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8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 07:00
Aux Etats-Unis: une gauche existe à côté de Biden: Julia Salazar en fait partie

La page Trump est tournée, même si son niveau était très haut dans l'électorat malgré la brutalité et la bouffonnerie du personnage, son racisme, son homophobie et son machisme, son ignorance crasse du reste du monde, sa déification de tout ce que le capitalisme contient de plus vulgaire et dégueulasse. C'est la fin d'un cauchemar démocratique. En même temps, même si le pire a été évité, nous n'avons pas d'illusion sur Joe Biden et les intérêts qu'il représente. Comme l'écrit la journaliste de la rubrique Monde de L'Humanité Rosa Moussaoui: "Joe Biden a voté pour les deux invasions de l’Irak, est hostile au financement public de l’accès à l’IVG, maintiendra l’ambassade US à Jérusalem, perpétuera la guerre froide de Trump avec la Chine et la Russie, etc."

Mais parmi les bonnes nouvelles de ces élections américaines, il y a la réélection à New-York de Julia Salazar. Elle fait partie, avec Alexandria Ocasio-Cortez,  Ilhan Omar, Ayanna Presley, Rachida Tlaib, Cori Bush, de la trentaine de sénatrices et sénateurs de la gauche du parti démocrate se revendiquant parfois socialistes au sens vrai terme (c'est le cas de Julia Salazar), issus de la classe ouvrière et de la diversité, des mouvements associatifs, féministes et anti-racistes. Julia Salazar, sénatrice de Brooklyn, ouvertement marxiste, défendant bec et ongle un système de santé public, universel, gratuit, base sur les principes de la sécurité sociale. Elle était présente en interview aux débats de la dernière fête de l'Humanité et avait donné une interview au journal L'Humanité en septembre 2020.

L'élection de 28 "représentants" très à gauche et porteurs de propositions progressistes fortes et qui gagnent dans le peuple étasunien comme le salaire à 15 dollars, une sécurité sociale, un accès pour tous à l'éducation, est un point d'appui pour poursuivre la reconstruction d'une gauche digne de ce nom aux Etats-Unis et porteuse de l'idée de biens communs et de l'égalité des droits.

 

Julia Salazar, sénatrice américaine : « Notre système de santé est pris en flagrant délit de racisme »
Lundi 21 Septembre 2020 - L'Humanité

L’élue et militante socialiste de New York souligne combien l’accès universel aux soins constitue aujourd’hui un enjeu décisif et s’inquiète du manque d’ambition de Joe Biden sur ce point. Elle a été interviewée lors de la Fête de l’Humanité.

 

Julia Salazar Sénatrice démocrate de l’État de New York

Julia Salazar, 29 ans, fait partie du mouvement de jeunes militants et élus qui bousculent l’establishment du parti démocrate. Membre des démocrates socialistes d’Amérique (DSA), elle revendique ouvertement une « position marxiste ».

Dans le contexte de pandémie avec un nombre record de victimes, votre succès à New York n’est-il pas dû à vos propositions pour une couverture santé universelle ?

Julia Salazar C’est une des raisons majeures. Dans le district où je suis élue, la souffrance des gens est exacerbée. Même des personnes de centre-gauche qui ne partagent pas notre engagement socialiste au sein du parti démocrate reconnaissent maintenant que notre système de santé à but lucratif est un échec patent. Le Covid-19 a révélé des fractures béantes dans notre société. Ce n’est pas un hasard si les New-Yorkais noirs, latinos ou immigrés meurent à un rythme bien plus élevé que les blancs. Notre système de santé est pris en flagrant délit de racisme. De plus, comme le chômage a explosé pour atteindre des niveaux comparables à celui de la grande dépression, des milliers de salariés ont perdu en même temps que leur emploi la couverture santé incluse dans leur contrat de travail. Ainsi s’est accru le nombre de personnes qui ont renoncé à aller chez le médecin, ou même à se faire tester. (…) Les hôpitaux publics sont gravement sous-financés. On a même coupé dans les subventions qu’ils touchent de l’État ou de la fédération pour soigner les plus démunis (dispositif d’assistance Medicaid). Il nous faut un système universel où l’accès aux soins ne soit plus réservé aux seules personnes ayant un emploi et des revenus suffisamment importants. Dans ce système, des millions de gens sont exclus en fonction de leur statut. Qu’ils soient immigrés, chômeurs ou précaires.

La plateforme de campagne de Joe Biden vous paraît-elle à la hauteur ?

Julia Salazar Des dossiers comme le Medicare for All, l’accès aux soins universel, que nous considérions comme nos lignes rouges, n’ont pas été respectés dans la plateforme électorale du candidat Biden. Et je suis très inquiète qu’une nouvelle fois, comme en 2016, cela réduise la crédibilité du candidat démocrate. Les dirigeants du parti sont si éloignés de la réalité et des souffrances que vivent les gens.

Néanmoins vous soutenez Biden ?

