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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 07:45

Pouvoir permettre à ses enfants d'apprendre la langue bretonne par imprégnation tout en ne les isolant pas des enfants scolarisés à l'école publique ordinaire est à mon sens une chance pour les parents et le signe d'un soutien des pouvoirs publics, dans le cadre d'une défense de la laïcité et du service public national,  à la survie d'une langue régionale plus vieille que le français, héritière de l'ancien gaulois et des dialectes celtiques parents des bretons de Grande Bretagne, qui fut pendant des siècles le véhicule d'une culture populaire extrêmement riche. Dans ce cadre, il était incompréhensible que les parents d'enfants de la filière bilingue du Poan Benn ne résidant pas à Morlaix mais devant y scolariser leurs enfants pour leur permettre d'apprendre très tôt le breton soient contraints, qu'ils soient à l'aise ou juste financièrement, de payer 5,48 € pour la cantine de leurs enfants, et presque autant pour la garderie. Ceux qui avaient deux enfants scolarisés en filière bilingue et qui étaient obligés pour une raison ou pour une autre de les laisser à la garderie le soir ou le matin pouvaient ainsi laisser plus de 20 euros chaque jour pour les frais scolaires annexes... La plupart des parents étaient d'ailleurs tenus de reprendre leur voiture le midi et de quitter la maison ou le travail pour récupérer les enfants afin de les faire déjeuner à bon marché, ce qui privait les enfants de toute une vie sociale, des animations de l'école et des jeux avec leurs camarades.

 

Pendant deux ans, plusieurs parents du Poan Benn  se sont organisés et battus pour abaisser les tarifs scolaires des enfants scolarisés en classe CLIS (classe d'intégration pour des élèves en difficulté scolaire) et des enfants de la filière bilingue mais, l'an passé, considérant sans doute que l'enseignement en breton dans le public a l'école primaire n'était pas un droit mais un luxe qu'il fallait payer, la mairie n'avait reconsidéré ses tarifs que pour les parents d'enfants scolarisés en CLIS, sachant que ces classes adaptées nécessaires pour intégrer des élèves légérèrement handicapés en milieu ordinaire ne pouvaient pas exister dans toutes les communes et qu'il n'y avait aucune raison de pénaliser les parents.  

 

Mais après une ultime médiation d'une délégation de parents de l'école bilingue la semaine dernière, qui a probablement menacé de rentrer dans un rapport de force plus musclé et de plaider pour un transfert de la filière bilingue à Saint Martin des Champs auprès de l'inspection académique, la mairie de Morlaix a accepté sous la pression de baisser d'un euro le prix de la cantine pour les enfants bretonnants des communes de la périphérie morlaisienne sans faire de concessions correspondantes pour les tarifs de garderie.

 

Je crois qu'on peut dire bravo aux parents du Poan Benn pour leur pugnacité et se féliciter que la mairie ait fait ce geste d'apaisement même s'il est vrai que, sur le fond, sa ligne de défense qui consistait à dire que les communes des enfants scolarisés en filière bilingue pouvaient aussi faire un geste pour permettre à des parents qui payaient leurs impôts chez elles d'accéder ailleurs à un service qu'elles n'offraient pas, avait une certaine logique. Seulement, là encore, le manque d'entente entre les élus de la ville-centre et ceux des communes voisines, leur intrinsigeances symétriques, conduisaient à sacrifier les intérêts des habitants du pays de Morlaix en général, qui, même quand ils résident et payent leurs impôts locaux dans une commune de la périphérie morlaisienne, vont souvent travailler et faire leurs achats à Morlaix, ce qui relativise le manque à gagner de la municipalité morlaisienne quand elle subventionne la cantine pour des enfants dont les parents n'habitent pas Morlaix.

 

Cette question soulève aussi plus généralement le problème du poids des tarifs scolaires de restauration scolaire et de garderie à Morlaix: le repas s'élève à 6,72 € pour les instituteurs, à 4,21€ pour les enfants de parents morlaisiens appartenant à la classe moyenne... Ce sont des tarifs beaucoup plus élevés que dans la plupart des autres communes, la municipalité ayant augmenté ces tarifs depuis l'entrée en fonction de la majorité municipale de droite et ayant parallèlement supprimé il y a deux ans le tarif "fréquentation régulière" plus avantageux pour la garderie. Or, dans un contexte où les salaires stagnent, où la précarité gagne du terrain, où le pouvoir d'achat de la majeure partie des français diminue avec la hausse des prix de l'alimentation, de l'énergie, du logement, on pourrait souhaiter une meilleure prise en compte des contraintes financières quotidiennes des morlaisiens.

 

Ismaël Dupont.  

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 07:36

Lettre ouverte envoyée à la presse ce week-end.

 

 

Le 23 mai, le maire de Morlaix a refusé aux organisations du Front de Gauche (Parti communiste, Parti de Gauche, Gauche Unitaire) le prêt de la grande salle de Morlaix Animation Jeunesse à la Boissière pour y organiser le 7 ou le 8 juin une réunion publique sur la politique de l'énergie. Nos démarches pour lui faire revoir sa décision ont été vaines. Les douze derniers mois, nous avons pourtant déjà organisé trois réunions publiques à MAJ, et, il y a dix jours à peine, Europe-Écologie Les Verts a obtenu l'autorisation d'utiliser la salle de MAJ pour organiser une réunion-débat sur l'énergie avec Yves Cochet.

L'argument qui a été invoqué pour nous refuser la salle a été la convention signée par l'association MAJ avec la ville de Morlaix qui stipule que la salle est en priorité destinée aux loisirs des jeunes. Nous ne contestons pas que cela soit en effet sa destination première mais traditionnellement, comme d'ailleurs les locaux de la MJC, la salle de MAJ fait office le soir de maison de quartier où les partis politiques peuvent nourrir le débat public avec la population d'autant plus facilement que la salle est au cœur d'un quartier densément peuplé. La salle de réunion de l'ancien lycée Tristan Corbière à Kernégues, située à l'étage, que la mairie nous propose en échange, n'offre pas les mêmes conditions d'accessibilité aux handicapés et personnes âgées à mobilité réduite et est beaucoup moins attrayante et plus excentrée pour avoir des chances de faire venir les morlaisiens. Faut-il voir dans cette décision une discrimination particulière à l'égard du Front de Gauche, sachant que le parti communiste s'est déjà vu refusé le panneau électronique derrière la mairie pour annoncer la fête du Viaduc? Ou, plus sûrement, ne faut-il pas penser que le maire de Morlaix raisonne désormais essentiellement en tant que secrétaire départemental de l'UMP et candidate probable aux législatives de 2012, et cherche à ce titre, dans la perspective des prochaines élections, à bâillonner l'opposition de gauche, à lui compliquer ses rencontres avec la population pour lui présenter et construire avec elle ses propositions, afin de donner un avantage à son camp, qui s'accommode très bien de l'atonie du débat public et de la dépolitisation des gens?

Après MAJ, est-ce la MJC qui sera interdite aux organisations ou aux collectifs citoyens et politiques? Nous pensons au contraire que le rôle des élus de la République est de favoriser sans partialité partisane l'expression de la diversité des idées politiques et la vitalité du débat démocratique.

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 19:36

On a longtemps seriné que la construction européenne, œuvre de visionnaires humanistes qui ont su renverser les montagnes des litiges historiques et des égoïsmes nationaux, aurait rendu possible la paix et la prospérité en Europe pendant cinquante ans, et qu'elle pourrait encore, à condition d'être approfondie, accorder aux peuples européens plus de moyens de défendre leurs systèmes sociaux protecteurs construits dans la compétition mondiale.

 

L'essai d'histoire politique de François Denord et Antoine Schwartz, L'Europe sociale n'aura pas lieu (Raisons d'agir, 2009. 7€), permet de rappeler que l'Europe a d'abord été conçue parfaitement consciemment par ses initiateurs (dont les fondations et les entreprises de propagande étaient financées par les américains) comme un moyen de combattre le communisme et de promouvoir le libéralisme en rendant inoffensives pour le capital et la préservation du libre-échange les revendications sociales des peuples. Nicolas Sarkozy, cité en introduction de l'ouvrage, l'exprimait d'ailleurs sans détours devant ses amis de l'UMP en juillet 2008, soit en pleine période de crise du capitalisme financier et de remise en cause de façade des préconisations économiques néo-libérales: « Imaginons un peu ce qu'il serait advenu de la France et de son débat politique, lorsque nous avions des ministres communistes et des dirigeants socialistes au gouvernement de la France. Heureusement qu'il y avait l'Europe pour empêcher ceux-ci d'aller jusqu'au bout de leur logique. C'est aussi cela l'Europe ».

 

Cette opposition entre l'Europe intégrée en voie de construction et la démocratie sociale ne date pas d'hier, et pour s'en convaincre, suivons un peu l'émergence du projet de construction européenne. Dès mai 1948, des hommes politiques de premier plan et des hauts fonctionnaires démocrates-chrétiens, libéraux, se réunirent sous la présidence d'honneur de Winston Churchill dans le château de La Haye pour affirmer leur conviction qu'il était urgent de créer par des cessions de souveraineté des États-nations une union économique et politique en Europe pour assurer la sécurité (contre la contagion communiste ou le réveil nationaliste) et le progrès social. La résolution fondatrice du Mouvement européen créé à La Haye en 1948 invite les gouvernements à adopter la libre convertibilité des monnaies, à rétablir la liberté intégrale du commerce et claironne que « l'Union européenne devra par la suite assurer dans toute son étendue la liberté de capitaux, l'unification monétaire, l'assainissement concerté des politiques budgétaire et de crédit, l'union douanière complète et l'harmonisation des législations sociales ». Le programme économique du Mouvement européen écarte d'emblée le socialisme.

