Les hommes du Bezen Perrot
Les membres du Bezen Perrot reçoivent l'uniforme des Waffen SS fin mars 1944 : leur signe de différenciation est le port du drapeau blanc à croix noire, le Kroaz Du, sous lequel fut cousu un
morceau de tissu maculé de sang de l'abbé Perrot.
Ce drapeau, aussi bien celui du Bezen Perrot, que du PNB et des Bagadoù Stourm, avait été par Yann Goulet et Célestin Lainé avant leur séparation en 1941 : croix noire sur fond blanc centrée d'un triskell blanc enfermé dans un cercle noir ( Ronan Caerleon, Le rêve fou des soldats de Breiz Atao, Nature et Bretagne, 1974, p. 37).
Ce n'est pas une armée bretonne n'en déplaise à Lainé qui voulait sa Lu Brezhon au service du Reich et du séparatisme breton avec uniforme spécifique breton et commandement autonome mais une unité normale de la SS rattachée à la police spécialisée dans la répression allemande, le SD-SIPO. C'est pourquoi l'appel publié dans la nouvelle série de Breiz Atao en mai 1944 « frôle l'escroquerie », comme l'écrit Alain Déniel (Le mouvement breton, François Maspéro, 1976, p. 304-305):
« Jeunes Bretons nationalistes ! Vous voulez combattre pour la victoire commune, mais non au bénéfice moral de la France, non pas sous les couleurs françaises, non pas d'une manière à être utilisés pour la propagande de l'unité française destructrice de la nationalité bretonne. Vous ne pouviez pas en conscience entrer dans ces formations à nom français, Ligue des volontaires français, Waffen SS française, encore moins les Milices françaises de Darnand.
Vous vouliez combattre avec les Allemands, mais comme Bretons et non pas comme Français.
Pendant quatre ans notre situation fut sans issue.
Mais enfin, voici que vous pouvez entrer dans la formation Jean-Marie Perrot. Là, vous pouvez combattre en Bretagne pour la victoire commune, avec la certitude que vos services ne seront pas portés au crédit de la France, mais à celui de la Bretagne ».
En réalité, l'unité Perrot opérera sous l'étroit contrôle du SD dans la répression de la résistance et des réfractaires du STO main dans la main avec d'autres milices de collaborateurs français.
Le groupe est d'abord cantonné dans deux grandes pièces salles d'un bâtiment abandonné de la caserne du Colombier à Rennes, puis déménage dans un maison passablement délabrée et réquisitionnée par les Allemands au 7, rue Vincennes où ils s'entassent à 45, avant de prendre ses quartiers dans une propriété plus spacieuse au 19, rue Lesage, non loin de l'avenue Jules Ferry où se trouve le siège du SD. Les nouvelles recrues, rappelle Kristian Hamon à qui nous empruntons toutes ces informations, sont cantonnés au 19, Bd de Sévigné.
Dès leur incorporation au Bezen Perrot, les nouvelles recrues prennent un pseudonyme, voire deux pseudonymes successifs, pour brouiller les cartes en cas de représailles. Kristian Hamon précise ainsi que « bon nombre d'entre eux ne connaîtront jamais la véritable identité de leurs camarades, ce qui ne facilitera pas la tâche des enquêteurs à la Libération» (Kristian Hamon, Le Bezen Perrot. 1944 : des nationalistes bretons sous l'uniforme allemand, Yoran Embanner, p.55)
Le contrat d'incorporation est écrit en allemand et prévoit un châtiment exemplaire pour les déserteurs : un ancien des Bagadoù Stourm de Saint Brieuc est ainsi déporté en Silésie après une désertion du Bezen, un autre déserteur sera recherché par la Gestapo.
