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27 juillet 2021 2 27 /07 /juillet /2021 05:31

 

Alors que les carburants d’origine agricole ne représentent pour le moment que 3 % de la consommation mondiale contre 97 % pour ceux tirés du pétrole, cela suffit pour entretenir la spéculation sur le maïs et le soja. Du coup, le réchauffement climatique venant aussi perturber les récoltes, on constate une augmentation de la malnutrition et de la famine dans les pays pauvres. Directeur à Genève du bureau de la FAO, Dominique Burgeon en appelle à la responsabilité des chefs d’États et de gouvernements.

Par Gérard Le Puill

Tandis que le variant Delta de la Covid -19 fait progresser la pandémie à travers le monde, les effets de cette dernière sur la production et la commercialisation des produits agricoles font progresser la sous-alimentation et la faim, notamment dans les pays pauvres. Selon la FAO, l’agence spécialisée des Nations Unies, « en 2020, entre 720 et 811 millions de personnes dans le monde a été confrontée à la faim, soit environ 118 millions de personnes de plus qu’en 2019 ». Plus de la moitié de ces personnes sous-alimentées vivent en Asie, plus du tiers en Afrique et 8 % en Amérique latine. Mais la sous-alimentation existe aussi dans les pays capitalistes développés, même si cela se voit peu en raison du rôle joué par des associations caritatives. On constate en France une augmentation sensible des aides alimentaires dans les antennes du Secours Populaire Français, du Secours catholique, de la Fondation Abbé-Pierre et d’autres.

Dans certains pays, les conséquences des conflits armés se cumulent avec d’autres, imputables au réchauffement climatique. C’est notamment le cas au Yémen ; en Éthiopie dans la région du Tigré, au Soudan du sud avec certaines régions en proie à la guerre civile. À Madagascar, les sécheresses à répétition accompagnées de tempêtes de sable n’en finissent pas de réduire les récoltes au point que les habitants en viennent à manger des criquets et des feuilles de cactus.

Retard de » croissance pour 120 millions d’enfants

Selon Dominique Burgeon, directeur à Genève du bureau de la FAO, « dans certains pays, particulièrement les plus pauvres, où on a mis en place des mesures pour éviter la pandémie, les restrictions de déplacement ont empêché les petits agriculteurs d’écouler leurs productions sur les marchés », les privant aussi de revenu pour acheter des denrées qu’ils ne produisent pas. Inversement, « au niveau des villes, il a eu des problèmes d’approvisionnement » qui ont débouché sur des augmentations de prix, notamment dans les pays du Sahel.

Toujours selon Dominique Burgeon, quelque « 660 millions de personnes supplémentaires » pourraient souffrir de la faim en 2030, en partie à cause des effets à long terme de la pandémie de Covid-19 sur la sécurité alimentaire mondiale. Il note aussi que « 149 millions d’enfants de moins de cinq ans sont affectés par un retard de croissance » à cause de la malnutrition, avant de lancer cet avertissement : « Les sommets sur les systèmes alimentaires et sur la nutrition qui se tiendront dans les prochains mois sont des opportunités de remettre ces questions-là sur le devant de la scène et qu’il y a des approches beaucoup plus délibérées au niveau global pour mettre en place des portefeuilles de politiques et d’investissements qui permettent à terme de changer cette situation ».

40 % du maïs américain sert à produire de l’éthanol

Voilà qui est fort souhaitable. Mais à observer l’orientation spéculative des marchés alimentaires mondiaux face aux risques de pénurie, ce n’est pas ainsi que les choses se passent pour l’instant. On a pu observer que le prix mondial de la tonne de maïs avait augmenté de 50 % en quelques mois. On sait moins qu’aux États Unis, 40 % de la production de cette céréale, qui entre dans l’alimentation humaine comme dans celle du bétail, sert désormais à produire de l’éthanol pour faire rouler les véhicules. La même tendance est observable sur le soja brésilien et même sur le colza français pour produire du diester destiné aux moteurs diesel. Ces hausses brutales et fortes des prix des denrées agricoles pouvant être transformées en carburants réputés verts sont de nature à renchérir la production alimentaire dans les prochaines années au point de la rendre inaccessible pour un nombre sans cesse accru de ménages ne disposant que de faibles ressources.

Nous en avons déjà la preuve alors que seulement 3 % des carburants utilisés dans le monde sont d’origine agricole et proviennent essentiellement de la canne à sucre, de la betterave, du maïs, des palmiers à huile, du soja, du colza, du tournesol. Une partie vient même du blé qui sert à faire du pain pour les humains pour ce qui est du blé tendre et des pâtes alimentaires pour ce qui est du blé dur. Ajoutons que si ces « carburants verts » émettent un peu moins de CO2 que le pétrole au moment de la combustion dans le moteur, ce bilan est tronqué dans la mesure où il ne prend pas en compte le bilan carbone des labours, des engrais émetteurs de protoxyde d’azote, de l’énergie brûlée lors de la récolte, puis de la transformation en carburant, sans oublier la déforestation massive en Amazonie pour produire plus de canne, de soja et de maïs ; en Asie pour planter toujours plus de palmiers à huile.

Ce terrible constat arrive au moment où les incendies de l’été reprennent dans plusieurs régions du monde, tandis que des inondations catastrophiques sont aussi de nature à compromettre les rendements attendus des récoltes déjà impactées par les gelées du printemps en France et dans plusieurs pays d’Europe.

 

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