Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 juillet 2021 2 27 /07 /juillet /2021 05:31

 

Alors que les carburants d’origine agricole ne représentent pour le moment que 3 % de la consommation mondiale contre 97 % pour ceux tirés du pétrole, cela suffit pour entretenir la spéculation sur le maïs et le soja. Du coup, le réchauffement climatique venant aussi perturber les récoltes, on constate une augmentation de la malnutrition et de la famine dans les pays pauvres. Directeur à Genève du bureau de la FAO, Dominique Burgeon en appelle à la responsabilité des chefs d’États et de gouvernements.

Par Gérard Le Puill

Tandis que le variant Delta de la Covid -19 fait progresser la pandémie à travers le monde, les effets de cette dernière sur la production et la commercialisation des produits agricoles font progresser la sous-alimentation et la faim, notamment dans les pays pauvres. Selon la FAO, l’agence spécialisée des Nations Unies, « en 2020, entre 720 et 811 millions de personnes dans le monde a été confrontée à la faim, soit environ 118 millions de personnes de plus qu’en 2019 ». Plus de la moitié de ces personnes sous-alimentées vivent en Asie, plus du tiers en Afrique et 8 % en Amérique latine. Mais la sous-alimentation existe aussi dans les pays capitalistes développés, même si cela se voit peu en raison du rôle joué par des associations caritatives. On constate en France une augmentation sensible des aides alimentaires dans les antennes du Secours Populaire Français, du Secours catholique, de la Fondation Abbé-Pierre et d’autres.

Dans certains pays, les conséquences des conflits armés se cumulent avec d’autres, imputables au réchauffement climatique. C’est notamment le cas au Yémen ; en Éthiopie dans la région du Tigré, au Soudan du sud avec certaines régions en proie à la guerre civile. À Madagascar, les sécheresses à répétition accompagnées de tempêtes de sable n’en finissent pas de réduire les récoltes au point que les habitants en viennent à manger des criquets et des feuilles de cactus.

Retard de » croissance pour 120 millions d’enfants

Selon Dominique Burgeon, directeur à Genève du bureau de la FAO, « dans certains pays, particulièrement les plus pauvres, où on a mis en place des mesures pour éviter la pandémie, les restrictions de déplacement ont empêché les petits agriculteurs d’écouler leurs productions sur les marchés », les privant aussi de revenu pour acheter des denrées qu’ils ne produisent pas. Inversement, « au niveau des villes, il a eu des problèmes d’approvisionnement » qui ont débouché sur des augmentations de prix, notamment dans les pays du Sahel.

Toujours selon Dominique Burgeon, quelque « 660 millions de personnes supplémentaires » pourraient souffrir de la faim en 2030, en partie à cause des effets à long terme de la pandémie de Covid-19 sur la sécurité alimentaire mondiale. Il note aussi que « 149 millions d’enfants de moins de cinq ans sont affectés par un retard de croissance » à cause de la malnutrition, avant de lancer cet avertissement : « Les sommets sur les systèmes alimentaires et sur la nutrition qui se tiendront dans les prochains mois sont des opportunités de remettre ces questions-là sur le devant de la scène et qu’il y a des approches beaucoup plus délibérées au niveau global pour mettre en place des portefeuilles de politiques et d’investissements qui permettent à terme de changer cette situation ».

40 % du maïs américain sert à produire de l’éthanol

Voilà qui est fort souhaitable. Mais à observer l’orientation spéculative des marchés alimentaires mondiaux face aux risques de pénurie, ce n’est pas ainsi que les choses se passent pour l’instant. On a pu observer que le prix mondial de la tonne de maïs avait augmenté de 50 % en quelques mois. On sait moins qu’aux États Unis, 40 % de la production de cette céréale, qui entre dans l’alimentation humaine comme dans celle du bétail, sert désormais à produire de l’éthanol pour faire rouler les véhicules. La même tendance est observable sur le soja brésilien et même sur le colza français pour produire du diester destiné aux moteurs diesel. Ces hausses brutales et fortes des prix des denrées agricoles pouvant être transformées en carburants réputés verts sont de nature à renchérir la production alimentaire dans les prochaines années au point de la rendre inaccessible pour un nombre sans cesse accru de ménages ne disposant que de faibles ressources.

Nous en avons déjà la preuve alors que seulement 3 % des carburants utilisés dans le monde sont d’origine agricole et proviennent essentiellement de la canne à sucre, de la betterave, du maïs, des palmiers à huile, du soja, du colza, du tournesol. Une partie vient même du blé qui sert à faire du pain pour les humains pour ce qui est du blé tendre et des pâtes alimentaires pour ce qui est du blé dur. Ajoutons que si ces « carburants verts » émettent un peu moins de CO2 que le pétrole au moment de la combustion dans le moteur, ce bilan est tronqué dans la mesure où il ne prend pas en compte le bilan carbone des labours, des engrais émetteurs de protoxyde d’azote, de l’énergie brûlée lors de la récolte, puis de la transformation en carburant, sans oublier la déforestation massive en Amazonie pour produire plus de canne, de soja et de maïs ; en Asie pour planter toujours plus de palmiers à huile.

