de « franchise» et de communication à l'endroit des donateurs du monde arabe. La radicalisation sectaire et idéologique indéniable des groupes armés d'opposition, le développement du djihadisme islamiste, de la violence de chefs de guerre mafieux, l'arrivée de volontaires étrangers fanatisés, n'ont fait que croître au cours d'un conflit devenant de plus en plus brutal même si une grande partie des enrôlés dans la résistance armée se sont d'abord engagés pour défendre leur ville et leur quartier, se protéger ou se venger, eux et leurs proches, parvenir à destituer le tyran sanguinaire, l'enrôlement islamiste, plus ou moins superficiel, venant dans un second temps. Le devenir islamiste fondamentaliste d'une bonne partie de la résistance militaire à Bachar Al-Assad et ses alliés est également lié au manque de soutien effectif des « démocraties occidentales » vis-à-vis de la rébellion. Certes l'ASL a été armée en partie par les Français et les alliés des américains, et les milices kurdes par les Américains et les Français, mais il n'y a eu aucune protection militaire ou diplomatique efficace contre les bombardements, y compris aux armes chimiques, des villes et quartiers passés à la rébellion, aucune zone d'exclusion aérienne, aucune initiative probante pour stopper la puissance machine répressive et criminelle du régime et de ses Alliés. Du coup, la résistance a trouvé les alliés qu'elle a pu.

En France et en Europe, l'opinion a été relativement frileuse sur une intervention énergique (pas forcément une « invasion ») en Syrie pour protéger une population luttant à armes inégales contre une autocratie sanguinaire. Plusieurs facteurs : une tendance isolationniste et une indifférence teintée de fatalisme sur les conflits du reste du monde, la mise en doute des affirmations sur les crimes de guerre de Bachar al-Assad (tortures massives, attaques chimiques, populations civiles et hôpitaux ciblées spécifiquement), l'efficacité dans certains milieux de la thèse d'un régime particulièrement gênant pour l'impérialisme américain, voire pour les Israéliens, et aussi, une certaine acceptation culturaliste, « voire raciste », d'une violence qui ne concerne que les Arabes entre eux, voire de l'idée que la démocratie ne peut convenir aux Arabes et qu'une dictature laïque n'est qu'un moindre mal. Le fiasco des guerres d'ingérence en Libye, en Irak, en Afghanistan était aussi un argument sérieux.

La tactique de Bachar-al-Assad et de la garde rapprochée du régime, officiers de l'armée et des services de renseignement, élites économiques liées au clan alaouite au pouvoir, face à une révolte démocratique soutenue de par la majorité de la population, a été :

- La terreur militaire, policière, la fanatisation des chabbihas (délinquants souvent d'origine alaouite agissant comme milices au-dessus de toute loi civile et morale pour terroriser les populations supposées hostiles au régime), le viol comme arme de guerre, la torture systématique et la terreur carcérale pour éloigner les moins téméraires des manifestations et provoquer une radicalisation et une militarisation de l'opposition.
- Un discours se posant comme le garant du maintien d'une Syrie laïque et multiconfessionnelle face à la « menace » d'une prise de pouvoir des sunnites et des islamistes. Une politique visant à « communautariser » et « confessionnaliser » le conflit, et à maintenir pour le régime un bloc de soutien populaire chez les alaouites, les chrétiens, les druzes, au nom de la peur de l'Autre. La Syrie était composée en 2011 d'environ 75% à 80 % de Sunnites, de 10 % à 12 % d'Alaouites (entre 2 et 2,5 millions de personnes), moins de 8 % de Chrétiens rattachés à différentes églises (grecque orthodoxe, grecque catholique, syriaque, arménienne, etc), 5 à 10% de Druzes, 10 % de Kurdes (qui sont sunnites en majorité). L'image de propagande d'un régime protégeant les minorités, et tout particulièrement les Chrétiens, a un usage interne comme externe et aura une certaine efficacité persuasive sur les Occidentaux, notamment dans certains milieux chrétiens européens et à droite. Là encore, les horreurs de Daech en Syrie et en Irak vont servir à accréditer cette idée d'une dictature garante de la stabilité du pays et de la survie des minorités.
- Une politique pragmatique vis-à-vis des Kurdes acceptant provisoirement le fait accompli de leur autonomisation au nord du pays (Afrin, Rojava) en échange d'un accord de non-agression avec le régime et d'une lutte pour empêcher la progression de l'Armée Syrienne Libre. « Dès l'été 2011, le PYD est ainsi parvenir à négocier avec Damas son retour progressif dans les trois poches de peuplement kurde, du contrôle de la frontière et de l 'éloignement de l'Armée Libre Syrienne de ces régions, marquant ainsi le retour implicite d'une logique communautaire en zone kurde... En échange, les forces de sécurité (du régime) ne sont plus intervenues dans les trois régions kurdes au nord de la Syrie, ce qui leur a permis de se redéployer dans les villes de la Syrie centrale au printemps 2012 » (Arthur Quesnay et Cyril Roussel, dans Pas de printemps pour la Syrie).
- Une diabolisation des opposants, des terroristes « instrumentalisés » par les islamistes, des infiltrés de l'étranger, l'impérialisme occidental (d'abord américain, avec ses alliés européens, israéliens, du Golfe) quand le pouvoir, fort de son soutien à l'Iran et au Hezbollah, se voulait officiellement un adversaire résolu du sionisme et de l'hégémonie américaine dans la région (même s'il collaborait depuis des années avec les Etats-Unis, notamment en externalisant la torture contre les Islamistes et en en livrant certains aux Américains après 2001 pour être envoyés à Guantanamo).
- Une consolidation d'alliances internationales : avec la Russie, dont Bachar garantissait l'accès à la Méditerranée par le port de Tartous et le maintien de sa base militaire, et qui voulait contrer le développement de l'influence de l'OTAN, turque et américaine, dans la région, mais surtout engager un bras de fer gagnant avec les États-Unis et leurs alliés, les États oligarchiques, réactionnaires et atlantistes du Golfe. La bataille de Syrie a été pour la Russie une revanche sur les engagements trahis par l'invasion en Libye, et une manière de renforcer son image de puissance internationale sur le retour, avec une force de frappe militaire et stratégique sur laquelle il faut compter.
- La libération et l'instrumentalisation des militants islamistes les plus radicaux pour qu'ils constituent un front d'opposition violente susceptible de venir combattre et éradiquer l'opposition démocratique et laïque et de servir de « repoussoir » pour la société syrienne et la communauté internationale. Le régime syrien avait déjà utiliser au Liban cette instrumentalisation d'éléments islamistes radicaux.
- Une guerre de propagande et de désinformation à l'échelle nationale et internationale pour servir cette tactique.