Julia Salazar Je voterai pour lui. Car je suis persuadée que notre combat pour un système de santé public avec accès aux soins universel, mais aussi la gratuité des études ou encore l’augmentation du Smic et des salaires, pourra se mener dans de meilleures conditions si nous avons un président démocrate et parvenons à nous débarrasser de Trump. Mais je crains que la fuite du candidat devant ces enjeux qui émergent pourtant de façon si forte et urgente aujourd’hui ne fasse une nouvelle fois bondir l’abstention chez ceux qui souffrent le plus. Dans mon propre entourage, bien des personnes restent peu convaincues de se déplacer dans les bureaux de vote début novembre. Je suis persuadée qu’elles ont tort, qu’il n’y aurait rien de pire qu’une nouvelle victoire de Trump. Et je m’efforce de les convaincre. Mais je ne suis pas sûre d’être entendue, tant est important le niveau de défiance à l’égard des « élites » démocrates.

Sébastien Natroll

Découvrez l'intégralité de l'interview de Julia Salazar en vidéo :

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7 novembre 2020 6 07 /11 /novembre /2020 09:03
Cori Bush (photo sur son compte Facebook)

Cori Bush (photo sur son compte Facebook)

La femme du jour : Cori Bush
Jeudi 5 Novembre 2020

Nouvelle Figure du Missouri.

 

Elle a été élue avec près de 80 % des suffrages à la Chambre des représentants, mardi. Cori Bush sera la première femme noire déléguée au Congrès par l’État du Missouri. Pasteure et infirmière, elle s’est engagée en politique au moment des événements de Ferguson, en 2014. Elle exigea que justice soit faite pour Mike Brown, ce jeune Noir assassiné par un policier, et participa à une des premières grandes mobilisations contre les meurtres racistes de la police. Elle transforma son église en refuge pour les militants, souvent traqués, et fut elle-même abondamment frappée par des policiers. « Aux femmes noires, aux infirmières, aux travailleurs essentiels, aux mères célibataires, c’est notre moment ! » a-t-elle lancé à l’issue de la proclamation des résultats devant un drapeau de Black Lives Matter.

Cori Bush avait construit l’essentiel de sa victoire en août dernier, en devançant lors d’une primaire dans la circonscription acquise depuis des lustres au parti de l’âne, le sortant démocrate « centriste ». Figure de la gauche, elle incarne un immense besoin de radicalité. Lors de la convention démocrate, elle n’avait pas hésité à critiquer la ligne « modérée » de Biden, qui a refusé d’envisager la mise en place d’un vrai système public de santé alors même que le modèle existant est structurellement responsable des ravages occasionnés par le Covid 19. « Les miens, avait-elle déclaré, sont en train de mourir. Je ne peux pas soutenir une plateforme qui n’inclut pas l’assurance-santé pour tous. »

Cori Bush, nouvelle figure de la gauche américaine élue dans le Missouri (Bruno Odent, L'Humanité, 5 novembre)
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7 novembre 2020 6 07 /11 /novembre /2020 06:05
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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 08:47

 

C’est un petit pays dont on parle peu. Situé à 93 kilomètres au sud de la Sicile, il compte 450 000 habitants, fut, jusqu’en 1964, une possession britannique mais est devenu, en 2004, le plus petit état membre de l’Union européenne.

Ce pays a quand même fait parler de lui lors de la publication de l’enquête « Paradise papers » en 2017. Hormis un ensoleillement exceptionnel, on aurait pu y tourner le film d’Henri Verneuil en 1964, « Cent mille dollars au soleil » avec Belmondo et Ventura.

Certes, Malte se défend d’être épinglée comme paradis fiscal, elle se désigne dans la langue officielle du monde de la finance comme une « place offshore ». Pourtant, quand vous consultez le site officiel du pays, on vous vend très bien la « fiscalité attractive » et « la plus grande confidentialité ». En langage trivial, pas d’impôt, ni vu ni connu. On vous explique aussi qu’il n’y a aucun impôt sur les revenus non rapatriés à Malte, c’est-à-dire que les revenus stockés au Luxembourg, en Suisse, au Panama ou encore aux Caïmans ne seront pas taxés. C’est effectivement très attractif.

Alors, me direz-vous, qui peut bénéficier de cette clémence fiscale ? Eh bien il vous suffit d’acquérir la nationalité maltaise, et acquérir c’est le bon mot.

Malte propose à ses « investisseurs » d’acheter un passeport, c’est ouvert au monde entier, il n’est même pas nécessaire d’être résident de l’Union européenne. On a appelé ça, à un moment, les « golden visas » ! Cette pratique, évidemment, n’a d’autre but que de faciliter l’évasion fiscale, de blanchir des personnages sulfureux et à alimenter la corruption.

Ainsi donc, pendant que le monde se confine, s’inquiète et est accaparé par ce foutu virus, le fric se barre, encore et toujours. Dans ce système libéral, ces activités sont considérées comme essentielles.