Ce terrible constat arrive au moment où les incendies de l’été reprennent dans plusieurs régions du monde, tandis que des inondations catastrophiques sont aussi de nature à compromettre les rendements attendus des récoltes déjà impactées par les gelées du printemps en France et dans plusieurs pays d’Europe.

 

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2021 2 27 /07 /juillet /2021 05:25

 

Après le milliardaire britannique Branson, c’est au tour de l’homme le plus riche du monde, fondateur et ex-PDG d’Amazon, de s’envoler vers l’espace, ce mardi, à bord de sa fusée, avec trois passagers. Un vol aux coûts exorbitants.

Neuf jours après le Britannique Richard Branson, son concurrent milliardaire Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, fondateur et ex-PDG d’Amazon, a décollé à son tour ce mardi, à 15 heures (heure française) dans la fusée de sa société Blue Origin. La date n’a pas été choisie au hasard : le 20 juillet marquait le 52e anniversaire de l’alunissage d’Apollo 11. Partie d’un désert du Texas en direction de l’espace, la fusée avait à son bord trois autres touristes spatiaux, dont l’un a acheté, aux enchères, un siège à un prix exorbitant. Jeff Bezos était accompagné de son frère Mark et de deux passagers, à la fois le plus jeune et la plus âgée des astronautes.

Oliver Daemen, un Néerlandais de 18 ans, titulaire d’une licence de pilote privé, est le premier et seul passager payant de Blue Origin. Il est le fils du patron de la société d’investissement Somerset Capital Partners, qui a été le deuxième plus gros enchérisseur. Le vainqueur des enchères, qui a demandé à rester anonyme a, lui, payé 28 millions de dollars mais il s’envolera lors d’une prochaine mission. L’astronaute la plus âgée, invitée par Bezos, est l’aviatrice de 82 ans « Wally » Funk. Dans les années 1960, elle avait fait partie d’un groupe de femmes sélectionnées dans le cadre d’un programme de la Nasa. « J’avais fait le travail mieux et plus vite que n’importe lequel des hommes, raconte Wally Funk, mais personne ne voulait me prendre. Je ne pensais pas que j’irais là-haut un jour ! »

Bezos préparait ce vol depuis plus de vingt ans avec sa société Blue Origin, qui gère le voyage. Son entreprise a conçu une fusée réutilisable nommée New Shepard, qui possède à son sommet une capsule, dotée de hublots, capable d’accueillir jusqu’à six personnes dans un volume habitable de 15 m3.

Comme prévu, cette capsule s’est séparée de la fusée New Shepard à 75 kilomètres d’altitude, puis a continué son chemin jusqu’à 106 km, juste au-delà de la limite de l’atmosphère terrestre, afin que les quatre passagers puissent flotter quelques minutes en apesanteur et découvrir la courbure de la Terre. La capsule est alors retournée atterrir dans le désert après avoir été freinée dans sa descente par trois parachutes.

À la différence du vaisseau de Richard Branson, qui emploie une technique de propulsion à carburant solide produisant du CO2 (principal responsable du changement climatique), la fusée New Shepard de Blue Origin utilise de l’hydrogène et de l’oxygène liquide dans son moteur. Mais elle pollue, comme tous les vols suborbitaux. En dix minutes, Bezos et ses trois clients ont tout de même émis chacun l’équivalent de 75 tonnes de CO2… « Sur Terre, il y a un milliard de personnes qui n’atteignent pas ces niveaux d’émissions sur une vie entière ! » a calculé l’économiste, Lucas Chancel, ­spécialiste des inégalités et de l’environnement .

Une concurrence effrénée pour privatiser le tourisme spatial

Avec cette aventure, Jeff Bezos inscrit son nom dans l’histoire spatiale américaine. Comme Richard Branson, il a déclaré, qu’il poursuivait un rêve d’enfance. Dans les faits, il se lance dans une concurrence effrénée avec les autres ­entrepreneurs milliardaires pour privatiser le tourisme spatial, voire l’exploration de l’espace. Ses deux rivaux déclarés : Elon Musk, le patron de Tesla, qui a fondé le groupe SpaceX, et Richard Branson, le patron de Virgin Group fondateur de Virgin Galactic, qui a réalisé le premier vol suborbital habité le 11 juillet dernier. La fusée de SpaceX, trois fois plus haute que New Shepard, a déjà été mise en orbite et la mission Alpha de SpaceX vient de retourner sur la Station spatiale internationale avec Thomas Pesquet à son bord.