Contre toute morale de l'histoire, cette tactique a fonctionné, même si le régime n'aurait pas tenu sans le soutien militaire au sol de l'Iran et du Hezbollah et par les bombardements aériens de la Russie de Poutine. Elle a eu des effets différés avec l'émergence de Daech, que le régime a laissé se développer à l'est du pays, qu'il n'a quasiment jamais affronté, mais qui lui a permis ensuite, auprès des occidentaux, de se poser en « mal nécessaire » et seul rempart contre un « foyer de terrorisme » dans un pays livré au chaos. Aujourd'hui, Bachar al-Assad, avec le plus parfait cynisme, la plus grande impudence, peut cracher sur ses victimes avec des formules du type : « le tissu social syrien se porte mieux qu'avant la guerre », « nous avons gagné une société plus saine et plus homogène » (propos tenus le 1er novembre 2016, cités par les auteurs de Dans la tête de Bachar al-Assad).

Le régime de Bachar-al-Assad a aussi bénéficié des divisions et du manque de légitimité populaire et de leadership de l'opposition en exil, divisions et défaut de légitimité qui sont allés croissants au cours du conflit, cette opposition étant un patchwork de personnalités politiques et de notables parrainés par les puissances étrangères hostiles à Bachar-al-Assad aux plans divergents, sans toujours de lien véritable avec la résistance s'organisant sur le terrain, dont les leaders sont rapidement devenus des chefs de guerre et des groupes armés en concurrence, pour le pouvoir, l'argent, la reconnaissance internationale, voire l'idéologie, avec la militarisation du conflit.

Mais revenons à 2011... Les quartiers qui se sont soulevés les premiers sont à la fois ceux où il y avait une visibilité de l'accaparement des richesses par une élite prédatrice, et ceux où la répression du régime a été immédiate et disproportionnée. Les quartiers mobilisés ont rapidement mis en place des coordinations locales organisant les manifestations, les rendez-vous et mots d'ordre, ce fut un espace d'invention et de première implication démocratique extraordinaire.

L'intellectuel de gauche, formé dans la culture communiste, Yassin al-Haj Saleh, esquissait une interprétation de classe de la révolution syrienne, valable aussi pour la Tunisie et l’Égypte, en y associant le poids de la mouvance islamiste, principale force d'opposition organisée à ces dictatures, même si ce n'était pas la force motrice et initiatrice du mouvement populaire en 2011, dans un article écrit à Damas en juin 2011 - « La révolution des gens ordinaires : questions morales, culturelles et politiques » : « Au final, on peut dire que la révolution syrienne a éclaté contre une modernisation économique libérale privilégiant les riches, contre une modernité sans contenu émancipateur, se limitant au secteur bancaire, aux universités privées et aux voitures de luxe. C'est une révolution contre un régime qui a fait de « modernisation et développement » une doctrine masquant la relation privilégiée et illégitime entre le pouvoir et l'argent. C'est une révolution contre les riches qui ont pillé le pays du temps du socialisme baathiste avant de devenir les seigneurs de l'économie libérale. Et contre les idéologues qui ont fait de la « modernité » une nouvelle religion... »

L'ensemble de l'article publié en France dans le recueil d'articles La Question Syrienne (Sindbad, Actes Sud, 2016, Yassin al-Haj Saleh), passionnant, mérite d'être cité plus largement:

« La révolution syrienne constitue une expérience hors du commun pour des centaines de milliers de Syriens, une épreuve aussi bien morale que politique, un renouvellement psychique autant qu'un changement social. C'est une insurrection contre soi et une révolution contre ce qui est.
Défiant les dangers de détention, de torture et de mort, des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, bouleversent leurs vies et se renouvellent à travers la participation au mouvement de protestation. Ils sortent plus forts de cette expérience, plus courageux et plus entreprenants. Ainsi ils se respectent eux-mêmes davantage ».

« Aujourd'hui, il existe deux forces en Syrie : le régime et le soulèvement populaire, que j'appelle « intifada ».
La première possède les armes, l'argent et la peur mais est dépourvue de tout sens. La deuxième possède le défi et le goût de la liberté. L'intifada est l'incarnation de l'altruisme extrême : le sacrifice. Le régime est l'incarnation de l'égoïsme extrême qui pourrait mener à la destruction du pays pour faire survivre une clique médiocre aux plans intellectuel, politique et éthique. L'intifada est une révolte morale et politique, elle produit la plus grande rupture dans l'histoire contemporaine de la Syrie depuis l'indépendance. Le régime, lui, est en guerre contre la société syrienne ; pour qu'il survive, il faut que la société soit malade, divisée et dépourvue de confiance en elle-même ».

« Désormais, la Syrie n'est plus la Syrie d'Al-Assad ou du Baath. En nommant et ressuscitant les noms, l'intifada se fait créatrice de subjectivités, d'initiatives et d'actions libres, alors que le régime a tout fait pour réduire la Syrie et les Syriens à des objets soumis à une seule et unique subjectivité libre : Al-Assad. L'intifada dévoile la richesse longtemps occultée de la Syrie, sa richesse sociale, culturelle et politique, la richesse de ses enfants dont les traits ont été effacés. Elle leur donne la parole : ils crient, ils protestent, se moquent, chantent et reprennent l'espace public ou plutôt le libèrent d'une occupation quasi totalitaire ».

