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19 décembre 2016 1 19 /12 /décembre /2016 07:58
8 citations extraites du livre « Sans domicile fisc », des frères Alain et Eric Bocquet
LAURENCE MAURIAUCOURT
DIMANCHE, 18 DÉCEMBRE, 2016
DR

Publié aux éditions du Cherche Midi (et disponible en version numérique), l'ouvrage intitulé « Sans domicile fisc » co-signé par le sénateur Eric Bocquet et son frère, le député Alain Bocquet, s'est déjà vendu à plus de 10 000 exemplaires. Voici 8 citations extraites de cet ouvrage, objet de nombreux débats en France en présence de ses auteurs. Des témoignages qui incitent à la lecture, mais surtout à lutter plus efficacement contre la fraude et l'optimisation fiscale.  

1. «Le sujet de l’évasion fiscale est, à l’origine, un sujet non criminel. Il naît de l’idée qu’un État dispendieux et non organisé ferait peser une pression fiscale insupportable sur de pauvres contribuables qui cherchent à échapper à la pression… Ceci fournit au fraudeur des excuses, et en général une certaine compassion sociale ». Alain Bauer, criminologue.

2. « …moins de 1% des gens, détenteurs de gros capitaux financiers ou productifs, peuvent plus ou moins décider du sort des autres, de leur emploi et de leurs revenus. Des décennies de luttes sociales ont permis de limiter l’arbitraire et de construire des cadres devant s’imposer à tous. Mais de façon permanente, les mêmes détenteurs des plus gros capitaux cherchent à s’affranchir de ces règles collectives relatives à la progressivité de l’impôt, à la protection sociale à but universel, au droit du travail, aux normes environnementales, etc. ». Jean Gadrey

3. La loi Suisse sur le secret bancaire : « Ce fut en 1934. Non pour protéger le patrimoine de membres des communautés juives de la convoitise nazie, mais en réaction contre la France, dont la police avait, deux ans plus tôt, surpris le versement illicite de coupons et de dividendes non déclarés dans les locaux d’une banque bâloise à Paris ». Les frères Bocquet.

4. « Seuls 1,1 à 1,6% des flux financiers mondiaux ont un lien direct avec la production et l’échange de biens et de services », le reste n’est que marchés financiers. Les frères Bocquet.  

5. « La plupart des citoyens manifestent une certaine bienveillance pour l’idée qu’on peut en faire passer un peu de côté ! Une attitude assortie d’une résolution, sans doute teintée d’hypocrisie, prétendant que si l’État était bien géré, on consentirait à des efforts, mais… qu’au vu des gaspillages régulièrement dénoncés, on y renonce.» Michel Claise, juge d’instruction auprès du tribunal d’instance de Bruxelles et chargé d’un cabinet financier, 

6. « Les évaluations des ONG sont édifiantes : cette situation génère chaque année un manque de recettes de 60 à 80 milliards d’euros pour le budget de la République française, dont le montant total des recettes est de 300 milliards pour 2016. Une perte à comparer avec la trentaine de milliards d’euros de recettes de l’impôt sur les sociétés, ou encore les 73 milliards du déficit budgétaire annoncé pour 2016 ». Les frères Bocquet.

7.  « Je ne pense pas que les citoyens acceptent encore longtemps que les entreprises comme Total, Saint-Gobain, Danone, Suez Environnement, Schneider et autres s’exonèrent en ne payant pas d’impôts en France à dues proportions. (…) La fraude est estimée entre 60 et 80 milliards en 2015, et l’optimisation à près de 66,3 milliards esquivés en 2009… (…) ». Vanik Berberian, président des maires ruraux de France.

8. « On a assisté au repli du grand banditisme traditionnel vers les domaines économiques et financiers. Il s’est converti à ces pratiques très juteuses. L’exemple typique est celui de la ”fraude à la TVA“. (…) La TVA est le plus important des impôts indirects, avec 140 milliards d’euros. Le manque à gagner annuel est évalué à environ 30 milliards par la Commission européenne, soit environ 20% de la première ressource de l’État! ». Vincent Thomazo, contrôleur principal des douanes et secrétaire général du syndicat UNSA-Douanes,

8 citations extraites du livre "Sans domicile fisc" des frères Bocquet (L'Humanité, 18 décembre 2016)
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18 décembre 2016 7 18 /12 /décembre /2016 06:41
Injustice bientôt réparée pour les nouveaux retraités (LAURENCE MAURIAUCOURT, L'Humanité- SAMEDI, 17 DÉCEMBRE, 2016)

Les versements groupés et tardifs des pensions de retraite faisaient exploser la feuille d'impôt. Les sénateurs du groupe Communiste, Républicain et Citoyen obtiennent la réparation de cette injustice en forme de double peine.

Vendredi 16 décembre au Sénat, la justice fiscale a été enfin rétablie pour les victimes des retards dans les versements des pensions de la Carsat. Au nom du Groupe Communiste Républicain et Citoyen, le sénateur du Nord Eric Bocquet a défendu un amendement qui a été adopté dans le cadre de l’examen de la loi de finances rectificative pour 2016.

Quelle était l'injustice ?