« Les milliardaires s’amusent… Mais le monde change ! Les propositions de vol spatial de courte durée coûtent cher. Compte tenu des lois de la physique, ils sont très dispendieux en énergie et il y a peu de pistes pour que cette empreinte écologique diminue », regrette Michel Viso, ancien responsable du programme exobiologie du Centre national d’études spatiales (Cnes). Avertissant au passage que la véritable appropriation de l’espace résultera des accords Artemis, qui concernent la Lune : « Les États-Unis font signer en catimini, en bilatéral, par les États, ces accords. Ils prévoient, en contradiction avec le traité de 1967, et quoi qu’en dise leur promoteur, de pouvoir délimiter sur la Lune une zone d’une étendue indéterminée, réservée à l’usage exclusif d’une entité (État ou ­compagnie privée). »

Si le « rêve » spatial de Jeff Bezos s’est accompli, il fera difficilement oublier ce qui se passe sur Terre chez le géant Amazon, où travaillent tant d’intérimaires : en France, ils occupent jusqu’à 64 % des postes les plus dangereux. Et selon le Strategic Organizing Center, une coalition de syndicats américains, près de 6 % des ouvriers ont été victimes d’un accident de travail en 2020. Des drames notamment dus à un système intitulé « Time Off Task » (« Temps non travaillé »), qui repère et signale ceux qui s’arrêtent un moment de travailler et provoque ainsi beaucoup de stress.

Sous couvert de poursuivre un rêve, le tourisme spatial des ultrariches emmenés par Jeff Bezos ressemble plutôt une opération mondiale de communication pour tenter de faire oublier le cauchemar quotidien des précaires surveillés dans les entrepôts d’Amazon.

 

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2021 3 07 /07 /juillet /2021 05:27

 

Le Haut Conseil pour le Climat vient de sortir son rapport annuel visant à évaluer les politiques climatiques de la France et émettre des recommandations. Nous voulons tout d'abord saluer le travail des scientifiques de cet organisme indépendant, véritable juge de paix concernant le respect des objectifs de l'accord de Paris de 2015.

 

Comme les années précédentes, il est très critique vis-à-vis des politiques gouvernementales, et constate que les objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas respectés. Ainsi, de 2015 à 2018, la France a émis près de 65 millions de tonnes de CO2 au-delà de ce qu'elle avait prévu dans sa première stratégie nationale bas carbone (SNCB1). Plus grave, ces émissions en excès, doivent être compensées par des efforts accrus reportés pour les autres périodes de références (de 2019 à 2023 et de 2023 à 2027). Ainsi, à partir de 2021, les émissions devront baisser à un rythme environ 3 fois supérieurs que la période précédente (une baisse de - 3% /an contre - 1,1% constaté pour la période 2015-2018) : la marche est donc très haute !

Le gouvernant est maintenant au pied du mur et  doit cesser cette procrastination consistant à renoncer systématiquement aux efforts, pour mieux les reporter aux décennies futures, s'ajoutant ainsi aux efforts déjà programmé : c'est un cercle vicieux. Au contraire, il doit prendre ses responsabilités et engager dès maintenant les transformations structurelles profondes pour dé-carbonner les secteurs clés du bâtiment et des transports, qui progressent très peu, au lieu de capituler face aux profits à courts termes et aux habitudes bien établies et confortables des entreprises.

Aussi, comme le pointe le rapport, l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050, bien qu'ambitieux ne se limite qu'aux émissions territoriales et ne tient pas compte de l'empreinte carbone qui reflète vraiment les émissions totales de la France (incluant le différentiel de carbone contenu dans les produits et service importés, ainsi que les émissions du transport maritime et aérien international).

50% de notre empreinte carbone provient de biens importés. Si nos émissions de gaz à effet de serre ont bien diminué entre 1995 et 2019 ( -25% ), les émissions issues de biens importés ont considérablement augmentés ( + 72% ).

Le PCF vise l'objectif ambitieux d'une empreinte carbone nulle d'ici 2050, et rejoint ainsi les recommandations du rapport d'accorder plus d'importance à cet indicateur.

Dans les mois qui viennent, le Parti communiste veillera à ce que les préconisations de ce rapport soient vraiment entendues et appliquées, en particulier son appel à des transformations profondes de tous les secteurs de l'économie par un investissement public ambitieux. Le PCF propose d'ailleurs pour réussir une telle transformation, une réorientation des financements des entreprises par les banques sur des critères favorisant les mesures efficaces pour le climat.

C'est avec cet ambition que nous pourrons espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré d'ici 2100.

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2021 5 21 /05 /mai /2021 05:35

 

Conférence en ligne en date du 11 mars 2021, organisée dans le cadre du cycle de conférences "Urgence Climatique : un défi scientifique, politique et social". Céline Guivarch est membre du Haut conseil pour le climat, ingénieure diplômée de l'École Polytechnique et directrice de recherche au CIRED

Partager cet article
Repost0
20 mai 2021 4 20 /05 /mai /2021 05:33

 

Conférence en ligne en date du 4 février 2021, organisée dans le cadre du cycle de conférences "Urgence Climatique : un défi scientifique, politique et social". François-Marie Bréon est climatologue, ancien auteur du GIEC et auteur du livre Réchauffement climatique, éditions Humensciences, 2020.

Partager cet article
Repost0
5 avril 2021 1 05 /04 /avril /2021 05:27

 

Un texte de la Commission européenne, titré « Un pacte vert pour l’Europe » et « Green deal » en langue anglaise, propose aux pays membres de l’Union d’atteindre neutralité carbone en 2050. Mais, tout en multipliant les accords libre-échange avec des pays tiers sur fond de dumping social et environnemental, la Commission prétend qu’une taxe carbone aux frontières communes de l’Union contribuera grandement à l’accomplissement de ce miracle écologique. En oubliant que le tribunal arbitral de l’OMC s’y opposera.

