Pour une Bretagne sociale et écologique
L'Humain d'abord !
La Bretagne est une belle région marquée par son caractère maritime et agricole. C'est une région qui bouge. Entre terre et mer elle attire chaque année de nouveaux habitants. Dans ses territoires s'invente déjà la Bretagne de demain, se construisent des projets innovants et des solidarités nouvelles. Mais les logiques de mise en concurrence des peuples et des territoires, les politiques d'austérité menées en France et en Europe, l'accaparement par quelques uns des richesses de notre pays contredisent l'aspiration de toutes et tous à maîtriser son sort et à penser un avenir durable. Notre région est marquée par de fortes inégalités de développement, par la pollution de son air, de ses sols et de ses rivières liée à l' 'agriculture intensive, par les fermetures d'entreprises, notamment dans le domaine de l'agroalimentaire et dans le domaine des hautes technologies, par la concurrence du service public d'éducation avec les établissement privés, par des fermetures d’hôpitaux de proximité... Le "pacte d'avenir" proposé par le gouvernement et signé par la majorité régionale ne répond en rien aux problèmes de la région et s'inscrit dans un modèle de développement voué à l'échec. De manière plus générale, cette situation est aggravée par les choix politiques du gouvernement et les orientations promues par les forces du capital et les institutions financières internationales (BCE, FMI, Eurogroupe) qui échappent à tout contrôle démocratique. La Bretagne subit le désengagement de l’État qui réduit les moyens d'intervention des collectivités. Dans ces conditions, les politiques publiques peuvent difficilement inverser ou freiner les processus d'aggravation des inégalités, et de toutes les formes de précarité. Cela nourrit le sentiment d'impuissance et le repli sur soi, les pires idées réactionnaires font aussi leur chemin en Bretagne. Pourtant, des citoyens s'engagent pour mettre en œuvre des alternatives concrètes :des AMAP à la reprise en Scop d'entreprises, de la production locale d'énergie renouvelable à l'économie sociale et solidaire, les initiatives citoyennes ne manquent pas. Des forces syndicales et associatives, des collectifs se battent pour défendre la solidarité concrète, la culture pour tous, le droit des femmes, les services publics, et les droits des travailleurs, pour la préservation de nos ressources et la transition énergétique.
Pour donner force politique à ces engagements qui font la richesse humaine de notre région,et forts de notre diversité, nous proposons 5 grandes orientations, que nous pourrons enrichir tout au long de la campagne avec toutes celles et tous ceux qui souhaitent s'engager dans la co-élaboration de notre projet.
Les élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 constituent,en effet, un temps de débat et de choix démocratiques sur les grands enjeux qui traversent la société. Les politiques régionales doivent être marquées du sceau de la résistance dans un contexte de crise économique, sociale, démocratique et environnementale. Nous voulons construire un projet commun avec toutes celles et tous ceux qui ne renoncent pas et veulent promouvoir une autre voie. Nous proposons de porter des politiques publiques régionales au service du bien commun, contre les logiques de compétitivité et productivistes du marché et de la finance, des politiques qui participent à la nécessaire transition écologique et à la lutte contre le dérèglement climatique.
1- Au cœur de notre projet, la démocratie
Notre démocratie est en crise. Longtemps porteurs de la légitimité démocratique, les capitalistes en sont devenus les adversaires. Les Grecs en font la rude expérience. Comme nous en France, le résultat du vote populaire du référendum de 2005 sur le Traité Constitutionnel européen(TCE) a été détourné. Les citoyens se sentent dépossédés des choix politiques. Reprendre nos droits sur notre bien commun, la démocratie, faire reculer cette dépossession suppose de concevoir différemment le rôle des élus,de rompre avec la culture de la délégation de pouvoir et la remise en cause des espaces démocratiques de proximité. Loin de la conception actuelle du fonctionnement de la région où les grandes décisions sont prises dans l'espace feutré des bureaux du conseil régional, nous proposons un tout autre modèle démocratique. Partenaires et pas seulement représentants, les élus s'attacheront à définir les politiques publiques régionales avec toutes celles et ceux qui souhaitent en être acteurs : les citoyens engagés, et/ou organisés dans les syndicats, les associations, les collectifs... C'est aussi refuser les accords tels le TAFTA. La réorganisation des territoires, les compétences attribuées à chaque niveau de décision ne peuvent se faire sans débat démocratique comme ce fut le cas avec la réforme territoriale et la loi NOTRe qui va éloigner les citoyens des centres de décision.
