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15 septembre 2017 5 15 /09 /septembre /2017 13:02

 

Les inégalités au sein du salariat se sont remises à croître. Ce retournement a fait l'objet de multiples explications : concurrence des pays émergents frappant les salariés les moins qualifiés, surrémunération des cadres dirigeants, pénurie de compétences dans le domaine des nouvelles technologies... Curieusement, les études ont laissé dans l'ombre le phénomène de la hiérarchisation des entreprises et de ses conséquences. Pourtant, le constat est là : pour un salarié, il vaut mieux, du point de vue du statut ou de la rémunération, dépendre d'une grande entreprise dominant une filière que d'un sous-traitant. La réforme du Code du travail accentuera cette inégalité.

Examinons le problème sous l'angle des salaires. La France reste globalement un pays de bas salaires. Le salaire net moyen s'élève à 2 300 euros mensuels. Cette moyenne est tirée vers le haut du fait d'une poignée de salaires très élevés. En réalité, la moitié des salariés touchent moins de 1 800 euros.

Mais ces données moyennes cachent le coeur du phénomène, qui est plus structurel. Les inégalités salariales se sont creusées en raison de l'accroissement des inégalités entre entreprises. Les plus g rands donneurs d'ordres font la loi. Le salaire mensuel moyen pour un temps complet dans les grandes entreprises dominantes est le double du salaire moyen pratiqué dans les petites entreprises, où la norme du CDI correctement rémunéré s'efface.

L'externalisation d'activités de service a été un puissant levier de remise en cause des droits sociaux. Ce que met en évidence François Lévêque, professeur à l'école des Mines de Paris, en prenant l'exemple des fonctions d'accueil dans les entreprises. Ainsi fait-il remarquer que, au siège des grandes entreprises, il y a toujours des hôtesses d'accueil, des agents de sécurité, du personnel de nettoyage, des agents de maintenance... Mais ces postes à bas salaires et à statut précaire ne sont plus occupés par des employés de l'entreprise dans laquelle ils travaillent mais par des salariés d'entreprises spécialisées relevant de grandes sociétés de services. Cette externalisation a provoqué une augmentation artificielle du salaire moyen dans tous les grands groupes leaders dans une filière, alors que les emplois au Smic et à temps partiel étaient renvoyés aux sociétés de service comme Sodexo, Securitas ou Onet, et plus généralement aux sous-traitants.

La question des inégalités de salaires et de statuts se croise donc avec le problème des inégalités entre entreprises. N'est-ce pas cette inégalité économique qui sera consacrée par les 5 ordonnances d'Emmanuel Macron ? En élargissant le champ de la négociation dérogatoire, le nouveau texte entérine l'affaiblissement de la hiérarchie des normes sociales au profit du renforcement de la hiérarchie de la norme financière. Se raccrocher à la négociation de branche n'est pas une véritable garantie puisque les différenciations essentielles dans les droits sociaux s'opèrent dans l'entreprise par la substitution d'emplois plus précaires et moins bien rémunérés à des emplois plus garantis.

L'enjeu de la bataille engagée contre les 5 ordonnances se trouve bien dans l'entreprise, au plus près des solidarités qui demandent à s'exprimer. La journée syndicale d'action du 12 septembre n'est que la première étape de cette mobilisation qui a besoin de partir des réalités vécues par chaque catégorie de salariés pour converger.

 

(*) Économiste et syndicaliste.

LE SALAIRE MENSUEL MOYEN DANS LES GRANDES ENTREPRISES EST LE DOUBLE DU SALAIRE MOYEN PRATIQUÉ DANS LES PETITES ENTREPRISES.

 

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