Par Gérard Le Puill

 

Pour atteindre la neutralité carbone dans moins de 30 ans, les membres de la Commission européenne brandissent une recette miracle. Il s’agit de la taxe carbone, laquelle fonctionne déjà en Europe pour les entreprises industrielles les plus émettrices de gaz à effet de serre. Chacune dispose d’un quota annuel de CO2 à ne pas dépasser. Quand une entreprise ne consomme pas sur une année la totalité de son quota, elle peut vendre le reliquat disponible à une autre qui aura été moins vertueuse durant la même année.

L’union européenne mettait en place ce marché en janvier 2005. Il impliquait 11.000 centrales électriques et autres sites industriels parmi les plus polluants. Ce système devait déboucher, via une diminution annuelle des quotas attribués, sur une diminution globale des émissions de CO2 dans les pays membres de l’Union. Ce ne fut pas du tout le cas. Car, en pratique, il suffisait pour ces firmes industrielles de réduire leurs émissions de CO2 sur le sol européen en délocalisant des usines dans des pays à bas coûts de main-d’œuvre. Du coup, elles avaient du carbone à vendre. Beaucoup d’entre elles l’on fait pour produire à moindre coût, augmenter leur rentabilité, tout en polluant davantage sous d’autres cieux.

Quand la tonne de CO2 passait de 30€ à 5€

Il n’est pas nécessaire de sortir d’une grande école pour comprendre que cette façon de calculer ne permet pas de réduire les émissions globales de CO2 imputables à la production et à la consommation dans les pays européens. Fermer en France une usine en bon état de marche pour produire les mêmes biens en Inde ou en Turquie, c’est commencer par accroître les émissions de gaz à effet de serre via la construction de la nouvelle usine. Ensuite, si l’alimentation en électricité de cette nouvelle usine se fait par la combustion du charbon - quand la France produit une électricité « décarbonée » à hauteur de 90 % grâce notamment au nucléaire et à l’hydraulique, le bilan carbone de la production délocalisée augmente encore. Quand on réimporte en France en Europe tout ou partie de la production délocalisée sur les bateaux et sur les camions, ce bilan est encore alourdi.

Enfin, comme le système mis en place fut une incitation pour accélérer les délocalisations de production, les grandes entreprises européennes concernées par ce marché du carbone ont été plus vendeuses qu’acheteuses. Du coup, le prix de la tonne de CO2, estimée à 30€ au départ, est vite tombé à 10€, puis à 5€. Mais à lire certains commentaires dont ceux de Jean Tirole, prix Nobel d’économie en 2014- il suffirait d’imposer un prix élevé à la tonne de C02 pour que le système fonctionne à merveille ; quitte à faire tripler le prix du carburant pour le smicard qui a besoin de sa voiture pour se rendre au travail.

Peut-on taxer le carbone en signant des accords de libre-échange ?

Avec son « Green deal », la Commission européenne prétend corriger les défauts de la première expérience en mettant en place une taxe carbone aux frontières de l’Europe sur les produits importés des pays tiers. Parallèlement, cette même Commission, mandatée par les pays membres de l’Union dont la France, continue de négocier des accords de libre-échange avec des pays tiers. Le CETA a été signé entre la Commission et le Canada. Samedi 27 mars, un reportage publié dans le journal de 19H30 sur France 3 montrait que la France importait de plus en plus de lentilles du Canada. Car ce pays augmente ses rendements et gagne en compétitivité grâce à l’utilisation de molécules chimiques de traitement des cultures interdites en Europe. Il en va de même pour d’autres graines dont celle de la célèbre moutarde de Dijon dont la production du département de Côte d’Or a été délocalisée au Canada pour l’essentiel.

Un autre accord a été signé entre la Commission et les pays du Mercosur le 29 juin 2019. S’il entre en application, cela provoquera une nouvelle accélération de la déforestation en Amazonie pour permettre aux firmes de l’agrobusiness d’Amérique du sud de vendre plus de soja, de sucre de canne, de viandes bovines, porcines et de volailles en Europe avec des tarifs douaniers très réduits. D’autant plus que le « Green deal » prévoit parallèlement que l’Europe mettra 10 % de sa superficie agricole en jachère dans le cadre de prochaine réforme de la Politique agricole commune (PAC) afin, dit-on dans le collège des commissaires hors-sol, de « favoriser la biodiversité » sur les terres laissées à l’abandon.

Commençons par changer les règles de l’OMC

On évoque à la Commission la mise en place d’un Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) de l’Europe qui pourrait devenir réalité d’ici deux ans. Mais il va de soi que les pays tiers qui commercent avec l’Europe, saisiront le tribunal arbitral de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) si l’Europe met en place ce nouveau « machin » de manière unilatérale. Dans « Les Échos » du 24 mars dernier, le sujet était évoqué avec beaucoup de prudence en page 6 à travers deux articles. Il en ressortait que la partie est loin d’être gagnée pour l’Europe. La veille, en page 9 de ce même journal, un article consacré au même sujet évoquait les mesures de rétorsions que ne manqueraient pas de prendre les pays tiers et se terminait ainsi : « En chamboulant le paysage commercial international, la taxe carbone aux frontières risque bel et bien d’ouvrir la boîte de Pandore ».

