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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:31

Levée de l’embargo sur Cuba et aide d’urgence – Il faut faire preuve de solidarité envers ce peuple et ce pays

Pierre Laurent,  le 29 avril 2021

 

J’ai attiré l’attention de M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, sur l’embargo dont est victime Cuba. Cuba fait face depuis bientôt 60 ans à un embargo économique américain aggravé par la précédente administration américaine. Malgré cette situation difficile Cuba a fait preuve d’une solidarité internationale exemplaire, y compris auprès de pays beaucoup […]

 

J’ai attiré l’attention de M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, sur l’embargo dont est victime Cuba.

Cuba fait face depuis bientôt 60 ans à un embargo économique américain aggravé par la précédente administration américaine. Malgré cette situation difficile Cuba a fait preuve d’une solidarité internationale exemplaire, y compris auprès de pays beaucoup plus développés comme la France, en envoyant plus de 1000 médecins et professionnels de santé par le biais des brigades médicales cubaines dans le monde à l’occasion de la lutte contre la pandémie actuelle.

Il est plus que temps de faire preuve également de solidarité envers ce peuple et ce pays qui tant en termes sanitaires qu’éducatifs, malgré des grandes difficultés économiques, a un bilan exemplaire. C’est en ce sens que plusieurs milliers de Cubains ont défilé le 25 avril 2021, dans deux villes du pays mais aussi à l’étranger pour ceux qui y résident. Ils demandent la fin du blocus américain, via une caravane de vélos, motos, voitures et cavaliers.

Je lui ai demandé quels actes la France compte poser en vue d’appuyer ces demandes.

Je lui ai demandé également qu’elle apporte une aide urgente suite à l’appel lancé par le ministère de la santé publique cubain en vue de pouvoir honorer une fourniture de 10 millions de seringues adaptées pour l’injection à sa population du vaccin produit par Cuba contre le coronavirus.

Levée immédiate du blocus de Cuba : une urgence pour le peuple cubain, une urgence pour les peuples du monde - Pierre Laurent interpelle le gouvernement

Levée immédiate du blocus de Cuba : une urgence pour le peuple cubain, une urgence pour les peuples du monde

Cela fera 59 ans cette année que Cuba fait face à un blocus imposé par les États-Unis. Un blocus illégal et inhumain, qui a causé de terribles souffrances à l’ensemble du peuple cubain dans le but de le contraindre à renoncer au modèle de société qu’il s’est choisi avec la Révolution de 1959.

Malgré ce blocus, le peuple cubain a réussi à édifier un système social solidaire et performant au service de la satisfaction des besoins humains, tant dans l'île que dans le monde.

Depuis 1962, on estime à 2 milliards de femmes et d'hommes à travers le monde le nombre de celles et ceux ayant bénéficié de l'action des médecins et personnels soignants cubains. Des dizaines de milliers de praticien-ne-s ont été formé-e-s .

Au plus fort de la pandémie de Covid19, tout en assurant la préservation de la population, ce sont près de 2 000 personnels médicaux cubains qui sont intervenus dans une trentaine de pays dont l'Italie, Andorre et la France, dans l'île de la Martinique.

Doté d'une expertise reconnue en biotechnologie parmi les secteurs innovants de son économie, Cuba a notamment développé le premier vaccin contre le méningocoque B dans les années 1980 pour immuniser sa propre population mais aussi vacciner de nombreuses populations du Brésil, du Venezuela, d'Argentine ou encore du Pérou.

Aujourd'hui, dans cette lutte mondiale contre le coronavirus, Cuba est en train de mettre au point ses propres vaccins, dont un est entré dans sa phase de test III. Au moment où les États les plus développés se disputent les doses des grandes firmes pharmaceutiques qui, elles, engrangent des profits faramineux, Cuba propose un bien commun mondial particulièrement destiné à soutenir la lutte contre la pandémie dans les pays du Sud.

Et voilà que, tandis que le monde affronte une crise économique, sanitaire et sociale inédite par son ampleur, les grandes puissances ne sont pas totalement engagées pour que les États-Unis lèvent enfin le blocus contre Cuba. C'est tout simplement criminel.

La levée immédiate du blocus de Cuba est aujourd'hui non seulement une urgence pour le peuple cubain mais aussi une urgence pour tous les peuples du monde, et c'est possible par un très large mouvement de solidarité internationale en perspective de la présentation d'une nouvelle résolution contre le blocus de Cuba à l'Assemblée générale de l'ONU le 23 juin prochain.

PCF

 

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:26
Tensions en Irlande du Nord : halte au sabotage des unionistes ! Les accords sur l'Irlande doivent être intégralement respectés (PCF)

Tensions en Irlande du Nord : halte au sabotage des unionistes ! Les accords sur l'Irlande doivent être intégralement respectés

La dégradation de la situation en Irlande du Nord est très grave. Les tensions et violences de rue ont été exacerbées par la mauvaise foi totale du gouvernement conservateur britannique sur l'application du protocole irlandais dans le cadre des accords du Brexit, et par les provocations de plus en plus fortes des dirigeants unionistes qui légitiment l'essor disproportionné de leur frange extrémiste. Ils ignorent complètement les conséquences sociales de leur politique sur l'ensemble de la population d'Irlande du Nord. Les conservateurs britanniques et les représentants politiques de l'unionisme se livrent à un véritable vandalisme politique et prennent le risque de la politique du chaos en soufflant sur les braises du conflit communautaire. Le gouvernement irlandais libéral et conservateur reste mutique. C'est un désastre pour les accords de paix.

Le PCF réaffirme son soutien et sa solidarité à tous ceux qui veulent que l'application totale des accords de paix soit garantie. Seule cette garantie permettra la fin des tensions.

Le PCF réaffirme son soutien et sa solidarité notamment au Sinn Féin dans ses exigences de :

  • Convoquer immédiatement une conférence inter-gouvernementale entre les gouvernements britannique et irlandais, prévue dans les Accords de paix, sur l'application des accords conclus. Les deux gouvernements portent une responsabilité pour éviter de nouvelles tensions.
     
  • Mettre dans le débat public la réalisation de l'unité irlandaise, afin de dépasser les tensions communautaires. Un référendum sur l'unité de l'Irlande peut et doit être convoqué dans les cinq ans. Comme le disait Mary-Lou McDonald, présidente du Sinn Féin, le 4 avril dernier lors de la commémoration de l'insurrection de Pâques 1916, l'unité irlandaise c'est « la politique d'une nation qui transcende toutes les blessures, divisions et conflits du passé en forgeant un nouvel avenir ensemble, pour nous tous ».

