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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 20:06
Michel Le Bris, mort d’un étonnant voyageur (Muriel Steinmetz, L'Humanité, 1er février 2021)
Michel Le Bris, mort d’un étonnant voyageur
Lundi 1 Février 2021

L’écrivain et fondateur du festival Étonnants Voyageurs, à Saint-Malo, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi, à l’âge de 67 ans. Il avait choisi, à la suite de Mai 68, la voie royale de la fiction et du poème.

 

Michel Le Bris est mort dans la nuit de vendredi à samedi. Il avait 76 ans. Il était le fondateur du festival Étonnants Voyageurs ancré à Saint-Malo, créé en 1990 avec Maëtte Chantrel, Christian Rolland, Brigitte Morin et Jean-Claude Izzo, point de convergence, selon lui, « des petits enfants de Stevenson et de Conrad ». Des centaines d’écrivains du monde entier s’y sont rendus.

Né le 1er février 1944 à Plougasnou, près de Morlaix (Finistère), d’une mère femme de ménage et de père inconnu, Le Bris est un élève exceptionnel qui « doit tout aux livres et aux instits », comme il dit dans son dernier ouvrage, Pour l’amour des livres (Grasset). Diplômé de HEC en 1967, il est nommé, la même année, rédacteur en chef de Jazz Hot, tout en débutant une carrière de critique au Magazine littéraire. Il dirige aussi la Cause du peuple, relais presse de la gauche prolétarienne.

En 1973, il cofonde Libération

Mai 68 arrive. « Un moment de grâce », dit-il. Le journal est interdit en 1970. Le Bris écope de huit mois ferme à la Santé, « pour délit d’opinion ». En avril 1973, il cofonde Libération. Avec Sartre, il crée et dirige la collection « La France sauvage ». En 1977, Le Bris publie l’Homme aux semelles de vent (Grasset), Il y prend ses distances avec le « dogmatisme politique » et Mai 68, dont l’héritage résiderait dans le retour possible « à la fiction et au poème ». La Porte d’or (Grasset, 1986) raconte son périple en Californie, au cours duquel il a exhumé une œuvre inachevée de Stevenson. Il sera aussi éditeur chez Phébus et lancera la collection « Voyageurs/Payot ». La collection « Gulliver» voit le jour chez Flammarion, ainsi que la revue trimestrielle homonyme, qui paraît à compter d’avril 1990.

« Pour une littérature-monde »

À partir de 2000, des éditions spécifiques du festival ont lieu à Bamako, Port-au-Prince (au moment du terrible séisme), Sarajevo, Dublin, Haïfa, Brazzaville… À Étonnants Voyageurs, tous les genres littéraires se croisent : BD, SF, documentaire. De Jacques Lacarrière à Nicolas Bouvier, d’Alain Borer à Gilles Lapouge, tant d’autres, l’affiche est brillante.

En 2007, sur son initiative, avec Jean Rouaud, Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi, c’était le manifeste « Pour une littérature-monde », signé par 44 écrivains de langue française, dont J.-M.-G. Le Clézio et Édouard Glissant. Le texte prônait la mise en lumière d’une « littérature de langue française outrepassant les limites de l’Hexagone ». Il aura organisé des rencontres intenses : Jim Harrison, Patrick Chamoiseau, Boualem Sansal, Derek Walcott… Il a fait paraître, en 1994, le premier volume de la biographie de Stevenson. En 2008, son livre la Beauté du monde était finaliste du Goncourt. En 2009, dans Nous ne sommes pas d’ici, il revenait sur son parcours littéraire. En 2015, il passait les rênes des Étonnants Voyageurs à sa fille Mélani. On aimait son appétit de livres et de vivre. 

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31 janvier 2021 7 31 /01 /janvier /2021 10:20
Michel Le Bris a chaussé ses semelles de vent (Ouest-France, 30 janvier 2021)

Ouest-France

Fondateur du Festival Étonnants Voyageurs, Michel Le Bris a chaussé ses semelles de vent

L’écrivain breton, journaliste, romancier, essayiste et fondateur du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, est décédé hier, à l’aube de ses 77 ans.

 Nous naissons, nous grandissons dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. […] Quand sera venu le temps de mon dernier livre, je m’éclipserai de ce monde pour les rejoindre. Et tout sera bien ​, écrit Michel Le Bris, dans Pour l’amour des livres.

Publié en 2019, il restera le dernier ouvrage de l’œuvre monumentale (plus d’une cinquantaine d’essais, romans et biographies) de l’écrivain breton, décédé hier à l’aube de son 77e anniversaire.

Composé après l’apparition de la maladie qui vient de l’emporter, Pour l’amour des livres disait son enfance  pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère ​. Comment le gamin de Plougasnou qu’il était a pu, grâce à  la puissance de libération des livres et au soutien d’enseignants avisés, accéder à des études supérieures. Avant un incroyable parcours.

Le soutien de Sartre

Diplômé d’HEC en 1967, Michel Le Bris a fait son entrée dans l’univers des lettres par le journalisme. D’abord comme rédacteur en chef de la revue Jazz Hot, puis comme directeur de La Cause du peuple, le journal de la Gauche prolétarienne, en 1970.

Le pouvoir cherche à faire tomber le mouvement d’extrême gauche en multipliant les procès contre ses dirigeants, Michel Le Bris compris. Condamné à 8 mois de prison – purgés à la Santé en 1971 – il a le soutien de Jean-Paul Sartre. Le philosophe l’associera au lancement de Libération, en 1973, et à la création de la collection La France Sauvage​, chez Gallimard.

Il navigue entre journalisme et édition : conseiller littéraire chez Grasset, critique au Magazine littéraire, chroniqueur au Nouvel Observateur, il a également été directeur des programmes de FR3 Ouest au début des années 1980.