Il y a quelques semaines de cela, l’île de Malte a été épinglée pour son opacité fiscale aux portes de l’Europe. Il lui est clairement reproché, dans ce rapport récent, de manquer de transparence quant à la propriété juridique et la comptabilité de certaines entreprises inactives enregistrées à Malte.

Il faut dénoncer l’hypocrisie de l’Union européenne sur ce sujet, Malte est un membre mais ne figure même pas sur la liste européenne des paradis fiscaux, liste d’ailleurs dont viennent d’être sorties les Iles Caïmans.

Dites-donc Bruxelles, ça va durer encore longtemps cette comédie ?

 

 

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4 novembre 2020 3 04 /11 /novembre /2020 06:42

 

Aux Pays-Bas, à l’initiative de la gauche écologiste, le Parlement va examiner une loi visant à imposer les multinationales en fuite vers des cieux plus radieux encore.

Ah… les Bataves, ils nous ont bien eus ! Tout le monde connaît la recette du « sandwich hollandais » qui, assaisonné ensuite en Irlande – avec du « double irlandais » ou du « single malt » – est une technique d’optimisation fiscale utilisée par les multinationales implantées aux Pays-Bas pour faire disparaître impôts et taxes. Ces dernières années, elle a, par exemple, permis aux conglomérats du numérique de transférer des dizaines de milliards d’euros de profits vers des sociétés-écrans aux Bermudes, aux Bahamas ou ailleurs…

Chacun peut se souvenir qu’au printemps dernier, quand Mark Rutte, premier ministre libéral néerlandais, et Wopke Hoekstra, son ministre des Finances, ferraillaient contre l’idée même d’une solidarité européenne avec l’Italie et l’Espagne, les deux pays les plus affectés par la pandémie, certains avaient fini par rappeler les dizaines de milliards d’euros, là aussi, escamotés chaque année dans les budgets des autres États membres du fait de leur dumping fiscal permanent.

Quand, au sein de l’Union européenne, l’évasion fiscale vient sur le tapis, immédiatement le petit génie des Pays-Bas surgit. Un peu comme si, pendant qu’à Bruxelles les dirigeants néerlandais réussissent désormais l’exploit de représenter à la fois l’orthodoxie austéritaire à l’allemande et les outrances néolibérales des Britanniques, cette association constante était devenue, pour eux, comme celle avec les tulipes ou les polders : un stéréotype.

Mais patatras ! Voilà que le paradis fiscal se met en tête d’attaquer l’évasion fiscale qu’il subit lui-même ! En fin de semaine dernière, à La Haye, la chambre basse du Parlement – l’équivalent de l’Assemblée nationale en France – a lancé le processus d’examen d’une proposition de loi visant à mettre en place un impôt spécifique pour les multinationales en partance sous des cieux fiscaux encore plus radieux.

Proposé l’été dernier par Bart Snels, député et chef du groupe de la gauche écologiste (GroenLinks), le texte vise, en particulier, les grands groupes qui choisissent de délocaliser leurs implantations pour permettre à leurs actionnaires d’échapper à la taxation sur les dividendes. « Cette loi a été imaginée pour arrêter la course à l’abîme pour tout ce qui concerne la fiscalité des entreprises, expliquait-il en août dernier. Nous ne voulons pas que les multinationales fassent leur shopping dans les juridictions où les taxes sont les moins élevées. » Même si la proposition de loi émane d’une des formations de l’opposition, trois des quatre ­partis qui composent la coalition gouvernementale de centre droit paraissent disposés à la soutenir, à quelques mois des prochaines législatives, début 2021. Seul le VVD, le parti libéral du premier ministre Mark Rutte, s’est montré plus réticent : cette loi risquerait, disent platement ses dirigeants, d’ « affecter l’attractivité » du pays « pour les investissements étrangers ».

 

Arroseur arrosé

Au fond, c’est l’histoire de l’arroseur qui, une fois arrosé, reprendrait sa lance pour poursuivre sa grande œuvre… Derrière le symbole piquant des Pays-Bas à l’assaut de l’évasion fiscale, il y a une réalité sans doute plus triviale. Dans les faits, sur fond de veillée d’armes avant le Brexit et l’apparition d’un nouveau concurrent, le Royaume-Uni, dans la course mondiale au moins-disant fiscal, la proposition parlementaire néerlandaise vise en priorité la multinationale anglo-néerlandaise Unilever, célèbre par ailleurs, en France, pour ses montages financiers qui, comme dans l’emblématique cas de Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône), ont servi à fermer des sites de production. Il y a deux ans, le géant de l’agroalimentaire et des cosmétiques avait envisagé de transférer de Londres à Rotterdam toutes ses activités de direction et de faire passer sa cotation boursière aux Pays-Bas. Unilever avait obtenu de Mark Rutte, son ex-DRH devenu chef de gouvernement, la promesse d’un abandon de la taxe néerlandaise sur les dividendes, mais cette abrogation opportune avait fait un tollé avant d’être piteusement abandonnée.