A la suite de ce congrès de La Haye, les européistes se réunissent au sein de plusieurs groupes de discussion et de pression associant des chefs d'entreprise et des hommes politiques: d'abord le Mouvement européen, puis à partir de 1955, le groupe de Bilderberg (forum de discussion réunissant le gratin de l'élite européenne et américaine: Guy Mollet, Denis de Rougemont, Antoine Pinay, René Pléven, Paul-Henri Spaak, les néo-libéraux Jacques Rueff, Robert Marjolin...). Dans un article lucide de la revue Esprit daté de novembre 1948, Jean-Marie Domenach constatait que le centre de gravité des croisés de l'idée européenne penchait nettement à droite: « la fédération des peuples d'Europe, l'abandon des souverainetés nationales était jusqu'à présent le rêve le plus hardi des hommes de gauche » mais « aujourd'hui, les États-Unis d'Europe ont pour eux toute la réaction...En réalité, ils ont tous d'abord en commun la haine du communisme, qui est haine intellectuelle du marxisme chez les uns et simple haine de classe chez les autres ».  

 

Le projet fédéral européen est soutenu financièrement au début des années 50 par la CIA sous les auspices d'Allen Dulles via un organisme appelé American Committe on United Europe (ACUE). « L'ACUE (par le biais des fondations Ford ou Shepard Stone) finance entre la moitié et les deux tiers des dépenses du Mouvement européen. Au total, les sommes allouées approcheraient les 4 millions de dollars sur la période 1949-1960 » (L'Europe sociale n'aura pas lieu. p.24) En 1950, c'est le socialiste belge de droite Paul Henri de Spaak, qui, nommé premier ministre en 1938, avait été le zélateur d'une politique d'apaisement et de conciliation à l'égard des puissances fascistes, et que l'hostilité viscérale contre le bolchévisme, habillée rhétoriquement en défense de l'Occident, recommande aux Américains, qui prend les rênes du Mouvement européen. L'ennemi de l'heure des européistes qu'il s'agit de discréditer, c'est le gouvernement travailliste anglais.

 

En effet, le gouvernement travailliste anglais très progressiste de Clément Attlee refuse en 1950 de s'engager dans le projet de construction européenne en anticipant bien ce qu'il allait devenir, du fait des motivations libérales de la plupart de ses initiateurs. Une brochure officielle du Labour Party, datée de mai 1950, insiste déjà sur l'incompatibilité entre la mise en œuvre d'une politique de transformation sociale structurelle au service du monde du travail et le renforcement de l'intégration européenne sous l'égide des dogmes libéraux: « le Parti travailliste ne pourrait accepter tout engagement qui limiterait sa liberté ou celle des autres de rechercher le socialisme démocratique, et d'appliquer le contrôle de l'économie nécessaire à sa réalisation...aucun parti socialiste ne peut accepter un système dans lequel des domaines importants de la politique européenne seraient livrés à une autorité européenne de nature supra-nationale étant donné qu'une telle autorité serait en permanence dominée par une majorité antisocialiste et souleverait l'hostilité des travailleurs européens ».  

 

Pour les États-Unis, la construction politique et économique de l' union européenne doit permettre de prendre le relais du plan Marshall (1948) visant à relever économiquement l'Europe de l'ouest et éviter que les communistes (en France et en Italie notamment) n'exploitent politiquement la misère sociale consécutive à la guerre. Elle doit aussi permettre aussi « permettre au Vieux continent d'assumer une part croissante du coût de la Guerre froide et de limiter l'engagement économique des États-Unis; surtout, le gouvernement américain souhaite la réalisation d'une union douanière entre ses partenaires européens et exige d'eux l'ouverture de leurs marchés afin d'y écouler ses marchandises et d'y faire fructifier ses capitaux. C'est la contrepartie de l'aide apportée par le tuteur américain . A sa demande, l'Organisation européenne de coopération économique (OECE), l'ancêtre de l'OCDE, fait ses premiers pas en avril 1948 » (idem, p.28). Le soutien aux défenseurs du projet de construction européenne est l'autre volet d'une politique d'élaboration d'une « Communauté atlantique » dressée contre l'URSS qui s'associe avec la création de l'alliance militaire de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) suite au traité de Bruxelles de mars 1948. Les pères fondateurs de l'Europe – Churchill, De Gasperi, Monnet, Spaak, Adenauer – ont passé sous silence cet activisme des Américains pour soutenir les propagateurs de l'idée européenne: pourtant, Paul-Henri Spaak, Paul Van Zeland, Robert Schuman, Guy Mollet, Konrad Adenauer, ont généreusement été reçus en leur temps aux États-Unis pour faire des tournées de promotion du fédéralisme européen auprès des élites américaines. D'emblée, loin que l'intégration européenne soit le moyen de trouver une indépendance stratégique et économique par rapport à la puissance impériale américaine, l'oncle Sam est en réalité le parrain du projet européen qui accroît son influence sur l'Europe de l'ouest et préserve ses intérêts dans le cadre de la guerre froide. Le plan Marshall visait à relever économiquement et financièrement l'Europe, l'Alliance Atlantique et l'intégration européenne visent à accroître les forces du monde libre. Ainsi, soutenus par les européistes, les américains plaident en 1950 pour voir se reconstituer une armée en Allemagne de l'Ouest intégrée à une armée commune européenne. Malgré la pression américaine et l'activisme des européistes socialistes et conservateurs, le projet de CED (Communauté Européenne de Défense), associé à la première ébauche d'une Constitution européenne supranationale, avorte après avoir été rejeté en France en 1952 par les parlementaires communistes et gaullistes. En 1963, au moment où il s'opposait à l'adhésion de la Grande-Bretagne, présentée comme un cheval de Troie des intérêts américains censé réduire l'Europe à une vaste zone de libre-échange privée de toute autonomie politique vis à vis des Etats-Unis, de Gaulle dénonçait une Europe intégrée échappant au domaine de la politique dont le le fédérateur était les États-Unis, dont les États européens eux-mêmes.

 

En 1950, la tournure prise par la construction européenne en devenir se précise avec le plan Monnet, le projet d'un marché commun qui serait la première étape vers une fédération européenne. Les réalisations concrètes des effets de premières formes d'intégration, de coopération et d'harmonisation économique entre les États européens, sont censées donner du crédit et de la popularité au projet fédéral européen dans le plan Monnet. Sa déclaration de 1950 propose la création d'une « Haute Autorité » composée de « personnalités indépendantes » chargées de chapeauter la mise en commun de la production du charbon et de l'acier. François Denord et Antoine Schwartz constatent que, d'emblée, « un parfum d'antidémocratique imprègne le projet » Monnet: « Ne s'inspire-t-il pas d'une sorte de despotisme éclairé lorsqu'il entend confier la gestion d'un secteur clé de l'économie aux bons soins d'une institution de caractère supranational dirigée par des experts non élus et « indépendants », c'est à dire politiquement irresponsables, mais dont les décisions engageront pourtant les États? Une telle perspective fait dire au Premier ministre anglais Attlee que « la démocratie ne peut abdiquer entre les mains de quelques personnes censées compétentes, et dont les décisions peuvent comporter des conséquences sortant du cadre de leurs attributions et débordant largement sur le plan politique. » » (L'Europe sociale n'aura pas lieu, p. 36). Le journal Le Monde ne s'y est pas trompé qui estime en décembre 1951 que les abandons de souveraineté liés à l'instauration du pool charbon-acier conduit à « bâtir la première place forte d'une nouvelle technocratie ».

 

Dans la note qu'il adresse le 3 mai 1950 à Robert Schuman et au président du conseil George Bidault, Monnet justifie son plan, non seulement comme un moyen de préserver la paix entre la France et l'Allemagne, mais comme un moyen de renforcer les pays d'Europe de l'Ouest dans l'horizon de la guerre Froide, la prospérité censée nous protéger du communisme étant assurée par une modernisation économique garantie par le libre jeu d'une concurrence réglée aux effets bénéfiques et un rejet du protectionnisme. Autour de Jean Monnet, l'économiste Pierre Uri et le juriste Paul Reuter, anciens hauts fonctionnaires de Vichy, dessinent avec l'ingénieur Étienne Hirsch, les contours de la future communauté européenne. Le parcours personnel de Monnet le prédestinait à être le père de cette Europe atlantiste des marchands et des banquiers. Jean Monnet est l'héritier d'une dynastie de négociants en cognac (de Gaulle dira au Président Eisenhower qui ne tarissait pas d'éloge sur lui: Jean Monnet? « Il fait un très bon cognac. Malheureusement, cette occupation ne lui suffit pas) et il s'initie dans sa jeunesse aux affaires de son père. Pendant la première guerre mondiale, il rencontre Viviani et se fait nommer à un poste de responsabilité dans la coordinnation auprès des Alliés. Dans les années 1920, après avoir démissionné de son poste d'adjoint du secrétaire général de la SDN pour gérer la fortune et les activités commerciales de sa famille, il intègre Blair and Co, une firme d'investissement américaine. A partir de 1929, il devient une autorité à Wall Street: vice-président du holding Transamerica et de la Bancamerica Blair à San Francisco. Il abandonne ensuite cette activité pour se muer en conseiller de Tchang Kaï-chek, puis pour rejoindre Londres pour soutenir de Gaulle et superviser auprès des Américains la question clé des fournitures de guerre. De Gaulle, à la Libération, nomme commissaire au plan de modernisation et d'équipement celui qui, dès 1943, considérait que dans la future Europe, il serait « essentiel que soit empêchée dès l'origine la reconstitution des souverainetés économiques » (L'Europe sociale n'aura pas lieu. p.34).