Parti communiste français
Paris, le 15 avril 2021

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:22
 Maroc : Le retour aux années de plomb - Pascal Torre responsable-adjoint du secteur international du PCF chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

Après quarante ans d’austérité, le spectre des printemps arabes hante les dirigeants marocains qui conduisent une politique répressive contre toutes les formes de contestation, semblable aux pires années de plomb.

L’actuelle crise sanitaire a exacerbé les conséquences dramatiques des politiques néolibérales qui se sont traduites par un démantèlement des services publics, notamment de santé ou d’éducation, et qui ont accentué les inégalités sociales et régionales déjà criantes. Les Marocains vivent dans une situation de forte précarité et de vulnérabilité sociale alors que le chômage comme le coût de la vie explosent. Partout, le malaise social est profond et le sentiment d’injustice immense.

En 2011, un vent de révolte a traversé le pays pour exiger plus de justice sociale, dénoncer la corruption des classes dirigeantes et faire reculer l’absolutisme autoritaire. Les foyers de contestation ne se sont jamais éteints et couvent encore. A l’époque, le roi Mohammed VI avait dû lâcher du lest sans démocratisation. Mais aujourd’hui face aux demandes sociales de justice et de liberté, il répond par une brutale violence qui traduit l’inquiétude des autorités.

Une véritable ingénierie répressive s’est installée avec une police qui ressemble à celle de Ben Ali et une justice aux ordres du roi. Elle vise à étouffer toutes les voix dissidentes et c’est la raison pour laquelle les intellectuels, les journalistes, les youtubeurs mais aussi les syndicalistes sont des cibles privilégiées. Les filatures policières, les insultes, les intimidations physiques, le harcèlement judiciaire et les détentions arbitraires sont devenues monnaie courante.Désormais, les techniques calomnieuses et infamantes ont le vent en poupe. Il s’agit de salir les opposants avec des histoires imaginaires de sexe ou d’argent afin d’organiser le lynchage public et de masquer un procès politique derrière des affaires de mœurs ou des actes criminels.
Pour ne citer qu’eux, les journalistes Chafik Omerani, Imad Stitou, Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Souleiman Raissouni sont depuis plusieurs mois emprisonnés. Ces deux derniers ont entamé une grève de la faim illimitée pour exiger leur libération. Quant à l’historien Maati Monjib, un militant reconnu de la liberté d’expression, il a été détenu trois mois pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « escroquerie ». Tous les médias sont sous la tutelle du pouvoir et les derniers journaux indépendants ont mis la clef sous la porte. Il en va ainsi du journal de Souleiman Raissouni, Akhbar al-Yaoum.

Le mouvement de contestation du Rif de 2016-2017 a aussi payé un lourd tribut. Des manifestations étaient nées après la mort d’un jeune vendeur de poissons broyé par une benne à ordures à Al-Hoceina mais pointaient aussi les carences de l’État dans la gestion politique, économique et sociale du Rif. Plus de 400 personnes avaient été arrêtées et les principaux dirigeants ont écopé de très lourdes peines de prison dont Nasser Zefzafi condamné à 20 ans.

Le pire est atteint dans les territoires occupés du Sahara occidental où les violations des droits humains sont parmi les plus effrayantes du monde : enlèvements, assassinats, destruction de biens… contre le peuple sahraoui qui exige, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité, l’organisation d’un référendum d’autodétermination.

En dépit du fait que, depuis plusieurs années, Rabat ait renforcé sa souveraineté vis-à-vis des pays européens en nouant des accords avec la Russie et la Chine, ce pays entretient des liens privilégiés avec la France et les États-Unis. Toujours avides de donner des leçons de droits humains au monde entier, ils ne trouvent rien à redire sur ce régime de plus en plus autoritaire et qui constitue une menace pour la stabilité régionale.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:14
Violences à Jérusalem - communiqué du PCF, 28 avril 2021

Le jeudi 22 avril, de jeunes Israéliens ouvertement encouragés par les organisations suprématistes et racistes du Parti sioniste religieux se dirigent vers Jérusalem-Est, vers la Porte de Damas. Ils veulent « restaurer la dignité juive », ils crient « Mort aux Arabes ». A la Porte de Damas, ils retrouvent la police de Jérusalem qui interdit aux Palestiniens de se réunir en ce mois de Ramadan, comme c’est la coutume. Des heurts ont éclaté entre la police et les Palestiniens. Mais lorsque cette même police, sous prétexte de s'interposer entre les Palestiniens et les nervis d'extrême droite, a imposé son "ordre", on a relevé plus de 105 blessés palestiniens et des dizaines d’arrestations ont eu lieu. Le président de la Joint List à la Knesset, Ayman Odeh a confirmé que les forces d’occupation avaient permis à l’extrême droite d’«organiser un pogrom ».

A Jérusalem-Est, le samedi 24 avril, une manifestation organisée par Peace Now, Hadash, Free Jerusalem et d'autres groupes, a eu lieu en réponse à la diffusion accrue de l'idéologie raciste à travers la ville ces derniers jours. Des centaines de personnes ont appelé les Juifs et les Arabes à s'unir.

En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens se sont réunis pour protester contre les violences à Jérusalem.

A Jérusalem-Est occupée depuis 1967, annexée au mépris du droit international depuis 1980, les forces d’occupation arrêtent les militants palestiniens qui préparent les prochaines élections à l’Assemblée législative de l’Autorité palestinienne. L'observateur permanent de la Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a exhorté tous les pays « à faire pression sur Israël, puissance occupante, pour qu'il ne bloque pas les prochaines élections à Jérusalem-Est. »

Dans le quartier de Sheir Jarrar, le 2 mai, quatre familles et trois autres le 1er août doivent être expulsées à la suite de la décision des tribunaux israéliens en faveur des poursuites d'expulsion engagées par une organisation de colons.

Ces expulsions sont conformes à la volonté israélienne affichée d’effacer toute présence palestinienne de Jérusalem.
A l’appel d’organisations palestiniennes et de plusieurs dizaines ONG dans le monde, nous faisons circuler le pétition "Stop Israel’s forced displacement of Palestinians from East Jerusalem!"

Une fois de plus nous demandons avec insistance à notre gouvernement qui se dit « vivement préoccupé par les tensions et les violences des derniers jours à Jérusalem, notamment autour de la vieille ville, ainsi qu’en Cisjordanie » et dont l’ambassadeur de France auprès de l’ONU appelle « Israël à ne pas faire obstacle aux élections à Jérusalem-Est et dans le reste des territoires occupés depuis 1967 » ne pas se contenter de mots mais d’agir en reconnaissant dans les plus brefs délais l’État de Palestine dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et le respect du droit au retour des réfugiés de 1947 et 1967 suivant la résolution 194 qu’Israël a signée.