« La politique de Bachar-al-Assad, celle de la « modernisation et du développement » se base essentiellement sur le renouvellement des outils et appareils (nouvelles voitures, centres commerciaux, hôtels et restaurants luxueux, banques, écoles et universités privées pour l'élite du pays), mais sans contenu humain ou politique d'intérêt général. Rien en matière de droits politiques, de libertés publiques, de solidarité sociale, de culture. Bien au contraire, la solidarité sociale et nationale entre les Syriens s'est gravement délitée... Cette combinaison entre un régime politique suranné et inhumain d'un côté et une vitrine matérielle brillante de l'autre est la marque de fabrique du système en place. Cela fait de lui plus qu'un régime autoritaire : il s'agit d'un système social, politique et intellectuel basé sur la discrimination presque raciale par le monopole du pouvoir et de la richesse nationale. Ce monopole est une des raisons majeures de la protestation populaire et explique pourquoi celle-ci a débuté dans les régions périphériques et rurales du pays et les banlieues. La libéralisation économique qui a eu lieu il y a quelques années a engendré un modèle de développement favorable aux grandes villes au détriment de la province, aux centres au détriment des quartiers « périphériques » et à de nouvelles banlieues riches au détriment des anciennes banlieues populaires, vers lesquelles on a expulsé la population déclassée, qui a subi les conséquences désastreuse de ce « développement » libérale autoritaire.
Marginalisés, ces zones ont vu grimper le taux de chômage en raison du changement de la nature de l'offre (utilisation des nouvelles technologies, langues étrangères). Cela s'ajoute au recul du rôle social de l’État et à la transformation de ses représentants locaux en notables fortunés et arrogants, gouvernant la population tels des émissaires étrangers n'ayant ni respect ni sympathie à son égard. Le cousin germain du président, Atef Najib, qui avait arrêté puis torturé des enfants de Deraa juste avant le déclenchement de l'intifada, puis suggéré à leurs pères que ses hommes en fassent de nouveaux à leurs épouses s'ils étaient impuissants, est l'exemple type de l'homme de pouvoir brutal, inhumain et bénéficiant d'une impunité absolue.
Certains intellectuels ont contribué à entretenir cette situation en défendant une approche autoritaire de la laïcité qui se contente de réduire le rôle de la religion dans la vie publique sans se prononcer sur le système politique et les élites qui en tirent profit. Cette approche aristocratique et mensongère de la laïcité a justifié la conduite brutale et méprisante du pouvoir à l'égard des classes populaires et la suppression des garde-fous éthiques et intellectuels censés protéger la vie de la majorité. (…)
Au final, on peut dire que la révolution syrienne a éclaté contre une modernisation économique libérale privilégiant les riches, contre une modernité sans contenu émancipateur, se limitant au secteur bancaire, aux universités privées et aux voitures de luxe. C'est une révolution contre un régime qui a fait de « modernisation et développement » une doctrine masquant la relation privilégiée et illégitime entre le pouvoir et l'argent. C'est une révolution contre les riches qui ont pillé le pays du temps du socialisme baathiste avant de devenir les seigneurs de l'économie libérale. Et contre les idéologues qui ont fait de la « modernité » une nouvelle religion... »
« (...) La révolution syrienne rassemble divers milieux locaux qui se révoltent contre les privations et l'intrusion brutale des services de sécurité dans leurs vies et réseaux de solidarité. Elle mobilise aussi des individus modernes, éduqués et cultivés, des hommes et des femmes aspirant à la liberté et à l'autonomie individuelle. Ce qui relie ces deux catégories est leur attachement au travail comme moyen de subsistance, mais aussi comme boussole morale dans leur vision du monde. Elles constituent ensemble la société syrienne « publique » par opposition à celle, « privée », qui se définit par le pouvoir, l'argent ou par une prétendue distinction culturelle et intellectuelle.
La liberté que défendent et pour laquelle se sacrifient des jeunes, croyants et non croyants, de la classe moyenne éduquée et de ses franges les plus défavorisées, signifie pour eux la reconstruction politique et éthique autour de la valeur travail. Une valeur radicalement opposée à celle du pouvoir et de ses alliés... La primauté du mot d'ordre de « liberté » indique tout simplement que l'on est convaincu que la justice dépend de l'élimination de la tyrannie ».

Subhi Hadidi, Ziad Majed, Farouk Mardam-Bey, trois intellectuels de gauche syriens et libanais vivant aujourd'hui en Europe, dressent aussi une analyse de classe des facteurs socio-économiques qui ont favorisé l'insurrection syrienne en 2011 dans leur essai paru en 2018, Dans la tête de Bachar Al-Assad (Actes Sud) :

« La « marche du développement et de la modernisation » entamée par (Bachar Al-Assad) aboutit en 2005 à l'adoption officielle d'une politique économique néo-libérale dissimulée sous le label « économie sociale de marché »... La Syrie adhéra en 2005 à la grande zone arabe de libre-échange ; un accord de libre-échange signé avec la Turquie entra en application début 2007 ; une bourse des valeurs ouvrit à Damas en 2009 ; les capitaux affluaient de partout en provenance surtout des pays du Golfe. Le résultat fut catastrophique malgré un taux de croissance flatteur de 5 %: le nouveau cours renforça en effet le caractère monopolistique du capitalisme syrien désormais mondialisé au détriment des petites et moyennes entreprises soumises à une forte concurrence étrangère, et les classes populaires pâtirent de l'inflation galopante et de la suppression ou de la réduction de la subvention aux produits de première nécessité. Les plus affectés furent les paysans dont était naguère issue la majeure partie des cadres du Baath et que Hafez-al-Hassad considérait comme la principale base sociale de son régime. En plus de la disparition des aides multiformes qui leur étaient accordées par l’État, une loi promulguée en 2004 portant sur les relations agraires laissant les plus démunis d'entre eux à la merci des investisseurs privés. Conjuguée avec une sécheresse de quatre ans, la crise sociale dans les campagnes eut pour conséquence un exode d'une ampleur sans précédent vers les grandes villes. Entre 2004 et 2008, la population rurale active se réduisit de moitié, et la part de l'agriculture dans le PIB passa de 40 % à 17,6 %.
En revanche, la bourgeoisie affairiste accumulait les fortunes en milliards de dollars, placées en grande partie dans les paradis fiscaux, et creusait davantage le fossé entre elle et les 33 % de la population qui vivaient en-dessous du seuil de pauvreté, dont près d'un tiers dans un état d'extrême pauvreté. Le nom qui a longtemps illustré la fulgurante ascension de cette classe est celui de Rami Makhlouf, le cousin maternel de Bachar, dont on disait qu'il contrôlait 60 % de l'économie syrienne, aucun secteur n'échappant à sa rapine, de la téléphonie mobile aux boutiques hors taxes en passant par la banque, le pétrole, le BTP, le transport et le tourisme. Il fonda en 2006 avec 70 hommes d'affaires un holding tentaculaire, le premier en Syrie, en se réservant 51 % des actions. Comme lui, d'autres cousins et proches de Cachar, et avec eux les enfants et les neveux des hommes de confiance de son père, ont été, dans ces années 2000, les agents les plus actifs de la transition du « socialisme » au néo-libéralisme. Si la bourgeoisie d’État du temps de Hafez offrait sa protection à la bourgeoisie d'affaires et lui soutirait en échange un généreux pourcentage de ses bénéfices, il s'agissait désormais d'une fusion des deux dans une même classe sociale dominante, soudée par les mêmes intérêts, les mêmes convictions et le même mode de vie. Cette classe étant née et ayant grandi et prospéré à l'ombre du pouvoir absolu des Assad, il était illusoire d'imaginer que la libéralisation économique puisse la conduire à revendiquer des réformes démocratiques, même mineures... Ceux qui se demandent pourquoi les Syriens se sont révoltés en 2011 devraient ne pas oublier, entre beaucoup d'autres raisons, l'insupportable insolence de la nouvelle classe dominante ».