C’est ce que la Commission fait semblant de ne pas voir alors qu’elle négocie actuellement d’autres accords de libre-échange dont un avec l’Australie. Or ce pays est un gros exportateur de charbon très émetteur de CO2. L’Australie exporte aussi des viandes bovines et ovines en Europe, et le gel de 10 % de nos terres agricoles lui ouvrirait de nouveaux débouchés.

Décidément, les voyages en « Absurdie » partent surtout de Bruxelles ces dernières années.

 

Partager cet article
Repost0
27 mars 2021 6 27 /03 /mars /2021 09:08
Le 28 mars marchons pour une vraie loi climat:
14 h Place de la Liberté à Brest
10 h 30 de la place des Otages à Morlaix,
11 h, parc du Bel-Air à Quimperlé,
  14 h, zone de Lumunoch à Briec.
 
Le lundi 29 mars, le gouvernement présentera son projet de loi « climat et résilience », à l’Assemblée nationale, censé reprendre une partie des travaux de la Convention citoyenne pour le climat.Ce texte de loi est bien en deçà des objectifs fixés par l’assemblée citoyenne. En l’état, il ne permettra pas d’atteindre la baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre.
 
Les mesures les plus structurantes proposées par la Convention concernant la rénovation globale des bâtiments, la réduction de l’empreinte carbone des grandes entreprises, la régulation du trafic aérien ou de la publicité, l’abandon du CETA et le renforcement du droit environnemental sont repoussées à plus tard ou vidées de leur substance.
 
Alors que certains pays ont revu à la hausse leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la France laisse le peloton des nations les plus vertueuses s’échapper en n’étant pas capable d’accélérer, elle aussi, le mouvement !
 
Au début du mois de février, la justice a condamné l’État pour inaction climatique. Le tribunal de Paris a reconnu la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, et jugé illégal le non respect de ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et le juge responsable de préjudice Écologique.
Le PCF tient l'exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat !
La Fédération du Finistère du PCF appelle à participer aux marches  pour une vraie loi climat à 14 h Place de la Liberté à Brest,10 h 30 de la place des Otages à Morlaix, 11 h, parc du Bel-Air à Quimperlé, 14 h, zone de Lumunoch à Briec.
 
Les communistes appellent à agir pour une relocalisation de nos productions pour réduire les besoins de transport longue distance des marchandises
Ils se prononcent pour un service public ferroviaire, fret et passager, en réduisant notamment le prix du billet SNCF pour les usagers , la gratuité des transports en commun, un plan de rénovation des bâtiments  de 10 milliards d’euros/an ,l'arrêt du projet HERCULE visant à privatiser la production d’énergie, le rejet des accords de libre-échange type CETA et MERCOSUR et l'adoption d’une loi favorisant les circuits-courts ,la création d’un pôle public de l’énergie.

 

 

Partager cet article
Repost0
12 mars 2021 5 12 /03 /mars /2021 06:38

Alain Pagano présentait lundi dernier devant le CEN (Conseil Exécutif National du PCF) le rapport sur l’actualité de la “loi climat”. Extraits.

 

 

Voyons concrètement ce projet de loi de transcription des mesures de la convention citoyenne. La transcription « sans filtre » a fait long feu, puisque, on s’en souvient, le Président a fait valoir d’emblée trois « jokers » :

  • Sur la limitation de vitesse à 110 km/h ;
  • Sur la taxe sur les dividendes (proposition que les entreprises qui distribuent plus de 10 millions d’euros de dividendes annuels participent, chaque année, à l’effort de financement de la transition écologique à hauteur de 4 % et celles dont les dividendes sont inférieurs ou égaux à 10 millions d’euros à hauteur de 2 %) ;
  • Sur la modification du préambule de la Constitution (nous y reviendrons plus tard).

D’autres propositions ont été enterrées par l’exécutif, dans les jours et mois suivants, parmi lesquelles : la fin des liaisons intérieures substituables par les trajets en train de moins de 4 h (E. Macron, 29 juin), la baisse de la TVA sur les billets de train (Bruno Le Maire, 30 juin), la régulation de la publicité sur les produits très polluants (Bruno Le Maire, 30 juin), la prise en compte du poids du véhicule dans le malus automobile (Bruno Le Maire, 28 septembre), l’augmentation de l’écocontribution sur les billets d’avion (Jean-Baptiste Djebbari, 21 septembre), la mise en œuvre d’une obligation de rénovation à destination des bailleurs (E. Macron, décembre).

Cela a alimenté la défiance et l’idée que les citoyens ne sont pas écoutés. Et que la promesse initiale est loin d’être tenue.