Michel Le Bris se laisse  guider par une conviction têtue que lui inspire l’époque : la littérature française, autocentrée, s’est étiolée en tournant le dos à la fiction, au roman, au romantisme. À la recherche  de nouvelles manières de penser le monde ​, il veut lui  ouvrir des espaces où respirer plus large ​.

L’Homme aux semelles de vent, essai publié en 1977, est le premier jalon de ce long  combat ​, mené sur plusieurs fronts. Par ses propres écrits. En publiant des dizaines d’écrivains-voyageurs dans les multiples collections qu’il a créées ou dirigées (chez Phébus, Payot, Hoëbeke, Flammarion, La Table Ronde…). Au travers du festival Étonnants Voyageurs, qui va les fédérer et les faire connaître.

Tout s’accélère en 1990, l’année de la création, avec Olivier Cohen et Alain Dugrand, de la revue Gulliver.  Faite exclusivement de textes d’écrivains se reconnaissant dans notre projet ​.

Et du festival Étonnants Voyageurs,  qui allait grandir à toute vitesse, porté par le public et les écrivains ​. Les premières éditions convoquent une kyrielle de grandes plumes de la littérature de voyage, méconnues – voire inconnues – avant leur passage à Saint-Malo. Patrick Leigh Fermor. Peter Matthiessen. Nicolas Bouvier. Ella Maillart. Anita Conti. Álvaro Mutis. Gilles Lapouge. Jacques Lacarrière. Jacques Meunier…

Étonnants Voyageurs les met dans la lumière – comme il continue à le faire depuis 30 ans, pour des générations d’écrivains du monde entier – tout en s’imposant rapidement comme un lieu de création à part entière, grâce aux prises de position de ses participants. Dès 1992, le manifeste Pour une littérature voyageuse affirme que  la littérature se trouve toujours en danger de s’affadir […] si le monde ne vient pas continûment l’interpeller, la réveiller, l’électriser ​. Ce que permet Étonnants Voyageurs chaque année.

À la rencontre du monde

Depuis le début des années 2000, le festival va même à la rencontre du monde, par l’organisation de répliques dans différentes villes : Missoula (Montana), Dublin, Sarajevo, Bamako, Port-au-Prince, Haïfa, Rabat… En 2017, le mouvement avait inspiré un autre manifeste majeur, Pour une littérature-monde, signé par 45 écrivains de langue française, dont le Prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio.

C’est ce formidable legs que nous laisse Michel Le Bris. Commandeur des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’honneur, il avait reçu le Grand Prix de Littérature Henri Gal en 2019, pour l’ensemble de son œuvre.

Une œuvre appelée à se poursuivre.  Fidèle à sa volonté et fort de son éternel enthousiasme, le festival Étonnants Voyageurs vivra, car, comme Michel l’insufflait à chacun, nous sommes plus grands que nous ! annonçaient Éliane et Mélani Le Bris, son épouse et sa fille, hier.

La 30e édition du festival doit se tenir en mai. Michel Le Bris y sera, au cœur du bruissement des livres qui nous disent le monde. Et tout sera bien.

https://www.ouest-france.fr/culture/festivals/etonnants-voyageurs/michel-le-bris-a-chausse-ses-semelles-de-vent-7137227

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 18:17
Le livre de Mémoire de Jean Le Jeune: "Itinéraire d'un ouvrier breton par l'ancien responsable des F.T.P des Côtes d'Armor", un livre passionnant publié par l'imprimerie Jacq en 2002 avec une préface de Félix Leyzour - livre encore disponible à la fédération PCF des Côtes d'Armor

Le livre de Mémoire de Jean Le Jeune: "Itinéraire d'un ouvrier breton par l'ancien responsable des F.T.P des Côtes d'Armor", un livre passionnant publié par l'imprimerie Jacq en 2002 avec une préface de Félix Leyzour - livre encore disponible à la fédération PCF des Côtes d'Armor

Hommage à notre camarade communiste des Côtes d'Armor, Jean Le Jeune, ancien responsable départemental FTP dans les Côtes-du-Nord

Nous venons d'apprendre le décès du militant communiste des Côtes d'Armor, ancien grand résistant, Jean Le Jeune, né il y a 100 ans, en 1921, la première année d'existence du Parti communiste. 

Nous adressons toute notre sympathie à sa famille, ses enfants et petits-enfants, et nos camarades des Côtes d'Armor.

Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère

L' ANACR-29 s'associe à l'hommage qui sera rendu au Commandant Emile.

A sa famille, à la grand famille des Résistants et Amis de la Résistance des Côtes d'Armor, nous adressons nos fraternelles condoléances.

Anne
 

Chers amis

 Jean le Jeune commandant les 12000 FTPF des Côtes du Nord  dans la Résistance (Commandant Emile), est décédé ce jour au début de l'après midi. Jean était chevalier de la Légion d'Honneur et fut toute sa vie un militant de la Paix, défenseur du droit des peuples à disposer d'eux même, luttant contre les injustices sociales et autres, fidèles à ses idéaux de la Résistance. Il était président honoraire de l'ANACR notre association.