Publié en 2013 aux éditions La Découverte, l'essai collectif Pas de printemps pour la Syrie, sous la direction de François Burgat et Bruno Paoli, donne aussi des clefs pour comprendre l'enchaînement qui a conduit d'une révolte populaire demandant une inflexion démocratique du régime, la justice sociale, la fin de la corruption et du clientélisme, à une guerre civile à tendance communautaire et attisée, exploitée, instrumentalisée par des forces extérieures livrant une concurrence pour l'hégémonie politique et économique dans la région.

Dans ce livre, la militante communiste Nahed Badawie, membre du parti de l'action communiste syrien, emprisonnée de 1987 à 1991, puis une deuxième fois lors du premier « printemps de Damas » de 2000, consécutif à la mort d'Hafez-al-Assad, témoignait devant François Burgat depuis son exil à Beyrouth :

« Le plus important, c'est de bien comprendre que le régime savait que sa seule chance de l'emporter face à une protestation démocratique dépassant toutes les divisions confessionnelles était de restaurer ces divisions et de faire prendre à la révolte la tournure d'un affrontement interconfessionnel. La grande différence entre cette révolte de 2011 et celles des années 1980, c'est en effet que, lorsque les Frères musulmans s'étaient révoltés à Hama (et dans de nombreuses autres villes du pays), seuls les sunnites les avaient soutenus. Alors qu'en 2011, dès le début, la mobilisation, au moins chez les intellectuels, avait une assise dans absolument tous les compartiments de la société. Cela dit, il n'est pas faux pour autant de reconnaître que les sunnites étaient majoritaires. Il y a à cela deux explications.
D'abord le fait que le mouvement a pris plus largement dans les quartiers défavorisés. Or, si les défavorisés n'étaient pas tous sunnites, les sunnites défavorisés l'étaient en quelque sorte doublement : au même titre que tous les autres, mais aussi en tant que sunnites ; les chrétiens ou les Druzes défavorisés, et plus encore, les alaouites entrevoyaient, pour améliorer leur condition, des possibilités de passe-droits, des chances d'accéder à l'appareil d’État ou à des emplois. Rien de tel pour les sunnites. Ensuite, si la mobilisation a mobilisé à parts égales les intellectuels de toutes les confessions, il n'en a pas été vraiment de même dans les couches populaires : au sein des minorités chrétienne, druze ou alaouite, à la différence des intellectuels, ces composantes dévalorisées de la société se sont malheureusement montrées bien plus réceptives à la propagande destinée à les couper de la majorité sunnite.
S'agissant des groupes islamistes radicaux comme Jabhat al-Nosra, … leur légitimité est forte car ils luttent contre – et donc protègent de – la terrible violence de l’État (…).

Nahed Badawie toujours :

« Parmi les procédés employés par le régime dès le début pour instiller la peur et la haine sectaire, je me souviens de cette petite vidéo terrifiante que nombre de mes amis avaient reçue sur leur téléphone et qui leur avait été communiquée très officiellement sur leur lieu de travail – alors qu'il était très dangereux d'avoir sur son portable des vidéos de la révolution. On y voyait un supposé révolutionnaire, clairement identifié comme un « salafi », brandir plusieurs secondes une tête qu'il tenait par les cheveux et dont s'écoulait encore du sang. Cette propagande, si grossière soit-elle, avait malheureusement un réel impact sur les gens de condition modeste. Cela ne prenait pas sur les intellectuels et tous ceux qui avaient une réelle capacité d'analyse. Mais je me souviens que même un ami ingénieur, malgré son bagage scientifique, ne mettait pas en doute les plus grossières de ces « preuves ».
Un des moments forts de mon expérience militante, c'est peut-être la première fois où j'ai crié moi-même : « Le peuple veut la chute du régime ! ». Il faut rappeler que les autorités ont tué des manifestants dès les premières semaines. Chaque vendredi était donc inévitablement suivi d'une cérémonie d'enterrement qui regroupait dix fois plus de gens que ceux qui avaient participé à la manifestation. Alors le régime s'est mis à ouvrir le feu sur ces cortèges qui prenaient des allures de manifestations... Ce qui était émouvant dans ce genre de circonstances, c'est cette sensation que les Syriens de confession et de quartiers divers se découvraient les uns les autres pour la première fois. Des gens qui ne se seraient jamais parlé apprenaient à se connaître ».

Ismaël Dupont - 10 avril 2020

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:42
Covid_19 : Il n'y aura pas de victoire sur la pandémie en sacrifiant les migrants (PCF, 11 avril 2020)
Publié le 11/04/2020 par PCF
Covid_19 : Il n'y aura pas de victoire sur la pandémie en sacrifiant les migrants

Tout le monde s’accorde à dire que la pandémie du Covid-19 amplifie les inégalités. De nombreux gouvernements en Europe appellent à la solidarité, appellent la population à faire « bloc » pour lutter contre cette pandémie. Mais derrière ces mots, des populations sont oubliées et, entre autres, les personnes migrantes.

Une fois de plus, l’UE est incapable de s’accorder sur ce sujet, incapable de faire preuve de solidarité, d’humanité et peut-être même incapable d’aborder le sujet.

Et pourtant, les conditions sanitaires des demandeurs d’asile en Grèce sont sordides, indignes depuis des mois. Le gouvernement conservateur grec a suspendu le droit d’asile et a remplacé les « camps » existants sur les îles en centres de détention fermés. Des lieux où il sera totalement impossible de contenir l’épidémie du coronavirus. L’accès à l’eau est très insuffisante pour permettre les règles d’hygiène nécessaire et la surpopulation rend totalement impossible la distanciation sociale imposée pour réduire les risques de transmission. Ce sont des dizaines de milliers de personnes abandonnées sans défense contre le virus. Plusieurs détenus du centre de rétention administrative de Moria sur l’île de Lesbos viennent d'entamer une grève de la faim pour alerter sur leur situation que le gouvernement grec qualifie lui-même de "bombe sanitaire".

Au même moment, l’Italie ferme de nouveau ses ports à un bateau de l’ONG allemande Sea Eye qui a, à son bord, 150 migrants en utilisant l’argument de l’épidémie.

La France refuse de libérer les personnes détenues en centre de rétention administrative alors que toute demande d’asile, tout recours sont impossibles durant l’état d’urgence sanitaire mais elle accepte volontiers le renfort de personnes en attente de régularisation pour aider les producteurs de fruits et légumes à ramasser leur récolte.

Ce n’est pas le virus qui aggrave les inégalités mais plutôt les politiques de discrimination, et le mépris.

Le Portugal a annoncé il y a quelques jours une régularisation temporaire de tous les immigrés présents dans le pays en raison de la pandémie. Cela leur permet d’accéder à des droits sociaux et au système de santé pendant la période d’impossibilité d’examens des dossiers administratifs. C’est un premier pas, certainement insuffisant mais intéressant tout de même qui devrait inspirer l’Union européenne.