Les trois premiers mois, les membres du Bezen opèrent en civil. Armées de pistolets. Ils reçoivent, sous la direction d'Ange Péresse et de Chanteau, des cours de télégraphie, de morse, de montage et démontage d'armes, mais ils reçoivent aussi des leçons de langue bretonne et allemande, de celtologie, d'histoire et de géographie de la Bretagne. Dans l'esprit de ses chefs, le Bezen doit être « simultanément une unité combattante et une école pour sous-officiers et officiers, le noyau d'une future armée bretonne » (Léon Jasson)
Ils montent la garde devant l'immeuble de la Gestapo, avenue Jules Ferry à Rennes, participent à des arrestations avec les policiers du SD, assurent la garde des prisonniers.
Les hommes du Bezen ne reçoivent que trois mois après leur incorporation l'uniforme de la SS, gris-vert aux épaulettes noires et liseré vert, avec le ceinturon frappé de la devise Meine Ehre heisst Treue (Mon honneur s'appelle fidélité) et le calot à la tête de mort. Et encore, il n'y a qu'une trentaine d'uniformes pour une cinquantaine d'hommes à ce moment-là, ce qui crée des tensions entre les hommes et fait qu'ils doivent parfois s'échanger les uniformes pendant la journée.
Le chant de marche du Bezen Perrot est écrit par Kerlann :
Hon tadoù a doa pleget, skuizh faezh o vrezelian
Ha d'o heul et c'hantvedoù kabestret ni a ya,
Re bounner wa hon divskoaz eo yeo an estren kriz,
Nan, n'omp ket mui 'vit souban rak e lezennoù strizh
Nos pères avaient succombé, épuisés à guerroyer.
Nous les suivons dans les siècles enchaînés
Le joug cruel de l'étranger apesantit nos épaules
Non, nous n'acceptons plus de nous incliner devant ses dures lois.
Agiles, nos pieds frappent le sol de notre patrie,
Nous sommes vrais maîtres de notre maison.
Aussi libres que le vent, nous voulons vivre.
Un sourire aux lèvres, combattre en chantant !
Etrange et triste destin que celui de Kerlann, Jean Delalande, de son nom d'état civil.
Jean Delalande, un amoureux des langues, des contes et chansons celtiques. Jean Delalande est né en 1910 à La Roche-sur-Yon. Son père était militaire. Avec sa mère, Pauline Joséphine Kerbiriou, il vient s'installer à Morlaix pendant son enfance à la mort de son père. Il habitait aux alentours de la Grande Venelle, derrière le Viaduc, et apprit le breton du Trégor est un de ses voisins. .
Très doué à l'école, Jean Delalande a suivi des cours à l'école primaire supérieure à Brest de 1923 à 1927, puis a intégré un Saint-Dustan College de Londres afin de perfectionner son anglais de 1927 à 1928.
De retour en Bretagne, Jean Delalande est devenu instituteur public à Plomeur dans le pays bigouden (1930), à St-Philibert en Trégunc (1931), à Quimperlé (1932), à Guiclan (1933-36).
A cette époque, Jean Delalande devint un militant culturel et politique breton, se rattachant plutôt aux idées de gauche, puisqu'il est membre du mouvement Ar Falz (La Faucille) de Yann Sohier. Ar Falz est à l'origine une revue et un mouvement de gauche, anti-fasciste et anti-colonialiste, proche à la fois des communistes et du syndicat enseignant d'extrême-gauche « L'École émancipée », voulant défendre une vision laïque, populaire et ouverte de la culture bretonne. Néanmoins, au moment de l'éclatement du PAB(Parti Autonomiste Breton) et de la scission du mouvement politique breton entre fédéralistes et nationalistes indépendantistes du Parti National Breton (PNB), Yann Sohier et Jean Delalande, adhèrent au PNB. A la mort de Yann Sohier, Jean Delalande, dont le pseudonyme
d'écrivain, de journaliste et de militant breton est Yann Kerlann, qui écrit les articles d'histoire et de mathématique en breton de la revue « Ar Falz », devient secrétaire général d'Ar Falz, désigné par le fondateur avant sa mort. A ce titre, il aura l'occasion d'adapter « L'Internationale » en breton pour la revue « War Sao », revue des Bretons émancipés proche du Parti Communiste dirigée par Marcel Cachin depuis Paris.
« Ar Falz » va être mis en sommeil pendant la guerre, et ses militants vont prendre des directions parfois opposées.