Rebelote deux ans plus tard, mais dans l’autre sens : Unilever demande à ses actionnaires d’approuver son déménagement de Rotterdam à Londres. Une démarche plébiscitée par ceux qui vont en tirer directement profit puisqu’en Grande-Bretagne, la taxe sur les dividendes n’existe pas… Selon ses initiateurs, la multinationale devrait, en cas d’entrée en vigueur de la loi aux Pays-Bas, acquitter une « taxe de sortie » de plus de 11 milliards d’euros. Dans un communiqué paru samedi dernier, GroenLinks se dit sûr et certain que, si la loi passe, Unilever restera aux Pays-Bas.

À ce stade, la multinationale veut croire qu’elle réussira à casser le texte, au nom des traités, devant la Cour de justice de l’Union européenne. Autre détail savoureux : outre-Manche, on s’appuie également sur l’Europe pour tenter de capter les bénéfices d’une relocalisation du géant mondial en Angleterre. « Si les Pays-Bas persistent, ils vont devenir des parias dans le monde des affaires », salive un porte-flingue de la City. Pour Bart Snels, pourtant, il n’y a pas de quoi en faire un gouda : « Cette législation sérieuse est conçue pour mettre fin à une forme évidente d’évasion fiscale, argumente-t-il. Je me réjouis de répondre à toutes les questions techniques ou légales, et de démontrer que cette proposition respecte les lois et les régulations internationales. » 

 

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30 octobre 2020 5 30 /10 /octobre /2020 08:08
Le Monde, 27 octobre
 
Collectif
Dans une tribune au « Monde », trois intellectuels démocrates et laïques syriens et libanais analysent la crise de l’islam, soulignant les deux faces de la question : d’un côté, le nihilisme djihadiste ; et de l’autre, la haine des musulmans sans distinction.
 