Nous n'avons encore aucun détail sur le déroulement de ses obsèques

Pierre Martin
Sur notre site "Pôle Jean MOULIN - MRN"

Éléments biographiques que nous avions publiés dans le Chiffon Rouge il y a quelques mois et glané dans les mémoires de Jean Le Jeune en présentant la vie et les luttes d'une grande résistante communiste bretonne, Hélène Le Chevalier, mariée à Jean Le Jeune à la libération:

Portrait de résistante communiste - 6. Hélène Le Chevalier, résistante costarmoricaine et militante du secours populaire clandestin (100 ans d'engagements communistes)

Jean Le Jeune, né à Plévin en 1921, dans une commune du Sud-Ouest des Côtes d'Armor, au pied du Mont Noir, issu d'un milieu relativement modeste (sa mère tient un petit commerce, épicerie, mercerie, et confectionne et repasse des coiffes bretonnes, son père est journalier agricole, son grand-père boucher de campagne), s'est engagé dans la Résistance en 1942 après avoir fait l'aéronavale comme ouvrier qualifié dans le sud de la France:

"L'année 1942 aura été l'année où je pris une grande décision, écrit-il dans Itinéraire d'un ouvrier breton par l'ancien responsable des F.T.P des Côtes-du-Nord (2002, Saint-Brieuc). En octobre ou en novembre, je ne me souviens plus très bien, on avait écouté ensemble chez Jean Le Cloarec, mon voisin, la adio de Moscou qu'on parvenait à capter assez facilement sur les ondes. Le premier anniversaire de la fusillade de Châteaubriant était évoqué. J'avais été particulièrement touché par le courage et l'attitude du jeune Guy Môquet. Il avait écrit su les murs de sa baraque: "Vous qui restez, soyez dignes de nous les 27 qui allons mourir". Ce message était à mon avis adressé à tous les jeunes, en tout cas, il m'est allé droit au cœur. Dès lors, une seule chose comptait pour moi: rejoindre le Parti communiste et la Résistance". Au début du printemps 1943, Jean Le Jeune et son camarade Cloarec reçoivent la visite de Louis Picard, le responsable régional du Parti, dit Yves dans la résistance, dans l'atelier du camarade menuisier. Ils sont chargés de se mettre en contact avec les F.T.P de Maël-Carhaix, et de distribuer tracts et numéros de l'Humanité clandestine. Jean Le Jeune va alors participer à la création d'un détachement F.T.P dans sa commune, baptisé Guy Môquet et composé de trois groupes de huit. "Le travail de recrutement était relativement facile, bien que nous exigiions d'abord l'adhésion au Parti, ce qui nous obligeait à agir avec prudence. On laissait de côté les personnes de Droite et de l’Église, en tout cas dans l'immédiat, ce qui était un tort car tous les jeunes du pays avaient leur place dans les rangs des Francs-Tireurs, comme ils l'ont montré par la suite. En attendant, le fils du sacristain ayant eu vent de notre organisation, vint me voir en me suppliant de l'introduire dans le groupe. Il accepta d'emblée d'adhérer au Parti et à notre code d'honneur. On lui donna un nom et un matricule. Il prouva par la suite qu'on avait eu raison de lui faire confiance. En effet, un jour on lui demanda d'aider à transporter le corps d'un adjudant allemand à plusieurs kilomètres de l'endroit où l'Allemand avait été tué.

Très vite, nous avons créé d'autres groupes dans les communes environnantes, à Paule, Le Moustoir, Tréogan: cela coïncidait avec notre travail de propagande contre le travail obligatoire en Allemagne... Ainsi, pas un seul jeune du pays ni des communes environnantes n'est allé en Allemagne, par contre ils rejoignaient les rangs des Francs-Tireurs".  Après la vague d'arrestations par la SPAC en août 43 chez les F.T.P et dans la résistance communiste, l'état-major de la résistance communiste et Jean Le Jeune va prendre du galon, devenant permanent du Parti, sous les ordres du commissaire aux Effectifs des FTP dans les Côtes-du-Nord, Marcel Perrot, dit Andrieux, chargé à 22 ans du commandement du secteur sud-ouest des Côtes d'Armor: Maël-Carhaix, Rostronen, Gouarec, Saint-Nicolas-du-Pélem, Corlay, Bourbriac, Callac.  

 Le mariage d'Hélène Le Chevalier avec Jean Le Jeune a lieu en août 45. Jean Le Jeune raconte: "Hélène et moi vivions ensemble depuis plusieurs mois depuis ce retour du front du 11 novembre 1944, avec des hauts et des bas, bien entendu, comme chez tous les jeunes.  Mais pour pouvoir créer un foyer, il fallait quitter l'hôtel, trouver un appartement et se procurer un trousseau (draps, vaisselle...). Or, tout se vendait avec des bons d'achat et sans mariage, on ne pouvait obtenir de bons. Aussi décida t-on naturellement de se marier. Moi j'étais pleinement d'accord mais Hélène par contre était réticente. En effet, elle tenait beaucoup à son indépendance. Je la rassurais sur le fait que la mariage ne devait pas être une entrave à la liberté individuelle".  Mariée en , Hélène Le Chevalier prit le nom de son époux, Jean Le Jeune, et devint Hélène Le Jeune.

En automne 1940, Hélène se voit confier la responsabilité de mettre sur pied, bien que frappé d'interdiction depuis 1939, un comité du Secours populaire. Des groupes se sont ainsi constitués à Callac, Rostronen, Guingamp, avec pour mission de collecter de l'argent afin d'envoyer des colis aux prisonniers de guerre et de venir en aide aux familles de résistants et militants communistes emprisonnés. Le travail de solidarité est complété par un travail de propagande, distribution de tracts appelant à la lutte contre les restrictions et la vie chère.

Devant la recrudescence de l'activité des femmes, la police surveille particulièrement Hélène Le Chevalier considérée comme étant une meneuse. En mars 1943, elle est arrêtée par des agents de la section de protection anti-communiste (SPAC), ce qui provoque une manifestation spontanée d'une centaine de femmes cherchant à empêcher le véhicule des sbires d'emmener Hélène en prison. Rosa Hénaff est arrêtée à son tour en août. La répression fut particulièrement brutale en ce mois d'août 1943. Plus de cinquante femmes du département sont arrêtées, victimes de la félonie d'un responsable communiste passé au service du SPAC. Parmi ces femmes figurait Simone Bastien, responsable de la JC et des FTP pour le département des Côtes-du-Nord. Elle fut arrêtée par la SPAC à Guingamp le 7 août 1943.

Inculpée de "menées politiques et terroristes", Hélène est incarcérée à la prison de Guingamp pendant cinq mois avant d'être transférée au camp de La Lande en Indre-et-Loire. 