Ce à quoi le gouvernement répond qu’il considère avoir mis en œuvre 75 des propositions de la Convention citoyenne et que 71 autres sont en voie de l’être, à travers les mesures du plan de relance ou de la loi de finances, d’autres encore dans des décrets et une quarantaine dans le projet de loi qui vient en discussion. Si nombre de mesures peuvent être vues positivement en soi, ce qui pose problème, c’est l’ambition. Le gouvernement joue petit braquet ! Et donc cette réponse n’éteint pas les critiques, avec l’accusation (fondée) de censure d’un certain nombre de propositions, d’ambitions revues à la baisse pour nombre d’autres, voire différées ou d’application incertaine à terme rapproché. Ainsi, les membres de la Convention citoyenne ont jugé très sévèrement le gouvernement sur la mise en œuvre de leurs propositions (exécutif noté 3,3/10 de moyenne générale en réponse à la question : « Dans quelle mesure les propositions du gouvernement relatives aux propositions de la CCC permettent-elles de s’approcher de l’objectif de diminuer d’au moins 40 % d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale ? »

Au-delà de la Convention citoyenne, le CESE, le Haut Conseil pour le Climat (HCC), le Conseil national de la transition écologique (CNTE) et les ONG (Réseau Action Climat, Greenpeace, FNE, WWF…) ou les associations telles que la Fondation Abbé-Pierre, sont extrêmement critiques à l’égard de ce texte, et ne croient pas que ce projet de loi se donne réellement les moyens d’atteindre l’objectif bas carbone affiché.

Le Parti, à travers ses interventions de parlementaires comme dans ses prises de parole publiques, doit, me semble-t-il, tenir cette exigence d’une politique volontariste pour lutter contre le réchauffement climatique, d’un changement de braquet, de mesures transformatrices : c’est le système qu’il faut changer, pas le climat : continuons à être au diapason de ses exigences transformatrices !

Objectif pratique : Je propose que nous participions, et que ce soit su et visible, aux manifestations prévues le 28 mars à l’appel de Cyril Dion, garant des conventionnels, afin d’obtenir une loi à la hauteur des nécessités.

Projet de référendum

La Convention proposait de modifier le Préambule de la Constitution pour y inscrire l’ambition d’une politique climatique. Le Président y répond presque mot pour mot en proposant dans le projet de loi la phrase soumise à référendum en ces termes : « Elle (la République) garantit la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et lutte contre le dérèglement climatique. »

En outre, la Convention proposait de prioriser ce principe sur les autres principes dans le préambule de la Constitution, en y ajoutant l’alinéa suivant : « La conciliation des droits, libertés et principes qui en résultent ne saurait compromettre la préservation de l’environnement, patrimoine commun de l’humanité. » Cette proposition a fait l’objet d’un veto du Président de la République, qui estimait que : « Telle que proposée, la rédaction menace de placer la protection de l’environnement au-dessus des libertés publiques, au-dessus même de nos règles démocratiques. »

Malgré ce veto présidentiel, la modification proposée par le Président à référendum n’est pas sans poser des questions juridiques. Ainsi, le Conseil d’État a formulé un avis très réservé et recommandé au gouvernement d’indiquer plus précisément, dans l’exposé des motifs du projet, les effets juridiques qu’il attend de la réforme, notamment sur la conciliation entre la préoccupation environnementale et les autres intérêts publics. Cela donne écho à des interrogations de juristes, ou d’associations environnementales qui pointent les potentiels régressions ou conflits d’interprétation sachant que la préservation de l’environnement figure déjà dans la Constitution... voire l’inutilité de cette proposition, sachant que la charte de l’environnement a déjà valeur constitutionnelle. Bref, le débat juridique est aiguisé et les termes de la formulation ne sont pas neutres dans leurs conséquences juridiques. (...)

Enfin, je vous donne quelques nouvelles des assises communistes de l’écologie. Nous nous proposons de faire une série de visioconférences thématiques espacées régulièrement (quelles politiques environnementales à l’échelon régional, propositions écologiques en matière de transport, de santé …) qui nous permette de préparer, nous l’espérons, une réunion en présentiel. Celle-ci aurait pour objectif de rédiger un manifeste communiste pour l’écologie, déclaration de principes généraux accompagnée d’un certain nombre de propositions concrètes. 

 

Partager cet article
Repost0
10 mars 2021 3 10 /03 /mars /2021 06:50

 

 

La revue Progressistes est un trimestriel articulant les enjeux du monde du travail, de l’environnement, et les avancées scientifiques et techniques.

Chaque numéro est organisé autour d’un dossier spécifique et des rubriques régulières en lien, plus ou moins distendu, avec l’actualité immédiate.

Nombre de ses articles font appel à des spécialistes dont les préoccupations vont bien au-delà des seuls aspects purs de la science, de la technologie ou de la technique qu’on peut habituellement retrouver ailleurs.

Partager cet article
Repost0
28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 06:19

 

Des vaches qui s’écroulent, un prion dévastateur transmissible à l’Homme... Il y a trente ans, la crise sanitaire partie d’outre-Manche a semé la panique en Europe, notamment en France où le psychodrame a pris un tour très politique. Retour sur un scandale dont toutes les leçons n’ont pas été tirées. 