Nous proposons :
• d'organiser une consultation pour la définition des limites de la région (rattachement de la Loire- Atlantique à la Bretagne) et pour l'organisation des institutions
• de co-élaborer les politiques publiques et les orientations budgétaires dans des assemblées participatives, en travaillant avec les citoyens, avec les interlocuteurs réguliers des comités d'usagers (dans le ferroviaire, la santé…) en s'appuyant sur leurs propositions et celles des organisations syndicales
• de rendre publics les débats et décisions de la commission permanente • d'encourager la création d'un statut de l'élu pour rompre avec les logiques de professionnalisation et de carriérisme
• de créer un droit d’initiative citoyenne, et la possibilité d'organiser un référendum sur les grands projets régionaux
• de créer un droit de regard des salariés, des élus, au niveau des territoires à travers les conseils de développement, sur les projets et aides économiques
• de déclarer la région hors TAFTA et sans OGM
2-Solidarité, coopération, égalité des droits pour travailler tou-te-s et mieux
Le “marché” ne permet pas à toutes et tous de travailler et d'avoir les mêmes droits, nous en faisons l'expérience tous les jours. Tant qu'une minorité détiendra les leviers de l'économie, et décidera à notre place, il sera difficile d'empêcher les fermetures d'entreprises, les plans sociaux, les conditions de travail indécentes et les productions écologiquement insoutenables. Il faut donc contester à cette minorité le droit de décider pour tous. Le principe de concurrence libre et non faussée qui guide les choix européens, les directives européennes de libéralisation de pans entiers de secteurs économiques couverts par les services publics, les politiques fiscales qui réduisent sans cesse la contribution des plus riches et celle des entreprises, la baisse des dotations de fonctionnement aux collectivités, la baisse des cotisations sociales, toutes ces politiques mettent en danger nos services publics : il ne se passe pas une journée sans que l'on apprenne la fermeture d'un bureau de poste, d'un service hospitalier, d'une classe, d'une ligne de chemin de fer de proximité...
Combattre ces choix politiques, être aux cotés des salariés et des usagers qui luttent sera une priorité de nos élus régionaux. Relocaliser l'économie, développer les services publics, soutenir l'économie sociale et solidaire et toutes les formes d'appropriation collective des moyens de production et de préservation de nos ressources, intervenir dans les choix de production en conditionnant les aides aux entreprises à des critères sociaux et environnementaux, l'action des élu-e-s s'inscrira dans ces objectifs.
Nous proposons :
• d'agir dans tous les territoires pour développer les services publics
• d'aider les salariés à reprendre leur entreprise et soutenir la mise en réseau des SCOP et des SCIC, de développer l'économie sociale et solidaire
• de devenir partenaire et pas seulement financeur des projets d’entreprises, de réorienter les aides actuellement distribuées en les conditionnant à des critères sociaux et environnementaux (égalité salariale, respect de l'environnement, conditions de travail, formation des salariés...)et en contrôlant leurs usages avec les salariés • de créer un observatoire des marchés publics et de l'utilisation des fonds publics
• de refuser les Partenariats Public-Privé
• d'impulser une politique de relocalisation de l'activité donnant une ambition industrielle à la Bretagne (bois, construction-déconstruction navale)
• de développer une politique maritime ambitieuse en créant par exemple des liens entre les différents modes de transports des marchandises, fret ferroviaire et fret maritime.