 
Tribune.
L’assassinat de Samuel Paty est venu s’ajouter à une série de crimes terroristes commis par de jeunes musulmans français ou résidant en France. Par son horreur et sa sinistre symbolique, ce meurtre a exacerbé les passions et rendu presque impossible de débattre sereinement de tout ce qui a trait à l’islam et aux musulmans.
C’est ce qui nous incite, comme intellectuels démocrates et laïques et comme héritiers d’une culture plurielle marquée par l’islam, à affirmer que le débat est plus que jamais nécessaire pour échapper au piège que nous tendent les Anzorov.
Ce qu’ils cherchent, ainsi que leurs instigateurs et tous ceux qui justifient leur folie meurtrière, c’est justement à élargir davantage le fossé entre les musulmans et le reste de l’humanité. Et il ne manque pas en Occident de gens qui se plaisent à jouer le même jeu et aimeraient vivre dans des citadelles fortifiées, indifférents à tout ce qui se passe alentour.
La haine du monde, des valeurs de justice, de liberté et d’égalité ne cesse de se répandre dans des milieux musulmans, mais ailleurs aussi, en Europe et aux Etats-Unis, comme en Russie, en Inde, en Chine ou au Brésil. Cela au moment où seule l’éclosion d’une société mondiale solidaire serait à même d’apporter des solutions aux grands problèmes de notre époque, qu’il s’agisse de l’environnement, du réchauffement climatique, des épidémies, des famines ou des migrations.
Aux origines du djihadisme
Le monde d’aujourd’hui, dans sa diversité et son unité, est en crise. Rien ne relie plus ses composantes les unes aux autres. Les musulmans et leur religion en font partie, qu’ils le veuillent ou non. Et Emmanuel Macron n’avait pas tort de dire que l’islam est en crise. Beaucoup d’intellectuels du monde musulman, croyants ou non, le répètent depuis des décennies, et avec des mots plus durs que les siens.
Il n’a rien dit, en revanche, de l’autre crise qui affecte notre monde et qui aggrave celle qui est propre à l’islam. Ni évoqué le fait que la crise de l’islam, qui se manifeste en particulier par la montée en son sein du djihadisme nihiliste, s’envenime au fur et à mesure que se renforcent, en Occident et ailleurs, la xénophobie et le racisme.
La profession même de Samuel Paty, qui enseignait l’histoire, devrait faire réfléchir sur les origines de ce djihadisme. Celui-ci a fait son irruption au début des années 1980 en Afghanistan, quand les Américains se sont employés à faire de ce pays, occupé par l’Union soviétique, une sorte de « Vietnam islamique » qui vengerait le leur. En connivence avec les services pakistanais et avec l’apport en dollars et en prosélytisme wahhabite de l’Arabie saoudite, ils ont mobilisé des milliers de jeunes, les ont entraînés et lancés sur le terrain. C’était en même temps l’époque où la République islamique d’Iran, née de la révolution de 1979, commençait à exporter son idéologie vers les pays voisins, ciblant les minorités chiites, qui se sentaient brimées. En guerre ouverte ou larvée avec ses adversaires, elle a ainsi promu, parallèlement au néosalafisme sunnite, un islamisme chiite aussi radical.
En 2003, l’invasion américaine de l’Irak sous des prétextes fallacieux a offert au djihadisme ambulant un terrain fertile, ce pays étant déjà ravagé, dans ses infrastructures comme dans son tissu social, par le despotisme de Saddam Hussein et ses interminables guerres. A quoi s’est ajoutée, depuis 2011, la destruction de la société syrienne par le régime de Bachar Al-Assad et ses protecteurs iranien et russe. Et c’est sur les décombres de ces deux pays, l’Irak et la Syrie, que Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] a fondé son internationale du crime.
Le nihilisme djihadiste prospère quand se ferment les systèmes politiques dans les pays à majorité musulmane, quand leur destin leur échappe. Si la religion, selon le jeune Marx, est l’âme d’un monde sans âme, elle est, en « terre d’islam », la politique d’un monde sans politique. La privation de politique va de pair avec le nihilisme. En revanche, la participation des citoyens au gouvernement de la cité les immunise contre lui.
Le « terrorisme islamiste », mal absolu
Depuis les années 1990, puis à la suite des attaques du 11 septembre 2001, les puissances occidentales ont désigné le « terrorisme islamiste » comme le mal absolu. Ce qui ne l’a pas endigué, mais les a amenées à aborder les problèmes du monde musulman sous l’angle sécuritaire et à pactiser avec des régimes infâmes.
Deux décennies plus tard, le monde est devenu moins sûr, les haines se sont enracinées, et les grands criminels continuent de jouir d’une confortable impunité. Nul tribunal n’a rendu justice aux victimes musulmanes du terrorisme et de l’antiterrorisme. Et seules les victimes non musulmanes suscitent de la compassion et méritent d’être vengées.
« Il n’y a plus de criminels tant qu’ils se rangent sous la bannière de la guerre contre le terrorisme, et tant qu’il n’est de terrorisme que le terrorisme islamiste »
A quoi, donc, a servi cette guerre contre le terrorisme, sinon à blanchir les terroristes qui s’y sont engagés : l’Etat de Bachar Al-Assad en Syrie, celui de Sissi en Egypte, le régime génocidaire des Rohingyas au Myanmar ? Elle a conforté le gouvernement de Modi en Inde, coupable pourtant d’une flagrante discrimination envers la population musulmane. Elle n’inquiète nullement les autorités chinoises, qui ont enfermé un million d’Ouïgours dans des camps de « dressage ». Et elle est régulièrement invoquée par Israël pour légitimer la colonisation et l’apartheid. Il n’y a plus de criminels tant qu’ils se rangent sous cette bannière, et tant qu’il n’est de terrorisme que le terrorisme islamiste.
Nous ne cesserons de le répéter : la question musulmane a deux faces. D’un côté le nihilisme djihadiste, et de l’autre la haine des musulmans sans distinction. Ne voir que l’une ou l’autre nous promet un sombre avenir. L’islamophobie, qui prolonge une histoire de conquêtes coloniales, alimente l’islamisme le plus radical. Inversement, cet islamisme-là ne fait qu’attiser la haine des musulmans. Il ne prospère que dans les ambiances morbides.
Il est encore temps de poser la question musulmane à la fois dans sa spécificité et dans sa relation à notre monde déboussolé. Nous ne voulons pas jouer les Cassandre, mais ce que nous voyons nous fait craindre le pire. Et le pire n’annonce jamais l’heure de son arrivée.
 
Yassin Al-Haj Saleh, écrivain syrien et ancien prisonnier politique, est l’auteur de « La Question syrienne » (Actes Sud, 2016).
Ziad Majed, politiste franco-libanais, est l’auteur (avec Subhi Hadidi et Farouk Mardam-Bey) de « Dans la tête de Bachar Al-Assad » (Actes Sud, 2018).
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29 octobre 2020 4 29 /10 /octobre /2020 08:04
La Pologne en guerre contre les femmes (Marc de Miramon, L'Humanité, 26 octobre 2020)
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26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 07:21
Référendum au Chili : voie ouverte vers la démocratie: 78% des Chiliens envoient à la poubelle la constitution de Pinochet
Référendum au Chili : voie ouverte vers la démocratie: 78% des Chiliens envoient à la poubelle la constitution de Pinochet
Référendum au Chili : voie ouverte vers la démocratie: 78% des Chiliens envoient à la poubelle la constitution de Pinochet
Référendum au Chili : voie ouverte vers la démocratie: 78% des Chiliens envoient à la poubelle la constitution de Pinochet
¡Viva el pueblo de #Chile Viva!
A plus de 78% pour une nouvelle Constitution et à 79% pour une assemblée constituante élue par le peuple ✊✊✊
#Dignidad #Chili Le peuple reprend ses droits
 