Jean Delalande, selon Françoise Morvan, aurait été en Allemagne avec Mordrel et Debauvais en juin 1940, assistant notamment à un meeting d'Hitler et à un défilé des Jeunesses Hitlériennes. Avec ceux-ci, l'avocat Le Helloco et le linguiste Roparz Hemon, il fait partie de ces dirigeants nationalistes bretons qui ont avec la bienveillance des autorités allemandes rassembler des prisonniers bretons sympathisants de la cause autonomiste ou indépendantiste pour constituer un embryon d'armée bretonne pouvant servir contre une éventuelle résistance de l'Etat français.
Après avoir enseigné brièvement à Cleden Cap Sizun à son retour d'Allemagne, il ouvre à l'automne 42 avec sa femme à Plestin la première école privée dont l'enseignement est entièrement en breton.
Cette école était financée par l'hebdomadaire « L'heure bretonne » et la revue de Roparz Hémon, Arvor, puis, plus compromettant encore, grâce à Célestin Lainé, par une partie de la solde des soldats du Bezen Perrot, qui ont le statut de policiers allemands affectés au SD, renseignements militaires. 500 F, sur la solde de 4000 F des membres du Bezen Perrot, est versé au fond « Debauvais », en fait destiné à l'école bretonnante de Plestin.
D'ailleurs, pendant les deux ans d'existence de l'école bretonne de Plestin, les élèves seront tous ou presque des enfants de militants nationalistes bretons, dont plusieurs enfants de membres du Bezen Perrot.
A la Libération, Jean Delalande est arrêté, incarcéré un temps au Collège du Château à Morlaix, déchu de ses droits civiques par le Tribunal de Quimper, interdit d'enseignement et de séjour dans le Finistère de manière temporaire. Il va vivre en région parisienne et sa maîtrise de cinq langues, dont le chinois, lui permettent de devenir cadre à Air France. Il revient ensuite en Bretagne et vit à Morlaix avec sa seconde femme. Il meurt à Morlaix en 1969 et est enterré au cimetière Saint-Charles.
Des jeunes bien éduqués...
Des membres du PNB pour la plupart, des anciens des Bagadoù et Strolladoù Stourm ou du Service Spécial de Lainé pour les dirigeants. « Le Bezen ne recrute pas n'importe qui : il faut être de race bretonne et nationaliste. Le PNB, et surtout les Bagadoù Stourm, sont donc un passage nécessaire ». Selon Ronan Caerleon, Yann Goulet dira de son exil irlandais : « La presque totalité des membres de la Formation Perrot étaient des anciens volontaires et lieutenants des Bagadou qui comptait alors près de quatre-cents membres ».
Kristian Hamon a identifié 66 membres clairement reconnus du Bezen, auxquels on pourrait ajouter quelques recrues tardives. Sur 60 membres dont il a été possible de définir le lieu de naissance, 16 sont originaires des Côtes-du-Nord, 14 du Morbihan, 13 du Finistère, 10 d'Ille-et-Vilaine, 5 de Loire-Inférieure, et 2 hors de Bretagne. Sébastien Carney parle lui d'entre 70 et 80 membres du Bezen Perrot à un moment où à un autre. Mordrel parle lui de 72 hommes qui auraient accepté d'intégrer la Formation.
En 1944, la moyenne d'âge des membres du Bezen Perrot, où l'on ne peut s'engager sans autorisation parentale qu'à partir de 17 ans, est de 22 ans. Pour Kristian Hamon, « cette jeunesse s'explique essentiellement par l'instauration du Service obligatoire du travail (STO), le 16 février 1943. C'est en effet parmi les trois classes d'âge : 1920, 21, 22, mobilisés par Pierre Laval pour aller travailler en Allemagne que le Bezen, comme la Milice ou les maquis, recrute l'essentiel de ses effectifs »1.
Les éléments les plus jeunes, lycéens ou étudiants de moins de 18-19 ans, ne participeront pas aux opérations contre les maquis mais se contenteront de monter la garde au siège de la formation rue Lesage.