Hélène Le Chevalier est finalement libérée le 20 décembre 1943 grâce à l'intervention du grand écrivain breton Louis Guilloux auprès du commissaire de Saint-Brieuc. Après une semaine passée chez ses parents à Kergrist-Moëlu, elle reçoit la visite de Jean Le Jeune, responsable des F.T.P.F, son futur mari. Elle passe dans la clandestinité, se cachant près de Plestin-les-Grèves. Au bout de quelques semaines, elle fut affectée à l’état-major du PC clandestin dans une petite ferme à Saint-Nicolas-du-Pélem. Elle fut la secrétaire de Poirot, Maurin, et de Louis Picart, Yves, futur membre du comité central du PCF à la Libération, jusqu’à la libération du département au début août 1944. Elle est affectée tout d'abord au secrétariat de la direction départementale des F.T.P puis à la direction régionale et interrégionale du PCF en juin 1944.

Hélène Le Chevalier va vivre avec Jean Le Jeune à partir de novembre 1944. 

Le 2 août, elle rédige l'appel du PCF régional à l'insurrection. Le 5 août, Saint-Brieuc est libéré par la Résistance. Le 6 août, les troupes américaines qui foncent vers Brest traversent la ville pavoisée aux couleurs de tous les pays de l'alliance anti-hitlérienne.

A la Libération, le PCF compte 12 000 adhérents dans les Côtes-du-Nord, selon Jean Le Jeune, le mari d'Hélène Le Chevalier: beaucoup de jeunes des F.T.P, du Front National de Libération (30 000 adhérents dans le département), de l'Union des Femmes Françaises.    

Hélène Le Chevalier, en tant que secrétaire de l'Union des Femmes Françaises dans les Côtes d'Armor,  et son mari Jean Le Jeune, chef des F.T.P, avec Jean Le Paranthoën, secrétaire fédéral du PCF dans les Côtes-du-Nord, visitent un des hôpitaux de région parisienne où sont entassés les déportés survivants au retour d'Allemagne, devenus de vrais squelettes. Ils retrouvent là plusieurs camarades et proches amis résistants des Côtes-du-Nord, dont certains mourront quelques semaines après comme Victor Provost, le beau-père de Jean Le Paranthoën. 

Quelques mois plus tard, au début de 1945, se tient le premier congrès de l'Union des femmes françaises, riche de 6 500 adhérentes issues des rangs de la Résistance. Hélène Le Chevalier est élue secrétaire départementale avec Hélène Bello, membre du Comité départemental de Libération. 

Entrée au comité départemental du PCF en 1945, Hélène Le Chevalier est candidate en 1945 aux élections législatives, puis de nouveau en 1946, sans être élue.

Jean Le Jeune raconte que pour les élections législatives du 2 juin 1946, Hélène Le Jeune qui fait partie des 2 femmes présentées par le Parti communiste des Côtes-du-Nord avec Georgette Manesse fait toute sa campagne en étant enceinte de son futur fils, Pierre. Le 29 mai 46 elle apporte la contradiction à René Pleven, candidat UDSR. Son fils Pierre naît le surlendemain, la veille des élections.

C’est en tant que " ménagère ", sans profession, qu’elle se présenta à tous les scrutins. Lors des élections du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée constituante, elle figurait en quatrième position sur la liste communiste conduite dans les Côtes-du-Nord par les députés sortants Marcel Hamon et Guillaume Daniel. La liste recueillit 78 976 voix sur 280 275 suffrages exprimés (28,17 %), et le PCF emporta deux des sept sièges à pourvoir ; le MRP obtenant trois sièges dont celui de Marie-Madeleine Dienesch, et la SFIO deux sièges. Placée en troisième position, Hélène Le Jeune se présenta aux élections législatives du 10 novembre 1946 en troisième position. La liste communiste continua sa progression avec 86 717 voix sur 275 377 suffrages exprimés (31,45 %), mais ne parvint pas à enlever un troisième siège. Suite à la démission, en janvier 1947, d’Auguste Le Coent élu au Conseil de la République, Hélène Le Jeune fit son entrée à l’Assemblée nationale, le 31 janvier 1947, à l'âge de 29 ans.

Une situation difficile pour elle puisque son fils est tout jeune, quelques mois à peine, et qu'elle ne souhaite pas le laisser à la maison. Hélène vient d'avoir la deuxième partie de son bac (elle a passé la première partie en prison en 1943) alors qu'elle était enceinte de Pierre et souhaite plutôt devenir institutrice que députée. Il faut toute la pression du Parti pour l'amener à accepter la fonction, et elle reprochera amèrement à Jean Le Jeune, son mari, secrétaire départemental du PCF des Côtes-du-Nord, à l'époque, de n'être pas intervenu "en sa faveur". Le couple habite à l'époque dans une seule pièce de trois mètres sur quatre environ, au rez-de-chaussée, rue Maréchal Foch. 

"Tout cela n'aida pas à la bonne marche de notre ménage,  raconte Jean Le Jeune, qui malheureusement se disloquait peu à peu. Durant cinq années de son mandat, on ne se voyait que très rarement. Elle arrivait à la maison généralement le samedi matin après avoir voyagé toute la nuit au moment même où je m'apprêtais à me rendre à la fédération pour préparer les réunions du soir. Le samedi après-midi, j'allais au bureau fédéral. Le dimanche, j'avais également à animer des réunions un peu partout dans le département même à la sortie des messes car il y avait là toujours du monde. Hélène avait ses compte-rendus de mandat à faire ce qui n'était pas non plus évident". Jean Le Jeune sera élu au Comité Central à Strasbourg en juin 1947. Hélène, de nouveau enceinte, menace de divorcer. 