Référendum au Chili : voie ouverte vers la démocratie.
Le peuple chilien est enfin débarrassé de la Constitution imposée par la dictature. A une écrasante majorité, plus de 78%, les électeurs viennent d’envoyer à la poubelle, la charte concoctée du temps de Pinochet, « entre quatre murs », comme le déclarait récemment la députée communiste chilienne, Karol Cariola. Il aura fallu plus de trente ans, une mobilisation sociale sans précédent, avec au premier rang les jeunes générations et les femmes, pour que s’ouvre la voie de la rédaction d’une nouvelle charte fixant les règles du pays. Comme l’écrivait Pablo Neruda « vous pouvez couper toutes les fleurs, vous ne pourrez pas empêcher le printemps de venir. »
Les forces conservatrices du pays tentent de récupérer ce résultat avec la volonté de « modérer » le texte en préparation. Rompre avec un passé douloureux, rompre avec la dictature, reste pour les représentants de la finance et de la grande bourgeoisie difficile à accepter. Ils vont y être obligés.
Une nouvelle bataille s’engage pour ne pas laisser à la prétendue « élite » la charge de rédiger la nouvelle Constitution. La majorité démocratique, progressiste, transformatrice doit pouvoir, comme les urnes viennent de le confirmer, rédiger le nouveau texte constitutionnel.
Le Chili vit une transition historique avec comme perspective une société de droits, de justice, de solidarité.
Après le retour de la démocratie en Bolivie, et la résistance héroïque de Cuba et du Venezuela face aux criminels blocus et actions terroristes, après les avancées démocratiques au Mexique et dans plusieurs autres pays de la région, le Chili vient de tourner la page des heures sombres et s’engage sur la voie de la transformation progressiste.
José Fort
Chili : La voie s'ouvre pour une constitution démocratique et sociale (Fabien Roussel - PCF)
 
 
Dimanche 25 octobre 2020 pourra être considéré comme un jour historique au Chili. Lors du référendum, le peuple chilien a clairement voté pour une nouvelle constitution, il a clairement voté pour effacer
définitivement tout lien avec la dictature de Pinochet.
 
Plus de 78% des électeurs ont voté pour la fin de la constitution qui datait de l'ère Pinochet et 79% ont voté pour que la nouvelle constitution soit construite par une convention constituante formée de
citoyens, élus au suffrage universel.
 
Ce résultat est celui des mouvements sociaux qui ont commencé en octobre 2019, interrompus certes par la crise sanitaire mais qui débouchent aujourd'hui sur une grande victoire qui ouvre la route vers une nouvelle
constitution et un nouveau référendum pour l'approuver en 2022.
Le travail va donc se poursuivre pour que cette nouvelle constitution permette les réformes nécessaires pour lutter contre les inégalités sociales, pour se libérer des dogmes néo-libéraux et des privatisations,
et pour garantir la souveraineté du peuple chilien.
Ce dimanche est un nouvel espoir pour la démocratie en Amérique latine après la victoire, la semaine dernière, du MAS en Bolivie contre les putschistes.
 
Le PCF tient à féliciter le peuple chilien de cette victoire. Il apporte son soutien à toutes celles et ceux qui vont maintenant travailler à la construction d'une nouvelle constitution démocratique et sociale.
Le PCF, pleinement solidaire des forces de la gauche de transformation sociale chilienne, restera vigilant devant les tentatives de la droite, de l'extrême droite et du patronat chilien de troubler ce processus
populaire.
 
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,
 
Paris, le 26 octobre 2020.
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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:00
Bolivie: la fabrique des mensonges (José Fort, L'Humanité, 23 octobre 2020)
Bolivie : la fabrique de mensonges
Vendredi 23 Octobre 2020
 

José Fort Journaliste, ancien chef de la rubrique internationale de l’Humanité

Au lendemain de la large victoire de Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), à l’élection présidentielle, me reviennent en mémoire des images et des déclarations. Elles datent de 2019. C’était hier ou presque.

Sur la base de fausses informations, l’extrême droite bolivienne, l’armée et la police, soutenues par Trump et l’Union européenne, se sont déchaînées contre tous ceux qui avaient des liens avec Evo Morales. Des images comme celles des hordes fascistes incendiant les habitations de la famille de l’ancien président et de ses ministres, traînant dans la rue la maire de Vinto, Patricia Arce, tondue, peinte en rouge, le visage en sang, l’armée et la police assassinant des manifestants, jeunes pour la plupart. Les images aussi d’Evo Morales réfugié chez les siens, recherché par des tueurs et qui n’a pu survivre que grâce à une opération aérienne organisée par le Mexique et l’Argentine. Celles encore de la Wiphala, le drapeau des peuples andins, brûlée par les putschistes brandissant la Bible. Me reviennent également en mémoire des déclarations sordides. Celles venues de Washington où s’était préparé le coup d’État. Celles de l’Union européenne et de Paris reconnaissant le pouvoir putschiste. Celles de ceux qui ont refusé de qualifier l’événement de coup d’État, se réfugiant derrière des formules alambiquées comme « gouvernement de facto ». Me reviennent aussi à l’esprit les mensonges repris notamment par nombre de médias français. Ceux qui ont soutenu que l’élection d’Evo Morales était entachée de fraudes alors que, comme nous l’affirmions dans ces colonnes, souvent bien seuls, c’est l’Organisation des États américains (OEA), appendice de Washington, qui avait monté une opération de déstabilisation d’envergure, de fausses nouvelles et a incité la droite et l’extrême droite à déclencher les violences et à installer des fantoches au pouvoir. Me reviennent à l’esprit ceux qui refusaient d’admettre qu’il y a bien eu coup d’État, ceux qui évoquaient, il y a deux jours encore, la « démission » de l’ancien président, ceux qui ont qualifié Morales d’« apprenti Caudillo », de « fraudeur » et interprété la sédition fasciste comme une « insurrection populaire ».