En 2014 et 2015, pendant plusieurs mois, des dizaines de milliers de retraités de la région Hauts de France n’ont pas touché leur pension pour cause de dysfonctionnements graves à la Carsat Nord
Picardie. L’organisme de gestion des retraites, accusait d’interminables retards dans le traitement des nouveaux dossiers de retraites. « Pour beaucoup de ces nouveaux retraités, cela signifia le début d’un cauchemar : retards de paiement de leurs factures, expulsions locatives ou
interdictions bancaires », relate la sénatrice du Nord, Michelle Demessine, engagée, aux côtés des usagers et des employés de la caisse de retraite. « Grâce à la mobilisation syndicale et une délégation d’associations que j’avais menée à l’Elysée, le 17 décembre 2014, auprès du conseiller social du Président de la République, ces retards sont, à présent, en grande partie résorbés », rappelle l'élue. Mais, la résorption soudaine a eu un effet pervers : les retraités qui ont perçu d’un même coup le versement de plusieurs mois de pensions de retards, ont eu un choc en recevant leur feuille d’impôt. Une double peine, insupportable ! En effet, leur situation ayant été régularisée par le versement sur une année de pensions dues au titre des années précédentes, leur revenu fiscal de
référence s'en est trouvé littéralement explosé. « Pour certains, cela a engendré injustement une forte augmentation de leurs impôts. Pour d’autres, cela signifie devenir injustement imposable et perdre en cascade des avantages sociaux sur les transports en commun ou le logement, par exemple », explique Michelle Demessine, qui a collecté de nombreux témoignages de personnes en réelle détresse.

Que dit l'amendement qui promet de rétablir la situation ?

Après un rendez-vous obtenu, le 26 octobre, avec Monsieur Christian Eckert, Secrétaire d’Etat au Budget, promesse fut faite aux sénateurs communistes d'agir concrètement. C'est donc vendredi qu'un amendement a été soumis au Sénat. Certes, il faut encore en passer par l'assemblée nationale, mais l'optimisme est au rendez-vous. « Cet amendement, qui devrait aller au bout du processus législatif, impose le calcul de l’impôt de ces retraités que sur douze mois de pension par année, avec effet rétroactif sur les années 2015 et 2016 », détaille encore Michelle Demessine dans son communiqué. La sénatrice nordiste, déplorant «  un retard à l’allumage d’un an du gouvernement, qui avait refusé ce même amendement de notre part l’année dernière ». Mais ne gâchons pas la victoire, « c’est enfin la fin de la double peine fiscale pour les victimes des retards de la Carsat et le rétablissement de l’honneur de notre système de retraite et de solidarité intergénérationnelle qui nous est si cher », analyse Michelle Demessine.   

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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 13:28

« Amis, redescendez sur terre. Le moment est venu de penser tout à fait autrement pour sauver l’idée européenne ».

Venant d’un ancien ministre des Affaires Etrangères dans le gouvernement Jospin, qui demeure aujourd’hui encore une voix écoutée sur les enjeux tant européens que mondiaux, cette interpellation très pertinente mérite attention !

Elle est tirée du dernier livre d’Hubert Védrine, intitulé « Sauver l’Europe ! » (1)

Et, pourquoi ne pas le dire franchement : malgré mon net désaccord sur la vision d’ensemble de la construction européenne qui y est défendue, je considère qu’il s’agit d’un ouvrage qui stimule utilement le débat.

L’auteur rompt, en effet, avec la langue de bois ambiante des « milieux autorisés » de Bruxelles aussi bien que des sphères gouvernementales à Paris. Védrine appelle un chat un chat et n’hésite pas à briser des tabous.

Non seulement, il parle de « crise existentielle » de l’actuelle UE -le Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, en convient désormais lui aussi- , mais il situe lucidement les origines du « décrochage de plus en plus manifeste » des Européens bien avant le « Brexit ».

Il pointe, comme nous-même le faisons depuis longtemps, le vice de fabrication essentiel de la construction européenne : elle s’est faite sans les peuples. Et de citer, comme illustration du « mépris agressif envers les votes populaires », le cas du sort réservé au référendum français de 2005, qualifié à juste titre de « véritable insurrection électorale » : le TCE rejeté par la porte était revenu par la fenêtre sous la forme du traité de Lisbonne.

Autres formes d’arrogance insupportable de la classe dirigeante européenne légitimement fustigée dans ce livre : la confusion délibérément entretenue entre « vrais anti-européens » et partisans d’un projet européen alternatif à l’actuel, ou encore la propension des mêmes à « jeter la suspicion sur tout désir bien naturel de conserver une certaine souveraineté sur son destin et son identité dans la mondialisation, à balayer avec mépris toute critique ».

D’autres idées émises dans le livre sont également frappées au coin du bon sens, comme le constat selon lequel le projet -cher, notamment, à François Hollande- « d’intégrer plus encore la zone euro » ( en la dotant d’un ministre des finances, d’un budget propre, d’un Trésor ) ne rendrait en rien plus légitimes aux yeux des peuples des « réformes » dont ils ont abondamment montré qu’ils n’en voulaient pas ! Nous ne bouderons pas non plus notre intérêt pour les passages suggérant à l’UE de « recouvrer, sans agressivité, une autonomie de pensée par rapport aux Etats-Unis » et de « reconstruire la relation Europe-Russie ».

On s’en doute : tout l’ouvrage en question ne suscite pas les mêmes éloges de notre part !

Ainsi, la fuite en avant néolibérale, la mise en concurrence des travailleurs, une utilisation de l’euro qui tourne le dos aux besoins de solidarités des peuples face aux marchés financiers, et le fiasco social qui en résulte sont à peine effleurés , voire carrément escamotés dans le bilan de l’UE que dresse l’auteur !