La France ne peut rester muette quand la collusion entre les forces extrémistes et le gouvernement israélien tend à s’institutionnaliser, elle doit entendre le cri d’alarme des Palestiniens et des Israéliens progressistes.

La France ne doit pas oublier que la sécurité des deux peuples dépend de la justice, du respect du droit international.

Parti communiste français,
Paris, le 28 avril 2021

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:06
En 2020, la France s'est hissée à la troisième place du podium des pays vendeurs d’armes en réalisant 8,2% des transactions mondiales (secteur international PCF)

Le commerce de la mort se porte bien...

En 2020, la France s'est hissée à la troisième place du podium des pays vendeurs d’armes en réalisant 8,2% des transactions mondiales, juste derrière les États-Unis (37%) et la Russie (20%). et devant l’Allemagne (5,5%) et la Chine (5,2%). En outre, ses dépenses militaires sont les plus importantes d'Europe occidentale à 50,1 milliards USD même si c'est l'Allemagne qui réalise la plus forte augmentation (10% en un an) de son budget de la Défense doté de 49,3 milliards USD.

En pleine pandémie Covid et crise sanitaire qui ont exacerbé les inégalités sociales et économiques ainsi que les dérives autoritaires et atteintes aux droits humains dans de nombreux pays du monde, y compris la France ! le gouvernement Castex a donc su « garder le cap » à l'international et participer avec ardeur à l'augmentation constante des dépenses militaires mondiales : « Les dépenses militaires mondiales sont estimées à 1 917 milliards de dollars en 2019, soit 2,2 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit 249 USD par personne. En 2019, elles ont augmenté de 3,6 % par rapport à 2018 et de 7,2 »% par rapport à 2010. Leur croissance totale en 2019 a été la 5e augmentation annuelle consécutive et la plus importante de la décennie 2010-2019, dépassant celle de 2,6 % en 2018 » (Stockholm International Peace Research Institute – SIPRI – Rapport 2020).

La France qui intègre les ventes d'armes au chapitre des performances de son commerce extérieur vend là où les acheteurs paient cash et utilisent ces matériels : « Les importations d'armes du Moyen-Orient ont augmenté de 25 % au cours de la période, principalement sous l'impulsion de l'Arabie saoudite (+61 %), de l'Égypte (+136 %) et du Qatar (+361 %) » souligne le SIPRI. Cela explique notamment la présence d'armements français dans la guerre au Yémen menée depuis 6 ans par l'Arabie saoudite provoquant la pire crise humanitaire mondiale jamais connue.

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30 avril 2021 5 30 /04 /avril /2021 08:03
Emmanuel Macron de Françafrique -Félix Atchadé membre du Collectif Afrique du PCF

En dépit de ses promesses de réformes de la relation Afrique-France, Emmanuel Macron marche dans les pas de ses prédécesseurs. Ce conservatisme ne fait qu’exacerber le « sentiment antifrançais » en Afrique francophone.

Le 28 novembre 2017, dans un discours prononcé en présence de son homologue burkinabè à l’université Joseph Ki Zerbo de Ouagadougou, Emmanuel Macron qui venait de boucler son premier semestre à l’Élysée proposait « d’inventer une amitié pour agir » entre la France et le continent africain. Avec la verve et la flamboyance qui font son style, il annonça comme ses prédécesseurs la mort de la Françafrique et— nouveauté —« qu’il n’y a plus de politique africaine de la France ». Malgré une brève coupure d’électricité et quelques ratés de la sonorisation, les 800 étudiants qui avaient pris place dans l’amphithéâtre avaient été séduits par les talents d’orateur et les promesses de rupture avec les errements du passé, d’argent pour le développement, de priorité à l’éducation, etc. du président français.

Des promesses de Ouagadougou

Las ! À un an du terme de son mandat, le bilan est plutôt maigre, même si à la vérité historique on doit noter les progrès qu’il a insufflés au processus de réconciliation avec le Rwanda. Autre point positif, les changements à la législation sur l’inaliénabilité du patrimoine muséal qui ont permis la restitution aux pays d’origine de quelques œuvres du patrimoine africain. Au Sahel, malgré la croissance des budgets et des effectifs militaires français on ne peut que constater l’échec des réponses à une crise qui n’en finit plus. Après huit ans de présence, l’opération Barkhane est perçue comme une force d’occupation et les critiques se font de plus en plus virulentes à son égard. La réforme du franc CFA annoncée le 21 décembre 2019 à Abidjan par Emmanuel Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara n’a tenu aucune des promesses d’en finir avec cette relique d’un temps que tous les deux annonçaient révolu. Le franc CFA reste une monnaie contrôlée par l’État français !

Marche à l’ombre de Jacques Chirac

Les engagements d’aggiornamento d’Emmanuel Macron dans la relation entrent la France et l’Afrique « où se jouera une partie du basculement du monde » ont fait long feu. La dernière preuve en date, son hommage posthume à Idriss Deby « l’ami courageux » de la France qui a « œuvré sans relâche pour la sécurité du pays et la stabilité de la région durant trois décennies. » Comme Jacques Chirac qui a adoubé en 2005 la dynastie dictatoriale togolaise des Gnassingbé père et fils, Emmanuel Macron a déclaré « prendre acte » de la transition non constitutionnelle de dix-huit mois imposés par des militaires tchadiens dirigés par le général Mahamat Idriss Deby, commandant de la Garde présidentielle et fils du défunt.

Le président français a fait le déplacement de Ndjamena le 24 avril 2021 pour les obsèques d’Idriss Deby Itnoqui a rendu « son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille » selon la propagande de la soldatesque putschiste. Ce voyage a accordé une légitimité internationale à un pouvoir issu d’un coup d’État. Plus grave, il a entériné l’usage de la force, le mépris pour le droit et la constitution comme mode d’expressions politiques. Ça n’a pas manqué ! Quatre jours après ce voyage, la junte adoubée par le président français a fait tirer à balles réelles sur des manifestants aux mains nues. Des morts : « cinq pour les autorités judiciaires tchadiennes et neuf pour la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDDH) » rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Cette énième entorse aux principes que la France prétend promouvoir ne fera que renforcer la réputation de duplicité et de garante d’ordres iniques et antidémocratiques qui lui est faite par ses critiques les plus radicaux. Et que dire de la « stabilité de trente ans » du Tchad invoquée par l’Élysée ? Dans ce pays, la constance c’est l’état de guerre et de la répression de toute contestation politique. De la région du lac Tchad au Tibesti, la conflictualité armée est la règle ; la pauvreté, le quotidien de la majorité de la population.