• d'agir pour la suppression du CICE, la réorientation du Crédit Impôt Recherche, et pour une réforme nationale des dotations et de la fiscalité régionale qui permettra de redonner de l'autonomie financière à notre région, étranglée par les transferts de compétences non financés par l'État • de mobiliser l'épargne locale et citoyenne pour des projets régionaux
• de favoriser l'usage des banques coopératives
3-Se former, se cultiver et s'émanciper
La culture et l'éducation doivent échapper à la marchandisation et à la mise en concurrence. Pour l'égal accès de toutes et tous aux savoirs, aux pratiques culturelles et aux spectacles, il faut développer le service public d'éducation, ouvrir de nouveaux espaces de gratuité, soutenir les associations d'éducation populaire, promouvoir les langues et les cultures de Bretagne dans un esprit d'ouverture au monde et à toutes les cultures, promouvoir la culture de paix.
Nous proposons :
• de reconquérir de nouveaux secteurs de scolarisation pour le service public
• de favoriser l'accueil des élèves au plus près de leur domicile dans le service public sur tout le territoire régional et de construire des lycées publics pour répondre à la croissance de la démographie lycéenne
• d'entretenir et rénover ces lycées et leurs installations sportives à la hauteur des besoins pédagogiques en intégrant les enjeux énergétiques et environnementaux et d'améliorer les capacités d'internat
• de mettre en œuvre la gratuité des manuels scolaires ainsi que des supports et équipements pédagogiques obligatoires
• de privilégier la formation professionnelle qualifiante en lycée, améliorer la qualité de la formation en apprentissage et lutter contre les ruptures de contrat
• d'élaborer la carte des formations professionnelles avec tous les acteurs (personnels et usagers)
• de répondre aux besoins des salariés et des chômeurs en matière de formation professionnelle continue et faciliter les reconversions
• de favoriser l’action populaire pour imposer dans les faits l’égalité entre les personnes
• d'associer les bretonnes et les bretons à l'élaboration et la mise en œuvre de la politique culturelle et artistique, en particulier toutes les structures associatives comme par exemple les MJC
• de contribuer à ce que toutes et tous puissent pratiquer une activité artistique, créer un événement culturel, ou être porteur d'un projet culturel collectif • de soutenir la création et les intermittents du spectacle
• d'inciter les grandes institutions culturelles à favoriser l'accès du plus grand nombre aux pratiques et aux spectacles
• de promouvoir l'accès aux langues régionales (Breton et Gallo), soutenir les associations et agir pour le développement des filières bilingues dans le service public d'éducation, soutenir les écoles Diwan en agissant pour leur intégration dans le service public, renégocier la « Convention entre l’État et la Région pour la transmission des langues de Bretagne » qui n’est pas acceptable en l’état, soutenir la diffusion en langue régionale (radios locales associatives, médias locaux, filière numérique, doublage).
4- Sortir du productivisme et privilégier l'agriculture paysanne et une pêche artisanale durable
Accéder à une alimentation saine et diverse est un enjeu de santé publique. Nous voulons que chaque région et chaque pays accèdent à la souveraineté alimentaire dans le respect des ressources naturelles, des sols, de la biodiversité et des écosystèmes, mais aussi des femmes et des hommes qui en assurent la production. Du local au global, il faut se réapproprier les décisions, faire de la coopération le principe qui guide nos choix de production en matière d'agriculture, de pêche et d’agroalimentaire. Face à la crise sans précédent qui secoue les filières agricoles, nous refusons la fuite en avant du « toujours plus de dérégulation » (allègements de « charges » sociales et fiscales, abaissement des normes réglementaires et environnementales, relance de la course à la concentration des élevages...). L'urgence d'une autre politique agricole s'impose plus que que jamais ; une politique agricole en rupture avec le modèle productiviste et libéral, soutenant résolument une agriculture paysanne.