Pire : les « réformes » Schroeder sont citées en exemple ! Nous ne nous retrouvons pas davantage dans son souhait ambigu de voir « reprise en main (…) la question des flux de réfugiés et de migrants ». Enfin, sa conception de la « refondation » de cette « Union en état d’hébétude » n’est guère convaincante : Védrine suggère de décréter une « pause qui serait brève » pour réfléchir, suivie d’une « conférence refondatrice » entre « Etats volontaires ».

Les citoyens ne seraient conviés qu’à avaliser ou à rejeter le compromis qui sortirait de ce conclave au sommet. De vraies contradictions, propices à un vrai débat…

——-
(1) Editions Liana Lévi (2016)

Sauver l'Europe: réponse de Francis Wurtz (ancien député européen PCF-Front de Gauche) à Hubert Védrine (L'Humanité Dimanche, 15 décembre 2016)
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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 06:08
Elus et usagers se mobilisent contre la casse du service public postal, comme ici à Rennes, en septembre dernier. Photo Thierry Pasquet/Signatures

Elus et usagers se mobilisent contre la casse du service public postal, comme ici à Rennes, en septembre dernier. Photo Thierry Pasquet/Signatures

Métier par métier, les raisons de la colère à La Poste
Services publics
CÉCILE ROUSSEAU
JEUDI, 8 DÉCEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Pendant que la direction fait mine de lâcher quelques miettes dans le cadre des négociations nationales sur les conditions de travail des facteurs, avec notamment l’embauche de 500 CDI, sur le terrain, les réorganisations continuent de plus belle. « Ces négociations ne répondent pas du tout à l’urgence sociale, ni au degré de souffrance des agents », constate Valérie Mannevy, du bureau national de la Fapt-CGT, rappelant au passage les salaires bas des agents. « On n’arrête pas de leur répéter que le trafic du courrier baisse alors qu’ils ont de plus en plus de boulot, tout cela est très compliqué à gérer. »

Après plus de dix ans de réorganisations intenses, près de 100 000 emplois passés à la trappe dont 7 300 rien qu’en 2015, une mutation de l’entreprise désormais axée sur la rentabilité avec la mise en avant du colis et des activités postales souvent au détriment des missions de service public, « les agents sont essorés, tranche Eddy Talbot, de SUD PTT. Mais on voit que la lutte paie quand l’unité syndicale est la plus large possible. Les postiers sur la plateforme industrielle de courrier (PIC) de Wissous (Essonne) qui s’était mise en grève massivement le 15 novembre ont obtenu vingt embauches en CDI ». En réaction à ces restructurations généralisées, les résistances locales essaiment dans la société anonyme à capitaux publics. Sans que La Poste ne semble prendre l’ampleur du problème. Comme le souligne Luc Girodin, secrétaire général de l’Unsa, « lors de la première séance de discussions, on nous avait dit que s’ouvriraient des discussions sur le réseau, on attend toujours ». En cette journée de grève, tour d’horizon des raisons de la colère.

1 Les facteurs refusent le jeu de chaises musicales

Les propositions nationales sur les conditions de travail des facteurs ont fait l’effet d’une bombe au centre de distribution de courrier de Routot (Eure). Dans la ville de 1 400 âmes, au cœur d’un parc naturel, les tentatives de convertir les facteurs en bouche-trou passent particulièrement mal. Laurence Branchu, factrice et représentante CGT au CHSCT, est remontée. « Ils se foutent de nous. Les facteurs d’équipes perdraient leurs tournées. Ils veulent aussi proposer aux facteurs “qualité” (animateur d’une équipe de facteurs – NDLR) de tourner dans d’autres établissements de La Poste. Tout le monde va être rétrogradé dans son métier. »

Alors que le secteur géographique est en pleine expansion, avec des créations de rues, les deux suppressions de postes viennent encore alourdir la charge des facteurs. « Le CHSCT se pourvoit jusqu’en cassation car La Poste a été incapable de nous fournir les données de calcul des tournées justifiant ces suppressions d’emplois. En dix ans, nous avons perdu cinq emplois. Mais les accidents de la route ont aussi augmenté tout comme les arrêts maladie. Cela fait trente ans que je travaille à La Poste, je constate que nous n’avons plus de temps mort, on est tout le temps en train de courir. » Même si la grève d’aujourd’hui tombe en plein dans la période de vente des calendriers, les facteurs normands sont bien décidés à laisser leur vélo au dépôt.

2 Les centres financiers en souffrance éthique

À Nantes (Loire-Atlantique), le ras-le-bol des chargés de clientèle atteint des sommets. Sans hésiter, un certain nombre d’entre eux ont prévu de se mettre en grève. En ligne de mire, Excello, le plan stratégique qui vise à spécialiser l’activité des centres financiers, gestionnaires des comptes de La Banque postale. 25 % des effectifs doivent disparaître d’ici à 2017, soit 3 500 emplois en moins par an dans le pays. En Loire-Atlantique, où la structure est axée dans le risque client (les découverts, le recouvrement...), l’hémorragie est bien avancée. Les effectifs ont fondu de 1 200 en 2011 à 850 aujourd’hui. Et le jeu de chaises musicales entre services bat son plein. Marie Pagès, secrétaire de la CGT du site, en fait partie : « Je viens de passer au service de recouvrement amiable. À chaque changement de poste, il faut tout réapprendre. Il y a aussi une mise à mal de notre travail, on nous incite à bâcler les choses. »