Il n’est jamais trop tard

Ces dernières années, la France a été conspuée, comme jamais, en Afrique francophone. Du Sahel au golfe de Guinée, les rues des capitales bruissent de récriminations ; les réseaux sociaux et les débats médiatiques rivalisent de mots durs pour la caractériser. Dernier signe en date de cette montée du « sentiment antifrançais » : au cours, des émeutes qui ont secoué le Sénégal au début du mois de mars (14 morts, plus de 600 blessés et la destruction de biens matériels) les enseignes françaises ont été spécifiquement ciblées par les manifestants. Pour mettre un terme à cette situation, « renouveler le narratif entre la France et l’Afrique », la mobilisation d’intellectuels talentueux comme Achille Mbembe, Alain Mabanckou, Felwine Sarr ou Kako Nubupko ne suffira pas ! « Aux grands maux les grands remèdes », pas la poudre de perlimpinpin ! Si les communistes ont une demande à faire au président de la République, c’est qu’il rompe avec les vieilles recettes de la Françafrique et mette l’influence diplomatique et la puissance de la France au service d’un cadre international juste et équitable. L’image de la France n’en sera que rétablie. Les jeunes générations africaines, si l’on s’en tient aux échos que nous avons, ne demandent rien d’autre.

Félix Atchadé
membre du Collectif Afrique du PCF

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28 avril 2021 3 28 /04 /avril /2021 07:25
Turquie : Le putsch permanent contre la démocratie - le procès du HDP (par Pascal Torre, secteur international du PCF)
Turquie : Le putsch permanent contre la démocratie
Le procès Kobane

Le 26 avril 2021 s’est ouvert à Ankara le procès de 108 dirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP). Le régime de R.T. Erdogan leur reproche d’avoir organisé, en octobre 2014, des manifestations de soutien aux combattants kurdes qui opposaient une résistance farouche à l’offensive de l’État Islamique dans la ville symbole et martyre de Kobane. Celles-ci faisaient écho aux inquiétudes de l’opinion publique mondiale qui exprimait, dans un même mouvement, sa solidarité à l’égard de l’héroïsme de ces femmes et de ces hommes face à l’obscurantisme.

Cette mobilisation d’ampleur s’est réalisée dans un contexte périlleux car nul n’ignorait alors la complicité de l’État turc avec Daesh. La répression fut terrible puisque 37 personnes trouvèrent la mort dans les différents rassemblements au travers du pays.

Ce sont donc des parlementaires comme Selahattin Demirtas, dont la Cour européenne des droits de l’Homme vient d’exiger la libération immédiate, Figen Yüksekdag ou Pervin Buldan, mais aussi des maires révoqués, des dirigeants locaux, qui sont aujourd’hui poursuivis pour s’être tenus debout, dans la dignité, pour défendre la liberté. Ils sont sous la menace de centaines d’années de prison.

« Le HDP est aux avant-postes pour promouvoir les valeurs humanistes qui sont les nôtres. »

Le Parti démocratique des peuples est aux avant-postes pour promouvoir les valeurs humanistes qui sont les nôtres. C’est d’ailleurs la seule formation turque qui s’est félicitée, dans un contexte d’hystérie ultra-nationaliste, de la reconnaissance du génocide arménien par les États-Unis. Nous sommes indéfectiblement à leurs côtés pour défendre l’universalisme des droits humains au moment où la Turquie vient de se retirer de la convention d’Istanbul, premier instrument juridique au monde pour prévenir et combattre les violences contre les femmes.

Alors que les menaces régionales perdurent, que Daesh se restructure en Irak ou en Syrie et mène chaque jour de nouvelles opérations, les communistes condamnent sans réserve ce nouveau procès politique qui vise à broyer toutes les formes d’opposition et à supprimer toute expression du dissensus politique. Cette parodie de justice doit être annulée et tous les prisonniers politiques libérés, notamment Abdullah Ocalan.

La procédure d’interdiction du HDP

Chaque jour, la Turquie de R.T. Erdogan s’enfonce dans la destruction de la démocratie. Elle vient aussi d’engager une procédure de dissolution du Parti démocratique des peuples.
Après plusieurs semaines de violentes attaques conjointes de la part des islamo-conservateurs de l’AKP et des fascistes du MHP, le procureur de la Cour de cassation a rédigé et remis à la Cour constitutionnelle un dossier demandant l’interdiction du HDP, troisième force parlementaire du pays.

Cette nouvelle offensive de R.T. Erdogan contre l’expression de la volonté populaire s’inscrit dans l’impitoyable répression qui frappe cette formation. Plus d’une dizaine de parlementaires croupissent en prison, 60 maires ont été révoqués, et ces derniers jours près de 800 militants ont été arrêtés. Des procédures se focalisent contre les parlementaires Berdane Oztürk, Cerhan Isik, Sezai Temelli, Tayip Temel, Murat Sarisac. Ils ne sont pas les seuls. La députée d’Agri Dilan Dirayet Tasdemir fait l’objet de poursuites, tandis que le défenseur des droits humains Omer Faruk Gergertioglu vient d’être condamné à deux ans et demi de prison.

Le dépôt de ce dossier d’interdiction du HDP vise plusieurs objectifs : la levée de l’immunité parlementaire de tous les députés du HDP, puis l’organisation d’un procès afin d’obtenir leur destitution et leur condamnation pour « terrorisme ». L’étirement de la procédure devrait permettre à R.T. Erdogan de ne pas s’exposer à des scrutins partiels avant la consultation de 2023 et de se maintenir au pouvoir, d’autant que la crise économique et sanitaire provoque un profond mécontentement dans le pays.

L’AKP cherche aussi par le truchement d’une réforme constitutionnelle (art.14) à interdire à vie les activités des cadres et élus du HDP en prohibant la reconstitution du parti sous une autre appellation. 687 dirigeants et militants sont cités dans cet acte. À cela s’ajoute l’interruption du soutien financier au HDP et la saisie de tous ses biens. Il s’agit donc d’un véritable putsch contre la démocratie !