"Nommée membre de la Commission des affaires économiques, Hélène Le Jeune siégea en outre au sein de la Commission du ravitaillement, dont elle fut élue vice-présidente, et au sein de la Commission de la défense nationale. La plupart des textes qu’elle déposa concernent la question du ravitaillement ; elle se pencha en outre sur l’adaptation de la législation sur la famille, en poussant notamment à la création de nouvelles crèches. Hélène Le Jeune intervint en outre à plusieurs reprises à la tribune de l’Assemblée. La vigueur des propos qu’elle tint le 4 décembre 1950, au cours de la discussion du projet de loi portant amnistie relative aux faits de collaboration, suscita de vifs remous dans l’hémicycle : « je veux me faire l’écho de l’indignation qui s’empare de la population de notre région, la région bretonne, depuis que le projet d’amnistie est en discussion devant l’Assemblée nationale. » Au cours de la législature, Hélène Le Jeune vota la confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946), mais la refusa à Paul Ramadier (4 mai 1947). Elle vota, entre autres, contre la loi électorale instituant le système des apparentements (7 mai 1951)" - Article du Maitron sur Hélène Le Chevalier, Alain Prigent.

Alain Prigent poursuit: "Placée en troisième position sur la liste communiste aux élections législatives du 17 juin 1951, Hélène Le Jeune ne fut pas réélue, pas plus qu’aucun candidat communiste. La liste, toujours conduite par Marcel Hamon, recueillit 69 340 voix sur 260 610 suffrages exprimés (26,6 %), mais les listes apparentées, conduites pour la SFIO par Antoine Mazier, pour les radicaux par René Pleven et pour le MRP par Henri Bouret, obtenant plus de la majorité des suffrages, elles emportèrent la totalité des sept sièges à pourvoir. Pendant son mandat de députée, elle prit une part très active au sein du mouvement des Combattants de la paix. Le 11 mai 1950 à l’issue d’une manifestation en gare de Saint-Brieuc contre le passage d’un train en provenance de Brest et transportant des tourelles de canon à destination de Rochefort, dix autres responsables de la CGT et de la fédération communiste des Côtes-du-Nord, furent emprisonnés pendant sept mois à Fresnes, et à la prison des femmes de La Roquette pour les trois femmes Madeleine Bardelli, Armande Daniel et Yvette Mallet. Deux autres militants entrèrent dans la clandestinité, Roger Ruelleux, secrétaire de l’UD-CGT et son époux Jean Le Jeune, membre du comité central. À partir du 22 janvier 1951 dans le procès dit « des 12 » de Saint-Brieuc, les prévenus furent acquittés à l’issu d’un procès ayant eu une résonance nationale.

En 1951, Hélène reprend ses études. Son statut d'ancienne résistante et d'ancienne députée communiste ne vont pas faciliter son recrutement à l'éducation nationale dans un contexte de guerre froide. Ce n'est qu'en 1954 qu'elle obtient un poste en dehors de la Bretagne. Affectée tout d'abord dans le département de la Manche, à Octeville près de Cherbourg: "Hélène n'était que stagiaire et son salaire n'était pas suffisant pour nourrir toute la famille. Elle préparait son CAP le soir après ses cours et le jeudi, chaque semaine, elle allait suivre des stages à Cherbourg. Elle a préparé son CAP et l'a brillamment obtenu... Hélène a enseigné un an à Octeville où on s'est fait de très nombreux amis parmi les camarades. C'étaient pratiquement tous des ouvriers, simples, modestes, très sympathiques: on s'invitait les uns chez les autres tour à tour. De l'autre côté de la place où nous habitions se trouvait un médecin qui lui aussi était membre du parti. J'allais lui apporter l'Huma-Dimanche toutes les semaines, c'était quelqu'un de formidable. Quand les copains allaient le consulter, il ne les faisait pas payer. Il était le premier médecin à pratiquer l'accouchement sans douleur dans la région..." (Jean Le Jeune) 

Elle sera mutée à sept reprises. Au printemps 1955 elle obtint un poste à Boissy-Monvoisin, près de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Elle enseigna ensuite à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne). En 1962, elle obtint un poste de directrice à l’école Vigneux-sur-Seine (Essonne) où elle deviendra directrice de son groupe scolaire.

Le couple Le Jeune se sépara en 1966 et divorça en 1980.

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 18:06
Manifestation contre la loi sécurité globale à Brest ce samedi 30 janvier- les Photos des camarades de la JC et du PCF
Manifestation contre la loi sécurité globale à Brest ce samedi 30 janvier- les Photos des camarades de la JC et du PCF
Manifestation contre la loi sécurité globale à Brest ce samedi 30 janvier- les Photos des camarades de la JC et du PCF
Manifestation contre la loi sécurité globale à Brest ce samedi 30 janvier- les Photos des camarades de la JC et du PCF
Manifestation contre la loi sécurité globale à Brest ce samedi 30 janvier- les Photos des camarades de la JC et du PCF

Beaucoup de pluie et beaucoup de monde a BrestQuelles que soient les conditions météo, notre détermination reste intacte pour défendre nos libertés et exiger l'abandon des textes liberticides et sécuritaires 🌧✊ #StopLoiSecuriteGlobale #ActeVII contre la loi sécurité globale!

Les jeunes communistes du Pays de Brest

Photos Taran Marec, MJCF Brest, Enzo de Gregorio

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 07:39
Le PCF appelle à manifester contre la loi Sécurité Globale à Brest et Quimper le 30 janvier
Appel à manifester contre la loi dite de sécurité globale …
La loi dite de sécurité globale conduirait à l’impunité pour les policiers coupables de violences C’est une loi d’exception qui prend sa place dans le cadre d’un climat sécuritaire et autoritaire installé par un pouvoir, qui tourne le dos aux principes démocratiques et de défense des libertés publiques.
La mobilisation contre cette loi liberticide qui a été votée à l’assemblée nationale et va désormais passer au sénat a été très importante. Il faut la poursuivre d’autant que trois décrets publiés dans le journal officiel du 4 décembre dernier, par le ministère de l’intérieur, visent à renforcer, sur de nouveaux critères, le fichage des individus et des personnes morales ! Malgré un recours initié par des organisations syndicales, la LDH …, le conseil d’État a pris la décision de ne pas suspendre l’extension du fichage des militants !
De plus, dans le projet de loi « confortant les principes républicains », précédemment nommée « contre le séparatisme », l’article 18 reprendrait les directives de l’article 24 de la loi « sécurité globale ».
 