Cerise sur le gâteau, les agents ont dû affronter une nouvelle classification des usagers de La Banque postale visant à stigmatiser les plus modestes. « On a consigné par exemple de ne pas étudier tout de suite les demandes d’interdits bancaires. Cela marque une rupture dans nos missions. » Touchés dans leur fibre sociale, les postiers, en majorité fonctionnaires, vivent très mal cette transformation de leur métier. « C’est un conflit interne, soupire Marie Pagès, car ce sont des petites gens comme nous. »

3 Tour de vis salarial dans les bureaux de poste

Ce n’est pas l’envie qui manque à Victoire de se joindre à la journée d’action. Mais trop d’autocensure, de pression sur le dos, affirme-t-elle. Cette directrice d’agence bancaire dans l’Ouest parisien, syndiquée à l’Unsa, ne cessera pas le travail. « Mais je soutiens la mobilisation, il y a un vrai souci. Les guichetiers sont dans la même problématique de sous-emploi que les facteurs. Et les personnes en arrêt maladie ne sont pas remplacées. Je fais tout pour obtenir des effectifs, mais comme le service de ressources humaines qui gère les intérimaires est mutualisé entre tous les bureaux, c’est compliqué d’obtenir des renforts. »

Ce manque de personnel chronique devient alors synonyme de perte de qualité pour les usagers. « Nous passons en “mode dégradé”, c’est-à-dire que nous ne faisons plus les opérations bancaires, nous disons aux clients souvent pauvres que nous avons des problèmes techniques. » Résultat, le face-à-face tourne parfois mal. « 50 % des arrêts maladie sont liés aux relations clients. Il y a une vraie souffrance psychologique. Mais nous n’avons toujours aucune étude d’impact sur les risques psychosociaux (RPS). En ce qui concerne l’encadrement, nous sommes dans des injonctions paradoxales, on doit faire tenir la boutique, mais sans moyens. » Prise entre le marteau et l’enclume, Victoire concède être épuisée : « Je n’ai pas toujours les réactions adaptées, je suis aussi sur le fil du rasoir. »

4 Les forçats des plateformes industrielles de courrier à l’étroit

À Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), les volcans endormis pourraient bien se réveiller au son des machines. Dans la plateforme industrielle de courrier (PIC) de la capitale auvergnate, les engins chargés du tri des plis s’accumulent dangereusement. « On se récupère plein de petites machines s’occupant du tri général (tri de la tournée du facteur – NDLR). Nous allons nous retrouver très à l’étroit, s’inquiète Éric Bessière, élu SUD PTT au CHSCT. On nous rapatrie du boulot, en déshabillant Pierre pour habiller Jacques. » Une tendance qui s’inscrit pleinement dans le plan stratégique « Horizon 2020 », lequel préconise de fermer un maximum de plateformes de distribution de courrier pour regrouper tout le tri dans un même endroit.

« Jusqu’ici, nous n’étions pas les pires au niveau des conditions de travail, mais c’est en train de se dégrader », observe-t-il. La création d’une direction nationale chargée de chapeauter la trentaine de PIC du pays, début 2017, n’est pas pour rassurer les 300 agents auvergnats. « On va nous imposer des ordres sans connaître les réalités locales », craint le syndicaliste, mobilisé comme ses collègues aux quatre coins du pays.

 

De nouvelles propositions sur la table pour les facteurs

À la veille de la journée d’action, La Poste, qui rencontrait ces derniers jours les syndicats en réunions bilatérales, a dégainé in extremis de nouvelles propositions pour son projet d’accord sur les conditions de travail des postiers. « Assurant avoir pris en compte les nombreuses demandes exprimées lors de la réunion du 21 novembre », la direction met en avant le recrutement immédiat de 500 facteurs en CDI d’ici fin 2016. Une annonce jugée très insuffisante pour les syndicats. Pour Valérie Mannevy de la CGT, « 500 CDI, c’est dérisoire à l’échelle du territoire ; il n’y a rien de concret sur les outils, ni sur les cadences et les normes. Préserver la santé au travail, c’est pourtant une obligation de l’employeur ». Pour SUD PTT, ces annonces sont une « plaisanterie » et un « contre-feu de plus » à la veille d’un mouvement social.

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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 06:00
Les intox de Manuel Valls sur Clémentine Autain et les Frères musulmans

 

L’ancien premier ministre et candidat à la primaire de la gauche a accusé la conseillère régionale, figure de la gauche radicale, de « passer des accords avec les Frères musulmans ». Ce qui est faux.

Ce n’est pas nouveau, Manuel Valls n’apprécie guère Clémentine Autain. L’élue régionale et figure de la gauche de la gauche est souvent accusée par le PS d’être « islamo-gauchiste », un terme visant une gauche accusée de se compromettre avec les islamistes.

 

Mais M. Valls a franchi un nouveau pallier, jeudi 15 décembre sur France Inter, en accusant Mme Autain de « passer des accords avec les Frères musulmans », groupe islamiste actif notamment en Egypte, mais aussi très prosélyte, duquel est proche le théologien Tariq Ramadan, et qui est également lié, en France, à l’Union des organisations islamistes (UOIF).

Une polémique ancienne

Rien de concret ne permet d’affirmer que Clémentine Autain aurait passé « des accords » avec les Frères musulmans. D’autant plus que Manuel Valls ne précise pas en quoi ils consisteraient.