Kristian Hamon cherche aussi à définir le niveau social et scolaire des membres du Bezen Perrot, dont la motivation ne semble pas être pour la plupart d'entre eux l'intérêt personnel lié à la rapine ou à la solde de 4000 F par mois (un professeur gagne 2500 F à l'époque, mais il faut enlever 1800 F de nourriture, les repas sont pris au siège du SD) : « Compte tenu de cette jeunesse des gour, il ne faut évidemment pas s'attendre de leur part à une situation sociale bien établie. Comme dans toutes les « milices » du moment, le Bezen a son lot d'individus à faible qualification professionnelle et autres « dilettantes » séduits par une solde assez intéressante, mais ils ne sont pas très nombreux. Parmi la quarantaine de membres dont il a été possible de définir le statut social ou la profession, on trouve huit étudiants, cinq lycéens, quatre instituteurs, un ingénieur, un Saint-Cyrien, trois employés, six ouvriers, un fils d'agriculteur, cinq employés par les Allemands (Kriegsmarine ou organisation Todt), quatre « sans profession bien définie » et un représentant, en fait intermédiaire entre affairistes du PNB et occupant. L'échantillon est faible, mais si on le compare aux autres milices de l'époque, le niveau intellectuel du Bezen est plutôt élevé. La LVF, par exemple, recrute essentiellement dans la très petite bourgeoisie et le lupenprolétariat. Sur un échantillon de 200 légionnaires, 90 % exercent une profession manuelle ».
Bon nombre des membres du Bezen ont leur baccalauréat, certains lisent Nietzsche, Ernst Von Salomon, Ernst Jünger, comme le note Gilles Eskob, dans ses souvenirs du Bezen publiés par Ronan Caerleon (« Le soldat maudit. Souvenirs vécus d'un soldat du Bezen Perrot contés par lui-même »). Les influences idéologiques sont Stur mais il y a d'autres titres de presse qui peuvent véhiculer les idées racistes et totalitaires et qu'ont lu des jeunes comme Eskob comme « Je suis partout » et « La Gerbe ». Il y a un clivage, selon le même ancien du Bezen, entre des jeunes plutôt catholiques conventionnels, venant notamment du Vannetais, et les tenants de la foi celticle, le cercle fermé autour de Lainé.
Kristian Hamon distingue plusieurs types de motivations pour l'engagement dans le Bezen Perrot : les plus anciens le font dans une continuité idéologique, nationaux-socialistes, anti-démocrates, et séparatistes convaincus, certains des plus jeunes le font pour venger l'abbé Perrot et protéger l'ordre traditionnel contre les « terroristes communistes », d'autres aussi pour échapper au STO même s'ils ont la base des convictions nationalistes et d'extrême-droite. .
Les hommes du Bezen Perrot :
- Célestin Lainé « Hénaff », 43 ans. Lainé ne participe pas aux sorties de l'Unité Perrot. Contrairement à ses hommes, il n'a pas signé d'engagement au SD. Il est installé à l'écart des
hommes du Bezen, au 29 quai d'Ille-et-Rance à Rennes et son rôle s'en tient à dispenser la « métaphysique » du groupe. Vivant dans une atmosphère mystérieuse, parlant peu, ayant derrière lui le prestige du combattant et du chef de la première heure, il impose l'admiration à ses hommes, même si il y a une fracture entre le premier cercle d'état major, ses disciples acquis à sa mystique nordique ou celtique, et les simples gour, dont certains sont des catholiques plus traditionnels. Les chefs- Alain Heussaf, Jasson, Péresse, Louis Feutren, Mabinog - se lèvent tard, se font servir le café au lit à 10h, marquent la distance à l'égard de la troupe, ayant la même attitude hautaine que des aristocrates prussiens de l'armée allemande.