 

Le 25 mars 1957, sous l'influence des champions de la construction économique et politique de l'Europe, soutenus par les Américains, est signé le traité de Rome qui donne naissance à la CEE (qui se compose à l'origine de 6 pays: Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, RFA) et à des formes inédites de coopération dans les domaines de l'agriculture et des transports. A aucun moment, il n'a été question pour ses initiateurs de concevoir un nouveau bloc protectionniste pour protéger spécifiquement les intérêts de l'industrie et des salariés européens. Au contraire, le marché commun européen est conçu comme un premier pas et un levier pour l'instauration de la libre circulation des capitaux et des marchandises dans le monde, la suppression des entraves politiques et étatiques au libre-échange. Ainsi, l'article 110 du traité de Rome précise qu' « en établissant une union douanière entre eux, les États membres entendent contribuer, conformément à l'intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la réduction des barrières douanières ». Le patronat allemand joue un rôle décisif dans les négociations préparatoires au Traité de Rome et les ministres allemands écartent toutes les velléités françaises d'exiger une harmonisation sociale comme contrepartie au libre-échange. Le traité de Rome inscrit déjà dans le marbre l'objectif d'une « concurrence non faussée » et, pour le mettre en œuvre, il contient des articles qui fonctionneront comme des bombes à retardement contre les monopoles publics et les aides d'État à l'industrie, soit contre des politiques d'intérêt général par la promotion des services publics et la défense de l'emploi: l'encadrement très strict des aides d'État (article 90, 92 à 94), la surveillance contre les abus de position dominante.

 

 

Dès 1957, Jean Duret, directeur du Centre d'études économiques de la CGT, prévoit lucidement les suites du traité de Rome (cf. L'Europe sociale n'aura pas lieu, p.65): « Le Marché commun, écrit-il, conduit infailliblement, à plus ou moins brève échéance, à la disparition des solidarités nationales, à la création d'un super-Etat européen » dominé par la puissante économie allemande. La philosophie du projet de traité, qui repose entièrement sur « l'action bienfaisante de la libre concurrence » ainsi que les modalités de sa mise en œuvre permettent d'affirmer que « les intérêts du monde du travail, dans une série de pays et de régions, seront sérieusement menacés...On invoquera les dures lois de la compétition internationale pour démontrer qu'un niveau d'emploi élevé ne pourra être assuré que si les travailleurs se montrent « raisonnables » ».

 

Pour le patronat, qui accepte les contraintes de la libre concurrence si elle renforce le statut quo social, le traité de Rome peut être perçu comme un moyen de contenir l'augmentation des « charges » et des salaires. Selon le néo-libéral Jacques Rueff, proche d'Hayek et de Milton Friedman, le traité de Rome, qui donne naissance au marché commun en 1968, a marqué « l'aboutissement et le couronnement de l'effort de rénonvation de la pensée libérale » en construisant politiquement la toute-puissance d'un marché s'auto-régulant indépendamment des décisions politiques et des contraintes étatiques.

 

Ainsi, rappellent François Denord et Antoine Schwartz, « Pierre Mendès France souligne dès 1957 que la seule solution « correcte et logique » aurait été d'exiger fermement à Rome « l'égalisation des charges et la généralisation rapide des avantages sociaux à l'intérieur de tous les pays du marché commun ». Y renoncer et remettre entre les mains d'une autorité internationale le pouvoir d'imposer à une nation sa politique économique, ce n'est ni plus ni moins, selon Pierre Mendès France, que de déclarer « l'abdication » de la démocratie: « Car au nom d'une saine économie, on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, et finalement une « politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

 

« L'Europe est une machine à reformer la France malgré elle » (Denis Kessler, La Tribune, décembre 2000).  

 

Dans les années 1960-1970, les dispositions libre-échangistes et hostiles aux aides d'État constituant des entorses à la concurrence contenues dans le Traité de Rome, sont contrées par une certaine tolérance de la CEE qui laisse les États protéger leurs champions nationaux en subventionnant leurs industries et en définissant des règles de sécurité et viabilité des produits qui leur permettent de limiter les importations d'industries concurrentes. Mais en 1979, « l'arrêt Cassis de Dijon » (qui donne raison à un importateur allemand de liqueurs de cassis françaises qui s'était vu refuser l'accès au marché des alcools du land de Hesse pour cause de non-conformité de ses produits français au titrage en alcool standard en Allemagne) donne des armes à tous ceux qui en Europe rejette totalement le protectionnisme. Cet arrêt « limite la capacité des États à opposer des normes techniques nationales aux productions venues de pays concurrents » et « il laisse imaginer une construction communautaire qui ne procède pas par l'imposition de lois générales mais par la mise en concurrence des droits nationaux » (l'Europe sociale n'aura pas lieu, p.83).

 

Au début des années 1980, la construction économique libérale de l'Europe à la sauce monétariste allemande va se préciser avec les renoncements à la transformation sociale des socialistes français.

En février 1983, lorsque la lutte contre l'inflation qui passe par le blocage des salaires et l'austérité budgétaire devient une priorité, Mitterrand confie: « Je suis partagé entre deux ambitions: celle de la construction de l'Europe et celle de la justice sociale ». L'alternative est ainsi clairement formulée. Alain Touraine, le sociologue préféré de la « deuxième gauche »  tire toutes les conclusions du choix mitterrandien le 22 janvier 1984 sur RTL quand il déclare sans détour: « le mérite essentiel du gouvernement de gauche est de nous avoir débarrassés de l'idéologie socialiste » puis quand, quinze ans plus tard, il reconnaît que le rêve européen à servi d'alibi à la conversion libérale du PS: « En France, le mot libéralisme était imprononçable, alors on en a trouvé un autre l'Europe » (revue Cultures en mouvement n°17, mai 1999). Ce choix des socialistes et de Mitterrand a été clairement une trahison du Programme commun, cosigné par le PCF et les radicaux, puisque celui-ci n'éludait pas du tout la question de la compatibilité entre des politiques sociales ambitieuses et le renforcement de la communauté européenne. Il appelait en effet à défendre un double objectif à l'égard de la Communauté européenne: d'une part, « participer à la construction de la CEE, à ses institutions, à ses politiques communes, avec la volonté d'agir en vue de la libérer de la domination du grand capital, de démocratiser les institutions, de soutenir les revendications des travailleurs et d'orienter dans le sens de leurs intérêts les réalisations communautaires »; d'autre part, « préserver au sein du Marché commun sa liberté d'action pour la réalisation de son programme politique, économique et social ». Sur le plan monétaire, le Projet socialiste indiquait que le PS n'entendait pas « cautionner le système monétaire européen actuel, c'est à dire l'alignement des monnaies les plus faibles sur le Deutschemark », indiquait que pour lui, « la liberté des échanges n'était pas un dogme », insistant au contraire sur la « reconquête du marché intérieur » et les « mesures n »cessaires pour que la reprise de la demande soit satisfaite par la production interne ».

 

Ministre des finances de la gauche en 1981, déjà partisan d'un recentrage, d'une politique de rigueur et d'une pause rapide dans les réformes sociales, Jacques Delors va incarner pendant 10 ans, de 1985 à 1995, en tant que président de la commission européenne, cette Europe à finalité libérale, libre-échangiste et dérégulatrice qui déçoit toutes les attentes de la gauche en termes d'harmonisation sociale et fiscale par le haut et de protection des emplois et des systèmes sociaux construits dans l'après-guerre dans le cadre d'une mondialisation caractérisée de plus en plus par une concurrence féroce. Dans L'Unité d'un homme. Entretiens rédigé en 1994, Delors avoue a posteriori avec franchise que ses ambitions premières possibles de construire une Europe sociale ont fait long feu dans une commission dominée par les libéraux: « J'ai dû me rabattre sur un objectif pragmatique correspondant aussi à l'air du temps, puisque à l'époque il n'était question que de dérégulation, de suppression de tous les obstacles à la compétition et au jeu du marché ».

 

Ainsi, Delors va endosser le projet de marché unique élaboré par le lobby patronal, European Round Table of Industrialists (ERT), lancé par les commissaires européens Etienne Davignon et François Xavier Ortoli (futur président d'honneur du MEDEF international), et comptant dans ses rangs les patrons de Volvo, de Fiat, de Nestlé, de Philips, de Siemens, de Shell, de Saint Gobain, de Lafarge, Danone, tout comme Lagardère... Au conseil européen de juin 1985, le Livre blanc sur l'achèvement du marché intérieur dénonce la persistance d'État des aides à l'industrie dans les pays européens et les attitudes de protection des marchés nationaux. En 1986, l'Acte Unique, qui fixe l'échéance 1992 pour la création du marché unique, entérinne les préconisations du Livre Blanc. Et augmente les pouvoirs de la Conseil des Ministres européens comme gardien des dogmes économiques libéraux du Traité de Rome en mettant en avant la règle de la majorité qualifiée, au détriment de l'unanimité qui permettait à des pays aux intérêts sociaux divergents de bloquer la progression des politiques d'harmonisation libérales. En revanche, « pour satisfaire les desiderata britanniques, l'unanimité reste requise dans le domaine de l'harmonisation fiscale, de la libre circulation des personnes et des droits et intérêts des travailleurs. Dans la philosophie du nouveau traité (l'Acte unique), la dimension sociale fait office de pièce rapportée » (F.Denord et A.Schwartz., p.97). Or, laisser les capitaux circuler librement sans harmonisation fiscale préalable, équivaut  à laisser aux marchés le soin de réaliser cette harmonisation vers le bas:« L'instauration d'une compétition fiscale entre les États aboutit non seulement à réduire considérablement leurs marges de manœuvre budgétaires, mais menace aussi les systèmes de redistribution et de protection sociale ».