Ses propos renvoient à une polémique plus ancienne : Le Figaro avait publié fin 2015 un article évoquant le fait que le parti de Mme Autain, « Ensemble » , avait mentionné, sur son site, un meeting à Saint-Denis (93), où intervenait Tariq Ramadan.

Cette dernière ne s’était pas rendue au meeting, et avait répondu dans une tribune au « Plus » de L’Obs, dénonçant un « procès d’intention injuste » et rappelant ses positions, notamment sur la laïcité et la cause des femmes :

« S’il est besoin de le rappeler, je confirme que je suis opposée à Tariq Ramadan sur cette question majeure de l’égalité entre les sexes et les sexualités. Je ne tergiverse pas, je m’oppose. »

Une attaque récurrente

Attaquée à nouveau sur le même thème des compromissions avec l’islam radical, mais cette fois par Jean-Marie Le Guen, alors secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, Mme Autain publiera une nouvelle tribune en avril, dans Le Monde, pour démentir ces accusations une nouvelle fois :

« Que signifie islamo-gauchiste ? Jamais je n’ai défendu le différentialisme culturel”, je suis profondément universaliste et laïque mais je défends la mixité culturelle, comme une richesse. »

Le 22 mai, Manuel Valls revient à la charge, évoquant sur Radio J « ces ambiguïtés, avec Les Indigènes de la République, les discussions avec Madame Clémentine Autain et Tariq Ramadan, ambiguïtés entretenues qui forment le terreau de la violence et de la radicalisation ».

Mme Autain se défend une nouvelle fois devant ces accusations, assurant sur France Info : « Je n’ai jamais de ma vie rencontré Tariq Ramadan, je ne le connais pas ».

Amalgames

La polémique ne s’éteindra pas pour autant, « Ensemble » étant ciblé pour, par exemple, figurer sur la même liste de signataires d’un appel « islamophobie et xénophobie à l’heure de la présidentielle » que M. Ramadan.

Comme d’autres organisations de gauche radicale, de Attac au Nouveau parti anticapitaliste, Ensemble participe à divers évènements autour des questions de banlieue, de racisme ou d’islamophobie. Le parti figure ainsi, lors d’un rassemblement à Saint-Denis le 23 novembre dernier, aux côtés d’organisations comme le parti des indigènes de la République (PIR), ou le comité contre l’islamophobie en France (CCIF) dont le fondateur, Marwan Muhammad, est lui aussi accusé de proximité avec les Frères musulmans.

Ce sont ces proximités que veut sans doute évoquer l’ex premier ministre . Pour autant, les mots ont un sens : il y a loin entre se retrouver signataire d’une même pétition (et encore n’est-ce pas Mme Autain en personne qui la signe) et conclure des « accords » politiques ou des alliances partisanes.

Or aucun élément tangible ne permet d’attester de l’existence d’un « accord » entre Mme Autain et M. Ramadan. L’élue régionale dément connaître M. Ramadan, n’a pas participé à un meeting avec lui et la phrase de M. Valls, sauf à se baser sur des éléments qui n’ont pas été portés à l’attention du public, a tout de la caricature.

Interogée par Le Monde suite à cette nouvelle sortie du candidat à la primaire, Mme Autain s’est dite jeudi 15 décembre « stupéfaite par l’obsession de Manuel Valls à proférer des mensonges à mon sujet qui vise à disqualifier ma famille politique. Il sait très bien que je n’ai jamais rencontré Tariq Ramadan. Je l’ai dit et répété suite à ses propos erronés. Je ne vois pas comment il peut prétendre réconcilier les deux gauches par ces méthodes. » Questionée pour savoir si elle porterait plainte, ce qu’elle avait menacé de faire lors des dernières passes d’armes avec l’ex-premier minstre, Mme Autain a répondu : « Sans doute. »


Samuel Laurent, Le Monde

Les intox de Manuel Valls sur Clémentine Autain et les Frères musulmans
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/16/les-intox-de-manuel-valls-sur-clementine-autain-et-les-freres-musulmans_5050174_4355770.html

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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 15:04
Les sénateurs Front de Gauche demandent la suspension de la directive relative aux travailleurs détachés (vendredi 16 décembre 2016)

Les sénateurs Front de gauche demandent la suspension de la directive relative aux travailleurs détachés

vendredi 16 décembre 2016

Lors des questions d’actualité au Sénat, Michelle Demessine Sénatrice du Nord a interpellé la ministre du Travail :

"Vous êtes signataires avec 7 autres ministres européens du travail d’une tribune pour que les travailleurs détachés puissent bénéficier d’une rémunération équivalente à celle des travailleurs du pays d’accueil.

Dont acte !

Il aura fallu la vague populiste et la perspective des prochaines échéances électorales pour voir afficher publiquement cette détermination.
Il eut peut être mieux valu écouter, en 2005, les français qui en refusant le traité constitutionnel faisaient passer un messager fort de leur refus d’une Europe du dumping social.

La directive européenne « travailleurs détachés » de 1996 en cours de révision, qui patine, organise, en effet, depuis des années la mise en concurrence des peuples pour tirer les conquêtes sociales vers le bas tout en opposant les travailleurs européens les uns aux autres !

Nous en connaissons les résultats : l’explosion de ce dumping, 2 millions de travailleurs détachés en Europe, 230 000 en France, en 2014, plus un bond de 25% en 2015.

