La loi immigration qui vient d'être votée à l'Assemblée nationale installe une logique de soupçon et de harcèlement vis-à-vis des étrangers. Elle a été présentée, ce qui est en soi un motif de mobilisation raciste, comme un moyen de lutter contre la délinquance, le terrorisme, l'islamisme, et là, Darmanin s'est particulièrement illustré dans la reprise des thématiques favorites de l'extrême-droite, à l'opposé de l'héritage républicain d'une France terre d'accueil et d'inclusion.
La députée PCF Elsa Faucillon l'a exprimé à l'Assemblée pour le groupe communiste GDR avant le vote du texte: "Là où l'extrême droite arrive au pouvoir par les urnes, elle y accède d'abord par les renoncements, les abandons, les compromissions de ceux qui sont au pouvoir avant elle. Rendez-vous compte collègues, que les mesures de ce projet de loi ne sont même pas mises en œuvre par le gouvernement de Giorgia Meloni. Rejetez ce texte de la honte ! (...) "Vous instillez le venin du désordre et de la haine. La France, ce n'est pas ça ! Le droit du sol et l'hospitalité sont depuis des siècles aux fondements de notre nation. Toutes les lignes rouges ont été franchies, quelle déchéance de tendre ainsi un plateau d'argent à l'extrême droite. L'histoire nous regarde. Cessez cette folie !""
André Chassaigne, le président du groupe communiste CGR à l'Assemblée s'est lui exclamé: "L’élection du Président Macron devait nous prémunir des pires avanies du programme de l’extrême-droite… Aujourd’hui, de bouclier, vous en devenez le marchepied. Mes chers collègues, je vous le dis solennellement, vous allez écrire ce soir une page de notre histoire. L’histoire d’un pays qui, en ce 19 décembre, aurait renoncé à ses valeurs humanistes pour remporter un vote."
« Les macronistes n’ont plus aucun principe, plus aucune conviction. Ils sont en train de donner une victoire idéologique à l’extrême droite comme jamais. Leur texte ressemble à un tract du Front national des années 1980. Ils excluent des prestations sociales des personnes qui ont pour seul tort d’être des étrangers en situation régulière. C’est une folie ! », a dénoncé le porte-parole du PCF et sénateur communiste de Paris Ian Brossat.
« La dérive est complète, comme en Italie », où les fascistes sont au pouvoir, a commenté Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
En effet, la version de la loi "immigration" adoptée mardi 19 décembre à l'Assemblée Nationale par 349 voix contre 186 suite à la commission mixte paritaire rétablit le délit de séjour irrégulier (supprimé par la majorité de gauche en 2012, il est désormais passible d'une amende de 3 750 euros), voulu par LR avec l'assentiment de Macron, le conditionnement de l'accès aux prestations familiales, et aux aides au logement, la remise en cause de l'automaticité du droit du sol et la possibilité de placer en rétention les demandeurs d'asile.
Ainsi, la droite, une grande partie des parlementaires macronistes, et l'extrême-droite ont repris une grande partie des marqueurs historiques de l'extrême-droite, teintées de xénophobie, de racisme et de discrimination, en matière d'immigration. Composée d'une centaine d'articles, la loi reprend l'essentiel de la version du texte adoptée au Sénat en novembre, durci sous la pression de la droite et du centre par rapport à sa version proposée par le gouvernement, qui prévoyait déjà de supprimer les restrictions par rapport à l'expulsion dont bénéficient certains étrangers, ceux arrivés avant l'âge de 13 ans en France, et l'accélération des délais de traitement des demandes d'asile. La droite a resserré les conditions d'obtention du titre de séjour étudiant à travers le dépôt d'une caution et la majoration des frais d'inscription, laissant entendre que les étudiants étrangers ne sont pas les bienvenus dans l'enseignement supérieur français, une hérésie du point de vue culturel et du rayonnement intellectuel et économique de la France. Le président de France Universités, Guillaume Gellé, cité par le journal Le Monde ce 20 décembre, dit: "Cela va à l'encontre des intérêts de nos établissements - où plus de 40% des doctorants sont étrangers - et de la diplomatie scientifique, culturelle et d'influence de notre pays". Un texte imbécile en plus d'être xénophobe donc!
Le concept de préférence nationale, que le Rassemblement national, suite au FN, défend depuis toujours, teinte des articles de cette loi. Des étrangers en situation régulière qui ne travaillent pas devront prouver qu'ils résident en France depuis 5 ans, sauf à justifier d'au moins 30 mois d'activité professionnelle, avant de pouvoir bénéficier de prestations familiales et d'aides personnalisées au logement (APL). La suppression de l'aide médicale d'Etat (AME) a disparu du projet, mais l'exécutif s'est engagé à la réformer dès 2024. Marine Le Pen a clamé "la victoire idéologique de son parti", le RN!
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