 

Cette libéralisation du marché intérieur n'est pas non plus là pour protéger les économies européennes contre la compétition internationale, mais davantage pour les adapter, selon le principe darwinien de la survie des plus aptes, qui ne prend pas en compte les intérêts humains et sociaux mais la seule rentabilité économique, à une compétition internationale féroce. « J'ai toujours pensé, disait Delors en 1986, qu'en France, il n'y avait pas assez de marché et que l'État était, pour des raisons historiques, omniprésent et trop souvent étouffant et dominant. La plupart des Français n'ont pas encore acquis cette mentalité d'ouverture au monde sans laquelle nous ne pouvons pas édifier une nouvelle économie ». De fait, en 1988, le Conseil européen de Rhodes définit la finalité du marché unique – libéraliser l'économie mondiale: « Le marché intérieur ne se fermera pas sur lui-même. L'Europe de 1992 sera un partenaire et non pas une « Europe forteresse ». Le marché intérieur sera un facteur décisif contribuant à une plus grande libéralisation du commerce international ». De fait, c'est le bras droit (directeur adjoint des finances) de Jacques Delors en 1981, et son directeur de cabinet chargé d'organiser les G7 à la commission européenne, le camarade Pascal Lamy, qui va négocier l'Accord Général sur le Commerce et les Services (AGCS) au sein de l'OMC au début des années 2000, et c'est grâce à lui que l'Union Européenne va devenir l'acteur international le plus agressif dans le domaine de la libéralisation des services à l'échelle mondiale (service de l'eau, de la gestion des déchets, de production d'électricité, de transports publics et de marchandises...). L'OMC, machine, non à réguler l'économie mondiale, mais à déréguler autoritairement les économies nationales, a été créée en 1994 à l'initiative des Européens et du lobby patronal très écouté de la Commission européenne, l'ERT (European Round Table), regroupant les 45 multinationales les plus importantes ayant un siège en Europe et pesant, en 2003, un chiffre d'affaires de mille milliards d'euros.

 

Le traité de Maastricht que Mitterrand et Delors vont vendre au peuple de gauche en France comme une avancée civilisationnelle vers une ère de paix, de tolérance et d'échanges multi-culturels, sera lui-même une traduction des désirs et des intérêts de ce lobby patronal. Les fameux critères de convergence impliquant la maîtrise des déficits (pas plus de 3% du PIB annuellement) et du poids de la dette publique (pas plus de 60% du revenu national) sous peine d'amendes et d'admonestations visent clairement, comme le refus de toute forme d'inflation et la politique des taux d'intérêt et des taux directeurs élevés, à préserver la rente et le capital contre les conséquences de politiques économiques keynésiennes trop inspirées par des préoccupations sociales. La conséquence des politiques monétaristes et de rigueur imposées, sous l'influence du néo-libéralisme allemand notamment, à tous les États européens en route pour l'Euro par le traité de Maastricht en 1992, cela a été le marasme économique et l'acceptation du chômage élevé, faute de relance par l'investissement public et les facilités d'accès au crédit. Citons encore François Denord et Antoine Schwartz: « Les partisans du traité de Maastricht ont beaucoup menacé: en cas de refus, le ciel s'abattrait sur le village gaulois. Ils ont également beaucoup promis: « que la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité » (Michel Rocard), que « ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale, moins d'exclusion » (Martine Aubry), et même qu' « on rira beaucoup plus » (Bernard Kouchner). Pourtant, les injonctions libérales du traité et le choix de la monnaie pèsent très lourd sur les salaires et l'emploi en déprimant l'investissement. Elles ne créent pas, à proprement parler, le marasme économique du début des années 1990: la Réunification allemande avait déjà occasionné un choc profond du fait d'un manque de coopération entre les pays membres du Système monétaire européen. Mais les critères de convergence contribuent à pérenniser cette situation de crise. Les peuples européens payent un tribut d'autant plus lourd que la rigueur rend les critères difficilement atteignables. Au moins est-on sûr ainsi que les États ne se lanceront pas dans des dépenses inconsidérées: leurs marges de manœuvre se réduisent à peau de chagrin. Le « Oui » à Maastricht n'impliquait pas seulement l'abandon de souverainetés démocratiques: l'Europe sonnait l'heure de la revanche sociale » (p.106-107).

 

Avec l'ordre institutionnel créé  par le traité de Maastricht -indépendance de la banque centrale gardienne de la monnaie unique, discrédit sur toute forme de politique de relance et d'investissement public- gouvernements de droite et de gauche paraissent étonnement substituables: « le traité de Maastricht, constatait Alain Madelin, agit comme une assurance-vie contre le retour à l'expérience socialiste pure et dure ». L'économiste Jean Pisani-Ferry écrit lui en 2005 que « L'Europe a été notre programme d'ajustement structurel... De l'ouverture des frontières à l'ouverture des marchés de services à la concurrence, en passant par la désinflation et la réduction des déficits budgétaires, la France a fait joué à l'intégration européenne le rôle que les pays mal gouvernés confient au FMI ou à la Banque mondiale ». En faisant croire que les politiques de dérégulation, de suppression des protections sociales et de rigueur venaient des technocrates de Bruxelles, et non des décisions non assumées à 100% des hommes politiques français, de droite et de gauche...

 

A la fin des années 90, la gauche à été majoritaire dans les États européens et au Parlement européen, mais c'était déjà une gauche séduite par le social-libéralisme, qui est un véritable néo-libéralisme, de Tony Blair et Gerard Schröder, une gauche qui pensait avant tout flexibilité et compétitivité accrues, détaxation du capital, de l'actionnariat salarié, du travail, lutte contre l'assistanat, et qui n'a réorienté d'aucune manière les politiques économiques et sociales européennes.

 

L'introduction de l'euro en 1999 et le choix d'accepter l'adhésion dans l'union de pays aux systèmes sociaux moins développés et protecteurs que ceux d'Europe de l'ouest (en 2004, adhésion, après la Finlande, la Suède et l'Autriche, en 1995, des Pays Baltes, de plusieurs pays de l'est, de la Chypre et de Malte, suivis par la Bulgarie et la Roumanie en 2007) ont vidé de tout contenu social et démocratique la construction européenne, celle-ci se réduisant à un vaste marché concurrentiel organisé pour servir les intérêts des grandes entreprises en mettant en concurrence les salariés et à un système de découragement de toute politique de reprise en main démocratique de l'économie et de la finance verrouillé par les Traités, la Commission, la BCE indépendante, et le Conseil des ministres européen dominé par la droite.

 

Comme l'écrit Patrick Le Hyaric dans son récent essai consacré à décrypter et dénoncer le Pacte euro plus, « le Traité de Maastricht, puis celui du « Pacte de stabilité » (traité d'Amsterdam en 1997) imposant des politiques macroéconomiques identiques à tous les pays qui ont des situations différentes, aggravent les différences de croissance entre les pays. La rigidité monétaire et budgétaire fait porter le poids de l'ajustement sur le travail avec l'incitation à la flexibilité et à la précarité, la pression à la baisse des salaires, la réduction de la part des salaires dans les richesses créés ». Dans cette course au moins disant social, l'Allemagne écrase ses voisins et les lois sur le travail négociées en Allemagne de concert par le SPD et la CDU qui diminuent les rémunérations, augmentent la flexibilité et la précarité, joints aux performances de l'appareil industriel allemand, confèrent un avantage commercial énorme à cette plus grande puissance économique et démographique de l'Europe, d'autant que plus de 80% des importations des États européens viennent d'autres États européens.

 

Depuis 2005, les gouvernants européens ont utilisé les intérêts de l'intégration européenne comme une justification inattaquable pour piétiner la démocratie et les droits sociaux des peuples. Le Traité Constitutionnel Européen a été rejeté par une majorité des électeurs en France, en Irlande, en Hollande: qu'importe, ce n'est pas à ces petits peuples grincheux mal éclairés par leurs élites sur la nécessité d'en finir une fois pour toute avec les vieilles lunes de l'étatisme et du socialisme qui vont paralyser cette Europe libérale que l'on nous présente comme la fin de l'histoire... Dans les autres pays, on s'est dispensé de référendum, ce qui limitait les risques de rejet du Traité. Néanmoins, comme l'unanimité était requise, on maquille le traité constitutionnel rejeté là où on l'avait présenté à la population (sauf en Espagne, si je me souviens bien) en traité de Lisbonne qui met tout autant l'accent sur les valeurs de concurrence libre, de refus des monopoles publics dans les services, et sur la nécessité d'alléger les charges et les contraintes légales pesant sur le marché du travail pour rendre les économies européennes plus compétitives.

 

Crise financière de 2008: on accepte en 2009, 2010, 2011, de prêter plusieurs dizaine de milliards aux Grecs, aux Portugais, aux Irlandais, aux Islandais car il faut bien qu'ils puissent rembourser les banques britanniques, françaises et allemandes à qui ces États, par mauvaise gestion ou trop grande confiance dans les vertus de la dérégulation et de la financiarisation de l'économie pour gonfler artificiellement la croissance, doivent de l'argent... Mais en échange, on leur impose des véritables purges qui vont laisser ces pays à terre pendant des années: privatisations, hausse des frais de scolarité, suppressions massives de postes dans la fonction publique, élévation de la durée du travail, diminution des allocations chômage et des allocations familiales, des pensions de retraite, des salaires, du salaire minimum. Cela ressemble étrangement aux plans d'ajustement structurel imposés par le FMI aux pays d'Amérique Latine dans les années 1980-1990-2000 ou encore à l'Asie du Sud-Est après la crise financière de la fin des années 1990. Mais Sarkozy à grand renfort de rodomontades expliquait en 2009 qu'il avait réussi à obtenir de l'Allemagne et des autres pays européens la création d'un mécanisme de solidarité européen qui pourrait financer, comme le FMI, l'aide d'urgence à un pays attaqué par les agences de notation qui, en jugeant mal de sa capacité à rembourser sa dette, l'empêche d'emprunter à des taux acceptables.