Vous le savez, dans cette enceinte, nous n’avons eu de cesse avec notre groupe de dénoncer, d’alerter des risques pour l’emploi et les conditions de travail dans notre pays.

Vous le savez, nous refusons aussi de stigmatiser les travailleurs détachés qui subissent les premiers des conditions de travail et de vie intolérables car nous défendons aussi une Europe de l’égalité des droits et de la solidarité pour lutter contre les entreprises qui souhaitent renforcer le dumping social.

Comme mon collègue et ami Eric Bocquet l’a proposé déjà dans son rapport de mai 2016, vous semblez, à présent, prendre position pour que les droits des travailleurs détachés soient ceux du pays d’accueil.

L’interdiction du détachement en cascade est une priorité mais qui nécessite un renforcement considérable des moyens de contrôles avant et après le détachement.

Madame la Ministre, que comptez-vous faire ?

Comptez-vous vous donner les moyens de vos nouvelles ambitions affichées sur les travailleurs détachés ?

Enfin parce qu’il ne s’agit pas d’attendre une nouvelle fois la Saint Glinglin, il n’y a qu‘une seule réponse efficace à ce vaste dumping social intra-européen : la suspension de la directive « travailleurs détachés » !

Comptez-vous prendre cette décision ?"

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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 13:47
LUTTER CONTRE L’EROSION DE LA BIODIVERSITE

Plus de 190 pays sont réunis jusqu’au 17 décembre, à Cancun, au Mexique, pour la treizième conférence des Nations unies sur la biodiversité.

La COP 13 doit dresser un bilan de l’action des États dans leur lutte contre l’érosion de la biodiversité à mi-parcours de la réalisation du plan stratégique décidé à Nagoya (2011-2020).

Comme pour le climat, les objectifs sont loin d’être atteints.

La convergence des mobilisations politiques, associatives et citoyennes sera déterminante pour l’avenir de l’humanité et de la planète.

Dans ce domaine, la France a une grande responsabilité.

Sur notre territoire, on recense 182 498 espèces soit environ 10% des espèces animales et végétales mondiales (source : Muséum d’histoire naturelle)

IL EST TEMPS D’AGIR AVEC PLUS DE FORCE

 

Le PCF a organisé en octobre un Mois pour la biodiversité. Nous avons dressé le constat avec le concours de scientifiques, d’élus, d’associations. Les dégâts à la biodiversité sont déjà trop lourds. Le rythme d’extinction des espèces, de destruction d’écosystèmes ou de pertes de potentiel génétique est supérieur à celui des temps géologiques.

C’est la conséquence de notre mode de développement. Pollution, déforestation, atteintes à la qualité de l’eau, des sols et de l’air, méfaits d’une agriculture productiviste opposée à une agriculture paysanne, privatisation des semences, destruction des pollinisateurs menacés par les pesticides : dans tous les cas, la biodiversité est menacée.

Il faut savoir que les trois quarts des cultures dépendent de l’action des pollinisateurs : action essentielle

pour l’équilibre alimentaire humain.

i a  à F

IL Y A BEAUCOUP A FAIRE EN FRANCE

Six ans après le Grenelle de l’environnement, le bilan est assez pauvre. 1000 espèces, en métropole et en Outre-Mer, sont menacées. Les pressions des lobbies industriels et agricoles sont très fortes. La droite et l’extrême droite amplifient leur campagne anti-écologique et productiviste.

Toutefois, dans le cadre de la loi biodiversité votée en août, les parlementaires communistes ont obtenu, entre autres, la non brevetabilité partielle du vivant. L’interdiction des pesticides néonicotinoïdes est inscrite pour 2018. Mais les moyens ne suivent pas ! C’est le cas de l’Agence française pour la Biodiversité qui doit être opérationnelle en 2017.

La MarChaNDiSat

LA MARCHANDISATION EST UNE MENANCE POUR LA BIODIVERSITE

Pour les « penseurs » du libéralisme, seuls la privatisation et le marché peuvent protéger la biodiversité.

Au contraire, nous avons besoin d’une République où les biens communs seraient le moteur d’un développement humain durable. C’est un enjeu du combat de classe du XXIe siècle.

NOUS PROPOSONS

La biodiversité est un bien commun de l’humanité. Nous condamnons toute appropriation et privatisation individuelle et collective de ce patrimoine collectif comme de la brevetabilité du vivant.

Les écologues, les chercheurs en sciences naturelles doivent disposer des moyens matériels, financiers et humains à la hauteur des défis, en particulier le Muséum d’histoire naturelle.

La création d’une taxe « ressources naturelles » pour en limiter les prélèvements par les entreprises, compensée par l’octroi de crédits bonifiés.

Impulser un nouveau mode production et de consommation, car le mode de production capitaliste n’est plus soutenable. C’est un élément essentiel de l’engagement des communistes pour dépasser le productivisme et le consumérisme.

À l’opposé des critères du profit financier du CAC 40, nous voulons privilégier un développement humain basé sur des indices de bien-être.

Pour les communistes, émancipation sociale et défi écologique sont indissociables.
Rien ne se fera sans votre intervention pour avancer

 

 

LUTTER CONTRE L’EROSION DE LA BIODIVERSITE
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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 07:23

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 


4ème paquet ferroviaire: le PCF s’oppose à la libéralisation du rail

En dépit des protestations massives adressées aux eurodéputés par les syndicats, et faisant fi du rejet grandissant de cette UE qui livre aux marchés nos besoins élémentaires, le Parlement Européen a adopté le volet politique du 4ème paquet ferroviaire ce matin en séance plénière.