Le Parti communiste français demande au gouvernement d’examiner au plus vite la possibilité de régularisation des sans-papiers présents sur le territoire national et leur permettre d’accéder aux droits sociaux et droit à la santé.
Le PCF demande la libération de toutes les personnes détenues en centre de rétention administratif pour leur permettre de se protéger au mieux du virus.

L’heure est à la solidarité avec toutes et tous sans laisser personne de côté.

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:14
Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza – levée immédiate du siège ! (Agence média Palestine, 8 avril 2020)

Par Coordination Européenne des comités et associations pour la Palestine, 6 avril 2020

À l’attention de :

Mr Josep Borrell, Haut Commissaire Européen aux Affaires Étrangères

Ministres des Affaires Étrangères des pays européens,

Paris, le 6 avril 2020,

Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza – levée immédiate du siège !

Cher Mr Borrell,

Chers Ministres des Affaires Étrangères des pays membres de l’UE

Face à la pandémie de coronavirus, les gouvernements du monde entier prennent des mesures d’urgence de façon à protéger la santé de leurs citoyens et de stabiliser leurs économies.

Pour près de 2 millions de personnes de la bande de Gaza occupée et assiégée, avec les 129  cas de COVID-19 confirmés au 1er avril et deux mille personnes en quarantaine pour soupçon de contamination, le situation est au bord de la catastrophe. Les instruments, les lits de soins intensifs et les moyens de prévention pour faire face à l’éventualité d’une propagation de la contagion, sont manquants ou tout à fait inadéquats. Dans cette situation, aucune réponse efficace face à la crise actuelle n’est possible à Gaza.

Plus d’une décennie de blocus illégal et de fréquentes attaques brutales de l’armée israélienne font que 2 millions de gens vivent dans une situation de surpeuplement désespérant, dans un environnement marqué par l’exiguïté et des conditions de logement désastreuses, avec notamment un manque de 60% d’équipements médicaux, une fourniture d’énergie électrique gravement limitée, une malnutrition massive et l’eau courante dans seulement 10% des logements.

La prévision de l’ONU selon laquelle Gaza serait inhabitable en 2020 est pleinement devenue réelle, comme l’a plusieurs fois rappelé le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Michaël Lynk. Le panel d’experts de l’ONU sur la crise sanitaire a demandé qu’il n’y ait pas d’exception concernant le COVID-19, puisque “tout un chacun a droit à ce qu’on intervienne pour sa survie”.

En dépit de la préoccupation exprimée par le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres face au manque de ressources dans les camps de réfugiés, dans les villages déplacés et malgré l’appel à ne pas faire de la crise sanitaire une guerre, Israël ne fournit pas le soutien nécessaire et adapté aux structures de soins de Gaza auquel il est tenu en tant que puissance occupante, en contrevenant et en faisant constamment exception à ses obligations.

La communauté internationale ignore la situation critique des Palestiniens de Gaza depuis trop longtemps. Jusqu’à maintenant l’Europe s’est montrée incapable de se tenir à ses principes et déclarations et de mettre fin à sa complicité avec le système israélien d’occupation, d’apartheid et de colonialisme de peuplement.

Les Palestiniens doivent pouvoir accéder à des traitements médicaux et nous avons la responsabilité de les soutenir en mettant fin aux restrictions imposées par Israël. En vertu de la Quatrième Convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante, a le devoir d’assurer la sécurité et le bien-être des populations civiles dans les zones sous son contrôle. Le blocus maintenu par Israël sur la bande de Gaza est une mesure qui prive sa population de nourriture, de carburant et d’autres biens de premières nécessité ; il constitue une forme de punition collective, en violation de l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève.

C’est dans cet esprit que nous en appelons à l’UE et aux gouvernements européens pour:

  • Mettre en oeuvre immédiatement toutes mesures économiques et politiques y compris des sanctions et des mesures de rétorsion sous l’égide du droit international, pour faire pression sur Israël pour qu’il mette fin au siège de Gaza.
  • En contact direct avec les Ministres de la santé de Gaza et de Cisjordanie, assurer la livraison directe aux autorités publiques locales de cargaisons adéquates de fournitures médicales et sanitaires nécessaires à la détection du coronavirus et pour la prise en charge des personnes affectées ainsi que des éléments nécessaires à la prévention de la diffusion du virus dans la communauté et dans les hôpitaux locaux.
  • Permettre à ceux qui ne peuvent être traités à Gaza d’accéder effectivement à d’autres hôpitaux.
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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 06:00
Nûdem Durak

Nûdem Durak

 

TURQUIE / BAKUR – Alors que la pandémie du coronavirus fait des ravages en Turquie et au Kurdistan du Nord, plus de 50 000 prisonniers politiques, dont une bonne partie sont des journalistes, politiciens ou artistes kurdes, sont interdits de quitter la prison tandis que les autres condamnés du droit commun ou des terroristes de DAECH sont libérés petit à petit…
 
Parmi ses prisonniers politiques kurdes, il y Selahattin Demirtas, avocat, écrivain et politicien d’HDP, des dizaines de maires comme Gultan Kisanak et des artistes dont le seul crime est d’affirmer leur identité kurde. On veut vous parler de la chanteuse kurde Nûdem Durak à titre d’exemple pour montrer l’enfer que les Kurdes vivent en Turquie…
 
Cela fait 5 ans que la chanteuse kurde Nûdem Durak est en prison pour avoir osé chanter dans sa langue maternelle. Elle doit retrouver sa liberté en 2034. Un châtiment de 19 ans pour lui enlever le goût de chanter les chansons de son peuple… ou montrant la fausseté du discours officiel turc parlant de leurs « frères kurdes ».
 
La justice turque a condamné la chanteuse kurde Nudem Durak à 19 ans de prison pour avoir enseigné la musique kurde.
 
Originaire de Cizre, Nûdem est bien connue dans toute sa communauté pour enseigner des chansons folkloriques locales en langue kurde aux enfants. Les Kurdes sont persécutés depuis des décennies par les gouvernements de Turquie, d’Iran et de Syrie dans tout le Kurdistan. (Vous pouvez entendre Nûdem chanter en kurde ici)
 
Pour le gouvernement turc, qui a même interdit le mot «Kurdes» jusqu’aux années 1990 (les appelant plutôt «Turcs des montagnes»), chanter était tout simplement inacceptable. Nûdem a été arrêtée en 2015 et inculpée sous la vague notion de propagande parce que les chansons qu’elle chantait étaient dans sa langue maternelle.
 