 

Qu'à cela ne tienne: pour bénéficier de ce mécanisme de solidarité, il faut d'abord signer le pacte pour l'euro plus « qui est équivalent à une mise sous tutelle des budgets et des politiques des Etats en difficulté: politiques d'austérité, relèvement de l'âge de départ à la retraite, flexibilisation du marché du travail, ouverture des professions protégées, freins de dettes dans les constitutions et les cadres budgétaires » (Patrick Le Hyaric, Le Pacte des Rapaces)... Voilà comment on nie purement et simplement la souveraineté des peuples dans la définition des politiques économiques et sociales dont dépendent nos vies quotidiennes.

 

C'est tout bonnement l'avènement de la dictature de la finance en Europe! Nous ne pouvons accepter cela.

 

 

Ismaël Dupont.

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 08:50

 

Les poursuites dont Dominique Strauss-Kahn est l’objet aux USA, extrêmement graves si les faits sont avérés, ont relancé le grand bal des supputations sondagères en France. Avec comme seule préoccupation : savoir à qui va profiter le potentiel électoral dont il était crédité.

 

Comme à l’accoutumée, le questionnement porte uniquement sur les candidat(e)s. « A qui va votre préférence ? » - « A qui faites-vous le plus confiance ? » - « Pour qui envisagez-vous de voter ? » …

 

Les débats et les « réflexions » dans les médias écrits ou audio-visuels sont du même tonneau. A aucun moment les contenus, les programmes, leur adéquation ou non avec les conditions de vie de la population, ses attentes, ses exigences ne sont mis en discussion. Seule compte la STRATEGIE ( autre façon de nommer l’approche strictement politicienne ).

 

En même temps la promotion de Marine Le Pen et du Front National continue. Avec à la fois la banalisation d’un mouvement qui serait devenu « respectable », « républicain » et son utilisation comme épouvantail et repoussoir pour renforcer le « vote utile » et le bipartisme.

 

C’est dans ce contexte qu’il faut examiner « l’information ?» parue le 18 mai dans Le Figaro. Sous la plume de Sophie de Ravinel, on y lit que « la crise liée à l’affaire DSK, suivie d’un possible affaiblissement du PS, provoque tout de même une certaine inquiétude au PCF. Au point d’envisager possible un soutien du Front de Gauche au candidat socialiste dès le 1er tour ».

 

Attribuées à Lydie Benoist, responsable des élections au PCF, on trouve, entre guillemets, les phrases suivantes qu’elle a formellement démenties :

Elle est convaincue « que le Front de Gauche ira u 1er tour avec un programme »

Mais « s’il était annoncé assez fort, avec évidence dans les sondages, que la gauche ne devait pas passer au second tour, nous prendrions nos responsabilités »

Tout doit être envisagé pour bloquer Marine Le Pen et éviter un autre 21 avril.

Comme quoi certains ne reculent devant rien !!

 

Tout cela appelle quelques remarques :

1 - Ce qu’attendent les françaises et les Français c’est des propositions pour changer leur vie, pour briser la dictature de l’argent, pour ouvrir le chemin de l’avenir et non des manœuvres politiciennes de reprise du pouvoir.

C’est ce que le Front de Gauche a mis en chantier dans l’élaboration d’un programme populaire partagé dont le peuple sera co-auteur.

 

2 –L’échec de 2002 n’est pas dû au nombre de candidats de Gauche mais à l’inadéquation des politiques menées et des propositions avec les attentes et les exigences du peuple … Ce qui est encore le cas du programme socialiste aujourd’hui malgré un langage « gauchi » qui ne suffit pas à masquer la timidité des propositions.

 

 

3 – Dans ces conditions, sauf à se résigner à un bipartisme qui sonnerait le glas de toute transformation sociale réelle, il n’est pas possible de s’aligner au 1er tour derrière une candidature sociale-démocrate.

 

4 – Outre que ce ralliement n’aurait à l’évidence aucun fondement politique il aurait pour effet immédiat d’enlever au Front de Gauche toute crédibilité et de ruiner tout ce que nous avons entrepris de construire et qui a commencé à porter ses fruits lors des récents rendez-vous électoraux.

 

5 – Qu’il y ait dans nos rangs des partisans de l’allégeance au P.S., c’est leur droit.

Mais la majorité du parti n’a ce point de vue ni dans les instances de direction, ni à la base. D’ailleurs, lors de la dernière Assemblée Générale départementale, aucun participant n’a fait cette proposition. L’orientation, très majoritaire des communistes est d’élaborer et de promouvoir des propositions d’un contenu élevé de transformation sociale et de bâtir les rassemblements qui le permettent.

 

C’est l’objectif que se fixe le Front de Gauche dont le renforcement et l’élargissement deviennent de plus en plus nécessaires.

 

 Alain DAVID

 

 

 

En annexe:  Démenti de Lydie Benoist, responsable national aux élections du PCF.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Jamais il n'a été question de se désister au premier tour en faveur du candidat socialiste » (Lydie Benoist - PCF)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Figaro de ce jour prête au PCF et à moi même, responsable nationale, l'intention de se désister au premier tour de la présidentielle en faveur du candidat socialiste. Je démens catégoriquement tout cela. Jamais au PCF nous n'avons évoqué une telle possibilité, jamais nous n'en avons discuté. Que les choses soient claires : le combat contre le FN est une priorité absolue mais nous ne pouvons le combattre qu'en redonnant de l'espoir à notre peuple.

Lydie Benoist, responsable aux élections pour le PCF

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 07:25

Choc des coïncidences...

 

A Deauville, on discute de l'identité du nouvel apôtre des marchés qui remplacera l'ancien directeur du FMI sali par des soupçons de viol sur une femme de chambre. 

Les tenants de la dictature du capital en Europe - Barroso, Merkel, Sarkozy - font peser toute leur poids dans la balance pour que l'avocate d'affaires Christine Lagarde, celle qui, à l'été 2007, à peine entrée dans ses fonctions de ministre des finances, pleurait sans honte sur le triste sort des cols blancs français, brillants rejetons de la bourgeoisie diplômés d'économie, contraints à l'exil à Londres pour accéder à des rémunérations décentes à la City et échapper au poids écrasant de l'impôt républicain, soit nommée à la tête du FMI. Une ancienne directrice d'un fonds d'investissement américain et que tout le monde présente, après Strauss-Khan, brutalement démonétisé, comme une de nos plus brillantes économistes. Seule petite épine dans le pied de notre nouvelle dame de fer, qui ne la fait pas trop souffrir heureusement, car la justice a su se montrer complaisante en d'autres temps pour de tels arrangements entre amis: on soupçonne Madame Lagarde d'avoir pesé de tout son poids, là encore, pour que l'escroc Bernard Tapie soit remboursé par l'Etat de la coquette somme de 300 millions d'euros... Il est vrai que nanard avait tourné sa veste en 2007 en soutenant Nicolas le petit après avoir été au début des années 90 le produit d'appel du mitterrandisme agonisant. Est-il resté de cette période quelques dettes "d'honneur", réglées en tout bien, tout honneur? Ou le PS renvoie t-il à Sarkozy l'amabilité du soutien à la candidature Strauss-Khan à la présidence du FMI? Toujours est-il que Martine Aubry a trouvé opportun d'affirmer publiquement qu'elle soutenait la candidature Lagarde.

 

Pendant ce temps, en Espagne et en Grèce, et bientôt dans d'autres pays européens, les révolutions citoyennes arabes font des émules chez les jeunes, qui campent sur les grandes places des villes pour dire leur indignation devant l'emprise de la finance sur une classe politique inféodée, l'acceptation trans-partisane, dans les partis de gouvernement de droite et de gauche, de plans d'hyper-austérité qui font peser le poids de la crise née de la dérégulation de l'économité et de la spéculation débridée sur les classes moyennes et populaires et qui privent d'avenir les jeunes.

 

Dans un très bel article en dernière page du Ouest France  paru ce jeudi 26 mai 2011 sur le mouvement des Indignés de la Puerta del Sol à Madrid, le journaliste Marc Pennec écrit: "Tous ces jeunes, étudiants, travailleurs précaires, chômeurs, continuent évidemment à vivre chez papa-maman, dans une capitale où les loyers et les garanties exigées par les propriétaires deviennent délirants.... Au terme d'un  reportage que nous avions effectué il y a trois mois en Espagne, nous nous étonnions que la jeunesse de ce pays garde encore son calme. Près de cinq millions de chômeurs, 43% des jeunes sans emploi, record européen. L'âge de la retraite qui passe à 67 ans, l'aide de 426 € aux chômeurs en fin de droitd supprimées. A la mi-mai, les digues ont fini par tomber en poussière."  

 

A l'occasion des élections municipales, cette énorme mobilisation populaire de la Puerta del Sol a été pour des gens de tous les âges un moment de réappropriation de la politique et de dénonciation du vide démocratique créé par l'absence d'alternative proposé aux plans de saignées sociales, par le peu de représentativité et d'écoute de la classe politique.  Ce mouvement est parti de la plate-forme de discussion et de riposte DEMOCRATIA REAL YA!, "Une vraie démocratie maintenant!" (ou "Une démocratie réelle maintenant!'), lancée sur internet il y a 3 mois, et vite rejointe par des collectifs de chômeurs, de précaires, de familles indettés, et d'internautes hostiles à une régulation du téléchargement en ligne, qui a abouti sur 170 campements urbains en Espagne la semaine dernière, et à la mobilisation d'au moins 80000 manifestants le 15 mai dans 50 villes espagnoles. Pour la France, ce niveau de mobilisation ne serait ni inédit, ni très impressionnant: en Espagne, marquée par le silence des passions politiques et le consensus centriste pour la croissance après le franquisme, si...  