Aussi la section du Pays de Brest du PCF invite tous les démocrates à se rassembler et à manifester ce samedi 30 janvier à 15 heures place de la Liberté à Brest.
PCF Section du Pays de Brest
 
5 rue Henri Moreau 29200 Brest
Tramway : station St Martin
Tel 02 98 43 47 78
@ : pcf_brest@yahoo.fr
Préparation de la manif contre la loi Sécurité Globale à Quimper - Photo Ouest-France, 28 janvier 2021

Préparation de la manif contre la loi Sécurité Globale à Quimper - Photo Ouest-France, 28 janvier 2021

Quimper. Projet de loi Sécurité globale : nouvelle manifestation, samedi

Ouest-France, 28 janvier 2021

Une nouvelle mobilisation contre le projet de loi Sécurité globale est prévue ce samedi 30 janvier 2021 à Quimper (Finistère). Le cortège s’élancera à 14 h de la place Saint-Corentin.

Ils ne désarment pas. La coordination contre les lois liberticides – composée d’associations, syndicats et partis politiques – annonce un nouveau rassemblement samedi 30 janvier 2021 à 14 h place Saint-Corentin, à Quimper (Finistère). Les membres de ce collectif quimpérois, mobilisés depuis plusieurs semaines, rejoignent la mobilisation nationale contre la proposition de loi Sécurité globale.

« Retrait pur et simple du projet de loi »

De nombreuses associations et syndicats composent le comité : UL CGT, CNT, UL FO, FSU, UL Solidaires, SNJ, AFPS de pays de Cornouaille, Anti fasciste du pays de Kemper, Arts et culture, Fraternité Quimper, LDH, Libre Pensée, Mouvement de la Paix, EELV, Ensemble, France Insoumise, PCF et NPA.

Tous dénoncent « l’arsenal répressif et antidémocratique qui se met en place sous couvert de l’état d’urgence sanitaire » et appellent au « retrait pur et simple du projet de loi Sécurité globale » qui doit être examiné en mars par les sénateurs.

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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 07:00
Photo Rodolphe Pochet - Le Télégramme, 29 janvier 2021

Photo Rodolphe Pochet - Le Télégramme, 29 janvier 2021

À l’appel de la CGT, 50 personnes se sont rassemblées ce jeudi matin sur le site Enedis de Douarnenez, menacé selon le syndicat. Le projet « Hercule » de la direction est ciblé.

 

« Non, l’énergie n’est pas une marchandise comme les autres »

Le Télégramme - 28 janvier 2021

Des militants de tout l’Ouest breton se sont retrouvés à Douarnenez. (Rodolphe Pochet)

Venus de tout l’Ouest breton, des militants CGT d’Enedis, la filiale d’EDF chargée de la distribution d’électricité, se sont retrouvés ce jeudi à Douarnenez pour une action symbolique, dans le cadre d’une grève nationale. Accompagnés par des syndicalistes locaux et des élus communistes, ils dénoncent en premier lieu un projet de fermeture des sites de proximité de Pont-l’Abbé, Quimperlé et celui du Port-Rhu, où sont répartis quinze employés. « Ce qui signifie une centralisation à Quimper ! Imaginez un collègue qui a besoin d’une nacelle dans le Cap-Sizun, il fera l’aller-retour vers ce site, tous les délais seront rallongés, nous allons passer nos journées sur la route », signale Arnaud Derit, représentant syndical. (...)

Avec le soutien des élus communistes de Quimper qui étaient présents en solidarité avec les salariés et la population de ce territoire pour défendre la présence de l'agence Enedis de Douarnenez, et revendiquer un service public de l'énergie face aux projets Hercule et Clamadieu.
Bernard Jasserand, adjoint communiste de Quimper a pris la parole devant les grévistes.
Macron et son gouvernement veulent aujourd'hui porter le coup de grâce à ce qui reste du grand service public de l'électricité et du gaz créé à la Libération par Marcel Paul, ministre communiste et cégétiste du gouvernement du général de Gaulle, et qui était un modèle d'efficacité au service de la population, de réussite industrielle, de démocratie sociale.
Cela veut dire pour les usagers moins de service rendu, moins de proximité, plus de délais d'attente, moins de sécurité aussi, et une flambée des prix du gaz et de l'électricité qui plonge des millions d'entre eux dans la précarité énergétique.
Ne les laissons pas faire !
L'énergie est un bien commun.
Yvonne Rainero, conseillère municipale déléguée à Quimper et secrétaire de section PCF
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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 07:00
La section PCF de Brest appelle à se rassembler devant la fac Ségalen dimanche 31 janvier à 14h pour dire non à l'intolérance de la Manif pour tous et de Alliance Vita

Dimanche 31 janvier les franges les plus réactionnaires de la société française s’apprêtent à sortir dans la rue. Les organisations animatrices du mouvement sont toujours les mêmes et en particulier Alliance Vita et la manif pour tous. Ce sont des mobilisations pour le maintien (voir le renforcement) des inégalités de genre et d'orientation sexuelle. Au contraire nous continuerons à nous battre pour l'égalité de toutes et tous et sommes solidaires des associations LGBTQI.Les messages discriminatoires et les discours haineux de La Manif pour Tous, d'Alliance Vita et de Marchons enfants n'ont leur place ni à Brest, ni ailleurs.Le PCF avec les organisations syndicales réunies au sein de Visa 29 et d'autres forces de gauche appelle les Finistérien-ne-s à affirmer haut et fort leur refus de l'expression de l'intolérance et de la discrimination dans les rues de Brest . Retrouvons-nous à 14 h ce dimanche 31 janvier sur le parvis de la Fac Victor Segalen à Brest.