Sébastien Carney rapporte les propos d'une lettre de Olier Mordrel, qui n'aimait pas beaucoup Lainé, à Hervé Le Boterf (15 octobre 1968), à propos du témoignage d'un ancien de la formation Perrot à propos de l'attitude de Lainé dans une situation de combat, et ce n'est pas vraiment reluisant pour lui : « Guyomard, actuellement photographe prospère à Galway, me racontait qu'un jour, un camion de la Perrot, qui suivait un convoi allemand tomba avec lui dans une embuscade du maquis. Lainé par pur hasard se trouvait à bord. Les hommes, bien dressés, se jetèrent dans les fossés, mettant leurs armes en batterie, tandis que le sorcier, affolé, courait en zigzag dans le champ, un colt à la main, tirant dans tous les sens. De leur position « ses » hommes criaient : « Tire-toi de là, eh con, tu vas te faire bouziller ! » (Sébastien Carney, Breiz Atao ! Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : une mystique nationale (1901-1948), PUR, p.523)
Lainé, qui affecte de réprouver les tortures et violences inutiles sur les prisonniers, et qui s'alarme parfois du degré de violence de ses hommes, porte une très lourde responsabilité, non seulement par le choix de créer cette unité de la SS, mais par ses discours jusqu'au-boutistes et ses déclarations sur la nécessité de s'élever au-dessus de la morale commune pour des guerriers qui constituent l'élite de la nation bretonne, et des demi-dieux en puissance, par son éthique anti-démocratique et anti-humaniste. Ainsi, en juillet 1944, Lainé exhorte encore ses hommes à braver la haine du peuple, àn n'avoir pour les masses que du dédain. Ils auraient, après une victoire allemande, le peuple à leurs pieds, « comme un chien battu et tremblant ». Dans le même esprit, Gilles Eskob rapporte ces propos de Lainé dans son témoignage « Le soldat maudit. Souvenirs vécus d'un soldat du Bezen Perrot contés par lui-même » :
« Célestin Lainé apparaissait de temps à autre pour nous haranguer :
- Nous ne devons pas nous préoccuper de savoir qui est contre nous... Tout le monde est contre nous... La foule est femelle. Si l'on ne peut s'en faire aimer, il faut s'en faire craindre ».
L'état-major de l'Unité Perrot comprend :
- Jean Chanteau « Mabinog », responsable du renseignement, chargé du service d'enseignement et de l'organisation technique des opérations. Moins arrogant avec la troupe que les autres, et moins soumis à Lainé, plus indépendant, aux dires de Guyomard.
- Louis Feutren « Le maître », qui assure le secrétariat et qui est chargé de la surveillance des incorporés et de leur contrôle pour éviter les défections. Il a 22 ans, né en 1922 à Pleubihan, étudiant en droit. C'est un exalté qui idolâtre Lainé qu'il suivra en Allemagne.
- Léo Jasson « Gouez », 23 ans, étudiant en droit et ancien séminariste particulièrement cultivé qui récite par cœur des passages de Stur. Il appartenait aux Bagadoù Stourm et au PNB. Devient chef de section dans le Bezen. « Considéré comme hautain et méprisant par ses camarades, il est sur tous les coups durs et sera blessé lors de l'attaque d'un maquis. Évacué par les Allemands, son convoi sanitaire parviendra, après bien des péripéties, en Allemagne. Rétabli, Jasson intégrera la Waffen SS et sera fait prisonnier ». Mordrel parlera après guerre d'une cinquantaine d'exécutions de résistants à l'actif de Léo Jasson (?), sur 200 en tout attribuées au Bezen Perrot par l'ancien chef de Breiz Atao.
Responsables de la Formation dans les opérations militaires :
- Ange Péresse « Cocal » - le vrai chef d'opération, qui donne de sa personne dans les tortures, les bastonnades.
Son adjudant Yann Laizet (ou Le Nezet) « Stern » qui sera tué en opération
- « Gwirieg », 21 ans, de Loudéac, étudiant en droit quand il intègre le PNB.
- Alain Heussaf « Professeur » ou « Rouat », né en 1921 à Saint Yvi, 23 ans, instituteur membre du PNB depuis 1938. Ancien du Kadervenn, des Bagadoù Stourm, du Service Spécial. Engagé depuis le départ dans le Bezen Perrot.