Ne nous y trompons pas : la libéralisation et la privatisation du rail n’ont jamais entrainé plus d’efficacité et d’accessibilité dans les transports. Au contraire, le modèle anglo-saxon ce sont des augmentations de prix, une qualité de transport chaque jour moindre, un abaissement des conditions de travail pour les cheminots et de lourdes conséquences sur l’environnement.

Notre groupe (GUE-NGL) au Parlement européen a déposé deux motions de rejet sur les deux volets concernant l’ouverture du marché des services nationaux de transport de voyageurs par chemin de fer.

Nous poursuivons le combat pour que ce paquet ne soit pas mis en œuvre !Nous refusons la mise en concurrence d’un secteur stratégique pour l’économie française. L’accès aux transports doit être considéré comme un droit fondamental et un service public permettant de garantir la mobilité.

La vieille méthode libérale consistant à privatiser les profits et à ne laisser à l’État que la gestion de la partie déficitaire pour répondre aux prédations des grandes entreprises a fait son temps ! Mobilisons-nous contre la libéralisation du rail en France et en Europe !

Parti communiste français 
14 décembre 2016

4ème paquet ferroviaire: le PCF s'oppose à la libéralisation du rail
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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 07:20
Comment Pierre Gattaz se sucre sur l’argent public
THOMAS LEMAHIEU
MARDI, 1 JUILLET, 2014

En quelques années, Radiall, l’entreprise dirigée par le patron des patrons, a réduit à néant, ou presque, sa contribution fiscale en France, tout en bénéficiant des crédits et en multipliant les dividendes. De quoi susciter une vraie bronca, loin du faux bras de fer avec le gouvernement.

François Hollande tend la main et le patronat arrache le bras. Les épisodes se suivent et se ressemblent. À une semaine de la conférence sociale, le Medef rassemble toutes les autres organisations patronales pour exiger, en plus des 35 milliards d’euros de cadeaux sociaux et fiscaux baptisés « pacte de responsabilité », une série de moratoires sur des mesures comme le compte pénibilité qui, selon lui, mettent la « compétitivité » en péril. Hier matin, sur Europe 1, Pierre Gattaz est allé jusqu’à menacer de boycotter le grand rendez-vous annuel entre le gouvernement et les partenaires sociaux, programmé la semaine prochaine. « Il y a une proposition ou un projet de loi antiéconomique tous les quinze jours, avec toujours plus de contrainte, de fiscalité, ce n’est plus possible », se plaint le patron des patrons. Alors qu’à l’Assemblée de plus en plus de députés socialistes rentrent dans la « fronde » contre l’absence de toute contrepartie dans le pacte de responsabilité, cette surenchère patronale commence à susciter l’embarras jusque dans les rangs du gouvernement. « Il faut bien comprendre que nous sommes les seuls à pouvoir créer de l’emploi et de la richesse, se vante encore Pierre Gattaz. L’entreprise va très mal en France depuis des mois, des années. Il faut baisser la charge fiscale et instaurer un climat de confiance. »
 
L’Humanité lève le voile sur les pratiques comptables du patron du Medef Avec nos révélations issues des rapports comptables officiels d’un groupe français pour le moins emblématique, Radiall, l’embarras pourrait bien s’accroître encore dans la majorité. Car, derrière les envolées rituelles sur « l’enfer fiscal » qu’est la France, selon le Medef, l’Humanité lève un coin du voile sur les pratiques comptables et financières qui permettent de réduire à néant, ou presque, son imposition dans l’Hexagone. À travers le mécanisme d’optimisation fiscale dit des prix de transfert, l’entreprise dirigée par Pierre Gattaz affecte une bonne partie des marges réalisées sur les ventes des connecteurs qu’elle produit dans ses usines françaises pour l’aéronautique ou les télécoms à des filiales à l’étranger. Ce qui, en une poignée d’années, a permis au groupe de réduire de 25 % à 3 % la part de ses impôts payés en France. Dans la comptabilité du groupe, qui a réalisé un bénéfice de près de 25 millions d’euros l’année dernière, la « charge fiscale » en France culmine à 202 000 euros. Et cela, au moment où Radiall bénéficie des largesses fiscales du gouvernement : l’entreprise a touché 876 000 euros de crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), un cadeau accordé aux entreprises sans aucun contrôle, ni aucune contrepartie. Et, dans le même temps, la famille Gattaz qui contrôle le groupe fait valser les dividendes : ils ont presque doublé entre 2010 et 2014 pour s’établir à 2,8 millions d’euros.
 
Au printemps dernier, Pierre Gattaz avait soulevé l’indignation en affirmant que les fonds publics issus du pacte de responsabilité pourraient tout à fait finir dans les poches des actionnaires... Là, chacun peut le constater avec nos informations sur sa propre entreprise, il ne se contente plus de le dire, il le fait ! Les masques tombent.
 