En avril 2015, Nûdem Durak a été condamnée à dix ans et demi de prison pour «promotion de la propagande kurde» en se produisant dans sa langue maternelle. En juillet 2016, sans accusation ni condamnation supplémentaires, sa peine a été portée à 19 ans. Des amis rapportent qu’elle était recherchée par la police depuis au moins 2014. La chanteuse a été arrêtée avec trois autres femmes, mais elles ont été libérées.
 
Nûdem Durak est actuellement détenue dans la prison fermée de Mardin où elle devrait rester jusqu’en septembre 2034.
 
Pour soutenir Nûdem Durak

Signez la pétition Free Nûdem Durak 
Chantez pour elle, écoutez ceux et celles qui l’ont déjà fait…

Ecrire à Nûdem

Nudem Durak
M Tipi Kapalı Cezaevi
Bayburt
TURQUIE

Pour plus d’info cliquez : songfornudemdurak.org
Suivez la campagne de solidarité sur les réseaux sociaux.

Facebook “Song for Nudem Durak” @songfordurak

 

Source:

https://kurdistan-au-feminin.fr/2020/04/10/turquie-une-chanteuse-kurde-condamnee-a-19-ans-de-prison-a-cause-la-musique-kurde/?fbclid=IwAR2KpElBXV5c8hMGv9efJU2iGNWSF3DfvTMYyiWztKLqMEi9JfWjChYBlmc

 
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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 09:52
Publié le 10/04/2020 par PCF
Covid19 : Pour un cessez-le feu mondial

Depuis plusieurs semaines maintenant, les États-Unis sont durement frappés par la pandémie mondiale du Covid-19. En début de semaine, on recensait plus de 10 000 Etats-uniens morts et 350 000 autres infectés.

Non content de délaisser son peuple, en déclarant que si « les Etats-Unis finissent avec 100.000 à  150.000 morts, nous aurons fait un bon job », Donald Trump  préfère poursuivre ses projets guerriers. Il menace le Venezuela d’intervention armée et lui fait du chantage. Et il durcit les sanctions économiques extraterritoriales contre d’autres pays qui ont pourtant un urgent besoin de mobiliser tous leurs moyens pour protéger leurs populations.

Le cynisme de Donald Trump contraste avec les appels à la « solidarité mondiale » et à un « cessez-le-feu mondial » lancés par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Il appelle à une «  réponse coordonnée et multilatérale » et chiffre le montant des moyens nécessaires pour se relever de la crise sanitaire, sociale et économique à 10 % du PIB mondial. Il invite pour cela à mobiliser tous les moyens des banques centrales et du FMI dans le but de promouvoir « une économie différente ».

Le PCF soutient ces appels, invite à signer massivement la pétition mondiale de l’ONU « pour un cessez-le-feu mondial », exhorte les gouvernements, dont celui de la France, à cesser de vendre des armes aux belligérants là où les conflits se poursuivent. Il appelle également à lever le blocus contre Cuba, à cesser la guerre larvée contre le Venezuela, et à mettre fin à tous les régimes de sanction économique qui privent les peuples des moyens de lutte contre la maladie et tuent chaque jour des vies supplémentaires. 
Le monde ne doit avoir qu’une seule priorité : la fin de la pandémie, la construction de systèmes de santé publique à la hauteur partout sur la planète, l’invention d’un nouveau modèle de développement économique, social et écologique, solidaire et protecteur pour tous les peuples du monde.

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11 avril 2020 6 11 /04 /avril /2020 08:08
Inde: un grand bond en arrière - Article de Jean-Claude Breton, président de l'AADI (Le Télégramme, 10 avril)

UN GRAND BOND EN ARRIERE POUR L’INDE ?

C’est passé presque inaperçu: le 24 mars, un cinquième de la population mondiale a rejoint les pays qui étaient déjà confinés dans la lutte contre le COVID-19: Narendra Modi, Premier Ministre de l’Inde, impose un “lockdown” de 21 jours pour le 2ème pays le plus peuplé du monde et sa densité 3 fois supérieure à celle de la Chine. Certes l’Inde avait déjà , avant de nombreux pays occidentaux, restreint les entrées dans le pays, mais la décision a été brutale , avec un sens de la communication émotionnelle associant le non respect de ces 21 jours de confinement à un retour en arrière du pays de 21 ans. Dans ce laboratoire gigantesque qu’est l’Inde, où tout côtoie perpétuellement son contraire, des drones montrent alors Bombay désertée , des vues magnifiques et surprenantes d’une discipline inimaginable , un Taj Mahal revenu à son origine – un tombeau royal - , en même temps qu’on assiste à des exodes de malheureux subitement privés d’emploi et de ressources, tentant de revenir à pied dans leurs lointains villages , tous les transports étant suspendus.

Dans un pays qui reste encore démocratique, et bien qu’en danger avec le gouvernement actuel, la liberté d’expression n’hésite pas à stigmatiser la scandaleuse faiblesse des budgets de l’Inde dédiés à la santé et les inégalités sociales . Les caricaturistes illustrent ces thèmes avec un humour grinçant et autodérision , et aussi l’origine de la contagion : les classes aisées qui voyagent, l’image de celui qui arbore un passeport et amène le virus, face à celui qui n’a que sa carte de rationnement et qui va souffrir.

Beaucoup d’indiens craignent de mourir de faim plutôt que du virus, l’accès aux légumes frais étant rendu difficile par les contraintes logistiques et le manque de ressources des acheteurs, tandis que celui du riz et des légumineuses est plus facile grâce aux marchés contrôlés par l’État. Pire qu’en d’autres lieux la xénophobie est à l’affut et les conflits intercommunautaires peuvent se réouvrir: un grand rassemblement récent à Delhi d’une organisation musulmane est à l’origine de 700 cas de contamination et déclenche une dangereuse exploitation de la part des extrémistes hindous. Que le gouvernement actuel pourrait exploiter en attisant les haines déjà sous-jacentes . D’un autre côté , un éminent épidémiologiste du pays explique à la télévision que le Premier Ministre savait que les chiffres officiels mentionnés étaient très sous-estimés, et que l’on peut craindre d’ici juillet de 1 à 2 millions de morts. La mousson pouvant ensuite aggraver la situation.

Ce chiffre peut effrayer, il n’est pourtant pas incompatible avec ceux des pays occidentaux “en proportion” des populations et vu la faiblesse des structures médicales en Inde. A rapprocher des 4 millions de morts de la famine au Bengale en 1943 dont les Britanniques et Churchill ont été tenus pour responsables. L’Inde qui produit la moitié de la chloroquine mondiale et voulait en interdire l’exportation a dû se plier aux injonctions de Donald Trump et faire une exception pour les États-Unis .