Les autres soldats du Bezen sont d'abord divisés en groupes de cinq hommes hiérarchisés (deux groupes de choc, deux groupes de protection, 4 groupes de renforts) qui portent des noms à consonnance celtique : « Gradlon », « Dahud », « Cadoudal », « Budoc », « Lealded », « Mac Bride »...
Il y a encore :
- « Bleiz », la brute, qui utilise la cravache contre les prisonniers
- Jacques de Quélen
- « Targaz », né à Paris mais élevé à Baud chez sa grand-mère, est âgé de 17 ans quand il adhère au Bezen. C'est le compagnon fidèle de Léo Jasson avec qui il est de tous les coups durs. Comme son ami, il sera blessé non loin de Rennes alors qu'il tentait de s'évader du Bezen. Transféré en Allemagne par ambulance, il s'engagera dans la Waffen SS en Allemagne et sera capturé sur le front de l'est. Il sera condamné à la perpétuité.
- « Cadoudal », 18 ans, né en 1926 à Auray, lycéen brillant lit « Breiz Atao » dès 1938 et adhère au PNB en 1943 dans la fraction la plus dure de Catteliot. Il ne participera à aucune opération contre la Résistance et désertera en même temps que « Lizidour » et « Rual ». Il bénéficiera de l'indulgence des juges à qui il donne beaucoup d'informations sur les membres et le fonctionnement du Bezen.
- « Rual » ou « Le Mousse », né le 21 août 1927 au Mans, est sans doute, selon Kristian Hamon, le plus jeune membre de la formation Perrot. Il était membre de la section mancelle des Bagadoù Stourm quand il intègre le Bezen en juin 1944, montant des gardes rues Lesage.
- « Guével » de Pluguffan, aussi un instituteur, camarade de Heussaf. Comme ce dernier, il suivra Lainé en Allemagne.
- « Collet » : né en 1923 à Plumiliau, instituteur et bon bretonnant. Ancien séminariste, il s'engage en décembre 1943, restant catholique, et suivra le Bezen en Allemagne. Il s'exilera ensuite en Irlande.
- « Le Maout », 31 ans, de Plougastel-Daoulas, était instituteur intérimaire à Plumiliau. Il intègre le Bezen en janvier 1944 et suivra le groupe en Allemagne.
- « Stern » Joseph Le Berre
- « Marcel » né en 1921 à Lezardrieux, est étudiant en lettres à Rennes au début de l'occupation. Marié et père d'un enfant âgé de deux ans en 1944, il est hébergé avec sa femme par une tante à Fougères. C'est lui qui tout en ayant commencé à avoir des activités de résistance en tant qu'agent allemand fait tomber le groupe de résistance de M. Gallais, le gardien du château de Fougères. 14 résistants seront déportés en Allemagne pour y être jugés et condamnés à mort. Après ses hauts faits, « Marcel » a servi d'interprète pendant deux ans à la Feldkommandantur de Rennes et c'est en tant qu'agent de renseignement du SD qu'il intègre le Bezen.
- « Héric », 25 ans en 1944, né en 1919 à Langeais, entré au Séminaire alors qu'il était étudiant en philosophie à Nantes. Il quitte le Séminaire en raison de son état dépressif (son père s'était suicidé, ainsi que son grand-père et un oncle). Devient concierge de la LVF de Nantes en 1942 avant de rentrer au service de Goasdoué, minotier et responsable du PNB à Nantes. Il épouse la sœur de
Chanteau, « Mabinog », en 1944.
-« Heussaf » ou Georges Pinault », autrement connu sous le nom de plume de Goulven Pennaod: jeune bachelier particulièrement intelligent et érudit. Pinault trouvera le moyen de dénoncer un camarade de lycée comme réfractaire au STO.
- « Gilles Eskob » de Redon, un ami de Christian Le Part du PNB, exécuté par la Résistance en 1944, c'était un dur du PNB et un intime de Lainé. Acquis très tôt aux idées autonomistes, lecteur de « Breiz da Zont » de Théo Jeusser, de « Breiz Atao », de « l'Histoire de Bretagne de Danio ». Animateur de la section de Vannes du PNB dès 1941, il vend « L'Heure Bretonne » dans la région de Baden et du Bono.