 

Le mouvement DEMOCRATIA REAL YA! s'organise autour de deux axes de revendications: régénération démocratique du système politique et défense d'une politique sociale. Il s'agit d'une véritable mobilisation citoyenne, indépendante des partis politiques et des syndicats, comme les mobilisations arabes, et autogérée. Elle vise à rendre à nouveau les citoyens ordinaires, grâce à la force de l'indignation face à l'inacceptable de la confiscation de la démocratie au service des puissances d'argent, acteurs du changement. Rappelons que le pamphlet inspiré de Stephane Hessel, Indignez-vous!, c'est aussi vendu à des centaines de milliers d'exemplaires en Espagne, et qu'il fait maintenant le tour de l'Europe. Si l'on y associe le boom des ventes du Capital depuis la crise financière de 2007-2008, on peut se dire qu'il y a en ce moment des signes encourageants de retour de la question sociale et de prise de conscience de la dérive oligarchique des démocraties occidentales.   

 

Ainsi, suivant l'exemple des Indignés de la Puerta del Sol, des milliers de Grecs ont envahi hier la place Syntagma à Athènes pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité imposés par les créanciers de la Grèce, l'Allemagne, le France et la commission européenne qui défendent les banques allemandes et françaises contre la menace d'une restructuration de la dette, et acceptées par le docile gouvernement social-démocrate de Papandréou, aussi combattif contre les exigences indécentes du capital que son homologue espagnol dirigé par Zapatero. Nouveaux remèdes de cheval pour le patient grec qui risquent bien de lui interdire tout rétablissement à moyen terme: non-renouvellement de 150000 fonctionnaires partant à la retraite, hausses d'impôt (les plus injustes, évidemment), privatisations à marche forcée (aéroport d'Athènes, ports et marinas, compagnie d'électricité, loterie...).

 

En France, François Hollande nous promettait il y a quelques mois "du sang et des larmes" si les socialistes, bon gestionnaires affolés par le poids des déficits publics creusés par les plans de réduction d'impôt et de charges patronales, revenaient au pouvoir à l'issue des présidentielles et des législatives.

 

On ne peut laisser sans rien faire la souveraineté populaire être ainsi confisquée par avance par l'absence d'alternative imposée par les convergences libérales des partis "à vocation majoritaire" que les médias dissimulent derrière la mise en scène des égos et des micro-polémiques politiciennes. D'autant que, comme le signale un Appel à la mobilisation du mouvement ATTAC, "le désastre social en cours partout en Europe va être aggravé par les nouvelles réformes, discutées au Parlement européen en juin, qui permettront à la Commission européenne d'imposer autoritairement la réduction des dépenses publiques et des salaires" (le Pacte Euro plus)... Comme le disait Philippe Seguin en 2003, la présence ferait du bien à la droite aujourd'hui: "les politiques n'aiment pas reconnaître que là où la démocratie existe, on décide de moins en moins et qu'à l'inverse, là où on décide de plus en plus, il n'y a pas de démocratie. Certaines décisions fondamentales sont prises à l'échelle européenne ou planétaire, sans que les peuples aient voix au chapitre".

 

Hier, des rassemblements ont été organisés sur le mot d'ordre espagnol "Démocratie réelle, maintenant!" dans une dizaine de villes françaises et, dimanche prochain, le 29 mai, deux grandes manifestations sit-in auront lieu à Marseille et à Paris, Place de la Bastille, à 14h. En tant que communistes scandalisés par le nouveau degré de mainmise du pouvoir de l'argent sur la politique pris à la faveur de  l'intégration européenne et de la dérégulation libérale de l'économie, nous ne pouvons qu'être enthousiasmés par ce réveil des peuples européens qui prend forme, et d'autant plus quand on songe que ce sont les peuples et les jeunesses arabes, que les théoriciens de l'impérialisme américain et du choc des civilisations, nous disaient immatures pour la démocratie, qui nous ont montré la voie.

 

Ismaël Dupont.    

 

 

   

      

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 06:21

C'est bien connu, l'Etat est un bien mauvais employeur qui abuse depuis les années 1980, l'entrée dans la période du chômage de masse et des prescriptions d'austérité budgétaire, parfois sous prétexte d'insertion sociale ou de dispositif de lutte contre le chômage, des contrats précaires pour répondre à des besoins sociaux réels en termes de service public au mépris des droits à une rémunération décente des salariés.

On en a une nouvelle illustration avec les dispositions prises pour changer le contrat des Auxiliaires de vie scolaire du département: à l'école Jean Jaurès de Morlaix, 5 femmes, auxiliaires de vie scolaire, sont concernées.

Hier, elles ont exprimé dans le Télégramme et le Ouest France leur écoeurement devant le courrier qu'elles ont reçu de la part du lycée Thépot de Quimper, sous-traitant la gestion des AVS pour le compte de l'Education Nationale, qui les sommait avant aujourd'hui d'accepter un renouvellement de contrat et une réduction de travail de 26h/semaine à 20h/semaine (alors que les 26h avaient été créditées au commencement de leur contrat en 2009), ce qui représentait pour elles une perte de 200 euros par mois sur des salaires qui étaient déjà très faibles (1012€ brut par mois, qui passeraient à 779 € brut...). Si elles n'acceptaient pas cet ultimatum, nous imaginons qu'elles renonçaient de fait à leur fonction.

Est-ce acceptable que l'Etat fabrique des travailleurs pauvres et précaires faute de se donner les moyens, par le biais de l'impôt et de la redistribution des richesses, de servir avec de vrais métiers valorisés par des formations adéquates (les AVS ne reçoivent en pratique aucune formation théorique sur les handicaps mentaux, psychologiques ou physiques et la manière de se comporter pratiquement avec les enfants qui en sont victimes, devant tout apprendre sur le tas, et parfois dans des relations tendues et épuisantes avec les enfants et les familles...) et des statuts protecteurs des missions d'intérêt général qu'il doit remplir? Est-ce acceptable que l'on se soucie comme d'une guigne de l'intérêt des enfants atteints de ces troubles mentaux et physiques qui ont parfois du mal à accorder leur confiance et à s'adapter à un AVS, et qui en verront maintenant deux ou trois dans la semaine, du fait des restrictions budgétaires à l'Education Nationale? 

Comme l'ont dit les AVS à la journaliste de Ouest France, Françoise Le Borgne, le mardi 24 mai: il y a une limite "à nous demander de travailler moins pour gagner moins, là où la loi handicap 2005 a prévu de donner la possibilité aux enfants souffrant de handicap d'être scolarisés dans leur quartier".

Dans un courriel adressé à une liste de diffusion aux destinataires impliquées dans la défense de l'école, Antoine Gauchard, le directeur de l'école Jean Jaurès, rappelait que les prudhommes, saisis par le syndicat SNUIPP, avaient donné raison contre l'Education Nationale à des AVS se plaignant de leur changement de contrat inattendu et désavantageux, obligeant l'Education nationale à leur verser  des indemnités allant parfois jusqu'à 10000 euros par AVS et à leur fournir une vraie formation professionnalisante. En République, même abîmée par les pratiques actuelles, l'Etat ne peut pas tout: mépriser ses salariés, revenir sur la parole donnée et les contrats signés.   

La justice et le droit du travail sont du côté des AVS de l'école Jean Jaurès et du Finistère et la section PCF de Morlaix exprime donc son soutien à leur combat pour la reconnaissance de la valeur de leur travail et de leur droit à des salaires dignes, ainsi qu'à celui du collectif qui cherchera à défendre leurs droits.  

 

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 22:00

Plouigneau, le 19 mai.

 

Chers camarades,

 

Je tiens à poursuivre la réflexion de notre camarade Marie-George Buffet sur le peu d'envergure de notre réflexion à l'égard de la construction d'une société pour tous les âges. Il faut relever le défi démographique. Dans la construction du programme partagé, je note dans Communistes du 18 mai: "Papi, je pense à l'avenir de mes petits enfants, pourtant Master 1 et Master 2. Vieux, je pense à la dépendance". En plein dedans. Mon épouse est gratifiée GIR 4. Elle reçoit ce jour du conseil général du Finistère, à majorité exclusive socialiste, cette aimable recommandation: "Les caisses sont vides. Votre plan APA passe de 26h à 18h avec un reste à charge significatif. Débrouillez-vous..."

Pour parfaire le tableau, je résume les faits marquants du Paradis des vieux en Finistère.

 

- Déclaration de Pierre Maille à Plouigneau: il manque 2000 places d'accueil en maisons de retraite et structures adaptées: on en crée 70 cette année (2010).

 

- Déclaration du Préfet à Lanmeur: "la réduction des dépenses publiques va nous imposer des choix douloureux pour les vieux et leurs familles".

 

- La CGT des structures d'accueil dénonce par voie de presse "la maltraitance institutionnelle qui gagne partout" (manque de personnel, de formation, de considération, locaux inadaptés...).

 

- l'ADMR 29 est en faillite virtuelle depuis 1 an. Les personnels sont inquiets, déboussolés. Les vieux se sentent abandonnés.

 

- La CGT santé appelle au secours: "Ensemble, osons briser les silences. Cela ne peut plus durer ainsi".