Pendant ce temps, E. Macron tente de renouer des liens avec le tyran d’Ankara, tandis que l’Union européenne joue les bons offices, au prix de quelques humiliations, afin de s’assurer que les migrants seront toujours contenus derrière la frontière turque. Ces dirigeants qui ne manquent jamais une occasion de faire des leçons de morale à la terre entière sont totalement silencieux face aux piétinements des droits humains par la Turquie de R.T. Erdogan. Le cynisme atteint son paroxysme avec les procédures d’intimidations, les arrestations et les menaces d’extradition qui pèsent sur les Kurdes qui vivent sur notre territoire, qui s’engagent pour la paix et la liberté et qui subissent, comme la communauté arménienne, les attaques et les violences des « Loups gris ».

Les communistes sont indéfectiblement aux côtés des démocrates de Turquie et notamment des Kurdes. Stop Erdogan !

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient

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26 avril 2021 1 26 /04 /avril /2021 07:34
Big pharma. Les actionnaires touchent le jackpot (Thomas Lemahieu, L'Humanité, vendredi 23 avril 2021)
Big pharma. Les actionnaires touchent le jackpot
Vendredi 23 Avril 2021 - L'Humanité

Selon la coalition People’s Vaccine, l’argent versé au titre des dividendes permettrait de protéger du Covid-19 l’ensemble de la population africaine.

 

Avec Pfizer et Johnson & Johnson, jeudi, Moderna, la ­semaine prochaine, et AstraZeneca, début mai, la saison des assemblées générales s’ouvre dans le secteur pharmaceutique. Et, avec la pandémie de Covid-19, elle promet d’être encore plus ­radieuse pour les actionnaires. L’occasion pour la coalition internationale People’s Vaccine (« vaccin du peuple »), fédérant les ONG et tous les mouvements qui militent depuis un an, à l’échelle de la planète, pour faire des vaccins un « bien public mondial », de se pencher sur l’utilisation des profits dégagés par des multinationales. Selon ses calculs, Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca ont offert l’année dernière 21,4 milliards d’euros à leurs actionnaires par le biais de dividendes et d’opérations de rachat d’actions : dans le détail, Astra­Zeneca a distribué 3 milliards d’euros, Pfizer, 7 milliards d’euros, et Johnson & Johnson, 11,4 milliards d’euros. On peut y ajouter que, début mai, Pfizer compte verser, au titre de ses dividendes trimestriels, un montant global de 3 milliards d’euros.

La transparence sur les investissements publics

Selon la plateforme citoyenne, qui défend un accès universel aux vaccins, avec la somme de 21,4 milliards d’euros et en se basant sur un prix moyen de 15,80 euros la dose – le tarif moyen fixé de manière arbitraire et, rappelons-le, malgré les montagnes d’aides publiques reçues par Big Pharma –, il aurait été possible de fournir un vaccin à 1,35 milliard de personnes dans le monde, soit l’équivalent de la population de l’Afrique entière. En réalité, avec cet argent dilapidé sur les marchés financiers, il serait possible de faire beaucoup plus encore, en rapprochant les tarifs des doses de leurs coûts de fabrication : d’après la coalition People’s Vaccine, une étude de l’Imperial College de Londres établit que les vaccins à ARN messager, vendus dans l’Union européenne entre 19 et 25 euros – avant même les hausses spectaculaires annoncées ces derniers jours, comme chez Pfizer (lire notre édition du 21 avril) –, ne coûtent qu’entre 50 centimes et 1,70 euro à produire.

Sur cet aspect, la révolte gronde également à l’intérieur même des grands groupes aux États-Unis. L’Interfaith Center on Corporate Responsability, un mouvement d’actionnaires activistes fédérant des ONG comme Oxfam et des ­associations confessionnelles, ­demande des comptes à Pfizer et à Johnson & Johnson. À travers ­plusieurs motions soumises aux actionnaires, il réclame la transparence sur les investissements publics afin de mettre en lumière le décalage scandaleux avec les prix et les profits exorbitants des multinationales.

Livraisons de vaccins, les pays du sud en danger

À l’occasion d’une nouvelle réunion, jeudi, les grandes puissances capitalistes, États-Unis et Union européenne, ont continué d’empêcher toute avancée sur la proposition d’une dérogation temporaire au régime des brevets pharmaceutiques à l’Organisation mondiale du commerce. L’urgence est pourtant plus forte que jamais : avec l’explosion pandémique en Inde, le pays qui est vraiment l’usine du monde pour les vaccins, c’est le programme, largement insuffisant, de livraison aux pays du Sud qui risque de s’arrêter complètement. D’ores et déjà, le programme de mutualisation Covax, censé fournir des vaccins aux États les moins riches, constate les effets du dérapage : la plateforme ne pourra pas distribuer plus de 145 millions de doses d’ici à la fin juin (contre 240 millions qui étaient prévues) à une centaine de pays.

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22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 07:09
Libérez Marwan Barghouti, en prison depuis le 15 avril 2002, et les autres prisonniers politiques palestiniens!!! Signez la pétition de la JC!
 
Toi aussi signe la pétition qui sera remise au Ministre des affaires étrangères!
 
Ou pour le Finistère.
 
Via mail : mjcf.finistere@gmail.com
 
Durant toute la semaine, nous avons fait circuler la pétition pour la libération de Marwan Barghouti, parlementaire palestinien emprisonné par Israël depuis 19 ans.
Nous remercions nos camarades et élus du PCF pour leur soutien. Nous continuerons le temps qu'il le faudra pour faire libérer Marwan Barghouti.
 
Liste des premiers signataires sur le Finistère de la pétition de la JC :
-Ismaël DUPONT, 1er Adjoint à Morlaix, Secrétaire Départemental du PCF
-Martine CARN, Élue d'opposition à Plougonven, tête de liste de la gauche aux dernières élections municipales
-Jean Paul CAM, Secrétaire de la Section PCF Brest
-Michel TUDO DELER, Secrétaire de la Section PCF Lanmeur
-Jean Claude POSTIC
-Ronan TANGUY, trésorier de la fédération du PCF
-Fabienne CYRIAQUE
 
🔴 15 avril 2002 : arrestation de Marwan Barghouti
➡ Dirigeant du Fatah, membre du Conseil Législatif Palestinien, artisan de la paix, toujours enfermé dans les geôles israéliennes, comme 5 000 autre prisonniers politiques
LIBEREZ MARWAN ! 🥊
- Jean Claude CARIOU
-Jérémy LAINE
-...
il est bien sûr toujours possible de signer la pétition en ligne : https://www.jeunes-communistes.fr/liberte-pour-marwan.../
 
Message de Enzo de Gregorio pour le MJCF 29 
 
Dans le cadre de la semaine des prisonniers palestiniens cette semaine, la JC  travaille à la signature massive de la pétition pour Marwan Barghouti.
 