- Alphonse Le Boulc'h « Jan », un ancien de la section PNB de Pontivy, 37 ans, qui répare les voitures du SD et du Bezen, dont il est le chauffeur attitré du camion portant l'inscription « Moulins Édouard Logeais ».
- « Morel » fondateur avec Théophile Jeusset du Parti nationaliste intégral de Bretagne, a 31 ans. Mobilisé en 1939, puis prisonnier de guerre, il est libéré sur intervention du PNB.
- « Mareg », 32 ans, de Châteaugiron, est un ami de Morel, qui adhère au PNB en 1940 après de travailler pour une firme allemande à Guernesey en 1942. Il revient en Bretagne en mai 19423 et travaille pour la Kriegsmarine. Yves Delaporte le présente à un officier du SD pour l'envoyer comme agent de renseignement dans les îles Anglo-normandes, mais Lainé entend le faire intégrer le Bézen. « Mareg » participera à plusieurs opérations de « nettoyage »é contre les maquis avant de fuir en Allemagne.
- « Moreau », 23 ans, né à Pleine-Fougères, d'abord engagé dans la LVF en 1941, il s'en évade en 1943, participe au camp des Bagadoù Stourm en août 1943 à Landivisiau. Lui aussi suivra le groupe en Allemagne.
- « Le Trier » de Brest, né en 1921, fait de la propagande pour le PNB dans son lycée puis sert d'agent entre les Allemands et les affairistes du PNB, vivant dans une maison réquisitionnée par les Allemands à Rochefort-en-Terre.
- « Braz », de Guiscriff, fils d'agriculteur, 22 ans quand il entre au Bezen après avoir adhéré au PNB en 1942.
- « Kéméneur », de Baud, comptable, 25 ans quand il entre au Bézen après avoir été adhérent du PNB depuis 1940
- « Peltan », 23 ans, comptable de l'organisation Todt à Lorient, il entraîne « Coquet » au Bezen, de l'organisation Todt de Saint Nazaire, réfractaire du STO. Un « dur » qui suivra Lainé en Allemagne.
- « Lizidour », né en 1917 à Maël-Carhaix, s'engage au PNB dès 1932, participe à l'instruction donnée par Lainé au manoir de Kerriou en 1940. En juin 1943, il rentre dans la LVF et combat sur le Front russe puis rentre en France en mai 1944. Considéré comme déserteur par la LVF, il se met à l'abri au Bezen le 6 juin 1944 et désertera deux mois plus tard.
- « Gwinver », né en 1921 à Plonéour-Lanvern, ancien du chantier Todt de Tréguennec, réfractaire du STO
- « Mikaël », né en 1923 à Plobannalec, adhère au PNB dans le Pays Bigouden sous la pression de son cousin « Gonidec ». Il entre au Bezen alors qu'il était chômeur.
- « Docteur », né à Peumerit-Quintin en 1922, il rencontre Péresse à Ploumilliau alors qu'il est réfractaire du STO. C'est le fourrier du groupe.
- « Ferrand » né en 1921 à Plouguiel, est orphelin l'âge de 17 ans. Recruté par le PNB de Lannion, vendeur de « L'Heure bretonne », il est recruté au Bezen par Feutren.
- « Jégou », né en 1926 à Locqueltas, adhère au PNB sous l'influence de ses sœurs en 1942 alors qu'il étudie au collège Saint-François Xavier de Vannes. L'une de ses sœurs fréquente Maurice Lemoine, secrétaire de la section locale du Parti. A l'hiver 1943, il adhère au Bezen alors qu'il avait abandonné ses études et qu'il avait été placé par ses parents chez un mareyeur de Concarneau. Fin avril 1944, le jeune « Jegou » se tire volontairement une balle dans la cuisse, ce qui lui vaut une hospitalisation de deux mois à l'hôpital allemand d'Auray. Il est arrêté chez ses parents le 22 août
1944.