Depuis le milieu des années 1980, l’encéphalopathie spongiforme bovine (EBS) frappe les vaches laitières au Royaume-Uni. C’est la conséquence d’une baisse de la température de cuisson des farines de viande et d’os introduites à hauteur de 2 % dans les aliments concentrés servis au bétail. Les importations de farines et d’animaux vivants ont fait entrer la maladie en France, où un premier cas est découvert début 1991.

L’encéphalopathie spongiforme bovine est le nom scientifique de la maladie de la vache folle. Elle se traduit par une infection dégénérative du système nerveux central des bovins. Elle est causée par un agent infectieux moléculaire d’un type particulier appelé « protéine prion », nous disent les scientifiques. L’EBS affecte le cerveau et la moelle épinière des bovins et des autres ruminants. Elle provoque des lésions cérébrales qui se caractérisent par des altérations à allure spongieuse visibles au microscope. Chez les animaux malades, les symptômes apparaissent quatre à cinq ans après le début de la contamination, généralement sur des bêtes de 5 à 7 ans, et se traduit par des changements de comportement. La production laitière d’une vache atteinte d’EBS décroît tandis que l’évolution de la maladie débouche sur des troubles de la locomotion. Nous nous souvenons d’avoir vu à la télévision ces vaches tremblantes, peinant à tenir debout, dérapant dans la stabulation et finissant par tomber sans parvenir à se relever.

La maladie a infecté des vaches laitières du Royaume-Uni, au début des années 1980

C’est l’époque où Margaret Thatcher dirige le gouvernement et mène une politique économique ultralibérale. Outre-Manche, comme en France et dans d’autres pays européens, on collecte depuis des décennies les graisses, les os et autres déchets d’abattoirs, mais aussi les carcasses d’animaux morts dans les fermes pour produire ces « farines animales ». Ces protéines entrent à hauteur de 2 % en moyenne dans les aliments concentrés, également composés de maïs, d’orge, de protéines végétales comme les tourteaux de soja, de colza ou de tournesol destinés aux animaux d’élevage que sont les poules pondeuses, les volailles de chair, les porcins, mais aussi les herbivores ruminants que sont les bovins.

Des années durant, cela s’est fait sans conséquences négatives sur la santé des vaches laitières. Initialement, ces farines étaient stérilisées, cuites à une température d’environ 120 °C. Dans le processus de fabrication, une étape d’extraction des graisses par des solvants organiques permettait de détruire d’éventuels prions pathogènes, sans que leur présence dans les tissus ainsi traités soit soupçonnée à l’époque. Mais, en 1981, le procédé de production des farines animales est modifié au Royaume-Uni. On baisse leur température de cuisson à 90 °C. Cette méthode a le double avantage d’obtenir un taux de protéines plus élevé dans ces farines et de réduire le coût énergétique sur les chaînes de production.

Mais la maladie de la « vache folle » est venue de là. Quatre ans plus tard, en septembre 1985, le laboratoire vétérinaire du secrétariat d’État britannique de l’Agriculture signale l’apparition d’une maladie nouvelle aux symptômes étranges sur les bovins du pays. Il faut attendre novembre 1986 pour que la nouvelle maladie soit identifiée sous le nom d’encéphalopathie spongiforme bovine. Mais c’est seulement en 1987 que l’on découvre que la maladie de la « vache folle » provient de l’incorporation dans l’alimentation des vaches laitières de ces farines d’origine animale dont la température de cuisson a été baissée pour réduire leur prix de revient tout en les rendant plus nourrissantes. Entre-temps, dans le cadre des échanges intracommunautaires en Europe, des farines animales britanniques et des génisses de races laitières nées au Royaume-Uni ont été exportées en France et dans les autres pays membres de l’Union européenne. C’est la course au profit qui a tué des vaches et des humains en Europe

La France, avec Henri Nallet au ministère de l’Agriculture, interdit les importations de farines produites au Royaume-Uni en 1989. Mais le mal est fait. Au début de l’année 1991, on découvre un premier cas de « vache folle » dans une ferme laitière des Côtes-d’Armor. À partir de ce moment, le gouvernement ordonne l’abattage de tout le troupeau dans toute exploitation où un cas d’ESB est découvert.

Les choses vont s’accélérer tout au long des dernières décennies

La maladie de la « vache folle » atteint son point culminant au Royaume-Uni durant l’année 1993, avec près de 800 cas par semaine. En 1994, l’Union européenne interdit les protéines issues des tissus de bovins dans l’alimentation des ruminants. En 1995, plusieurs agriculteurs britanniques sont victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et les médias annoncent la possible transmission de l’EBS à l’homme à partir de la consommation de certaines pièces de viande bovine, à commencer par les abats et la moelle épinière. En 1996, la France, suivie par d’autres pays européens, décrète un embargo sur les importations de viande bovine en provenance du Royaume-Uni. Prise de court face à l’émotion grandissante en ­Europe, la Commission de Bruxelles n’ose plus ramer à contre-courant et impose à son tour un embargo total en Europe sur tous les bovins et les produits dérivés provenant d’outre-Manche.