Ce sont quelques lignes, trois à peine sur des milliers, dans le rapport financier annuel 2010 de Radiall. Elles sont signées par Yvon Gattaz, cofondateur, avec son frère, de l’entreprise familiale, ex-dirigeant du CNPF de 1981 à 1986. En tant que président du conseil de surveillance, il fixe, avant de passer la main à son fils, Pierre Gattaz, chez Radiall, mais aussi, en quelque sorte, au Medef, le cap pour les années suivantes. Parmi les « axes » du « plan d’action », le patriarche réclame, en particulier, de « finaliser les nouvelles procédures de comptabilisation des prix de revient industriels et d’évaluation des prix de transfert » et de « mettre en place des procédures homogènes sur les différents sites du groupe ». Ce sont quelques lignes, trois à peine, qui disparaîtront dans les éditions ultérieures des comptes annuels de Radiall, mais, derrière le langage crypté, la référence directe aux « prix de transfert » explique comment une entreprise emblématique qui emploie les deux tiers de ses effectifs permanents en France et qui y réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires peut en quelques années choisir de transférer la majeure partie de la plus-value, et donc de ses profits, à ses filiales dans le monde entier, réduisant ainsi à la portion congrue son taux d’imposition avant de les renvoyer sous forme de dividendes à la maison mère française. Mais ne brûlons pas les étapes! Fondé en 1954, Radiall est, selon une expression chérie dans la famille propriétaire, une entreprise de taille intermédiaire, entre PME et CAC 40, spécialisée dans la connectique pour l’aéronautique et les télécoms. Une espèce rare en France, à la fois bien implantée avec plusieurs sites industriels dans le pays (Château-Renault, Isled’Abeau, Voreppe, Dole) et complètement mondialisée pour ses marchés.
 
En 2013, le groupe dirigé par Pierre Gattaz emploie 1 153 salariés permanents et 209 intérimaires dans l’Hexagone, contre 625 permanents et 762 précaires dans le reste du monde. Au-delà de l’ouverture d’usines au Mexique ou en Chine, avec « transferts de production », justifiée dans l’un des derniers rapports annuels par « de fortes pressions sur les prix », le groupe dispose surtout de «bureaux de vente » à l’étranger: c’est le cas en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Brésil, en Inde, au Japon et à Hong Kong.
 
La part des impôts sur les bénéfices payée en France passe de 25 % à 3% Après quelques années difficiles lors de l’éclatement de la crise financière mondiale, Radiall voit son chiffre d’affaires global augmenter de 27 % entre 2010 et 2013, et ses profits explosent pour s’établir l’année dernière juste en dessous de 25 millions d’euros (+ 167 % par rapport à 2010). Pendant ces quatre années, la part du chiffre d’affaires réalisée par les unités françaises de Radiall reste à peu près stable, aux alentours de 70 % du chiffre d’affaires global mais, en revanche, celle des profits imputés à la France dans les profits totaux diminue fortement: selon les présentations comptables de Radiall, la part du résultat opérationnel France passe de 46 % du total en 2010 à 15 % en 2013.
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16 décembre 2016 5 16 /12 /décembre /2016 07:16

Militants CGT "terroristes" : le parquet réclame la condamnation de Pierre Gattaz

 

Le patron du Medef avait comparé les militants CGT à des "terroristes" et des "voyous". La CGT réclame 10 000 euros de dommages et intérêts.

 

Pierre Gattaz pourrait être condamné pour ses propos tenus pendant le conflit sur la loi travail. Le patron du Medef avait alors comparé des militants CGT à des « terroristes » et des « voyous ». Jeudi 15 décembre, le parquet de Bobigny a demandé sa condamnation pour diffamation. « Assimiler des syndicalistes à des voyous et des terroristes, dans le contexte actuel, en France, est quelque chose qui n'est pas digne et n'a pas sa place dans le débat social », a estimé le procureur, Loïc Pageot, appelant le tribunal à condamner Pierre Gattaz, absent lors de l'audience, sans toutefois préconiser de peine.

 
 

 

Fin mai, alors que la fronde contre la loi El Khomri s'apprêtait à entrer dans son quatrième mois, le patron des patrons avait appelé le gouvernement dans les colonnes du quotidien Le Monde à « ne pas céder au chantage, aux violences, à l'intimidation, à la terreur », ajoutant que c'est « visiblement » « la conception du dialogue social » de la CGT. « Faire respecter l'État de droit, c'est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes ne bloquent pas tout le pays », avait-il déclaré.

« Le mot terroriste n'est pas interdit »

L'avocat de la centrale, Emmanuel Gayat, a déploré lors de l'audience que le mot « terroriste » « soit accolé à une organisation de salariés, dans un contexte d'état d'urgence, alors que tout le monde sait ce qu'est un terroriste aujourd'hui ». « Étonné » par les réquisitions du parquet, Me Jean Veil, l'un des avocats du prévenu, a affirmé que « l'intention de Mr Gattaz n'était évidemment pas de comparer les militants CGT à des djihadistes ». « Le mot terroriste n'est pas interdit », a-t-il lancé au tribunal.

« Je ne comprends pas que la CGT pousse des cris de jeune fille outragée quand on lui dit qu'elle a des méthodes de voyous ou de terroristes, elle qui nous parle dans ses tracts de patrons voyous, voire de patrons djihadistes », a de son côté plaidé son collègue Dominique de Leusse. La CGT, qui a assigné le patron du Medef en justice, lui réclame 10 000 euros de dommages et intérêts.

Les propos de Pierre Gattaz dans L e Monde avaient suscité une avalanche de réactions indignées, dans la classe syndicale comme politique. Le patron des patrons était lui-même revenu sur ses déclarations, reconnaissant que « le mot terroriste était inadapté dans ce contexte ». Le tribunal rendra son jugement le 16 février.

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