 

Et j'en passe. Tout ceci, dans une indifférence alarmante. Tout ceci en plein débat national sur la dépendance. L'Huma du 17 mai 2011 en rajoute une couche: "Les français démunis face à la dépendandance. 17 organisations dénoncent une situation inquiétante. Le président des associations déclare: "La situation est dramatique. Elle va devenir catastrophique. Les politiques n'ont pas su ou pas voulu anticiper le défi démographique. Il faut un véritable plan d'urgence".

 

La cerise sur le gateau. Je parcours le fameux programme partagé concernant les vieux, plus du tiers du corps électoral, s'abstenant peu... Je trouve: "Nous favoriserons au niveau départemental la création de pôles publics de l'autonomie". Cette bien modeste phrase est-elle à la hauteur du problème qui se pose sur le Finistère, de ce problème sociétal d'envergure à résoudre.

 

Militant CGT depuis 1953, militant communiste depuis 1953- certes bien modeste - je proposerais aux différents acteurs du Front de Gauche de s'inspirer des fondamentaux du CNR dont "ma CGT" fait largement bon usage, prenant en compte les aspirations du mouvement social si éclatantes durant les luttes de la retraite par répartition.

 

Je cite: il faut

 

- Un nouveau droit à l'autonomie dans le seul cadre de l'Assurance Maladie.

 

-NON, non à une Cinquième Branche de la Sécu basée sur l'épargne privée.

 

-Intégration de la Prévention dans la politique médicale de santé.

 

 - la Création d'un Grand Service Public à l'Autonomie tant à domicile qu'en établissement. , seul en capacité de gagner PARTOUT et POUR TOUS le droit à bien vieillir, de garantir à tous les personnels un statut de qualité conforme à un métier exigeant, de faire tomber les barrières administratives, financières, s'opposant au cheminement souhaitable en fonction des situations.

 

Mme Le Branchu, ex-ministre, députée de Morlaix, ministrable en puissance, me transmet le programme du PS en la matière: désolant et manque d'envergure.

 

Résolument, je fais le choix d'un programme novateur, conforme à mes exigences de vieux. La candidature à la présidentielle, c'est certes un homme, mais surtout des contenus qu'il aura obligation de porter. Ne decevez pas le mouvement social.

 

Il y a urgence à être CREDIBLES, VISIBLES, DETERMINES.

 

Fraternellement.

 

Jean Dréan.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 05:26

A lire, ce très bel et courageux éditorial de Michel Abescat, critique de Télérama et du Masque et la Plume (émission de France inter) dans le Télérama du 18 mai 2011:

 

 

 

Et si, au lieu de fêter le 10 mai 1981, la gauche passait à autre chose?

 

La limite du mythe.

 

    Que célébrait-on, en fait, le 10 mai dernier, à la télévision, à la radio, dans les journeaux? Les souvenirs anciens d'un soir de liesse, quand on chantait sous la pluie, place de la Bastille? Le formidable espoir qui s'est alors levé? Elle était jeune, la gauche, à l'époque. Et belle. Et joyeuse. Elle voulait y croire, les étoiles plein les yeux, comme deux gosses au matin de leur amour, pour filer la métaphore de la belle chanson d'Alex Beaupain qu"on écoutait en boucle, la semaine dernière: "Au départ au départ/ Tu sais c'est pour nous deux/ J'y croyais sans trop y croire/ Au départ c'est toujours mieux"*... 

Trente ans plus tard, elle sentait le vieil album et la photo jaunie, la fête du 10 mai. Un de ces albums poussiéreux que l'on feuillette, la mémoire trouée, quand les rêves depuis longtemps se sont noyés. Des images d'Epinal. Des souvenirs pieux. Le visage de Mitterrand qui apparaît à 20h sur les écrans de télévision, la mine deéfaite d'Elkabbach, le chapeau noir et l'écharpe rouge, le Panthéon, une rose à la main. Et la Bastille sous la pluie. 

    Au départ, c'est toujours mieux. Exit la guillotine et la Cour de sûreté de l'Etat, bonjour la cinquième semaine de congés payés et la retraite à 60 ans, bienvenue au prix unique du livre et au doublement du budget de la Culture. On n'oublie pas, mais il y avait quelque chose de mortifère dans cette célébration, une nostalgie poisseuse, collée au passé comme un vieux bonbon à son papier doré. Comme si les promesses ne s'étaient pas envolées à force de compromis et de reniements, au nom d'un "réalisme" sans conviction ni ligne de force. La complaisance face aux puissances d'argent, la libéralisation de l'économie et la dérégulation des marchés financiers ouvrant la voie aux années fric, l'acceptation du chômage de masse et la rupture avec les classes populaires, Bernard Tapie érigé en icône de la réussite. Et Jacques Séguéla, qui considère aujourd'hui qu'on a raté sa vie quand on n'a pas de Rolex à 50 ans. Double langage entre le discours de gauche et le choix néolibéral de François Mitterrand, le suicide de Grossouvre, la mpaladie cachée du président et la débâcle aux législatives de 1993: 57 députés socialistes sur une assemblée qui comptait 577 sièges: "Et puis 21 avril/ Coup de tonerre, de canon/ Nos amours qui défilent/ Fin de cohabitation", comme le chante Beaupain avec infiniment de talent...

     C'est toujours le moi de mai, pourtant! Mais il est à réinventer. Le monde d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'il y a trente ans et il n'a rien à faire des reliques et de la nostalgie. Il s'agit de repenser (enfin!) le changement du capitalisme, l'encadrement de la finance toute-puissante, l'équilibre entre le capital et les salaires, l'Europe aveuglément libérale, la croissance et la compétitivité au regard des limites des ressources planétaires et écologiques. La gauche a besoin d'un nouveau départ. Et ce n'est ni à Jarnac ni à Château-Chinon qu'elle trouvera l'inspiration". Michel Abescat    

 

* Alex Beaupain, Pourquoi battait mon coeur, 1 CD Naïve.

 

 

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 06:15

Le vendredi 13 mai Le Télégramme publiait un article au titre accrocheur : Gauche. L’électorat ouvrier n’est plus la priorité ?  

 

Il s’agissait de rendre compte d’un essai de la Fondation Terra Nova qualifiée de « laboratoire d’idées de la gauche française » avec pour objectif « de nourrir la réflexion de la gauche pour les élections à venir et notamment la présidentielle 2012 ».

 

Sous la plume des deux rédacteurs dont Olivier Ferrand, président-fondateur de Terra Nova et « strauss-kahnien » éminent, on peut lire que

 

1 – les ouvriers, socle électoral traditionnel de la gauche ont tendance à déserter ce camp

 

2 – un nouvel électorat de la gauche est en voie de structuration : la France de demain

 

Face à cette « analyse » les auteurs produisent des « recommandations »

 

1 – la classe ouvrière n’est plus une priorité

2 – pour 2012 il faut privilégier les valeurs auxquelles est sensible « La France

de demain »

3  - les seniors constituent un « public difficilement atteignable »

 

L’article et l’essai appellent plusieurs remarques

 

  1. une fois de plus on confond Gauche et Parti Socialiste. Comme si la France était condamnée à un bipartisme Droite/PS avec un Front National qui sert de repoussoir pour assurer la victoire de l’un ou de l’autre au second tour. La pérennité du système étant ainsi assurée.

 

2 – Terra Nova est un « laboratoire d’idées » (un think tank comme disent ceux qui veulent paraître dans le coup) présenté comme proche de la gauche et où il semble que nombre de dirigeants socialistes puisent largement.

 

Comment comprendre alors les objectifs de cette « étude » où la seule préoccupation semble être « quelle stratégie pour gagner ? » pour ne pas dire « Quelle clientèle faut-il démarcher ? ». Sans se poser la question des raisons de la désaffection de l’électorat populaire. Sans envisager un seul moment que cet électorat puisse ne se retrouver ni dans les politiques passées, ni dans les propositions.

 

3 – Dans ces conditions comment s’étonner que 83 % des Français pensent que les dirigeants politiques ne se préoccupent pas de leurs problèmes ; que 56 % ne font confiance ni à la Droite, ni à la Gauche pour leur apporter des réponses ; que 55 % ne vont pas voter et qu’un nombre croissant d’électeurs envisagent de choisir le Front National ?

 

4 – Il est temps que cessent ces pratiques désespérantes qui s’ajoutent au discrédit personnel qui frappe nombre de dirigeants. Il faut de l’air !! Il faut que le peuple prenne la parole. C’est ce que veulent favoriser le PCF et le Front de Gauche en proposant à la population de devenir co-auteur d’un Programme Populaire Partagé.

 

Alain DAVID

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 06:45

Soyons honnête: la nouvelle de l'arrestation suite à une inculpation pour viol d'une femme de ménage de l'hôtel Sofitel de New-York de Dominique Strauss Khan ne m'a ni attristé, ni complètement surpris car on connaissait la réputation de DSK et des histoires de moeurs ou d'affairisme l'impliquant auraient pu être déterrées par l'UMP avec des conséquences plus graves encore pour la gauche à quelques semaines des présidentielles.  

 

Certes, si les faits allégués par cette dame à la police new-yorkaise se vérifient, ils sont extrêmement graves et déshonorent un peu la France  avec celui qu'elle avait proposé pour diriger le FMI. Un viol est un crime et la portée de celui-ci apparaît encore plus stupéfiante politiquement quand c'est un puissant sexagénaire infatué qui prétend exercer une forme de droit de cuissage sur une jeune femme... Le pouvoir, la pression et les honneurs qui l'accompagnent, exigent une maîtrise de soi mais attirent les hommes de demesure et peuvent rendre fou par eux-mêmes des gens équilibrés qu'ils vont griser : on en a peut-être ici une nouvelle illustration, même si on ne peut tout à fait écarter l'hypothèse, sinon d'une imposture ou d'une machination visant à accuser mensongèrement le président du FMI pour l'abattre ou lui extorquer de l'argent en justice, du moins d'un piège qui lui a été tendu et dans lequel il serait tombé benoîtement, ce qui minimiserait fort peu sa faute. 