Des mois durant, le dossier de la « vache folle » fait les gros titres des médias et la consommation de viande bovine chute sensiblement en Europe, de même que les cours des bovins sur les champs de foire et les marchés au cadran. Dès 1995, la consommation a diminué de 11 % en Allemagne et de 15 à 25 % au Royaume-Uni. En France, la consommation de viande bovine chute de 25 % en 1996 par rapport à la moyenne des années précédentes. Celle des abats, réputés plus à risques, baisse de 45 %. En Allemagne, la consommation de viande bovine baisse à nouveau de 32 % entre avril 1995 et avril 1996. En Italie, elle baisse de 36 % sur un an. En France, du coup, les débouchés des broutards, ces jeunes bovins de races charolaise, limousine et autres, vendus en Italie, en Espagne, en Grèce et dans d’autres pays pour l’engraissement, se réduisent et les cours s’affaissent.

En 1996, dans l’optique de rassurer les consommateurs sur la traçabilité de la viande bovine, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), avec l’appui de Philippe Vasseur, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Juppé, crée la marque collective VBF (viande bovine française) indiquant qu’un animal est né, a été élevé et abattu en France. L’année suivante est rendue obligatoire l’apposition sur les étiquettes de la provenance de l’animal ainsi que de son type et de sa race afin de mieux informer le consommateur.

Une nouvelle crise éclate en octobre 2000

Un animal suspect est découvert en France à l’entrée d’un abattoir. Du coup, des viandes d’animaux provenant du même élevage et abattus une semaine plus tôt sont rappelées pour être détruites sur décision du distributeur Carrefour, ce qui fait les grands titres des journaux. Le 5 novembre suivant, la télévision diffuse une enquête intitulée « Du poison dans votre assiette » avec le témoignage d’une famille dont un membre est atteint de la forme humaine de la maladie de la « vache folle ». Deux jours plus tard, le président Chirac intervient à la télévision, toutes affaires cessantes, en fin de matinée. Il demande au gouvernement dirigé par Lionel Jospin d’interdire les farines animales dans tous les aliments du bétail en France. On l’avait informé d’une décision imminente du gouvernement dans ce sens. Chirac pensait déjà à la présidentielle de 2002 face à son premier ministre.

Dès 1996, deux jeunes Britanniques de 19 et 25 ans sont morts de ce qui semble être la maladie de Creutzfeldt-Jakob, transmise par le prion de la « vache folle ». En juillet 2012 est publiée une estimation qui fait état de 214 victimes humaines de cette maladie dans le monde, dont 173 au Royaume-Uni, 27 en France, 5 en Espagne, 4 en Irlande, 3 aux Pays-Bas et 2 au Portugal. Le Japon, l’Arabie saoudite, le Canada et l’Italie font état d’un seul cas.

S’agissant des troupeaux de bovins contaminés depuis le début de l’épidémie, leur nombre s’élèverait à 4 950 au Royaume-Uni, 1 488 en Irlande, 954 au Portugal, 951 en France, 538 en Espagne, 369 en Allemagne. Il y en eut 457 en Suisse, un pays qui n’est pas dans l’Union européenne mais qui commerce avec elle. La maladie de la « vache folle » aurait pu être contenue beaucoup plus tôt si le gouvernement conservateur britannique dirigé par John Major entre novembre 1990 et mai 1997 avait informé la Commission européenne et les pays membres de l’Union de la situation réelle dans son pays.

L'accord de libre-échange ratifié en juillet 2019 par Macron

Partout en Europe, on continue à produire des farines de viande et d’os. Il faut bien recycler les déchets des abattoirs et collecter les cadavres d’animaux morts dans les fermes. L’interdiction de ces farines dans l’alimentation des herbivores ruminants est une précaution salutaire – même si, de l’avis des scientifiques, un chauffage de ces farines à 133 °C écarte tout risque de survie du prion.

En revanche, et contrairement à d’autres pays européens qui les servent aux animaux monogastriques (non ruminants), la France continue de les interdire dans l’alimentation des volailles, lesquelles consomment toutes les protéines animales qui leur tombent sous le bec quand elles vivent en liberté, qu’il s’agisse des vers de terre ou des insectes. Et, en même temps, la majorité parlementaire fidèle au président Macron a ratifié en juillet 2019 le Ceta, cet accord de libre-échange qui permet au Canada d’exporter en Europe et en France des bovins qui mangent ces farines. Parallèlement, nos 600 000 tonnes annuelles de farines animales servent désormais de combustibles dans les cimenteries.

Nous vivons depuis un an avec la pandémie du coronavirus que des animaux sauvages auraient transmis aux humains. De temps à autre, on nous informe aussi que des préparations culinaires provenant d’un business porté par des firmes souhaitant développer des élevages industriels d’insectes pourront bientôt nous fournir les protéines d’origine animale que nous donnent aujourd’hui les herbivores ruminants que sont les bovins et les ovins. En attendant, on brûle les farines qui pourraient entrer sans le moindre risque dans le menu des volailles, lesquelles consomment beaucoup de soja, ce qui contribue à la déforestation de l’Amazonie. Ce n’est pas le meilleur chemin pour atteindre la neutralité carbone que l’Europe nous promet pour 2050.

Icon Education Dernier ouvrage paru : « Choses apprises en 2020 pour agir contre la faim », Éditions du Croquant, novembre 2020.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011