Section PCF de BREST

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27 janvier 2021 3 27 /01 /janvier /2021 19:28
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Mobilisation pour l'éducation et la réouverture des facs à Brest - près d'un millier de manifestants le 26 janvier 2021
Belle mobilisation des enseignants et des étudiants à Brest.
Plus d’un millier de personnes mobilisés ce 26 janvier pour la réouverture des universités, contre la précarité et pour un service public d'éducation de qualité. L'an prochain, en Bretagne, on annonce 997 élèves en plus dans le secondaire public et 105 postes en moins (dont 46 dans le Finistère).
Une très belle mobilisation au vu les conditions météorologiques de la matinée.
« Étudiant confiné, personnel sacrifié, université menacé »
Les grévistes étaient très nombreux dans l'éducation: enseignants, assistants d'éducation, et les étudiants très déterminés à retrouver la possibilité d'étudier en présentiel, d'accéder à une sécurisation de leur parcours universitaire et de formation.
Photos Ismaël Dupont - Enzo de Gregorio
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26 janvier 2021 2 26 /01 /janvier /2021 08:15
Lorient - Mobilisation le 25 janvier au matin pour Florence Gourlay, l'enseignante qui veut la réouverture des cours en présentiel pour les étudiants - le PCF à ses côtés (photos PCF Morbihan)
Lorient - Mobilisation le 25 janvier au matin pour Florence Gourlay, l'enseignante qui veut la réouverture des cours en présentiel pour les étudiants - le PCF à ses côtés (photos PCF Morbihan)

Florence Gourlay l’enseignante qui avait fait cours à ses étudiants sans autorisation,  Lorient, n’a pas été sanctionnée. Soutenue, ce lundi 25 janvier, par une centaine de personnes, elle a milité pour plus d’équité entre les étudiants.

 

COMMUNIQUE DE PRESSE FSU Bretagne Universités:

aujourd’hui plus que jamais notre présence auprès des étudiant·es est essentielle

soutien à notre collègue Florence Gourlay

Alors qu’aujourd’hui la détresse des étudiant·es est largement médiatisée et que le gouvernement annonce le retour partiel à des cours «en présentiel», une collègue Maîtresse de Conférence (MCF) engéographie à l’Université de Bretagne Sud à Lorient est convoquée ce lundi par la direction de l'Université pour avoir repris ses cours « en présentiel » avec ses étudiant·es la semaine dernière. Florence Gourlay a agi par devoir en répondant à la demande de plus en plus pressante des étudiant.e.s qui subissent depuis des semaines de cours «en distanciel» et sont en détresse, isolé·es derrière leurs écrans, coupé·es de toute relation sociale. Elle a agi en pleine responsabilité en assurant ses cours dansle strict respect des normes sanitaires de sécurité. Le SNESup-FSU de l’UBS et la FSU régionale apportent sans réserve leur soutien à notre collègue qui a agi en conformité avec l’appel de l’intersyndicale nationale du Supérieur du14janvier qui demande un retour sur site pour l’ensemble des étudiant·es. Au moment où le gouvernement s’émeut enfin de la situation gravissime des étudiant·es en consentant un retour partiel «en présentiel», il serait inacceptable que Florence Gourlay fasse l’objet d’une sanction! Nous exigeons l’abandon de toute poursuite contre notre collègue et nous invitons la communauté universitaire à se mobiliser pour obtenir du Ministère un vrai retour des étudiant·es dans des conditions sanitaires sécurisées et avec les moyens humains, financiers et matériels nécessaires!

Le SNESup-FSU de UBS et la FSU Bretagne appellent à rejoindre le comité de soutien à Florence Gourlay qui se réunira devant la présidence de l’UBS à Lorient à 8h15

 

Le Figaro:

«Je suis hors la loi»: à Lorient, la «fronde» d’une enseignante qui a fait cours en présentiel

Par ClaireConruyt • Publié le

Florence Gourlay, maître de conférences à l’université Bretagne-Sud, a bravé l’interdit et a accueilli une trentaine d’élèves dans les locaux de la fac.

Elle enseigne à l’université Bretagne-Sud depuis 1996. Face à la détresse de ses élèves, Florence Gourlay, maître de conférences Aménagement de l'espace et Urbanisme, a décidé de faire cours en présentiel. Et ce, malgré l’interdiction pour les facs d’accueillir leurs étudiants mis à part pour les travaux pratiques et par groupes de dix maximum.

«Ça me rend malade.» Depuis le mois de novembre, explique Florence Gourlay, la situation est particulièrement difficile pour les étudiants. Alertée par le décrochage des uns et les «messages désespérés» des autres, elle a décidé d’agir. «Je suis très proche de mes étudiants.» Au retour des vacances, l’enseignante, en charge d’un master management, a demandé à ses étudiants de «revenir». «De toute façon, ils passaient leurs examens en présentiel. Je leur ai dit qu’on trouverait une solution, qu’on ferait des visites de terrain ou que je tiendrais mes cours dehors pour qu’on puisse se retrouver», raconte-t-elle.

Lundi dernier, Florence Gourlay a finalement accueilli, au sein des locaux de l’université, 18 de ses étudiants en master aménagement et urbanisme dans une salle d’une capacité de 80 places. Masques, gel hydroalcoolique, distanciation physique… «Evidemment, je n’ai mis personne en danger», précise-t-elle. «Pas plus que lorsqu’on se rend dans un supermarché.» L’enseignante l’assure, «mon doyen et la direction étaient au courant. Je les ai prévenus. En donnant ce cours magistral, je suis hors-la-loi mais j’estime qu’il faut agir». «Il y a des élèves de BTS et de prépa qui s’entassent à 35-40 dans des salles de lycée, argue-t-elle. Il faut qu’on arrête avec ce traitement inégal des étudiants.»