Mercredi, nous fêterons un triste anniversaire, le 15 avril 2002, Marwan Barghouti était emprisonné par Israël. Marwan est le premier membre du parlement palestinien arrêté par Israël. 
 
Le 20 mai 2004, après un procès à charge, il est condamné à 5 peines de réclusion à perpétuité et à 40 ans de prison. Lors de son procès Marwan Bargouthi, n'a pas reconnu le tribunal militaire israélien ni sa capacité à juger un ressortissant palestinien. 

Ce procès à largement été condamné à l'international par de nombreux observateurs, notamment le sénateur communiste Jean Claude Lefort et l'avocate Gisèle Halimi. 
 
Il est le symbole : celui d'un peuple entier que l'on enferme, mais aussi de la lutte contre la colonisation. Tout comme Mandela l'a été pour l'Afrique du Sud, Marwan Bargouthi est une figure d'espoir. L'espoir qu'un jour les Palestiniens puissent vivrent libre et unis dans leur pays.
Il sera d'ailleurs de nouveau candidat au législative en Palestine.
La libération de Marwan Bargouthi est un préalable à un processus de paix entre la Palestine et Israël. 
 
C'est pour cela que le Mouvement des Jeunes Communistes de France ce bat depuis des années pour obtenir la libération de Marwan Barghouti. 
 
Ainsi, nous vous proposons de signer la pétition du MJCF pour la libération de Marwan Barghouti.
 
Toi aussi signe la pétition qui sera remise au Ministre des affaires étrangères!
 
Ou pour le Finistère.
 
Via mail : mjcf.finistere@gmail.com
 
Fraternellement, 
 
Enzo De Gregorio, 
Secrétaire Départemental MJCF 
mjcf.finistère@gmail.com
Libérez Marwan Barghouti, en prison depuis le 15 avril 2002, et les autres prisonniers politiques palestiniens!!! Signez la pétition de la JC!
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20 avril 2021 2 20 /04 /avril /2021 05:56
Yolande Mukagasana, née au Rwanda le 6 septembre 19541, est une infirmière et écrivaine rwandaise de langue française. Sa famille a été assassinée durant le génocide des Tutsis au Rwanda et, depuis lors, elle se consacre à faire connaître le génocide, à rendre aux victimes leur honneur et à militer pour une coexistence pacifique.

Yolande Mukagasana, née au Rwanda le 6 septembre 19541, est une infirmière et écrivaine rwandaise de langue française. Sa famille a été assassinée durant le génocide des Tutsis au Rwanda et, depuis lors, elle se consacre à faire connaître le génocide, à rendre aux victimes leur honneur et à militer pour une coexistence pacifique.

La faillite morale, politique et militaire de la France

Par Yolande Mukagasana Écrivaine, survivante du génocide contre les Tutsis, chercheuse indépendante sur le génocide

L'Humanité, lundi 19 avril

J’ai lu avec attention la tribune d’Alain Juppé publiée dans le journal daté du 7 avril 2021, jour de la commémoration du génocide contre les Tutsis. Texte désolant. Car, même lorsqu’il fait des efforts de contrition, Alain Juppé semble inaccessible à la souffrance des victimes.

D’entrée de jeu, que fait sans ambages l’ancien patron du Quai d’Orsay ? Saluer en préambule la mémoire de toutes les victimes du génocide ? C’est au-dessus de ses forces : Juppé préfère rendre hommage exclusivement à l’ancien président de la Cour constitutionnelle. Simple maladresse d’un storytelling concocté dans un cabinet de communication, ou mépris instinctif de toutes les autres victimes du génocide ? Provocation ou signes annonciateurs d’un mal plus grave : la maladie de la mémoire ?

« Nous n’avons pas compris que le génocide ne pouvait supporter des demi-mesures », affirme ensuite Juppé. Début d’un demi mea culpa, ou nouvelle tentative de réécrire l’histoire du génocide en atténuant la faillite morale, politique et militaire de la France au Rwanda mise en lumière par le rapport Duclerc ?

Car, qu’est-il reproché à la France au Rwanda avant, pendant et après le génocide ? Ce qu’elle a fait ou ce qu’elle n’a pas fait ? Ses demi-mesures ou plutôt son engagement ? La timidité de sa politique ou son soutien des auteurs du génocide ? Car, qui s’est chargée de la formation de la garde présidentielle ? Qui entraînait les forces de la gendarmerie ? Qui, durant quatre longues années, a fourni armes, munitions et conseils au gouvernement, qui préparait le génocide ?

Les mots ont un sens : parler de demi-mesure, c’est insinuer que ne serait regrettable, tout compte fait, non pas le compagnonnage avec les tueurs, mais la tiédeur d’une politique trop timorée. Donc, sous-entendue bonne, au fond.

Nous autres, victimes du génocide, nous nous souvenons de tout.

Puis, il y a ces trous de mémoire assez prodigieux de Juppé. Rien, pas un mot de regret sur la réception, le 27 avril 1994, du ministre des Affaires étrangères du gouvernement génocidaire, Jérôme Bicamumpaka, et de son directeur des affaires politiques, l’idéologue extrémiste Jean-Bosco Barayagwiza.

Rien non plus sur le refus d’arrêter les suspects du génocide, et cette note du Quai d’Orsay datée du 15 juillet 1994 : « Si, comme il est probable, certains membres du gouvernement sont déjà présents dans la zone, il est souhaitable de les en faire partir dans les plus brefs délais : leur présence ne sera pas longtemps cachée ; nous n’aurons pas la possibilité de les remettre aux Nations unies, qui n’ont à ce stade créé qu’une commission d’enquête sur le génocide, sans pouvoir de contrainte de type policier. Nous risquons aussi, dès la formation d’un nouveau gouvernement par le FPR, d’être invités à remettre les intéressés aux nouvelles autorités. Mieux vaut prévenir ce risque en faisant partir les intéressés… »

Juppé a peut-être des problèmes de mémoire, mais nous autres, victimes du génocide, nous nous souvenons de tout, y compris de ce qui s’est passé après le génocide.

Alain Juppé a menti en connaissance de cause. Froidement. Avec méthode, détermination et acharnement.

Qui oubliera les appels récurrents, répétitifs, agressifs de Juppé, lors des commémorations du génocide, à défendre l’honneur de la France contre tous ceux qui demandaient la vérité sur l’implication de l’État français au Rwanda, tous accusés au passage de tentative de falsification de l’histoire ?