Nous proposons :
• d'encourager une production diversifiée, des circuits courts, les filières bio et durables sans OGM, les labels (AOC, AB...), notamment pour l'approvisionnement de la restauration collective dont la restauration scolaire, par contractualisation avec les exploitants agricoles, garantissant des prix rémunérateurs
• de proposer un schéma régional d'intervention publique sur le foncier agricole favorisant la déconcentration de l'agriculture et l'installation de jeunes agriculteurs
• d'assurer collectivement la maîtrise des productions et le partage des droits à produire
• de soutenir une politique de prix permettant aux agriculteurs de vivre décemment de leur travail
• d'encourager les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement et donner la priorité des aides publiques aux agriculteurs qui s'engagent dans la reconversion de leur exploitation • d'agir au plan régional avec les salariés, les agriculteurs et les consommateurs, pour l'élaboration d'un plan de transition des entreprises agroalimentaires vers une alimentation de qualité, sans casse sociale
• de s'engager pour un aménagement équilibré du territoire contre le risque de désertification des territoires ruraux
• Quant à la pêche, elle représente globalement peu, à l'échelle de l'Hexagone,en termes d'activité économique et d'emplois; pour autant, à l'échelle d'une région littorale comme la Bretagne, elle participe d'un développement local qui est et sera durement percuté par les évolutions de la politique des pêches. Cette situation impose une action résolue de la Région pour rendre au métier une attractivité nouvelle.
Nous proposons :
• d'agir pour remettre les hommes au centre de l'activité (formation, statut du marin, sécurité des conditions de travail)
• de soutenir prioritairement la pêche artisanale et la modernisation de sa flottille (conditions de vie à bord, économies d'énergie)
• de préserver la ressource et associer les pêcheurs à sa gestion en favorisant le repos biologique et le recours à des engins de pêches plus sélectifs et moins consommateurs d’énergie
• de développer une politique hardie de reconquête de la qualité des eaux littorales et s'opposer à la pêche minotière et spéculative
• de valoriser les produits de la mer et encourager la consommation du poisson pêché localement dans les collectivités : école, hôpitaux, maison de retraite…
5-Développer de manière équilibrée les territoires, sortir des logiques de métropolisation et de compétition mondialisée
Nous refusons de penser l'aménagement du territoire comme une réponse aux besoins d'une économie où le seul critère est la rentabilité des capitaux et la course aux profits. Ce qui guide nos choix c'est non seulement l'accès de tous aux transports collectifs, à la santé, à un logement de qualité mais aussi l'indispensable transition énergétique pour répondre aux besoins de tou-te-s et au défi climatique. Nous sommes partisans de la co-construction d'un plan régional de transition énergétique, pour développer les énergies renouvelables en privilégiant l'appropriation citoyenne de la production d'énergie. Sur notre territoire, nous avons besoin de privilégier les coopérations à l'échelle mondiale et le développement équilibré de chaque pays, nous considérons ces choix comme participant à la paix au niveau mondial.
Nous proposons :
• de sortir du tout TGV, donner la priorité aux liaisons TER quotidiennes et réorienter les financements prévus pour LNOBPL vers le maintien des gares de proximité, la remise en service des lignes comme celle de Fougères-Rennes, Auray-Saint-Brieuc, la modernisation des lignes ferroviaires existantes délaissées (Quimper-Brest, Morlaix-Roscoff...), la conservation de la ligne QuimperBordeaux
• d'abandonner le projet d’aéroport de NDDL, organiser un schéma aéroportuaire du Grand Ouest et reprendre en gestion publique les aéroports actuellement concédés à Vinci • de développer le fret, le cabotage, le fret maritime, de créer des synergies entre les transports par mer et par rail
• d'affirmer l'opposition de la région au projet de centrale à gaz de Landivisiau et refuser tout financement public régional à ce projet, de revoir le pacte énergétique breton pour favoriser la production d'énergie renouvelable et consommer moins d'énergie en rénovant énergétiquement l'habitat et les bâtiments, et lutter contre la précarité énergétique
• de soutenir la mise en régie publique des services de production, de distribution d'eau et d'assainissement collectif et non collectif , en favorisant toutes les actions de préservation des ressources
• de lutter contre les déserts médicaux, et pour le maintien des hôpitaux de proximité
• d'assurer l'accès au haut débit numérique sur tout le territoire breton
• de favoriser des initiatives de solidarité au niveau mondial
• d'agir pour supprimer les armes nucléaires sur l'Ile longue
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