«On n’a pas le droit de confisquer leurs années d’études»

Le lendemain, Florence Gourlay donne cours en présentiel à des licence d’histoire, d’écologie et de société. «Nous étions 35 dans une salle qui peut accueillir 90 personnes. Une salle, donc pas un amphi, avec des fenêtres.» Là encore, indique-t-elle, les directeurs de chacune des licences et le doyen avaient été prévenus. «Nous n’avions pas le droit mais nous l’avons fait. Les étudiants étaient en grande souffrance et cela nous a fait un bien fou. Moi, la première.»

Lorsque les cours sont en ligne, poursuit-elle, «il n’y a plus d’interaction». «Les étudiants n’allument pas leur caméra, on ne sait pas s’ils suivent, s’il faut revenir sur une notion. C’est un mode d’enseignement dégradé.» Se pose aussi le problème de la concentration. «On le sait, ils nous le disent: ils sont plus distraits face à un ordinateur.» Certains de ses collègues, rapporte-t-elle, qualifient cette année «d’année blanche». Mais, pour Florence Gourlay, ce discours est «insupportable». «J’ai des élèves en master qui arrivent en fin de cursus et qui se demandent ce que vaut leur formation. Alors je me pose la question: qu’est-ce qu’on peut leur apporter? On n’a pas le droit de confisquer leurs années d’études.»

«Je sais que je m’expose à des sanctions»

Dans un communiqué, la directrice de l’université Bretagne-Sud indique «mesure(r) le désarroi et le besoin de nos étudiants de retrouver le chemin de nos campus» tout en «réprouv(ant) cette initiative prise par une enseignante qui contrevient aux dispositions du plan d’activité de l’université, prises en application des dispositions ministérielles» et rappelle que «tout contrevenant s’expose à une mise en cause de sa responsabilité civile et pénale et peut également faire l’objet d’une sanction disciplinaire».

«Je sais que je m’expose à des sanctions», souffle Florence Gourlay. «Mais je ne suis pas seule. J’ai des collègues à la faculté DSEG de Vannes qui m’ont dit avoir repris les cours en master. Je ne suis pas la seule frondeuse.»

A l’université Bretagne-Sud, un cours sauvage en présentiel pour des étudiants en troisième année

Florence Gourlay a accueilli 35 étudiants pour suivre un cours magistral dans les locaux de l’université, à Lorient. Une initiative « réprouvée » par la présidente de l’université.

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Publié le 20 janvier 2021 - Le Monde
 

C’est officiellement interdit mais Florence Gourlay l’a fait : en chair et en os, elle a donné un cours à 35 étudiants de troisième année, à l’université Bretagne-Sud (UBS) à Lorient (Morbihan), mardi 19 janvier. La veille, cette enseignante, maîtresse de conférences en géographie, avait déjà accueilli sur place les 18 étudiants du master aménagement et urbanisme des territoires littoraux dont elle est la responsable.

Jeudi 14 janvier, le premier ministre, Jean Castex, a autorisé les seuls étudiants inscrits en première année à se rendre en présentiel à leurs séances de travaux dirigés, en demi-jauge, à compter du 25 janvier. Cette décision a suscité un grand désarroi dans le monde universitaire, qui sonne l’alarme en constatant le désespoir qui gagne l’ensemble des étudiants contraints de suivre l’intégralité de leurs cours à distance depuis la fin octobre.

« Il est absolument indispensable de renouer le lien avec ces jeunes, de leur donner une perspective mais aussi une vie universitaire digne de ce nom, affirme Florence Gourlay, qui souligne que tous les étudiants sont en difficulté, quel que soit leur niveau de formation. On ne peut plus se contenter d’être attentiste. A un moment, on agit ! »

« On ne rate quasiment rien »

Dans une salle d’une capacité de 90 places qu’elle avait au préalable réservée, l’enseignante a accueilli 35 étudiants pour leur parler géopolitique et aménagement du territoire, lors d’un cours magistral suivi simultanément à distance par 22 autres étudiants des licences d’histoire et de sciences, écologie et société. Le doyen de la faculté de sciences humaines est venu compter les présents et relever le fait que la distanciation physique était appliquée, relate l’enseignante.

« C’est étrange, on a eu l’impression de faire une chose extraordinaire, de braver un interdit, alors que suivre un cours dans une salle relève de l’ordinaire », témoigne Emma. « Ça me redonne du courage, je me dis que je ne vais pas lâcher », complète Romane, qui revenait pour la première fois dans les locaux depuis trois mois. Pour Louen, le plus appréciable a été « le niveau de concentration » durant ces deux heures : « Quand on est vraiment face à la professeure, on ne rate quasiment rien de ce qu’elle dit, ce qui est loin d’être le cas lorsqu’on est derrière l’écran du matin au soir. »

Dans la soirée de mardi, par voie de communiqué, la présidente de l’UBS a « réprouv[é] cette initiative prise par une enseignante qui contrevient aux dispositions du plan d’activité de l’université, prises en application des dispositions ministérielles ». « Tout contrevenant s’expose à une mise en cause de sa responsabilité civile et pénale et peut également faire l’objet d’une sanction disciplinaire », prévient Virgine Dupont, par ailleurs vice-présidente de la conférence des présidents d’université.

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25 janvier 2021 1 25 /01 /janvier /2021 17:35
26 janvier - Grande grève dans l'éducation, rassemblements à Quimper et à Brest dans le Finistère à 11H. Tous mobilisés pour nos écoles - Tract de l'intersyndicale
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