Le fait est que ces appels indécents et annuels ont alimenté le discours négationniste en jetant le soupçon sur la parole des victimes. Des années durant, Alain Juppé a menti en connaissance de cause. Froidement. Avec méthode, détermination et acharnement.

Sa vie n’a pas été bouleversée par le génocide. Par contre, celle de nombreux Rwandais en a été chamboulée. La vérité est que, si la France ne s’était pas engagée auprès du gouvernement raciste de Habyarimana à partir de 1990, je ne serais pas aujourd’hui, comme beaucoup d’autres Rwandais, seule au monde.

La France a soutenu ceux qui ont tué les miens avant, pendant et après le génocide.

L’année du génocide, j’étais une femme comblée, j’avais une famille, j’avais 40 ans, et soudain, ma vie a été brisée : je suis devenue une survivante et en grande partie à cause des décisions prises par Juppé et d’autres grands messieurs qui détenaient les rênes du pouvoir en France.

Si la France ne s’était pas engagée au Rwanda, j’aurais encore aujourd’hui mes enfants auprès de moi, ainsi que le reste de ma famille, je serais entourée de mes amis. Si la France ne s’était pas engagée en 1990 aux côtés des assassins de ma famille, je serais grand-mère aujourd’hui comme les autres femmes de mon âge.

La France a soutenu ceux qui ont tué les miens avant, pendant et après le génocide. Et Juppé était le chef de la diplomatie française. Aurait-il déjà oublié tout cela ? Aurait-il oublié que le gouvernement génocidaire a été formé à l’ambassade de France à Kigali ? Aurait-il oublié que la France a évacué les génocidaires en laissant les victimes à la merci de leurs bourreaux, y compris les employés de la mission de coopération française ?

L’homme semble dans son propos heureux que le rapport Duclert n’ait pas prononcé le mot complicité. Et là, je ne peux m’empêcher de m’interroger : l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel membre du Conseil constitutionnel serait-il à ce point incapable de faire la différence entre un rapport élaboré par des historiens et un rapport rédigé par des juges ? L’histoire advient et ensuite le droit passe, tôt ou tard.

Avec son demi-mea culpa tordu, Juppé vient de perdre, une fois de plus, l’occasion de se taire lors d’une journée consacrée à la mémoire des rescapés. Oui, il faut évidemment avancer vers une réconciliation entre la France et le Rwanda. Mais cette réconciliation ne saurait être fondée sur des demi-vérités, mais sur l’acceptation de ce qui s’est passé.

Au Rwanda, on trouve encore de grands génocidaires qui ont parfois sauvé un enfant tutsi. Et que répondent-ils lorsqu’on leur demande la raison de leur geste ? Que c’était par mesure de précaution : en cas de victoire du FPR, ils pourraient ainsi se présenter devant tout le monde en affirmant qu’ils n’avaient pas tué les Tutsis puisqu’ils en avaient sauvé un.

Génocide des tutsis, dénis de Juppé - La faillite morale, politique et militaire de la France, par Yolande Mukagasana, L'Humanité, page Débats, 19 avril,
Génocide des Tutsis : quel travail de mémoire, pour quelle réparation ?
Lundi 19 Avril 2021

Après la remise du rapport de la commission dirigée par Vincent Duclert sur le rôle effectif de la France au Rwanda, entre 1990 et 1994, de nombreuses questions subsistent. Pour en débattre : les historiens Sébastien Jahan et Alain Gabet, et Yolande Mukagasana, écrivaine, survivante du génocide contre les Tutsis et chercheuse indépendante.

 

Du déni rwandais à l’impensé françafricain

Par Sébastien Jahan et Alain Gabet Historiens

Le 26 mars, la commission dirigée par Vincent Duclert a rendu son rapport au président Macron sur le rôle joué par la France dans le génocide tutsi au Rwanda en 1994. Cette somme d’un millier de pages a été saluée comme une étape essentielle vers la reconnaissance par l’État français de ses fautes.

Mais les critiques qui ont été exprimées doivent également être entendues comme une opportunité pour ouvrir plus largement le champ de conscientisation de notre passé postcolonial et du potentiel mortifère de notre système politique.

Commençons par les acquis incontestables de ce travail. Le rapport conclut à la « responsabilité lourde et accablante » des autorités françaises de l’époque, loin du travail euphémisant de la mission d’information parlementaire de 1998.

Ce texte tord le cou aux théories négationnistes et complotistes qui ont fleuri sur les tombes des plus de 800 000 victimes du génocide.

Le rapport déconstruit en effet les mécanismes qui ont conduit la France à se compromettre toujours plus avec un régime en voie de radicalisation extrême, dont il n’était pas possible de ne pas voir le plan génocidaire. Le dépouillement minutieux des archives permet de pointer les responsables de cette dérive et apporte des pistes d’explications intéressantes pour comprendre la focalisation hexagonale sur cette ancienne colonie belge longtemps hors des « pays du champ ».

Ce texte, qui a valeur officielle, tord le cou aux théories négationnistes et complotistes qui ont fleuri sur les tombes des plus de 800 000 victimes du génocide. Ainsi, la thèse du « double génocide » est définitivement enterrée et le rapport confirme par ailleurs qu’il n’existe aucun début de preuve que le FPR (Front patriotique rwandais) soit responsable de l’attentat contre Habyarimana.

Tout cela, des journalistes, des chercheurs et des associations l’ont dit depuis longtemps, mais le rapport en apporte la confirmation à partir de sources qui étaient cruciales et inaccessibles : les archives des corps de l’État en charge du dossier rwandais. Mais, reconnaissons-le : si c’est la boîte des fautes françaises que le rapport Duclert ouvre, alors il ne faut surtout pas la refermer sur ces acquis.

 

Le texte de la commission Duclert n’est, en effet, pas exempt de lacunes. Nous en retiendrons trois.

On peut se demander ce qui distingue l’« aveuglement » de la complicité.

La première porte sur les conclusions et l’usage du terme « aveuglement », préféré à celui de « complicité ». En évitant ce dernier mot, il est possible que les membres de la commission aient répondu, consciemment ou non, à une commande politique. Il semble clair, en effet, que ce rapport, voulu par le président et chef des armées, n’ait pu franchir une telle ligne rouge, sauf à provoquer une crise majeure avec l’institution militaire.