Le peuple bolivien insulté et réprimé pendant de longs mois vient de prendre sa revanche sur l’arbitraire et les racistes fortunés. Il faut s’en réjouir tout en restant lucide. Il y a des erreurs à ne plus commettre : les fascistes boliviens, l’armée et la police, encouragés par Trump risquent de ne pas rester l’arme au pied. Une question donc se pose : la pression populaire sera-t-elle suffisante pour empêcher les sales coups ?

Luis Arce, ancien ministre de l’Économie d’Evo Morales, définira sa propre politique. Lui, c’est lui. Mais, pour accomplir la tâche qu’il s’est fixée, « conduire le processus de changements sans haine », il lui faudra épurer l’armée et la police au risque sinon d’être, un jour ou l’autre, victime d’un même coup d’État que son prédécesseur.

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25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 07:37
Dominique Noguères, vice-présidente de la LDH

Dominique Noguères, vice-présidente de la LDH

Girona (Gérone), Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

Girona (Gérone), Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

L'Espagne n'a pas encore réussi à se défaire de l'emprise des nostalgiques du Franquisme qui tiennent les rennes du corps judiciaire et mettent systématiquement de l'huile sur le feu pour empêcher un règlement pacifique des tensions entre Madrid et Barcelone. Des années de prison pour les leaders indépendantistes catalans et l'impunité pour l'ex roi d'Espagne qui a montré l'étendue de la corruption de la famille royale. Deux poids deux mesures qui ne règlent rien et une région d'Espagne sans président... Ci-joint une tribune qui éclaire une réalité que la LDH traite en toute objectivité.

 

Dominique Noguères - Alexandre Faro

Catalogne : une judiciarisation qui n’en finit pas

Il y a tout juste un an, le 14 octobre 2019, la 2ème chambre pénale du Tribunal suprême espagnol rendait son jugement dans le procès des membres du gouvernement de la Generalitat de Catalogne et de membres de la société civile. Les évènements liés à la volonté d’organiser en Catalogne un référendum sur l’indépendance de la région, qui a eu lieu le 1er octobre 2017, avaient enflammé le système politique et judiciaire espagnol. Sans rappeler l’ensemble des faits qui ont conduit à ce procès hors norme qui s’est tenu à Madrid entre le mois de février et le mois de juin 2019, force est de constater qu’aujourd’hui, un an après ce verdict, les secousses se ressentent encore tant au niveau politique qu’au niveau judiciaire. Nous étions observateurs à ce procès.

Nous avons pointé dans le rapport que nous avons publié en octobre 2019 (https://www.fidh.org/IMG/pdf/madrid739fweb.pdf ) un certain nombre de points qui nous ont fait conclure à ce que ce procès ne correspondait pas aux critères internationaux d’un procès équitable.

Concernant les prisonniers : Malgré les lourdes peines prononcées de 9 à 13 ans de prison pour le délit de sédition (un délit unique en son genre puisqu’il n’existe aucun équivalent dans les autres pays européens, ce qui explique que ni la Belgique ni l’Allemagne n’aient accepté l’extradition de M. Puigdemont,), l’acharnement judiciaire n’a pas cessé.

Certains sont incarcérés depuis le mois d’octobre 2017 (Jordi Cuixart président de l’association Omnium, Jordi Sanchez président de l’association ANC , Oriol Junqueras vicePrésident de la Generalitat, et Joaquim Forn membre du gouvernement ) d’autres membres du gouvernement Raül Romeva, Jordi Turull, Dolors Bassa, Josep Rull et la présidente du Parlement, Carme Forcadell depuis mars 2018.

Ils pouvaient pourtant bénéficier des conditions accordées à chaque prisonnier considéré comme non dangereux d’un régime de semi-liberté qui permet des sorties conditionnelles trois jours par semaine pour travailler, s’occuper d’associations ou de proches etc. Tout au long de l’année les décisions contradictoires se sont enchainées ; d’abord accordé ce régime de semi-liberté a ensuite été refusé. Et depuis la montée de l’épidémie les conditions de détention se sont considérablement durcies (arrêt des visites familiales et 20 heures de réclusion par jour dans les cellules sans sorties).

Seules Carme Forcadell et Dolors Bassa bénéficient aujourd’hui du système de semi-liberté dans l’attente de l’appel qu’elles ont interjeté.