Pour Modi et ses ambitions de devenir la 3ème puissance économique mondiale, l’enjeu est crucial, et les résultats du confinement susceptibles en effet de renvoyer l’Inde très en arrière , ruinant sa remarquable évolution économique depuis 1993. Au contraire si ces prévisions s’avèrent exagérées, ils seront exploités comme un miracle ou une preuve d’efficacité . Mais cela pourrait aussi conforter le pouvoir actuel dans sa politique fascisante . Faut-il souhaiter plutôt une déstabilisation complète ?Le risque est grand d’un chaos interne incontrôlable et la fin d’un équilibre géopolitique de la zone , voire d’un nouveau Moyen Orient ? Comme on le dit parfois, l’Inde estime n’avoir de comptes à rendre qu’à l’éternité.

Jean Claude Breton

10 avril 2020

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10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 07:04
Oxfam alerte sur une aggravation sans précédent de la pauvreté dans le monde avec le Coronavirus s'il n'y a pas un bond qualitatif dans la solidarité (Dossier de L'Humanité, jeudi 9 avril 2020)
Jeudi, 9 Avril, 2020 - L'Humanité
Éditorial. Table rase

L'éditorial de Cathy Dos Santos. Le rapport d’Oxfam que nous présentons dans nos colonnes est un cri d’alarme qui place les puissances face à leurs responsabilités. L’impact économique de la crise sanitaire pourrait précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté,

 

Il ne suffit plus de se payer de mots, il faut des actes. La pandémie, qui « hors de tout contrôle pourrait coûter la vie à plus de 40 millions de personnes », selon Oxfam, presse les dirigeants politiques d’agir. Mais pas n’importe comment, et surtout pas en recyclant les recettes ultralibérales d’hier qui ont aggravé les crises structurelles qui défigurent le quotidien de milliards d’êtres humains. On ne le répétera jamais assez, l’épidémie agit comme un miroir grossissant des injustices. Si le virus peut frapper tout un chacun, il n’est pas égalitaire. Il exacerbe les situations d’extrême fragilité des plus démunis. Le confinement de la moitié de l’humanité n’occulte pas les misères, il les décuple.

La déflagration économique et financière, qui s’amorçait avant même l’explosion de Sars-CoV-2, s’annonce encore plus violente que la crise de 2008. Couplée aux conséquences désastreuses de la pandémie, l’onde de choc sera d’une brutalité dramatique. En fait, elle l’est déjà. La presse espagnole fait état de 900 000 emplois démolis. Le cortège de chômeurs a brutalement grossi aux États-Unis, où plus de 10 millions de personnes viennent de perdre leur travail. L’Organisation internationale du travail évoque la destruction de 25 millions d’emplois dans le monde, d’après une fourchette basse.

Le rapport d’Oxfam que nous présentons dans nos colonnes est un cri d’alarme qui place les puissances face à leurs responsabilités. L’impact économique de la crise sanitaire pourrait précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté, selon l’ONG, qui plaide pour un sauvetage économique mondial ambitieux à même de ne laisser personne de côté. Les prochaines réunions de la Banque mondiale et du FMI, des ministres des Finances du G20 doivent accoucher de réponses radicalement transformatrices afin de protéger les citoyens et soutenir les pays les plus pauvres, acculés contre le mur honteux d’une dette illégitime. La pandémie jette une lumière crue sur les orientations capitalistes qui se sont soldées en 2008 par des chèques en blanc signés aux banques et une austérité mortifère pour les peuples. De ce passé-là aussi, il faut faire table rase.

Par Cathy Dos Santos
Jeudi, 9 Avril, 2020 - l'Humanité
Les pays riches laisseront-ils le combat contre la pauvreté reculer de 30 ans ?

« Le Prix de la dignité », c'est le nom du rapport choc qu'Oxfam vient de sortir. L'ONG y anticipe un basculement massif dans la misère à travers le monde, suite à l’épidémie du coronavirus. Ce prix de la dignité, c'est celui à payer d'urgence au niveau de la communauté internationale pour faire face à une spirale vertigineuse, de nature à enraciner les pays pauvres dans le sous-développement... Un demi-milliard de personnes supplémentaires pourraient basculer dans le dénuement. À l’approche de réunions décisives qui auront lieu la semaine prochaine entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international et entre ministres des Finances du G20, les pays riches sont au pied du mur.

 

C’est l’autre conséquence épouvantable de la pandémie : l’extension de la pauvreté, le creusement des inégalités dans un monde déjà miné par ces fléaux… Un demi-milliard de personnes supplémentaires, entre 6 et 8 % de la population mondiale, pourraient basculer dans le dénuement, alerte Oxfam dans un rapport intitulé « Le prix de la dignité ». Une sombre perspective décrite « à l’approche de réunions décisives qui auront lieu la semaine prochaine entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) – virtuellement du 17 au 19 avril – et de la réunion des ministres des Finances du G20 le 15 avril ». L’ONG appelle les pays riches à l’adoption d’un « plan de sauvetage économique pour tou-te-s afin de maintenir les pays et les communautés pauvres à flot ». Ces derniers entrent d’ailleurs d’ores et déjà dans une crise économique avant même la crise sanitaire, qui s’annonce désastreuse vu les très faibles capacités de riposte.

Les effets du confinement sur l'économie informelle

Dans les seuls pays du Maghreb, des millions de travailleurs de l’ombre, sur les marchés informels, se trouvent subitement confrontés à l’absence de revenus. La contrainte du confinement barre la route à des centaines de jobs au noir, vendeurs à la sauvette, gardiens de parking, femmes de ménage, manœuvres et autres emplois mille fois précaires. « Ils sont des millions à ne plus pouvoir aller dans la rue en quête de quelques sous pour les besoins de leurs familles, mais pas seulement, relève Robin Guittard, porte-parole d’Oxfam. Les économies de ces pays-là sont dès à présent ébranlées au plan macroéconomique. Quelque 83 milliards de dollars d’investissements étrangers ont déjà été retirés. Les cours des matières premières sont sensiblement en baisse, - 21 % pour le cuivre, - 61 % pour le pétrole et - 15 % pour le café il y a juste quelques jours, sans compter l’effondrement de l’activité touristique et… les hausses des taux d’intérêt à plus de 3,5 %. » La spirale est vertigineuse, de nature à enraciner les pays pauvres dans le sous-développement.

Vite, l’annulation des paiements de la dette

Dès lors, la réponse se doit d’être « rapide et massive », insiste le porte-parole. L’ONG recommande l’annulation des paiements de la dette redevable à brève échéance à hauteur de 400 milliards de dollars pour les pays à faibles revenus, « de l’argent qu’ils pourront investir dans les politiques d’urgence face à la pandémie ». L’acquisition des moyens de protection représente en effet des dépenses colossales, qui plus est sur des marchés tendus. Les stratégies sanitaires à mettre en place sont autrement plus coûteuses que celles des pays nantis. Nul doute que les manœuvres budgétaires pour y parvenir vont laisser sur le carreau des millions de personnes.