Lorsque Vincent Duclert dit qu’il n’y a pas complicité, si on entend par là un partage de l’intention génocidaire, il est difficile de lui donner tort. Toutefois, à la lecture de certaines pages du rapport, on peut se demander ce qui distingue l’« aveuglement » de la complicité. Cette dernière, en outre, selon la jurisprudence des tribunaux pénaux internationaux (TPI), n’a pas besoin de se manifester par l’aide directe et intentionnelle d’un tiers pour être qualifiée, ce qui laisse donc la porte ouverte à d’éventuelles suites judiciaires.

La deuxième limite du rapport tient à sa critique inachevée des institutions. Des pages saisissantes et d’une indéniable rigueur analytique mettent en évidence l’existence d’une chaîne de commandement parallèle, par laquelle François Mitterrand ou son chef d’état-major particulier faisaient transmettre les ordres sur le terrain, ce qui leur permettait de mettre en application, sans obstacle, des idées inspirées d’une vision passéiste et raciste de la société et de la géopolitique des Grands Lacs.

D’autres passages montrent aussi que certains, dans l’appareil d’État, ont tenté de s’opposer à ce que le rapport considère comme des « dérives institutionnelles » graves. Mais ne faudrait-il pas s’inquiéter plutôt de l’impuissance de ces rouages importants de l’État à contrecarrer l’obsession présidentielle ? Que dire de ces institutions qui permettent à un homme et à son entourage de décider que la défense d’un pré carré contre des ennemis fantasmés compte plus qu’un génocide ?

La troisième limite permet de mettre le point précédent en perspective. Elle tient moins au contenu du rapport qu’à son périmètre initial, tel qu’il a été défini par le président Macron. La période choisie (1990-1994) focalise en effet l’attention sur le contexte étroit dans lequel s’intègre le génocide : les relations entre la France et le gouvernement du Rwanda au moment du conflit qui oppose ce dernier à la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR).

Il faut être conscient de tout ce que l’opacité mitterrandienne dans la gestion de l’affaire rwandaise doit à la Françafrique.

Replacer le génocide des Tutsis dans le temps long des relations franco-rwandaises permet de comprendre que l’assistance militaire au profit d’une dictature aux fondements racistes s’est mise en place sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing et que le soutien aux génocidaires s’est de fait poursuivi avec Jacques Chirac, le dernier dirigeant occidental à lâcher Mobutu et ses alliés hutus radicaux qui rêvaient de prendre leur revanche sur le FPR.

Il faut donc être conscient de tout ce que l’opacité mitterrandienne dans la gestion de l’affaire rwandaise doit à la Françafrique, la politique souterraine visant à maintenir les anciennes colonies africaines dans l’aire d’influence de la France. Comme le rappelle l’ association Survie, le rôle de la France au Rwanda est bel et bien l’aboutissement monstrueux d’une pratique criminelle inscrite dans les gènes de la V e République .

Une future commission fera peut-être un jour le bilan de ces années de complicité de la France avec d’autres régimes assassins. Toutefois, et pour terminer sur une note positive, remarquons que le rapport Duclert aura sans doute des effets bénéfiques à court terme. En invalidant ce qui fut trop longtemps la version officielle de l’État, il proclame la légitimité de l’histoire à se saisir de ce sujet de recherche, pavant ainsi la route à de nouveaux travaux universitaires.

En soulevant la chape du déni, il apaise aussi la douleur et l’incompréhension des rescapés de cette immense tragédie qui espèrent maintenant non seulement des gestes symboliques forts, mais aussi que justice leur soit rendue.

A l'époque, l'Humanité avait été un des rares quotidiens français à ne pas désinformer sur le génocide des tutsis par le pouvoir extrémiste hutu et la responsabilité de la France de Mitterrand, Balladur, Léotard et Juppé:


"Un guide rwandais montrant une photo de l'armée française à Bisesero durant le génocide. © Thomas Cantaloube/Mediapart Des documents militaires inédits, dont Mediapart et France Inter ont pris connaissance, montrent que l’armée française a laissé se perpétrer en connaissance de cause des massacres contre la minorité tutsie pendant le génocide au Rwanda en 1994, alors même que sa mission confiée par les Nations unies était de les empêcher. Ces documents sont aujourd'hui entre les mains de la justice."

Envoyé spécial de « l’Humanité », Jean Chatain a été l’un des rares journalistes européens à couvrir les événements au Rwanda.
 
En 2014, 20 ans après  le génocide, il dénonçait encore le rôle de la France. Extraits.
 
Durant les quatre années de guerre civile, l’armée française n’a cessé de voler au secours du criminel système en place à Kigali. Avant “Turquoise” (juin-août 1994), il y a eu les opérations “Noroît”, “Chimère”, “Amaryllis”, révélatrices des relations entretenues par la présidence et le gouvernement français avec leurs homologues rwandais de l’époque. Présent au Rwanda fin avril 1994, j’avais pu circuler dans la zone déjà libérée par le FPR et interviewer son dirigeant, Paul Kagame. Cette rencontre se passait au pont de Rusumo, qui franchit l’Akagera (...), charriant dans ses flots jaunâtres un interminable cortège de cadavres venus de la région de Butare. Revenant sur le comportement plus qu’ambigu et tâtonnant des Nations unies, Paul Kagame avait notamment ce mot : “J’ai l’impression que, dans ses rangs, il y a des puissances, surtout les Français (...), qui voudraient bien influer sur l’issue du conflit. Le gouvernement français a toujours eu une attitude négative. Même lorsque les atrocités de ce régime étaient évidentes.” Quand, fin 1990, elles envoyaient des soldats participer au combat contre le FPR, “pensez-vous sérieusement que les autorités françaises s’imaginaient lutter pour la démocratisation de notre pays” ? Question : à quoi attribuer ce comportement effectivement de longue date ? “Je crois que la France a commencé sur un faux pas et qu’elle ne veut pas admettre qu’elle a eu tort. Je ne comprends pas cette obstination. C’est vrai, la France n’a pas chez nous d’intérêts spécifiques. Alors peut-être sommes-nous une pièce, un rouage dans sa politique générale en Afrique. Sur ce continent, le gouvernement français a soutenu beaucoup de régimes incroyables. Y compris, donc, au Rwanda, avec un gouvernement qui a massacré tant de gens.” »
JEAN CHATAIN, 8 AVRIL 2014

Lire aussi:

Jean Hatzfeld à la rencontre des Justes au Rwanda - par Muriel Steinmetz, L'Humanité, 25 février 2021

Rwanda. Les conclusions du rapport Duclert constestées - entretien entre Rosa Moussaoui et François Graner, L'Humanité, samedi 10 avril

Rwanda: les preuves d'un mensonge français (Médiapart)

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