 

En écoutant dans la journée d'hier les commentaires des journalistes et des hommes politiques après l'annonce de l'arrestation de DSK dans l'avion qui devait le ramener à Paris, je les ai trouvés dans l'ensemble curieusement indulgents et bienveillants pour un homme que l'on plaignait presque d'avoir sabordé lui-même son destin national supposé, quand on ne voyait pas là une de ces épreuves terribles auxquels les hommes politiques ont besoin de se frotter pour affirmer publiquement leur tempérament et devenir, en tant que "revenants qui ne meurent jamais", grâce à leur obstination, des présidentiables en puissance... Tout se passe comme si, dans le jeu des supputations électoralistes et des projections politiciennes qui excitent tout le landerneau politico-médiatique, les notions de morale privée et publique n'avaient plus guère d'importance.      

 

Quoiqu'il en soit, on voit mal désormais le président du FMI qui risque la prison ferme concourir pour la primaire socialiste et la présidentielle de 2012 et c'est une bonne chose à plusieurs titres.

 

Favori des sondages et chouchouté par les médias propageant l'idéologie libérale appartenant ou non à des grands patrons proches de lui (comme Lagardère, Rotschild...), capable de recueillir des voix de droite et du centre au second tour, Dominique Strauss Khan était présenté comme l'adversaire le plus dangeureux de Nicolas Sarkozy, et comme Martine Aubry semblait hésiter à prendre ses responsabilités en 2012, il apparaissait probable que les sympathisants socialistes le désignent à l'automne prochain comme le candidat du PS pour les présidentielles, de la même manière que les militants socialistes ont pu en 2007, en plaçant l'impératif de la victoire au-dessus de toute considération de cohérence politique et idéologique, désigner Ségolène Royal, une candidate fort peu taillée pour le rôle de président de gauche.

 

Or, Dominique Strauss-Khan a accepté le poste de dirigeant du FMI des mains de Sarkozy et en tant que patron du FMI, il a mis en oeuvre et justifié des pratiques qui consistaient à échanger des prêts à taux d'intérêt assez élevé consenti à des Etats endettés à cause des politiques néo-libérales qu'ils avaient engagé auparavant et de la financiarisation de l'économie (nourissant la spéculation immobilière comme les attaques spéculatives sur les dettes publiques), contre des plans d'hyper-austérité, de casse des services publics, des droits des salariés et de la protection sociale, qui empêchaient durablement à ces pays de relever la tête et de retrouver une croissance acceptable. Dès lors, quelle alternative véritable DSK pouvait-il représenter face à Sarkozy? Comme l'actuel président, il apparaissait comme le mandataire des dirigeants du CAC 40 avec lesquels il s'était rapproché dès 1991 en créant le club de l'Industrie, une sorte de cénacle de discussion des grands patrons et de la gauche social-libérale. Comme Nicolas Sarkozy, il affichait sans complexe sa bonne fortune de millionnaire conseillé par des très hauts dirigeants de Lagardère et son goût pour le "bling-bling": ryad à Marrackech, appartements luxieux à Washington et à Paris, place des Vosges, mercedes de luxe offert à Anne Saint-Clair pour son anniversaire, course folle en Porsche...  Certes, les dirigeants de la gauche non communiste ont rarement été d'origine populaire mais la défense de leur ambition politique, de l'Etat et des idées de justice sociale étaient pour eux un carburant suffisant, qui excluait, par conviction ou calcul d'ambition, toute idée d'enrichissement personnel par la politique et, un Blum, un Mendès-France un Mitterrand ne manifestaient pas cette avidité et cette fascination vulgaire pour les signes extérieurs de richesse: rappelons que quand il a perdu son poste de ministre, DSK a su profiter des largesses de ces amis les grands patrons, après celles de la MNEF, la mutuelle des étudiants, en servant de consultant fantôme ou en produisant des rapports grassement rémunérés pour des sociétés d'assurance ou d'autres grandes entrreprises privées pouvant passer des commandes avec l'Etat ou être intéressées par ses décisions de gouvernance économique.  

 

DSK est aussi celui qui, au sein du gouvernement Jospin, a plaidé pour que la loi sur les 35 heures qu'il avait conçu quelques années plus tôt s'accompagne de davantage de concessions sur la flexibilité au travail et la modération salariale. Celui qui endosse une partie de la responsabilité des plans de privatisation d'Airbus, d'Air France, de l'ouverture du capital de France Telecom, de l'acceptation de la mise en concurrence au niveau européen de la Poste et de la SNCF pour le frêt ferroviaire. C'est lui qui a remis au goût du jour la vieille lune d'une reconciliation du travail et des exigences de profitalité du capîtal en voulant développer et défiscaliser l'actionnariat salarié. C'est aussi à DSK que l'on doit la défiscalisation des stock-options et qui a contribué à rendre la fiscalité sur les revenus du capital et du patrimoine moins forte que l'impôt qui ponctionne les revenus du travail.

 

En dépit de l'activité débordante de la grosse machine médiatique à produire des présidents compatibles avec les intérêts de l'oligarchie, le peuple français aurait, je le pense, fini par se rendre compte que DSK ne pouvait en aucun cas représenter la gauche dans une conjoncture d'agressivité inédite du capitalisme financier et de mise en crise des sociétés et des Etats souverains par la finance internationale et la mondialisation libérale, telle que celle que nous connaissons depuis 2008.  Certes, sur le plan des libertés, du respect des principes républicains en matière de justice, de politique d'immigration, il aurait été un président bien moins dangeureux que Sarkozy, mais son élection, que j'estimais très improbable (à moins avis, la belle baudruche médiatique "du champion  des sondages" au sourire  carnassier ravageur se serait dégonflé à l'approche du premier tour, jusqu'à sans doute nous valoir un duel Marine Le Pen -  Nicolas Sarkozy au second tour de 2012)  aurait de toute manière contribuer à décrédibiliser davantage encore le PS et la gauche de gouvernement, à éloigner plus encore de la gauche les classes populaires, à renforcer le Front National aux élections suivantes. 

 

S'il aurait eu des chances de battre Sarkozy ou Marine Le Pen au second tour en prenant des voix de l'électorat du centre et à droite, il aurait eu aussi beaucoup de difficulté à avoir un bon report de voix chez les électeurs de la gauche de transformation sociale, qui n'auraient pu fonder des espoirs sur les options idéologiques et stratégiques des socialistes que sa candidature aurait représentés, à l'heure ou, dans d'autres pays européens comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce, des socialistes moins liés aux milieux d'affaires a priori se plient aux diktats des marchés, de la commission européenne et de l'Allemagne, et démollissent les droits sociaux des travailleurs et des citoyens.  Dès lors, même avec ce président nominalement à gauche, qui n'a pas craint de proposer que la Banque Centrale Européenne indépendante au service de la rente et du capital fixe le cadre des budgets nationaux, il aurait très compliqué pour le PCF et Front de Gauche de travailler avec les socialistes au Parlement et d'obtenir quoique ce soit d'eux.

 

D'ailleurs, dès 2002, Dominique Strauss-Khan, adepte des thèses de la mondialisation heureuse, avait théorisé dans un essai politique retentissant, dont s'inspire aujourd'hui le think tank Terra Nova et un de ses animateurs, Olivier Ferrand, le fait que le PS devait cesser de courir après les voix des classes populaires en défendant prioritairement leurs intérêts, puisque celles-ci n'avaient plus guère de conscience de classe, étaient censément devenues définitivement réactionnaires ou xénophobes, acquises à la droite ou à l'extrême droite, et qu'il devait se reconcentrer sur l'électorat des classes moyennes et supérieures, les professions intellectuelles, plus facilement acquis au PS, en défendant des propositions de baisse de la fiscalité pour les couches moyennes, en promouvant la culture et l'éducation, ainsi que des réformes sociétales symboliques, faisant progresser les droits individuels et le respect des différences, mais non les droits collectifs des salariés, des chômeurs et des précaires. Comment, sur la base de tels présupposés, croire que le PS  n'aurait pas, au nom d'une pseudo modernité et mise en accord des pratiques et des idées, enterré définitivement pour son compte des ambitions de transformation sociale, des idées de lutte des classes et de redistribution des richesses, sans lesquelles les catégories populaires ne voient plus aucune raison de voter à gauche?  

 

François Hollande et Martine Aubry ne représentent pas des choix politiques et économiques très éloignés de ceux de Dominique Strauss Khan, contrairement à Arnaud Montebourg par exemple qui plaide comme nous pour une VIème République et qui remet en question depuis 2005 (même s'il a soutenu la candidature Royal par opportunisme) les dogmes libre-échangistes et néo-libéraux qui président au fonctionnement de l'Union Européenne,  mais ils sont tout de même moins des incarnations de la trahison complète des idées socialistes de rupture avec l'ordre établi et la domination de l'argent. Leur sens de l'unité des socialistes et de la gauche, leur moralité et leur désintéressement personnels sont mieux avérés et ils ont déjà une expérience du dialogue avec les autres partis de gauche, avec lesquels ils savent qu'ils devront composer vraisemblablement au Parlement en cas de victoires aux présidentielles et avant cela, pour obtenir un bon report des voix de gauche (sans lesquels ils n'ont aucune chance de passer, contrairement à DSK) au second tour.  

 

Ismaël Dupont.

  

 

           

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