Au-delà de la sanction judiciaire du « procès » il faut noter que les poursuites pénales se poursuivent à l’encontre de celles et ceux qui de près ou de loin ont participé à ce référendum. Plusieurs centaines de directeurs d’école qui avaient mis leurs locaux à disposition le jour du vote, de fonctionnaires, des élus, des membres du gouvernement, sont poursuivis et risquent soit des sanctions pécuniaires fortes soit des sanctions judiciaires qui seront inscrites dans leur casier judiciaire ;

Cela vaut pour l’ancien chef de la police de Catalogne (Mossos d’esquadra) le major Josep Lluis Trapero accusé lui aussi de sédition et qui risque une peine de 11 ans de prison. Le « PODER JUDICIAL » : Le pouvoir des juges contre le pouvoir politique Dans notre rapport nous avions pointé la question du CGPJ (Conseil supérieur du pouvoir judiciaire) organe exécutif du pouvoir judiciaire, garant de son indépendance et de son fonctionnement.

L’actualité récente nous a donné raison. Les vingt membres de l’assemblée du GGPJ sont désignés par le Parlement (10 sont nommés par l’Assemblée et 10 sont nommés par le Sénat), de ce fait, la composition du conseil Général du Pouvoir Judiciaire est le reflet de la composition politique de l’Assemblée et du Sénat. Le mandat des membres du conseil Général du Pouvoir Judiciaire est de cinq ans. La dernière nomination des membres du conseil remonte au 13 novembre 2013, le mandat des 21 membres se terminait le 4 décembre 2018. Il aurait dû être renouvelé à ce moment-là. L'actuel CGPJ est issu de la majorité absolue du PP (Parti Populaire) et ce parti empêche depuis deux ans un accord au congrès des députés pour rendre possible le renouvellement des charges. En observant la vie politique espagnole on voit bien les difficultés de l’actuel gouvernement de Pedro Sanchez face à la puissance de ce Poder Judicial. Depuis plusieurs semaines un véritable bras de fer oppose le gouvernement de Pedro Sanchez (PSOE, UP, IU) à la droite PP et Ciudadanos.

Le CGPJ a approuvé à une majorité écrasante la nomination à 6 postes, clés de juges contre l’avis du Gouvernement Ces nominations ne seront pas sans influence sur les prochains procès à venir. Il semble que l’on met beaucoup l’accent sur les failles politiques dans la gestion de la crise catalane mais on oublie de parler du poids de cette institution judiciaire. L’influence du PP est encore forte et il n’est pas près de céder sa place. Il suffit de rappeler les propos de Cayetana Álvarez de Toledo députée du Parti Populaire qui est allée jusqu'à affirmer que le Poder Judicial est le dernier bastion contre le progressisme… Le rapport annuel de l’Union Européenne sur l’état de droit (septembre 2020) a mis en garde l’Espagne sur la politisation du CGPJ, les difficultés sautent donc aujourd’hui aux yeux de tous.

Mais les errements judiciaires continuent de s’accumuler. Il n’en est de preuve que de parler de la destitution de Quim Torra, Président élu de la Generalitat destitué par le Tribunal pour avoir affiché des lacets jaunes en soutien de ses collègues poursuivis. Restant volontairement sur un strict plan juridique nous reprendrons ici bien volontiers l’analyse du professeur de droit constitutionnel de l’université de Séville Javier Perez Royo dans son billet quotidien du journal EL DIARIO (28 septembre 2020)

Selon lui la décision de la Junta electoral , instance administrative chargée de surveiller le bon déroulement des processus électoraux, qui a ordonné au Président Quim Torra de retirer les marques de soutiens aux prisonniers pendant la dernière campagne électorale, ne peut pas être constitutive d’un délit de désobéissance Celui-ci ne peut être constitué que s’il y a désobéissance à une décision judiciaire. Le Tribunal de Justice de Catalogne puis le Tribunal Suprême ont purement avalisé la décision de la Junta electoral mais non pas eux même prononcé de décisions demandant le retrait des marques de soutien, ce qui est une irrégularité grave contraire à la Constitution. Le délit de désobéissance n’est pas constitué donc la destitution est irrégulière.

Le Tribunal constitutionnel devra statuer sur le recours formé par le Président Torra. Le bilan est donc mitigé et surtout l’absence de règlement politique est inquiétante.

Amnistie ou grâce sont venus alimenter le débat mais ne satisfont personne. Dans tous les cas de figure, la Cour Européenne sera saisie si le Tribunal constitutionnel ne rend pas un avis favorable, mais les délais sont longs. En tout état de cause il serait bon que le gouvernement de Pedro Sanchez s’engage à supprimer les délits de sédition et de rébellion ce qui aurait, par l’effet de l’application immédiate de la loi pénale plus douce, un effet immédiat sur les condamnations prononcées.

Alexandre FARO Avocat à la Cour d’appel de Paris

Dominique NOGUERES Vice-Présidente de la Ligue des droits de l’Homme

Paris le 12 octobre 2020

Barcelone, Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

Barcelone, Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

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