De façon globale, si rien n’est fait, la régression pourrait être d’une dimension catastrophique, estime Oxfam, dont les récentes analyses éclairent le chemin escarpé qu’emprunte désormais l’humanité tout entière. « Cela pourrait constituer à l’échelle mondiale un recul de dix ans dans la lutte contre la pauvreté, et un recul de trente ans dans certaines régions comme en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Plus de la moitié de la population mondiale pourrait désormais vivre sous le seuil de pauvreté à la suite de la pandémie », souligne le rapport.

Dans les circuits des économies libérales, l’argent coule à flot

Inévitablement, c’est aussi l’inégalité qui va se creuser davantage partout dans le monde. « Les travailleurs et travailleuses les plus pauvres dans les pays riches et pauvres seront les premiers impactés économiquement car ils sont moins susceptibles d’occuper un emploi formel, de bénéficier de protection sociale, de percevoir une indemnité chômage ou maladie ou d’avoir la possibilité de télétravailler. Et les femmes, en première ligne de la mobilisation face au virus, sont susceptibles d’être les plus durement touchées financièrement », selon l’ONG. « Le prix de la dignité » est ainsi évalué à l’aune des responsabilités des pays riches envers le reste du monde. Oxfam énumère une série de mesures (à lire ici), dont l’institution d’impôts « de solidarité d’urgence en taxant les bénéfices extraordinaires, les plus grandes fortunes, les produits financiers spéculatifs et les activités ayant un impact négatif sur l’environnement ».

Une chose est sûre, l’argent coule à flots dans d’innombrables circuits des économies libérales. Son usage à des seules fins d’enrichissement exponentiel de nababs est un manque à gagner pour le progrès social. Si l’on suivait l’ONG sur l’annulation des échéances de dette immédiate afin de fournir de la trésorerie aux pays pris à la gorge dans le contexte de la pandémie, « le Ghana pourrait fournir 20 dollars par mois à chacun des 16 millions d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées du pays pendant six mois », précise-t-on. Le pays s’en sortira ainsi provisoirement si ses créanciers s’acquittent de ce « prix de la dignité ». Mais il verra peut-être un jour le bout du tunnel, à la seule condition d’une rupture radicale avec le schéma actuel des relations Nord-Sud, hors du pillage des ressources, de l’échange inégal et de la pression de l’endettement. Même vaincu, le coronavirus laissera cette exigence intacte.

Nadjib Touaibia
 
Jeudi, 9 Avril, 2020
Le plan d'Oxfam : une « monnaie hélicoptère » distribuée avec discernement

Dans son « plan de sauvetage universel », Oxfam pointe l’urgence du moment et met l’accent sur le recours à une création monétaire pour le plus grand nombre. L’ONG s’inquiète, à juste titre, de voir les mesures prises jusqu’alors s’aligner sur les recettes mises en œuvre au lendemain du krach financier de 2008. Elle avaient conduit à transférer une énorme dette privée sur le public...

 

Le grand mérite des propositions d’Oxfam est de souligner le besoin d’agir vite et de mettre en œuvre des réponses aussi urgentes que radicales dans les crises sanitaire et économique qui s’amplifient autour du Covid-19. L’ONG s’inquiète, à juste titre, de voir les mesures prises jusqu’alors s’aligner sur les recettes mises en œuvre au lendemain du krach financier de 2008. Son « plan de sauvetage universel » insiste sur le besoin de ne plus privilégier « le renflouement » des plus gros acteurs du marché, mais au contraire de voler au secours « des salariés et des particuliers, des petites entreprises », qui vont subir l’essentiel du choc de la très forte récession entamée.

Oxfam dénonce les choix qui ont conduit à transférer jadis une énorme dette privée sur le public pour pratiquer par la suite « autant de politiques d’austérité ». La même méthode inspire, de fait, déjà les grands plans dits de relance tant aux États-Unis qu’en Europe. L’ONG souligne que sa mise en œuvre aurait, cette fois, pour conséquence de « nous ramener en arrière de plusieurs décennies » dans le traitement de la pauvreté et de la faim dans le monde. Pour faire face, il faudrait au contraire, plaide Oxfam, « utiliser la création monétaire » et exiger du FMI qu’il émette quelque « 1 000 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux » (DTS), soit une monnaie internationale constituée à partir d’un panier de plusieurs grandes devises.

« Respecter les objectifs des accords de Paris sur le climat »

Le chercheur marxiste Paul Boccara avait relevé de longue date l’intérêt de ces DTS pour commencer de mettre en place une vraie monnaie commune mondiale, alternative au dollar tout-puissant, et derrière lui à la funeste domination de Wall Street. Oxfam, qui relève à sa manière tout l’intérêt d’une telle option, y voit un relais pour financer un soutien de survie aux petites entreprises et à des centaines de millions de salariés.

Pour l’Europe, l’ONG développe également le bien-fondé d’une création monétaire qui ne soit plus « au strict bénéfice des grandes entreprises » mais de la masse des citoyens touchés par la crise, « sans oublier les plus démunis ». Elle avance l’idée de « monnaie hélicoptère ». Autrement dit : une distribution massive d’argent sur le compte des particuliers.

Ce type de mesure, d’évidence dévouée à stimuler la demande, risque cependant d’avoir un effet provisoire et donc surtout palliatif. Les poids lourds de l’économie mondiale n’y sont pas hostiles. Eux qui ne voient forcément pas d’un bon œil la perspective d’un effondrement généralisé du pouvoir d’achat de leur clientèle populaire. Au point que Donald Trump a décidé d’envoyer des chèques de crédits d’impôt d’environ 1 200 dollars aux contribuables des États-Unis. Mesure qui ne compensera que très imparfaitement les pertes d’emplois, et donc de salaires et d’assurances sociales, annoncées par dizaines de millions.

La contradiction est de taille. Elle ne semble pas avoir échappé aux rédacteurs du « plan universel » d’Oxfam, qui insistent sur « le besoin de conditionner les aides », les subventions et donc l’affectation de la monnaie nouvellement créée aux grands choix de gestion des entreprises. Pour qu’elles mettent enfin la barre « sur le social et l’environnement » afin « de respecter les objectifs des accords de Paris sur le climat ». Création monétaire pour échapper au diktat des marchés financiers et sélectivité du crédit sont bien au menu de l’alternative à la crise vertigineuse qui menace le genre humain.

Bruno Odent
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